Déclaration de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, en réponse à une question sur le sauvetage d'Alstom et les perspectives de l'emploi industriel en France, à l'Assemblée nationale le 27 mai 2004.

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Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Monsieur le sénateur Karoutchi,
Votre question est très importante. Elle est au coeur des préoccupations du gouvernement français, mais aussi du gouvernement allemand, mais aussi du gouvernement anglais. Nous sommes très préoccupés par les désindustrialisations et par les délocalisations industrielles, et nous pensons que nous ne pouvons faire face à cette situation que par le développement d'un volontarisme politique, et je partage cette conviction avec le ministre d'Etat, ministre de l'Economie et des Finances : le volontarisme, c'est du pragmatisme ; de temps en temps, des privatisations, mais de temps en temps aussi des efforts de l'Etat pour soutenir, dans notre pays, les entreprises qui peuvent devenir des champions européens.
C'est ce que nous avons fait avec le dossier Sanofi-Aventis. On ne peut pas être absent de la pharmacie mondiale. D'accord pour une grande entreprise européenne, franco-allemande, avec une énergie et un talent français forts dans l'ensemble du dispositif. C'est ce que nous avons réussi, avec N. Sarkozy, avec P. Devedjian, avec P. Douste-Blazy, pour que nous puissions avoir, dans l'industrie pharmaceutique, à la fois une puissance mondiale européenne mais aussi une existence française. C'est ce que nous faisons avec Alstom.
Je suis très heureux, et je salue l'action qui a été menée depuis neuf mois, et notamment dans ces derniers jours par le ministre des Finances, en ce qui concerne avec l'Union européenne, qui nous a donné quatre ans, quatre ans ! pour organiser un certain nombre de partenariats mais qui nous a autorisés - et c'est cela l'essentiel de la négociation - à ne fermer aucune implantation en France, en effet, à sauver Alstom à Belfort, à La Rochelle, à pouvoir travailler sur un avenir pour les Chantiers de l'Atlantique, pour les trois grands dossiers que sont le dossier de l'énergie, le dossier des transports, avec le noble TGV, mais aussi le dossier des Chantiers navals, et notamment avec la réussite de Queen Mary. Donc, nous avons, là, un potentiel fort, nous avons des partenariats à organiser, mais aucun site ne sera fermé - cela fait partie de la négociation - sur notre territoire national, et c'est pourquoi nous voulons qu'il y ait cette stratégie d'un véritable champion français mais aussi européen.
C'est ce que nous faisons aussi - et je tiens à le dire, puisque c'est un sujet d'actualité - avec EDF, puisque nous permettons, avec le changement de statut de l'entreprise, tout en maintenant le statut du personnel, à faire en sorte qu'EDF puisse, grâce notamment au développement du nucléaire, et grâce aux moyens financiers nouveaux que l'Etat donnera, pour qu'EDF ait les moyens de faire face à ce développement du nucléaire, nous donnerons un avenir national, bien sûr, mais aussi européen et mondial à cette entreprise de service public, puisqu'il ne s'agit pas de privatisation, mais qu'il s'agit, là, d'une volonté de développement.
Je vous remercie beaucoup, monsieur le sénateur, de me permettre, grâce à votre question, de saluer l'action du ministre de l'Etat, ministre de l'Economie et des Finances, et ainsi de contredire tous ceux qui parient sur les mésententes gouvernementales.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 28 mai 2004)