Texte intégral
Monsieur le Président ROUSTAN,
Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Ma présence parmi vous a un caractère un peu particulier. Il est en effet plus courant que la ministre de l'écologie intervienne au congrès annuel qu'à l'assemblée générale de l'UNPF comme je le fais à présent. Vous savez que je suis retenue demain par une obligation internationale et c'est pour cette raison que je viens aujourd'hui. Mais je vois aussi dans l'invitation qui m'a été faite par le Président ROUSTAN de venir au Congrès, une marque chaleureuse qu'il me plaît de souligner. Nous sommes ainsi un peu plus entre nous, en famille, si j'ose dire, tant les liens qui m'unissent au monde de la pêche depuis longtemps sont étroits.
Pour ma deuxième rencontre, en tant que ministre, avec votre congrès national des Présidents des fédérations départementales des associations agréées de pêche et de protection du milieu aquatique (AAPPMA), c'est une nouvelle équipe qui m'accueille. A l'issue des élections tant dans le domaine réglementaire (AAPPMA et fédération) sous le contrôle de l'administration que dans votre puissante Union nationale, c'est une nouvelle équipe pour diriger la pêche de loisir en France qui s'est mise en place après que le Président SOLELHAC ait fait connaître son souhait de passer la main.
Depuis 1992, le Président SOLELHAC, à la tête de l'Union nationale, a su jouer un rôle efficace dans le monde de la pêche. Il a constamment cherché à ouvrir la pêche vers les plus jeunes et favoriser le développement du loisir pêche en relation avec le tourisme. Il a su nouer des relations importantes avec des partenaires partageant une même ressource, l'eau (EDF), ou de mêmes espaces (VNF). Les trophées Halieutica, fruits d'un partenariat original avec La LYONNAISE des EAUX, sont l'occasion pour les AAPPMA de faire connaître leurs actions exemplaires. La célébration à laquelle vous m'avez aimablement conviée tout à l'heure sera l'occasion de témoigner dignement à monsieur Solelhac de notre estime et de notre gratitude pour son action.
Autour de Monsieur Claude ROUSTAN, Président de la fédération des Alpes de Haute Provence et Président du Club Halieutique interdépartemental, une nouvelle équipe s'est maintenant installée. Elle saura s'appuyer sur l'expérience des anciens pour mener les destinées de la pêche pour les cinq ans à venir.
Ce renouvellement se situe au moment où une réflexion importante est menée sur l'orientation de la politique de l'eau et des milieux aquatiques. Vous avez été et vous serez consultés sur ce sujet chaque fois que cela sera nécessaire. C'est d'ailleurs ce qui se passe actuellement avec la direction de l'eau.
Je tiens à vous rappeler mon attachement à un monde associatif de la pêche de loisir en France organisé et structuré et à ses missions d'intérêt général. Vos 4167 associations constituent un maillage du territoire important, tant du point de vue social qu'économique. Dans chaque département, la fédération est l'interlocuteur des services de l'Etat et des collectivités.
De nombreuses fédérations ont pu recruter des conseillers techniques pour permettre, par exemple, l'élaboration des plans départementaux de gestion piscicole, obligation que vous a confiée la loi. Ces plans, lorsqu'ils sont élaborés, servent de cadre à des programmes d'actions qui contribuent à la restauration des milieux aquatiques, conditions préalables à la restauration des populations de poissons. Ces actions sont financées en partie par le CSP, l'action des fédérations auprès des collectivités permet de trouver un complément de recettes qui vient s'ajouter aux ressources propres de la fédération ou de l'association.
