Conférence de presse et déclaration de M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie des finances et de l'industrie, sur la crise financière internationale, sur la nécessité de réguler les marchés financiers et d'en garantir la tranparence en développant les capacités de surveillance et d'intervention du FMI, Washington les 3 et 4 octobre 1998.

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Circonstance : Réunion du G7 et du comité intérimaire du FMI, à Washington les 3 et 4 octobre 1998

Texte intégral

Réunion du G7 - Conférence de presse le 3 octobre 1998 (Washington)
Bonjour,
Je voudrais revenir quelques minutes sur le paysage d'ensemble tel que je le vois. Cela fait maintenant plus d'un an que les premiers prémices en Asie sont apparus et il faut bien reconnaître que pendant assez longtemps, de juin 1997 à juin 1998, la crise est restée principalement asiatique. Ce qui ne veut pas dire d'ailleurs uniforme ; même asiatique, elle avait des visages différents. Il y a le visage des pays qui avaient subi des problèmes de parité importants, comme la Corée, la Thaïlande, l'Indonésie - et même entre ces trois cas-là, il faut faire des différences -, qui aujourd'hui sont en train de retrouver le chemin de l'équilibre, même si c'est à un coût social extrêmement important. Et puis il y avait le cas du Japon qui était évidemment différent, dont les difficultés à la fois en termes de croissance et en termes de restructuration du système bancaire, sont apparues avec force tout au long de l'année. De plus en plus fort au fur et à mesure que le temps passait.
Cet ensemble asiatique est à peu près stabilisé, notamment grâce à l'aide que fournit à cette mécanique la Chine qui, avec sa détermination de maintenir la parité de sa monnaie, joue un rôle international, au moins dans la zone, qu'elle n'avait jamais joué à ce point dans le passé. Stabilisé ne veut pas dire que c'est stabilisé comme il faut. Cela veut simplement dire qu'il n'y a pas d'explosion. C'est stabilisé à un niveau bas. Et tant que la croissance ne repartira pas au Japon, on a aucune raison de voir pour cette partie du monde un véritable retour à une situation qu'on voudrait normale. Mais il n'y a pas encore aujourd'hui de situation d'explosion.
Ce qui a changé la nature de la situation, c'est évidemment à la fin du mois d'août, ce qui c'est passé en Russie. Là, on a eu un phénomène de caractère un peu explosif, même si chacun s'accorde à reconnaître aujourd'hui, il au moins autant de composante politique que de composantes économiques. Ce qui veut dire que les solutions à lui apporter sont au moins autant politiques qu'économiques et dans l'ordre sans doute d'abord politiques et ensuite économiques. Une partie de la solution politique a été apportée par la nomination de M. Primakov, mais on voit bien que la formation du gouvernement russe traduit un certain nombre de difficultés qui montrent que même sur le plan politique, le problème n'est pas totalement réglé. Derrière, viennent évidemment les question abordées en termes économiques.
Ce qui s'est passé à partir de la crise russe, c'est que, les calculs que vous avez vus depuis un mois le reflètent bien - l'effet direct de la situation russe en termes de commerce est relativement faible.
Pour les pays européens, c'est le cas pour la France, les exportations vers la Russie représentent 1 % des exportations et donc quoi qu'il arrive de toute façon, ce n'est pas une influence considérable.
Le second canal de transmission est plus compliqué parce qu'il passe par les engagements bancaires. Ce second canal de transmission est plus sérieux et, pour la France, sans doute moins important que pour d'autres pays. On a beaucoup parlé de l'Allemagne dans ce cas-là mais même dans le cas allemand il a une influence circonscrite. Le troisième canal de transmission est beaucoup plus sérieux. La crise russe a été à l'origine d'une sorte d'élévation de l'aversion pour le risque de la part de l'ensemble des investisseurs sur tous les marchés mondiaux et un repli sur des titres qui apparaissaient de meilleure qualité, ou plus solides.
Les trois phases sont - retrait des investisseurs de l'Asie à la recherche de placements de meilleure qualité.
- arrivée de ces fonds là sur les bourses occidentales ce qui explique en large partie la montée de ces bourses pendant l'année.
- à partir de la situation de l'explosion russe, deuxième mouvement, retrait, toujours à cause d'une aversion croissante pour le risque, de ces papiers là, qui étaient considérés comme de qualité, et recherche de titres de plus grande qualité, "qualité" en termes de stabilité de sécurité, et cela explique assez largement aussi l'afflux de capitaux sur notamment les titres d'état. Ce qui n'est pas sans lien avec l'évolution des taux à long terme que l'on peut constater.
Si bien que les craintes sur la croissance et la révision par tout le monde des perspectives de croissance à la baisse n'est rien d'autre que le reflet d'une sorte d'anxiété qui est montée et qui conduit aujourd'hui à une situation où, objectivement, la baisse sur les places financières, qui sans doute a suivi une hausse qu'on pourrait considérer comme excessive, ne correspond plus du tout aujourd'hui - je parle des places européennes ou américaines -, avec les données de l'économie réelle. A tel point qu'on trouve nombre de situations dans lesquelles la valeur des actions telles qu'elles sont cotées est inférieure à la valeur industrielle des entreprises. Evidemment, ceci ne peut conduire qu'à une seule idée : c'est qu'à terme cela remontera puisqu'on est sensiblement au-dessous de la valeur de ces entreprises. Mais cela ne répond pas à un problème de marché de court terme.
C'est dans ce cadre que se situe ce G7 et avec une composante de plus à vrai dire : cette anxiété, cette volonté de prendre moins de risques, s'est traduite de façon assez indifférenciée notamment sur les économies émergentes. C'est à dire que tout le monde s'est retiré des endroits qui apparaissaient, a priori parce que c'étaient des économies émergentes, comme risquées, sans faire trop le tri de celles qui mènent des politiques solides, autant qu'elles peuvent l'être, et de celles qui parfois mènent des politiques plus fragiles. Si bien que l'on constate aujourd'hui des situations qui, face aux marchés, sont souvent un peu les mêmes chutes fortes sur les marchés actions pour des pays qui objectivement ont des politiques et des situations économiques qui sont passablement différentes.
De mon point de vue, tout cela fait quand même bouger les idées sur au moins sur quatre sujets qui ont été largement abordés pendant la réunion de cet après-midi - laquelle réunion n'est que la conclusion d'une série de travaux préparatoires effectués depuis plusieurs jours.
La première idée est que la façon dont ces économies émergentes notamment, ont été versées vers une libéralisation totale des marchés des capitaux était sans doute une façon un peu rapide. Je parle évidemment de la libéralisation des flux de capitaux à court terme. Pour les capitaux à long terme, personne ne se plaint de ce que des investissements réels viennent se multiplier dans les économies en question. En revanche, on a vu que dans quelques cas, comme la Corée, les mouvements à court terme pouvaient être déstabilisateurs pour des économies qui jusqu'alors avaient vécu dans un cadre organisé et qui de façon rapide basculaient dans l'eau froide de la globalisation financière. Donc l'idée que ceci devait sans doute s'organiser un peu autrement, que la transition ne pouvait pas se faire en une nuit est une idée qui peut paraître bien banale à beaucoup d'entre vous et qui en tout cas pour moi est une idée assez classique et ancienne. On ne peut pourtant pas dire qu'elle ait eu dans le passé récent un droit de cité absolu. A l'inverse, l'idée selon laquelle plus la libéralisation et l'ouverture des marchés de capitaux se faisaient rapidement, mieux c'était, était généralement la plus répandue. Aujourd'hui on voit que la plupart des gens réfléchissent un peu différemment sur cette ouverture trop rapide. Un certain nombre de systèmes bancaires n'était pas obligatoirement entièrement préparé.
La seconde idée, parce que les choses bougent, c'est à propos de tout ce qui concerne la transparence et la surveillance. Là on voit bien aussi, évidemment tout le monde a toujours été pour la transparence par définition. Mais je me rappelle encore que le gouverneur et le directeur du Trésor étaient là lors du G7 d'avril dernier, où pour la première fois j'ai émis l'idée, où était discutée collectivement l'idée de la transparence - elle portait principalement sur les actions publiques et sur le fait de disposer d'informations sur les positions, sur les structures publiques. Le problème c'est que ce ne sont pas principalement les banques centrales qui sont à l'origine des spéculations déstabilisantes. Je m'étais donc risqué à émettre l'idée qu'il fallait sans doute qu'on étende tout cela au secteur privé et là où le scandale a été total, c'est quand j'ai dit que je ne voyais de raison pour lesquelles les hedge funds ne seraient pas soumis à des contraintes analogues. Evidemment, ma table avait souri, sur le thème "il faut bien être un Français et un Français naïf pour croire que l'on puisse jamais imposer des contraintes de transparence au "hedge funds". Ce que je constate aujourd'hui c'est que l'idée a beaucoup fait son chemin. Sans doute la LTCM n'y est pas pour rien. Mais au-delà de cela, le est qu'il faut que nous soyons capables d'avoir un système ordonné, régulé. Ceci passe notamment par une bien plus grande information sur l'ensemble des institutions financières privées et surtout à un moment où se sont considérablement développés les marchés dérivés qui font certainement courir le plus grand risque au système par les basculements possibles. Cette idée aujourd'hui, sur son principe du moins, est très largement admise. Reste à savoir comment on la met en oeuvre.
