Déclaration de Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication, sur le mode de financement de la production et la diffusion de films de court métrage, Clermont-Ferrand le 8 février 2000.

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Circonstance : 22 ème édition de festival du court métrage de Clermont Ferrand le 8 février 2000

Texte intégral

Je tiens d'abord à remercier les organisateurs de la 22ème édition du Festival de Clermont-Ferrand pour leur accueil.
La passion et le dynamisme dont ils font preuve ont permis à cette manifestation dédiée au court-métrage de devenir la plus prestigieuse et la plus fréquentée au monde, puisqu'elle accueille plus de 130 000 spectateurs.
Lors de ma dernière visite en 1998, j'avais souhaité qu'une large concertation soit engagée entre le CNC et les professionnels, réalisateurs et producteurs, en vue d'améliorer le mode de financement de la production, les conditions de diffusion des films de court-métrage, et de simplifier son cadre administratif et réglementaire.
1 - L'importance du court métrage n'est plus à démontrer
Le secteur du court-métrage est en effet identifié par tous les professionnels comme étant le laboratoire de recherche-développement du cinéma et de l'audiovisuel, où se révèlent les nouveaux talents.
C'est le lieu de formation par excellence des jeunes réalisateurs, qui aspirent à la réalisation d'un long-métrage. Faut-il rappeler les cas exemplaires de Cédric Klapisch, Mathieu Kassovitz, Laëtitia Masson et Eric Zonca, entre autres ?
Le nombre de films réalisés témoigne d'un dynamisme remarquable : près de 400 films sont produits chaque année en France.
Certains de ces films sont bien sûr le fruit d'initiatives personnelles, mais nombre d'entre eux nécessitent des moyens de production substantiels.
Or, beaucoup de producteurs de films de court-métrage connaissent de réelles difficultés financières du fait de la faiblesse des débouchés commerciaux de ce secteur ; même si, comme en témoigne le marché de Clermont-Ferrand, ceux-ci ont tendance à se développer.
Cette situation est sans doute paradoxale car, du fait de ces conditions économiques précaires, les producteurs risquent d'être dissuadés d'investir des moyens suffisants, alors même qu'à travers ces films de court métrage, ils peuvent remplir pleinement leur rôle essentiel de prospection et de découverte des jeunes talents.
2 - Il m'a donc semblé nécessaire de soutenir plus activement ce secteur, essentiel pour la vitalité de notre cinéma
C'est pourquoi je suis heureuse d'annoncer aujourd'hui qu'une réforme relative aux mécanismes d'aide à la production de court métrages sera mise en uvre dès le mois prochain.
Cette réforme permettra d'apporter une nouvelle contribution financière du CNC aux entreprises spécialisées dans ce secteur, sur la base d'un programme annuel de production comprenant jusqu'à 5 projets de films de court-métrage.
Le jugement sera fondé sur la qualité du travail passé et le dynamisme des entreprises, au regard d'un certain nombre d'indicateurs d'activité quantitatifs et qualitatifs, tels que :
le volume et la régularité de l'activité de production
le travail accompli pour assurer la meilleure diffusion possible des films produits en festival, en salle et à la télévision.
Cette aide aux " programmes d'entreprises " sera complémentaire aux deux mécanismes d'aide déjà existants (la contribution financière et le prix de qualité).
La nouvelle architecture du système d'aide devra ainsi permettre d'accroître le montant alloué par film et de concilier les objectifs de qualité artistique et de développement économique du secteur du court-métrage.
Il s'agit d'une aide sélective, accordée par la commission des contributions financières.
Cette commission aura donc désormais une double vocation - aide aux projets unitaires et aide aux programmes d'entreprises.
Elle sera présidée cette année par Madame Marie Masmonteil, responsable de la Société Elzévir Films.
Je remercie son prédécesseur Philippe Martin, qui a assumé cette fonction durant les deux dernières années.
Par ailleurs, cette réforme permettra de favoriser l'utilisation de musiques originales dans les films de court-métrage, en attribuant un complément d'aide aux films qui proposent un projet musical ambitieux.
Afin de renforcer l'efficacité de cette réforme de grande ampleur, j'ai décidé de dégager dès cette année une enveloppe supplémentaire de 8 MF, soit une augmentation nette de 36 % par rapport aux sommes allouées en 1999.
Le budget consacré par le CNC à la production de films de court-métrage atteindra donc 30 MF en l'an 2000.
Cet effort important en faveur du court-métrage doit permettre le renforcement d'un secteur de production aujourd'hui fragile, afin notamment de l'aider à se développer, et à satisfaire dans les meilleures conditions à ses obligations sociales à l'égard des réalisateurs et autres collaborateurs de création.
Je souhaite qu'une première évaluation de l'efficacité de cette réforme soit effectuée dès l'année prochaine par le CNC, en prenant en compte à la fois ses objectifs économiques, sociaux et culturels.
3 - Mais l'économie de ce secteur ne relève pas de la seule responsabilité de l'Etat, et je souhaite que l'ensemble des partenaires susceptibles d'intervenir en faveur du court-métrage s'impliquent davantage.
Ainsi, les collectivités territoriales interviennent de manière croissante (près de 9 MF en 1999) dans le financement de films de court-métrage.
Cette démarche est actuellement fortement encouragée par le CNC qui signe des conventions de développement cinématographique avec de nombreuses régions (17 à ce jour), la plupart prévoyant la mobilisation de moyens communs Etat/Régions en faveur de la production, notamment de films de court-métrage, comme c'est le cas par exemple de la région Auvergne.
Je souhaite que ce mouvement s'accentue encore dans les années à venir.
De même, la réflexion devra être poursuivie sur les conditions de diffusion des films de court-métrage dans les salles et à la télévision, en concertation avec les diffuseurs, les producteurs, distributeurs et exploitants de salles.
Enfin, et comme le montrent nombre d'initiatives déjà mises en uvre dans les régions, et ici même à Clermont-Ferrand, le court-métrage peut aussi être un atout important pour la rencontre des jeunes publics avec la création cinématographique et audiovisuelle.
C'est ainsi qu'avec l'appui déterminant de l'Agence du court-métrage, dont les moyens seront renforcés cette année, et en partenariat avec le Ministère de l'Education nationale, des programmes de films de court-métrage seront proposés dans chacun des dispositifs scolaires initiés par le CNC.
En outre, je vous annonce que pour la première fois, un programme de films de court-métrage sera proposé dans le cadre de l'enseignement spécialisé du cinéma et de l'audiovisuel dans les lycées, pour la prochaine rentrée scolaire 2000-2001.
L'ensemble de ce mouvement prouve combien le court-métrage est devenu un moteur important de création et d'animation.
Soyez assurés que le ministère de la Culture et de la Communication continuera à soutenir son développement.

(source http://www.culture.gouv.fr, le 9 février 2000)