Texte intégral
Q- J.-M. Aphatie-. Lors de votre nomination au gouvernement début avril, Le Figaro a écrit ceci : " depuis plus de trente ans, H. Cuq fait partie du cercle très restreint des intimes de J. Chirac, mais personne ne le connaît ". Cette présentation vous convient, H. Cuq ?
R - " Oui, à peu près. Tout dépend ce qu'on définit par "intime". Je me positionne comme un fidèle de J. Chirac. "
Q- Fidèle, et intime. Est-ce que vous pouvez nous dire comment J. Chirac a réagi à la prise de position de l'UMP dimanche, à propos du débat européen. L'UMP est favorable à un référendum.
R - " Il ne m'appelle, ni le matin ni le soir, pour me faire part de ce type de réaction. Je dois vous dire que j'étais dimanche au conseil national de l'UMP. Ca a été une journée tout à fait intéressante, avec un vrai débat. Des militants se sont exprimés de manière tout à fait remarquable. J'ai à l'esprit les propos tenus par un militant de Charleville-Mézières - pour vous dire tout ce que j'ai entendu - et qui a exprimé la position du militant de terrain qui souhaite que l'UMP vive, qu'elle débatte, et elle a débattu. Donc je ne vois pas ce qu'il y a d'extraordinaire dans ce qui s'est passé dimanche. "
Q- Rien d'extraordinaire. Vous, qui êtes ministre aujourd'hui, vous étiez au Conseil national dimanche. Vous êtes vous aussi favorable à un référendum pour adopter la future Constitution Européenne ?
R - " J'étais à Moliets en septembre dernier aux journées des jeunes de l'UMP. Mais le référendum a été évoqué en septembre dernier. Donc on n'a pas inventé l'eau chaude dimanche dernier ! Ca fait huit mois qu'on parle du référendum à l'intérieur de l'UMP. Il ne vous a pas non plus échappé qu'à l'UMP, il y a aussi des gaullistes, et que les gaullistes, par définition, ont rarement été opposés au référendum. "
Q- Donc vous, H. Cuq, vous y êtes favorable.
R - " Et donc qu'on parle du référendum n'est pas une nouveauté. "
Q- Vous y êtes favorable.
- " Mais favorable ou pas favorable, Monsieur Aphatie "
Q- Ah c'est ça la question !
R - " Non, non, mais je vais vous répondre. Il s'est passé quoi pour le traité de Maastricht ? Souvenez-vous "
Q- Référendum.
R - " Non. Entre le moment où le Traité a été signé, où le compromis a été avalisé par l'ensemble des pays parties prenantes, et le moment où on est arrivé à la procédure conclusive, il s'est écoulé près d'un an. Le référendum, c'est pas à l'ordre du jour. "
Q- Ah... Vous voyez hein... Donc vous n'y êtes très favorable vous non plus.
- " Mais non... Monsieur Aphatie, si vous voulez faire de la pédagogie, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. "
Q- Et qu'est-ce que vous dites alors ?
R - " Le temps constitutionnel sera le temps de la pédagogie. Et le choix du référendum, pardon de vous le répéter, appartient au Président de la République. On a le devoir, lorsqu'on est engagé en politique, d'exprimer des souhaits, mais de les exprimer de telle manière qu'en réalité, on sait pertinemment que c'est le choix du Président de la République qui à l'arrivée déterminera la procédure telle qu'elle sera présentée aux Français. "
Q- Bon. Eh bien voilà. Donc, vous êtes pour le référendum, mais peut-être un petit peu plus tard hein ?
R - " Je suis pour la ratification naturellement de la Constitution dans le cadre de la procédure qui sera fixée par le président de la République, parce que c'est une décision qui lui appartient ! C'est la Constitution ! Ce sont les institutions. C'est comme ça ! Mais ça n'empêche pas d'en parler ! On en a parlé effectivement dimanche. On en parle encore ce matin... "
Q- Et ici aussi on en a parlé. C'était dans Le Point, la semaine dernière, entre guillemets : "Chirac : même ses amis doutent". Est-ce que J. Chirac a perdu
la main ?
R - " Vous savez, le jour où J. Chirac aura perdu la main. Ca se saura. "
Q- C'est peut-être ça qui se passe.
R - " Aujourd'hui, on se pose la question de savoir s'il l'a ou s'il ne l'a pas perdue. Si on se pose la question, ça veut dire qu'il ne l'a pas perdue ! Parce que si on ne se posait pas la question, à ce moment-là on dirait : il l'a perdue. "
Q- Est-ce que ce n'est pas N. Sarkozy qui a la main aujourd'hui ? E. Balladur disait hier - il était à votre place : "je ne vous pas qui aurait plus de qualités que N. Sarkozy pour être président de l'UMP. Je ne vois même pas qui en aurait autant". C'est un jugement que vous feriez vôtre, H. Cuq ?