Troisième idée sur laquelle il me semble que les choses ont passablement bougé, paradoxalement dans des sens un peu variés, c'est le rôle des institutions financières internationales. Le FMI a toujours été beaucoup critiqué. Les critiques dont il est l'objet aujourd'hui ne sont pas nouvelles même si elles ont une force sans doute motivée par l'inquiétude générale. Ce que je constate c'est qu'en même temps il y a de la part d'une grande partie des gouvernements, de tous ceux qui participent au G7, l'affirmation d'une confiance renouvelée dans ces institutions et l'affirmation plutôt qu'il faut les renforcer. Il y a des critiques à faire sur le fonctionnement de ces structures (FMI, Banque mondiale, etc.). Le sens de la critique c'est plutôt de dire qu'on veut plus de FMI, plus de Banque mondiale que de dire qu'on en veut moins. Ce qui n'est pas obligatoirement la critique qu'on lit dans vos colonnes aux uns et aux autres quand vous retraduisez une opinion plus généralement répandue de tel ou tel banquier ou économiste. L'idée est qu'il faut renforcer les institutions dont nous disposons aujourd'hui, créées il y a une cinquantaine d'années, qui aujourd'hui ne sont plus obligatoirement adaptées - même si elles ont évolué pendant la période - à la situation que nous connaissons aujourd'hui. L'idée qu'il faut donc leur fournir les moyens est une idée qui a avancé. Je sens notamment chez mon collègue américain ou dans les déclarations du président Clinton combien l'administration américaine donne de la voix ; on verra les résultats, pour obtenir la ratification des quotes-parts auxquelles les Etats-Unis sont engagés. Je vois qu'au sein des gouvernements la volonté de faire en sorte que ces institutions soient puissantes et aient la capacité d'agir qu'elles devraient avoir et qu'elles n'ont pas toujours pour les raisons qu'on connaît, cette volonté là est clairement affirmée par tout le monde aujourd'hui. Donc la tendance est à rechercher les voies et moyens d'un renforcement de ces structures, d'un renforcement de la régulation - au sens français du terme - du système. C'est-à-dire d'avoir une économie de marché, certes, des marchés qui fonctionnent le mieux possible donc, mais des marchés qui sont régulés. Je dirais que c'est l'infrastructure des marchés qu'on a besoin de reconstruire.
Dernière idée, c'est le fait, comme c'était énoncé d'ailleurs dans le précédent communiqué du G7, que l'accent soit mis sur la croissance et sur le fait que le problème fondamental aujourd'hui est la croissance. Là-dessus aussi, il y a quand même un consensus très fort, ce qui peut être était moins évident il y a encore quelques mois où d'autres préoccupations pouvaient exister. Je crois que aussi bien les ministres que les gouverneurs sont du même avis aujourd'hui avec, il faut le dire, des différences selon les zones et selon les endroits concernés. La politique à suivre aux Etats-Unis, en Asie, au Japon en particulier, et en Europe n'est pas la même parce que nous ne sommes pas dans la même situation même si tous nous pouvons avoir des préoccupations sur notre croissance liées à l'environnement international. Nous ne sommes pas dans la même phase du cycle et dans ces conditions nous ne relevons pas obligatoirement de la même politique. Néanmoins, le souci de faire en sorte que la croissance mondiale soit soutenue, maintenue et durable est un souci qui aujourd'hui est devenu clair chez tout le monde alors que d'autres préoccupations pouvaient prévaloir plus fortement avant.
Conclusion de tout ceci : on a changé d'époque. Le débat n'est plus ce qu'il était il y a encore quelques semestres. Une fin de débat historique sur le fait de savoir si on était pour une économie de marché ou une économie administrée. Ce débat n'existe plus. En revanche, commence à se nourrir fortement un débat sur une économie à la libéralisation désordonnée ou une économie régulée. Je sens un mouvement assez fort, lié à la conjoncture dans laquelle nous vivons, pour dire nous sommes évidemment tous favorables à une économie de marché mais une économie de marché ne fonctionne correctement que quand les règles dans lesquelles elle doit fonctionner sont clairement définies et si elles le sont assez largement au niveau national pour chacune de nos économies, elle ne le sont pas du tout suffisamment au niveau international à un moment où justement la fameuse globalisation rend ce niveau international plus important encore.
En fait ce qui a prévalu pendant les décennies qui viennent de s'écouler est que des instruments existaient mais il y a avait un moins grand besoin, et donc moins de réflexion sur la nécessité d'une architecture véritable, d'une construction d'un système dans lequel les différentes économies mondiales ou les zones économiques pouvaient se mouvoir. Je ressens chez la plupart de mes collègues aujourd'hui ce besoin d'un système pensé, cohérent, régulé qui évidemment ne sera pas sans défaut pour autant.
C'est exactement, me semble-t-il, ce à quoi répond le communiqué, la déclaration qui reprend ces différents points. Bon, je ne propose pas que vous le lisiez d'un bout à l'autre. Ou plutôt si, je propose que vous le lisiez d'un bout à l'autre, mais après. Je voudrais vous en dire deux ou trois mots. Les trois axes qui sont repris dans tous ces points, c'est d'abord celui de la croissance - je crois que c'est très important - avec l'idée que les pays du G7 invitent à veiller à la croissance, chacun chez soi. Chacun chez soi veut aussi dire de façon un peu différente selon les endroits.
On voit bien qu'au Japon, la situation n'est pas la même qu'ailleurs. Le gouvernement japonais nous a fait part de ses efforts. Je crois qu'il a ressenti une pression assez forte de la part des autres partenaires qui se trouvaient autour de la table. M. Miyazawa a expliqué qu'un certain nombre de décisions et de textes seraient votés dans les toutes prochaines semaines, avec un système parlementaire que vous connaissez sans doute mieux que moi et qui est assez compliqué. L'idée que nous avons là la seconde économie mondiale en récession, avec une croissance négative depuis trois trimestres et que, par conséquent, il y a là un des points durs du système a été expliquée par beaucoup et je crois avec pas mal de netteté.
Ce n'est évidemment pas la même situation que la situation européenne où nous devons être vigilants, mais où malgré tout, et bien qu'il serait absurde de penser que ce qui se passe est sans influence sur notre situation, les perspectives ne sont évidemment pas les mêmes. J'en profite pour rappeler à ceux d'entre vous auxquels cela aurait pu échapper que la révision de croissance qui a été faite pour 1999, passant de 2,8% à 2,7% est en fait une diminution de 0,4% de l'environnement international. Le passage de 2,8 à 2,7 correspond à 2,8 moins 0,4 liés à l'environnement international qui se dégrade, plus 0,3 liés à une amélioration de la situation intérieure, notamment de la consommation. Il ne s'agit pas d'une diminution de 0.1 liée à l'environnement. C'est une diminution beaucoup plus forte que cela, liée à l'environnement extérieur. Je ferme la parenthèse.
Les Etats-Unis, avec une interrogation que je ressens assez fortement sur la façon dont les Etats-Unis peuvent être amenés à réagir à un certain ralentissement de leur activité alors qu'ils ont un surplus budgétaire. Il y a là comme une sorte de paradoxe pour une réflexion économique un peu rapide, mais quand même assez solide, que de se demander combien de temps on peut vouloir faire cohabiter ou coïncider une situation économique dont on pense qu'elle pourrait être meilleure, qui a été meilleure dans le passé et dont on craint qu'elle se dégrade en agissant dessus que par le canal monétaire, alors qu'on se trouve dans une situation budgétaire de pouvoir faire autrement. Il y a eu des moments où l'économie américaine avait un déficit budgétaire considérable et où l'arme budgétaire était interdite, qu'il s'agisse de l'utiliser par le biais des dépenses ou par le biais de la diminution des impôts. Mais on n'est pas dans cette situation là aujourd'hui et je comprends bien les contraintes politiques qui conduisent à ne pas vouloir retomber dans une situation où le déficit budgétaire américain était important. Mon propos n'est d'ailleurs pas de donner quelque forme de conseil - je n'ai pas qualité pour cela -, à ceux qui pilotent l'économie américaine. Mais il y a quand même une situation un peu paradoxale pour la première économie du monde, qui mérite que l'on y réfléchisse. Au travers de tout cela, il ressort une préoccupation claire, plus forte que cela n'a été le cas depuis longtemps dans aucun communiqué du G7, sur les problèmes de croissance.
Le deuxième grand axe qui est traité est celui concernant la liquidité et donc la volonté d'éviter toute défaillance dans le système financier international. Je vous ai parlé tout à l'heure de la cohésion autour du FMI. Je la ressens fortement. Cela passe par la nécessité de lui fournir les moyens nécessaires. De ce point de vue, j'ai l'impression que les choses peuvent peut être avancer. En tout cas, visiblement, la détermination du gouvernement américain est forte. Cela peut passer aussi par une réflexion sur une manière opportune de venir appuyer des pays, notamment des pays émergents qui mènent des politiques saines, de qualité, et qui sont "injustement attaqués" par une forme ou une autre de spéculation. Cela renvoie à ce que je vous disais tout à l'heure à propos du caractère frappant de la situation actuelle qui touche de façon indifférenciée des pays qui sont parfois dans des situations objectives différentes. Donc l'idée que nous avons besoin de nous doter d'un système, d'un mécanisme ou d'une procédure qui soit susceptible de venir en appui non pas lorsque la crise est déjà là, mais en amont des difficultés, lorsque les efforts de politique économique ont été conduits de façon satisfaisante, a rencontré un écho. L'exploration d'une procédure de ce genre est prévue dans le communiqué. C'est l'idée d'utiliser le FMI de manière plus préventive que curative, comme cela a souvent été le cas.
