Texte intégral
ENTRETIEN AVEC TELEVISA :
Q - Vous avez ici un agenda très chargé, très intense, très diversifié, ponctué de nombreuses réunions. Que vient dire le gouvernement français aux Mexicains, ici, au Mexique ?
R - Tout d'abord, vous savez que les relations entre la France et le Mexique sont des relations très étroites. Pendant de nombreux siècles, ces deux peuples ont été amis et ont construit des relations culturelles, économiques et politiques. Le président Fox s'est rendu en France quatre fois au cours des derniers mois. La concertation et le dialogue entre les deux pays sont très forts. Il était par ailleurs très important pour nous d'inviter le Mexique au Sommet d'Evian, au moment où l'avenir économique et politique du monde était débattu, où les défis et les difficultés sont très importants. Nous le voyons avec le terrorisme, avec les risques de prolifération ; nous le voyons avec les crises du Proche et du Moyen-Orient et dans d'autres endroits de la planète. Face à toutes ces difficultés, il est très important que les deux pays puissent discuter, trouver des solutions communes et c'est ce que nous avons essayé de faire au cours de ces derniers jours. Je vais déjeuner un peu plus tard avec le président Fox. Tout cela fait partie de la relation entre nos deux pays qui est, comme je vous l'ai déjà dit, très étroite.
Q - Y a-t-il un message spécifique du président de la France au gouvernement mexicain, au gouvernement du District fédéral ?
R - Il est aujourd'hui important de développer la même vision du monde, de donner davantage d'importance aux organisations régionales. Vous savez que la France est engagée dans un processus avec l'Union européenne : dix nouveaux pays vont intégrer l'Union. Pour nous l'évolution de l'Amérique latine est très importante. Nous suivons avec intérêt ce qui relève de l'Amérique du Sud, du Pacte andin, de l'ALENA ; toutes ces évolutions régionales sont très importantes car elles se font au bénéfice de nous tous. Nous avons remarqué que, durant ces six derniers mois, les exportations du Mexique vers la France ont augmenté de 40%. Il existe donc une implication entre nos deux économies que nous souhaitons encore plus forte. Nous avons besoin de plus de coopération économique et artistique. Nous attacherons également une grande importance aux échanges de jeunes, d'étudiants. Vous savez que 10% des étudiants mexicains étudient le français. Cette diversité culturelle est importante et, étant donné les liens existant entre la France et le Mexique, il est important de pouvoir partager ces valeurs. Nous réalisons que le monde actuel, que la force de la culture, que l'importance des principes communs sont déterminants. C'est pourquoi le dialogue, la coopération sont si importants, si essentiels aujourd'hui.
Q - Aujourd'hui, Monsieur le Ministre, comment perçoit-on le Mexique depuis la France ? Cela fait trois ans que nous avons un gouvernement issu d'un parti autre que celui qui avait gouverné pendant 75 ans. Deux ans et demi de ce gouvernement d'alternance.
R - Bien sûr, en tant que ministre français, il ne m'appartient pas de me prononcer sur la situation politique du Mexique. Mais le mouvement de démocratisation me semble important : un mouvement qui se fait dans tous les secteurs, dans tous les domaines, à tous les niveaux. Nous voulons renforcer de plus en plus cette relation. Il est important pour moi d'avoir des échanges avec le Congrès, avec un représentant de chaque parti pour voir comment nous pouvons soutenir, aider l'ouverture du Mexique. Il en est de même s'agissant de l'ouverture économique et diplomatique. C'est très important, parce que nous serons plus forts si nous sommes plus unis dans ce monde.
Q - Permettez-moi d'insister sur ce sujet. Comment perçoit-on le Mexique depuis la France aujourd'hui, après trois ans de transition, deux ans et demi d'alternance ?
R - En fait, il existe un grand mouvement dans ce pays : mouvement d'ouverture, mouvement politique et aussi cette évolution de la démocratisation vers le multipartisme, très importante. Nous soutenons bien sûr cette évolution. J'ai eu également la possibilité d'aller dans l'Etat de Nuevo Leon, à Monterrey. J'ai eu beaucoup d'intérêt à rencontrer les hommes d'affaires et à voir la vitalité de cette région. Ce que nous voulons développer, bien sûr, c'est notre relation avec tout le Mexique, dans les différentes régions, provinces. Cette relation ne doit pas seulement être une relation entre les gouvernements, mais également avec tous les secteurs et à tous les niveaux de la société. C'est cela qui fait la richesse de notre relation.
Q - Monsieur le Ministre, vous parlez de multipartisme. A Cuba il n'y en a pas. Pourtant, lors de la dernière fête nationale de la France à la Havane, je crois savoir que des leaders de la dissidence, de l'opposition y ont été invités pour la première fois. Ceci a été interprété comme un tournant de la politique de la France à l'égard de Cuba.
