Texte intégral
Bonjour,
Je voudrais vous dire que nous avons été très heureux d'accueillir, aujourd'hui, à l'Hôtel Matignon, le Premier ministre de Finlande, après une rencontre avec le président de la République. Nous avons beaucoup parlé de nos questions bilatérales, à la fois, au plan économique, en signant une convention pour le développement des biotechnologies. Nous avons beaucoup de coopération à renforcer sur ces sujets, notamment dans les poursuites des initiatives qu'en France, nous avons prises pour la création des jeunes entreprises de technologie. Et donc, nous comptons sur cette coopération pour renforcer les expériences et surtout les accords de coopération. Nous avons également parlé des sujets très importants comme ceux de l'énergie. Et puis, aussi, les sujets d'éducation, de développement culturel et de proximité des échanges entre nos deux pays pour rapprocher les deux peuples.
Nous avons, aussi, parlé de coopération internationale. Nous avons échangé nos points de vue sur la situation internationale, sur nos objectifs communs, notamment concernant la Commission des droits de l'Homme à l'ONU. Et aussi, nous avons évidemment parlé de la construction européenne, des échéances qui sont les nôtres, notamment avec la Conférence intergouvernementale. Et nous avons fait le point de ce que nous avons ensemble à défendre pour le grand projet européen qui nous anime.
Je suis vraiment très heureux d'avoir pu rencontrer le Premier ministre finlandais, en début de son mandat, et de pouvoir construire avec lui, un partenariat constructif et fréquent, de manière à rapprocher, à la fois, nos projets, mais aussi nos points de vue.
Réponse du Premier ministre finlandais
Le Premier ministre finlandais : "Monsieur le Premier ministre, pour moi c'est une joie de vous rencontrer en début de mon mandat. Cette rencontre a été très fructueuse. Nous avons discuté de beaucoup de questions bilatérales et internationales. Parmi les sujets bilatéraux, nous nous sommes surtout concentrés sur les questions culturelles, technologiques, nucléaires, bien sûr, la Conférence intergouvernementale et la réforme des institutions, ainsi que la partie III de la proposition pour la nouvelle Constitution européenne et les sujets qui y sont liés. Egalement, l'Agenda 2007 a attiré notre attention pendant cette rencontre.
J.-P. Raffarin : "Nous sommes d'accord pour un groupe ouvert. Ce que nous souhaitons, c'est que, notre projet européen, notre nouvelle Europe, fondée par ce projet, doit intégrer, et les questions de politique étrangère, et les questions de défense. Et donc, nous souhaitons avancer dans la coopération en matière de défense. Nous souhaitons le faire en coopération avec l'OTAN. Nous souhaitons le faire avec une proximité grande des pays européens qui veulent avancer dans cette voie d'une coopération en matière de défense. L'Europe a besoin de renforcer sa coopération en matière de défense, et nous souhaitons vraiment qu'il y ait, là, une démarche ouverte et non pas fermée. Nous avons engagé des discussions avec les pays qui le souhaitaient, mais cette démarche est une démarche fondamentalement ouverte. D'ailleurs, la nouvelle Europe permettra, sur chacun des sujets, aux pays qui veulent avancer davantage, plus vite, plus intensément, de pouvoir le faire. C'est une des formes qui nous paraît être une forme de progrès de la nouvelle Europe, telle que nous l'envisageons pour le XXIe siècle. Avec notamment, ces priorités politiques que sont les avancées en matière de défense et les avancées en matière de politique étrangère.
J.-P. Raffarin : "Le Premier ministre finlandais a plaidé sa cause avec détermination et avec argumentation. J'ai proposé l'analyse de la France et nous sommes prêts à discuter. Ce que nous souhaitons, c'est que des compromis puissent intervenir rapidement, et que d'ici à la fin de l'année, nous puissions avoir un traité qui nous permette d'enregistrer ces compromis. Pour nous, la Convention a déjà fait beaucoup d'avancées, fondées sur des compromis. Et donc, nous souhaitons pouvoir conclure rapidement. J'ai rappelé les positions de la France, mais j'ai entendu les positions argumentées de la Finlande."
J.-P. Raffarin : "Nous pensons que les positions, aujourd'hui, ne sont pas définitivement opposées et qu'il peut y avoir une compréhension mutuelle qui débouche sur un compromis."
Le Premier ministre finlandais : "Ce que je peux dire en ce moment, c'est que nous avons décidé que la France aura encore quelques semaines de temps supplémentaire, pour éclaircir sa position. Et après ces quelques semaines, nous allons revenir à cette question très difficile, en effet."
J.-P. Raffarin : "La France n'est pas divisée. C'est le chef de l'Etat qui prendra la décision. Le Chef de l'Etat n'hésite pas. Le Chef de l'Etat souhaite prendre sa décision quand la Conférence intergouvernementale aura conclu. On ne décide pas d'une procédure tant que les négociations ne sont pas achevées. Donc, le chef de l'Etat, raisonnablement, attend que la Conférence intergouvernementale puisse conclure pour savoir quel sera le moyen de la ratification. Pour le moment, des consultations politiques sont engagées, et c'est au terme de ces consultations, d'une part, et des résultats de la Conférence intergouvernementale, d'autre part, que les décisions seront prises par le chef de l'Etat. La France n'a pas de divisions sur ce sujet. Elle est évidemment dans l'attente de la conclusion du processus engagé. Quant à ce qui concerne la question précédente, la France est déterminée à considérer la discipline budgétaire comme une des règles de l'Europe. Et elle considère aussi, évidemment que la croissance est une des priorités de l'Union européenne. C'est pour cela qu'elle se réjouit, d'une part, que l'Union européenne ait retenu son principe d'engager un programme d'initiative de croissance. Projet qui a été défendu avec les partenaires allemands, ce qui nous paraît très important pour les citoyens européens. Il faut parler institutions, il faut parler élargissement, mais il faut, aussi, emploi. Ce qui est la première des préoccupations des citoyens européens. Emploi. Emploi et croissance. C'est pour cela que nous voulons une initiative de croissance, et c'est pour cela que les choix français sont fondés sur la croissance. Nous enregistrons d'ailleurs, des premiers signes positifs sur ce sujet. Donc, la position de la France reste bien conforme à cette ligne, tout en respectant les règles de la discipline budgétaire et le retour au déficit inférieur à 3 % en 2005. Et nous allons convaincre, d'ici à la fin du mois, nos partenaires de la capacité de la France de pouvoir réduire son déficit budgétaire à moins de 3 % pour le budget 2005."
J.-P. Raffarin : "C'est un sujet important. La France enregistre des positions finlandaises très constructives, notamment sur le grand projet ITER, qui est un projet qui concerne le développement de la technologie, de l'industrie, post-nucléaire, par la fusion. Il y a là, des satisfactions qui sont apportées pour l'Europe par la Finlande, qui sont tout à fait significatives. Et donc, sur l'ensemble des propositions de la Finlande et sur la vision générale d'une répartition des agences juste sur l'ensemble du continent européen, la France a une position favorable, donc d'ouverture des discussions sur le sujet. Il n'y a pas de crispation française sur ces questions."
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 14 novembre 2003)