Enfin, il y a un troisième grand axe qui consiste à apporter des réponses aussi rapides que possible aux besoins de sécurité financière. Ce sont les thèmes de la transparence et de la surveillance dont j'ai dit quelques mots. Là dessus, pas mal des propositions faites par les Français dans le mémorandum en douze points - mais aussi par d'autres puisque ceux d'entre vous qui ont suivi l'ECOFIN de Vienne ont pu voir qu'il y avait aussi un papier espagnol qui était assez proche du papier français et que les Anglais ont fait des déclarations qui allaient dans le même sens et qu'il n'y a donc pas de recherche en paternité dans ce que je dis là - se retrouvent assez largement dans tout cela.
Il a été aussi demandé à Hans Tietmeyer, en tant que président des gouverneurs du G10, de mener très rapidement - c'est à dire en peu de semaines, une semaine ou deux - une réflexion sur la mise en place de la façon dont on pouvait travailler à la fois sur la supervision des organismes de surveillance existants aujourd'hui et sur les modalités d'extension et notamment d'association du secteur privé, à des règles prudentielles renouvelées. Il y a là je crois un pas très important qui est fait pour réfléchir aux nouveaux systèmes financiers, nouveaux produits financiers, sophistication de l'ingénierie financière et aux nouvelles régulations financières pour y répondre.
Dans le même esprit, une idée assez chère à la France, qui a été assez bien accueillie, pas unanimement mais assez bien accueillie par l'ECOFIN de Vienne, et qui a été soutenue depuis par les quinze pays de la zone franc, est allé donner un rôle plus important au Comité intérimaire du FMI, voire pour faire le pendant au Comité du développement. Cette idée est reprise par le communiqué de façon à voir comment la mettre en oeuvre, en voir les avantages et les inconvénients et trouver les modalités éventuelles pour le faire si la décision devait en être prise. Je crois pour ma part que c'est une idée importante. Elle a été fortement soutenue au sein du G7 par les Italiens et par les Allemands.
On voit bien - je l'ai déjà dit à plusieurs reprises et je n'en ferai donc pas le secret - qu'il y a là quand même un arbitrage à faire entre le renforcement du Comité intérimaire et une structure du type du G22. De ce point de vue, il y a une discussion qu'il faut conduire avec nos amis américains. J'ai le sentiment très fort que c'est avec les institutions existantes et en utilisant les statuts de ces institutions, qui prévoyaient depuis longtemps que ce comité serait un jour transformé en un collège décisionnaire, que c'est dans cette voie là qu'il faut aller, pour plusieurs raisons.
La principale est que tous les pays - par un jeu un peu compliqué de circonscriptions représentatives mais tous les pays quand même - sont représentés au sein du comité intérimaire, ce qui n'est pas le cas du G22. C'est notamment important pour les autres pays européens qui, au G22, ne sont représentés que les pays européens du G7. Le G22, ce sont les pays du G7 plus 15 pays émergents. Donc des pays européens qui sont dans le Comité intérimaire mais qui ne sont pas dans le G22 ont évidemment tendance à considérer que le mode de sélection des pays qui a conduit à la réunion dite du G22 n'est pas totalement fondé, alors que nous avons une institution qui avait donné lieu à de longues discussions, mais qui au moins a l'avantage, même si encore une fois le système de circonscriptions est un peu compliqué, de représenter tout le monde. Donc je crois que c'est la bonne solution. Il me semble que la plupart des Européens - en tout cas ceux qui étaient là et je pense notamment à ceux de l'euro 11 -, l'ont soutenue. Je pense que l'on devrait arriver à la faire avancer. Je ne dirai pas encore qu'elle a remporté l'adhésion des Américains, ce ne serait pas vrai.
Au total, si vous avez sous la main les douze points qui font le résumé du mémorandum que la France a présenté à ses partenaires à Vienne la semaine dernière, vous verrez que pour la plupart d'entre eux, d'une manière ou d'une autre, sont repris à l'intérieur de ce communiqué comme d'ailleurs ils seront exposés par Rudolph Edlinger, mon collègue autrichien président de l'ECOFIN, à l'occasion de la réunion du Comité intérimaire demain. Sans vouloir faire un quelconque "cocorico" qui serait à la fois déplacé et ridicule, cela montre que - comme c'est d'ailleurs le cas depuis très longtemps et je veux montrer que ce n'est pas une caractéristique de ce gouvernement, mais une caractéristique de la France depuis longtemps - la France tient son rang ou sa tradition de vouloir être un peu un pas en avant en matière de proposition d'organisation ou de réorganisation du système monétaire international. Cela a été le cas depuis trente ans. C'est encore le cas aujourd'hui et comme la question est aujourd'hui davantage à l'ordre du jour qu'elle ne l'a été dans le passé, cela aboutit plutôt plus que dans le passé, parce que dans le passé, personne ne voyait suffisamment la nécessité de mener ces réformes alors qu'aujourd'hui la situation que nous venons de vivre peut justement conduire à un certain nombre de changements.
Voilà un peu le paquet que je voulais décrire. J'ai été rapide, notamment sur les questions de surveillance et de transparence parce que le gouverneur est évidemment beaucoup plus compétent que moi sur ces questions, ce qui ne veut pas dire qu'il ne l'est pas sur les autres. S'il veut bien sur ce point, comme sur les autres, commenter ou rajouter, ce serait enrichissant pour tout le monde.
Le gouverneur de la Banque de France - Merci Monsieur le Ministre. Je partage entièrement votre sentiment, naturellement, sur le fait que cela a été un G7 très important. Je crois que vous avez souligné la longueur de la déclaration. Elle est effectivement un peu exceptionnelle et à la mesure des événements que vous avez rappelés. Le consensus sur la situation des grandes zones dans le monde me paraît très grand.
Je peux simplement ajouter à ce que vous avez dit qu'en ce qui concerne l'Europe, la contribution de l'Europe est dans une certaine mesure le fait d'arriver à mettre tous les taux d'intérêts courts de la zone euro au niveau du socle de taux qui est le nôtre et celui d'un certain nombre d'autres pays - pas simplement l'Allemagne d'ailleurs. C'est désormais une majorité de pays au sein de la zone euro qui constitue maintenant un socle de taux qui sont, comme vous le savez, très bas à court terme.
On attend clairement dans d'autres zones du monde - notamment dans la zone que j'appellerai Amérique-Canada et aussi Angleterre dans une certaine mesure - une contribution qui peut revêtir une autre forme et éventuellement, comme cela a été déjà le cas aux Etats-Unis et au Canada, de baisse des taux d'intérêt. On voit bien qu'il y a là, comme le disait M. Strauss-Kahn il y a un instant, des zones qui ne sont pas dans la même position et qui contribuent à le prospérité internationale de manières différentes.
En ce qui concerne le diagnostic sur la coopération, je suis frappé de voir la convergence de vues, même s'il y a quelques différences sur les points qui vont être creusés : transparence, "disclosure" comme on dit, transparence et rapports faits sur les situations, généralisation des principes de surveillance font l'objet d'un consensus très large. De ce point de vue, il est intéressant de noter que l'idée de la transparence pour tous, non seulement pour les établissements de crédit et les banques commerciales ou pour les institutions nationales, les banques centrales, les gouvernements, mais aussi pour tous les participants du marché, fait des progrès me semble-t-il, encore que cela demande à être beaucoup précisé.
Le consensus pour généraliser au monde entier les 25 principes de base de la bonne surveillance bancaire et pas simplement au sein du G10 est également très fort. Il y a d'ailleurs une réunion qui va se tenir ce mois-ci à Sydney en Australie et qui, pour la première fois réunira les pays du G10 et les surveillants bancaires des pays émergents. C'est donc un processus qui est vraiment opérationnel maintenant.
Comme le rappelait M. Strauss-Kahn, l'idée a été de demander au président du G10 des gouverneurs en exercice, en liaison avec le président de l'IOSCO, qui est l'organisation des COB internationale, en liaison aussi avec les surveillants d'assurances qui dépendent pour la plupart des différents gouvernements, de permettre d'avoir un rapport, peut être pas dans les 15 jours parce qu'il doit tout de même prendre contact avec un certain nombre d'autres responsables, mais très rapidement. C'était le voeu des ministres et gouverneurs autour de la table. Au total, j'ai donc trouvé un bon consensus sur la situation, pas de divergences d'opinion sur la situation. Un très large consensus sur les principes de prévention et de solutions de la situation difficile dans laquelle nous nous trouvons. Et beaucoup de travail et de pain sur la planche dans tous les domaines, aussi bien architecture du FMI et de la Banque Mondiale, renforcement de la surveillance prudentielle, extension de la transparence à l'ensemble des participants du marché.
Q - Qu'est-ce qui vous fait dire qu'on ne voit pas très bien surtout sur les problèmes bancaires comment les choses vont se mettre en place au Japon ?
R - Parce que ce qui est important, c'est la restructuration du système bancaire. Les Japonais ont été clairs sur un point qui était pour moi nouveau. C'était de dire qu'il ne s'agissait pas de verser cet argent aux banques qui se révéleraient hors d'état de survivre, faire survivre des canards boiteux, ce qui est un pas important. Il reste pour les autres le problème de la conditionnalité, c'est à dire par quel mécanisme, est-ce même le principe, les trillions de yens qui sont annoncés pour restructurer le système bancaire vont-ils inciter à la restructuration ? Est-ce que ça va être distribué au prorata de la taille, ou des bénéfices ou du nombre d'employés, même en tenant à l'écart les banques dont on considère qu'elles ne peuvent pas se redresser ? Où est-ce que cela va être distribué à partir d'un projet de restructuration pour aider telle ou telle banque, telle ou telle institution qui a avec tel ou tel voisin des problèmes de restructuration. Je dois dire que j'ai du mal à avoir des informations. Peut-être que je n'ai pas bien entendu ou compris ce qui était dit.