Cette organisation de la pêche de loisir doit être maintenue et renforcée. C'était tout le sens du discours que j'avais prononcé devant vous il y a un an : je trouvais, en prenant mes fonctions, un CSP en situation budgétaire très difficile. Celle-ci n'avait fait que s'aggraver au cours des dernières années. Alors que certains me poussaient à des solutions expéditives, j'ai, au contraire, voulu nous donner le temps de réfléchir sereinement, tous ensemble. Il a fallu, pour cela, que je confie à la directrice générale de cet établissement une mission de redressement qui ne pouvait aboutir que grâce à toute l'énergie qui a été déployée par cette dernière, avec le soutien attentif du directeur de l'eau. Je crois que nous, c'est-à-dire vous, mes services et moi-même, sommes effectivement parvenus à préserver la sérénité nécessaire à toute réflexion prospective. Nous la menons encore actuellement. Je constate qu'un excellent dialogue entre votre organisation et les services de la direction de l'eau vous ont conduits à formuler récemment des propositions très complètes et intéressantes. Je suis prête à les étudier attentivement et je note d'ores et déjà une bonne base de convergence.
L'activité de pêche donne aux pêcheurs une place particulière parmi les acteurs de l'eau et des milieux aquatiques. Si pour certaines activités, il est possible de se satisfaire d'une qualité d'eau dégradée sans remettre en cause l'activité (navigation, irrigation, production hydroélectrique), une pêche de qualité exige un milieu aquatique fonctionnel en harmonie avec les conditions géographiques locales. J'ai eu l'occasion de vous le dire lors de notre première rencontre lors de votre congrès l'an dernier. Je renouvelle aujourd'hui ce message pour que la pêche moderne trouve sa place dans l'écologie des fleuves et rivières. Le maintien de cours d'eau fonctionnels en harmonie avec leur environnement géographique, est sans doute l'objectif le plus durable que l'on peut se fixer pour nos écosystèmes aquatiques. Les pêcheurs, représentés par votre président national au Comité national du développement durable, doivent faire entendre leur voix à ce sujet.
Pour conduire cette action, nous avons besoin d'une connaissance approfondie des milieux aquatiques. La directive-cadre sur l'eau d'octobre 2000 renforce cette exigence. C'est la raison pour laquelle je souhaite que le Conseil supérieur de la pêche (CSP), à côté d'autres instances (DIREN, Agences de l'eau, etc.), occupe une place particulière dans cette action. Depuis sa création, cet établissement n'a cessé d'évoluer sans jamais traduire cette adaptation dans son organisation. La réforme de la politique de l'eau sera l'occasion de réexaminer les missions de cet établissement (connaissances techniques, police de l'eau et de la pêche, mission d'appui technique aux collectivités piscicoles) et ses relations avec le monde de la pêche d'une part et les services de l'administration dans le domaine de l'eau (services départementaux chargés de la police, DIREN, agence de l'eau). Cette évolution doit renforcer l'action de l'Etat dans le domaine de la police et la protection des milieux aquatiques.
Ce changement est délicat puisqu'il modifie cinquante ans de relations entre l'établissement public, ses agents et les structures de la pêche. A cet égard, je serai particulièrement attentive aux propositions que vous me ferez en matière d'organisation et de simplification de la pêche de loisir dans notre pays.
La sécheresse
Après 1947, 1949 ou plus prêt de nous 1976, 1983, 1994, l'année 2003 restera une année à marquer d'une pierre noire pour notre société. Jamais depuis plus de cinquante ans, notre pays n'avait connu une telle canicule et une telle sécheresse. Les températures maximales ont été supérieures de 2°C par rapport aux températures maximales les plus élevées connus et de 3,5°C pour les températures minimales. A partir du 4 août 2003, des températures supérieures à 35°C ont été observées dans les 2/3 des stations météorologiques réparties sur l'ensemble du territoire, des températures supérieures à 40°C ont été enregistrées sur 15% des stations météorologiques nationales.
La pluviométrie a été déficitaire sur l'ensemble du territoire entre le début février et la mi-août, notamment sur le Centre Est et sur la Corse où le déficit dépasse 50%. La quasi-totalité du pays a vu ses précipitations réduites entre 50 et 80% de la normale. De tels déficits sur une période aussi longue sont exceptionnels.
Sans qu'un lien direct puisse être fait avec le processus de réchauffement climatique que connaît notre planète, l'épisode de cet été ressemble très certainement à ce que nous serons sans doute appelés
à connaître dans le futur, avec une fréquence accrue. L'année 2002 a été l'année la plus chaude de la planète depuis que des relevés réguliers existent. Les sept années les plus chaudes du XXième siècle se situent dans la décennie 90.
