Texte intégral
Intervention à l'académie des sciences de Chines le 24 septembre 1998.
Madame et Messieurs les Ministres,
Messieurs les Présidents,
Messieurs les Professeurs,
Mesdames et Messieurs,
C'est pour moi un grand plaisir et un honneur de pouvoir m'exprimer, dès le premier jour de ma visite officielle en Chine, devant un parterre d'aussi éminentes personnalités rassemblées par votre Académie.
Alors que vous avez récemment admis en votre sein deux scientifiques français de grand renom - dont M. Jacques-François Lions, président de notre Académie des sciences, membre de ma délégation mais qui malheureusement ne peut-être avec nous aujourd'hui - j'y vois une belle occasion de célébrer l'amitié et la coopération entre nos deux pays.
La Chine, qui est à l'origine de tant de grandes inventions, tire une légitime fierté de sa longue tradition scientifique, que nous connaissons depuis longtemps en Occident. L'Académie des sciences est un lieu chargé de prestige et d'histoire, héritier de cette tradition, mais elle constitue également le coeur scientifique de la Chine d'aujourd'hui. Elle est enfin l'un des artisans de l'accès au plus haut niveau de votre pays dans la communauté scientifique internationale.
Je suis ici aujourd'hui pour célébrer avec vous le vingtième anniversaire de l'accord de coopération scientifique et technique, signé par nos deux pays l'année même où la Chine se lançait dans une audacieuse politique de réformes. La première collaboration de grande ampleur entre nos deux pays fut menée en 1980 dans son domaine des Sciences de la Terre, par mon actuel ministre de la Recherche, Claude Allègre, qui est, vous le savez, un grand scientifique.
Cet accord de coopération scientifique et technique a permis de multiplier nos échanges et de mener à bien de très nombreux projets concrets depuis 1978, constituant ainsi l'un des points d'appui les plus solides de notre coopération globale. Elle a aussi - cela me paraît essentiel - contribué à favoriser le développement de nos relations économiques, industrielles et commerciales.
Depuis vingt ans, plus de 2000 projets scientifiques ou techniques ont ainsi été menés à bien, plus de 3500 boursiers chinois du gouvernement français ont été accueillis en France, tandis que près de 3000 missions françaises étaient organisées en Chine. Dans le même temps, 134 millions de francs étaient distribués aux opérateurs.
Je crois que ces chiffres parlent d'eux-mêmes et illustrent l'ampleur de l'effort consenti par la France pour accompagner l'ouverture et le développement de la Chine. Depuis 1995, cet effort s'est considérablement accentué, puisque plus de 40 % des 150 accords de coopération signés entre établissements d'enseignement supérieur français et chinois ont été conclus ces trois dernières années.
La science et la technologie sont désormais l'un des thèmes prioritaire de ce "partenariat global" que nos deux pays ont décidé de mettre en oeuvre l'année dernière, à l'occasion de la visite d'Etat de M. le président de la République, afin de renforcer et de structurer nos échanges, sur la base d'un dialogue approfondi et permanent.
La Chine et la France ont de nombreux points communs dans le domaine scientifique. La Chine partage avec la France la conviction que la recherche scientifique, facteur d'indépendance nationale, permet d'élaborer des politiques publiques plus efficaces et constitue un des éléments déterminants de la capacité d'innovation d'un pays. Elle permet de mieux former les jeunes générations et de révéler les talents qu'elles recèlent. En bref, elle contribue au progrès économique et social des Nations, tout en leur assurant un meilleur développement humain.
En France, la recherche se fait à la fois dans les grands organismes, comme le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), ou l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), etc, et dans les universités. En Chine, la même dichotomie existe entre les Académies des sciences et la recherche universitaire, et je sais que, comme nous, vous tentez actuellement de créer plus de passerelles et une meilleure synergie entre les deux. Nous avons donc un intérêt commun à nous reprocher, là aussi, pour réformer nos systèmes.
Nous savons que l'innovation est créatrice d'emplois : il est ainsi établi que le tiers des nouveaux emplois créés dans les pays industriels les plus avancés est directement ou indirectement lié à la croissance du marché des technologies de l'information. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai proposé que nos gouvernements esquissent un cadre de réflexion commune et engagent au plus vite une collaboration ambitieuse dans ce domaine.
C'est ce que traduira la déclaration commune que nous adopterons cette après-midi au Grand Palais du peuple avec votre Premier ministre, M. Zhu Rongji.
Cette déclaration repose sur l'idée qu'il est indispensable de garder la maîtrise des technologies, des logiciels et des réseaux, afin de préserver les spécificités de chacun et de garantir, dans ce domaine également, une véritable multipolarité. Mais il ne suffit pas d'être réactif, il nous faut être résolument actifs : soyons capables d'exprimer nos idées propres et de valoriser nos cultures et nos savoir-faire en utilisant tout le formidable potentiel offert par ces nouveaux réseaux à tous leurs utilisateurs.
C'est aussi la raison pour laquelle notre effort de recherche doit s'appuyer sur davantage de souplesse et d'interdisciplinarité. Mon gouvernement, comme le vôtre, s'est attaqué à ce grand chantier. Avant la fin de l'année, la France disposera d'une nouvelle et véritable politique de la technologie, qui s'appuiera notamment sur les résultats des "Assises de l'innovation" que nous avons organisées récemment.
Nous travaillons en particulier à la définition d'une stratégie ambitieuse pour la recherche publique, qui passe par la modernisation de nos organismes de recherche et une priorité à l'emploi des jeunes scientifiques. 6000 jeunes docteurs seront embauchés en France avant la fin de 1999 et je sais que vous avez choisi la même voie ici en Chine.
Pour être efficaces, il nous faut adapter à cet objectif l'ensemble de notre système de recherche, en trouvant de nouveaux modes d'organisation, en valorisant et en transférant davantage les résultats de la recherche publique vers le monde industriel, mais aussi en favorisant les interactions entre tous les acteurs de l'innovation. Ce faisant, nos sociétés pourront retirer tous les bénéfices de la recherche scientifique pour être à même de relever le défi de la mondialisation.
En vingt ans, la France et la Chine ont appris à travailler ensemble : nos deux communautés scientifiques se connaissent bien et nos deux pays partagent une vision commune des objectifs à atteindre et des moyens à mettre en oeuvre. L'expérience de LIAMA, créé il y a un an et demi seulement, est un exemple emblématique.
Ce laboratoire est en effet le résultat d'un partenariat scientifique et technologique de haut niveau, associant de nombreux acteurs - entreprises, établissements scientifiques et administrations - parmi lesquels les responsables chinois de la Science et de la Technologie ont joué un rôle déterminant. Les modèles de simulation des inondations et de la croissance des plantes qui nous ont été présentés montrent bien tous les avantages concrets que peuvent retirer nos deux pays de ces échanges scientifiques et de ces collaborations.
En pensant aux événements terribles que traverse actuellement la Chine, je souhaite de tout coeur que mon pays puisse contribuer aux efforts que vous mettez en oeuvre pour réduire les risques que de tels drames humains se reproduisent.
Notre partenariat, coordonné à plusieurs niveaux, nous permettra j'en suis sûr de faire émerger d'autres projets tout aussi importants, tout en suscitant une excellente stimulation de nos équipes de recherche.
L'ensemble de notre action de coopération, qu'elle soit culturelle, scientifique ou industrielle doit se fonder, comme dans le cas du LIAMA, sur des intérêts convergents et déboucher sur des projets concrets qui respectent les spécificités des uns et des autres.
La Chine tient à son modèle de développement et d'ouverture fondé sur une coopération équilibrée avec ses grands partenaires.