R - Bien sûr, après tout ce qui est arrivé à Cuba, en mars dernier - qui a été un choc pour l'opinion publique, pour le peuple français, pour les peuples européens - nous avons décidé de réévaluer, d'examiner comment nous pourrions reconsidérer notre coopération. Et nous avons pris un certain nombre de décisions, parmi lesquelles celle d'inviter à la fête nationale française - et à celle des autres pays européens - les dissidents. Il s'agit d'un geste pour montrer que nous ne pouvions pas accepter que les Droits de l'Homme soient ainsi bafoués. Mais, bien entendu, ce que veut la France, c'est une solution pour Cuba. Elle veut que nous puissions entrer dans un processus positif pour le peuple cubain. Nous sommes préoccupés par la situation du peuple cubain et il était important pour moi de pouvoir en discuter avec les autorités mexicaines ; voir comment elles voyaient cet avenir, comment pouvoir faire des gestes positifs de façon à entrer dans un processus constructif et ne pas prendre uniquement des décisions difficiles. C'est la position française ; ce que nous voulons, nous les pays européens, c'est aider le peuple cubain à entrer dans un cycle positif.
Q - A quelle conclusion sont arrivés le Mexique et la France sur Cuba ?
R - Ce fut une concertation très libre. Chacun de nos pays a sa propre politique envers Cuba et je souhaitais connaître l'avis du Mexique. Nous devons prendre des mesures, des décisions à l'égard de Cuba et voir comment ce pays va réagir. Je dirai que la balle est du côté de Cuba. Si Cuba veut vraiment tendre la main, s'ouvrir et respecter les Droits de l'Homme, s'il y a possibilité de dialogue, de renouer cette coopération. Bien entendu, nous n'allons ni interrompre, ni supprimer la coopération parce que cela reviendrait à porter préjudice au peuple cubain. Mais nous voulons réorganiser, réévaluer cette coopération afin que celle-ci puisse aider ceux que nous voulons vraiment aider.
Q - Finalement Monsieur le Ministre, quelles seront les mesures que vous envisagez, qui pourraient éventuellement marcher à Cuba ? Ces mesures ont-elles d'ailleurs été présentées au président Castro ?
R - Nous sommes dans un processus de réflexion ; le gouvernement peut mettre en uvre les mesures que nous décidons. Ce sont avant tout des mesures dans le domaine de la coopération : comment soutenir le processus en faveur du peuple cubain, comment faire pour que les Droits de l'Homme soient mieux respectés à Cuba ? Cela nous paraît important et nécessite que le gouvernement cubain, que Fidel Castro comprenne que la situation d'isolement dans laquelle il s'installe, n'est une bonne situation ni pour Cuba ni pour le peuple cubain.
Q - Cela implique peut-être que le président Castro coopère, qu'il cède ?
R - Le problème, ce n'est pas de céder ou de ne pas céder. Le problème est que chacun comprenne ce qui est bon pour Cuba et pour la région. Je sais quel est le souci des pays latino-américains. Le président d'Argentine est venu en France et nous en avons parlé. Nous avons eu l'occasion d'en parler également avec nos amis brésiliens. Il s'agit d'un souci commun, que nous partageons. La question est de voir comment être plus efficaces, comment faire pour que les Droits de l'Homme soient plus respectés à Cuba, comment faire pour que Cuba comprenne où est son intérêt politique, culturel, en général celui de la population cubaine. Tout cela doit être mieux compris.
Merci beaucoup
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 juillet 2003)
ENTRETIEN AVEC CANAL 11 :
Q - Monsieur le Ministre, vous vous êtes réuni ce matin avec le ministre mexicain des Affaires étrangères. De quoi avez-vous parlé et comment percevez-vous actuellement les relations entre le Mexique et la France ?
R - En fait, nos relations sont excellentes. Nous partageons la même vision du monde sur les problèmes essentiels : nous le constatons en ce qui concerne le terrorisme, la prolifération et ses risques ; également en ce qui concerne les crises internationales, l'Irak, le Proche-Orient et bien d'autres encore. Ce matin, nous avons parlé de la situation mondiale et nous avons discuté de la relation entre l'Union européenne et le Mexique, entre l'Union et l'Amérique Latine. Nous voulons développer ces relations. Nous avons constaté, au cours des six derniers mois, une augmentation de 40% des exportations du Mexique vers la France. Cela montre qu'il y a des possibilités pour que les deux pays développent leur coopération et nous y accordons beaucoup d'importance. Cependant, notre relation n'est pas uniquement politique et économique, elle est aussi culturelle. Les liens historiques entre nos deux pays sont très forts. J'ai visité le musée Dolores Olmedo où je me suis entretenu avec de nombreux artistes et intellectuels. Les relations entre les deux pays sont fondées sur un lien très profond d'admiration et de connaissance mutuelle ainsi que sur une grande amitié.