Au bord de l'eau, les pêcheurs ont été les premiers témoins de ces conséquences climatiques exceptionnelles. La disparition de plusieurs centaines de kilomètres de cours d'eau est la manifestation la plus visible de cette situation. Il faut sans doute s'attendre à des effets différés au moment de la reproduction des poissons affaiblis par le stress thermique et en état de " misère physiologique ". Dans des milieux naturels en bon état, avec des habitats diversifiés (alternance de pool et de radiers, présence de cache en sous berges, etc.) les poissons peuvent trouver des refuges de survie.
Les températures anormalement élevées de l'eau et les faibles débits (plus de trente degrés dans de nombreux fleuves et rivières) diminuent la solubilité de l'oxygène ce qui aggrave les effets des pollutions entraînant de nombreuses mortalités de poissons. Cette situation a conduit les Préfets, parfois à la demande des pêcheurs, de fermer la pêche dans les cours d'eau de première catégorie.
Cet épisode encore exceptionnel, nous interpelle tous. Il nous montre la fragilité de nos écosystèmes aquatiques et le besoin d'une réflexion approfondie sur la gestion des épisodes de crises extrêmes.
Dans le domaine de la prévision des crues et de la lutte contre les inondations, des mesures ont été prises, notamment en créant le Service Central d'Hydrométéorologie et d'Appui à la Prévision des Inondations (SCHAPI).
En ce qui concerne la sécheresse persistante qui se surajoute à des températures très élevées, les phénomènes sont sans doute plus complexes, car plus multidimensionnels. Il nous faut cependant rapidement mettre en place un dispositif de veille et de gestion de crise. Celui-ci devra trouver sa place au niveau du bassin hydrographique, unité de gestion adaptée à cette situation où doit être concilier la répartition de la ressource en eau entre les différents usages. Les conclusions du comité de suivi, qui doivent m'être remises prochainement seront étudiées avec attention.
A cet égard, les événements de cet été sont riches d'enseignements et mes services travaillent actuellement en faire le retour d'expérience et en tirer les conséquences.
Ainsi, dès le 12 août, au moment où il fallait concilier les intérêts économiques liés à la production d'électricité et les intérêts écologiques de protection des milieux aquatiques, le Gouvernement a pris la décision d'autoriser les producteurs d'électricité à poursuivre leur activité nonobstant les dispositions contraires figurant dans leurs arrêtés d'autorisation en vigueur. Concomitamment, un comité de suivi a été mis en place, j'en ai confié la présidence à M. André Grammont, Président du conseil d'administration du CSP, les différentes catégories de pêcheurs étaient représentées dans ce comité. Vous avez apporté une contribution importante, expression de votre présence au bord de l'eau. Pendant cette période difficile, le monde de la pêche a fait preuve d'un sens civique apprécié, je tiens à le remercier.
Je connais les nombreux sujets qui préoccupent les pêcheurs (je pense notamment aux cormorans ou à la place de l'hydroélectricité dans la politique énergétique de notre pays, ou à la protection de l'anguille, etc.), ils font l'objet de vux auxquels j'ai demandé au directeur de l'eau de vous apporter des réponses lors de la séance publique de votre congrès.
Vous avez participé activement aux différents niveaux du débat national sur la politique de l'eau qui s'est déroulé tout au long de l'année 2003. Ce débat a associé les différents acteurs de l'eau et le grand public. Une conférence de synthèse en tirera les conclusions le 16 décembre 2003. A cette occasion je proposerai des orientations de réforme à la lumière des remontées du débat. Ces propositions seront soumises à nouveau à la consultation du public début 2004.
A l'issue de ce long processus de concertation le Conseil des ministres adoptera au milieu de l'année prochaine un projet de loi que le parlement pourra examiner au cours du second semestre 2004.
Dans cette période importante, je sais qu'avec votre nouvelle équipe, je peux compter, Monsieur le Président ROUSTAN, sur des relations franches et loyales -ce qui n'interdit pas la critique- avec le monde de la pêche et je vous en remercie.