La France l'a bien compris. C'est pourquoi notre coopération technique a donné une place de plus en plus importante aux formations des cadres administratifs, économiques, juridiques, techniques, nécessaires à la bonne marche d'une économie moderne et au bon fonctionnement d'un Etat de droit.
Sur ce dernier point, nous avons développé une relation étroite avec l'Ecole nationale d'administration chinoise, qui accueillera la semaine prochaine un colloque ouvert pour la première fois aux entreprises.
Enfin, notre coopération scientifique s'articule autour de quelques pôles d'excellence chinois et français. Un Programme de recherche appliquée, cofinancé par nos deux pays, couvre depuis 1991 six grands domaines : biologie, biotechnologies, environnement, mathématiques et informatique, matériaux et sciences de la terre.
Nous poursuivons par ailleurs notre collaboration dans des secteurs comme la physico-chimie et, bien entendu, la médecine, domaine dans lequel notre coopération, ancienne, s'est renforcée tout récemment.
Dans tous ces secteurs, nous devons, comme nous le faisons déjà dans nos pays respectifs, encourager les liens directs entre les entreprises et le monde de la recherche. Dans le domaine nucléaire, Framatome a ainsi lancé, en partenariat avec des universités et centres chinois, un ambitieux programme de recherche assorti de bourses pour de jeunes chercheurs chinois. Electricité de France se lance dans la même voie.
Du côté de l'Etat, le CNRS collabore étroitement, dans le domaine de l'environnement et de l'énergie avec de grandes entreprises françaises pour former de jeunes scientifiques chinois dans le cadre de grands chantiers industriels. L'INRA et le CIRAD se sont, par exemple, de leur côté associés en Chine avec l'Académie des sciences agronomiques et la Fondation nationale des sciences naturelles pour engager des recherches en génétique animale et végétale en vue d'améliorer les espèces et les filières. Cette coopération, qui remonte à plus de vingt ans, va permettre la création d'un pôle industriel agro-alimentaire français en Chine, qui travaillera en prise directe avec des partenaires industriels chinois.
Mais je pense aussi aux développement futurs de la filière de l'Université médicale n° 2 de Shanghai (UMS -2) - où se rendra vendredi Claude Allègre - qui pourrait évoluer vers une structure plus vaste et plus ambitieuse dans ses objectifs, et à l'Institut de mathématiques appliquées que nous venons d'installer dans la prestigieuse université Fudan en coopération avec l'Ecole polytechnique.
J'espère qu'à l'avenir d'autres entreprises conjointes comparables au LIAMA verront le jour, par exemple dans le domaine de l'environnement.
Nos sociétés ne pourront sauvegarder leur cadre naturel qu'en mobilisant d'importants moyens de recherches interdisciplinaires, en liaison étroite avec les acteurs économiques et les pouvoirs publics.
La France dispose d'un savoir-faire reconnu en ce domaine et elle est prête à renforcer sa coopération avec la Chine. C'est le cas dans le secteur de l'eau, qui fera l'objet d'un grand colloque bilatéral dans trois semaines à Pékin, et en matière de lutte contre la pollution atmosphérique, où une entreprise française a été retenue pour installer à Pékin un système de détection et de mesure identique à celui que nous utilisons à Paris.
Au cours des prochaines années, la France est prête à accueillir davantage de scientifiques, d'étudiants, mais aussi d'entrepreneurs et de cadres chinois. Cette année, le budget de notre coopération avec la Chine a été augmenté de 10 % et nous poursuivrons en ce sens l'année prochaine. Diverses mesures d'accompagnement ont été prises pour offrir un meilleur accueil aux scientifiques étrangers et les conditions de délivrance des visas aux scientifiques et étudiants ont été considérablement assouplies. Le ministère de l'Education nationale, de la Recherche et de la Technologie et le ministère des Affaires étrangères viennent de créer une Agence (Edufrance) pour améliorer notre dispositif d'accueil et d'information aux étudiants étrangers.
Les premiers recrutements de vos candidats, particulièrement brillants, font l'admiration des nos présidents d'université et des directeurs de nos grandes écoles. Ils justifient notre effort.
Depuis la signature de l'accord de coopération scientifique et technique il y a vingt ans, que de chemin parcouru ! Il s'agit maintenant d'aller plus loin et de mettre en oeuvre une politique scientifique et technique très ambitieuse dans le cadre de notre partenariat global pour le XXIème siècle.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 juin 2001)
Discours lors du déjeuner organisé pour les hommes d'affaires français et Chinois.
Monsieur le Président du Conseil chinois pour la promotion du commerce international,
Monsieur le Président de la Chambre de commerce française en Chine,
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je viens vous dire que la France et la Chine sont décidées à aller de l'avant dans leur coopération économique, industrielle et financière.
La position nouvelle de la Chine dans le jeu économique mondial y conduit tout naturellement. La Chine a marqué le monde depuis plus de dix ans par l'extraordinaire transformation qu'elle connaît, par le rythme de sa croissance, par l'ouverture de son économie, par son souhait de s'intégrer peu à peu à l'économie mondiale. Elle se distingue aujourd'hui par sa volonté de réforme qui touche les fondements même de son système économique et social. Elle impressionne depuis un an par sa volonté de résister à la crise asiatique, par ses choix responsables, et sa voix doit désormais être écoutée dans la gestion des questions financières internationales. Au même moment, les désastres de cet été rappelant que la Chine, de par son immensité, peut subir les effets des catastrophes naturelles dans des dimensions qui n'appartiennent qu'à elle.
Parce que la Chine tient cette place dans le monde, la France veut établir avec elle une relation privilégie qui touche à tous les aspects de son développement. C'est le sens du partenariat global décidé entre nos deux pays en mai 1997. C'est le sens de la visite que j'entreprends aujourd'hui.
Les ambitions de nos relations avec la Chine sont à la hauteur de la place de la France dans l'économie mondiale, elles sont à la mesure des progrès de l'économie française.
Parce qu'elle a elle-même des responsabilités monétaires mondiales, la France souhaite aujourd'hui associer la Chine au concert des grandes puissances qui ont pris des responsabilités dans la lutte contre la crise financière internationale née dans le Sud-Est de l'Asie. Je signerai avec M. Zhu Rongji une déclaration dans ce sens.
La France a fait de l'ouverture de son économie et de sa participation dynamique à l'économie mondiale, le moteur principal de son activité. Cette réalité se manifeste par le commerce, par les investissements, par les services. C'est cette France qui se porte vers la Chine.
La France est à la fois le quatrième exportateur et le quatrième importateur mondial. Elle accepte donc le défi de la compétitivité. Elle y répond d'abord par le dynamisme de ses entreprises, qu'elle qu'en soit la taille. C'est pourquoi j'ai souhaité que m'accompagnent dans ce voyage aussi bien les très grands groupes français aux implantations mondiales que des entreprises de taille modeste qui souhaitent se faire une place sur le marché chinois. Les uns et les autres doivent leur percée dans le monde, comme en Chine, à ce qui est l'un des atouts majeurs de la France dans la compétition mondiale, je veux dire la qualité de leur technologie. Le gouvernement comme les entreprises sont déterminés à tout faire pour que la France reste en tête des progrès technologiques. Mais ils sont aussi déterminés à en faire bénéficier leurs partenaires chinois. Je sais la préoccupation des autorités chinoises que leur industrie accède plus rapidement à des niveaux de technologie qu'ils ne maîtrisent pas encore. Je puis les assure que dans tous les domaines de notre coopération, l'industrie nucléaire, la construction électrique, l'aéronautique, le transport ferroviaire, le transport urbain, le traitement de l'eau, l'environnement, les télécommunications, comme dans tous les secteurs de l'industrie, les entreprises françaises transféreront à leurs partenaires chinois le dernier état de leur savoir-faire technologique.
