Texte intégral
Q- A. hausser-. On va parler d'OMC, d'OGM et d'UMP...
R- "Que de sigles !"
Q- "Que de sigles", absolument. On commence par les OGM. La Commission européenne doit décider, mercredi, elle a reporté plusieurs fois sa décision de la levée du moratoire sur les OGM. Cela veut-il dire que, maintenant, il va y avoir des OGM partout ?
R-"Non, c'est-à-dire qu'en 1999 on a mis en place un moratoire pour qu'il y ait un étiquetage, sincère, qui permette aux citoyens de choisir ou pas."
Q- C'est-à-dire "honnête" ?
R - "Honnête et complet. Bon. Donc, cet étiquetage est désormais réalisé. Maintenant, au cas par cas, nous avons une procédure d'autorisation, produit par produit. C'est un peu compliqué, je suis désolé..."
Q- Oui, mais on a besoin d'éclaircir.
R - "La semaine dernière, le Conseil des ministres n'a pas décidé sur ce fameux "maïs BD-11". La France, a voté contre..."
Q- Pourquoi ?
R - "...Il n'y a pas eu de majorité, ni pour, ni contre."
Q- Vous êtes contre ?
R - "Nous, on est contre. La France, est contre. Mais "les contre" n'ont pas été suffisants pour une interdiction définitive. Et en vertu d'une procédure qui a été décidée en 2001 par madame Voynet d'ailleurs, à Bruxelles, quand le Conseil des ministres européen de l'Agriculture n'arrive pas à prendre une décision, ni pour, ni contre, la décision appartient à la Commission."
Q- C'est-à-dire défausse
R - "Ce que l'on peut trouver aberrant d'ailleurs, mais ce qui a été décidé en 2001."
Q- Cela vous va bien en politique de dire les "technocrates", les "technocrates"... Quand vous n'arrivez pas à vous mettre d'accord, vous dites : eh bien que la Commission décide, c'est cela ?
R - "Je suis prisonnier d'une procédure qui a été décidée par madame Voynet en mars 2001. Je trouve cela complètement aberrant !"
Q- Madame Voynet et les autres ministres européens ?
R - "Oui, je suis d'accord mais la France n'a pas voté contre. Je veux dire, en mars 2001, la France n'a pas voté contre cette directive OGM, et je trouve très choquant, aussi bien en tant que citoyen qu'en tant que responsable politique, que l'on se décharge, que les autorités politiques se déchargent auprès des commissaires."
Q- Alors, ce fameux "mais BD-1 ou 11", va être mis sur le marché partout ou la France a-t-elle une possibilité de se prémunir ?
R - "A partir du moment où l'Union européenne décide l'interdiction ledit maïs peut être introduit, bien évidemment étiqueté, donc il est possiblement disponible partout. Et ensuite, le consommateur fait son choix en fonction de l'étiquetage."
Q- Mais alors, quand les nouveaux présidents de régions, disent : nous, on veut interdire les expérimentations d'OGM en plein champ. En ont-ils le droit ?
R - "Deux réponses : d'abord, ils sont assez "gonflés", parce que les socialistes j'entends, les présidents de région en tant que tels, parce que, quand la gauche était au pouvoir sous monsieur Jospin, il y avait chaque année entre 60 et 100 essais OGM autorisés. L'année dernière, nous n'en avons autorisés que 16, et après une procédure transparente, contradictoire, en informant les maires, en mettant en place une enquête préalable, et en mettant tout en ligne en simultané et en I-média sur notre site Internet. Donc, l'espèce de polémique politicienne à laquelle se livrent les socialistes, je la trouve un peu indécente puisqu'ils autorisaient entre 6 et 10 fois plus d'essais quand ils étaient au pouvoir il y a quelques années ! Deuxièmement..."
Q- Mais l'opinion n'a pas aussi sensibilisée...
R - "Oui, mais c'est quand même gonflé, excusez-moi de le dire, hein ! Et je voudrais quand même le dire ici très clairement. Deuxièmement, les présidents de région n'ont pas de pouvoir de police en matière environnementale puisque c'est l'Etat, par le biais du ministère de l'Environnement et du ministère de l'Agriculture. Donc, il s'agit de déclarations, mais les présidents de régions n'ont pas de pouvoir en la matière. Donc, c'est aussi une manière de brouiller le débat."
Q- Les maires peuvent-ils interdire l'utilisation de certains pesticides ?
R - "Non, puisque les pouvoirs de "police spéciale", comme on dit, dans le jargon juridique, c'est-à-dire en matière d'environnement, appartiennent à l'Etat."
Q- Deuxième sigle : l'Organisation mondiale du commerce. Là aussi, les ministres se lavent un peu les mains puisque...
R - "Ah non, pas du tout ! Je ne m'en lave pas les mains, non !"
