Texte intégral
Ces journées européennes du patrimoine ont cette année pour thème "patrimoine, sciences et techniques".
Il faut, à mon sens, lire ce thème de deux façons :
1) d'abord ces journées du patrimoine doivent être l'occasion de découvrir ou de redécouvrir, les merveilles scientifiques et technologiques qui font partie intégrante de notre patrimoine, aussi diverses que les collections des muséum, les zoos ou le patrimoine technique et industriel...
2) Mais ce thème permet aussi de mettre en avant, cette année, l'incroyable contribution de la science à la préservation et à la mise en valeur du patrimoine. De plus en plus, les disciplines culturelles comme l'archéologie ou l'histoire de l'art font appel aux techniques les plus innovantes pour progresser dans la connaissance. La préservation des bâtiments, " subit ", si j'ose dire, elle aussi le joug de la technologie, et c'est une chance pour la science que de pouvoir investir et rendre service à la culture.
Tout d'abord, parlons donc un peu des patrimoines scientifiques, souvent méconnus, alors même qu'ils sont riches et variés :
- le PATRIMOINE NATUREL comprend les collections des spécimens conservés principalement dans les muséums et les universités. Les visiteurs pourront les découvrir dans les 60 muséums en région, qui regroupent plus de 15 millions de spécimens. Ils pourront aussi faire ou refaire la découverte du PATRIMOINE VIVANT dans les parcs zoologiques, les aquariums, les vivariums ou encore les jardins botaniques.
- D'autres visiteurs pourront choisir de découvrir ou de redécouvrir le PATRIMOINE TECHNIQUE ET INDUSTRIEL, constitué principalement d'objets, d'instruments scientifiques, d'appareils de laboratoires, de collections et modèles médicaux ou éducatifs, outils et machines. Beaucoup sont porteurs de mémoire historique, culturelle ou sociale.
Les objets seuls sont cependant trop réducteurs pour caractériser ce patrimoine : il convient d'y inclure également les images, fixes et animées, et les sons (ethnomusicologie, par exemple) ainsi que les banques de données et d'information, les banques de graines, de tissus... qui constituent les outils nécessaires à la compréhension et à la préservation du monde actuel.
Cette année, pour la première fois, à l'occasion des journées du patrimoine, le Conservatoire National des Arts et Métiers ouvrira, à la demande du Ministère de la Recherche, ses réserves de Saint Denis au public. Ce sont ainsi 80 000 objets et 15 000 dessins de notre patrimoine scientifique qui deviendront accessibles aux français le temps d'une fin de semaine.
A l'occasion des Journées du Patrimoine, la Cité des sciences et de l'industrie vous présentera des objets atypiques de sa collection muséologique : des robots, les premiers bocaux issus de l'appertisation, et un ouvre-boîte électrique y côtoieront une lunette astronomique du XVIIIe siècle...
Au-delà des objets et dessins, rappelons enfin que le patrimoine scientifique et technique est aussi constitué par les concepts et les savoirs produits et accumulés au cours du temps, parfois désigné sous le terme de PATRIMOINE IMMATERIEL.
J'espère à travers ces quelques phrases avoir pu vous faire partager la richesse de notre patrimoine scientifique, technique et naturel. Il doit être reconnu et considéré à l'égal du patrimoine culturel, comme mémoire de notre environnement et de nos civilisations.
Ces journées EUROPEENNES du patrimoine sont aussi l'occasion de rappeler que ce patrimoine n'appartient pas à une seule nation : il est à bien des égards PATRIMOINE DE L'HUMANITE. Il est à la fois le produit de la recherche scientifique et la matière sur laquelle se fondent les recherches présentes et à venir.
Ces journées du Patrimoine sont aussi l'occasion, comme je l'ai dit en introduction, de faire valoir le fait que les sciences et les techniques sont au service du patrimoine.
De nombreux organismes de recherche, des centaines de chercheurs, d'ingénieurs et de techniciens participent à la connaissance et à la préservation des collections du patrimoine en général : parmi eux, le Centre National de la Recherche Scientifique participe activement aux travaux du Centre de Recherche et Restauration des Musées de France (C2RMF).
Sous le Carrousel du Louvre se cache, par exemple, un accélérateur de particules ! Grâce à AGLAE, l'Accélérateur Grand Louvre d'Analyse Elémentaire, nous pouvons déterminer, sans prélèvement, la composition des oeuvres d'art. Il s'agit là d'un bel exemple de science et de haute technologie au service du patrimoine.