Ces transferts se feront dans le cadre des investissements de nos entreprises. C'est une des grandes forces de l'économie française que d'avoir désormais des entreprises implantées mondialement. La France est le troisième investisseur dans le monde : les entreprises françaises investissent là où les perspectives de croissance et de modernisation sont les plus fortes. C'est pourquoi les entreprises françaises sont en Chine. C'est pourquoi elles sont déterminées à y développer leurs implantations et à s'y établir dans la durée. Si nous avons du retard par rapport à certains pays européens, il se comblera, grâce à l'élan constaté depuis 1994 et à la volonté de croissance de vous tous qui êtes établis ici, démonstration éclatante de votre confiance dans le développement de la Chine.
Mais la présence française dans le monde, ce sont aussi les services, la distribution, les services financiers, les services de télécommunications et toutes ces activités tertiaires qui font la modernité de l'économie française. C'est là où se créent les emplois. Il doit en aller de même en Chine. Seuls les services peuvent absorber la main d'oeuvre mise à pied par la restructuration indispensable de l'industrie chinoise. Seuls les services feront accéder à la Chine à l'économie moderne à laquelle elle aspire. Nous sommes prêts à lui apporter notre savoir-faire et nos investissements. Déjà présente par ses banques, ses assurances, ses avocats, ses experts comptables, la France souhaite que la Chine accepte d'élargir le champ de leurs activités, et s'ouvre, certes progressivement mais de façon déterminée, à l'exercice des sociétés françaises dans tous les domaines de service, à commencer par la distribution.
Je voudrais enfin, faire une place particulière à l'ensemble du domaine agricole. La France y excelle et veut apporter à la Chine son savoir-faire et son expérience, au moment où le Premier ministre rappelle la priorité que représente l'agriculture qui fait vivre directement 900 millions de Chinois. Je proposerai à M. Zhu Rongji une coopération renforcée dans les techniques de l'agriculture, mais aussi dans le domaine agricole élargi, incluant l'aménagement des terres, la restauration des forêts, la gestion de l'eau.
Le partenariat entre la France et la Chine peut connaître un nouvel élan, en particulier dans trois domaines. Nous devons viser un nouveau palier de nos relations économiques, participer à la réforme de l'économie et de la société chinoises, associer la Chine aux nouveaux défis technologiques auxquels sont confrontées les grandes nations modernes.
Intensifier nos relations économiques, c'est d'abord développer les échanges commerciaux. De ce point de vue, l'année 1997 a été excellente, qui a vu un bond de 60 % de nos exportations et notre part de marché s'élever à 2,3 %. Mais ces progrès dépendent trop largement du seul secteur aéronautique : nous devons diversifier nos ventes à la Chine et tirer bénéfice dans ce pays, comme dans le reste du monde, des atouts de l'offre française. J'invite nos entreprises à un effort particulier dans cette direction. Le gouvernement peut y aider en poussant, amicalement mais fermement, la Chine à ouvrir plus largement ses frontières, à réduire ses tarifs douaniers, à démanteler les protections de toute nature derrière lesquelles elle se protège. Nous avons des arguments en ce sens : le marché français est lui-même très ouvert, les exportations chinoises ne cessent de se développer, si bien que nous connaissons avec la Chine l'un de nos plus importants déficits bilatéraux.
La participation de l'industrie française aux grands projets chinois de son côté permet de développer nos ventes, mais contribue aussi à la modernisation de l'industrie chinoise. Toutes les offres de nos entreprises, pour le nucléaire, pour le métro, pour l'énergie, sont associées à des propositions de fabrication locale, voire de création d'une industrie chinoise.
Le commerce avec la Chine ne peut donc plus être séparé de l'investissement industriel. Ce défi, que les entreprises françaises ici présentes ont déjà relevé avec succès, devient un impératif pour qui veut continuer de vendre à la Chine. Nous l'acceptons parce qu'il est chaque jour plus évident que la Chine devient elle-même un grand pays industriel et que la France veut être un partenaire de cette transformation.
La Chine ne parviendra pourtant à ce stade de développement que si elle se réforme en profondeur. Les plus hautes instances dirigeantes de la Chine en ont fait la priorité de leur politique, et le gouvernement de M. Zhu Rongji s'est attaqué avec une détermination impressionnante à une réforme radicale des entreprises publiques, qui sont le coeur de l'économie chinoise. La France suit avec une attention toute particulière la mise en oeuvre accélérée de ce formidable bouleversement. Elle propose à la Chine d'y participer.
Nous souhaitons transmettre notre savoir-faire dans la gestion des entreprises. Les sociétés françaises y sont prêtes, car en investissant, en reprenant des entreprises chinoises, elles apportent tout à la fois la technologie, le management et la performance. Encore faut-il que les autorités chinoises leur donnent la possibilité d'exercer aussi librement que possible cette compétence : nous le leur demanderons.
La mutation industrielle doit s'accompagner d'un gigantesque travail d'évolution des règles du jeu et donc de la législation, qu'il s'agisse du droit commercial, de la gestion des finances publiques, de la protection sociale, ou de la réglementation boursière. Dans tous ces domaines, des coopérations institutionnelles ont été lancées entre la France et la Chine : je souhaite qu'elles se développent. Ce progrès du droit est la condition d'une économie moderne. En particulier, une législation sur la protection de la propriété intellectuelle est indispensable, pour que nos entreprises se lancent sans arrières pensées dans le partenariat. Un accord sur la propriété intellectuelle sera signé pendant mon séjour.
Enfin quelle meilleure manière d'accélérer la réforme du système bancaire et de moderniser la gestion de l'épargne chinoise sinon d'ouvrir plus largement aux banques et aux compagnies d'assurance françaises, les possibilités d'exercer à plein leur activité en Chine ?
Parce qu'elles sont décidées à préparer ensemble l'avenir, la France et la Chine se rapprochent pour évoquer ensemble cet enjeu mondial que constitue la société de l'information. On touche ici à la fois à l'innovation scientifique la plus avancée, aux capacités industrielles et techniques, à l'un des moteurs de la croissance, mais aussi à l'évolution même de la société. La déclaration conjointe que je signerai avec M. Zhu Rongji sur la coopération entre la France et la Chine sur les nouvelles technologies, illustre bien par les perspectives qu'elle ouvre, le partenariat global qui nous guide dans le renforcement de nos relations.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 juin 2001)
Allocution devant la communauté française de Pékin
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Députés,
Monsieur l'Ambassadeur, Madame,
Mes chers compatriotes,
C'est une très grande joie pour moi, les membres du gouvernement et les personnalités qui m'accompagnent de venir vous saluer en cette résidence de France où l'ambassadeur et son épouse ont bien voulu nous réunir. Je les en remercie chaleureusement.
Vous êtes ici, Mesdames et Messieurs, à la fois les témoins de l'extraordinaire mutation de la Chine et les acteurs principaux de la coopération plus étroite que jamais que nous menons avec ce grand pays. La France a l'ambition de renforcer sa présence en Chine. Nous ne sommes pas les seuls, bien sûr, mais nous avons des atouts de premier plan. Votre dynamisme, votre savoir-faire et votre connaissance de la Chine vous permettent, mieux que quiconque de valoriser ces atouts.
La communauté française en Chine a doublé en moins de deux ans et que le nombre des sociétés françaises qui s'implantent sur le marché chinois ne cesse également d'augmenter. Nos investissements, longtemps insuffisants, croissent rapidement.
