Déclaration et interviews de M. François Loos, ministre délégué au commerce extérieur, à "CNBC-ARABIA", "NILE TV", "NILE NEWS" et tribune dans "AL ALAM AL YOUM", le 2 septembre 2004, sur le développement des relations franco-égyptiennes.

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Circonstance : Déplacement en Egypte le 2 septembre 2004

Média : Al Alam Al Youm - Nile News - Nile TV

Texte intégral

Point de presse
Merci cher Mohamed Rashid. Je voudrais aussi me réjouir d'être ici avec vous, pour discuter de nos relations bilatérales. J'ai eu jusqu'à présent d'excellentes relations avec Youssef Boutros-Ghali et je suis très content d'en avoir avec mon nouveau collègue, qui vient du monde économique. Ceci est très utile pour nos travaux.
Nous souhaitons développer nos relations bilatérales. Elles le seront automatiquement avec les achats de gaz que la France va effectuer en Egypte. Mais nous souhaitons aussi que les investissements soient plus importants. Plusieurs projets sont en cours et nous pensons qu'ils aboutiront bientôt. Nous sommes aussi décidés à envisager nos relations sur un plan plus global afin de préparer ensemble les grands investissements de grandes infrastructures, en prenant le problème à partir de la conception même du projet. Le Premier ministre nous a cité l'exemple de la coopération dans le domaine du téléphone et de la téléphonie mobile en particulier, disant que c'était un modèle qu'il fallait essayer de reproduire dans d'autres secteurs.
Nous partageons aussi des vues très importantes sur la réalisation de l'Euromed. L'accord d'association entre l'Egypte et l'Union européenne vient d'entrer en application, mais il ne faut jamais oublier que le but de ces projets est d'avoir à terme une vaste zone de libre échange autour de la Méditerranée. L'approfondissement de nos relations, que ce soit entre l'Europe et l'Egypte, mais aussi entre l'Egypte et les autres pays de la Méditerranée, est la condition nécessaire aujourd'hui pour permettre à terme la création de ce grand marché.
Vous voyez qu'il y a du court terme, du moyen terme et du long terme dans nos relations et que sur les trois chapitres la confiance que nous avons les uns envers les autres est excellente.
Q - Pourriez-vous nous donner davantage de précisions sur les accords concernant le gaz naturel ?
R - Gaz de France a décidé d'acheter la production de gaz liquéfié, cela représente 20 % de la production de l'Egypte et les livraisons vont commencer à la mi-2005.
Q - (Sur la reprise des ventes françaises de blé en Egypte et sur le fonds de contrepartie de l'aide alimentaire).
R - Nous voulons effectivement continuer à vendre des céréales en Egypte. A ma connaissance, la campagne actuelle est très bien partie puisque 540 000 tonnes de céréales ont été vendues depuis le début de cette campagne. Je pense que cela tient beaucoup à la qualité des céréales françaises. Par ailleurs, vous avez fait allusion au système de coopération avec l'Egypte, à ma connaissance cette coopération fonctionne bien. Elle va des projets de développement agricole jusqu'à la mise au point de nouvelles méthodes de panification du pain. En tout cas vous avez raison c'est très important
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 septembre 2004)
Tribune dans le quotidien égyptien "AL ALAM AL YOUM"
Créer un véritable "partenariat stratégique" entre nos deux pays.
L'Europe reste le premier partenaire commercial de l'Egypte mais de nombreuses PME égyptiennes ont encore des difficultés à considérer le marché européen comme un débouché naturel de leurs produits. La France, vu l'excellence de ses relations avec l'Egypte, souhaite que l'Egypte s'assure une croissance et un développement durables. Elle accompagne l'Egypte dans son développement économique international sur trois plans : l'Europe, l'OMC et l'Afrique.
Les autorités égyptiennes ont lancé en juin 2001 un vaste programme de développement des exportations : abattements fiscaux à l'exportation dans des secteurs cibles, promotion et restructuration des bureaux de représentation commerciale à l'étranger, mise en place d'un fonds de financement des projets d'aide à l'exportation, nouvelle loi sur la promotion des exportations et sur le développement de zones économiques spéciales à l'été 2002, campagne de lancement de logos pour des produits clés à l'exportation comme le coton, restructuration du ministère du Commerce extérieur, ...etc. L'Egypte s'est également engagée dans une politique active de partenariat plurilatéral.
La France, je le rappelle, dans la tradition de coopération traditionnelle qu'elle entretient avec l'Egypte, l'accompagne dans son développement économique international sur trois plans :
Les forums euroméditerranéens sont l'outil privilégié d'un dialogue renforcé entre l'Egypte et l'Union européenne. L'Egypte, soutenue par la France, a signé un accord d'association avec l'Union européenne en juin 2001, qui a vocation à remplacer l'accord de partenariat de 1977. Cet accord, ratifié par le Parlement égyptien début avril 2003, conduit à une plus grande libéralisation des échanges et à une collaboration renforcée et plus équilibrée. Il prévoit, au terme de douze ans, une zone de libre-échange pour les marchandises avec, dans un premier temps, des mesures asymétriques en faveur des produits égyptiens, une libéralisation accrue des échanges agricoles, l'octroi du régime de la nation la plus favorisée sur les services (l'examen dans un délai de cinq ans de leur libéralisation est également prévu) et la libre circulation des paiements sous-jacents à l'investissement.
Le partenariat Euromed, amorcé lors de la Conférence de Barcelone en 1995, s'appuie en Egypte comme dans les autres pays sur deux instruments financiers principaux :
