Texte intégral
Monsieur le Député-Maire,
Monsieur le Sénateur,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président de la Chambre d'Agriculture,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
C'est avec beaucoup de plaisir que je vous retrouve aujourd'hui à Condom pour inaugurer cet équipement essentiel à la collectivité. En venant ici, je me souviens d'un précepte lu dans Les Lois de PLATON : " quiconque sera convaincu d'avoir corrompu l'eau, outre la réparation du dommage sera tenu de nettoyer la source ou le réservoir conformément aux règles prescrites par les interprètes ". En venant ici, j'ai aussi le sentiment que votre collectivité entend, à travers cet investissement, préserver son environnement des dégradations qui peuvent résulter de la concentration de population et du développement de ses activités.
Si l'eau peut paraître abondante sous nos climats, l'eau douce, essentielle à la vie, ne représente tout au plus que 3 % des réserves de la planète. Or, comme le disait fréquemment Benjamin FRANKLIN, " l'homme ne mesure pleinement la valeur de l'eau que lorsque le puits se tarit ".
C'est dire si sa préservation, son respect et la restauration de sa qualité sont aujourd'hui des actions importantes pour le devenir des générations futures.
Je voudrais vous remercier très sincèrement, Monsieur le Député-Maire, de m'avoir invité à présider cette manifestation. Fruit de choix mûrement réfléchis, cet équipement est l'uvre commune de plusieurs corps de métier, dont le savoir-faire fait l'honneur de la technologie française. C'est pourquoi, je voudrais également remercier toutes celles et tous ceux qui, chacun dans leur spécialité, ont participé à la réalisation de cette station. Cet équipement bénéficie des derniers progrès techniques, et je ne doute pas qu'il permettra à Condom de poursuivre son développement économique dans le respect de l'environnement.
En cet instant, je voudrais également avoir une pensée pour les pionniers qui ont réalisé, la première station d'épuration, il y a maintenant plus de 25 ans, à une époque où beaucoup doutaient encore de leur utilité.
Vous avez choisi, Monsieur le Député-Maire, de confier l'exploitation de cette station à une grande entreprise française. Année après année, les entreprises françaises de l'assainissement ont acquis une technicité et un savoir-faire, qui nous sont souvent enviés et qui contribuent fortement à l'image de notre pays dans le monde.
De nombreux stratèges et géopoliticiens considèrent - dans une vision peut-être exagérément pessimiste - que l'eau sera, à l'avenir, à la fois, une source majeure de conflit et un facteur de plus en plus limitant de la présence humaine dans le monde.
Cette Année internationale de l'eau doit être l'occasion d'une prise de conscience mondiale de la nécessité de mieux gérer et préserver nos ressources en eau. Diverses initiatives ont vu le jour pour introduire une gestion globale du problème de l'eau, je pense à la Convention de Kyoto, aux travaux du G 8 ou au réseau international des organismes de bassin.
Mais elles n'ont de chance d'aboutir qu'au prix d'une mobilisation de tous. Or, si une question divise désormais la France au sujet de l'eau, c'est bien la question de sa qualité.
Les évolutions constatées depuis le début des années 90, s'agissant de la qualité des eaux souterraines et superficielles se confirment : développement des nitrates, eutrophisation et apparition de micro-polluants sont autant de symptômes d'une dégradation lente, mais continue de nos ressources. Le développement d'installations et d'activités qui ont insuffisamment pris en compte la préoccupation d'un développement durable du territoire vient encore aggraver cette tendance.
Le développement des réseaux de mesure permet toutefois de mieux appréhender cette situation. Dans le même temps, la nécessité de concilier usage de l'eau et protection des milieux aquatiques a été réaffirmée par la loi sur l'eau de 1992 et la directive européenne d'octobre 2000. Ces deux textes nous obligent, et à l'horizon 2015, nous devrons avoir recouvré un état écologique correct des cours d'eau et des masses d'eau souterraines.
Comme le montre le rapport de l'Institut Français de l'Environnement (IFEN), les non-conformités des eaux tiennent souvent à plusieurs causes. Celles-ci sont, d'ailleurs, d'importance inégale : les nitrates, les polluants organiques et minéraux semblent jouer un rôle mineur par rapport aux bactéries et autres résidus de pesticides. En revanche, les dégradations de la qualité liées aux pesticides et plus encore aux nitrates présentent, toujours selon l'IFEN, une distribution géographique très limitée. Mais elles perdurent plus longtemps que celles liées aux facteurs bactériologiques.