Les hommes d'affaires qui se sont joints à ma délégation savent, comme vous, que ce marché est difficile, sans doute l'un des plus concurrentiels qui soient. La France se mobilise pour relever ce défi, comme en attestent nos parts de marché orientées à la hausse et qui nous placent au deuxième rang des pays de l'Union européenne. N'oublions pas que chaque succès français en Chine est une victoire de plus pour l'emploi en France, pour le développement de notre pays.
L'objectif de mon voyage est d'intensifier le "partenariat global" qui s'est établi entre la France et la Chine, à la suite de la visite d'Etat du président de la République en mai 1997.
J'ai eu le plaisir de recevoir à Paris, au printemps dernier, M. Zhu Rongji qui venait de prendre ses fonctions et nous nous reverrons cet après-midi pour une longue séance de travail. Je ferais la connaissance du président Jian Zemin demain à Hefei, où il mène une tournée d'inspection à la suite des terribles inondations qui ont ravagé le pays.
Je m'entretiendrai également avec les autorités de Shanghai et de Hong Kong, qui manifestent de longue date une attention particulière pour la coopération avec la France.
J'ai dû renoncer, en raison des contraintes de temps qui limitent mon voyage, à me rendre à Wuhan. Mais je sais que l'ambassadeur de France s'y rendra après mon départ, notamment pour inaugurer le quatrième consulat général de France en Chine. La création de ce nouveau poste marque l'importance que le gouvernement attache à votre communauté : alors que la rigueur budgétaire est à l'ordre du jour, il vous permettra de bénéficier d'un soutien encore plus actif de l'Etat.
En présence du ministre de l'Education nationale, je voudrais dire à ce sujet l'importance que j'attache à la scolarisation de vos enfants : comme vous le savez, un nouveau lycée sera installé sur le site de la nouvelle ambassade de France en Chine.
Dans le même temps, votre communauté bénéficiera des efforts importants engagés par le gouvernement en faveur des Français expatriés : les crédits consacrés aux bourses ont augmenté de 20 MF dans le budget de 1998 et ceux de l'aide sociale de 10 MF. Il s'agit là d'un effort sans précédent, sur lequel j'insisterai lorsque je m'adresserai à vos élus à l'occasion de la session annuelle du Conseil supérieur des Français de l'étranger.
La Chine fait face à des défis gigantesques, à la mesure de sa taille et de son histoire. La France et l'Union européenne sont convaincues de l'importance des réformes en cours comme de celles qui restent à accomplir.
C'est pourquoi la France développe avec ce pays un dialogue multiforme, couvrant l'ensemble des secteurs de la vie internationale. Attachés à l'apparition d'un monde véritablement multipolaire, où s'exprime la diversité des cultures et des histoires, membres permanents du Conseil de sécurité et puissances nucléaires, la France et la Chine sont amenés à travailler étroitement ensemble lorsque des crises secouent notre planète, comme c'est le cas aujourd'hui en Iraq ou au Kossovo, en Asie du Sud ou au Proche-Orient.
Le nombre et la variété des accords et des contrats qui devraient être signés à l'occasion de mon voyage attestent l'importance prise par la Chine pour notre pays. Votre expérience de terrain, votre capacité à comprendre les évolutions de la société chinoise sont pour la France l'un des pivots de cette coopération.
Votre rôle est donc crucial et vos succès sont ceux de tout un pays. Voyez assurés de l'amitié et de la reconnaissance de vos compatriotes de métropole.
Un mot maintenant sur la France. La volonté de changement que mon gouvernement porte depuis 15 mois peut se résumer ainsi : faire entrer notre pays dans la modernité.
Les Français ne doivent pas avoir peur de la mondialisation, même si certains d'entre eux sont légitimement inquiets des dérives qui peuvent l'accompagner.
La modernité n'oppose pas l'efficacité économique et la justice sociale, elle fonde l'une sur l'autre. Elle doit faire une place à chacun au sein d'une économie en croissance, d'une société qui offre à tous la possibilité de s'épanouir dans une activité professionnelle et dans sa vie personnelle.
En un peu plus d'un an, le gouvernement a, je le crois, ouvert la voie. En nous appuyant sur le dynamisme des Français, nous avons mené de front modernisation économique et modernisation sociale, et les premiers effets s'en font sentir.
Nous avons remis de l'ordre dans nos finances publiques, parce que la dette bride la capacité d'action de l'Etat, et nous avons stabilisé le niveau des prélèvements obligatoires. Ils commenceront même à baisser en 1999. Nous avons rétablir la confiance, et avec elle est revenue la croissance économique.
Ces résultats ont permis à la France de se lancer dans de bonnes conditions, avec dix partenaires européens, dans la création de l'euro. En Europe, notre monnaie unique servira la croissance et contribuera à la lutte contre le chômage. Hors d'Europe, l'euro, monnaie internationale, deviendra un facteur de stabilité. La crise financière qui s'est abattue sur la majeure partie du monde mais qui a largement épargné l'Europe atteste de la validité de ce choix.
Dans le même temps, nous avons relancé la modernisation sociale de notre pays. La crise asiatique a démontré, s'il en était besoin, que l'économie ne se bâtit pas contre les aspirations sociales de l'homme. C'est pourquoi nous avons enrichi le contenu de la croissance en emplois en encourageant la réduction négociée du temps de travail, avec pour objectif de parvenir aux 35 heures hebdomadaires.
Nous avons entrepris le retour à l'équilibre de nos comptes sociaux, conscients que la pérennité de notre système de protection sociale réside dans sa bonne gestion.
Tout ceci, nous l'avons fait selon une certaine méthode de gouvernement. Dans le respect des prérogatives constitutionnelles du président de la République, le gouvernement travaille à un changement essentiel mais particulièrement délicat : le changement des mentalités et des comportements nécessaires pour changer les réalités.
Les réformes politiques que j'ai lancées contribueront à l'instauration d'un cadre institutionnel mieux équilibré. Je cite pour exemple la limitation stricte du cumul des mandats électifs ou le mode d'élection des sénateurs ou l'inscription de la parité hommes-femmes dans la Constitution.
Il y a place en France pour la réforme. Une réforme discutée, préparée, expliquée, acceptée, puis résolument appliquée. Car je veux réduire l'écart, trop fréquent en politique, entre le discours et les actes.
La méthode du gouvernement s'appuie sur une culture du réalisme. Le réalisme, ce n'est ni le minimalisme politique, ni la fin du volontarisme, ni l'absence de vision. C'est laisser à l'Etat ce qu'il peut seul accomplir, mais encourager les autres acteurs à prendre leurs responsabilités.
La France est un pays prospère et dynamique, attractif et innovant, fort de ses atouts, conscient de ses faiblesses - et déterminé à y remédier -, soucieux de sa cohésion.
La France maintient sa position de quatrième puissance économique et de quatrième exportateur mondial. Le niveau de vie de ses habitants, leur éducation et leur espérance de vie sont parmi les plus élevés du monde.
Et la France est attractive. Pas seulement pour les touristes, qui la plébiscitent chaque année. La France est la troisième destination mondiale d'investissements directs.
C'est sur ce constat optimiste que je voudrais conclure : la France est un pays résolument moderne, qui ne craint pas le monde et les bouleversements économiques qui le transforment. A ce changement indispensable pour tirer partie de la mondialisation, avec tous les Français, le gouvernement travaille, avec rigueur, avec méthode, avec application. Il inscrit son effort dans la durée.
Je vous appelle à avoir confiance en l'avenir de la France.
Vive la République ! Vive la France ! Vive la France en Chine !
