Déclaration de Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité, sur la campagne de communication sur le VIH, notamment vers les femmes, les homosexuels, les jeunes et les migrants, Paris le 3 juillet 2000.

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Circonstance : Lancement de la campagne de communication nationale sur le VIH à Paris le 3 juillet 2000

Texte intégral

Madame la ministre,
Madame la déléguée générale du CFES,
Mesdames et Messieurs,
Chaque année, 1 000 personnes meurent du sida en France. Chaque année, entre 4 000 et 6 000 nouvelles contaminations ont encore lieu dans notre pays et actuellement, près de 120 000 personnes sont touchées par le VIH en France, dont près de 20 000 au stade " sida ".
Je pense aussi à tous ceux qui souffrent de la présence du VIH, dans leur corps ou dans celui des gens qu'ils aiment. Et à toutes ces personnes qui, touchées dans leur santé physique et morale, ont abandonné tout projet de vie.
Face à ce constat, le message que le Gouvernement veut faire passer aujourd'hui, puisque nous sommes réunis ici pour vous présenter la campagne de communication 2000 contre le sida, est à la fois simple, fort et urgent : " on meurt encore du sida ".
Ce message est pour chacun de nous un peu déroutant. Et pour une raison très simple depuis 1996, date à laquelle des chercheurs annoncèrent, lors de la troisième conférence internationale sur les rétrovirus de Washington, l'efficacité d'une approche thérapeutique consistant à associer plusieurs substances anti-rétrovirales (concept de polythérapies, comprenant notamment une antiprotéase), nous pensons tous que l'épidémie a changé en France. Et c'est d'ailleurs le cas. Depuis cette " révolution ", la nature, la progression et la mortalité de l'épidémie ont été considérablement infléchies. Pour les malades, ce fut le début de " l'espoir de l'espoir ".
Ce n'est pas aux journalistes spécialisés qui " suivent " cette épidémie depuis de longues années, ni aux associations qui se sont battues contre ce virus, que je rappellerai ce qu'était le sida avant 1996.
L'apparition du sida dans nos sociétés aura bientôt 20 ans. Pendant toutes ces années, plus de 36 000 personnes sont décédées du sida en France. Pandémie avec son cortège de souffrances et de morts tragédie avec ses moments de douleur et de désespoir ; maladie singulière aussi, avec une somme de dysfonctionnements administratifs, de discriminations et de violences symboliques.
Face à ces comportements d'un autre temps, un mouvement sida constitué d'innombrables associations est né. Il y a 15 ans que l'association Aides a été créée et, dans sa lignée, sont apparues Arcat Sida, Act Up, SolEnsi, Dessine-moi un mouton etc. Je suis convaincue que l'histoire de la lutte contre le sida marquera durablement l'histoire de la santé publique.
Et aujourd'hui, alors que l'évolution de la maladie est considérable et que le mouvement sida évolue, je mesure toute l'importance qui fut celle du militantisme contre le sida et les acquis durables de cette mobilisation.
Ce contexte d'avant 1996, n'est plus celui d'aujourd'hui.
Les nouvelles thérapies et les stratégies anti-rétrovirales apparaissent comme une rupture majeure sur le plan de la santé publique, et elles ont permis depuis 1996 des progrès considérables.
- Le nombre d'hospitalisations a été divisé par deux en trois ans, les infections opportunistes, la survenue d'handicaps définitifs sont de plus en plus rares. Ces nouveaux médicaments ont redonné un immense espoir et nous devons nous réjouir de l'augmentation notable des personnes suivies (33 600 en 1990, 94 000 cette année) et des personnes bénéficiant d'un traitement.
Aujourd'hui 85 % des personnes porteuses du VIH connaissent leur sérologie et ont consulté au moins une fois dans l'année un professionnel de santé.
La France est un pays où l'information sur les nouveaux traitements est largement partagée, un pays où les inégalités d'accès aux traitements ont été considérablement réduites.
Néanmoins, les conséquences de ces traitements sont multiples, pas toujours maîtrisées. Et d'abord pour les personnes " concernées ".
Car, cela reste difficile de vivre sa séropositivité, et bien sûr sa maladie, dans la France de l'an 2000. Je pense aujourd'hui à tous ceux qui vivent avec le VIH. Ils sont près de 120 000 en France, et parmi eux, je le disais au début, près de 20 000 sont au stade du " sida ".