Ces constations ne signifient, certes, pas que la situation présente, par principe, un danger immédiat pour la santé publique. L'eau distribuée au robinet est globalement de bonne qualité. Les valeurs-seuils de référence, souvent très basses, intègrent, en effet, une importante marge de sécurité pour le consommateur.
Mais cette situation est révélatrice d'une contamination progressive des eaux naturelles dans des proportions variables.
Je sais aussi que l'inquiétude progresse et que les contentieux se multiplient. Tout comme les aliments, l'eau cristallise, en effet, les peurs, alors même que nos compatriotes n'ont jamais disposé, globalement, d'une fourniture en eau aussi contrôlée et sûre.
Cette situation requiert, évidemment, une prise de conscience collective et une prompte réaction de notre part.
Depuis 1964, date de l'adoption de la première loi sur l'eau à l'initiative du Gouvernement de Georges POMPIDOU, notre pays est engagé dans un véritable combat pour assurer, en toute circonstance, et à chacun de nos concitoyens une eau de qualité. L'actualité récente, les progrès de la recherche nous enseignent que ce combat n'est jamais totalement gagné, alors même qu'il nous faut, par ailleurs, investir massivement dans le traitement des eaux usées.
En réalisant aujourd'hui cette station de deuxième génération, la ville de Condom contribue donc à cet effort collectif auquel nous devons tous prendre part.
Notre conscience collective évolue. Notre société de consommation semble déjà considérer plus lucidement les déchets qu'elle génère. Au terme de deux siècles de révolution industrielle qui ont forgé nos comportements et notre environnement, nous avons désormais conscience que certains comportements ne peuvent plus demeurer. De son côté, le secteur de l'industrie a accompli des efforts importants pour les réduire. Les collectivités territoriales ont, à leur tour, saisi la nécessité d'" économiser l'eau et d'en user avec soin ", comme l'énonce le Xe principe de la Charte européenne de l'eau.
Mais si le combat de l'assainissement est en passe d'être gagné, ceux des pollutions diffuses, des déchets ménagers et assimilés et des déchets industriels spéciaux sont encore devant nous.
Dans le même temps, l'agriculture se trouve régulièrement mise au banc des accusés. Or, s'il est vrai que certaines pratiques méritent encore d'évoluer, je ne voudrais pas que les efforts importants accomplis par les agriculteurs soient passés sous silence.
En cette semaine du développement durable, je suis heureux d'avoir choisi le Gers pour m'exprimer sur ce sujet.
Ici, l'eau joue depuis longtemps un rôle important dans l'aménagement du territoire. Le climat et le relief vous ont offert des ressources en eau plus ou moins abondantes et quelques fois dévastatrices, mais qu'il vous faut toujours fréquemment renouveler.
En réponse à ces difficultés, vous avez su innover. L'importance des investissements réalisés depuis plusieurs générations et les outils de gestion collective que vous avez mis en place en attestent, et je veux vous en féliciter.
Mais des têtes des bassins hydrographiques jusqu'à l'aval, les territoires doivent être unis par une solidarité encore plus forte. Dans ce département, la " gestion par le temps " consécutive à la crise a depuis longtemps laissé la place à une gestion volumétrique par quota. Ce système a fait la preuve de son efficacité dans le bassin Neste et rivières de Gascogne. Réapprovisionné par la Compagnie d'Aménagement des Coteaux de Gascogne (CACG), celui-ci fournit une ressource en eau, qui leur donnent satisfaction.
Des actions sont conduites, et leurs premiers résultats sont déjà perceptibles. Le département du Gers est engagé dans deux plans de gestion des étiages. Celui de l'Adour, entré en vigueur en 1999, est, d'ailleurs, l'un des tout premiers de France. Ceux-ci constituent un premier pas vers une gestion intégrée de la ressource en eau, qui prendra certainement la forme de Schémas d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE).
Fortement impliqués dans cette démarche, les services de l'État apportent leur soutien à la réalisation d'économie d'eau, à la mise en place d'outils de gestion et au renforcement de la ressource par des créations d'ouvrages, tels que les retenues du Lizet et de l'Auzoue qui représentent, à eux deux, plus de cinq millions de mètres cubes. L'aspect qualitatif ne peut toutefois être passé sous silence.