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 juin 2001)
Madame et Messieurs les Ministres,
Messieurs les Présidents,
Messieurs les Professeurs,
Mesdames et Messieurs,
C'est pour moi un grand plaisir et un honneur de pouvoir m'exprimer, dès le premier jour de ma visite officielle en Chine, devant un parterre d'aussi éminentes personnalités rassemblées par votre Académie.
Alors que vous avez récemment admis en votre sein deux scientifiques français de grand renom - dont M. Jacques-François Lions, président de notre Académie des sciences, membre de ma délégation mais qui malheureusement ne peut-être avec nous aujourd'hui - j'y vois une belle occasion de célébrer l'amitié et la coopération entre nos deux pays.
La Chine, qui est à l'origine de tant de grandes inventions, tire une légitime fierté de sa longue tradition scientifique, que nous connaissons depuis longtemps en Occident. L'Académie des sciences est un lieu chargé de prestige et d'histoire, héritier de cette tradition, mais elle constitue également le coeur scientifique de la Chine d'aujourd'hui. Elle est enfin l'un des artisans de l'accès au plus haut niveau de votre pays dans la communauté scientifique internationale.
Je suis ici aujourd'hui pour célébrer avec vous le vingtième anniversaire de l'accord de coopération scientifique et technique, signé par nos deux pays l'année même où la Chine se lançait dans une audacieuse politique de réformes. La première collaboration de grande ampleur entre nos deux pays fut menée en 1980 dans son domaine des Sciences de la Terre, par mon actuel ministre de la Recherche, Claude Allègre, qui est, vous le savez, un grand scientifique.
Cet accord de coopération scientifique et technique a permis de multiplier nos échanges et de mener à bien de très nombreux projets concrets depuis 1978, constituant ainsi l'un des points d'appui les plus solides de notre coopération globale. Elle a aussi - cela me paraît essentiel - contribué à favoriser le développement de nos relations économiques, industrielles et commerciales.
Depuis vingt ans, plus de 2000 projets scientifiques ou techniques ont ainsi été menés à bien, plus de 3500 boursiers chinois du gouvernement français ont été accueillis en France, tandis que près de 3000 missions françaises étaient organisées en Chine. Dans le même temps, 134 millions de francs étaient distribués aux opérateurs.
Je crois que ces chiffres parlent d'eux-mêmes et illustrent l'ampleur de l'effort consenti par la France pour accompagner l'ouverture et le développement de la Chine. Depuis 1995, cet effort s'est considérablement accentué, puisque plus de 40 % des 150 accords de coopération signés entre établissements d'enseignement supérieur français et chinois ont été conclus ces trois dernières années.
La science et la technologie sont désormais l'un des thèmes prioritaire de ce "partenariat global" que nos deux pays ont décidé de mettre en oeuvre l'année dernière, à l'occasion de la visite d'Etat de M. le président de la République, afin de renforcer et de structurer nos échanges, sur la base d'un dialogue approfondi et permanent.
La Chine et la France ont de nombreux points communs dans le domaine scientifique. La Chine partage avec la France la conviction que la recherche scientifique, facteur d'indépendance nationale, permet d'élaborer des politiques publiques plus efficaces et constitue un des éléments déterminants de la capacité d'innovation d'un pays. Elle permet de mieux former les jeunes générations et de révéler les talents qu'elles recèlent. En bref, elle contribue au progrès économique et social des Nations, tout en leur assurant un meilleur développement humain.
En France, la recherche se fait à la fois dans les grands organismes, comme le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), ou l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), etc, et dans les universités. En Chine, la même dichotomie existe entre les Académies des sciences et la recherche universitaire, et je sais que, comme nous, vous tentez actuellement de créer plus de passerelles et une meilleure synergie entre les deux. Nous avons donc un intérêt commun à nous reprocher, là aussi, pour réformer nos systèmes.
Nous savons que l'innovation est créatrice d'emplois : il est ainsi établi que le tiers des nouveaux emplois créés dans les pays industriels les plus avancés est directement ou indirectement lié à la croissance du marché des technologies de l'information. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai proposé que nos gouvernements esquissent un cadre de réflexion commune et engagent au plus vite une collaboration ambitieuse dans ce domaine.
C'est ce que traduira la déclaration commune que nous adopterons cette après-midi au Grand Palais du peuple avec votre Premier ministre, M. Zhu Rongji.
Cette déclaration repose sur l'idée qu'il est indispensable de garder la maîtrise des technologies, des logiciels et des réseaux, afin de préserver les spécificités de chacun et de garantir, dans ce domaine également, une véritable multipolarité. Mais il ne suffit pas d'être réactif, il nous faut être résolument actifs : soyons capables d'exprimer nos idées propres et de valoriser nos cultures et nos savoir-faire en utilisant tout le formidable potentiel offert par ces nouveaux réseaux à tous leurs utilisateurs.
C'est aussi la raison pour laquelle notre effort de recherche doit s'appuyer sur davantage de souplesse et d'interdisciplinarité. Mon gouvernement, comme le vôtre, s'est attaqué à ce grand chantier. Avant la fin de l'année, la France disposera d'une nouvelle et véritable politique de la technologie, qui s'appuiera notamment sur les résultats des "Assises de l'innovation" que nous avons organisées récemment.
Nous travaillons en particulier à la définition d'une stratégie ambitieuse pour la recherche publique, qui passe par la modernisation de nos organismes de recherche et une priorité à l'emploi des jeunes scientifiques. 6000 jeunes docteurs seront embauchés en France avant la fin de 1999 et je sais que vous avez choisi la même voie ici en Chine.
Pour être efficaces, il nous faut adapter à cet objectif l'ensemble de notre système de recherche, en trouvant de nouveaux modes d'organisation, en valorisant et en transférant davantage les résultats de la recherche publique vers le monde industriel, mais aussi en favorisant les interactions entre tous les acteurs de l'innovation. Ce faisant, nos sociétés pourront retirer tous les bénéfices de la recherche scientifique pour être à même de relever le défi de la mondialisation.
En vingt ans, la France et la Chine ont appris à travailler ensemble : nos deux communautés scientifiques se connaissent bien et nos deux pays partagent une vision commune des objectifs à atteindre et des moyens à mettre en oeuvre. L'expérience de LIAMA, créé il y a un an et demi seulement, est un exemple emblématique.
Ce laboratoire est en effet le résultat d'un partenariat scientifique et technologique de haut niveau, associant de nombreux acteurs - entreprises, établissements scientifiques et administrations - parmi lesquels les responsables chinois de la Science et de la Technologie ont joué un rôle déterminant. Les modèles de simulation des inondations et de la croissance des plantes qui nous ont été présentés montrent bien tous les avantages concrets que peuvent retirer nos deux pays de ces échanges scientifiques et de ces collaborations.
En pensant aux événements terribles que traverse actuellement la Chine, je souhaite de tout coeur que mon pays puisse contribuer aux efforts que vous mettez en oeuvre pour réduire les risques que de tels drames humains se reproduisent.
Notre partenariat, coordonné à plusieurs niveaux, nous permettra j'en suis sûr de faire émerger d'autres projets tout aussi importants, tout en suscitant une excellente stimulation de nos équipes de recherche.
L'ensemble de notre action de coopération, qu'elle soit culturelle, scientifique ou industrielle doit se fonder, comme dans le cas du LIAMA, sur des intérêts convergents et déboucher sur des projets concrets qui respectent les spécificités des uns et des autres.
La Chine tient à son modèle de développement et d'ouverture fondé sur une coopération équilibrée avec ses grands partenaires.
