Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Bonjour et bienvenue.
J'ai été très heureux de ce long moment amical avec Cyril Svoboda et toute son équipe, et de le retrouver ici, à Paris, après notre rencontre il y a une quinzaine de jours à peine dans sa capitale, Prague, lors de ma toute dernière visite officielle comme Commissaire européen.
Lui n'a pas changé de fonctions mais moi, je suis dans un autre endroit. J'ai néanmoins rappelé un certain nombre de convictions.
S'agissant des enjeux européens, j'ai souligné l'urgence dans laquelle nous nous trouvons de disposer de la Constitution européenne et du signal qu'il faut adresser afin d'aboutir au plus tard au mois de juin. J'ai rappelé notre souci que cet événement formidable du 1er mai - celui de la réunification et, à l'intérieur de cette réunification, de l'adhésion de la République tchèque - soit une réussite et que celle-ci soit bien expliquée, en tant que telle, à tous les citoyens européens. Et pour cette réussite naturellement, les relations bilatérales entre la République tchèque et la France sont importantes, notamment sur le plan de l'économie, des échanges, des investissements, également sur le plan culturel, sur le plan, par exemple, de la présence francophone à Prague avec notre lycée français, et également de la coopération décentralisée à laquelle je crois beaucoup, entre les régions tchèques et les régions françaises.
Enfin, nous avons évoqué, naturellement, ce qui se passe autour de nous et qui nous concerne, notamment la situation extrêmement grave en Irak, où Cyril Svoboda a fait une visite il y a quelques semaines. J'ai rappelé notre souhait que la transition à la fin du mois de juin se passe le mieux possible, et notre souci de mieux préparer ou de bien préparer cette transition, notamment avec une conférence internationale sous les auspices des Nations unies qui permettrait une triple mobilisation dont la transition a besoin : la mobilisation de tous les Irakiens attachés à la stabilité de leur pays, la mobilisation des pays de la région et celle de la communauté internationale. On a besoin de cette triple mobilisation et il me semble que cette conférence internationale en est l'instrument pour réussir la transition, avec le nouveau gouvernement représentatif, à partir du 1er juillet.
Q - Vous ne connaissez pas seulement l'Union européenne mais aussi bien la République tchèque, comme vous l'avez dit au début. En respectant le fait que la France n'aime pas donner des conseils, mais j'aimerais vous demander, d'après votre expérience, qu'est-ce que la République tchèque ne devrait pas faire pour ne pas être marginalisée dans l'Union européenne après l'adhésion ? Parce que vous savez que la République tchèque veut être dans le principal du mouvement d'intégration mais évidemment il y une partie de la société civile qui a des options différentes. Cela concerne l'évolution politique. Mais, dans les faits, dans la pratique, tout n'est pas fini, il peut y avoir, sans doute, des choses qui n'aboutiront pas finalement, même si les normes européennes étaient admises.
Par ailleurs, est-ce que vous êtes pour un départ rapide des Américains de l'Irak ?
R - Je ne vais pas revenir sur la situation extrêmement préoccupante en Irak sauf pour vous rappeler ce que j'ai dit tout à l'heure à propos de cet instrument que nous souhaitons pour mieux préparer la transition en Irak, avec un gouvernement représentatif, et cette idée d'une conférence où tout le monde se retrouverait au niveau de la communauté internationale, des pays de la région et des Irakiens eux-mêmes.
Deuxièmement, un mot sur la défense européenne, sur la politique de défense, à laquelle j'ai beaucoup travaillé dans le cadre de l'élaboration du projet de Constitution puisque j'étais président du groupe de travail sur la défense et que j'ai précisément rédigé, avec tous les membres de ce groupe, certains articles du projet de Constitution. Nous avons là les outils d'une politique crédible de défense européenne dans le respect de nos alliances et cette politique intéresse naturellement un pays comme la République tchèque, comme la France.
Enfin, je ne veux pas donner de leçons. Partout le débat sur l'Europe est difficile, dans chacune de nos nations. Mais c'est un débat nécessaire. La seule chose que je peux dire à nos amis tchèques qui entrent dans l'Union, c'est que ce débat sur l'Europe n'est pas un débat de politique étrangère et qu'il faut le mener partout et tout le temps avec les citoyens. Les citoyens sont à la fois intéressés et inquiets à propos de l'Europe. Il faut répondre à cette inquiétude et à cet intérêt. Et ce n'est pas une leçon que je donne, c'est une expérience que j'ai vécue en France depuis que je m'intéresse à cette question. Depuis 40 ans, on n'a pas suffisamment, dans un pays comme le nôtre, répondu à cette inquiétude et répondu à cet intérêt des citoyens. Ceci explique quelquefois la fracture ou la divergence entre ce qui se passe au niveau européen et ce que ressentent les gens.
Q - Vous connaissez les accusations que M. Kagamé a porté hier contre la France en lui reprochant sa responsabilité dans le génocide et le fait qu'elle ne se soit pas excusée, contrairement à d'autres pays comme la Belgique. Est-ce que vous pourriez nous répondre ?
