Interview de M. Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée nationale, à "LCI" le 1er octobre 2003 et sur "RMC Info" le 8 octobre 2003, sur les choix gouvernementaux en matière de projet de budget, de plan emploi, sur la réforme de la sécurité sociale, les 35 heures et la mission d'information sur l'euthanasie.

Prononcé le 1er octobre 2003

Média : Emission Forum RMC FR3 - La Chaîne Info - RMC - Télévision

Texte intégral

A. Hausser-. C'est la rentrée ; vous avez l'air très offensifs au PS, vous dites qu'il faut préparer l'alternative, et après cela ? Il faudra prendre votre mal en patience, les élections, c'est en 2007.
- "Oui, mais ce qui est important, c'est de montrer aux Français que non seulement il existe une opposition qui critique mais aussi une opposition qui prépare une alternance, qui donne une perspective. Il y a aussi, de notre côté, à donner de la confiance et à combler le vide démocratique si nous n'étions pas présents en termes de propositions. Donc, nous voulons passer d'une opposition défensive à une opposition alternative et nous allons commencer dès aujourd'hui."
Vous ouvrez le feu avec les questions d'actualité ?
- "Oui, il est important de montrer qu'il n'y a pas de politique de l'emploi en France, qu'au contraire, le Gouvernement est en train d'essayer de manipuler les chiffres. On supprime - en tout cas, c'est la volonté du Gouvernement - l'allocation de solidarité pour les chômeurs en fin de droits, pour les chômeurs de longue durée, pour les envoyer au RMI. C'est assez choquant. En plus, ce sera une belle aubaine pour le Gouvernement parce que cela fera diminuer les statistiques. Ce n'est pas cela une politique pour l'emploi. Une politique pour l'emploi, c'est un budget qui encourage la croissance, c'est une grande politique pour inciter au retour à l'emploi et pour cela, nous proposons, nous, un pacte national pour l'emploi, c'est-à-dire un contrat d'insertion pour les chômeurs avec, en contre-partie, des baisses de charges, mais à condition qu'il y ait un engagement d'embaucher. C'est le retour des emplois-jeunes, et puis c'est la formation tout au long de la vie. C'est cela le pacte national pour l'emploi."
C'est ce que fait le Gouvernement, en dehors des emplois-jeunes.
- "En dehors des emplois-jeunes ? C'est quand même 60 000 personnes qui sont sur le carreau, c'est le plus grand plan social qui existe et c'est le Gouvernement qui donne le mauvais exemple, alors que chaque jour, la liste des plans de licenciement s'allonge. Des dizaines de milliers de personnes sont dans l'angoisse. Ce Gouvernement, en quelque sorte, est en train de créer, tous les jours, de l'insécurité sociale, alors qu'il faudrait créer de la confiance pour relancer la machine économique. Il fait tout le contraire."
F. Fillon convoque une conférence sur l'emploi, au mois d'octobre.
- "Ce Gouvernement est en place depuis combien de temps ? Depuis 18 mois !"
C'est la deuxième quand même!
- "La mesure qui a été prise, c'est de créer un monsieur "Plans sociaux" ; monsieur Viet a été nommé, il n'a rien fait et il vient d'être remercié - on a nommé quelqu'un d'autre à sa place. Je pense que le budget va être l'objet de toutes nos critiques. Le budget que le Gouvernement propose, est à la fois injuste - on le voit au plan fiscal - mais est inefficace au plan économique. C'est maintenant qu'il faudrait encourager la croissance et c'est maintenant que le Gouvernement baisse les crédits d'équipement. Je le vois, par exemple, à Nantes, où nous pourrions construire de nouvelles lignes de tramway. Mais le Gouvernement a décidé de supprimer le financement des réseaux de transports urbains en province. Cela soulève une tempête de protestations. Et je peux vous dire que cela soulève une tempête de protestations de droite et de gauche. Et puis je vais prendre un autre exemple : M. Borloo a annoncé à grand renfort de publicités "le plan Marshall pour les banlieues". Vous savez que le budget du Logement, c'est le budget qui va le plus baisser dans le budget 2004, alors que... "
Oui, mais le ministre de l'Equipement explique qu'on va construire plus de logements sociaux...