Q - La France serait-elle disposée à envoyer d'autres forces en Irak sous le mandat des Nations unies ?
R - Nous voyons tous les jours que la situation est de plus en plus difficile en Irak. C'est avec une grande inquiétude que nous voyons mourir ces jeunes Américains et ces jeunes Britanniques. Bien entendu, il faut réfléchir à ce que nous devons faire pour donner davantage de chances de réussite à ce processus de paix. Maintenant, comment faut-il avancer ? Comment trouver des solutions ?
Il nous semble que le processus politique est le plus important. Il faut travailler dans cette voie pour que les Irakiens puissent retrouver leur pleine souveraineté en matière politique et économique. Nous sommes prêts, conformément aux principes qui sont les nôtres c'est-à-dire en reconnaissant aux Nations unies un rôle majeur dans tout le processus de reconstruction politique et économique, à envisager la possibilité de participer, d'une façon ou d'une autre, à ce processus. Toutefois, ces principes doivent être très clairement établis. Nous l'avons dit publiquement.
Q - Quels risques court la France, en constituant un contrepoids sur le plan international aux Etats-Unis ?
R - Je ne dirais pas un "contrepoids". Je ne crois pas que ce soit le mot exact, car nous voyons tous que les problèmes sont communs : les Etats-Unis, la France, le Mexique, l'Union européenne, l'Amérique latine sont tous confrontés aux même problèmes. Nous voulons tous trouver ensemble des solutions. Ce n'est donc pas une question de "contrepoids", mais de recherche du moyen le plus efficace. La situation que connaît aujourd'hui l'Irak et la situation difficile qui existe au Moyen-Orient montrent que, lorsque nous sommes unis, lorsque nous agissons ensemble, nous sommes plus efficaces. C'est bien cela que nous voulons : essayer de trouver ensemble des solutions.
Q - Comment la France vit-elle la consolidation de l'Union européenne ?
R - C'est un élément très important pour la France parce que, depuis près de cinquante ans, nous travaillons pour construire cette Europe. L'excellente nouvelle pour tous, c'est l'élargissement de l'Europe. Nous étions 15 et nous serons 25. Nous allons signer prochainement l'accord relatif à l'entrée de dix nouveaux pays dans l'Union européenne. C'est un événement très important. On dit souvent que l'Europe est divisée, parce que le regard se porte sur la crise irakienne. Mais en réalité, la coopération, les relations entre les Européens sont en train de se renforcer considérablement, ce qui représente pour la France un élément majeur. Nous avons beaucoup travaillé avec l'Allemagne et nous pensons que la relation entre l'Allemagne et la France est le moteur de l'Europe. Mais cette Europe doit être naturellement une Europe pour tous les pays européens et non pas une Europe qui serait contraire à l'un d'entre eux. C'est pourquoi nous voulons une Europe ouverte, une Europe qui puisse vraiment jouer le rôle qui doit être le sien dans la communauté internationale dont elle est l'un des éléments.
Q - Le rapprochement entre la France et l'Allemagne est très clair (). A cet égard, que pensez-vous de l'attitude de Berlusconi, président du Conseil de l'Union européenne pendant ce semestre, vis-à-vis de l'Allemagne ?
R - Vous savez que dans toute famille il y a parfois des mots de trop, des mots troubles, et qui créent des difficultés qu'il faut surmonter, des polémiques. Il faut les oublier pour voir ce qui est véritablement important pour la famille. Ce qui est important pour nous, c'est le changement pour l'Europe, le passage de 15 à 25. C'est également d'approfondir les institutions de l'Europe. Vous savez que la Convention pour l'avenir de l'Europe est terminée. Nous sommes en train de nous mettre d'accord sur un projet de Constitution commune. Une Conférence intergouvernementale va se réunir pour en décider. Ce projet est un très bon projet. Il me semble donc que nous disposons de tous les éléments pour regarder vers l'avenir. Actuellement l'Italie assume la présidence du Conseil et M. Berlusconi est le président de l'Union européenne. Nous devons tous travailler en vue d'un avenir meilleur.
Q - Parlons finalement de la relation entre la France et Cuba. Nous avons appris ce matin que la France a retiré son appui financier portant sur des échanges culturels entre la France et Cuba. Cela a-t-il quelque chose à voir avec les Droits de l'Homme dans l'île. Quelle est la situation actuelle ?
R - Il est évident que l'opinion internationale et notamment européenne, a été choquée par ce qui s'est passé en mars concernant le non-respect des Droits de l'Homme. C'est pourquoi la décision de l'Europe d'en débattre et de reconsidérer sa coopération avec Cuba a été une décision importante. Nous avons également pris la décision d'inviter à notre ambassade le 14 Juillet, jour de la Fête nationale française, les dissidents.