Il suffit de discuter avec ces personnes durant quelques heures pour comprendre qu'il n'est pas facile de retrouver un projet de vie à long terme, lorsque depuis dix ou quinze ans vous vous savez porteur du virus du sida. Il n'est pas facile de vous resocialiser, pas facile de vous réinscrire dans une vie active que la maladie avait occultée et que les progrès thérapeutiques autorisent de nouveau.
Ce n'est pas facile de devoir prendre des dizaines de comprimés à heure fixe plusieurs fois par jour. Ce n'est pas facile de parler avec son généraliste qui doit prescrire et expliquer des traitements si compliqués. Les associations le constatent quotidiennement les besoins de soutien demeurent importants.
En même temps, il n'est pas facile non plus de se mettre vraiment à rêver, de croire que l'espoir est vraiment là, lorsque le flot d'informations sur le sida est encore contradictoire, lorsqu'on annonce certaines résistances du virus aux anti-prothéases, lorsqu'on constate qu'un patient ne tolère pas telle ou telle combinaison médicamenteuse, lorsqu'on apprend la mort d'un ami proche, dont l'état de santé, semblait, hier encore, aller en s'améliorant. Nous savons aujourd'hui que la maladie reste non maîtrisée par les traitements dans près de 6 % des cas.
Aux difficultés nouvelles s'ajoutent, là encore, la lassitude et l'usure face aux traitements à long terme et, malheureusement, toute une série de discriminations, de vulnérabilités spécifiques, d'exclusions qui conduisaient hier à l'infection - ou qui en résultaient - et qui touchent, encore aujourd'hui, de nombreux groupes de personnes.
La vie des personnes atteintes se transforme donc.
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Parallèlement, ces succès thérapeutiques ont entraîné des modifications profondes des comportements de prévention. Et les dernières enquêtes nous montrent des évolutions contradictoires. Le rapport de chacun au sida reste complexe :
- La crainte à l'égard du SIDA a bien sûr diminué ainsi que la perception du risque personnel d'être contaminé par le VIH.
- Un optimisme exagéré apparaît même quant à la possibilité d'éradiquer le virus : 95 % des personnes ayant entendu parler des nouveaux traitements savent qu'ils prolongent la vie du malade, mais plus d'une personne sur 10 pense, à tort, que les nouveaux traitements guérissent définitivement du Sida. Plus grave, près d'une personne sur cinq juge maintenant la prévention moins essentielle.
- Mais dans le même temps la demande d'information reste importante. Le sondage IPSOS que nous rendons public aujourd'hui confirme que cet effort d'information ne doit pas être relâché. 20 % des Français se considèrent mal informés sur le sida en général, sur la prévention, comme sur les modes de contamination.
- Dans le même temps, les attitudes à l'égard des personnes séropositives se modifient. Les actes d'exclusion sont moins fréquents et semblent laisser place à une perception plus " médicalisée " du Sida. Tant mieux ; mais il apparaît une plus grande indifférence à l'égard des personnes séropositives, confirmée par ailleurs par la difficulté à mobiliser la générosité publique.
Enfin, pour terminer cet état des lieux, je tiens à sonner tout particulièrement l'alarme sur les nouvelles contaminations. Elles sont évaluées aujourd'hui - chiffre toujours difficile à comptabiliser - entre 4 000 et 6 000 chaque année en France et cela est vraiment inacceptable. Mes inquiétudes sont encore plus grandes quand j'observe la stagnation des ventes de préservatifs depuis 1998 et surtout, l'apparition de clignotants préoccupants, comme la recrudescence de certaines MST en France. De même, il semble que les sollicitations du N° vert de " Sida info service " diminuent.
Face à tous ces clignotants, ces inquiétudes et ces reprises de risque, il nous faut agir.
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La campagne de communication
Dominique GILLOT et moi-même avons demandé la mise en place d'une campagne de communication nationale, qui doit être le témoin de l'engagement de l'ensemble de la société dans la prévention de l'épidémie et l'expression de notre solidarité envers les personnes concernées.
Nous sommes persuadées que la prévention doit rester au cur de la politique de lutte contre le VIH. Même si nous poursuivons nos efforts pour renforcer la recherche - en particulier vaccinale - et l'accès à des molécules innovantes.
J'en profite d'ailleurs pour signaler que, contrairement à ce que je lis ici ou là, les crédits de lutte contre le sida n'ont pas baissé ces dernières années. Nous y veillons.
De la même manière, il n'est pas vrai que les campagnes de prévention ont été arrêtées ces dernières années, bien au contraire. Ce qui est vrai, c'est que cette année nous avons choisi une campagne nationale accompagnée parallèlement de campagnes ciblées.