R - " Moi, vous savez je vais vous dire une chose : ce qui m'intéresse moi, ce ne sont pas les choix des hommes ; ce n'est pas les ambitions des uns ou des autres. "
Q- On dit toujours ça quand on est un peu embêté.
R - " Pas du tout. Alors ça je vais vous dire, je suis d'une décontraction impériale par rapport à tout ça ! "
Q- Je peux en témoigner. Mais quand même.
R - " Je n'ai jamais été un apparatchik, je n'ai pas un tempérament d'apparatchik, ce n'est pas mon souci. Et je n'ai pas la langue de bois ! Moi ce qui m'intéresse, c'est pas de savoir ce qui va se passer au mois de novembre à l'UMP. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir comment je vais régler l'ordre du jour de l'Assemblée. "
Q- C'est ça.
R - " ... D'ici le mois de juillet. C'est ça ma préoccupation, Monsieur Aphatie. Le reste ce n'est pas mon problème. "
Q- H. Cuq, un militant UMP, qui sacrifie un dimanche pour aller au conseil national ne peut tout de même pas se désintéresser tout à fait de savoir qui sera son président au mois de novembre ! nous sommes d'accord.
R - " Non mais, une fois qu'il a sacrifié son dimanche, il passe à l'affaire suivante. Quand vous avez passé votre week-end, Monsieur Aphatie, vous passez à l'affaire suivante le lundi. Eh bien moi je fais pareil. "
Q- D'accord. Ce n'est pas de la langue de bois, mais c'est une belle pirouette ! hein ?
R - " Non ce n'est pas de la langue de bois, mais c'est comme ça. C'est la vie. "
Q- Une belle pirouette. Alors, puisque vous êtes ministre chargé des Relations avec le Parlement, les députés débattront du volet financier de la décentralisation. On n'y comprend plus grand chose à la décentralisation. Il faut bien l'avouer. Vous vous attendez à un débat difficile demain avec les députés ?
R - " Ce n'est pas un débat difficile. La décentralisation repose sur trois piliers : d'abord la réforme constitutionnelle, le transfert de compétences et la loi organique. Eh bien, on attaque le troisième pilier, qui est celui de la loi organique. On reviendra sur le transferts des compétences une fois que l'organique aura été adopté par l'Assemblée et par le Sénat et, à partir de là, on pourra boucler définitivement la décentralisation, d'ici l'automne qui est le temps qui a été fixé par le Premier Ministre, ces dernières semaines. "
Q- Vous conviendriez que pour les citoyens, c'est devenu confus ce débat sur la décentralisation ?
R - " Ah, vous savez c'est pas devenu confus. Je veux dire que ça n'a jamais été un débat qui intéressait nos concitoyens. La décentralisation est un débat de techniciens, je veux dire de praticiens. La décentralisation intéresse les élus locaux. Elle intéresse les services de l'Etat, elle intéresse les serviteurs de l'Etat dans la mesure où la décentralisation doit s'accompagner nécessairement de la réforme de l'Etat. Les deux sont liées. Et c'est dans ce cadre-là que la décentralisation est aussi un grand chantier. "
Q- Puisque vous êtes ministre des Relations avec le Parlement, H. Cuq, donnez-nous des nouvelles d'un texte disparu. Le 2 juillet dernier, le conseil des ministres a adopté un projet de loi constitutionnel réformant le statut pénal du chef de l'Etat. Et depuis le 2 juillet, on en n'a plus jamais entendu parler !
R - " Alors ça, pour ne rien vous cacher, moi non plus ! "
Q- Ah ! ben dis donc ! On a bien fait de vous inviter ce matin !
R - " Et je n'y pense pas tous les matins. "
Q- Sarkozy ça ne vous intéresse pas, le texte sur le statut pénal du chef de l'Etat, ça ne vous intéresse pas.
R - " Si, tout m'intéresse. Mais quand c'est d'actualité ! Et ça c'est pas d'actualité. "
Q- Et donc ce texte-là, pas de nouvelles !
R - " Bien sûr que non ! "
Q- Pas de nouvelles, il est dans un trou noir.
R - " Pas de nouvelles bonnes nouvelles. Non, il n'est pas dans un trou. Il n'est pas d'actualité ! il n'est pas à l'ordre du jour. "
Q- Bon. Eh ben écoutez vous reviendrez nous voir quand il sera à l'ordre du jour !