Ce que nous voulons naturellement ce sont des solutions : il ne s'agit pas de prendre des décisions pour le plaisir de les prendre. Il s'agit de décisions difficiles car l'objectif est d'ouvrir des horizons à Cuba. Nous pensons actuellement au peuple cubain qui est l'ami de la France. Ce qui nous intéresse, c'est de trouver tous ensemble des solutions en tant que pays amis, comme c'est le cas du Mexique qui a des liens très forts avec Cuba. Comment exercer une influence sur les dirigeants cubains pour que Cuba sorte de la situation dans laquelle elle se trouve, en marge de la communauté internationale, et à l'encontre du respect des Droits de l'Homme ?
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 juillet 2003)
ENTRETIEN AVEC TV 5 :
Des liens extrêmement anciens existent entre nos deux pays, nos deux peuples. En me promenant ici, au Mexique, je suis allé au Nord et j'ai constaté à Monterrey et à Mexico une très grande compréhension spontanée, une très grande affection entre le peuple mexicain et le peuple français. Nous partageons, par ailleurs, les mêmes visions du monde. Aujourd'hui hélas, cela concerne le terrorisme, la prolifération, les crises internationales. Nous nous retrouvons pour défendre la nécessité du multilatéralisme, de règles du jeu clairement fixées, d'un rôle central donné aux Nations unies : autant de points très importants.
Q - Alors, est-ce que vous souhaitez que la France développe ses investissements ?
R - Tout à fait et nous avons fait de grands progrès au cours de ces dernières années. Les investissements français au Mexique représentent plus de 6 % des investissements ; 600 millions de dollars sont investis chaque année ; 90 000 emplois directs dépendent d'entreprises françaises. C'est vous dire que cela représente une masse importante. Les plus grandes entreprises sont implantées ici : il y a beaucoup à faire. C'est donc évidemment pour nous une relation tout à fait centrale et nous sommes engagés dans des coopérations extrêmement importantes : dans le domaine des services publics, de l'électricité, du tourisme bien sûr. Et, dans tous les secteurs, il y a un soubassement culturel extrêmement fort entre les deux pays qui constitue un terreau propice à l'activité.
Q - Alors, si on vous suit bien, cette relation franco-mexicaine peut être aussi un pont d'une part avec le reste de l'Europe et, d'autre part, avec le reste de l'Amérique latine ?
R - Tout à fait. Les relations entre le Mexique et l'Union européenne se sont considérablement développées au cours de ces dernières années et constituent un point très fort. On le voit avec l'Amérique latine qui s'organise de plus en plus, on le voit avec le Mercosur, avec le Pacte andin. On le voit donc avec l'ensemble de ces regroupements et avec l'Union européenne. Cela crée naturellement des liens très profonds entre nous, et il nous appartient de développer nos relations dans les cadres qui sont fixés.
Q - On a vu une convergence assez spectaculaire entre Paris et Mexico au moment de la crise irakienne. Est-ce que cette convergence peut déboucher sur d'autres étapes, maintenant, dans la période de l'après-guerre en Irak ?
R - Nous le voyons dans le dialogue et la concertation très étroite que nous entretenons sur l'ensemble des grands sujets internationaux. Il y a une vision commune, le même regard sur la scène internationale, la même exigence ; nous sommes attachés aux règles, aux principes et le Mexique partage cette même vision. C'est pour cela que j'éprouve le besoin, très régulièrement, d'être en contact avec mon homologue mexicain. J'ai eu la chance de pouvoir déjeuner avec le président du Mexique qui s'est rendu quatre fois en France au cours des derniers mois ; c'est vous dire que la relation est très étroite. Les liens d'amitié entre le président Fox et le président Chirac sont très forts. Nous sommes à un moment où notre relation avec l'Amérique latine peut être qualifiée de privilégiée et nous voulons la développer. Le président de l'Argentine était à Paris il y a quelques jours ainsi que le président Lula du Brésil. Il est clair que la France a vraiment l'ambition de développer ses relations avec l'Amérique latine, notamment, pour des raisons culturelles très anciennes. On le voit dans le développement de la langue française au Mexique : 200.000 étudiants mexicains apprennent d'une façon ou d'une autre le français ; le développement des Alliances françaises : j'ai inauguré le nouveau bâtiment de l'Alliance française de Monterrey qui a plus de 8.000 élèves. C'est dire qu'il y a là des bases très solides pour continuer ce développement. Il nous appartient à tous et à tous les niveaux, gouvernement, entreprises, chercheurs, universitaires, étudiants, de développer cette relation et, je le répète, il y a un grand espoir, une attente vis-à-vis de la France. Je veux dire à tous nos amis français, à tous les Français, qu'ils seront bien reçus au Mexique.