- "Comprenne qui pourra. Je crois que c'est bien le problème de ce Gouvernement : c'est un Gouvernement qui ne sait plus trop où il va et quand il parle, il se contredit, et au fond, c'est la contradiction de sa politique qui apparaît."
Et vous serez là pour souligner ses contradictions ?
- "Oui, et montrer qu'on peut faire autre chose."
Le ministre de la Santé, J.-F. Mattei, a dit que la réforme de la Sécu sera "avec les usagers et avec l'opposition". Vous êtes prêts à un dialogue constructif là-dessus ?
- "Nous, nous sommes prêts pour présenter nos propositions alternatives. Mais on a l'impression que le Gouvernement renvoie aux calandres grecques la résolution des problèmes de l'assurance-maladie et de la Sécurité sociale. Et il commence d'ailleurs de très mauvaise manière puisqu'il parle de "dialogue", et d'un côté, il augmente le forfait hospitalier, de l'autre, il dérembourse. On sait que cela va se traduire par une augmentation des cotisations des mutualistes. Où est le dialogue là-dedans ? Donc, je crois que le Gouvernement ferait bien de changer de méthode. Mais j'ai le sentiment que plus les jours passent et plus il donne l'impression d'une certaine panique. Il y a un vrai tournant, la vérité apparaît. Monsieur Raffarin a beaucoup communiqué, beaucoup mis en scène. Mais aujourd'hui, c'est la réalité qui revient au galop et cette réalité est cruelle, pour les Français surtout."
Et les 150 millions d'euros pour les urgences, c'est de la poudre aux yeux ?
- "J'ai entendu les réactions des professionnels, des syndicats. Il y a un scepticisme. On a l'impression que le Gouvernement colmate les brèches. Je vais prendre un autre exemple : le Gouvernement a annoncé, il y a quelques semaines, un plan pour les personnes âgées dans les maisons de retraite. Mais le montant qui a été annoncé est inférieur aux crédits qui ont été gelés, puis annulés par le Gouvernement, le plan de modernisation des maisons de retraite qui avait été décidé par le gouvernement Jospin. L'allocation personnalisée d'autonomie pour les personnes dépendantes a été également été réduite. Alors, vous comprendrez que la première réaction c'est une réaction de scepticisme, de méfiance. C'est en ce sens que je crois que ce Gouvernement crée de l'inquiétude et de l'angoisse. Et dans la période que nous connaissons, où il n'y a plus de créations d'emplois, il y a des destructions d'emplois, ce n'est pas une bonne chose pour notre économie, pour la consommation, pour l'investissement des entreprises, comme les investissements publics. Donc, il y aurait besoin..."
Vous ne croyez pas à la reprise économique ?
- "Mais je l'espère comme tous les Français, je l'espère. J'espère que les emplois reviendront, que le chômage reculera. Mais là où je m'inquiète, c'est que le Gouvernement ne se donne pas les moyens de préparer le retour à la croissance et même de l'encourager. On a l'impression qu'il est, comme soeur Anne, et qu'il attend, il regarde au loin. D'ailleurs, les ministres se succèdent dans les radios et les télévisions et disent : "Mais la reprise américaine va revenir, donc tout ira bien". Mais on ne peut pas attendre tout des Etats-Unis ! Il faudrait peut-être qu'on s'y mette nous aussi, en France, et en Europe."
Je vais en venir au PS puisque vous préparez l'alternative, vous débattez sur l'Europe aussi. On a cru comprendre qu'il y avait débat au PS sur la future Constitution. Hier, M. Valls a dit : "Moi, je ne vote pas". Hier soir, il a dit : "Si, ça me paraît pas mal". Qu'est-ce que cela veut dire "des exigences du PS" ? Puisque cette Constitution est proposée, elle devrait être acceptée ?