(Source http://www.environnement.gouv.fr, le mardi 25 novembre 2003)
Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Ma présence parmi vous a un caractère un peu particulier. Il est en effet plus courant que la ministre de l'écologie intervienne au congrès annuel qu'à l'assemblée générale de l'UNPF comme je le fais à présent. Vous savez que je suis retenue demain par une obligation internationale et c'est pour cette raison que je viens aujourd'hui. Mais je vois aussi dans l'invitation qui m'a été faite par le Président ROUSTAN de venir au Congrès, une marque chaleureuse qu'il me plaît de souligner. Nous sommes ainsi un peu plus entre nous, en famille, si j'ose dire, tant les liens qui m'unissent au monde de la pêche depuis longtemps sont étroits.
Pour ma deuxième rencontre, en tant que ministre, avec votre congrès national des Présidents des fédérations départementales des associations agréées de pêche et de protection du milieu aquatique (AAPPMA), c'est une nouvelle équipe qui m'accueille. A l'issue des élections tant dans le domaine réglementaire (AAPPMA et fédération) sous le contrôle de l'administration que dans votre puissante Union nationale, c'est une nouvelle équipe pour diriger la pêche de loisir en France qui s'est mise en place après que le Président SOLELHAC ait fait connaître son souhait de passer la main.
Depuis 1992, le Président SOLELHAC, à la tête de l'Union nationale, a su jouer un rôle efficace dans le monde de la pêche. Il a constamment cherché à ouvrir la pêche vers les plus jeunes et favoriser le développement du loisir pêche en relation avec le tourisme. Il a su nouer des relations importantes avec des partenaires partageant une même ressource, l'eau (EDF), ou de mêmes espaces (VNF). Les trophées Halieutica, fruits d'un partenariat original avec La LYONNAISE des EAUX, sont l'occasion pour les AAPPMA de faire connaître leurs actions exemplaires. La célébration à laquelle vous m'avez aimablement conviée tout à l'heure sera l'occasion de témoigner dignement à monsieur Solelhac de notre estime et de notre gratitude pour son action.
Autour de Monsieur Claude ROUSTAN, Président de la fédération des Alpes de Haute Provence et Président du Club Halieutique interdépartemental, une nouvelle équipe s'est maintenant installée. Elle saura s'appuyer sur l'expérience des anciens pour mener les destinées de la pêche pour les cinq ans à venir.
Ce renouvellement se situe au moment où une réflexion importante est menée sur l'orientation de la politique de l'eau et des milieux aquatiques. Vous avez été et vous serez consultés sur ce sujet chaque fois que cela sera nécessaire. C'est d'ailleurs ce qui se passe actuellement avec la direction de l'eau.
Je tiens à vous rappeler mon attachement à un monde associatif de la pêche de loisir en France organisé et structuré et à ses missions d'intérêt général. Vos 4167 associations constituent un maillage du territoire important, tant du point de vue social qu'économique. Dans chaque département, la fédération est l'interlocuteur des services de l'Etat et des collectivités.
De nombreuses fédérations ont pu recruter des conseillers techniques pour permettre, par exemple, l'élaboration des plans départementaux de gestion piscicole, obligation que vous a confiée la loi. Ces plans, lorsqu'ils sont élaborés, servent de cadre à des programmes d'actions qui contribuent à la restauration des milieux aquatiques, conditions préalables à la restauration des populations de poissons. Ces actions sont financées en partie par le CSP, l'action des fédérations auprès des collectivités permet de trouver un complément de recettes qui vient s'ajouter aux ressources propres de la fédération ou de l'association.
Cette organisation de la pêche de loisir doit être maintenue et renforcée. C'était tout le sens du discours que j'avais prononcé devant vous il y a un an : je trouvais, en prenant mes fonctions, un CSP en situation budgétaire très difficile. Celle-ci n'avait fait que s'aggraver au cours des dernières années. Alors que certains me poussaient à des solutions expéditives, j'ai, au contraire, voulu nous donner le temps de réfléchir sereinement, tous ensemble. Il a fallu, pour cela, que je confie à la directrice générale de cet établissement une mission de redressement qui ne pouvait aboutir que grâce à toute l'énergie qui a été déployée par cette dernière, avec le soutien attentif du directeur de l'eau. Je crois que nous, c'est-à-dire vous, mes services et moi-même, sommes effectivement parvenus à préserver la sérénité nécessaire à toute réflexion prospective. Nous la menons encore actuellement. Je constate qu'un excellent dialogue entre votre organisation et les services de la direction de l'eau vous ont conduits à formuler récemment des propositions très complètes et intéressantes. Je suis prête à les étudier attentivement et je note d'ores et déjà une bonne base de convergence.