Merci
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 juillet 2003)
Q - Vous avez ici un agenda très chargé, très intense, très diversifié, ponctué de nombreuses réunions. Que vient dire le gouvernement français aux Mexicains, ici, au Mexique ?
R - Tout d'abord, vous savez que les relations entre la France et le Mexique sont des relations très étroites. Pendant de nombreux siècles, ces deux peuples ont été amis et ont construit des relations culturelles, économiques et politiques. Le président Fox s'est rendu en France quatre fois au cours des derniers mois. La concertation et le dialogue entre les deux pays sont très forts. Il était par ailleurs très important pour nous d'inviter le Mexique au Sommet d'Evian, au moment où l'avenir économique et politique du monde était débattu, où les défis et les difficultés sont très importants. Nous le voyons avec le terrorisme, avec les risques de prolifération ; nous le voyons avec les crises du Proche et du Moyen-Orient et dans d'autres endroits de la planète. Face à toutes ces difficultés, il est très important que les deux pays puissent discuter, trouver des solutions communes et c'est ce que nous avons essayé de faire au cours de ces derniers jours. Je vais déjeuner un peu plus tard avec le président Fox. Tout cela fait partie de la relation entre nos deux pays qui est, comme je vous l'ai déjà dit, très étroite.
Q - Y a-t-il un message spécifique du président de la France au gouvernement mexicain, au gouvernement du District fédéral ?
R - Il est aujourd'hui important de développer la même vision du monde, de donner davantage d'importance aux organisations régionales. Vous savez que la France est engagée dans un processus avec l'Union européenne : dix nouveaux pays vont intégrer l'Union. Pour nous l'évolution de l'Amérique latine est très importante. Nous suivons avec intérêt ce qui relève de l'Amérique du Sud, du Pacte andin, de l'ALENA ; toutes ces évolutions régionales sont très importantes car elles se font au bénéfice de nous tous. Nous avons remarqué que, durant ces six derniers mois, les exportations du Mexique vers la France ont augmenté de 40%. Il existe donc une implication entre nos deux économies que nous souhaitons encore plus forte. Nous avons besoin de plus de coopération économique et artistique. Nous attacherons également une grande importance aux échanges de jeunes, d'étudiants. Vous savez que 10% des étudiants mexicains étudient le français. Cette diversité culturelle est importante et, étant donné les liens existant entre la France et le Mexique, il est important de pouvoir partager ces valeurs. Nous réalisons que le monde actuel, que la force de la culture, que l'importance des principes communs sont déterminants. C'est pourquoi le dialogue, la coopération sont si importants, si essentiels aujourd'hui.
Q - Aujourd'hui, Monsieur le Ministre, comment perçoit-on le Mexique depuis la France ? Cela fait trois ans que nous avons un gouvernement issu d'un parti autre que celui qui avait gouverné pendant 75 ans. Deux ans et demi de ce gouvernement d'alternance.
R - Bien sûr, en tant que ministre français, il ne m'appartient pas de me prononcer sur la situation politique du Mexique. Mais le mouvement de démocratisation me semble important : un mouvement qui se fait dans tous les secteurs, dans tous les domaines, à tous les niveaux. Nous voulons renforcer de plus en plus cette relation. Il est important pour moi d'avoir des échanges avec le Congrès, avec un représentant de chaque parti pour voir comment nous pouvons soutenir, aider l'ouverture du Mexique. Il en est de même s'agissant de l'ouverture économique et diplomatique. C'est très important, parce que nous serons plus forts si nous sommes plus unis dans ce monde.
Q - Permettez-moi d'insister sur ce sujet. Comment perçoit-on le Mexique depuis la France aujourd'hui, après trois ans de transition, deux ans et demi d'alternance ?
R - En fait, il existe un grand mouvement dans ce pays : mouvement d'ouverture, mouvement politique et aussi cette évolution de la démocratisation vers le multipartisme, très importante. Nous soutenons bien sûr cette évolution. J'ai eu également la possibilité d'aller dans l'Etat de Nuevo Leon, à Monterrey. J'ai eu beaucoup d'intérêt à rencontrer les hommes d'affaires et à voir la vitalité de cette région. Ce que nous voulons développer, bien sûr, c'est notre relation avec tout le Mexique, dans les différentes régions, provinces. Cette relation ne doit pas seulement être une relation entre les gouvernements, mais également avec tous les secteurs et à tous les niveaux de la société. C'est cela qui fait la richesse de notre relation.
Q - Monsieur le Ministre, vous parlez de multipartisme. A Cuba il n'y en a pas. Pourtant, lors de la dernière fête nationale de la France à la Havane, je crois savoir que des leaders de la dissidence, de l'opposition y ont été invités pour la première fois. Ceci a été interprété comme un tournant de la politique de la France à l'égard de Cuba.