Au-delà de ses premières réalisations, nous devons unir nos énergies pour aller plus loin ensemble.
Je le disais, il y a quelques instants, les progrès de la science exigent que nous corrigions un certain nombre d'erreurs passées. Mais nous devons prendre garde de ne pas jeter la pierre à celles et ceux qui nous ont précédés. Car ils ont souvent agi avec bon sens, en fonction des savoirs du moment, et nous devons, dans nos actes quotidiens, nous montrer dignes de cet héritage.
Le développement durable constitue une impérieuse nécessité, à laquelle le Président de la République a voulu donner une valeur constitutionnelle.
Nous devons désormais rechercher un nouvel équilibre entre développement économique, progrès social et protection de l'environnement.
Dans nos actes de la vie quotidienne, dans nos décisions de gestion, nous devons également veiller à ce que les choix qu'opère notre société ne viennent pas compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins.
Nous devons enfin réunir - et peut-être réconcilier - savants, politiques, acteurs sociaux et économiques, au travers d'un observatoire, dans une même démarche.
Doit-on attendre de savoir, de tout savoir, pour agir ? En vérité, je ne le pense pas ! Car les études scientifiques montrent suffisamment que de nouveaux comportements emportent, dès lors qu'ils sont mis en uvre, des effets positifs et immédiats sur l'environnement.
Le risque existe aussi, qu'à trop parler de la " planète " - ce qui est bien -, nous finissions par oublier d'agir dans notre environnement quotidien. En développant une perception globale des enjeux, nous devons également avoir le souci de motiver et de responsabiliser nos compatriotes.
L'heure est venue de taire les proclamations catastrophiques et passéistes, que nous entendons trop souvent, et de privilégier une action résolue fondée sur la solidarité entre générations. Terre des droits de l'homme, la France n'a, bien sûr, de leçon à donner à personne, mais elle partage, notamment avec les pays industrialisés, l'ardente obligation de sauver la planète, notre terre.
Le Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation, de la Pêche et des Affaires rurales est déterminé à prendre part à cet effort. Les procès qui sont faits ici où là, à notre agriculture, les enjeux des négociations internationales, dans lesquelles elle constitue souvent un objet de discussion emblématique, ne doivent pas nous détourner de cette responsabilité.
Mettre en uvre de nouveaux modes de gestion pour une agriculture plus durable, Gérer l'espace rural et la forêt de façon plus harmonieuse, favoriser le progrès de la connaissance et soutenir nos outils de recherche, promouvoir une agriculture respectueuse des hommes et de leurs savoirs : telles sont les priorités que je poursuis, avec le soutien d'une administration, dont je connais la mobilisation et le sens des responsabilités.
Car tout en préservant sa compétitivité, l'agriculture européenne doit désormais répondre à des exigences accrues en termes de sécurité, de qualité et de protection de l'environnement. Elle doit également assurer la pérennité des exploitations et la progression du revenu des agriculteurs. Elle doit enfin offrir, dans toute la mesure du possible, la même qualité de vie à ceux qui l'ont choisie qu'au reste de la société. Améliorer la qualité de nos produits, garantir leur composition, préserver un environnement rural dynamique et " écologiquement responsable " doit nous permettre de conserver des parts de marché et d'en conquérir de nouvelles. J'observe, d'ailleurs, que celles et ceux qui ont intégré les premiers ces préoccupations de préservation de l'environnement et de sécurisation des processus ont toujours gagné les batailles qui les opposaient à leurs concurrents.