Q - Les réponses n'ont pas été assez claires ?
R - Le gouverneur de la Banque de France - Je crois qu'ils ont quand même essayé de dire ce que souhaitait le Ministre, à savoir qu'ils allaient effectivement conditionner par des restructurations mais, comme le souligne M. Strauss-Kahn, ce qui est impressionnant c'est de voir le gap de communication qu'il y a encore avec le marché, avec l'ensemble de leur environnement. Le sentiment que M. Strauss-Kahn exprime, et qui était je crois partagé par tous, était que ce qu'ils disaient n'étaient pas perçu par l'ensemble des marchés. Beaucoup de questions consistaient à leur dire : le marché, l'environnement, les observateurs ne savent pas cela, cela ne leur est pas dit clairement.
Q - Etes-vous convaincu par ce que les Japonais ont dit ?
R - Je suis convaincu qu'ils ont pris la mesure du problème, qu'ils ont l'intention de s'y atteler et que les masses financières qu'ils évoquent sont très considérables. Sans doute ont-ils considéré eux-mêmes que les mécanismes seraient aussi efficaces s'il ne les révélaient pas tout de suite.
Q - (Sur la mention du yen dans le communiqué et sur l'évolution des marchés)
R - On suit l'évolution des marchés. On voit l'inquiétude sur les marchés. Ce qui est dit sur le yen est une idée assez simple mais qu'il était de bon de réaffirmer, nous tenons tous à ce que la parité du yen soit tenue dans des limites raisonnables. Mais on voit bien comment les marchés restent encore assez incertains par rapport à ce que les Japonais annoncent.
La recommandation qu'on évoque là c'est l'idée que nous pensons que justement les fondamentaux japonais ne justifient pas qu'il y ait une dépréciation massive du yen. A partir de là, les marchés réagissent comme ils l'entendent.
On ne parle que de l'un des deux aspects de la restructuration bancaire. Il y a des aspects de relance interne sur lequel le communiqué est laudatif.
Q - L'indice Dow Jones a gagné 52 point. Ce qui me frappe c'est qu'il n'y a pas mention dans le communiqué d'une inquiétude sur ce qui se passe sur les marchés.
R - S'il avait perdu 52 points, est-ce que vous auriez attendu une appréciation inquiète ? C'est la même situation dans la plupart des marchés financiers. La bourse de Paris au cours des 29 derniers mois a augmenté de 130 %.
Il faut faire attention à ce que ceci reste en ligne avec d'autres éléments de l'évolution économique mais il n'y a pas eu d'inquiétude manifestée pendant la réunion sur ce sujet.
Q - Y-a-t-il eu des engagements pris par les pays vis-à-vis de l'AID?
R - Il n'y a pas eu d'engagement formel. Il y a l'idée que nous devons reconstituer ce fonds. Je citais tout à l'heure à la fois l'AID, la FASR et le Fonds africain de développement. Je pense qu'on en parlera demain de façon plus détaillée au Comité intérimaire parce que cela ne concerne pas que les pays du G7. La position personnelle est qu'il est impératif que nous soyons capables de reconstruire dans de bonnes conditions notamment l'AID et la facilité d'ajustement. Je ne pense pas qu'il y ait de grandes difficultés de principe. Chacun peut ensuite, pour des raisons budgétaires et pour raisons internes, avoir des difficultés personnelles.
Q - Dans quelle mesure est-ce que la Banque de France, à l'instar de la FED, sera prête à participer à une intervention sur le marché, si on le demande, pour soutenir le yen ?
R - Le gouverneur de la Banque de France - On ne nous a rien demandé pour le moment. Nous sommes prêts à toute opération qui serait consensuelle entre toutes les parties prenantes mais ce que nous avons observé sont des opérations qui ont été, à ma connaissance, faites exclusivement pour le compte de la Banque du Japon.
Q - Avez vous discuté du Brésil spécifiquement ? Combien d'argent ? Est-ce que ce sera possible ou non ?
R - Nous avons parlé du Brésil, on ne vous dira pas combien d'argent. Ce qui caractérise le Brésil est qu'il y a une confiance, même s'il est difficile de parler avant les électeurs brésiliens, assez forte de la part des membres du G7 dans ce que le président Cardoso peut conduire et donc l'idée que le pays est évidemment le pays que l'on a à l'esprit, lorsqu'on pense qu'il y a des différences assez profondes de politiques conduites dans les pays émergents. Par conséquent, il faut pouvoir soutenir ceux qui mènent des politiques saines.
Q - Pouvez-vous nous expliquer la portée du mot "explorer" dans la nouvelle facilité qu'il s'agit d'explorer ? Quelle est la nature et la portée de l'engagement et à quelle échéance souhaitez-vous le voir aboutir ?
R - Je crois qu'il faut y réfléchir assez vite. L'idée est d'origine américaine vous le savez. Pour ceux qui n'ont pas encore lu le texte, cela fait référence, paragraphe 10, à cette capacité que nous souhaiterions voir autour du FMI, d'intervenir en amont, pour les pays qui mènent des politiques saines et qui pourraient rencontrer des difficultés et avant que celles-ci ne soient devenues des difficultés de crise. L'exploration consiste à réfléchir à comment cela peut se faire et à mettre sur pied, le cas échéant, un dispositif opérationnel.
Q - Donc le principe qu'elle se fasse n'est pas encore acquis ?
R - Non. Il faut être parfaitement clair là-dessus, car il y a des divergences non pas sur le fait d'intervenir en amont mais sur le fait de savoir si ceci doit se faire uniquement par le FMI, ou si cela peut se faire aussi sous l'égide du FMI par des interventions bilatérales que le FMI coordonnerait. Ce point est un peu technique, mais comme il n'a pas été réglé au cours d'une discussion, même si elle a duré trois ou quatre heures, il y a là-dessus une réflexion qu'il faut continuer à poursuivre. Mais il n'y a pas de divergences, en tout cas je n'en ai pas ressenti, sur la nécessité de pouvoir intervenir en amont. Maintenant, est-ce uniquement le FMI ou est-ce que c'est, comme d'ailleurs cela a été le cas de façon un peu exploratoire pour la Corée avec la seconde ligne de défense qui avait été mise en place, ce point là mérite encore visiblement quelques discussions.
Q - A propos du soutien à la croissance, vous avez insisté l'un et l'autre sur le fait que les trois grandes zones étaient dans des situations différentes. Que peut-on faire en Europe aujourd'hui sur le plan monétaire - M. Trichet a un petit peu répondu par anticipation - et budgétaire, pour consolider la croissance ?
R - Je vais répondre sur le plan budgétaire et M. Trichet va répondre sur le plan monétaire.
Sur le plan budgétaire, il y a deux choses différentes. Il y a une chose structurelle, qui est que nous sommes en période de retour à la croissance en Europe et que, je dirais de façon un peu provocatrice, un keynesiannisme bien compris conduit à vouloir reconstituer pendant cette période, des marges d'action budgétaire et donc de diminuer fortement, autant qu'il est possible, les déficits budgétaires structurels. Cela se fait dans tous les pays. Comme ils partent de déficits qui ne sont pas tout à fait les mêmes, ils ne sont pas aux mêmes niveaux. Soyons clairs, de ce point de vue là, la France est en queue de peloton. Elle est en queue de peloton pour ce qui est du niveau de ce déficit ; elle n'est pas en queue de peloton pour ce qui est de l'effort accompli. L'effort accompli entre 1998 et 1999 par exemple, diminuant le déficit des comptes publics de 3% à 2,3%, un effort de 2,7 points de PIB, est l'un des deux plus grands des pays européens.
Mais comme nous partions d'un peu plus loin nous restons avec 2,3% en 1999, un des pays européens ayant le plus grand déficit. Cet effort là doit être fait, d'abord parce que ces déficits sont excessifs, mais aussi parce que c'est le moment de les réduire quand on a un retour suffisant à la croissance. L'autre aspect, c'est que cette diminution ne doit pas conduire - et c'est la position du gouvernement français - à mettre en place des situations budgétaires qui auraient des impacts déflationnistes. Le choix qui a été fait par la France d'avoir une croissance de la dépense publique de 1% (c'est-à-dire sensiblement inférieure en termes réels à la croissance du PIB, ce qui conduit donc à une diminution de la part de la dépense publique d'Etat par rapport au PIB puisque la croissance du numérateur sera plus faible que la croissance du dénominateur) est un choix raisonné d'un équilibre entre la nécessité de faire baisser le déficit et néanmoins de ne pas avoir une dépense publique d'Etat qui aurait un effet déplacé.
Il y a donc les deux aspects. Aspect structurel et aspect plus conjoncturel et qui, évidemment, peut varier. Voilà pour la partie budgétaire. La partie monétaire relève de qui de droit.
R - Le gouverneur de la Banque de France - Sur la partie monétaire, je crois en effet avoir répondu par anticipation. Nous avons un socle de taux en Europe qui s'agissant du taux d'intervention de la Banque centrale, est comme vous le savez de 3.3%. On parle souvent dans la presse internationale de socle de taux franco-allemand ou germano-français. Nous avons et encore d'ici la fin de l'année et de manière échelonnée suivant les décisions qui seront prises, abaissé les taux d'intérêt de manière extrêmement substantielle dans un certain nombre de pays. Ce n'est pas à nous de nous substituer à eux, mais il est clair qu'il faudra qu'il y ait des baisses substantielles dans un ensemble de pays qui, au total, représentent un peu plus du tiers du PIB de l'ensemble de la zone.