R- " Avec plaisir. Si vous m'invitez. "
Mais on réinvitera ! donc H. Cuq... qui reviendra... était l'invité d'RTL ce matin. Bonne journée.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 14 mai 2004)
R - " Oui, à peu près. Tout dépend ce qu'on définit par "intime". Je me positionne comme un fidèle de J. Chirac. "
Q- Fidèle, et intime. Est-ce que vous pouvez nous dire comment J. Chirac a réagi à la prise de position de l'UMP dimanche, à propos du débat européen. L'UMP est favorable à un référendum.
R - " Il ne m'appelle, ni le matin ni le soir, pour me faire part de ce type de réaction. Je dois vous dire que j'étais dimanche au conseil national de l'UMP. Ca a été une journée tout à fait intéressante, avec un vrai débat. Des militants se sont exprimés de manière tout à fait remarquable. J'ai à l'esprit les propos tenus par un militant de Charleville-Mézières - pour vous dire tout ce que j'ai entendu - et qui a exprimé la position du militant de terrain qui souhaite que l'UMP vive, qu'elle débatte, et elle a débattu. Donc je ne vois pas ce qu'il y a d'extraordinaire dans ce qui s'est passé dimanche. "
Q- Rien d'extraordinaire. Vous, qui êtes ministre aujourd'hui, vous étiez au Conseil national dimanche. Vous êtes vous aussi favorable à un référendum pour adopter la future Constitution Européenne ?
R - " J'étais à Moliets en septembre dernier aux journées des jeunes de l'UMP. Mais le référendum a été évoqué en septembre dernier. Donc on n'a pas inventé l'eau chaude dimanche dernier ! Ca fait huit mois qu'on parle du référendum à l'intérieur de l'UMP. Il ne vous a pas non plus échappé qu'à l'UMP, il y a aussi des gaullistes, et que les gaullistes, par définition, ont rarement été opposés au référendum. "
Q- Donc vous, H. Cuq, vous y êtes favorable.
R - " Et donc qu'on parle du référendum n'est pas une nouveauté. "
Q- Vous y êtes favorable.
- " Mais favorable ou pas favorable, Monsieur Aphatie "
Q- Ah c'est ça la question !
R - " Non, non, mais je vais vous répondre. Il s'est passé quoi pour le traité de Maastricht ? Souvenez-vous "
Q- Référendum.
R - " Non. Entre le moment où le Traité a été signé, où le compromis a été avalisé par l'ensemble des pays parties prenantes, et le moment où on est arrivé à la procédure conclusive, il s'est écoulé près d'un an. Le référendum, c'est pas à l'ordre du jour. "
Q- Ah... Vous voyez hein... Donc vous n'y êtes très favorable vous non plus.
- " Mais non... Monsieur Aphatie, si vous voulez faire de la pédagogie, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. "
Q- Et qu'est-ce que vous dites alors ?
R - " Le temps constitutionnel sera le temps de la pédagogie. Et le choix du référendum, pardon de vous le répéter, appartient au Président de la République. On a le devoir, lorsqu'on est engagé en politique, d'exprimer des souhaits, mais de les exprimer de telle manière qu'en réalité, on sait pertinemment que c'est le choix du Président de la République qui à l'arrivée déterminera la procédure telle qu'elle sera présentée aux Français. "
Q- Bon. Eh bien voilà. Donc, vous êtes pour le référendum, mais peut-être un petit peu plus tard hein ?
R - " Je suis pour la ratification naturellement de la Constitution dans le cadre de la procédure qui sera fixée par le président de la République, parce que c'est une décision qui lui appartient ! C'est la Constitution ! Ce sont les institutions. C'est comme ça ! Mais ça n'empêche pas d'en parler ! On en a parlé effectivement dimanche. On en parle encore ce matin... "
Q- Et ici aussi on en a parlé. C'était dans Le Point, la semaine dernière, entre guillemets : "Chirac : même ses amis doutent". Est-ce que J. Chirac a perdu
la main ?
R - " Vous savez, le jour où J. Chirac aura perdu la main. Ca se saura. "
Q- C'est peut-être ça qui se passe.
R - " Aujourd'hui, on se pose la question de savoir s'il l'a ou s'il ne l'a pas perdue. Si on se pose la question, ça veut dire qu'il ne l'a pas perdue ! Parce que si on ne se posait pas la question, à ce moment-là on dirait : il l'a perdue. "
Q- Est-ce que ce n'est pas N. Sarkozy qui a la main aujourd'hui ? E. Balladur disait hier - il était à votre place : "je ne vous pas qui aurait plus de qualités que N. Sarkozy pour être président de l'UMP. Je ne vois même pas qui en aurait autant". C'est un jugement que vous feriez vôtre, H. Cuq ?