L'activité de pêche donne aux pêcheurs une place particulière parmi les acteurs de l'eau et des milieux aquatiques. Si pour certaines activités, il est possible de se satisfaire d'une qualité d'eau dégradée sans remettre en cause l'activité (navigation, irrigation, production hydroélectrique), une pêche de qualité exige un milieu aquatique fonctionnel en harmonie avec les conditions géographiques locales. J'ai eu l'occasion de vous le dire lors de notre première rencontre lors de votre congrès l'an dernier. Je renouvelle aujourd'hui ce message pour que la pêche moderne trouve sa place dans l'écologie des fleuves et rivières. Le maintien de cours d'eau fonctionnels en harmonie avec leur environnement géographique, est sans doute l'objectif le plus durable que l'on peut se fixer pour nos écosystèmes aquatiques. Les pêcheurs, représentés par votre président national au Comité national du développement durable, doivent faire entendre leur voix à ce sujet.
Pour conduire cette action, nous avons besoin d'une connaissance approfondie des milieux aquatiques. La directive-cadre sur l'eau d'octobre 2000 renforce cette exigence. C'est la raison pour laquelle je souhaite que le Conseil supérieur de la pêche (CSP), à côté d'autres instances (DIREN, Agences de l'eau, etc.), occupe une place particulière dans cette action. Depuis sa création, cet établissement n'a cessé d'évoluer sans jamais traduire cette adaptation dans son organisation. La réforme de la politique de l'eau sera l'occasion de réexaminer les missions de cet établissement (connaissances techniques, police de l'eau et de la pêche, mission d'appui technique aux collectivités piscicoles) et ses relations avec le monde de la pêche d'une part et les services de l'administration dans le domaine de l'eau (services départementaux chargés de la police, DIREN, agence de l'eau). Cette évolution doit renforcer l'action de l'Etat dans le domaine de la police et la protection des milieux aquatiques.
Ce changement est délicat puisqu'il modifie cinquante ans de relations entre l'établissement public, ses agents et les structures de la pêche. A cet égard, je serai particulièrement attentive aux propositions que vous me ferez en matière d'organisation et de simplification de la pêche de loisir dans notre pays.
La sécheresse
Après 1947, 1949 ou plus prêt de nous 1976, 1983, 1994, l'année 2003 restera une année à marquer d'une pierre noire pour notre société. Jamais depuis plus de cinquante ans, notre pays n'avait connu une telle canicule et une telle sécheresse. Les températures maximales ont été supérieures de 2°C par rapport aux températures maximales les plus élevées connus et de 3,5°C pour les températures minimales. A partir du 4 août 2003, des températures supérieures à 35°C ont été observées dans les 2/3 des stations météorologiques réparties sur l'ensemble du territoire, des températures supérieures à 40°C ont été enregistrées sur 15% des stations météorologiques nationales.
La pluviométrie a été déficitaire sur l'ensemble du territoire entre le début février et la mi-août, notamment sur le Centre Est et sur la Corse où le déficit dépasse 50%. La quasi-totalité du pays a vu ses précipitations réduites entre 50 et 80% de la normale. De tels déficits sur une période aussi longue sont exceptionnels.
Sans qu'un lien direct puisse être fait avec le processus de réchauffement climatique que connaît notre planète, l'épisode de cet été ressemble très certainement à ce que nous serons sans doute appelés
à connaître dans le futur, avec une fréquence accrue. L'année 2002 a été l'année la plus chaude de la planète depuis que des relevés réguliers existent. Les sept années les plus chaudes du XXième siècle se situent dans la décennie 90.
