Texte intégral
L'Europe de la Défense avance
Europe : Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, veut rassurer les nouveaux adhérents.
Le Soir
Le mini-sommet des quatre (France, Allemagne, Belgique, Luxembourg), le mois dernier, n'a pas plu à tout le monde...
Mme Alliot-Marie
Les réticences étaient surtout préalables. Depuis, tout le monde ou presque a salué les avancées pour l'Europe de la Défense. J'ai eu plusieurs contacts avec mes homologues européens, anglais notamment, et on a pu continuer à travailler. Ce groupe des quatre n'exclut personne !
Comment faire pour rallier ceux qui ne sont pas enthousiastes à l'idée de construire l'Europe de la Défense ?
Cela dépend lesquels ! Beaucoup de pays sont intéressés. Les futurs adhérents, comme la Pologne par exemple, craignent il est vrai que l'Europe de la Défense se fasse contre l'Otan. Cela peut se comprendre : longtemps ils n'ont eu que ce bouclier comme élément protecteur. Mais ils ont tort de croire que l'Europe de la Défense se construit contre l'Otan. Il y a une complémentarité. L'Europe de la Défense pourra intervenir quand l'Otan ne le fera pas ou n'aura pas envie de le faire. Même le ministre américain de la Défense Donald Rumsfeld a un jour menacé de retirer les Etats-Unis de l'Otan si les Européens n'étaient pas capables d'assurer leur défense !
Comment la France réagirait-elle s'il était question de déplacer le siège de l'Otan de Bruxelles à Varsovie ou ailleurs ?
On ne traite pas de sujets aussi sérieux en déplaçant un siège ou l'autre ! Les institutions existent et fonctionnent bien. Je ne vois vraiment pas pourquoi elles seraient remises en cause.
Vous défendriez la Belgique ? Elle vous a beaucoup soutenue pendant la guerre d'Irak...
Son rôle a été très courageux. La Belgique a affirmé ses convictions jusqu'au bout, sans agressivité, avec une grande fermeté. C'est remarquable. Quelle que soit sa taille, tout pays a droit à exprimer ses convictions. Cela ne l'exempte pas pour autant de faire un effort plus important pour l'Europe de la Défense.
Les budgets sont insuffisants ?
L'Europe de la Défense commence à exister. L'opération de Macédoine qui vient de commencer est le symbole de sa construction. Mais si on veut la conforter, il faut augmenter nos capacités militaires. Or, il n'y a que trois pays qui font un effort important : la France, la Grande-Bretagne et la Grèce.
Ne faut-il pas dépenser mieux plutôt que dépenser plus ?
Bien sûr. Le travail qu'on fait depuis un an pour déterminer les besoins capacitaires de l'Europe va dans le bon sens. Il faut coopérer plus. Les premiers programmes communs montrent qu'on avance dans les synergies.
Construire l'Europe de la Défense avant même qu'elle ait une politique étrangère, n'est-ce pas mettre la charrue avant les bufs ?
Il faut distinguer les deux. L'Europe de la Défense, c'est un moyen d'affirmer le continent comme une puissance. Cela, nous pouvons le faire. Construire l'Europe des Affaires étrangères, c'est autre chose : il faut pratiquement partager les mêmes visions avec chaque pays ! Ce sera beaucoup plus long. Et est-ce seulement utile ? On peut avancer dès maintenant sur l'Europe de la défense parce qu'on est d'accord au moins sur un certain nombre de points : la nécessité de garantir la paix sur le continent européen, la lutte contre le terrorisme qui peut conduire à intervenir dans certaines régions comme on l'a vu pour les Balkans.
Mais ne faut-il pas un socle minimum commun ? Les visions du monde de Blair et de Chirac sont si différentes...
Je n'en suis pas sûre. Avec les Britanniques, il peut y avoir des problèmes conjoncturels mais nous avons globalement le même respect des autres peuples et des cultures. Leur attitude en Irak est plus proche de notre vision des choses que de la pratique des Américains.
Les relations franco-américaines sont loin d'être apaisées malgré la fin de la guerre...
Notre lien d'amitié très fort et très ancien n'empêche pas que nous ne partagions pas toujours les mêmes analyses ! Il faut éviter de dramatiser. Certains, pour des raisons de politique commerciale ou de politique intérieure, sont tentés de le faire.
Maintenant que la guerre est terminée, comment jugez-vous l'attitude française ?
La France s'est tenue aux principes et à la légalité internationale. C'est le seul moyen d'assurer la stabilité dans le monde. La crise irakienne est née de la recherche d'armes de destruction massive. Nous avons toujours défendu l'idée des inspections parce qu'elles progressaient. Il y a eu de nombreux morts, la population irakienne est dans une situation humanitaire catastrophique. Les risques que nous avions identifiés ne sont malheureusement pas écartés.