La France l'a bien compris. C'est pourquoi notre coopération technique a donné une place de plus en plus importante aux formations des cadres administratifs, économiques, juridiques, techniques, nécessaires à la bonne marche d'une économie moderne et au bon fonctionnement d'un Etat de droit.
Sur ce dernier point, nous avons développé une relation étroite avec l'Ecole nationale d'administration chinoise, qui accueillera la semaine prochaine un colloque ouvert pour la première fois aux entreprises.
Enfin, notre coopération scientifique s'articule autour de quelques pôles d'excellence chinois et français. Un Programme de recherche appliquée, cofinancé par nos deux pays, couvre depuis 1991 six grands domaines : biologie, biotechnologies, environnement, mathématiques et informatique, matériaux et sciences de la terre.
Nous poursuivons par ailleurs notre collaboration dans des secteurs comme la physico-chimie et, bien entendu, la médecine, domaine dans lequel notre coopération, ancienne, s'est renforcée tout récemment.
Dans tous ces secteurs, nous devons, comme nous le faisons déjà dans nos pays respectifs, encourager les liens directs entre les entreprises et le monde de la recherche. Dans le domaine nucléaire, Framatome a ainsi lancé, en partenariat avec des universités et centres chinois, un ambitieux programme de recherche assorti de bourses pour de jeunes chercheurs chinois. Electricité de France se lance dans la même voie.
Du côté de l'Etat, le CNRS collabore étroitement, dans le domaine de l'environnement et de l'énergie avec de grandes entreprises françaises pour former de jeunes scientifiques chinois dans le cadre de grands chantiers industriels. L'INRA et le CIRAD se sont, par exemple, de leur côté associés en Chine avec l'Académie des sciences agronomiques et la Fondation nationale des sciences naturelles pour engager des recherches en génétique animale et végétale en vue d'améliorer les espèces et les filières. Cette coopération, qui remonte à plus de vingt ans, va permettre la création d'un pôle industriel agro-alimentaire français en Chine, qui travaillera en prise directe avec des partenaires industriels chinois.
Mais je pense aussi aux développement futurs de la filière de l'Université médicale n° 2 de Shanghai (UMS -2) - où se rendra vendredi Claude Allègre - qui pourrait évoluer vers une structure plus vaste et plus ambitieuse dans ses objectifs, et à l'Institut de mathématiques appliquées que nous venons d'installer dans la prestigieuse université Fudan en coopération avec l'Ecole polytechnique.
J'espère qu'à l'avenir d'autres entreprises conjointes comparables au LIAMA verront le jour, par exemple dans le domaine de l'environnement.
Nos sociétés ne pourront sauvegarder leur cadre naturel qu'en mobilisant d'importants moyens de recherches interdisciplinaires, en liaison étroite avec les acteurs économiques et les pouvoirs publics.
La France dispose d'un savoir-faire reconnu en ce domaine et elle est prête à renforcer sa coopération avec la Chine. C'est le cas dans le secteur de l'eau, qui fera l'objet d'un grand colloque bilatéral dans trois semaines à Pékin, et en matière de lutte contre la pollution atmosphérique, où une entreprise française a été retenue pour installer à Pékin un système de détection et de mesure identique à celui que nous utilisons à Paris.
Au cours des prochaines années, la France est prête à accueillir davantage de scientifiques, d'étudiants, mais aussi d'entrepreneurs et de cadres chinois. Cette année, le budget de notre coopération avec la Chine a été augmenté de 10 % et nous poursuivrons en ce sens l'année prochaine. Diverses mesures d'accompagnement ont été prises pour offrir un meilleur accueil aux scientifiques étrangers et les conditions de délivrance des visas aux scientifiques et étudiants ont été considérablement assouplies. Le ministère de l'Education nationale, de la Recherche et de la Technologie et le ministère des Affaires étrangères viennent de créer une Agence (Edufrance) pour améliorer notre dispositif d'accueil et d'information aux étudiants étrangers.
Les premiers recrutements de vos candidats, particulièrement brillants, font l'admiration des nos présidents d'université et des directeurs de nos grandes écoles. Ils justifient notre effort.
Depuis la signature de l'accord de coopération scientifique et technique il y a vingt ans, que de chemin parcouru ! Il s'agit maintenant d'aller plus loin et de mettre en oeuvre une politique scientifique et technique très ambitieuse dans le cadre de notre partenariat global pour le XXIème siècle.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 juin 2001)
Discours lors du déjeuner organisé pour les hommes d'affaires français et Chinois.
Monsieur le Président du Conseil chinois pour la promotion du commerce international,
Monsieur le Président de la Chambre de commerce française en Chine,
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je viens vous dire que la France et la Chine sont décidées à aller de l'avant dans leur coopération économique, industrielle et financière.
La position nouvelle de la Chine dans le jeu économique mondial y conduit tout naturellement. La Chine a marqué le monde depuis plus de dix ans par l'extraordinaire transformation qu'elle connaît, par le rythme de sa croissance, par l'ouverture de son économie, par son souhait de s'intégrer peu à peu à l'économie mondiale. Elle se distingue aujourd'hui par sa volonté de réforme qui touche les fondements même de son système économique et social. Elle impressionne depuis un an par sa volonté de résister à la crise asiatique, par ses choix responsables, et sa voix doit désormais être écoutée dans la gestion des questions financières internationales. Au même moment, les désastres de cet été rappelant que la Chine, de par son immensité, peut subir les effets des catastrophes naturelles dans des dimensions qui n'appartiennent qu'à elle.
Parce que la Chine tient cette place dans le monde, la France veut établir avec elle une relation privilégie qui touche à tous les aspects de son développement. C'est le sens du partenariat global décidé entre nos deux pays en mai 1997. C'est le sens de la visite que j'entreprends aujourd'hui.
Les ambitions de nos relations avec la Chine sont à la hauteur de la place de la France dans l'économie mondiale, elles sont à la mesure des progrès de l'économie française.
Parce qu'elle a elle-même des responsabilités monétaires mondiales, la France souhaite aujourd'hui associer la Chine au concert des grandes puissances qui ont pris des responsabilités dans la lutte contre la crise financière internationale née dans le Sud-Est de l'Asie. Je signerai avec M. Zhu Rongji une déclaration dans ce sens.
La France a fait de l'ouverture de son économie et de sa participation dynamique à l'économie mondiale, le moteur principal de son activité. Cette réalité se manifeste par le commerce, par les investissements, par les services. C'est cette France qui se porte vers la Chine.
La France est à la fois le quatrième exportateur et le quatrième importateur mondial. Elle accepte donc le défi de la compétitivité. Elle y répond d'abord par le dynamisme de ses entreprises, qu'elle qu'en soit la taille. C'est pourquoi j'ai souhaité que m'accompagnent dans ce voyage aussi bien les très grands groupes français aux implantations mondiales que des entreprises de taille modeste qui souhaitent se faire une place sur le marché chinois. Les uns et les autres doivent leur percée dans le monde, comme en Chine, à ce qui est l'un des atouts majeurs de la France dans la compétition mondiale, je veux dire la qualité de leur technologie. Le gouvernement comme les entreprises sont déterminés à tout faire pour que la France reste en tête des progrès technologiques. Mais ils sont aussi déterminés à en faire bénéficier leurs partenaires chinois. Je sais la préoccupation des autorités chinoises que leur industrie accède plus rapidement à des niveaux de technologie qu'ils ne maîtrisent pas encore. Je puis les assure que dans tous les domaines de notre coopération, l'industrie nucléaire, la construction électrique, l'aéronautique, le transport ferroviaire, le transport urbain, le traitement de l'eau, l'environnement, les télécommunications, comme dans tous les secteurs de l'industrie, les entreprises françaises transféreront à leurs partenaires chinois le dernier état de leur savoir-faire technologique.