R - Bien sûr, après tout ce qui est arrivé à Cuba, en mars dernier - qui a été un choc pour l'opinion publique, pour le peuple français, pour les peuples européens - nous avons décidé de réévaluer, d'examiner comment nous pourrions reconsidérer notre coopération. Et nous avons pris un certain nombre de décisions, parmi lesquelles celle d'inviter à la fête nationale française - et à celle des autres pays européens - les dissidents. Il s'agit d'un geste pour montrer que nous ne pouvions pas accepter que les Droits de l'Homme soient ainsi bafoués. Mais, bien entendu, ce que veut la France, c'est une solution pour Cuba. Elle veut que nous puissions entrer dans un processus positif pour le peuple cubain. Nous sommes préoccupés par la situation du peuple cubain et il était important pour moi de pouvoir en discuter avec les autorités mexicaines ; voir comment elles voyaient cet avenir, comment pouvoir faire des gestes positifs de façon à entrer dans un processus constructif et ne pas prendre uniquement des décisions difficiles. C'est la position française ; ce que nous voulons, nous les pays européens, c'est aider le peuple cubain à entrer dans un cycle positif.
Q - A quelle conclusion sont arrivés le Mexique et la France sur Cuba ?
R - Ce fut une concertation très libre. Chacun de nos pays a sa propre politique envers Cuba et je souhaitais connaître l'avis du Mexique. Nous devons prendre des mesures, des décisions à l'égard de Cuba et voir comment ce pays va réagir. Je dirai que la balle est du côté de Cuba. Si Cuba veut vraiment tendre la main, s'ouvrir et respecter les Droits de l'Homme, s'il y a possibilité de dialogue, de renouer cette coopération. Bien entendu, nous n'allons ni interrompre, ni supprimer la coopération parce que cela reviendrait à porter préjudice au peuple cubain. Mais nous voulons réorganiser, réévaluer cette coopération afin que celle-ci puisse aider ceux que nous voulons vraiment aider.
Q - Finalement Monsieur le Ministre, quelles seront les mesures que vous envisagez, qui pourraient éventuellement marcher à Cuba ? Ces mesures ont-elles d'ailleurs été présentées au président Castro ?
R - Nous sommes dans un processus de réflexion ; le gouvernement peut mettre en uvre les mesures que nous décidons. Ce sont avant tout des mesures dans le domaine de la coopération : comment soutenir le processus en faveur du peuple cubain, comment faire pour que les Droits de l'Homme soient mieux respectés à Cuba ? Cela nous paraît important et nécessite que le gouvernement cubain, que Fidel Castro comprenne que la situation d'isolement dans laquelle il s'installe, n'est une bonne situation ni pour Cuba ni pour le peuple cubain.
Q - Cela implique peut-être que le président Castro coopère, qu'il cède ?
R - Le problème, ce n'est pas de céder ou de ne pas céder. Le problème est que chacun comprenne ce qui est bon pour Cuba et pour la région. Je sais quel est le souci des pays latino-américains. Le président d'Argentine est venu en France et nous en avons parlé. Nous avons eu l'occasion d'en parler également avec nos amis brésiliens. Il s'agit d'un souci commun, que nous partageons. La question est de voir comment être plus efficaces, comment faire pour que les Droits de l'Homme soient plus respectés à Cuba, comment faire pour que Cuba comprenne où est son intérêt politique, culturel, en général celui de la population cubaine. Tout cela doit être mieux compris.
Merci beaucoup
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 juillet 2003)
ENTRETIEN AVEC CANAL 11 :
Q - Monsieur le Ministre, vous vous êtes réuni ce matin avec le ministre mexicain des Affaires étrangères. De quoi avez-vous parlé et comment percevez-vous actuellement les relations entre le Mexique et la France ?
R - En fait, nos relations sont excellentes. Nous partageons la même vision du monde sur les problèmes essentiels : nous le constatons en ce qui concerne le terrorisme, la prolifération et ses risques ; également en ce qui concerne les crises internationales, l'Irak, le Proche-Orient et bien d'autres encore. Ce matin, nous avons parlé de la situation mondiale et nous avons discuté de la relation entre l'Union européenne et le Mexique, entre l'Union et l'Amérique Latine. Nous voulons développer ces relations. Nous avons constaté, au cours des six derniers mois, une augmentation de 40% des exportations du Mexique vers la France. Cela montre qu'il y a des possibilités pour que les deux pays développent leur coopération et nous y accordons beaucoup d'importance. Cependant, notre relation n'est pas uniquement politique et économique, elle est aussi culturelle. Les liens historiques entre nos deux pays sont très forts. J'ai visité le musée Dolores Olmedo où je me suis entretenu avec de nombreux artistes et intellectuels. Les relations entre les deux pays sont fondées sur un lien très profond d'admiration et de connaissance mutuelle ainsi que sur une grande amitié.