(Propos recueillis par Joëlle Mesken
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 21 mai 2003)
Europe : Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, veut rassurer les nouveaux adhérents.
Le Soir
Le mini-sommet des quatre (France, Allemagne, Belgique, Luxembourg), le mois dernier, n'a pas plu à tout le monde...
Mme Alliot-Marie
Les réticences étaient surtout préalables. Depuis, tout le monde ou presque a salué les avancées pour l'Europe de la Défense. J'ai eu plusieurs contacts avec mes homologues européens, anglais notamment, et on a pu continuer à travailler. Ce groupe des quatre n'exclut personne !
Comment faire pour rallier ceux qui ne sont pas enthousiastes à l'idée de construire l'Europe de la Défense ?
Cela dépend lesquels ! Beaucoup de pays sont intéressés. Les futurs adhérents, comme la Pologne par exemple, craignent il est vrai que l'Europe de la Défense se fasse contre l'Otan. Cela peut se comprendre : longtemps ils n'ont eu que ce bouclier comme élément protecteur. Mais ils ont tort de croire que l'Europe de la Défense se construit contre l'Otan. Il y a une complémentarité. L'Europe de la Défense pourra intervenir quand l'Otan ne le fera pas ou n'aura pas envie de le faire. Même le ministre américain de la Défense Donald Rumsfeld a un jour menacé de retirer les Etats-Unis de l'Otan si les Européens n'étaient pas capables d'assurer leur défense !
Comment la France réagirait-elle s'il était question de déplacer le siège de l'Otan de Bruxelles à Varsovie ou ailleurs ?
On ne traite pas de sujets aussi sérieux en déplaçant un siège ou l'autre ! Les institutions existent et fonctionnent bien. Je ne vois vraiment pas pourquoi elles seraient remises en cause.
Vous défendriez la Belgique ? Elle vous a beaucoup soutenue pendant la guerre d'Irak...
Son rôle a été très courageux. La Belgique a affirmé ses convictions jusqu'au bout, sans agressivité, avec une grande fermeté. C'est remarquable. Quelle que soit sa taille, tout pays a droit à exprimer ses convictions. Cela ne l'exempte pas pour autant de faire un effort plus important pour l'Europe de la Défense.
Les budgets sont insuffisants ?
L'Europe de la Défense commence à exister. L'opération de Macédoine qui vient de commencer est le symbole de sa construction. Mais si on veut la conforter, il faut augmenter nos capacités militaires. Or, il n'y a que trois pays qui font un effort important : la France, la Grande-Bretagne et la Grèce.
Ne faut-il pas dépenser mieux plutôt que dépenser plus ?
Bien sûr. Le travail qu'on fait depuis un an pour déterminer les besoins capacitaires de l'Europe va dans le bon sens. Il faut coopérer plus. Les premiers programmes communs montrent qu'on avance dans les synergies.
Construire l'Europe de la Défense avant même qu'elle ait une politique étrangère, n'est-ce pas mettre la charrue avant les bufs ?
Il faut distinguer les deux. L'Europe de la Défense, c'est un moyen d'affirmer le continent comme une puissance. Cela, nous pouvons le faire. Construire l'Europe des Affaires étrangères, c'est autre chose : il faut pratiquement partager les mêmes visions avec chaque pays ! Ce sera beaucoup plus long. Et est-ce seulement utile ? On peut avancer dès maintenant sur l'Europe de la défense parce qu'on est d'accord au moins sur un certain nombre de points : la nécessité de garantir la paix sur le continent européen, la lutte contre le terrorisme qui peut conduire à intervenir dans certaines régions comme on l'a vu pour les Balkans.
Mais ne faut-il pas un socle minimum commun ? Les visions du monde de Blair et de Chirac sont si différentes...
Je n'en suis pas sûre. Avec les Britanniques, il peut y avoir des problèmes conjoncturels mais nous avons globalement le même respect des autres peuples et des cultures. Leur attitude en Irak est plus proche de notre vision des choses que de la pratique des Américains.
Les relations franco-américaines sont loin d'être apaisées malgré la fin de la guerre...
Notre lien d'amitié très fort et très ancien n'empêche pas que nous ne partagions pas toujours les mêmes analyses ! Il faut éviter de dramatiser. Certains, pour des raisons de politique commerciale ou de politique intérieure, sont tentés de le faire.
Maintenant que la guerre est terminée, comment jugez-vous l'attitude française ?
La France s'est tenue aux principes et à la légalité internationale. C'est le seul moyen d'assurer la stabilité dans le monde. La crise irakienne est née de la recherche d'armes de destruction massive. Nous avons toujours défendu l'idée des inspections parce qu'elles progressaient. Il y a eu de nombreux morts, la population irakienne est dans une situation humanitaire catastrophique. Les risques que nous avions identifiés ne sont malheureusement pas écartés.
(Propos recueillis par Joëlle Mesken
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 21 mai 2003)