J'en viens à la campagne 2000. Après avoir reçu les experts et les associations, nous avons estimé qu'il fallait poursuivre cette année, compte tenu du contexte sanitaire et social, un double objectif :
- Mieux informer l'ensemble des Français sur la réalité de l'épidémie, telle qu'elle demeure en France aujourd'hui.
- Et mettre en place des actions de communication ciblées, pour les personnes les plus durement touchées, et notamment les femmes, les personnes homosexuelles, les migrants, les jeunes...
Je vais revenir en détail sur ces deux points.
La campagne de communication nationale
L'opération grand public débute aujourd'hui avec une campagne d'affichage sur panneaux 4/3, d'ampleur nationale.
Notre objectif est de rappeler à l'ensemble de la population un certain nombre de réalités de l'épidémie aujourd'hui en France.
- D'abord redire que la maladie peut concerner tout le monde. Depuis 1998, le mode de contamination hétérosexuelle prédomine parmi les nouveaux cas de Sida. Il est donc important de s'adresser au plus grand nombre.
- Rappeler ensuite qu'il y a en France une personne contaminée par le virus du sida toutes les deux heures, ce qui correspond à 12 personnes touchées par jour.
Nous voulons une réelle prise de conscience collective du risque-sida.
27 000 espaces publicitaires de dimension 4 par 3 déclineront donc le message de prévention 2000 sur l'ensemble du territoire du 3 au 12 juillet (du 4 au 20 juillet dans les DOM).
Avec Dominique GILLOT, nous avons voulu une signature forte : " Le Sida, on en meurt encore ", pour rappeler que le combat contre la maladie n'est pas encore gagné.
Cette première phase de mobilisation sera suivie d'une campagne télévisuelle : trois films mettant en scène une relation homme/femme, une relation homme/homme et une version réalisée pour les DOM.
L'objectif est de rappeler que, si tout le monde n'est pas exposé aux risques Sida de manière uniforme, chacun peut y être confronté à un moment ou à un autre de sa vie.
Ces films seront diffusés sur l'ensemble des antennes de la métropole et des DOM, pendant tout l'été (du 24 juillet au 3 septembre).
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Actions ciblées
Ce dispositif national sera complété par des actions plus ciblées, qui permettront de toucher les publics prioritaires de la lutte contre le VIH en s'appuyant sur le tissu associatif et des actions de proximité. En particulier : les jeunes, les homosexuels, les femmes, les migrants et les usagers de drogue.
Pourquoi de telles actions ciblées ?
Depuis 15 ans, la lutte contre le sida nous a enseigné qu'on ne pouvait pas demander à des populations différentes d'adopter un même comportement de prévention si on ne les reconnaissait pas dans leur diversité. C'est un point essentiel. Pour moi, la vulnérabilité et les inégalités en matière de sida - et donc en matière de santé publique - ne sont pas seulement d'ordre biologique ou médical, mais elles aussi liées à des facteurs socio-économiques et culturels.
Choisir de communiquer différemment en fonction des populations concernées n'est pas synonyme à mes yeux de " différentialisme " : ces campagnes ciblées ont un sens non pas parce que ces groupes sont en eux-mêmes des populations spécifiques, mais parce que ces populations ont des comportements sexuels ou de prise de risques spécifiques :
1) LES JEUNES
Période de la découverte de la sexualité, relations sexuelles plus complexes à assumer, nécessiter d'adopter un comportement safe dès le départ, les jeunes sont une population prioritaire pour la prévention.
Nous voulons sensibiliser les jeunes à la situation du Sida en France, mais aussi à ses conséquences internationales.
A l'occasion de l'ouverture de la Conférence internationale sur le Sida, dans quelques jours en Afrique du Sud, un partenariat a été mis en place avec Radio France International et Solidays - festival de solidarité sur le Sida - pour permettre cette prise de conscience à travers des reportages, des témoignages.
A l'automne, des actions en partenariat avec les radios jeunes et de nombreux sites internet permettront de mobiliser l'ensemble de la jeunesse, en particulier celle issue de l'immigration, sur des actions de prévention.
2) HOMO-BISEXUELS
Plus que tout autre sans doute, le monde homosexuel a été traumatisé par l'épidémie de sida et il est indispensable de poursuivre nos efforts de prévention en direction de cette population qui reste très exposée au VIH et qui a payé un lourd tribut à la maladie. Je sais que l'adoption du safer sex dans le monde gay a été l'un des plus forts signes de la responsabilisation des gays en matière de sida. Et il est vrai que, depuis 1985 notamment, on a constaté de très profondes modifications des modes de vie homosexuels. On sait pourtant aujourd'hui, que des comportements à risques persistent, en particulier chez les plus jeunes. Il faut tout faire pour empêcher ce relâchement de la vigilance.