On est donc là, clairement, en ligne avec ce qui a toujours été notre stratégie de convergence - c'est-à-dire de convergence vers les meilleurs en matière de crédibilité monétaire, de confiance dans la monnaie, donc de bas taux d'intérêt aussi puisque les deux vont de pair. Cette convergence vers les meilleurs n'est toujours pas achevée. Elle sera achevée en fin d'année et c'est évidemment un élément important ; un calcul arithmétique et théorique montre que, si les taux des pays qui sont beaucoup plus élevés que le socle des taux étaient ramenés au niveau d'aujourd'hui du socle des taux, cela représente un potentiel de baisse équivalent, pour l'ensemble du PIB de la zone euro, de l'ordre de 40 points de base; c'est donc quelque chose d'important. Je n'en dis pas plus sur ce point. Nous allons voir comment tout ceci va s'organiser d'ici la fin de l'année, mais enfin la fin de l'année, c'est dans moins de trois mois maintenant.
Si vous me le permettez Monsieur le ministre, dans les prévisions du FMI, qui pourtant ne sont pas très optimistes avec 2% seulement de croissance mondiale, l'Europe est en pointe au sein des pays industrialisés. C'est elle qui contribue le plus, dans leurs analyses pour 1999, à la croissance de l'économie mondiale. La France, au sein des 7, est l'un des deux pays qui sont classés en tête. Nous sommes donc crédités de la plus forte croissance par les experts internationaux au sein des grands industrialisés pour 1999. Le reste du monde attend de nous, il attend de l'Europe et de notre pays, une contribution substantielle à la prospérité internationale. Le fait que l'Europe de la zone euro soit un très vaste ensemble dans lequel la demande interne est en train de croître, un ensemble dans lequel, je le disais, les taux doivent être ramenés au niveau du socle des taux français et allemands est un élément évidemment positif dans ces perspectives. Il y a aussi le fait que l'Europe, la zone euro, dépend moins de l'extérieur que chacun des pays ne dépendait lui-même de l'extérieur. Le commerce extérieur, au total, ne représente qu'un peu moins de 10% du PIB de l'ensemble de la zone euro. Ce sont des éléments que l'ensemble des Européens doivent avoir en tête, parce qu'ils se sentent peut-être, à certains égards, plus vulnérables qu'ils ne le sont en réalité, car ils raisonnent économie par économie et pas ensemble de la zone.
Q - Monsieur le Ministre, vous nous avez dressé un cadre très précis, mais qui va demander un peu de temps. Or, les marchés n'attendent pas. Il y a des gens qui disent que si la situation au Brésil n'est pas celle qu'on décrit, on pourrait très bien être amené à ne pas ouvrir certains marchés lundi. Est-ce que vous pensez pouvoir donner ce fameux "signal fort" dont tout le monde parle, c'est-à-dire qu'il faudrait une chose toute simple. Quelle pourrait être cette chose simple ?
R - Je vais vous dire exactement comment je ressens les choses de ce point de vue là. Je vous l'ai dit à bas mots en commençant. Sans doute y avait-il eu sur les marchés d'actions notamment des hausses excessives. Ces hausses sont aujourd'hui compensées. La chose simple nécessaire est que les différents investisseurs se convainquent - et les raisons objectives sont là pour qu'ils s'en convainquent -, que le G7, non seulement se considère, mais agit comme le pilote dont on a besoin dans l'avion. Je crois que le communiqué que vous avez entre les mains répond à cela et qu'un certain nombre des orientations qui y sont données répondent à cette préoccupation. Vous dire dans quelle mesure les opérateurs sur les marchés le ressentiront comme je le souhaite, ce n'est pas possible. Je pense qu'il y a toutes les raisons pour que, se tournant vers les fondamentaux effectifs de l'économie en Europe comme aux Etats-Unis, le mouvement qui a existé sur les bourses se tarisse dans les jours qui viennent. A partir de là, on verra comment les choses évoluent.
Q - Les fondamentaux n'ont pas fondamentalement changé depuis 15 jours. Pensez-vous sérieusement que ce communiqué-là soit de nature à calmer les marchés, puisque vous avez déjà fait un communiqué il y a 15 jours qui avait un peu la même teneur ?
R - Si vous faîtes l'hypothèse que les fondamentaux n'ayant pas changé en 15 jours il n'y a rien qui change, il n'y a aucune raison, jamais que la baisse des marchés s'arrête. Or, le point de vue logique est qu'il est probable qu'un jour elle s'arrête quand même. La question est de savoir quand.
Q - Cela réglera la question...
R - Je ne suis pas sûr que cela se passe comme cela. La réalité est que les décisions qui sont prises ici en matière organisationnelle, en matière d'affirmation des problèmes de transparence, de restructuration du système financier international, ou de volonté de chacun des pays, dans chacune des zones, de soutenir par les moyens appropriés la croissance, sont des décisions extrêmement fermes, qui engagent les gouvernements, les opérateurs sur les marchés.
Q - Tout cela était déjà dans le communiqué d'il y a quinze jours...
R - Non, ce n'est pas du tout le même communiqué. Ce n'est pas le même communiqué, comparez les mot-à-mot et vous verrez. Surtout, le communiqué d'il y a quinze jours n'était pas le communiqué qui avait été délibéré. Je suis à peu près convaincu que tout opérateur agissant sur une base un tant soit peu rationnelle - c'est évidemment un débat ouvert, mais ceux qui n'agissent pas sur une base rationnelle finissent par perdre de l'argent, c'est la réalité historique ; tout opérateur peut évidemment faire le choix de perdre de l'argent mais en général ce n'est pas l'objectif poursuivi - la situation à laquelle on est arrivé aujourd'hui ne comprend plus aucun élément rationnel de baisse. Donc, si les marchés ont un sens - et je pense qu'ils en ont un -, ce phénomène doit se retourner et ce qui est affirmé en matière de leadership et d'organisation va tout à fait dans ce sens là. Maintenant si vous me demandez si l'ouverture des bourses lundi matin va donner lieu à un rebond maximum, je ne répondrai pas à cette question.
Q - Oui sauf qu'on s'attendait à un signal fort et là le signal...
R - Sauf que vous répétez toujours tous cela et personne ne dit ce qu'est le signal fort. Le pilotage du système financier n'est pas l'invention successive d'une série de gadgets. Il n'y a pas de signal fort consistant à sortir un lapin de son chapeau. Il y a un signal fort dans l'affirmation par les 7 ministres des Finances des économies les plus importantes, les 7 gouverneurs concernés plus M. Duisenberg que notre vision de l'économie mondiale est commune, nos dispositions que nous entendons prendre sont celles-ci. Aux opérateurs sur les marchés maintenant de se conformer à cette vision là, ou de la mettre en doute. S'ils la mettent en doute, je pense qu'ils en seront pour leurs frais.
Q - Etes-vous satisfait aujourd'hui de la nature de l'information que vous avez sur les engagements des banques françaises à l'égard des "hedge funds" ?
R - Si vous me demandez si je suis satisfait des informations dont on dispose sur les contreparties, sur les activités des "hedge funds", la réponse est non et c'est la raison pour laquelle des modalités nouvelles doivent être mises en place.
Q - Justement il peut se produire à tout instant une faillite. On est sur un champ de mines en ce moment.
R - Le fait qu'il peut se produire à tout moment une faillite est une caractéristique de l'économie de marché depuis toujours.
Q - ... et des grosses faillites.
R - ... même des grosses faillites.
Q - Dans des marchés hypersensibles cela peut relancer ...
R - C'est pourquoi il est urgent, et je suis content que cela se déclenche visiblement aujourd'hui - j'aurais préféré que cela se déclenche plus tôt, je l'ai dit tout à l'heure, mais enfin c'est comme cela -, il était urgent qu'il y ait la nécessité d'avoir une collecte d'informations, un rassemblement de ces informations sur l 'ensemble des positions de marché.
Q - Le signal fort n'aurait-il pas été plutôt d'aller plus loin que l'évasif "explore" dans la constitution de ce fond de secours qui interviendrait en amont ?
R - Non, je ne crois pas car le principe d'intervenir de cette manière là est acté ; ce sont les modalités qu'il faut explorer. J'ai un peu décrit le contenu tout à l'heure. Le principe est acté mais de toute façon je ne suis pas obligatoirement de l'avis que ce soit par la mise en place de modalités chaque jour nouvelles qu'on répond aux problèmes. Nous avons des modalités d'intervention, pour le moment il y a un problème très aigu qui est que les engagements pris en matière de quote-part soient remplis. Cela est une réalité, de ce point de vue là l'engagement du gouvernement américain dans ce sens, renouvelé avec beaucoup de force, a une grande signification. Pour autant il est vrai que la possibilité d'intervenir en amont existait déjà mais pas de façon importante et elle a été admise et souhaité par tout le monde. On va en voir exactement les modalités. C'est un élément du signal. Je crois que le signal fort s'il y an a un, moi je le ressens comme ça, c'est la détermination d'agir sur toutes les touches du clavier. La touche qui concerne la croissance, les touches qui concernent la régulation, l'architecture, l'organisation, la surveillance, la transparence.
Q - N'y-a-t-il pas une crise profonde des institutions financières internationales ?