- "Pour l'instant, on n'en sait rien, puisque la Conférence intergouvernementale, c'est-à-dire l'ensemble des gouvernements de l'Europe, et notamment les nouveaux adhérents de l'Europe, se réunissent à partir du 3 octobre à Rome pour discuter de la future Constitution. Donc, il y a une première étape qui a été franchie, c'est ce qu'on appelle "la Convention", présidée par Giscard d'Estaing, où toutes les sensibilités politiques de l'Europe étaient représentées, qui a fait un projet."
Et qui ont fini par s'accorder.
- "Qui a fait un projet. Mais ce projet, ce n'est qu'un projet. Il y a des choses qui sont positives, et puis il y a des choses qui sont insuffisantes et d'autres qui posent problème. Mais les Européens, dont les Français, n'auront à se prononcer que lorsque la Constitution sera proposée et on l'espère qu'elle le sera par la Conférence intergouvernementale. Cela va demander des mois de travail, et on ne sait pas quand est-ce qu'on se prononcera ? Peut-être en 2004, peut-être en 2005. Et donc, en attendant, nous, nous formulons nos exigences pour une Europe qui soit plus sociale, une Europe qui défende plus ses services publics, la culture, et qui aussi soit une Europe puissance, avec une politique étrangère et de défense. Pour l'instant, ce n'est pas encore le cas. Donc, nous affirmons nos attentes, c'est notre rôle."
Il faut un référendum ?
- "Oui, il faut que les Français et tous les Européens soient consultés. Nous souhaitons même que cela soit le même jour dans toute l'Europe. Parce que ce qui est important, c'est de redonner la confiance dans l'Europe. Il faut pour cela lui donner une nouvelle légitimité populaire."
Dernière question : une mission d'informations sur l'euthanasie va être créée à l'Assemblée, elle doit arriver à quoi ?
- "Je pense qu'il faut qu'elle écoute, qu'elle travaille au fond pour bien voir où sont les problèmes et les solutions qu'on pourrait envisager, notamment au plan législatif. Mais cela ne peut venir qu'à la fin d'un processus. C'est pour cela que j'ai proposé, au nom du groupe socialiste - mais d'autres groupes l'ont fait aussi, je m'en réjouis -, que soit constituée une mission pluraliste d'informations - comme nous l'avons fait, par exemple, sur les signes distinctifs et religieux à l'école - présidée par le président de l'Assemblée nationale. Il faut se donner du temps. Mais je ne pense pas que le Parlement et le législateur puissent se désintéresser de cette question de société si douloureuse, qui mérite de la compassion et du respect. Mais qui mérite aussi que chacun sorte d'une certaine forme d'hypocrisie. Et donc, à un moment, peut-être que le législateur sera amené à prendre ses responsabilités."
(Source http://www.partisocialiste.fr, le 7 octobre 2003)
J.-J. Bourdin-. Sujets du jour : les 35 heures, la récession. Notre invité, J.-M. Ayrault, président du Groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Député maire de Nantes. J.-M. Ayrault, bonjour. Avant de parler de récession et des 35 heures, A. Schwarzenegger Gouverneur de Californie, Qu'est-ce que cela vous inspire ?
- "Vous savez, on est très très loin de la réalité américaine. Donc, ça surprend toujours cette façon de faire de la politique, parce qu'on a l'impression, quand même, en regardant cela d'assez loin, qu'il y a eu, dans cette campagne, confusion entre l'acteur dans ses films et puis l'homme politique. Alors, on ne sait plus trop très bien qui a été élu. Mais je pense que c'est surtout le succès d'un rejet à l'égard du Gouverneur sortant qui a été désavoué, car je pense que l'Etat californien est plutôt de tradition démocrate. D'ailleurs le Parlement californien reste largement majoritairement démocrate ; vous savez que là-bas il y a beaucoup de fonctionnaires qui sont élus, des juges, des responsables d'administrations et qui sont en majorité démocrates. Donc, il va falloir qu'A. Schwarzenegger ait une majorité pour agir. Donc, maintenant, il va être jugé sur le travail, sur l'action. "
C'est peut-être une leçon de démocratie, quand même, un Gouverneur désavoué, en cours de mandat ?