Q - La France serait-elle disposée à envoyer d'autres forces en Irak sous le mandat des Nations unies ?
R - Nous voyons tous les jours que la situation est de plus en plus difficile en Irak. C'est avec une grande inquiétude que nous voyons mourir ces jeunes Américains et ces jeunes Britanniques. Bien entendu, il faut réfléchir à ce que nous devons faire pour donner davantage de chances de réussite à ce processus de paix. Maintenant, comment faut-il avancer ? Comment trouver des solutions ?
Il nous semble que le processus politique est le plus important. Il faut travailler dans cette voie pour que les Irakiens puissent retrouver leur pleine souveraineté en matière politique et économique. Nous sommes prêts, conformément aux principes qui sont les nôtres c'est-à-dire en reconnaissant aux Nations unies un rôle majeur dans tout le processus de reconstruction politique et économique, à envisager la possibilité de participer, d'une façon ou d'une autre, à ce processus. Toutefois, ces principes doivent être très clairement établis. Nous l'avons dit publiquement.
Q - Quels risques court la France, en constituant un contrepoids sur le plan international aux Etats-Unis ?
R - Je ne dirais pas un "contrepoids". Je ne crois pas que ce soit le mot exact, car nous voyons tous que les problèmes sont communs : les Etats-Unis, la France, le Mexique, l'Union européenne, l'Amérique latine sont tous confrontés aux même problèmes. Nous voulons tous trouver ensemble des solutions. Ce n'est donc pas une question de "contrepoids", mais de recherche du moyen le plus efficace. La situation que connaît aujourd'hui l'Irak et la situation difficile qui existe au Moyen-Orient montrent que, lorsque nous sommes unis, lorsque nous agissons ensemble, nous sommes plus efficaces. C'est bien cela que nous voulons : essayer de trouver ensemble des solutions.
Q - Comment la France vit-elle la consolidation de l'Union européenne ?
R - C'est un élément très important pour la France parce que, depuis près de cinquante ans, nous travaillons pour construire cette Europe. L'excellente nouvelle pour tous, c'est l'élargissement de l'Europe. Nous étions 15 et nous serons 25. Nous allons signer prochainement l'accord relatif à l'entrée de dix nouveaux pays dans l'Union européenne. C'est un événement très important. On dit souvent que l'Europe est divisée, parce que le regard se porte sur la crise irakienne. Mais en réalité, la coopération, les relations entre les Européens sont en train de se renforcer considérablement, ce qui représente pour la France un élément majeur. Nous avons beaucoup travaillé avec l'Allemagne et nous pensons que la relation entre l'Allemagne et la France est le moteur de l'Europe. Mais cette Europe doit être naturellement une Europe pour tous les pays européens et non pas une Europe qui serait contraire à l'un d'entre eux. C'est pourquoi nous voulons une Europe ouverte, une Europe qui puisse vraiment jouer le rôle qui doit être le sien dans la communauté internationale dont elle est l'un des éléments.
Q - Le rapprochement entre la France et l'Allemagne est très clair (). A cet égard, que pensez-vous de l'attitude de Berlusconi, président du Conseil de l'Union européenne pendant ce semestre, vis-à-vis de l'Allemagne ?
R - Vous savez que dans toute famille il y a parfois des mots de trop, des mots troubles, et qui créent des difficultés qu'il faut surmonter, des polémiques. Il faut les oublier pour voir ce qui est véritablement important pour la famille. Ce qui est important pour nous, c'est le changement pour l'Europe, le passage de 15 à 25. C'est également d'approfondir les institutions de l'Europe. Vous savez que la Convention pour l'avenir de l'Europe est terminée. Nous sommes en train de nous mettre d'accord sur un projet de Constitution commune. Une Conférence intergouvernementale va se réunir pour en décider. Ce projet est un très bon projet. Il me semble donc que nous disposons de tous les éléments pour regarder vers l'avenir. Actuellement l'Italie assume la présidence du Conseil et M. Berlusconi est le président de l'Union européenne. Nous devons tous travailler en vue d'un avenir meilleur.
Q - Parlons finalement de la relation entre la France et Cuba. Nous avons appris ce matin que la France a retiré son appui financier portant sur des échanges culturels entre la France et Cuba. Cela a-t-il quelque chose à voir avec les Droits de l'Homme dans l'île. Quelle est la situation actuelle ?
R - Il est évident que l'opinion internationale et notamment européenne, a été choquée par ce qui s'est passé en mars concernant le non-respect des Droits de l'Homme. C'est pourquoi la décision de l'Europe d'en débattre et de reconsidérer sa coopération avec Cuba a été une décision importante. Nous avons également pris la décision d'inviter à notre ambassade le 14 Juillet, jour de la Fête nationale française, les dissidents.