R - Je crois qu'on a besoin de faire évoluer ces institutions. Je le disais tout à l'heure d'une phrase en disant qu'elles ont été construites il y a des décennies qu'elles avaient un peu évolué dans la période mais pas assez. On a besoin de les faire évoluer. La ligne qui me semble juste pour les faire évoluer c'est que les responsables politiques prennent leurs responsabilités et que par conséquent, dans ces institutions, les grandes orientations, les choix stratégiques lourds, pas la gestion quotidienne, soient faits par les responsables politiques qui ne doivent donc intervenir non plus seulement maintenant dans des instances consultatives mais des instances délibératives ; c'est un choix extrêmement important et j'essaye d'y inviter tous ceux qui veulent me suivre. Je constate qu'il y en a un certain nombre, croissant, mais ce n'est pas encore le cas de tout le monde. Il me semble que pour le coup il y a là quelque chose de fondamental qu'il faut effectivement faire bouger.
Q - Ne faut-il pas aller vers la fusion des institutions ?
R - Honnêtement, je n'en vois pas des avantages aussi nets que cela. Pour autant je ne veux pas dire que je suis contre. Ce qui est clair c'est que les institutions collaborent de façon plus étroite qu'elles ne l'ont fait jusqu'à maintenant. Est-ce que c'est obligatoirement un problème de fusion, je n'en suis pas sûr. Ce sont deux institutions qui ont des fonctions différentes : le FMI des fonctions macro-économiques et d'équilibrage de comptes notamment extérieurs en cas de crise ; la Banque mondiale d'actions structurelles et notamment dans le domaine social au sens le plus large du terme. Ce sont deux fonctions différentes, alors on peut faire deux départements dans la même institution mais cela ne change pas grand chose. Fusionner généralement c'est devenir plus gros en réunissant deux choses qui font la même chose.
Q - Faut-il réduire les effectifs dans ces institutions comme le pense Tony Blair ?
R - C'est certainement une bonne idée si c'est une idée de Tony Blair. Pour autant la réduction des effectifs ne me semble pas être au centre de la réorganisation du système financier mondial aujourd'hui.
Q - Que se passera-t-il si le Congrès refuse le refinancement du FMI ?
R - En fait, c'est la Chambre des Représentants car du côté du Sénat la question est réglée. Les parlementaires américains ont quand même un choix devant eux qui va être celui de savoir s'ils remplissent leur engagement, finançant par là la quote-part qui leur revient, ou bien s'ils acceptent en contrepartie d'avoir les inconvénients qui sont qu'un certain nombre d'économies pour lesquelles le FMI peut avoir à intervenir ne pourront pas bénéficier de cette intervention. Et donc d'une façon aussi "cynique et égoïste", entre guillemets, qu'on peut parfois l'être quand on s'intéresse à l'économie de son propre pays, c'est pour l'économie des Etats-Unis elle-même qu'il est nécessaire aujourd'hui que la quote-part soit votée . Ce n'est pas pour le bien de ces institutions monétaires internationales, mais c'est pour le bien même de l'économie américaine dans les mois et l'année qui viennent qu'il est nécessaire que le FMI puisse faire son travail.
Q - M. Oskar Lafontaine a préconisé la baisse du socle des taux d'intérêt en Europe. Est-ce une bonne idée ?
R - Quant au niveau des taux, le gouverneur en a parlé. Nous allons assister à une baisse des taux en Europe dans les trois mois qui viennent par le simple fait de la convergence des économies qui aujourd'hui ont des taux plus élevés : les Italiens , les Espagnols etc.. Chacun est libre de s'exprimer. Je ne sais pas en quelle qualité Oskar s'est exprimé aujourd'hui car autant que je sache le gouvernement allemand n'est pas encore totalement formé . Donc il a encore un peu de liberté, après il sera pieds et poings liés dans la difficile fonction qu'il choisira peut-être de remplir.
Q - (Sur l'existence d'une demande exercée sur la France par d'autres pays pour qu'elle réduise ses taux d'intérêt)
R - Quand on peut avoir les taux d'intérêts les plus bas possibles c'est mieux que d'avoir les taux les plus élevés. Aujourd'hui nous avons en France et en Allemagne, à part le Japon qui est un cas très particulier, les taux d'intérêt les plus bas du monde. Si l'équilibre macro-économique conduit à ce que les taux d'intérêt soient plus bas encore personne ne s'en plaindra mais c'est un problème d'équilibre économique d'ensemble, ce n'est pas une sorte de remède magique. Il y a d'autres économies dans lesquelles il est très souhaitable que les taux baissent, voir la situation italienne par exemple, et la convergence se fera comme on la toujours dit, à l'époque on ne nous croyait pas : elle se fera vers les taux les plus crédibles de l'Union. Quarante points de base, grosso modo un demi point sur la moyenne européenne réparti sur tout le monde, cela correspond à la contribution en matière de baisse de taux de l'Europe.
Q - Quels sont les pays qui soutiennent la proposition française de transformation du Comité intérimaire du FMI ?
R - J'ai été clair là-dessus : un certain nombre de pays la soutiennent et un certain nombre de pays disent qu'ils ont besoin d'y réfléchir encore. Les pays européens de l'euro 11 soutiennent cette proposition.
Q - Et les Etats-Unis ?
R - Les Etats-Unis ont accepté que l'on mette cela en discussion, la preuve c'est que c'est dans le communiqué. Je ne dis pas du tout, cela ne serait pas vrai, que les Etats-Unis sont favorables à cette proposition.
Comité interimaire du fonds monétaire international, le 4 octobre 1998 (Washington)
1- Une situation internationale préoccupante
Cette réunion intervient dans un contexte économique et financier particulièrement préoccupant. Depuis notre dernière rencontre en avril dernier dans cette même enceinte, l'instabilité financière internationale s'est étendue au-delà de l'Asie. Elle s'est propagée et aggravée, non seulement dans les pays émergents, mais également dans les pays industrialisés. De nouvelles crises de change ont eu lieu, en particulier en Russie. Et la croissance de l'économie mondiale a fortement décéléré, comme le confirment les chiffres prévision récemment publiés par le FMI.
Nous ne devons certes pas oublier les bonnes nouvelles : la poursuite de l'expansion américaine, le redressement de la croissance en Europe, la stabilité de la Chine, les progrès de l'ajustement en Asie de l'Est, la bonne performance de l'Afrique. Mais nous ne devons pas non plus nous cacher la réalité : la situation internationale est sérieuse, elle appelle de notre part des initiatives. C'est pourquoi la France a récemment mis en avant un certain nombre de propositions, que nous avons tenu à discuter d'abord avec nos partenaires européens. Je suis très heureux de constater que la Présidence autrichienne reprend au nom de l'Union européenne la plupart de ces propositions. Elles ont aussi reçu, à la suite de la réunion ministérielle de jeudi dernier, le soutien de nos quatorze partenaires africains de la zone franc. D'autres propositions ont été faites, notamment par les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Le prochain chancelier allemand, qui était récemment à Paris, a déjà indiqué qu'il considérait ces questions comme prioritaires, et je crois que nous avons spontanément une grande proximité de vues. Le Japon a annoncé des mesures. Le FMI et la Banque mondiale ont également des propositions à faire. Ces différentes idées se rejoignent sur bien des points. Je crois donc que le moment est venu de définir, ensemble, un programme d'action comportant deux volets : des initiatives immédiates, et des actions à plus long terme.
Quels sont en effet les enjeux ? Je vois deux enjeux principaux : la croissance et la stabilité économique et financière mondiales sont menacées ;
la confiance dans les mérites de l'ouverture et de la libéralisation est entamée.
Jusqu'à cet été, l'économie mondiale était engagée dans un processus d'ajustement aux conséquences du choc qu'avaient subi les économies asiatiques. Cet ajustement était douloureux pour les pays en cause. Il était compliqué par la mauvaise situation économique du Japon. Il était délicat en raison de l'ampleur des flux en jeu, et il comportait à l'évidence un coût en croissance pour l'ensemble des économies, mais il s'opérait. Depuis la crise russe, nous connaissons en plus un choc financier très brutal, dont la caractéristique essentielle est que le prix que les opérateurs financiers attachent au risque a connu dans le monde entier un relèvement soudain, indifférencié et excessif. Je ferais sur ce point trois remarques :
les marchés ont montré qu'ils peuvent réagir de manière extrême et injustifiée vis-à-vis d'un pays, le mettant ainsi en difficultés, sans réellement discriminer entre des situations essentiellement saines et des situations effectivement périlleuses. L'évolution du jugement des marchés sur l'évolution au Brésil me paraît de ce point de vue caractéristique d'une insuffisante différenciation exemplaire. Les problèmes rencontrés par certains types d'institutions financières privées - les hedge funds en particulier - témoignent d'un manque de prudence insoupçonné et d'une mauvaise appréciation des risques par les banques qui ont soutenu ces fonds. Cette situation pose à la communauté financière la question de savoir s'il est acceptable que des institutions privées prennent de manière fort peu transparente des risques considérables, à tel point qu'il faut in fine qu'une banque centrale se porte à leur secours pour éviter une dangereuse contagion. Les marchés d'actions connaissent depuis plusieurs semaines des corrections rapides et fortes. Sans doute le risque était-il sous-évalué. Mais la sur-réaction récente est, à bien des égards, aussi irrationnelle que l'était l'exubérance d'hier.
Ces évolutions ne peuvent être seulement imputées à des erreurs de politique économique, bien que celles-ci soient dans certains cas indéniables. Elles ne peuvent non plus être imputées à l'action des institutions financières internationales, même si celles-ci ont initialement sous-estimé le caractère global des problèmes rencontrés par les pays qui faisaient appel à elles. La déstabilisation de nombreux pays émergents, l'accumulation d'actifs médiocres au bilan des institutions financières, la situation des banques japonaises et l'exposition des banques des pays industriels aux risques de marché ou à celui des hedge funds nous ont fait entrer dans une situation d'insécurité financière. Le fonctionnement des marchés financiers est clairement en cause. C'est cela qui nourrit, nous le voyons bien autour de nous, des doutes croissants sur les mérites de l'ouverture financière.