Q- ous allez m'expliquer. Parce que, la Commission a proposé de supprimer les subventions agricoles pour rouvrir le débat, les négociations avec l'OMC, qui réclame justement cette suppression. Evidemment, en France on a bondi ; le président de la République s'est dit réservé ; le Premier ministre a dit que la Commission outrepasse son mandat, un peu comme vous. Et puis, finalement, c'est comme si de rien n'était, Bruxelles dit : on va négocier. Alors, qui a raison ? Sont-ce de simples précautions oratoires à cause de la campagne européenne ?
R - "Il y a la forme et le fond. Sur la forme, depuis 1957, c'est la Commission européenne qui négocie pour le commerce au nom de tous les Etats-membres. Mais les Etats-membres donnent un mandat à la Commission. C'est-à-dire, qu'il y a un papier qui est écrit où on dit : voilà quel est le mandat de négociation pour la Commission. Et nous estimons - et là j'en viens au fond - que les propositions complémentaires que ferait l'Europe dans le cadre de la négociation commerciale, ne respectent pas ce qui a été décidé il y a trois ans pour cette négociation. En réalité, ce qui compte c'est quoi ? Négociation, l'OMC, tout cela c'est bien théorique. La position de la France est de dire que les avancées en matière de politique commerciale doivent profiter aux pays pauvres, notamment aux pays d'Afrique, de Caraïbes et du Pacifique."
Q- Ceux qu'on appelle "G20".
R - "Non, pas "le G20", parce que dans le "G20" il y a des pays riches ou qui sont en train de le devenir."
Q- Emergents, oui.
R - "Des pays émergents. Donc, nous, ce que nous défendons c'est les pays dits "ACP" - Afrique, Caraïbe, Pacifique -, avec lesquels, depuis 30 ans, l'Europe fait une coopération merveilleuse en matière commerciale. Savez-vous que c'est l'Europe qui achète le plus de produits agricoles aux pays africains. Et donc, nous estimons aujourd'hui que ce qui est sur la table à l'OMC, en réalité, favorise les riches et défavorise les pauvres. Et donc la France et l'Europe, elles, ont des propositions concrètes. Et jusqu'à présent, je constate qu'on a déjà réformé la Politique agricole européenne l'année dernière, que les Américains n'ont strictement rien fait, et qu'on nous redemande de mettre encore "du charbon", si j'ose dire, dans la machine de la négociation. Alors, au bout d'un moment, ça suffit !"
Q- Résultats quand ?
R - "On va voir, puisque, vous savez, on nous disait : la négociation doit se faire l'année dernière au mois de septembre à Cancun. Cancun, a été un échec non pas d'ailleurs sur les sujets agricoles mais sur d'autres sujets. Donc, cela peut durer, il n'y a pas de tyrannie calendrier, il n'y a pas de date butoir."
Q- Juillet n'est pas une date butoir ?
R - "Non. Certains le disent, parce que cela les arrange pour des raisons personnelles. Mais il n'y a pas de date butoir pour ces négociations."
Q- Il y a la succession d'A. Juppé qui est ouverte à l'UMP. N. Sarkozy, est candidat virtuel, très sollicité par les militants. J.-P. Raffarin dit, fait dire; que, finalement, en tant que Premier ministre, il est le chef naturel de la majorité et pourrait devenir président de l'UMP. Avez-vous une préférence ?
R - "Je crois qu'on n'en est pas encore là. Vous savez, en France, on a une tendance à toujours vouloir anticiper les choses. On est en 2004 et on parle de la présidentielle de 2007 ; on est en mai, pour une échéance qui aura lieu en octobre. Je crois donc qu'il est prématuré de se prononcer maintenant."
Q- Ca s'appelle "la langue de bois " ça...
R - "Non, ce n'est pas la langue de bois. Ce que je souhaite, on a deux choses très simples : on a un Gouvernement qui travaille pour la durée du quinquennat dans les lignes tracées par le président de la République ; et on doit avoir un parti majoritaire qui le soutient, que je connais un peu, puisqu'avec Bussereau et Dutreil, on est à l'origine de l'Union en Mouvement qui a préfiguré l'UMP. Il faut donc que ce parti moderne se renforce et se constitue. Il faut donc pour ce parti, un président qui ait, comment dire ?, qui soit "désintéressé", entre guillemets..."
Q- Pas candidat à la présidentielle ?
R - "Non, je crois que ce n'est pas le sujet. La présidence de l'UMP, ce n'est pas la présidentielle de 2007. C'est de construire un parti moderne qui puisse permettre à toute la société de se retrouver dans ce parti qui reflète, à la fois, la diversité et la vitalité de la société."
Q- Difficile non ?
R- "Oui, mais pourquoi pas. C'est un défi que l'on doit relever ensemble."