Voilà pourquoi des actions spécifiques seront réalisées en direction des personnes homosexuelles pour re-mobiliser l'ensemble de la communauté sur des comportements de prévention, avec en particulier une campagne d'information dans la presse gay, un renforcement de la promotion de la ligne Azur (service d'écoute à destination des jeunes qui s'interrogent sur leur orientation sexuelle) et la diffusion de documents dans les établissements, en partenariat avec le Syndicat national des entreprises gays (SNEG), pour alerter sur la permanence des contaminations.
Je fais ici une parenthèse pour saluer le travail des associations qui se mobilisent pour intervenir dans les bars gais, mais aussi pour mettre en garde les patrons des établissements gais qui refusent - encore aujourd'hui - d'accueillir ces messages de prévention. Certains établissements gais refusent de diffuser des préservatifs et n'acceptent pas les volontaires de Aides lorsqu'ils font de la prévention, considérant qu'il n'est pas de leur responsabilité d'agir contre le sida. Ce type de réaction est inadmissible. Je tiens à le dire aujourd'hui très franchement et très clairement.
Le Gouvernement de son côté prend ses responsabilités. Et nous savons qu'il faut aller plus loin que les actions de prévention que je viens d'annoncer. Car je suis convaincue que l'absence de reconnaissance sociale favorise la vulnérabilité face au VIH. Comment peut-on demander aux homosexuels d'adopter des comportements de prévention, lorsqu'on ne les reconnaît pas dans leur identité ? Le gouvernement de Lionel Jospin, je crois, l'a bien compris en proposant parmi ses premières priorités le PACS.
Enfin, c'est toujours le même objectif que je poursuis - celui de la lutte contre toutes les discriminations - lorsque j'ai annoncé la semaine dernière, en recevant neuf associations homosexuelles et de lutte contre le sida, que le Gouvernement allait présenter un amendement au projet de loi de modernisation sociale pour compléter et étendre à " l'orientation sexuelle " la notion de discrimination contenue dans le code du travail, le droit du logement et celui des stages pour les étudiants. De plus, l'aménagement de la charge de la preuve deviendra effectif en la matière.
L'ensemble de ces mesures conforme notre volonté de réaffirmer l'égalité de tous les citoyens devant la loi.
3) LES FEMMES
Je viens d'évoquer la situation des homosexuels, j'aimerais maintenant évoquer celle des femmes. Ce que j'ai dit en matière de reconnaissance est vrai pour elles aussi. C'est le statut de la femme, son image, et sa capacité - ou non - de négociation dans la relation sexuelle, qui est en question avec le sida et qui fait qu'il existe ou pas une prévention possible.
Or, les femmes apparaissent de plus en plus comme une population particulièrement vulnérable. En 1988, on comptait 1 femme touchée pour 7 hommes, aujourd'hui c'est 1 femme pour 3 hommes (20 à 30 000 femmes vivent avec le VIH). Les pratiques de prévention dans certains contextes (prostitution) restent en outre difficiles.
Quant aux violences sexuelles dont sont victimes les femmes, elles constituent la manifestation la plus criante d'un problème qui est loin d'être marginal. Une enquête menée par l'Agence nationale de recherches sur le sida, faisait état de plus de 15 % des jeunes filles de 15 à 18 ans, déclarant avoir subi, une fois, un rapport sexuel forcé. On mesure à de tels chiffres, effrayants, combien les discours sont souvent éloignés de la réalité.
Pour la première fois une campagne spécifique sera donc lancée pour les femmes, en direction des femmes, associant une campagne d'information spécifique dans la presse féminine et l'élaboration, avec les associations, d'une brochure sur les spécificités des femmes par rapport au Sida. Cette brochure accordera une attention particulière à l'ensemble des enjeux de la sexualité (préservatif féminin, contraception, grossesse non désirée...).
On le voit ici encore, une épidémie n'est pas la simple résultante de la présence d'un virus. Elle est également liée à un environnement social, à des inégalités, à des dénis de reconnaissance, à des situations de fragilisation des personnes. Et en définitive, on ne peut pas lutter contre le sida sans se confronter à des questions de politique générale et de reconnaissance sociale.
Et ce qui est vrai pour les homosexuels et pour les femmes, l'est évidemment aussi pour les migrants et pour les usagers de drogues.
