Texte intégral
La 5e conférence ministérielle de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) réunie à Cancún (Mexique) en septembre avait pour objectif principal de favoriser le développement des pays les plus pauvres. Les membres ne sont malheureusement pas parvenus à se mettre d'accord sur le texte du compromis proposé par la Présidence mexicaine.
Le blocage recouvre des divergences profondes qui se sont exprimées dès le début de la conférence. Plusieurs grands pays émergents menés par le Brésil, grand pays exportateur, sont parvenus à faire prendre en compte leurs revendications ultra-libérales dans le domaine agricole et protectionnistes dans le domaine industriel. Les intérêts exportateurs des entreprises industrielles des pays développés n'étaient pas pris en compte. Dans le domaine agricole, l'effort principal était finalement demandé à l'Europe. Enfin, les pays d'Afrique ont jugé très insuffisante la proposition pour répondre à leur demande de rétablissement d'un marché équitable du coton. Leurs paysans ne parviennent plus à obtenir une juste rémunération de la vente de leur coton, pourtant compétitif, en raison des importants volumes exportés par quelques pays grâce à des subventions à l'exportation.
Les désaccords sont apparus alors que la discussion s'engageait sur les négociations visant à rééquilibrer les rapports de force internationaux et améliorer la gouvernance mondiale. Le blocage sur ces thèmes n'a été qu'un prétexte pour interrompre la négociation et cache en fait des divergences plus profondes.
Les vrais perdants de la réunion ministérielle de Cancún sont bien évidemment les pays en développement. Sous l'impulsion de la France, l'Europe avait fait plusieurs propositions en faveur des pays africains qui sont aujourd'hui les grands oubliés de la croissance. L'Union européenne acceptait ainsi la suppression des subventions à l'exportation des produits agricoles " d'importance particulière pour les pays en développement ". Elle était également parvenue à convaincre les Etats-Unis de réserver des avantages commerciaux spécifiques aux pays les plus pauvres. Depuis qu'elle a supprimé tout droit de douane et tout quota sur les importations des pays les moins avancés, l'Europe voit ses importations en provenance de ces pays décoller. C'est pourquoi il nous semblait important d'étendre cette expérience positive aux autres pays développés. L'échec de Cancún va retarder la mise en oeuvre des ces propositions.
L'offensive engagée par les grands pays émergents, sous couvert de développement, laisse percer maintenant clairement les intérêts de nouvelles puissances exportatrices qui ne veulent pas encourager la concurrence de pays plus pauvres et souhaitent retarder l'ouverture de leur propre marché. Le discours de ces pays sur le libre-échange recouvre certes une opposition nord-sud classique sur le thème des subventions des pays du nord, mais se heurte à une réalité sud-sud reflétée par des niveaux de développement différents et des échanges qui montrent bien les intérêts divergents des ces pays. Quel point commun y a t'il entre les exportations agricoles brésiliennes et les productions vivrières ou exportatrices du Mali ou du Bénin ?
Pour la France, le retard pris à Cancún est évidemment décevant. Au-delà de l'échec pour le développement, nous ne sommes pas parvenus à faire avancer les thèmes de négociation visant à mieux encadrer la mondialisation, qu'il s'agisse d'une plus grande transparence ou de la prise en compte des préoccupations environnementales dans le commerce. Le texte qui nous était proposé n'était donc pas acceptable en en l'état. Il remettait en cause la capacité même de l'Europe à conduire une politique agricole. Dans le domaine industriel, nos exportateurs ne voyaient pas de perspective d'ouverture dans les grands pays émergents.
Malgré le retard pris à Cancún, la France souhaite poursuivre la promotion des propositions en faveur de développement. Le coton, ressource vitale de plusieurs pays pauvres d'Afrique, doit légitimement trouver sur le marché mondial un prix stable et rémunérateur. L'initiative française en faveur de l'Afrique annoncée par le Président de la République est ainsi une réponse appropriée aux difficultés des pays les plus pauvres. Elle consiste à agir simultanément dans trois domaines.
Tout d'abord, permettre à ces pays de diversifier leur agriculture en supprimant la concurrence des exportations à bas prix des pays développés, grâce à une suspension concertée de tous les soutiens à l'exportation dans ces pays ; ensuite, favoriser les exportations de ces pays en développement vers les pays développés et les pays émergents en réduisant ou supprimant les droits de douane et les quotas ; enfin, trouver des mécanismes de stabilisation des cours des matières premières sur les marchés mondiaux (café, cacao par exemple).
L'absence d'accord à Cancún ne compromet pas le cycle du développement lancé à Doha (Qatar) en novembre 2001 mais risque de retarder sa conclusion. Elle ne remet pas non plus en question l'accord précédemment obtenu en août sur l'accès des pays en développement aux médicaments en faveur duquel la France s'était mobilisée. Mais elle nous incite à déployer tous nos efforts en faveur des pays les plus pauvres et d'abord à traiter en priorité la question du coton si vitale pour l'Afrique.