- "C'est-à-dire que la constitution californienne - et d'un Etat à l'autre les choses diffèrent - est une constitution qui permet, par un système de pétition, de mettre en cause le Gouverneur."
Ce serait bien, si on pouvait mettre en cause les députés par un système de pétition ; ce serait une bonne solution en France ?
- "Je ne sais pas si ce serait bien. Je crois que l'on n'a pas la même tradition politique, on ne peut pas comparer. Je pense qu'en tout cas, ce serait un peu de notre part présomptueux de dire que les Etats-Unis ne sont pas une démocratie. C'est une démocratie, avec ses défauts, nous aussi nous avons des défauts."
Bien. J.-M. Ayrault, oui ou non la France est-elle en récession, oui ou non ?
- "Ecoutez, moi je vais vous dire : je n'ai pas l'habitude, je suis plutôt mesuré... Je suis indigné, parce que la question ne se pose pas. La croissance de 2003 est zéro, même un peu en dessous de zéro, il faut appeler les choses par leur nom et le Gouvernement ne dit pas la vérité sur la gravité de la situation de la France. Et hier, le ministre du Budget, quand on lui pose la question : " La France est-elle en récession ? ", dit " Non la France n'est pas en récession, elle est en état récessif "."
Contexte récessif...
- "Oui, bon, et puis ensuite on nous dit : on baisse les impôts et puis finalement on s'aperçoit, pour tous les Français, la grande majorité des Français, qu'il y a les taxes, qu'il y a les impôts locaux, qu'il y a les cotisations, notamment [celles des] mutuelles, qui augmentent. Donc, pour une grande majorité, ça augmente. On continue de dire que les impôts baissent, et puis après on dit que l'on va tout faire pour aider les chômeurs, et puis on exclut de l'assurance de solidarité pour les chômeurs de longue durée, pour les mettre au RMI - qu'est-ce que ça veut dire ? - tout ça sous prétexte de les insérer davantage. Je pense qu'on ne dit pas la vérité aux Français, qu'il y a une véritable hypocrisie et que, aujourd'hui, le gouvernement Raffarin ne pilote plus grand chose et qu'il nous envoie dans le mur."
On a entendu de vilaines choses, hier, à l'Assemblée, non : procès de Moscou, pétainisme industriel. Ça volait bas. C'est une habitude, non ?
- "Oui, mais je ne suis pas pour... Vous savez, je vous l'ai dit tout à l'heure, je ne suis pas pour l'excès dans les formules. Mais il y a une situation économique et sociale qui est grave. Ce gouvernement crée de l'insécurité sociale ; on le voit tous les jours, l'augmentation des plans de licenciements, l'augmentation du chômage. On sera à près de 10 % de population active au chômage à la fin de l'année. Et donc, on a un Gouvernement qui est en train de nous faire un plan d'austérité. Qu'est-ce que F. Mer a pris comme engagement à Bruxelles lundi ? Je ne sais pas. Il a dit qu'il allait encore améliorer, par rapport aux règles communautaires, les finances de la France. Est-ce que cela veut dire que les Français vont devoir se serrer encore davantage la ceinture ? Moi, je suis très inquiet sur la situation économique, parce qu'il n'y a plus de budget pour les transports, il n'y a plus de budgets sérieux pour le logement, pour la recherche, en tout cas pas ce qu'il faudrait, alors que c'est sur ces leviers qu'il faudrait agir pour encourager la croissance."
La Recherche, le budget a progressé, J.-M. Ayrault.
- "Non, il faut regarder dans le détail. Vous avez dit tout à l'heure que j'étais député maire de Nantes, donc c'est des questions que je connais parce que je les suis localement, je connais les chercheurs et je sais que les chercheurs ont vu leurs crédits gelés voire annulés l'année dernière, et qu'il y a un léger..."
Mais certains n'ont pas été utilisés, certains crédits.
- "Mais ce n'est pas vrai..."
Ah bon. Bon.