Je veux sur ce point être très clair : la circulation internationale des capitaux est nécessaire. Elle peut, elle doit, contribuer au développement et à la croissance dans les pays en développement à forts besoins d'investissement comme dans les pays développés et à fort taux d'épargne. Mais elle doit être organisée et maîtrisée. La crise actuelle vient nous rappeler qu'aucun marché ne fonctionne bien sans règles et sans institutions. Cela s'applique tout particulièrement aux marchés financiers.
Si nous savons redéfinir les règles et réformer les institutions de notre économie mondialisée, nous créerons un cadre solide pour la croissance et le développement. L'alternative d'aujourd'hui n'est pas entre des marchés libres et des économies administrées. Elle est entre des marchés qui fonctionnent au bénéfice du développement, parce qu'ils sont organisés, et le rejet d'une libéralisation perçue comme porteuse d'instabilité. Voilà pourquoi nous devons agir.
2 - Il faut préserver la croissance mondiale et restaurer la stabilité financière.
Face au choc que nous subissons, les politiques économiques ne sont pas impuissantes. Comme l'a récemment souligné le récent communiqué du G7, nous savons clairement à quel risque nous faisons face, et nous avons les moyens de le combattre. La situation est très différente de celle qu'elle était lors des récessions mondiales que nous avons connues dans les dernières décennies : nous connaissions simultanément la récession et l'inflation. On parlait alors de stagflation.
Grâce aux efforts prolongés et tenaces qu'ont consentis nos pays, ce n'est plus du tout le cas. Nos "fondamentaux" sont bons et face à une menace clairement identifiée, les politiques macro-économiques retrouvent toute leur efficacité.
Les Etats-Unis ont ces dernières années fait preuve d'une grande dextérité dans la gestion de leur économie. Ils disposent de marges de manoeuvre monétaire et budgétaire qui devraient leur permettre d'amortir en partie les effets du choc.
L'Europe est désormais un moteur essentiel de l'économie mondiale. La croissance s'est renforcée dans la zone euro, dont la dynamique interne est généralement entrée dans un cercle vertueux où créations d'emplois et stabilité des prix entretiennent la confiance, soutiennent la consommation, et stimulent l'investissement. Cela ne veut pas dire qu'elle puisse ignorer la dégradation de son environnement externe. Mais elle a les moyens d'y faire face. Avec l'euro, onze pays se sont dotés de la capacité de conduire une politique monétaire commune et de coordonner leurs politiques économiques. Il doivent être prêts à en faire usage, à brève échéance si besoin, pour renforcer le dynamisme de la demande intérieure, et contribuer ainsi de façon décisive à la croissance mondiale. Dans la zone euro, il est acquis que d'ici le 31 décembre, la convergence des taux d'intérêt à court terme vers les niveaux des pays du coeur du SME d'ici le 31 décembre s'accompagnera d'une baisse significative du taux d'intérêt moyen de la zone. Pour déterminer s'il convient d'amplifier ou prolonger ce mouvement, les autorités responsables devront prendre en compte non seulement les perspectives de prix et d'activité dans la zone, mais aussi la nécessité d'assurer un fonctionnement harmonieux du système financier international et d'éviter des variations excessives des taux de change entre grandes monnaies.
Parce qu'elles demeurent deux grandes zones de prospérité dont le poids dans l'économie mondiale est considérable, l'Europe et les Etats-Unis doivent coopérer pour soutenir la croissance mondiale et éviter les répercussions en chaîne des incidents financiers. Nos politiques n'ont pas besoin d'être identiques, car nos conjonctures ne sont pas les mêmes. Mais gouvernements et banques centrales doivent éviter tout ce qui pourrait contribuer à accroître la volatilité des changes entre le dollar et les monnaies européennes, ou à donner lieu à des mouvements excessifs des taux de changes. Je sais que c'est un souci que partagent les responsables américains ainsi que les nouveaux responsables allemands.
Le rôle du Japon est central dans la résolution de la crise asiatique, et plus largement dans l'économie mondiale. Depuis plusieurs mois, les dirigeants japonais ont progressivement pris la mesure de la situation qui est celle de leur économie et de leur système bancaire. Il ont annoncé des mesures positives, mais le redressement tarde et la situation financière est préoccupante. C'est pourquoi j'ai proposé à mes partenaires européens que nous indiquions ensemble au gouvernement japonais l'importance que nous attachons à une action de redressement ambitieuse, résolue et lisible. La restructuration du secteur financier devra en particulier être menée avec transparence et détermination : elle est nécessaire pour restaurer la confiance des agents en leur économie et, au-delà, pour contribuer à la reprise de l'économie réelle en Asie.
On ne peut que saluer et soutenir les progrès obtenus par les politiques d'ajustement courageuses menées dans la plupart des pays émergents en Asie, de même que la réaction des autorités des pays d'Amérique latine face à l'instabilité financière. Le potentiel de croissance de ces économies demeure. Et le fait qu'elles aient très généralement réussi à éviter un dérapage inflationniste ou une dérive des finances publiques est très rassurant. Reste, en Asie, le problème de l'endettement privé qui handicape la reprise de la demande intérieure, et sur lequel le président Clinton a fort justement attiré l'attention. Il nous faut examiner comment ils peuvent y parvenir avec les autorités de ces pays. Reste la crise russe, dont la solution est avant tout entre les mains des Russes eux-mêmes. Nous sommes prêts à reprendre le dialogue avec les autorités russes sur les conditions et les modalités d'un appui à la stabilisation et aux réformes.
Dans ce contexte, la communauté internationale doit clairement marquer son soutien aux pays en développement et aux pays en transition en apportant aux institutions financières internationales les moyens de leur action. Les ressources du FMI ne sont pas aujourd'hui à un niveau satisfaisant en regard des besoins potentiels des pays touchés par la crise. Par conséquent, la mise en oeuvre rapide de l'augmentation des quotes-parts constitue une exigence absolue. Notre gouvernement en soumettra le projet au parlement d'ici la fin de l'année. Je fais à cet égard appel au sens de la responsabilité des dirigeants politiques américains : il ne faut pas que les Etats-Unis fassent défaut. Mais cette augmentation sera effective avant quelques mois. Dès lors, je crois qu'il est de la responsabilité des pays qui en ont la capacité de se tenir prêts si nécessaire à fournir par avance des ressources exceptionnelles au Fonds. La France y est prête, dans un cadre multilatéral assurant un partage équitable de la charge.
Il importe enfin de prendre des mesures d'urgence en matière de réglementation des marchés financiers. Je reviendrai dans un instant sur les leçons que nous devons tirer de la crise. Mais dans l'immédiat, il faut que la communauté internationale se donne les moyens d'évaluer les risques.
Aucun agent financier, des fonds d'investissement aux centres off-shore, ne doit échapper aux obligations de reporting et transparence. Les événements récents soulignent à l'évidence qu'il faut d'urgence faire l'inventaire des engagements des banques du G10 à l'égard des fonds à risque, et mettre en place au cours de l'année 1999 des obligations de reporting et de transparence des hedge funds. Cela contribuera à limiter les risques d'aléa moral.
3- Il faut construire les fondations d'un " nouveau Bretton-Woods "
Il ne suffit pas de parer au plus pressé. Il faut refonder le système monétaire et financier international, en prenant en compte la réalité d'une économie mondiale plus diverse, plus ouverte et plus instable qu'il y a cinquante ans, lorsque les institutions de Bretton Woods furent créées. Cette crise ne remet pas en cause l'utilité de ces institutions, bien au contraire. C'est le dialogue entre pays industriels et pays émergents qui témoigne d'insuffisances. Ce sont les infrastructures des marchés et leur régulation qui montrent des dysfonctionnements. La communauté internationale doit prendre plus de responsabilité dans l'organisation du système. Les institutions de Bretton Woods en sont l'outil incontournable. Leur rôle doit donc être étendu. Je ne vais pas reprendre ici l'ensemble des idées que la France a avancées dans le mémorandum que j'ai présenté à nos partenaires européens, mais je voudrais mettre l'accent sur quelques points.
Renforcer le gouvernement des institutions. Le FMI, pierre angulaire du système, ne tient sa légitimité que du soutien de ses actionnaires, les Etats membres eux-mêmes, qui seuls répondent de la politique générale menée par l'institution devant l'opinion publique. C'est pourquoi il faut renforcer ses moyens et sa légitimité politique. Un renforcement du "gouvernement" des institutions financières internationales me paraît donc indispensable. Les gouverneurs du Fonds doivent jouer un rôle plus actif et plus fréquent dans le cadre d'une instance représentative de la diversité des pays impliqués dans les échanges financiers internationaux. C'est pourquoi je défends le principe d'une transformation de notre Comité intérimaire en Collège, comme le prévoient d'ailleurs les Statuts. Nous serions ainsi en mesure de décider directement des orientations stratégiques du Fonds et de ses engagements les plus lourds. Nos représentants au Conseil d'administration continueraient naturellement à assurer la mise en oeuvre de ces orientations.