Ces transferts se feront dans le cadre des investissements de nos entreprises. C'est une des grandes forces de l'économie française que d'avoir désormais des entreprises implantées mondialement. La France est le troisième investisseur dans le monde : les entreprises françaises investissent là où les perspectives de croissance et de modernisation sont les plus fortes. C'est pourquoi les entreprises françaises sont en Chine. C'est pourquoi elles sont déterminées à y développer leurs implantations et à s'y établir dans la durée. Si nous avons du retard par rapport à certains pays européens, il se comblera, grâce à l'élan constaté depuis 1994 et à la volonté de croissance de vous tous qui êtes établis ici, démonstration éclatante de votre confiance dans le développement de la Chine.
Mais la présence française dans le monde, ce sont aussi les services, la distribution, les services financiers, les services de télécommunications et toutes ces activités tertiaires qui font la modernité de l'économie française. C'est là où se créent les emplois. Il doit en aller de même en Chine. Seuls les services peuvent absorber la main d'oeuvre mise à pied par la restructuration indispensable de l'industrie chinoise. Seuls les services feront accéder à la Chine à l'économie moderne à laquelle elle aspire. Nous sommes prêts à lui apporter notre savoir-faire et nos investissements. Déjà présente par ses banques, ses assurances, ses avocats, ses experts comptables, la France souhaite que la Chine accepte d'élargir le champ de leurs activités, et s'ouvre, certes progressivement mais de façon déterminée, à l'exercice des sociétés françaises dans tous les domaines de service, à commencer par la distribution.
Je voudrais enfin, faire une place particulière à l'ensemble du domaine agricole. La France y excelle et veut apporter à la Chine son savoir-faire et son expérience, au moment où le Premier ministre rappelle la priorité que représente l'agriculture qui fait vivre directement 900 millions de Chinois. Je proposerai à M. Zhu Rongji une coopération renforcée dans les techniques de l'agriculture, mais aussi dans le domaine agricole élargi, incluant l'aménagement des terres, la restauration des forêts, la gestion de l'eau.
Le partenariat entre la France et la Chine peut connaître un nouvel élan, en particulier dans trois domaines. Nous devons viser un nouveau palier de nos relations économiques, participer à la réforme de l'économie et de la société chinoises, associer la Chine aux nouveaux défis technologiques auxquels sont confrontées les grandes nations modernes.
Intensifier nos relations économiques, c'est d'abord développer les échanges commerciaux. De ce point de vue, l'année 1997 a été excellente, qui a vu un bond de 60 % de nos exportations et notre part de marché s'élever à 2,3 %. Mais ces progrès dépendent trop largement du seul secteur aéronautique : nous devons diversifier nos ventes à la Chine et tirer bénéfice dans ce pays, comme dans le reste du monde, des atouts de l'offre française. J'invite nos entreprises à un effort particulier dans cette direction. Le gouvernement peut y aider en poussant, amicalement mais fermement, la Chine à ouvrir plus largement ses frontières, à réduire ses tarifs douaniers, à démanteler les protections de toute nature derrière lesquelles elle se protège. Nous avons des arguments en ce sens : le marché français est lui-même très ouvert, les exportations chinoises ne cessent de se développer, si bien que nous connaissons avec la Chine l'un de nos plus importants déficits bilatéraux.
La participation de l'industrie française aux grands projets chinois de son côté permet de développer nos ventes, mais contribue aussi à la modernisation de l'industrie chinoise. Toutes les offres de nos entreprises, pour le nucléaire, pour le métro, pour l'énergie, sont associées à des propositions de fabrication locale, voire de création d'une industrie chinoise.
Le commerce avec la Chine ne peut donc plus être séparé de l'investissement industriel. Ce défi, que les entreprises françaises ici présentes ont déjà relevé avec succès, devient un impératif pour qui veut continuer de vendre à la Chine. Nous l'acceptons parce qu'il est chaque jour plus évident que la Chine devient elle-même un grand pays industriel et que la France veut être un partenaire de cette transformation.
La Chine ne parviendra pourtant à ce stade de développement que si elle se réforme en profondeur. Les plus hautes instances dirigeantes de la Chine en ont fait la priorité de leur politique, et le gouvernement de M. Zhu Rongji s'est attaqué avec une détermination impressionnante à une réforme radicale des entreprises publiques, qui sont le coeur de l'économie chinoise. La France suit avec une attention toute particulière la mise en oeuvre accélérée de ce formidable bouleversement. Elle propose à la Chine d'y participer.
Nous souhaitons transmettre notre savoir-faire dans la gestion des entreprises. Les sociétés françaises y sont prêtes, car en investissant, en reprenant des entreprises chinoises, elles apportent tout à la fois la technologie, le management et la performance. Encore faut-il que les autorités chinoises leur donnent la possibilité d'exercer aussi librement que possible cette compétence : nous le leur demanderons.
La mutation industrielle doit s'accompagner d'un gigantesque travail d'évolution des règles du jeu et donc de la législation, qu'il s'agisse du droit commercial, de la gestion des finances publiques, de la protection sociale, ou de la réglementation boursière. Dans tous ces domaines, des coopérations institutionnelles ont été lancées entre la France et la Chine : je souhaite qu'elles se développent. Ce progrès du droit est la condition d'une économie moderne. En particulier, une législation sur la protection de la propriété intellectuelle est indispensable, pour que nos entreprises se lancent sans arrières pensées dans le partenariat. Un accord sur la propriété intellectuelle sera signé pendant mon séjour.
Enfin quelle meilleure manière d'accélérer la réforme du système bancaire et de moderniser la gestion de l'épargne chinoise sinon d'ouvrir plus largement aux banques et aux compagnies d'assurance françaises, les possibilités d'exercer à plein leur activité en Chine ?
Parce qu'elles sont décidées à préparer ensemble l'avenir, la France et la Chine se rapprochent pour évoquer ensemble cet enjeu mondial que constitue la société de l'information. On touche ici à la fois à l'innovation scientifique la plus avancée, aux capacités industrielles et techniques, à l'un des moteurs de la croissance, mais aussi à l'évolution même de la société. La déclaration conjointe que je signerai avec M. Zhu Rongji sur la coopération entre la France et la Chine sur les nouvelles technologies, illustre bien par les perspectives qu'elle ouvre, le partenariat global qui nous guide dans le renforcement de nos relations.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 juin 2001)
Allocution devant la communauté française de Pékin
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Députés,
Monsieur l'Ambassadeur, Madame,
Mes chers compatriotes,
C'est une très grande joie pour moi, les membres du gouvernement et les personnalités qui m'accompagnent de venir vous saluer en cette résidence de France où l'ambassadeur et son épouse ont bien voulu nous réunir. Je les en remercie chaleureusement.
Vous êtes ici, Mesdames et Messieurs, à la fois les témoins de l'extraordinaire mutation de la Chine et les acteurs principaux de la coopération plus étroite que jamais que nous menons avec ce grand pays. La France a l'ambition de renforcer sa présence en Chine. Nous ne sommes pas les seuls, bien sûr, mais nous avons des atouts de premier plan. Votre dynamisme, votre savoir-faire et votre connaissance de la Chine vous permettent, mieux que quiconque de valoriser ces atouts.
La communauté française en Chine a doublé en moins de deux ans et que le nombre des sociétés françaises qui s'implantent sur le marché chinois ne cesse également d'augmenter. Nos investissements, longtemps insuffisants, croissent rapidement.