Monsieur le Député-Maire,
Mesdames, Messieurs,
Une conviction m'anime : nous ne sauverons la planète, que si nous savons unir nos efforts et taire les divisions qui nous affaiblissent. Je vous ai dit en introduction que l'eau est nécessaire à la vie. Mais plus que cela elle est, comme l'écrit SAINT-EXUPÉRY dans Terre des hommes " non seulement nécessaire à la vie, elle est la vie ". Et c'est parce que, avec Roselyne BACHELOT, Ministre en charge de l'Eau, nous partageons cette conviction que nous mesurons également notre responsabilité : la planète commence sous nos pieds.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 6 juin 2003)
Monsieur le Sénateur,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président de la Chambre d'Agriculture,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
C'est avec beaucoup de plaisir que je vous retrouve aujourd'hui à Condom pour inaugurer cet équipement essentiel à la collectivité. En venant ici, je me souviens d'un précepte lu dans Les Lois de PLATON : " quiconque sera convaincu d'avoir corrompu l'eau, outre la réparation du dommage sera tenu de nettoyer la source ou le réservoir conformément aux règles prescrites par les interprètes ". En venant ici, j'ai aussi le sentiment que votre collectivité entend, à travers cet investissement, préserver son environnement des dégradations qui peuvent résulter de la concentration de population et du développement de ses activités.
Si l'eau peut paraître abondante sous nos climats, l'eau douce, essentielle à la vie, ne représente tout au plus que 3 % des réserves de la planète. Or, comme le disait fréquemment Benjamin FRANKLIN, " l'homme ne mesure pleinement la valeur de l'eau que lorsque le puits se tarit ".
C'est dire si sa préservation, son respect et la restauration de sa qualité sont aujourd'hui des actions importantes pour le devenir des générations futures.
Je voudrais vous remercier très sincèrement, Monsieur le Député-Maire, de m'avoir invité à présider cette manifestation. Fruit de choix mûrement réfléchis, cet équipement est l'uvre commune de plusieurs corps de métier, dont le savoir-faire fait l'honneur de la technologie française. C'est pourquoi, je voudrais également remercier toutes celles et tous ceux qui, chacun dans leur spécialité, ont participé à la réalisation de cette station. Cet équipement bénéficie des derniers progrès techniques, et je ne doute pas qu'il permettra à Condom de poursuivre son développement économique dans le respect de l'environnement.
En cet instant, je voudrais également avoir une pensée pour les pionniers qui ont réalisé, la première station d'épuration, il y a maintenant plus de 25 ans, à une époque où beaucoup doutaient encore de leur utilité.
Vous avez choisi, Monsieur le Député-Maire, de confier l'exploitation de cette station à une grande entreprise française. Année après année, les entreprises françaises de l'assainissement ont acquis une technicité et un savoir-faire, qui nous sont souvent enviés et qui contribuent fortement à l'image de notre pays dans le monde.
De nombreux stratèges et géopoliticiens considèrent - dans une vision peut-être exagérément pessimiste - que l'eau sera, à l'avenir, à la fois, une source majeure de conflit et un facteur de plus en plus limitant de la présence humaine dans le monde.
Cette Année internationale de l'eau doit être l'occasion d'une prise de conscience mondiale de la nécessité de mieux gérer et préserver nos ressources en eau. Diverses initiatives ont vu le jour pour introduire une gestion globale du problème de l'eau, je pense à la Convention de Kyoto, aux travaux du G 8 ou au réseau international des organismes de bassin.
Mais elles n'ont de chance d'aboutir qu'au prix d'une mobilisation de tous. Or, si une question divise désormais la France au sujet de l'eau, c'est bien la question de sa qualité.
Les évolutions constatées depuis le début des années 90, s'agissant de la qualité des eaux souterraines et superficielles se confirment : développement des nitrates, eutrophisation et apparition de micro-polluants sont autant de symptômes d'une dégradation lente, mais continue de nos ressources. Le développement d'installations et d'activités qui ont insuffisamment pris en compte la préoccupation d'un développement durable du territoire vient encore aggraver cette tendance.
Le développement des réseaux de mesure permet toutefois de mieux appréhender cette situation. Dans le même temps, la nécessité de concilier usage de l'eau et protection des milieux aquatiques a été réaffirmée par la loi sur l'eau de 1992 et la directive européenne d'octobre 2000. Ces deux textes nous obligent, et à l'horizon 2015, nous devrons avoir recouvré un état écologique correct des cours d'eau et des masses d'eau souterraines.
Comme le montre le rapport de l'Institut Français de l'Environnement (IFEN), les non-conformités des eaux tiennent souvent à plusieurs causes. Celles-ci sont, d'ailleurs, d'importance inégale : les nitrates, les polluants organiques et minéraux semblent jouer un rôle mineur par rapport aux bactéries et autres résidus de pesticides. En revanche, les dégradations de la qualité liées aux pesticides et plus encore aux nitrates présentent, toujours selon l'IFEN, une distribution géographique très limitée. Mais elles perdurent plus longtemps que celles liées aux facteurs bactériologiques.