Il y a beaucoup à dire aussi des bénéfices retirés de l'utilisation du LASER pour nettoyer des structures fragiles : les dépôts qui se trouvaient sur la PIERRE DE JUPITER ont ainsi pu être éliminés par photo-ablation, de manière parfaitement non-destructive.
La microscopie à balayage électronique est aussi utilisée par un autre des ces laboratoires au service du patrimoine : le Laboratoire de Recherche sur les Monuments Historiques. Ce dernier utilise cette technique pour diagnostiquer précisément les réparations à effectuer sur les peintures, tissus, métaux, verres et céramiques.
Pour prendre un exemple concret, lors de fouilles archéologiques, il est fréquent d'observer des restes de tissus conservés sous une forme minéralisée.
Avec l'image topographique, il devient possible d'identifier la nature des fibres et d'apprécier leur mode de fabrication.
On doit ainsi à ce laboratoire de recherche la restauration du Pont Alexandre III à Paris, des grottes de Lascaux ou encore des tapisseries de la cathédrale de Strasbourg.
Pour ceux qui douteraient encore de l'importance donnée à la sauvegarde du patrimoine dans l'utilisation de la technologie - en reste-t-il seulement ? -, je les invite à taper " microscopie électronique à balayage " sur le moteur de recherche " google ". Ils seront peut-être surpris de constater que les trois premières réponses expliquant le fonctionnement de cet outil sont des sites à caractère culturel...
Pour terminer, et en guise d'ouverture sur l'après " journées du Patrimoine ", cette année, la Culture Scientifique et Technique est bel et bien à l'honneur. Il s'agit d'un signe fort montrant que la recherche et la science sont revenus au coeur de nos préoccupations. C'est aussi une nécessité, parce que la diffusion des connaissances, l'éducation à la science sont des impératifs pour la recherche : le savoir doit être partagé, le plus vite possible et avec le plus grand nombre.
En résumé, pour ces journées, je tiens à vous inviter à vous faire le relais de deux mots d'ordre :
- Profitons donc de ces journées pour découvrir toute la richesse culturelle de notre patrimoine scientifique !
- Profitons donc de ces journées pour découvrir toute la richesse du travail de nos scientifiques au service de notre patrimoine culturel !
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 9 septembre 2004)
Il faut, à mon sens, lire ce thème de deux façons :
1) d'abord ces journées du patrimoine doivent être l'occasion de découvrir ou de redécouvrir, les merveilles scientifiques et technologiques qui font partie intégrante de notre patrimoine, aussi diverses que les collections des muséum, les zoos ou le patrimoine technique et industriel...
2) Mais ce thème permet aussi de mettre en avant, cette année, l'incroyable contribution de la science à la préservation et à la mise en valeur du patrimoine. De plus en plus, les disciplines culturelles comme l'archéologie ou l'histoire de l'art font appel aux techniques les plus innovantes pour progresser dans la connaissance. La préservation des bâtiments, " subit ", si j'ose dire, elle aussi le joug de la technologie, et c'est une chance pour la science que de pouvoir investir et rendre service à la culture.
Tout d'abord, parlons donc un peu des patrimoines scientifiques, souvent méconnus, alors même qu'ils sont riches et variés :
- le PATRIMOINE NATUREL comprend les collections des spécimens conservés principalement dans les muséums et les universités. Les visiteurs pourront les découvrir dans les 60 muséums en région, qui regroupent plus de 15 millions de spécimens. Ils pourront aussi faire ou refaire la découverte du PATRIMOINE VIVANT dans les parcs zoologiques, les aquariums, les vivariums ou encore les jardins botaniques.
- D'autres visiteurs pourront choisir de découvrir ou de redécouvrir le PATRIMOINE TECHNIQUE ET INDUSTRIEL, constitué principalement d'objets, d'instruments scientifiques, d'appareils de laboratoires, de collections et modèles médicaux ou éducatifs, outils et machines. Beaucoup sont porteurs de mémoire historique, culturelle ou sociale.
Les objets seuls sont cependant trop réducteurs pour caractériser ce patrimoine : il convient d'y inclure également les images, fixes et animées, et les sons (ethnomusicologie, par exemple) ainsi que les banques de données et d'information, les banques de graines, de tissus... qui constituent les outils nécessaires à la compréhension et à la préservation du monde actuel.