Les hommes d'affaires qui se sont joints à ma délégation savent, comme vous, que ce marché est difficile, sans doute l'un des plus concurrentiels qui soient. La France se mobilise pour relever ce défi, comme en attestent nos parts de marché orientées à la hausse et qui nous placent au deuxième rang des pays de l'Union européenne. N'oublions pas que chaque succès français en Chine est une victoire de plus pour l'emploi en France, pour le développement de notre pays.
L'objectif de mon voyage est d'intensifier le "partenariat global" qui s'est établi entre la France et la Chine, à la suite de la visite d'Etat du président de la République en mai 1997.
J'ai eu le plaisir de recevoir à Paris, au printemps dernier, M. Zhu Rongji qui venait de prendre ses fonctions et nous nous reverrons cet après-midi pour une longue séance de travail. Je ferais la connaissance du président Jian Zemin demain à Hefei, où il mène une tournée d'inspection à la suite des terribles inondations qui ont ravagé le pays.
Je m'entretiendrai également avec les autorités de Shanghai et de Hong Kong, qui manifestent de longue date une attention particulière pour la coopération avec la France.
J'ai dû renoncer, en raison des contraintes de temps qui limitent mon voyage, à me rendre à Wuhan. Mais je sais que l'ambassadeur de France s'y rendra après mon départ, notamment pour inaugurer le quatrième consulat général de France en Chine. La création de ce nouveau poste marque l'importance que le gouvernement attache à votre communauté : alors que la rigueur budgétaire est à l'ordre du jour, il vous permettra de bénéficier d'un soutien encore plus actif de l'Etat.
En présence du ministre de l'Education nationale, je voudrais dire à ce sujet l'importance que j'attache à la scolarisation de vos enfants : comme vous le savez, un nouveau lycée sera installé sur le site de la nouvelle ambassade de France en Chine.
Dans le même temps, votre communauté bénéficiera des efforts importants engagés par le gouvernement en faveur des Français expatriés : les crédits consacrés aux bourses ont augmenté de 20 MF dans le budget de 1998 et ceux de l'aide sociale de 10 MF. Il s'agit là d'un effort sans précédent, sur lequel j'insisterai lorsque je m'adresserai à vos élus à l'occasion de la session annuelle du Conseil supérieur des Français de l'étranger.
La Chine fait face à des défis gigantesques, à la mesure de sa taille et de son histoire. La France et l'Union européenne sont convaincues de l'importance des réformes en cours comme de celles qui restent à accomplir.
C'est pourquoi la France développe avec ce pays un dialogue multiforme, couvrant l'ensemble des secteurs de la vie internationale. Attachés à l'apparition d'un monde véritablement multipolaire, où s'exprime la diversité des cultures et des histoires, membres permanents du Conseil de sécurité et puissances nucléaires, la France et la Chine sont amenés à travailler étroitement ensemble lorsque des crises secouent notre planète, comme c'est le cas aujourd'hui en Iraq ou au Kossovo, en Asie du Sud ou au Proche-Orient.
Le nombre et la variété des accords et des contrats qui devraient être signés à l'occasion de mon voyage attestent l'importance prise par la Chine pour notre pays. Votre expérience de terrain, votre capacité à comprendre les évolutions de la société chinoise sont pour la France l'un des pivots de cette coopération.
Votre rôle est donc crucial et vos succès sont ceux de tout un pays. Voyez assurés de l'amitié et de la reconnaissance de vos compatriotes de métropole.
Un mot maintenant sur la France. La volonté de changement que mon gouvernement porte depuis 15 mois peut se résumer ainsi : faire entrer notre pays dans la modernité.
Les Français ne doivent pas avoir peur de la mondialisation, même si certains d'entre eux sont légitimement inquiets des dérives qui peuvent l'accompagner.
La modernité n'oppose pas l'efficacité économique et la justice sociale, elle fonde l'une sur l'autre. Elle doit faire une place à chacun au sein d'une économie en croissance, d'une société qui offre à tous la possibilité de s'épanouir dans une activité professionnelle et dans sa vie personnelle.
En un peu plus d'un an, le gouvernement a, je le crois, ouvert la voie. En nous appuyant sur le dynamisme des Français, nous avons mené de front modernisation économique et modernisation sociale, et les premiers effets s'en font sentir.
Nous avons remis de l'ordre dans nos finances publiques, parce que la dette bride la capacité d'action de l'Etat, et nous avons stabilisé le niveau des prélèvements obligatoires. Ils commenceront même à baisser en 1999. Nous avons rétablir la confiance, et avec elle est revenue la croissance économique.
Ces résultats ont permis à la France de se lancer dans de bonnes conditions, avec dix partenaires européens, dans la création de l'euro. En Europe, notre monnaie unique servira la croissance et contribuera à la lutte contre le chômage. Hors d'Europe, l'euro, monnaie internationale, deviendra un facteur de stabilité. La crise financière qui s'est abattue sur la majeure partie du monde mais qui a largement épargné l'Europe atteste de la validité de ce choix.
Dans le même temps, nous avons relancé la modernisation sociale de notre pays. La crise asiatique a démontré, s'il en était besoin, que l'économie ne se bâtit pas contre les aspirations sociales de l'homme. C'est pourquoi nous avons enrichi le contenu de la croissance en emplois en encourageant la réduction négociée du temps de travail, avec pour objectif de parvenir aux 35 heures hebdomadaires.
Nous avons entrepris le retour à l'équilibre de nos comptes sociaux, conscients que la pérennité de notre système de protection sociale réside dans sa bonne gestion.
Tout ceci, nous l'avons fait selon une certaine méthode de gouvernement. Dans le respect des prérogatives constitutionnelles du président de la République, le gouvernement travaille à un changement essentiel mais particulièrement délicat : le changement des mentalités et des comportements nécessaires pour changer les réalités.
Les réformes politiques que j'ai lancées contribueront à l'instauration d'un cadre institutionnel mieux équilibré. Je cite pour exemple la limitation stricte du cumul des mandats électifs ou le mode d'élection des sénateurs ou l'inscription de la parité hommes-femmes dans la Constitution.
Il y a place en France pour la réforme. Une réforme discutée, préparée, expliquée, acceptée, puis résolument appliquée. Car je veux réduire l'écart, trop fréquent en politique, entre le discours et les actes.
La méthode du gouvernement s'appuie sur une culture du réalisme. Le réalisme, ce n'est ni le minimalisme politique, ni la fin du volontarisme, ni l'absence de vision. C'est laisser à l'Etat ce qu'il peut seul accomplir, mais encourager les autres acteurs à prendre leurs responsabilités.
La France est un pays prospère et dynamique, attractif et innovant, fort de ses atouts, conscient de ses faiblesses - et déterminé à y remédier -, soucieux de sa cohésion.
La France maintient sa position de quatrième puissance économique et de quatrième exportateur mondial. Le niveau de vie de ses habitants, leur éducation et leur espérance de vie sont parmi les plus élevés du monde.
Et la France est attractive. Pas seulement pour les touristes, qui la plébiscitent chaque année. La France est la troisième destination mondiale d'investissements directs.
C'est sur ce constat optimiste que je voudrais conclure : la France est un pays résolument moderne, qui ne craint pas le monde et les bouleversements économiques qui le transforment. A ce changement indispensable pour tirer partie de la mondialisation, avec tous les Français, le gouvernement travaille, avec rigueur, avec méthode, avec application. Il inscrit son effort dans la durée.
Je vous appelle à avoir confiance en l'avenir de la France.
Vive la République ! Vive la France ! Vive la France en Chine !
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 juin 2001)