Texte intégral
Le Premier ministre et le Ministre de l'éducation nationale viennent de préciser les objectifs du grand débat national qui s'ouvre aujourd'hui et d'en exprimer toute la signification politique. On permettra sans doute au vieux praticien de la chose éducative que je suis d'évoquer ici quelques enjeux d'un débat, en ce début de XXIème siècle, sur l'Education et de suggérer quelques pistes de réflexion. Je n'entends pas bien sûr, en aucune manière, me substituer à la Commission et prédéterminer en quelque sorte les grands sujets, les préoccupations essentielles qu'elle a justement pour mission - délicate ! - de dégager. Je verse tout simplement au débat quelques idées que m'inspire une présence de plus de 30 ans dans notre grande maison.
Il me paraît évident qu'une consultation d'une telle ambition ne saurait se dispenser d'une interrogation renouvelée sur les valeurs qui fondent l'école de la République : la laïcité, bien sûr, au cur de tant de nos débats actuels, mais aussi la neutralité, le respect des personnes et des consciences, l'égalité des chances. Il me semble aussi que l'opinion publique comme les professionnels de l'école attendent de ce débat des clarifications indispensables sur les finalités de l'école, si souvent sommée de régler à tout instant les problèmes que la société ne sait plus assumer, à tout le moins, et sans tomber dans le simplisme, une hiérarchisation des objectifs assignés au système éducatif.
Mais on n'aura pas beaucoup avancé, si l'on ne s'interroge pas de façon approfondie sur les conditions nécessaires pour atteindre ces objectifs, sur les leviers les plus efficaces pour conduire les réformes. A cet égard je voudrais rappeler ici quelques évidences, susceptibles malgré tout de nourrir la réflexion collective.
- On peut regretter que la gestion des ressources humaines n'ait jamais été considérée par le ministère de l'Education nationale comme un véritable facteur de changement. Alors qu'il faut renouveler presque la moitié du corps enseignant dans les années qui viennent, il est impératif de reprendre la réflexion sur les métiers enseignants, mais aussi administratifs et d'encadrement et d'en tracer les contours pour les décennies à venir.
- La réforme de l'Etat doit aussi s'appliquer de manière plus satisfaisante dans le domaine de l'Education nationale. Sans doute y a-t-il eu des avancées sensibles au cours des 20 dernières années : déconcentration accrue, démarche de projet, contractualisation. Mais il convient, me semble-t-il, d'aller plus loin, afin notamment de donner aux établissements et aux personnels plus d'autonomie et de liberté, dans un cadre national clairement dessiné. Dans ce domaine la question majeure de l'évaluation devra aussi être abordée : évaluation des politiques, des établissements, des personnels.
- Troisième piste : l'éducation est de plus en plus une mission partagée avec les familles, les milieux professionnels, les associations, les élus locaux, les autres départements ministériels. Sans doute faut-il profiter de ce grand débat pour que l'Education nationale discute avec ses partenaires des meilleures collaborations, des nouveaux équilibres à trouver, dans le souci de la réussite des élèves et dans le respect des missions de chacun.
- Enfin, faut-il le rappeler, l'école française n'est pas seule au monde et son avenir ne peut se penser qu'en relation avec son environnement international, et d'abord européen. Certes l'éducation restera sans doute pour longtemps - je le souhaite - dans le champ de la souveraineté nationale, mais qui ne voit que la construction de l'Europe, par exemple, aura des conséquences décisives sur l'évolution de notre école ? Echanges linguistiques, rapprochement de cursus et de certifications, définition d'objectifs et d'indicateurs de références communs, évaluations internationales : la France ne peut ignorer ce mouvement profond et, sans que son école y perde son identité, il lui faut l'accompagner, y apporter sa contribution propre, faire valoir ses atouts et ses convictions.
Pour finir, je voudrais redire ici que la réduction des inégalités -sociales, géographiques, sexuelles - devant l'école demeure, plus que jamais un objectif essentiel. Puisse ce débat, auquel je vous remercie vivement, Mesdames et Messieurs, d'apporter votre précieux concours, y contribuer et redonner sens à cette belle expression d'égalité des chances, comme l'a souhaité le Président de la République.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 19 septembre 2003)
Il me paraît évident qu'une consultation d'une telle ambition ne saurait se dispenser d'une interrogation renouvelée sur les valeurs qui fondent l'école de la République : la laïcité, bien sûr, au cur de tant de nos débats actuels, mais aussi la neutralité, le respect des personnes et des consciences, l'égalité des chances. Il me semble aussi que l'opinion publique comme les professionnels de l'école attendent de ce débat des clarifications indispensables sur les finalités de l'école, si souvent sommée de régler à tout instant les problèmes que la société ne sait plus assumer, à tout le moins, et sans tomber dans le simplisme, une hiérarchisation des objectifs assignés au système éducatif.
Mais on n'aura pas beaucoup avancé, si l'on ne s'interroge pas de façon approfondie sur les conditions nécessaires pour atteindre ces objectifs, sur les leviers les plus efficaces pour conduire les réformes. A cet égard je voudrais rappeler ici quelques évidences, susceptibles malgré tout de nourrir la réflexion collective.
- On peut regretter que la gestion des ressources humaines n'ait jamais été considérée par le ministère de l'Education nationale comme un véritable facteur de changement. Alors qu'il faut renouveler presque la moitié du corps enseignant dans les années qui viennent, il est impératif de reprendre la réflexion sur les métiers enseignants, mais aussi administratifs et d'encadrement et d'en tracer les contours pour les décennies à venir.
- La réforme de l'Etat doit aussi s'appliquer de manière plus satisfaisante dans le domaine de l'Education nationale. Sans doute y a-t-il eu des avancées sensibles au cours des 20 dernières années : déconcentration accrue, démarche de projet, contractualisation. Mais il convient, me semble-t-il, d'aller plus loin, afin notamment de donner aux établissements et aux personnels plus d'autonomie et de liberté, dans un cadre national clairement dessiné. Dans ce domaine la question majeure de l'évaluation devra aussi être abordée : évaluation des politiques, des établissements, des personnels.
- Troisième piste : l'éducation est de plus en plus une mission partagée avec les familles, les milieux professionnels, les associations, les élus locaux, les autres départements ministériels. Sans doute faut-il profiter de ce grand débat pour que l'Education nationale discute avec ses partenaires des meilleures collaborations, des nouveaux équilibres à trouver, dans le souci de la réussite des élèves et dans le respect des missions de chacun.
- Enfin, faut-il le rappeler, l'école française n'est pas seule au monde et son avenir ne peut se penser qu'en relation avec son environnement international, et d'abord européen. Certes l'éducation restera sans doute pour longtemps - je le souhaite - dans le champ de la souveraineté nationale, mais qui ne voit que la construction de l'Europe, par exemple, aura des conséquences décisives sur l'évolution de notre école ? Echanges linguistiques, rapprochement de cursus et de certifications, définition d'objectifs et d'indicateurs de références communs, évaluations internationales : la France ne peut ignorer ce mouvement profond et, sans que son école y perde son identité, il lui faut l'accompagner, y apporter sa contribution propre, faire valoir ses atouts et ses convictions.
Pour finir, je voudrais redire ici que la réduction des inégalités -sociales, géographiques, sexuelles - devant l'école demeure, plus que jamais un objectif essentiel. Puisse ce débat, auquel je vous remercie vivement, Mesdames et Messieurs, d'apporter votre précieux concours, y contribuer et redonner sens à cette belle expression d'égalité des chances, comme l'a souhaité le Président de la République.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 19 septembre 2003)