Ces constations ne signifient, certes, pas que la situation présente, par principe, un danger immédiat pour la santé publique. L'eau distribuée au robinet est globalement de bonne qualité. Les valeurs-seuils de référence, souvent très basses, intègrent, en effet, une importante marge de sécurité pour le consommateur.
Mais cette situation est révélatrice d'une contamination progressive des eaux naturelles dans des proportions variables.
Je sais aussi que l'inquiétude progresse et que les contentieux se multiplient. Tout comme les aliments, l'eau cristallise, en effet, les peurs, alors même que nos compatriotes n'ont jamais disposé, globalement, d'une fourniture en eau aussi contrôlée et sûre.
Cette situation requiert, évidemment, une prise de conscience collective et une prompte réaction de notre part.
Depuis 1964, date de l'adoption de la première loi sur l'eau à l'initiative du Gouvernement de Georges POMPIDOU, notre pays est engagé dans un véritable combat pour assurer, en toute circonstance, et à chacun de nos concitoyens une eau de qualité. L'actualité récente, les progrès de la recherche nous enseignent que ce combat n'est jamais totalement gagné, alors même qu'il nous faut, par ailleurs, investir massivement dans le traitement des eaux usées.
En réalisant aujourd'hui cette station de deuxième génération, la ville de Condom contribue donc à cet effort collectif auquel nous devons tous prendre part.
Notre conscience collective évolue. Notre société de consommation semble déjà considérer plus lucidement les déchets qu'elle génère. Au terme de deux siècles de révolution industrielle qui ont forgé nos comportements et notre environnement, nous avons désormais conscience que certains comportements ne peuvent plus demeurer. De son côté, le secteur de l'industrie a accompli des efforts importants pour les réduire. Les collectivités territoriales ont, à leur tour, saisi la nécessité d'" économiser l'eau et d'en user avec soin ", comme l'énonce le Xe principe de la Charte européenne de l'eau.
Mais si le combat de l'assainissement est en passe d'être gagné, ceux des pollutions diffuses, des déchets ménagers et assimilés et des déchets industriels spéciaux sont encore devant nous.
Dans le même temps, l'agriculture se trouve régulièrement mise au banc des accusés. Or, s'il est vrai que certaines pratiques méritent encore d'évoluer, je ne voudrais pas que les efforts importants accomplis par les agriculteurs soient passés sous silence.
En cette semaine du développement durable, je suis heureux d'avoir choisi le Gers pour m'exprimer sur ce sujet.
Ici, l'eau joue depuis longtemps un rôle important dans l'aménagement du territoire. Le climat et le relief vous ont offert des ressources en eau plus ou moins abondantes et quelques fois dévastatrices, mais qu'il vous faut toujours fréquemment renouveler.
En réponse à ces difficultés, vous avez su innover. L'importance des investissements réalisés depuis plusieurs générations et les outils de gestion collective que vous avez mis en place en attestent, et je veux vous en féliciter.
Mais des têtes des bassins hydrographiques jusqu'à l'aval, les territoires doivent être unis par une solidarité encore plus forte. Dans ce département, la " gestion par le temps " consécutive à la crise a depuis longtemps laissé la place à une gestion volumétrique par quota. Ce système a fait la preuve de son efficacité dans le bassin Neste et rivières de Gascogne. Réapprovisionné par la Compagnie d'Aménagement des Coteaux de Gascogne (CACG), celui-ci fournit une ressource en eau, qui leur donnent satisfaction.
Des actions sont conduites, et leurs premiers résultats sont déjà perceptibles. Le département du Gers est engagé dans deux plans de gestion des étiages. Celui de l'Adour, entré en vigueur en 1999, est, d'ailleurs, l'un des tout premiers de France. Ceux-ci constituent un premier pas vers une gestion intégrée de la ressource en eau, qui prendra certainement la forme de Schémas d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE).
Fortement impliqués dans cette démarche, les services de l'État apportent leur soutien à la réalisation d'économie d'eau, à la mise en place d'outils de gestion et au renforcement de la ressource par des créations d'ouvrages, tels que les retenues du Lizet et de l'Auzoue qui représentent, à eux deux, plus de cinq millions de mètres cubes. L'aspect qualitatif ne peut toutefois être passé sous silence.