Cette année, pour la première fois, à l'occasion des journées du patrimoine, le Conservatoire National des Arts et Métiers ouvrira, à la demande du Ministère de la Recherche, ses réserves de Saint Denis au public. Ce sont ainsi 80 000 objets et 15 000 dessins de notre patrimoine scientifique qui deviendront accessibles aux français le temps d'une fin de semaine.
A l'occasion des Journées du Patrimoine, la Cité des sciences et de l'industrie vous présentera des objets atypiques de sa collection muséologique : des robots, les premiers bocaux issus de l'appertisation, et un ouvre-boîte électrique y côtoieront une lunette astronomique du XVIIIe siècle...
Au-delà des objets et dessins, rappelons enfin que le patrimoine scientifique et technique est aussi constitué par les concepts et les savoirs produits et accumulés au cours du temps, parfois désigné sous le terme de PATRIMOINE IMMATERIEL.
J'espère à travers ces quelques phrases avoir pu vous faire partager la richesse de notre patrimoine scientifique, technique et naturel. Il doit être reconnu et considéré à l'égal du patrimoine culturel, comme mémoire de notre environnement et de nos civilisations.
Ces journées EUROPEENNES du patrimoine sont aussi l'occasion de rappeler que ce patrimoine n'appartient pas à une seule nation : il est à bien des égards PATRIMOINE DE L'HUMANITE. Il est à la fois le produit de la recherche scientifique et la matière sur laquelle se fondent les recherches présentes et à venir.
Ces journées du Patrimoine sont aussi l'occasion, comme je l'ai dit en introduction, de faire valoir le fait que les sciences et les techniques sont au service du patrimoine.
De nombreux organismes de recherche, des centaines de chercheurs, d'ingénieurs et de techniciens participent à la connaissance et à la préservation des collections du patrimoine en général : parmi eux, le Centre National de la Recherche Scientifique participe activement aux travaux du Centre de Recherche et Restauration des Musées de France (C2RMF).
Sous le Carrousel du Louvre se cache, par exemple, un accélérateur de particules ! Grâce à AGLAE, l'Accélérateur Grand Louvre d'Analyse Elémentaire, nous pouvons déterminer, sans prélèvement, la composition des oeuvres d'art. Il s'agit là d'un bel exemple de science et de haute technologie au service du patrimoine.
Il y a beaucoup à dire aussi des bénéfices retirés de l'utilisation du LASER pour nettoyer des structures fragiles : les dépôts qui se trouvaient sur la PIERRE DE JUPITER ont ainsi pu être éliminés par photo-ablation, de manière parfaitement non-destructive.
La microscopie à balayage électronique est aussi utilisée par un autre des ces laboratoires au service du patrimoine : le Laboratoire de Recherche sur les Monuments Historiques. Ce dernier utilise cette technique pour diagnostiquer précisément les réparations à effectuer sur les peintures, tissus, métaux, verres et céramiques.
Pour prendre un exemple concret, lors de fouilles archéologiques, il est fréquent d'observer des restes de tissus conservés sous une forme minéralisée.
Avec l'image topographique, il devient possible d'identifier la nature des fibres et d'apprécier leur mode de fabrication.
On doit ainsi à ce laboratoire de recherche la restauration du Pont Alexandre III à Paris, des grottes de Lascaux ou encore des tapisseries de la cathédrale de Strasbourg.
Pour ceux qui douteraient encore de l'importance donnée à la sauvegarde du patrimoine dans l'utilisation de la technologie - en reste-t-il seulement ? -, je les invite à taper " microscopie électronique à balayage " sur le moteur de recherche " google ". Ils seront peut-être surpris de constater que les trois premières réponses expliquant le fonctionnement de cet outil sont des sites à caractère culturel...
Pour terminer, et en guise d'ouverture sur l'après " journées du Patrimoine ", cette année, la Culture Scientifique et Technique est bel et bien à l'honneur. Il s'agit d'un signe fort montrant que la recherche et la science sont revenus au coeur de nos préoccupations. C'est aussi une nécessité, parce que la diffusion des connaissances, l'éducation à la science sont des impératifs pour la recherche : le savoir doit être partagé, le plus vite possible et avec le plus grand nombre.
En résumé, pour ces journées, je tiens à vous inviter à vous faire le relais de deux mots d'ordre :
- Profitons donc de ces journées pour découvrir toute la richesse culturelle de notre patrimoine scientifique !
- Profitons donc de ces journées pour découvrir toute la richesse du travail de nos scientifiques au service de notre patrimoine culturel !
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 9 septembre 2004)