(Source http://www.minefi.gouv.fr, le 9 octobre 2003)a
Le blocage recouvre des divergences profondes qui se sont exprimées dès le début de la conférence. Plusieurs grands pays émergents menés par le Brésil, grand pays exportateur, sont parvenus à faire prendre en compte leurs revendications ultra-libérales dans le domaine agricole et protectionnistes dans le domaine industriel. Les intérêts exportateurs des entreprises industrielles des pays développés n'étaient pas pris en compte. Dans le domaine agricole, l'effort principal était finalement demandé à l'Europe. Enfin, les pays d'Afrique ont jugé très insuffisante la proposition pour répondre à leur demande de rétablissement d'un marché équitable du coton. Leurs paysans ne parviennent plus à obtenir une juste rémunération de la vente de leur coton, pourtant compétitif, en raison des importants volumes exportés par quelques pays grâce à des subventions à l'exportation.
Les désaccords sont apparus alors que la discussion s'engageait sur les négociations visant à rééquilibrer les rapports de force internationaux et améliorer la gouvernance mondiale. Le blocage sur ces thèmes n'a été qu'un prétexte pour interrompre la négociation et cache en fait des divergences plus profondes.
Les vrais perdants de la réunion ministérielle de Cancún sont bien évidemment les pays en développement. Sous l'impulsion de la France, l'Europe avait fait plusieurs propositions en faveur des pays africains qui sont aujourd'hui les grands oubliés de la croissance. L'Union européenne acceptait ainsi la suppression des subventions à l'exportation des produits agricoles " d'importance particulière pour les pays en développement ". Elle était également parvenue à convaincre les Etats-Unis de réserver des avantages commerciaux spécifiques aux pays les plus pauvres. Depuis qu'elle a supprimé tout droit de douane et tout quota sur les importations des pays les moins avancés, l'Europe voit ses importations en provenance de ces pays décoller. C'est pourquoi il nous semblait important d'étendre cette expérience positive aux autres pays développés. L'échec de Cancún va retarder la mise en oeuvre des ces propositions.
L'offensive engagée par les grands pays émergents, sous couvert de développement, laisse percer maintenant clairement les intérêts de nouvelles puissances exportatrices qui ne veulent pas encourager la concurrence de pays plus pauvres et souhaitent retarder l'ouverture de leur propre marché. Le discours de ces pays sur le libre-échange recouvre certes une opposition nord-sud classique sur le thème des subventions des pays du nord, mais se heurte à une réalité sud-sud reflétée par des niveaux de développement différents et des échanges qui montrent bien les intérêts divergents des ces pays. Quel point commun y a t'il entre les exportations agricoles brésiliennes et les productions vivrières ou exportatrices du Mali ou du Bénin ?
Pour la France, le retard pris à Cancún est évidemment décevant. Au-delà de l'échec pour le développement, nous ne sommes pas parvenus à faire avancer les thèmes de négociation visant à mieux encadrer la mondialisation, qu'il s'agisse d'une plus grande transparence ou de la prise en compte des préoccupations environnementales dans le commerce. Le texte qui nous était proposé n'était donc pas acceptable en en l'état. Il remettait en cause la capacité même de l'Europe à conduire une politique agricole. Dans le domaine industriel, nos exportateurs ne voyaient pas de perspective d'ouverture dans les grands pays émergents.
Malgré le retard pris à Cancún, la France souhaite poursuivre la promotion des propositions en faveur de développement. Le coton, ressource vitale de plusieurs pays pauvres d'Afrique, doit légitimement trouver sur le marché mondial un prix stable et rémunérateur. L'initiative française en faveur de l'Afrique annoncée par le Président de la République est ainsi une réponse appropriée aux difficultés des pays les plus pauvres. Elle consiste à agir simultanément dans trois domaines.
Tout d'abord, permettre à ces pays de diversifier leur agriculture en supprimant la concurrence des exportations à bas prix des pays développés, grâce à une suspension concertée de tous les soutiens à l'exportation dans ces pays ; ensuite, favoriser les exportations de ces pays en développement vers les pays développés et les pays émergents en réduisant ou supprimant les droits de douane et les quotas ; enfin, trouver des mécanismes de stabilisation des cours des matières premières sur les marchés mondiaux (café, cacao par exemple).
L'absence d'accord à Cancún ne compromet pas le cycle du développement lancé à Doha (Qatar) en novembre 2001 mais risque de retarder sa conclusion. Elle ne remet pas non plus en question l'accord précédemment obtenu en août sur l'accès des pays en développement aux médicaments en faveur duquel la France s'était mobilisée. Mais elle nous incite à déployer tous nos efforts en faveur des pays les plus pauvres et d'abord à traiter en priorité la question du coton si vitale pour l'Afrique.
(Source http://www.minefi.gouv.fr, le 9 octobre 2003)a