Au-delà de ses premières réalisations, nous devons unir nos énergies pour aller plus loin ensemble.
Je le disais, il y a quelques instants, les progrès de la science exigent que nous corrigions un certain nombre d'erreurs passées. Mais nous devons prendre garde de ne pas jeter la pierre à celles et ceux qui nous ont précédés. Car ils ont souvent agi avec bon sens, en fonction des savoirs du moment, et nous devons, dans nos actes quotidiens, nous montrer dignes de cet héritage.
Le développement durable constitue une impérieuse nécessité, à laquelle le Président de la République a voulu donner une valeur constitutionnelle.
Nous devons désormais rechercher un nouvel équilibre entre développement économique, progrès social et protection de l'environnement.
Dans nos actes de la vie quotidienne, dans nos décisions de gestion, nous devons également veiller à ce que les choix qu'opère notre société ne viennent pas compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins.
Nous devons enfin réunir - et peut-être réconcilier - savants, politiques, acteurs sociaux et économiques, au travers d'un observatoire, dans une même démarche.
Doit-on attendre de savoir, de tout savoir, pour agir ? En vérité, je ne le pense pas ! Car les études scientifiques montrent suffisamment que de nouveaux comportements emportent, dès lors qu'ils sont mis en uvre, des effets positifs et immédiats sur l'environnement.
Le risque existe aussi, qu'à trop parler de la " planète " - ce qui est bien -, nous finissions par oublier d'agir dans notre environnement quotidien. En développant une perception globale des enjeux, nous devons également avoir le souci de motiver et de responsabiliser nos compatriotes.
L'heure est venue de taire les proclamations catastrophiques et passéistes, que nous entendons trop souvent, et de privilégier une action résolue fondée sur la solidarité entre générations. Terre des droits de l'homme, la France n'a, bien sûr, de leçon à donner à personne, mais elle partage, notamment avec les pays industrialisés, l'ardente obligation de sauver la planète, notre terre.
Le Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation, de la Pêche et des Affaires rurales est déterminé à prendre part à cet effort. Les procès qui sont faits ici où là, à notre agriculture, les enjeux des négociations internationales, dans lesquelles elle constitue souvent un objet de discussion emblématique, ne doivent pas nous détourner de cette responsabilité.
Mettre en uvre de nouveaux modes de gestion pour une agriculture plus durable, Gérer l'espace rural et la forêt de façon plus harmonieuse, favoriser le progrès de la connaissance et soutenir nos outils de recherche, promouvoir une agriculture respectueuse des hommes et de leurs savoirs : telles sont les priorités que je poursuis, avec le soutien d'une administration, dont je connais la mobilisation et le sens des responsabilités.
Car tout en préservant sa compétitivité, l'agriculture européenne doit désormais répondre à des exigences accrues en termes de sécurité, de qualité et de protection de l'environnement. Elle doit également assurer la pérennité des exploitations et la progression du revenu des agriculteurs. Elle doit enfin offrir, dans toute la mesure du possible, la même qualité de vie à ceux qui l'ont choisie qu'au reste de la société. Améliorer la qualité de nos produits, garantir leur composition, préserver un environnement rural dynamique et " écologiquement responsable " doit nous permettre de conserver des parts de marché et d'en conquérir de nouvelles. J'observe, d'ailleurs, que celles et ceux qui ont intégré les premiers ces préoccupations de préservation de l'environnement et de sécurisation des processus ont toujours gagné les batailles qui les opposaient à leurs concurrents.
Monsieur le Député-Maire,
Mesdames, Messieurs,
Une conviction m'anime : nous ne sauverons la planète, que si nous savons unir nos efforts et taire les divisions qui nous affaiblissent. Je vous ai dit en introduction que l'eau est nécessaire à la vie. Mais plus que cela elle est, comme l'écrit SAINT-EXUPÉRY dans Terre des hommes " non seulement nécessaire à la vie, elle est la vie ". Et c'est parce que, avec Roselyne BACHELOT, Ministre en charge de l'Eau, nous partageons cette conviction que nous mesurons également notre responsabilité : la planète commence sous nos pieds.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 6 juin 2003)