Discours de M. Alain Richard, ministre de la défense, sur le rôle de la gendarmerie dans la Drôme, la réorganisation et la réforme de la gendarmerie qui désormais travaille en partenariat avec les autres acteurs de la sécurité intérieure, Donzère (Drôme) le 21 janvier 2000.

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Circonstance : Déplacement de M. Alain Richard, ministre de la défense, à Donzère (Drôme), à l'occasion de la signature du Contrat local de Sécurité le 21 janvier 2000

Texte intégral

Monsieur le député,
Monsieur le Procureur de la République,
Monsieur le Préfet,
Mesdames, Messieurs,
C'est pour moi un plaisir d'être parmi vous aujourd'hui, dans cette mairie de Donzère, au cur de la Drôme provençale, pour la signature d'un nouveau contrat local de sécurité.
Cette visite est l'occasion de suivre sur le terrain, au contact des responsables et des élus, l'état de la mise en uvre des réformes entreprises au niveau central. Et si j'ai tenu à être présent pour la signature de ce nouveau contrat local de sécurité, aujourd'hui, à Donzère, avec ses problèmes particuliers, c'est à la demande d'Eric Besson et en tant que ministre de la Défense, pour vous dire toute l'importance que j'attache à l'engagement de la gendarmerie dans la politique partenariale mise en uvre par le gouvernement en matière de sécurité intérieure.
[La gendarmerie dans la Drôme]
Dans cet esprit, je voudrais d'abord rappeler le rôle de la gendarmerie dans la Drôme et les évolutions qui la concernent. Comme vous le savez, la gendarmerie nationale mène depuis plusieurs années une politique de réformes profondes, et les effets en sont sensibles ici en particulier. Compte tenu de ses charges actuelles et à venir, le groupement de gendarmerie départementale de la Drôme fait en effet partie des 26 groupements dont le gouvernement a décidé de renforcer en priorité les moyens.
Ces renforcements s'inscrivent dans la perspective, plus large, des réorganisations actuellement à l'étude au niveau national : elles concernent 1-les éventuels transferts de zones de responsabilité entre la police et la gendarmerie. 2- Les effectifs globaux paraissant suffisants, la rationalisation des moyens disponibles. Ces mesures permettront d'améliorer la qualité du service public de sécurité et de proximité auxquels nos concitoyens aspirent légitimement.
Ces réformes traduisent la volonté constante d'adaptation de la gendarmerie aux réalités contemporaines, en particulier dans leur dimension locale. Elles sont d'abord une réponse à l'évolution de la démographie et à celle de la délinquance - je pense notamment aux conséquence du développement de l'urbanisation, Eric Besson s'y attache, et aux nouvelles formes de délinquance. Cette double tendance exige une adaptation des dispositifs pour qu'ils améliorent leur efficacité. Mais, comme l'a demandé le Premier ministre, toute adaptation ne peut se faire qu'au cas par cas, dans un esprit de transparence et de concertation.
Les réformes, en intégrant les innovations technologiques, notamment en matière de télécommunication, ainsi que de police scientifique permettront aux méthodes de travail, à l'organisation du service et à l'exécution des missions de gagner en performance.
Cette adaptation du déploiement et des moyens de la gendarmerie doit se faire, certes dans la recherche de l'efficacité et du maintien d'un service de proximité, mais aussi dans un esprit d'ouverture et de concertation. C'est pourquoi la gendarmerie s'implique résolument dans la démarche partenariale avec les autres acteurs de la sécurité intérieure.
C'est ainsi qu'en 1999, le groupement de gendarmerie de la Drôme a été renforcé de 11 militaires, dont 2 ont été affectés en octobre dernier, ici même, à la brigade de Donzère.
[La gendarmerie dans la démarche partenariale]
L'implication dans la démarche partenariale qui se traduit par la signature et la mise en uvre des CLS est, et j'insiste sur ce point, parfaitement cohérente avec les modes de fonctionnement traditionnels de la gendarmerie.
Tout d'abord car l'étendue de ses compétences en matière de police administrative et judiciaire amène naturellement la gendarmerie à associer démarches préventives et répressives, ce qui est également l'esprit des CLS. Ensuite parce que son organisation très décentralisée en fait le correspondant naturel de nombreux services publics et des collectivités locales, pour analyser, diagnostiquer et déterminer les remèdes, avec lesquelles elle coopère au quotidien.
En associant les services de l'Etat et les collectivités locales, mais également le réseau associatif et d'une façon générale tous ceux qui participent à l'amélioration de la sécurité, le CLS renforce les liens entre les différents acteurs de la sécurité. Il permet ainsi, et c'est là un atout considérable, d'assurer dans de meilleures conditions la coordination indispensable à la cohérence des actions.
Cette coordination se traduit tout d'abord dans la phase de diagnostic préalable à la conclusion des CLS. Elle a pour objet de réaliser un examen approfondi du sentiment d'insécurité autant que de l'insécurité elle-même. Cette analyse est enrichie par les observations de tous les intervenants et par des statistiques sur la délinquance. Elle associe donc informations subjectives et indicateurs plus objectifs.
Ainsi, par exemple, dans le cas de Donzère, les statistiques ont permis de noter une baisse de la délinquance de voie publique constatée, et je m'en réjouis : elle témoigne de l'engagement des militaires de la brigade. Pourtant ces résultats ne doivent pas occulter la perception, évidemment plus subjective, que les citoyens peuvent avoir de leur propre sécurité.
La phase d'évaluation en commun de la réalisation de ces objectifs apparaît tout aussi fondamentale. Le CLS doit vivre. Et, c'est le sens de cette démarche, la référence qu'il constitue pour toutes les parties qui s'y sont engagées doit être périodiquement réexaminée afin de conserver tout son intérêt et toute sa signification. Là encore, c'est dans la concertation et la confrontation des points de vue que l'appréciation des résultats et, si nécessaire, la redéfinition des objectifs, peuvent intervenir de manière juste et efficace.
J'insisterai enfin tout particulièrement sur un point : la démarche partenariale à l'uvre dans les CLS n'est pas une source de confusion dans les missions et les attributions de chacun. La confusion serait au contraire de voir chaque intervenant concerné être tenté de prendre à son compte la totalité de la sécurité sous tous ses aspects. Or il n'est pas question de transformer les gendarmes en éducateurs ni les éducateurs en gendarmes.
Ce qui importe, c'est que chacun remplisse les missions qui sont les siennes en pleine connaissance des objectifs et des méthodes des autres partenaires de la sécurité. Il s'agit d'assurer l'équilibre entre prévention et répression et de faire reculer la délinquance et l'insécurité.
Pour ma part, en tant que ministre de la Défense, j'attache une grande importance à l'implication de la gendarmerie nationale dans ce processus. De fait, elle est partie à un tiers des CLS signés à ce jour, que se soit dans sa zone de responsabilité exclusive ou dans des zones mixtes où ces responsabilités sont partagées avec la police nationale. Je crois que cet engagement contribuera à renforcer le lien de la nation et des armées, dans une atmosphère de confiance et de respect mutuel.
* *
Mesdames, Messieurs,
Le CLS qui est signé aujourd'hui à Donzère est le septième à prendre effet dans le département de la Drôme et le troisième, toujours dans ce département, où la gendarmerie est partie prenante. Cette signature est donc pour moi une satisfaction et une occasion de féliciter les partenaires.
Idée de demander dynamique et cohésion dans un esprit d'ouverture, de concertation et donc d'avenir.
C'est pourquoi, je souhaite bonne chance au CLS de Donzère.
Je vous remercie.
(Seul le texte prononcé fait foi)
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 2 février 2000)