Vous n'en direz pas plus. Merci.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 18 mai 2004)
R- "Que de sigles !"
Q- "Que de sigles", absolument. On commence par les OGM. La Commission européenne doit décider, mercredi, elle a reporté plusieurs fois sa décision de la levée du moratoire sur les OGM. Cela veut-il dire que, maintenant, il va y avoir des OGM partout ?
R-"Non, c'est-à-dire qu'en 1999 on a mis en place un moratoire pour qu'il y ait un étiquetage, sincère, qui permette aux citoyens de choisir ou pas."
Q- C'est-à-dire "honnête" ?
R - "Honnête et complet. Bon. Donc, cet étiquetage est désormais réalisé. Maintenant, au cas par cas, nous avons une procédure d'autorisation, produit par produit. C'est un peu compliqué, je suis désolé..."
Q- Oui, mais on a besoin d'éclaircir.
R - "La semaine dernière, le Conseil des ministres n'a pas décidé sur ce fameux "maïs BD-11". La France, a voté contre..."
Q- Pourquoi ?
R - "...Il n'y a pas eu de majorité, ni pour, ni contre."
Q- Vous êtes contre ?
R - "Nous, on est contre. La France, est contre. Mais "les contre" n'ont pas été suffisants pour une interdiction définitive. Et en vertu d'une procédure qui a été décidée en 2001 par madame Voynet d'ailleurs, à Bruxelles, quand le Conseil des ministres européen de l'Agriculture n'arrive pas à prendre une décision, ni pour, ni contre, la décision appartient à la Commission."
Q- C'est-à-dire défausse
R - "Ce que l'on peut trouver aberrant d'ailleurs, mais ce qui a été décidé en 2001."
Q- Cela vous va bien en politique de dire les "technocrates", les "technocrates"... Quand vous n'arrivez pas à vous mettre d'accord, vous dites : eh bien que la Commission décide, c'est cela ?
R - "Je suis prisonnier d'une procédure qui a été décidée par madame Voynet en mars 2001. Je trouve cela complètement aberrant !"
Q- Madame Voynet et les autres ministres européens ?
R - "Oui, je suis d'accord mais la France n'a pas voté contre. Je veux dire, en mars 2001, la France n'a pas voté contre cette directive OGM, et je trouve très choquant, aussi bien en tant que citoyen qu'en tant que responsable politique, que l'on se décharge, que les autorités politiques se déchargent auprès des commissaires."
Q- Alors, ce fameux "mais BD-1 ou 11", va être mis sur le marché partout ou la France a-t-elle une possibilité de se prémunir ?
R - "A partir du moment où l'Union européenne décide l'interdiction ledit maïs peut être introduit, bien évidemment étiqueté, donc il est possiblement disponible partout. Et ensuite, le consommateur fait son choix en fonction de l'étiquetage."
Q- Mais alors, quand les nouveaux présidents de régions, disent : nous, on veut interdire les expérimentations d'OGM en plein champ. En ont-ils le droit ?
R - "Deux réponses : d'abord, ils sont assez "gonflés", parce que les socialistes j'entends, les présidents de région en tant que tels, parce que, quand la gauche était au pouvoir sous monsieur Jospin, il y avait chaque année entre 60 et 100 essais OGM autorisés. L'année dernière, nous n'en avons autorisés que 16, et après une procédure transparente, contradictoire, en informant les maires, en mettant en place une enquête préalable, et en mettant tout en ligne en simultané et en I-média sur notre site Internet. Donc, l'espèce de polémique politicienne à laquelle se livrent les socialistes, je la trouve un peu indécente puisqu'ils autorisaient entre 6 et 10 fois plus d'essais quand ils étaient au pouvoir il y a quelques années ! Deuxièmement..."
Q- Mais l'opinion n'a pas aussi sensibilisée...
R - "Oui, mais c'est quand même gonflé, excusez-moi de le dire, hein ! Et je voudrais quand même le dire ici très clairement. Deuxièmement, les présidents de région n'ont pas de pouvoir de police en matière environnementale puisque c'est l'Etat, par le biais du ministère de l'Environnement et du ministère de l'Agriculture. Donc, il s'agit de déclarations, mais les présidents de régions n'ont pas de pouvoir en la matière. Donc, c'est aussi une manière de brouiller le débat."
Q- Les maires peuvent-ils interdire l'utilisation de certains pesticides ?
R - "Non, puisque les pouvoirs de "police spéciale", comme on dit, dans le jargon juridique, c'est-à-dire en matière d'environnement, appartiennent à l'Etat."
Q- Deuxième sigle : l'Organisation mondiale du commerce. Là aussi, les ministres se lavent un peu les mains puisque...
R - "Ah non, pas du tout ! Je ne m'en lave pas les mains, non !"