R - Cette semaine est une semaine de commémoration et de recueillement. Nous avons tous un devoir de mémoire en pensant aux victimes de ce génocide. La France a voulu prendre sa part dans cette commémoration, et dans ce devoir de mémoire et de recueillement. C'est ce que j'ai dit à l'occasion des mes premiers appels téléphoniques, samedi, au ministre rwandais des Affaires étrangères. C'est exactement dans cet esprit que nous avons, hier, le président de la République d'abord, et moi-même ici, participé à une minute de silence. Et c'est dans cet esprit aussi que nous avons demandé au secrétaire d'État, Renaud Muselier, de se rendre personnellement à Kigali pour représenter la France. Naturellement, nous avons entendu ce qui a été dit et des accusations graves, contraires à la vérité, ont été portées contre la France. Parce que cette semaine est une semaine de recueillement et de commémoration et pas de polémiques, nous avons choisi de nous retirer, dignement, pour respecter ce moment particulier. Nous allons maintenant examiner sur le fond la situation. Je ne veux rien ajouter à ce stade.
Q - Hier soir, le parti majoritaire en France a pris position contre l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Est-ce que cette décision va influer sur la diplomatie française qui s'est, jusqu'à présent, prononcée pour l'adhésion de la Turquie, si les critères étaient respectés ?
R - Naturellement, le gouvernement français est attentif à tout ce qui se dit dans le débat politique intérieur et à ce que disent tous les partis politiques qui participent à la vie politique française, à commencer par les partis de la majorité parlementaire. Mais notre ligne sur cette question reste la même. Et je l'ai rappelée très clairement, hier, à l'occasion des questions d'actualités au Parlement. J'ai rappelé l'histoire qui a commencé en 1963 au moment où a été noué le dialogue avec la Turquie. Depuis ce moment-là, après que cette première promesse a été faite, aucun gouvernement, aucun ministre, n'a, en France, proposé d'interrompre ce dialogue avec la Turquie. La France continuera le dialogue bilatéral avec ce grand pays qui est proche de l'Union européenne et nous souhaitons que le dialogue continue entre l'Union européenne et ce pays. S'agissant de l'actualité, ce qui est proche de nous, c'est un rapport de la Commission européenne qui dira objectivement si et quand une négociation d'adhésion peut être ouverte avec la Turquie, car il n'y a pas actuellement de négociation d'adhésion avec la Turquie. Une négociation peut durer un certain temps. C'est ce rapport que nous attendons pour l'automne et sur lequel le Conseil européen aura à se prononcer.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 avril 2004)
Bonjour et bienvenue.
J'ai été très heureux de ce long moment amical avec Cyril Svoboda et toute son équipe, et de le retrouver ici, à Paris, après notre rencontre il y a une quinzaine de jours à peine dans sa capitale, Prague, lors de ma toute dernière visite officielle comme Commissaire européen.
Lui n'a pas changé de fonctions mais moi, je suis dans un autre endroit. J'ai néanmoins rappelé un certain nombre de convictions.
S'agissant des enjeux européens, j'ai souligné l'urgence dans laquelle nous nous trouvons de disposer de la Constitution européenne et du signal qu'il faut adresser afin d'aboutir au plus tard au mois de juin. J'ai rappelé notre souci que cet événement formidable du 1er mai - celui de la réunification et, à l'intérieur de cette réunification, de l'adhésion de la République tchèque - soit une réussite et que celle-ci soit bien expliquée, en tant que telle, à tous les citoyens européens. Et pour cette réussite naturellement, les relations bilatérales entre la République tchèque et la France sont importantes, notamment sur le plan de l'économie, des échanges, des investissements, également sur le plan culturel, sur le plan, par exemple, de la présence francophone à Prague avec notre lycée français, et également de la coopération décentralisée à laquelle je crois beaucoup, entre les régions tchèques et les régions françaises.
Enfin, nous avons évoqué, naturellement, ce qui se passe autour de nous et qui nous concerne, notamment la situation extrêmement grave en Irak, où Cyril Svoboda a fait une visite il y a quelques semaines. J'ai rappelé notre souhait que la transition à la fin du mois de juin se passe le mieux possible, et notre souci de mieux préparer ou de bien préparer cette transition, notamment avec une conférence internationale sous les auspices des Nations unies qui permettrait une triple mobilisation dont la transition a besoin : la mobilisation de tous les Irakiens attachés à la stabilité de leur pays, la mobilisation des pays de la région et celle de la communauté internationale. On a besoin de cette triple mobilisation et il me semble que cette conférence internationale en est l'instrument pour réussir la transition, avec le nouveau gouvernement représentatif, à partir du 1er juillet.
Q - Vous ne connaissez pas seulement l'Union européenne mais aussi bien la République tchèque, comme vous l'avez dit au début. En respectant le fait que la France n'aime pas donner des conseils, mais j'aimerais vous demander, d'après votre expérience, qu'est-ce que la République tchèque ne devrait pas faire pour ne pas être marginalisée dans l'Union européenne après l'adhésion ? Parce que vous savez que la République tchèque veut être dans le principal du mouvement d'intégration mais évidemment il y une partie de la société civile qui a des options différentes. Cela concerne l'évolution politique. Mais, dans les faits, dans la pratique, tout n'est pas fini, il peut y avoir, sans doute, des choses qui n'aboutiront pas finalement, même si les normes européennes étaient admises.