Pourquoi défendre avec tant de vigueur cette option ? Parce qu'il y a des sujets sur lesquels les ministres eux-mêmes doivent se pencher et apprécier les actions à conduire : la libéralisation plus ordonnée des mouvements de capitaux, la définition des règles de transparence et de supervision des marchés financiers, ou la mise en place sous l'égide du FMI d'une clause de sauvegarde financière ne sont pas des sujets sur lesquels nous pouvons nous contenter de demander à nos meilleurs experts de travailler. Nous devons prendre nos responsabilités. Parce que c'est seulement ainsi que nos institutions seront effectivement soutenues dans leurs actions quotidiennes. Parce que je préfère un cadre organisé où chacun Etat est représenté plutôt que de m'en remettre au bon vouloir de l'invitation à dialoguer de l'un d'entre nous, quelles que soient ses bonnes intentions.
Dans l'Union européenne, nous avons deux échelons de travail. Nos experts et nos ambassadeurs préparent les travaux. Les points essentiels remontent au Conseil des ministres qui décide. Je demande qu'on s'inspire de ce principe pour gérer l'économie mondiale.
Assurer la solidité et la transparence des marchés financiers. La refonte du système monétaire et financier international passe par ailleurs par la mise en place d'une régulation renforcée afin d'assurer un meilleur fonctionnement des marchés, au bénéfice d'une croissance juste socialement. Sous l'impulsion notamment de Gordon Brown, nous avons mis l'accent sur la transparence des pouvoirs publics et des institutions internationales. Je me félicite des travaux en cours sur ce thème. Mais je voudrais souligner que la transparence du secteur privé revêt également une importance cruciale pour le bon fonctionnement des marchés. Ceci est particulièrement vrai du secteur financier, qui doit apprendre à mieux évaluer les risques qu'il prend en utilisant à meilleur escient l'information existante. Mais il doit également appliquer le principe de transparence à ses propres activités, notamment vis-à-vis des autorités monétaires et prudentielles. C'est pourquoi je propose l'élaboration d'une Charte sur la transparence du secteur privé. L'effort en matière de réglementation prudentielle et de supervision doit être intensifié. Aucun agent financier, des fonds d'investissement aux centres off-shore, ne doit en effet échapper aux obligations de reporting, qui sont essentielles pour la maîtrise du système. Les événements récents le soulignent à l'évidence. Ils invitent à mettre en place au cours de l'année 1999 une supervision prudentielle des hedge funds. Ce pourrait être une des premières missions du comité permanent de réglementation des marchés financiers internationaux dont Gordon Brown a proposé la création.
Pour assurer la stabilité financière, il importe aussi de renforcer les infrastructures financières des pays émergents. Les institutions financières internationales doivent continuer de faire porter leurs efforts sur l'adoption de mesures structurelles dans les pays en développement. Elles doivent aider ces pays à se doter de l'ensemble des infrastructures financières, mais aussi juridiques et sociales nécessaires à une ouverture bénéfique aux marchés financiers internationaux. Seules des institutions nationales fortes, au sein d'un Etat de droit stable et efficace, permettent en effet de tirer profit des opportunités offertes par l'accès aux capitaux internationaux. C'est un domaine dans lequel la coopération entre les deux institutions de Bretton Woods pourrait être utilement renforcée.
Mettre en oeuvre la libéralisation des mouvements de capitaux de manière ordonnée et progressive. Le processus de libéralisation des capitaux doit lui-même être ordonné, progressif et doit suivre, et non précéder, comme on l'a trop souvent observé dans un passé récent, la mise en place des infrastructures financières nécessaires à l'accueil de ces capitaux. Dans ce cadre, un facteur de stabilité incontestable réside dans la promotion des capitaux à long terme, notamment l'investissement direct étranger. Mais cela n'empêchera pas un pays de taille moyenne de subir des entrées de capitaux excessives. C'est pourquoi une régulation adéquate des entrées de capitaux à court terme fondée sur des règles de marché et reposant par exemple sur des dispositifs fiscaux visant à freiner les afflux excessifs de capitaux volatiles, ne doit certainement pas constituer un tabou. Enfin, nous devons reconnaître que des circonstances exceptionnelles peuvent rendre indispensables des mesures d'urgence de "sauvegarde financière". Plutôt que de les voir s'opérer, elles peuvent s'avérer très côuteuses et provoquer des risques de contagion, surtout si elles sont prises de façon unilatérale, avec tous les risques que cela peut comporter, sans concertation préalable. C'est pourquoi je propose je crois grandement préférable que leur mise en oeuvre éventuelle, pour une période déterminée, fasse l'objet de règles établies à l'avance, d'une concertation préalable, et d'un contrôle multilatéral. C'est bien un nouveau régime multilatéral des mouvements de capitaux privés qui doit être mis en place, sous l'égide du FMI. Il faudra bien entendu par ailleurs maintenir un flux suffisant de capitaux publics.
Maintenir un flux suffisant de capitaux publics. Le renforcement de la stabilité financière et monétaire internationale ne se fera pas en oubliant des pans entiers de l'économie mondiale. Je considère à ce titre que l'aide publique au développement doit être intensifiée, non seulement parce que cela est juste, mais aussi parce que les capitaux publics constituent un facteur stabilisant. Dans ce même esprit, il convient de ne pas oublier également les effets sociaux des programmes d'ajustement, et de prévoir systématiquement des dispositions capables de protéger les catégories les plus exposées des populations. Je souscris pleinement à l'idée de Gordon Brown de développer un code des politiques sociales au sein des Institutions de Bretton Woods, en étroite liaison avec l'OIT. Un tel code doit pouvoir être compatible avec les différents modèles sociaux qui relèvent de la souveraineté de chacun des Etats.
Associer le secteur privé à la résolution des crises. Enfin, les outils de la gestion des crises doivent être améliorés. Le secteur privé doit être associé à cette gestion, et y participer financièrement de façon solidaire. A ce titre, il serait souhaitable que la solidarité des créanciers obligataires soit renforcée en amont, via des clauses portant sur les titres internationaux ou, plus efficace encore, grâce à une législation adaptée des principales places financières internationales. Le concept de comités de créanciers, auxquels seraient associés le FMI, les autorités nationales et le cas échéant le Club de Paris constitue une piste intéressante pour promouvoir la coopération en matière de règlement des crises.
Ces propositions n'épuisent évidemment pas la liste des questions qui se posent à nous. Il importe aussi, par exemple, que nous réfléchissions à l'organisation monétaire internationale, afin de voir comment organiser au mieux, et dans la stabilité, la coexistence de grands ensembles monétaires intégrés et d'économie de plus petite taille, plus ouvertes, et dont la structure d'échange est diversifiée. Nous devons également tirer les leçons des crises de change afin de déterminer quels sont pour des économies émergentes les politiques de change les plus robustes. Nous devons enfin renforcer tout le volet social de l'accompagnement des programmes d'ajustement. Je trouve à cet égard intéressante l'idée lancée par Gordon Brown d'élaborer, en étroite liaison avec l'OIT, un code de bonnes pratiques en matière de politiques sociales, pour affirmer que la communauté internationale reconnaît et encourage la responsabilité des Etats dans ce domaine. La Banque mondiale peut à cet égard jouer un rôle important. Un tel code doit bien entendu être compatible avec les différents modèles sociaux existants, qui relèvent de la souveraineté de chacun des Etats.
4- L'introduction de l'euro favorisera un meilleur équilibre monétaire.
Je ne vous ai pas parlé de l'euro. Parce que plus personne n'a de doute sur son avènement prochain, et que son rôle stabilisateur pour nos économies apparaît déjà clairement pour les pays de la zone. Je voudrais seulement, en conclusion, souligner trois points importants.
C'est pourquoi nous devons de tenter d'étendre la zone de stabilité de l'euro pour étendre la stabilité monétaire aux pays voisins. Il est souhaitable que les autres pays de l'Union européenne participent au SME bis. Je me réjouis des décisions prises le week-end dernier à Vienne sur la participation du Danemark et de la Grèce. Il faut également engager des discussions techniques avec les pays d'Europe centrale et orientale les plus avancés pour étudier comment l'euro pourra devenir pour eux une référence utile, au fur et à mesure de leurs progrès sur la voie de la convergence.
La zone euro aura un poids comparable à l'économie américaine. De fait, l'euro constituera rapidement avec le dollar l'une des deux principales monnaies de transaction et de réserve. Nous devons utiliser l'euro pour bâtir un système monétaire international plus stable, fondé sur une coopération étroite entre les principales zones économiques. Nous ne mettrons pas fin aux fluctuations des changes, qui sont naturelles entre des ensembles dont les conjonctures diffèrent, mais nous devons coopérer pour prévenir des mouvements excessifs et perturbateurs d'appréciation ou de dépréciation. Ceci devra évidemment s'appliquer dès l'introduction de l'euro.
Ces dernières années, l'Union européenne s'est essentiellement consacrée à la réalisation de la monnaie unique. L'ayant réalisée, elle doit maintenant davantage s'affirmer sur la scène économique internationale, tout particulièrement dans l'environnement troublé que nous connaissons. Les discussions sur la représentation externe de la zone euro ont débuté à Vienne le week-end dernier. Nous devons les conclure d'ici la fin de l'année. Un accord existe sur le fait que les positions concernant l'euro doivent être systématiquement concertées à Onze. Ceci assurera la cohérence et le poids de notre expression, pour laquelle nous devrons trouver des modalités adéquates, notamment dans le cadre du G7 et du FMI.
Sur la manière de désigner les porte-parole européens, la Belgique a suggéré de très bonnes pistes de réflexion, afin que la voix européenne soit désormais entendue de manière plus claire et plus forte, dans notre intérêt collectif.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 septembre 2001)