Ce que nous voulons naturellement ce sont des solutions : il ne s'agit pas de prendre des décisions pour le plaisir de les prendre. Il s'agit de décisions difficiles car l'objectif est d'ouvrir des horizons à Cuba. Nous pensons actuellement au peuple cubain qui est l'ami de la France. Ce qui nous intéresse, c'est de trouver tous ensemble des solutions en tant que pays amis, comme c'est le cas du Mexique qui a des liens très forts avec Cuba. Comment exercer une influence sur les dirigeants cubains pour que Cuba sorte de la situation dans laquelle elle se trouve, en marge de la communauté internationale, et à l'encontre du respect des Droits de l'Homme ?
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 juillet 2003)
ENTRETIEN AVEC TV 5 :
Des liens extrêmement anciens existent entre nos deux pays, nos deux peuples. En me promenant ici, au Mexique, je suis allé au Nord et j'ai constaté à Monterrey et à Mexico une très grande compréhension spontanée, une très grande affection entre le peuple mexicain et le peuple français. Nous partageons, par ailleurs, les mêmes visions du monde. Aujourd'hui hélas, cela concerne le terrorisme, la prolifération, les crises internationales. Nous nous retrouvons pour défendre la nécessité du multilatéralisme, de règles du jeu clairement fixées, d'un rôle central donné aux Nations unies : autant de points très importants.
Q - Alors, est-ce que vous souhaitez que la France développe ses investissements ?
R - Tout à fait et nous avons fait de grands progrès au cours de ces dernières années. Les investissements français au Mexique représentent plus de 6 % des investissements ; 600 millions de dollars sont investis chaque année ; 90 000 emplois directs dépendent d'entreprises françaises. C'est vous dire que cela représente une masse importante. Les plus grandes entreprises sont implantées ici : il y a beaucoup à faire. C'est donc évidemment pour nous une relation tout à fait centrale et nous sommes engagés dans des coopérations extrêmement importantes : dans le domaine des services publics, de l'électricité, du tourisme bien sûr. Et, dans tous les secteurs, il y a un soubassement culturel extrêmement fort entre les deux pays qui constitue un terreau propice à l'activité.
Q - Alors, si on vous suit bien, cette relation franco-mexicaine peut être aussi un pont d'une part avec le reste de l'Europe et, d'autre part, avec le reste de l'Amérique latine ?
R - Tout à fait. Les relations entre le Mexique et l'Union européenne se sont considérablement développées au cours de ces dernières années et constituent un point très fort. On le voit avec l'Amérique latine qui s'organise de plus en plus, on le voit avec le Mercosur, avec le Pacte andin. On le voit donc avec l'ensemble de ces regroupements et avec l'Union européenne. Cela crée naturellement des liens très profonds entre nous, et il nous appartient de développer nos relations dans les cadres qui sont fixés.
Q - On a vu une convergence assez spectaculaire entre Paris et Mexico au moment de la crise irakienne. Est-ce que cette convergence peut déboucher sur d'autres étapes, maintenant, dans la période de l'après-guerre en Irak ?
R - Nous le voyons dans le dialogue et la concertation très étroite que nous entretenons sur l'ensemble des grands sujets internationaux. Il y a une vision commune, le même regard sur la scène internationale, la même exigence ; nous sommes attachés aux règles, aux principes et le Mexique partage cette même vision. C'est pour cela que j'éprouve le besoin, très régulièrement, d'être en contact avec mon homologue mexicain. J'ai eu la chance de pouvoir déjeuner avec le président du Mexique qui s'est rendu quatre fois en France au cours des derniers mois ; c'est vous dire que la relation est très étroite. Les liens d'amitié entre le président Fox et le président Chirac sont très forts. Nous sommes à un moment où notre relation avec l'Amérique latine peut être qualifiée de privilégiée et nous voulons la développer. Le président de l'Argentine était à Paris il y a quelques jours ainsi que le président Lula du Brésil. Il est clair que la France a vraiment l'ambition de développer ses relations avec l'Amérique latine, notamment, pour des raisons culturelles très anciennes. On le voit dans le développement de la langue française au Mexique : 200.000 étudiants mexicains apprennent d'une façon ou d'une autre le français ; le développement des Alliances françaises : j'ai inauguré le nouveau bâtiment de l'Alliance française de Monterrey qui a plus de 8.000 élèves. C'est dire qu'il y a là des bases très solides pour continuer ce développement. Il nous appartient à tous et à tous les niveaux, gouvernement, entreprises, chercheurs, universitaires, étudiants, de développer cette relation et, je le répète, il y a un grand espoir, une attente vis-à-vis de la France. Je veux dire à tous nos amis français, à tous les Français, qu'ils seront bien reçus au Mexique.
Merci
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 juillet 2003)