Au bord de l'eau, les pêcheurs ont été les premiers témoins de ces conséquences climatiques exceptionnelles. La disparition de plusieurs centaines de kilomètres de cours d'eau est la manifestation la plus visible de cette situation. Il faut sans doute s'attendre à des effets différés au moment de la reproduction des poissons affaiblis par le stress thermique et en état de " misère physiologique ". Dans des milieux naturels en bon état, avec des habitats diversifiés (alternance de pool et de radiers, présence de cache en sous berges, etc.) les poissons peuvent trouver des refuges de survie.
Les températures anormalement élevées de l'eau et les faibles débits (plus de trente degrés dans de nombreux fleuves et rivières) diminuent la solubilité de l'oxygène ce qui aggrave les effets des pollutions entraînant de nombreuses mortalités de poissons. Cette situation a conduit les Préfets, parfois à la demande des pêcheurs, de fermer la pêche dans les cours d'eau de première catégorie.
Cet épisode encore exceptionnel, nous interpelle tous. Il nous montre la fragilité de nos écosystèmes aquatiques et le besoin d'une réflexion approfondie sur la gestion des épisodes de crises extrêmes.
Dans le domaine de la prévision des crues et de la lutte contre les inondations, des mesures ont été prises, notamment en créant le Service Central d'Hydrométéorologie et d'Appui à la Prévision des Inondations (SCHAPI).
En ce qui concerne la sécheresse persistante qui se surajoute à des températures très élevées, les phénomènes sont sans doute plus complexes, car plus multidimensionnels. Il nous faut cependant rapidement mettre en place un dispositif de veille et de gestion de crise. Celui-ci devra trouver sa place au niveau du bassin hydrographique, unité de gestion adaptée à cette situation où doit être concilier la répartition de la ressource en eau entre les différents usages. Les conclusions du comité de suivi, qui doivent m'être remises prochainement seront étudiées avec attention.
A cet égard, les événements de cet été sont riches d'enseignements et mes services travaillent actuellement en faire le retour d'expérience et en tirer les conséquences.
Ainsi, dès le 12 août, au moment où il fallait concilier les intérêts économiques liés à la production d'électricité et les intérêts écologiques de protection des milieux aquatiques, le Gouvernement a pris la décision d'autoriser les producteurs d'électricité à poursuivre leur activité nonobstant les dispositions contraires figurant dans leurs arrêtés d'autorisation en vigueur. Concomitamment, un comité de suivi a été mis en place, j'en ai confié la présidence à M. André Grammont, Président du conseil d'administration du CSP, les différentes catégories de pêcheurs étaient représentées dans ce comité. Vous avez apporté une contribution importante, expression de votre présence au bord de l'eau. Pendant cette période difficile, le monde de la pêche a fait preuve d'un sens civique apprécié, je tiens à le remercier.
Je connais les nombreux sujets qui préoccupent les pêcheurs (je pense notamment aux cormorans ou à la place de l'hydroélectricité dans la politique énergétique de notre pays, ou à la protection de l'anguille, etc.), ils font l'objet de vux auxquels j'ai demandé au directeur de l'eau de vous apporter des réponses lors de la séance publique de votre congrès.
Vous avez participé activement aux différents niveaux du débat national sur la politique de l'eau qui s'est déroulé tout au long de l'année 2003. Ce débat a associé les différents acteurs de l'eau et le grand public. Une conférence de synthèse en tirera les conclusions le 16 décembre 2003. A cette occasion je proposerai des orientations de réforme à la lumière des remontées du débat. Ces propositions seront soumises à nouveau à la consultation du public début 2004.
A l'issue de ce long processus de concertation le Conseil des ministres adoptera au milieu de l'année prochaine un projet de loi que le parlement pourra examiner au cours du second semestre 2004.
Dans cette période importante, je sais qu'avec votre nouvelle équipe, je peux compter, Monsieur le Président ROUSTAN, sur des relations franches et loyales -ce qui n'interdit pas la critique- avec le monde de la pêche et je vous en remercie.
(Source http://www.environnement.gouv.fr, le mardi 25 novembre 2003)