Par ailleurs, est-ce que vous êtes pour un départ rapide des Américains de l'Irak ?
R - Je ne vais pas revenir sur la situation extrêmement préoccupante en Irak sauf pour vous rappeler ce que j'ai dit tout à l'heure à propos de cet instrument que nous souhaitons pour mieux préparer la transition en Irak, avec un gouvernement représentatif, et cette idée d'une conférence où tout le monde se retrouverait au niveau de la communauté internationale, des pays de la région et des Irakiens eux-mêmes.
Deuxièmement, un mot sur la défense européenne, sur la politique de défense, à laquelle j'ai beaucoup travaillé dans le cadre de l'élaboration du projet de Constitution puisque j'étais président du groupe de travail sur la défense et que j'ai précisément rédigé, avec tous les membres de ce groupe, certains articles du projet de Constitution. Nous avons là les outils d'une politique crédible de défense européenne dans le respect de nos alliances et cette politique intéresse naturellement un pays comme la République tchèque, comme la France.
Enfin, je ne veux pas donner de leçons. Partout le débat sur l'Europe est difficile, dans chacune de nos nations. Mais c'est un débat nécessaire. La seule chose que je peux dire à nos amis tchèques qui entrent dans l'Union, c'est que ce débat sur l'Europe n'est pas un débat de politique étrangère et qu'il faut le mener partout et tout le temps avec les citoyens. Les citoyens sont à la fois intéressés et inquiets à propos de l'Europe. Il faut répondre à cette inquiétude et à cet intérêt. Et ce n'est pas une leçon que je donne, c'est une expérience que j'ai vécue en France depuis que je m'intéresse à cette question. Depuis 40 ans, on n'a pas suffisamment, dans un pays comme le nôtre, répondu à cette inquiétude et répondu à cet intérêt des citoyens. Ceci explique quelquefois la fracture ou la divergence entre ce qui se passe au niveau européen et ce que ressentent les gens.
Q - Vous connaissez les accusations que M. Kagamé a porté hier contre la France en lui reprochant sa responsabilité dans le génocide et le fait qu'elle ne se soit pas excusée, contrairement à d'autres pays comme la Belgique. Est-ce que vous pourriez nous répondre ?
R - Cette semaine est une semaine de commémoration et de recueillement. Nous avons tous un devoir de mémoire en pensant aux victimes de ce génocide. La France a voulu prendre sa part dans cette commémoration, et dans ce devoir de mémoire et de recueillement. C'est ce que j'ai dit à l'occasion des mes premiers appels téléphoniques, samedi, au ministre rwandais des Affaires étrangères. C'est exactement dans cet esprit que nous avons, hier, le président de la République d'abord, et moi-même ici, participé à une minute de silence. Et c'est dans cet esprit aussi que nous avons demandé au secrétaire d'État, Renaud Muselier, de se rendre personnellement à Kigali pour représenter la France. Naturellement, nous avons entendu ce qui a été dit et des accusations graves, contraires à la vérité, ont été portées contre la France. Parce que cette semaine est une semaine de recueillement et de commémoration et pas de polémiques, nous avons choisi de nous retirer, dignement, pour respecter ce moment particulier. Nous allons maintenant examiner sur le fond la situation. Je ne veux rien ajouter à ce stade.
Q - Hier soir, le parti majoritaire en France a pris position contre l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Est-ce que cette décision va influer sur la diplomatie française qui s'est, jusqu'à présent, prononcée pour l'adhésion de la Turquie, si les critères étaient respectés ?
R - Naturellement, le gouvernement français est attentif à tout ce qui se dit dans le débat politique intérieur et à ce que disent tous les partis politiques qui participent à la vie politique française, à commencer par les partis de la majorité parlementaire. Mais notre ligne sur cette question reste la même. Et je l'ai rappelée très clairement, hier, à l'occasion des questions d'actualités au Parlement. J'ai rappelé l'histoire qui a commencé en 1963 au moment où a été noué le dialogue avec la Turquie. Depuis ce moment-là, après que cette première promesse a été faite, aucun gouvernement, aucun ministre, n'a, en France, proposé d'interrompre ce dialogue avec la Turquie. La France continuera le dialogue bilatéral avec ce grand pays qui est proche de l'Union européenne et nous souhaitons que le dialogue continue entre l'Union européenne et ce pays. S'agissant de l'actualité, ce qui est proche de nous, c'est un rapport de la Commission européenne qui dira objectivement si et quand une négociation d'adhésion peut être ouverte avec la Turquie, car il n'y a pas actuellement de négociation d'adhésion avec la Turquie. Une négociation peut durer un certain temps. C'est ce rapport que nous attendons pour l'automne et sur lequel le Conseil européen aura à se prononcer.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 avril 2004)