Déclaration de M. Christian Jacob, ministre délégué aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à l'artisanat, aux professions libérales et à la consommation, sur les opportunités d'exportation qui s'ouvrent aux entreprises françaises avec l'élargissement de l'Union européenne, Melun le 8 octobre 2004.

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Circonstance : 43ème Congrès des Maires et des Présidents d'E.P.C.I. (Etablissement public de coopération intercommunale) de Seine-et-Marne à Melun le 8 octobre 2004

Texte intégral

Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président de l'Union des Maires, Monsieur le Sénateur,
Madame et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil Général,
Mesdames et Messieurs les Maires,
Permettez-moi de saluer tout d'abord Michel HOUEL, Sénateur-Maire de Crécy-la-Chapelle pour l'initiative qu'il a prise de proposer ce débat, cette conférence sur l'Europe et ses liens avec notre économie nationale.
Sujet d'actualité s'il en est. Sujet essentiel pour l'avenir de la France qui a fait le choix en 1957 de s'ouvrir sur l'Europe, avec 5 autres pays et être ainsi membre fondateur de ce qui deviendra 40 ans plus tard le plus vaste espace économique du monde.
L'ouverture de la France sur l'Union européenne, c'est 5 millions d'emplois, à savoir 22 % de notre population active. Chaque milliard d'euros d'exportation, ce sont 15 000 emplois en France. C'est également le développement d'investissements étrangers qui représente 20 % de l'investissement global dans notre pays.
Voilà le décor qui est un fait économique indiscutable.
2004 est pour l'Europe une année de profonde transformation institutionnelle :
- l'adhésion de 10 nouveaux membres qui déplacent vers l'Est le centre de gravité géographique, et dans une moindre mesure, économique de l'Union. - L'élection d'un nouveau parlement européen et la mise en place d'une commission élargie de 25 membres.
L'année 2004 est également l'année :
- de la reprise des négociations commerciales multilatérales - l'engagement de la réforme des fonds structurels.
L'Union européenne évolue dans un environnement de plus en plus concurrentiel ; l'essor des pays émergents et la vitalité économique chinoise inquiètent nos concitoyens et doivent nous amener à nous interroger sur les enjeux de l'Europe élargie et sur l'impact de cet élargissement sur le potentiel de croissance de notre économie.
Revenons à un chiffre simple : 450 millions d'habitants, un marché extraordinaire nous offrira inévitablement des opportunités d'exportation aux entreprises françaises.
- en 15 ans, l'Union a multiplié par 15 ses exportations dans les pays de la zone d'élargissement - le solde commercial de la France et des 10 pays entrants est positif :2,3 milliards d'euros - on prévoit un développement soutenu dans ces pays du marché de l'automobile, de la construction, des produits de grandes consommations, sans compter le marché bancaire où nos banques françaises sont remarquablement placées. - la France, au-delà des grands groupes, ce sont dans cette zone d'Europe centrale et orientale, plus de 1500 filiales et des dizaines de milliers d'emplois sur le territoire national.
Pour autant, la structure économique de ces pays imposeront de nouvelles politiques communes et risquent de bousculer les mécanismes actuelles, notamment dans le secteur de l'agriculture et de l'agro-alimentaire.
Les fonds structurels et les fonds de cohésion, qui représentent 2/5 du budget de l'Union, seront réorientés vers les régions les plus pauvres, de la même manière qu'ils l'avaient été lors de l'adhésion de l'Islande en 1973, de la Grèce en 1981 et de l'Espagne et du Portugal en 1986, puis des Länder d'Allemagne de l'Est en 1990.
Aujourd'hui, le poids des nouveaux pays, c'est 75 millions d'habitants, c'est-à-dire 2 fois l'Espagne, ce qui relativise l'impact potentiel de cette absorption.
Un problème plus crucial sera celui des différentiels de salaires même si cet écart est partiellement compensé par une productivité nettement inférieure dans ces pays. En revanche, les taux des cotisations sociales sont comparables à ceux pratiqués en Europe occidentale, qu'il s'agisse de la Pologne, de la République tchèque ou de la Hongrie.
Autre sujet, celui de l'immigration. On estime que, dans les 10 prochaines années, 2,3 millions d'habitants quitteront leur pays, ce qui aurait pour effet bénéfique de compenser certains déséquilibres de main d'oeuvre en Europe de l'Ouest.
Tout bien considéré, cet élargissement constituera un jeu à somme positive. Cependant, il est impératif de s'interroger dès à présent sur la réorientation de certains grands objectifs des politiques communes :
- promouvoir une gouvernance économique européenne qui nous permette d'être entendu notamment en matière des négociations multilatérales. - Afficher comme priorité l'engagement pour la compétitivité de nos entreprises dans un contexte où la différentiel structurel de croissance entre l'Europe et les Etats-Unis s'établit à un point.
L'amélioration de cette compétitivité passe par un effort dans le domaine de la formation, de l'éducation et de l'apprentissage dans notre pays qui connaît un déficit de diplômés dans de nombreux domaines.
Un effort dans la politique de recherche-développement beaucoup plus accès sur des partenariats publics-privés et le ciblage de projets d'entreprises.
Enfin, une attention toute particulière doit être apportée aux PME et le projet de loi que je défendrai prochainement devant le Parlement tentera de répondre à cet impératif.
La réussite de l'Europe et de la France dans l'Europe, ce n'est pas une dialectique de l'espoir et de la menace. C'est tout simplement un défi qu'il nous revient, gouvernement, collectivités locales, entreprises, de relever.
Pour un département comme le nôtre, premier département d'Ile-de-France par la taille et le potentiel de développement, ce défi n'est pas anodin. La fusion des Chambres de commerce dont j'ai eu le plaisir de signer le décret va nous permettre de bénéficier d'un interlocuteur privilégié qui a une vision économique cohérente du département. On se plaint souvent, en France, de ne pas savoir réformer. Voilà un contre-exemple révélateur et rassurant sur notre capacité à la réforme.
Je terminerai simplement, en me tournant vers le Président de la Région et le Président du Conseil Général, sans oublier Monsieur le Préfet, pour dire toute l'importance de la révision prochaine du Schéma directeur de la Région Ile-de-France. Ce schéma sera celui de la Seine-et-Marne de 2017. Les élus locaux, et tout particulièrement municipaux, souhaitent vivement être associés à ces travaux, faute de quoi nous hypothéquerions les chances de la Seine-et-Marne de demain, sa cohérence, son équité territoriale, sa diversité, en un mot ce qui fait sa force.

(Source http://www.um77.asso.fr, le 24 novembre 2004)