R - " Moi, vous savez je vais vous dire une chose : ce qui m'intéresse moi, ce ne sont pas les choix des hommes ; ce n'est pas les ambitions des uns ou des autres. "
Q- On dit toujours ça quand on est un peu embêté.
R - " Pas du tout. Alors ça je vais vous dire, je suis d'une décontraction impériale par rapport à tout ça ! "
Q- Je peux en témoigner. Mais quand même.
R - " Je n'ai jamais été un apparatchik, je n'ai pas un tempérament d'apparatchik, ce n'est pas mon souci. Et je n'ai pas la langue de bois ! Moi ce qui m'intéresse, c'est pas de savoir ce qui va se passer au mois de novembre à l'UMP. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir comment je vais régler l'ordre du jour de l'Assemblée. "
Q- C'est ça.
R - " ... D'ici le mois de juillet. C'est ça ma préoccupation, Monsieur Aphatie. Le reste ce n'est pas mon problème. "
Q- H. Cuq, un militant UMP, qui sacrifie un dimanche pour aller au conseil national ne peut tout de même pas se désintéresser tout à fait de savoir qui sera son président au mois de novembre ! nous sommes d'accord.
R - " Non mais, une fois qu'il a sacrifié son dimanche, il passe à l'affaire suivante. Quand vous avez passé votre week-end, Monsieur Aphatie, vous passez à l'affaire suivante le lundi. Eh bien moi je fais pareil. "
Q- D'accord. Ce n'est pas de la langue de bois, mais c'est une belle pirouette ! hein ?
R - " Non ce n'est pas de la langue de bois, mais c'est comme ça. C'est la vie. "
Q- Une belle pirouette. Alors, puisque vous êtes ministre chargé des Relations avec le Parlement, les députés débattront du volet financier de la décentralisation. On n'y comprend plus grand chose à la décentralisation. Il faut bien l'avouer. Vous vous attendez à un débat difficile demain avec les députés ?
R - " Ce n'est pas un débat difficile. La décentralisation repose sur trois piliers : d'abord la réforme constitutionnelle, le transfert de compétences et la loi organique. Eh bien, on attaque le troisième pilier, qui est celui de la loi organique. On reviendra sur le transferts des compétences une fois que l'organique aura été adopté par l'Assemblée et par le Sénat et, à partir de là, on pourra boucler définitivement la décentralisation, d'ici l'automne qui est le temps qui a été fixé par le Premier Ministre, ces dernières semaines. "
Q- Vous conviendriez que pour les citoyens, c'est devenu confus ce débat sur la décentralisation ?
R - " Ah, vous savez c'est pas devenu confus. Je veux dire que ça n'a jamais été un débat qui intéressait nos concitoyens. La décentralisation est un débat de techniciens, je veux dire de praticiens. La décentralisation intéresse les élus locaux. Elle intéresse les services de l'Etat, elle intéresse les serviteurs de l'Etat dans la mesure où la décentralisation doit s'accompagner nécessairement de la réforme de l'Etat. Les deux sont liées. Et c'est dans ce cadre-là que la décentralisation est aussi un grand chantier. "
Q- Puisque vous êtes ministre des Relations avec le Parlement, H. Cuq, donnez-nous des nouvelles d'un texte disparu. Le 2 juillet dernier, le conseil des ministres a adopté un projet de loi constitutionnel réformant le statut pénal du chef de l'Etat. Et depuis le 2 juillet, on en n'a plus jamais entendu parler !
R - " Alors ça, pour ne rien vous cacher, moi non plus ! "
Q- Ah ! ben dis donc ! On a bien fait de vous inviter ce matin !
R - " Et je n'y pense pas tous les matins. "
Q- Sarkozy ça ne vous intéresse pas, le texte sur le statut pénal du chef de l'Etat, ça ne vous intéresse pas.
R - " Si, tout m'intéresse. Mais quand c'est d'actualité ! Et ça c'est pas d'actualité. "
Q- Et donc ce texte-là, pas de nouvelles !
R - " Bien sûr que non ! "
Q- Pas de nouvelles, il est dans un trou noir.
R - " Pas de nouvelles bonnes nouvelles. Non, il n'est pas dans un trou. Il n'est pas d'actualité ! il n'est pas à l'ordre du jour. "
Q- Bon. Eh ben écoutez vous reviendrez nous voir quand il sera à l'ordre du jour !
R- " Avec plaisir. Si vous m'invitez. "
Mais on réinvitera ! donc H. Cuq... qui reviendra... était l'invité d'RTL ce matin. Bonne journée.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 14 mai 2004)