- "Moi, je peux vous parler des chercheurs en bio, dans les biotechnologies, par exemple dans tout de qui relève du médical, et qui sont aussi des moyens de faire reculer la maladie et puis en même temps qui créent des emplois, parce que c'est aussi le développement industriel de demain. Je pense que la France devra investir davantage. Les transports publics, par exemple, dans nos villes nous avons besoin de développer les tramways, les bus en sites propres. Vous savez ce qu'il y aura dans le budget 2004 de l'Etat l'année prochaine ? Zéro euro. Le Gouvernement a décidé d'abandonner cette politique. Et alors, puisque je vous parlais tout à l'heure d'hypocrisie en matière fiscale, vous savez ce qu'ils proposent à la place ? De taxer davantage les entreprises sur leurs salaires, en laissant les collectivités locales le décider. Donc je trouve qu'il y a quelque chose qui ne va pas, qu'on ne comprend pas ce que veut le Gouvernement et que, quand on ne voit pas les choses clairement, qu'est-ce qui se passe : les gens n'investissent plus, les gens ne consomment plus, et puis après c'est le chômage qui monte."
Les 35 heures, alors, J.-P. Raffarin est favorable à une étude d'impact, une mission d'informations. Vous êtes d'accord ?
- "Moi, j'ai proposé vendredi dernier..."
Vous êtes d'accord ou non ?
- "Vendredi dernier, une commission d'enquêtes parlementaire et nous maintenons notre proposition et nous demanderons que l'Assemble nationale après toute la polémique qui a été lancée par la majorité, par la droite, par le Gouvernement, qu'elle se prononce. Nous n'avons pas peur d'une commission d'enquêtes qui fasse un travail de fond, beaucoup plus qu'une mission sur les 35 heures, d'en faire le bilan, combien d'emplois ont été créés, qu'est-ce que çcelaa a rapporté aux cotisations de la Sécurité sociale, en recettes fiscales supplémentaires... Parce que, quand on n'est plus chômeur, je vous rappelle que non seulement on travaille, mais qu'on touche un salaire et qu'on consomme, et qu'on dépense, et donc ça c'est aussi utile à la croissance."
Alors, qu'attendez-vous d'une commission d'enquêtes parlementaire sur les 35 heures ?
- "Qu'on sorte de la caricature et de la polémique. Ça ne sert à rien. Je pense que personne ne prendra la responsabilité. En tous cas, je mets au défi le Gouvernement de prendre la responsabilité de revenir en arrière et de dire aux gens qui sont aux 35 heures : vous allez travailler 39 heures. Ce n'est pas possible."
Mais le Gouvernement ne le veut pas. Enfin, J.-P. Raffarin et F. Fillon ne le veulent pas.
- "La semaine dernière, on avait l'impression du contraire. Alors c'est vrai que l'on a organisé une contre-offensive ; ça a fait reculer le Gouvernement. J'ai l'impression qu'ils se sont pris les pieds dans leur propre piège, parce que c'est clair que l'on ne peut pas d'un côté dire " on va relancer le dialogue social " et puis de l'autre côté dire " on va toucher aux 35 heures ". Non, il y a autre chose que je voudrais vous dire : c'est qu'aujourd'hui, comme la situation économique et sociale est mauvaise, le Gouvernement cherche un bouc émissaire et que, dix-huit mois après sa prise de fonction, il veut faire encore le coup de l'héritage. Alors, les 35 heures c'est commode. Je vous rappelle que pendant l'été, pour la canicule, on a dit " c'est la faute des 35 heures ", Maintenant, on nous dit que, pour le déficit, c'est la faute aux 35 heures. Et puis, si demain il neige et qu'il y a du verglas ou qu'il y a des tempêtes, on va dire que c'est la faute aux 35 heures. Il faut quand même arrêter. Donc, la commission d'enquête que nous proposons, c'est une méthode sérieuse pour y voir clair. Combien d'emplois ont été créés et quels sont les défauts ? Parce que nous admettons qu'il puisse y avoir des défauts, toute loi à ses imperfections et s'il faut l'améliorer, nous le ferons."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 8 octobre 2003)