Q- ous allez m'expliquer. Parce que, la Commission a proposé de supprimer les subventions agricoles pour rouvrir le débat, les négociations avec l'OMC, qui réclame justement cette suppression. Evidemment, en France on a bondi ; le président de la République s'est dit réservé ; le Premier ministre a dit que la Commission outrepasse son mandat, un peu comme vous. Et puis, finalement, c'est comme si de rien n'était, Bruxelles dit : on va négocier. Alors, qui a raison ? Sont-ce de simples précautions oratoires à cause de la campagne européenne ?
R - "Il y a la forme et le fond. Sur la forme, depuis 1957, c'est la Commission européenne qui négocie pour le commerce au nom de tous les Etats-membres. Mais les Etats-membres donnent un mandat à la Commission. C'est-à-dire, qu'il y a un papier qui est écrit où on dit : voilà quel est le mandat de négociation pour la Commission. Et nous estimons - et là j'en viens au fond - que les propositions complémentaires que ferait l'Europe dans le cadre de la négociation commerciale, ne respectent pas ce qui a été décidé il y a trois ans pour cette négociation. En réalité, ce qui compte c'est quoi ? Négociation, l'OMC, tout cela c'est bien théorique. La position de la France est de dire que les avancées en matière de politique commerciale doivent profiter aux pays pauvres, notamment aux pays d'Afrique, de Caraïbes et du Pacifique."
Q- Ceux qu'on appelle "G20".
R - "Non, pas "le G20", parce que dans le "G20" il y a des pays riches ou qui sont en train de le devenir."
Q- Emergents, oui.
R - "Des pays émergents. Donc, nous, ce que nous défendons c'est les pays dits "ACP" - Afrique, Caraïbe, Pacifique -, avec lesquels, depuis 30 ans, l'Europe fait une coopération merveilleuse en matière commerciale. Savez-vous que c'est l'Europe qui achète le plus de produits agricoles aux pays africains. Et donc, nous estimons aujourd'hui que ce qui est sur la table à l'OMC, en réalité, favorise les riches et défavorise les pauvres. Et donc la France et l'Europe, elles, ont des propositions concrètes. Et jusqu'à présent, je constate qu'on a déjà réformé la Politique agricole européenne l'année dernière, que les Américains n'ont strictement rien fait, et qu'on nous redemande de mettre encore "du charbon", si j'ose dire, dans la machine de la négociation. Alors, au bout d'un moment, ça suffit !"
Q- Résultats quand ?
R - "On va voir, puisque, vous savez, on nous disait : la négociation doit se faire l'année dernière au mois de septembre à Cancun. Cancun, a été un échec non pas d'ailleurs sur les sujets agricoles mais sur d'autres sujets. Donc, cela peut durer, il n'y a pas de tyrannie calendrier, il n'y a pas de date butoir."
Q- Juillet n'est pas une date butoir ?
R - "Non. Certains le disent, parce que cela les arrange pour des raisons personnelles. Mais il n'y a pas de date butoir pour ces négociations."
Q- Il y a la succession d'A. Juppé qui est ouverte à l'UMP. N. Sarkozy, est candidat virtuel, très sollicité par les militants. J.-P. Raffarin dit, fait dire; que, finalement, en tant que Premier ministre, il est le chef naturel de la majorité et pourrait devenir président de l'UMP. Avez-vous une préférence ?
R - "Je crois qu'on n'en est pas encore là. Vous savez, en France, on a une tendance à toujours vouloir anticiper les choses. On est en 2004 et on parle de la présidentielle de 2007 ; on est en mai, pour une échéance qui aura lieu en octobre. Je crois donc qu'il est prématuré de se prononcer maintenant."
Q- Ca s'appelle "la langue de bois " ça...
R - "Non, ce n'est pas la langue de bois. Ce que je souhaite, on a deux choses très simples : on a un Gouvernement qui travaille pour la durée du quinquennat dans les lignes tracées par le président de la République ; et on doit avoir un parti majoritaire qui le soutient, que je connais un peu, puisqu'avec Bussereau et Dutreil, on est à l'origine de l'Union en Mouvement qui a préfiguré l'UMP. Il faut donc que ce parti moderne se renforce et se constitue. Il faut donc pour ce parti, un président qui ait, comment dire ?, qui soit "désintéressé", entre guillemets..."
Q- Pas candidat à la présidentielle ?
R - "Non, je crois que ce n'est pas le sujet. La présidence de l'UMP, ce n'est pas la présidentielle de 2007. C'est de construire un parti moderne qui puisse permettre à toute la société de se retrouver dans ce parti qui reflète, à la fois, la diversité et la vitalité de la société."
Q- Difficile non ?
R- "Oui, mais pourquoi pas. C'est un défi que l'on doit relever ensemble."
Vous n'en direz pas plus. Merci.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 18 mai 2004)