4) LES USAGERS DE DROGUES PAR VOIE INTRAVEINEUSE
En avril dernier, le Gouvernement a lancé une campagne nationale d'information sur les drogues et dépendances. Près de 450 000 petits livres ont été diffusés ou vendus dans les kiosques au prix de 10 francs et plus de 2 millions d'exemplaires nouveaux sont en diffusion actuellement par l'intermédiaire des médecins, des gendarmes, des établissements scolaires et des structures jeunesses et sports.
L'accueil très positif de cette campagne montre que le grand public était particulièrement désireux d'avoir une information de base sur les drogues et qu'il était possible de répondre à une telle demande en dépassionnant le débat. Cette brochure aborde, lorsque cela est pertinent, la question du VIH, et, plus globalement, apporte à chacun une information juste et fiable sur les risques existants d'un point de vue de santé publique.
Cette campagne forte de la MILDT, et j'en félicite Nicole Maestracci, aura eu aussi le mérite de re-mobiliser l'ensembles des acteurs et intervenants en toxicomanie, et tous ceux qui luttent pour " limiter les risques ".
Parallèlement, des actions plus spécifiques à la lutte contre le sida vont également être menées. Nous avons choisi cette fois de nous adresser notamment aux pharmaciens, qui sont désormais de plus en plus impliqués. Ce sera l'un des volets du programme de lutte contre la toxicomanie et de prévention des dépendances mis en uvre par la MILDT dans les semaines qui viennent.
5) LES MIGRANTS
Enfin, pour les populations migrantes, nous avons voulu donner la parole aux leaders des communautés les plus touchées par l'épidémie en élaborant avec eux les documents dont elles ont besoin.
Des partenariats sont programmés avec les radios (RFI, Africa n°1, Radio Orient) et les publications communautaires (Libellule pour la communauté asiatique).
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Au fond, l'enseignement principal de l'histoire de la mobilisation contre le sida est qu'on ne lutte pas contre une épidémie sans tenir compte de l'avis et de l'opinion, sans le soutien tout simplement, des personnes directement concernées et de leurs proches.
Ce sera d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles le Gouvernement présentera un projet de loi sur les droits des malades discuté avec toutes les associations et sur lequel nous travaillons.
N'oublions pas les leçons et les enseignements de ces quinze dernières années de lutte contre le sida et soyons capable de garder des traces de cette lutte collective, de trouver des outils pour transformer la santé publique dans notre pays. Ce sera une façon de saluer le courage des militants contre le sida, tous ceux qui depuis quinze ans, sont sortis de l'ombre pour dire " je " et " j'ai une opinion sur ma propre maladie ".
Dans cette voie qui consiste à étendre à l'ensemble des enjeux de santé publique ce que nous avons appris dans la lutte contre le sida, vous savez en tout cas que vous pourrez compter sur nous.
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En dépit des progrès de la recherche qui sont porteurs de formidables espoirs, nous savons tous que rien n'est encore définitivement gagné ou simplement résolu, que des difficultés majeures nous attendent encore, que des " zones d'ombres " persistent et que, parfois même, de nouveaux problèmes émergent.
C'est le sens de cette campagne que nous lançons aujourd'hui autour d'un message central qui sera décliné, et que je répète : " Le sida, on en meurt encore ".
Cette campagne est ambitieuse et mobilisera cette année 45 MF, auxquels s'ajoutent les crédits déconcentrés pour les actions de proximité.
Avec Dominique Gillot, nous voulons ainsi marquer une nouvelle étape et faire prendre conscience à l'ensemble de la population des efforts de prévention et de la solidarité qui restent nécessaires pour les personnes concernées.
Ils ont permis que la lutte contre le VIH/SIDA soit une démarche fondée sur la solidarité, la non discrimination, le respect des personnes malades et la réduction des inégalités, inégalités d'accès au diagnostic, inégalités d'accès aux soins, inégalités d'information.
Dans cette démarche, je connais la mobilisation des professionnels, des associations et des personnes concernées. Ils ont été des partenaires attentifs à l'élaboration de cette campagne et je voudrais leur rendre hommage car je suis consciente du travail qu'ils réalisent au quotidien. Ainsi, ils contribuent à faire vivre une formule célèbre du sociologue Daniel Defert, qui fut aussi le compagnon de Michel Foucault et le fondateur de Aides, formule selon laquelle le malade du sida aura été un " réformateur social ".
Je vous remercie.
( Source http://www.sante.gouv.fr, le 10 juillet 2000)