- Les fonds MEDA. L'Egypte est l'un des premiers pays bénéficiaires de la région, ayant reçu plus d'1,2 milliards d'euros de financements depuis 1977.
- Les prêts et autres facilités accordés par la Banque européenne d'investissement : avec plus de 2 milliards d'euros accordés sur les vingt dernières années, la BEI est le deuxième bailleur de fonds en Egypte, derrière l'USAID.
L'Egypte fait preuve d'une attitude responsable au sein de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC).
L'Egypte est membre de l'OMC depuis sa création, en 1995, et en est un acteur influent. Elle partage traditionnellement les positions et les préoccupations de la plupart des pays en développement et tente notamment de jouer un rôle de leadership au sein du continent africain.
Lors de la conférence de l'OMC à Doha, en novembre 2001, elle a affiché une réelle ouverture et contribué au lancement d'un nouveau cycle de négociations, étant en cela très proche des positions françaises. L'Egypte a été l'un des moteurs de l'adoption d'un agenda substantiel pour le développement. Elle reste, en effet, profondément et prioritairement attachée aux préoccupations de la "mise en oeuvre" des accords des précédents cycles.
Le "partenariat triangulaire" France-Egypte-Afrique :
Le gouvernement égyptien a adopté une stratégie ambitieuse et novatrice de développement des relations économiques et commerciales de l'Egypte avec le continent africain dont la mise en oeuvre avait été confiée au Dr Boutros-Ghali, alors ministre du Commerce extérieur. Plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest et de l'Est, notamment le Sénégal, le Bénin, la Côte d'Ivoire et le Cameroun, ainsi que l'Afrique du Sud, ont été sélectionnés.
Sur ce dossier, la France entend jouer un rôle. Elle promeut l'idée d'un "partenariat triangulaire" France-Egypte-Afrique, dans lequel le secteur privé jouerait à l'évidence un rôle central. Ce partenariat devrait pouvoir reposer sur une implication directe des pouvoirs publics des deux pays mais serait également porté par des initiatives privées.
Une première application concrète de ce partenariat a été réalisée le 26 juin dernier, avec la signature, par le Dr Boutros-Ghali, de deux protocoles d'accord, avec le Club d'affaires franco-égyptien et "Promosalons", organisme français de promotion des expositions. Ces accords ont pour objectif de développer les relations économiques et commerciales de la France et de l'Egypte avec le continent africain. Dès janvier 2005, "Promosalons" devrait organiser "Egypt Expo" à Dakar.
La coopération franco-égyptienne a donc, sur ce plan comme sur d'autres, de grandes perspectives devant elle
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 septembre 2004)
Interview sur la chaine "Nile TV"
Q - Nous sommes avec François Loos, ministre délégué au Commerce extérieur de la France. Vous effectuez une visite en Egypte du 1er au 3 septembre 2004. Tout d'abord pouvez-vous nous dire le but essentiel de votre visite ?
R - Le but essentiel est de renforcer les relations bilatérales dans le domaine économique. Mais c'est aussi de regarder ensemble comment nous allons travailler dans l'Euromed, c'est à dire dans cette vaste zone du pourtour de la Méditerranée et aussi comment nous allons accorder nos positions à l'OMC, où les négociations vont durer jusqu'à la fin de l'année prochaine.
Q - La France est l'un des principaux partenaires de l'Egypte. Il existe déjà des accords dans le domaine du gaz et de la téléphonie. Mais est-ce que vous pensez ouvrir d'autres grands domaines de coopération ?
R - Oui, bien sûr, il y a d'autres domaines, par exemple celui des céréales : le pain en Egypte est souvent fait avec de la farine et du blé français. C'est un domaine très important. Mais nous avons aussi une participation au métro : nous avons construit la première ligne et nous souhaitons construire la troisième. Nous participons aussi aux grands projets électriques. Dans toutes les grandes infrastructures, vous retrouvez les entreprises françaises, que ce soit dans le domaine de l'eau, de l'électricité, du gaz et bien sûr les aéroports, les avions. Les domaines sont très nombreux.
Q - Au cours de votre visite, allez-vous signer des accords de partenariat ?
R - Il n'y a pas "d'accord de partenariat" : cela n'est pas nécessaire puisque nous avons une coopération dans énormément de domaines et une étape supplémentaire n'est pas nécessaire, notre coopération est déjà très importante. Ensuite, ce sont les entreprises qui signent les contrats et ma visite précède celle de beaucoup de chefs d'entreprise associés à ces projets qui viendront conclure, dans les semaines et les mois qui viennent, les projets dont je parle aujourd'hui avec le gouvernement égyptien
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 septembre 2004)
Interview sur la chaine "CNBC-Arabia"
Q - (Sur les relations commerciales entre l'Egypte et la France)
R - La France a acheté une grande proportion de gaz naturel liquéfié. C'est un projet très important en Egypte et la France va en être un des gros clients. Ceci va contribuer à augmenter considérablement les exportations de l'Egypte vers la France, qui sont déjà importantes, et à équilibrer notre balance commerciale. Nous avons d'autres grands projets à travailler pour l'avenir : l'aéroport, le métro. Nous souhaitons que soient rapidement modernisés les métros de la ligne 1 et participer à la construction de la ligne 3. Nous sommes également de grands partenaires dans le domaine de l'agriculture et dans celui des céréales tout particulièrement. L'Egypte achète beaucoup de céréales à la France mais nous apportons aussi une contribution à la coopération agricole pour le développement de ses activités. Bref, les secteurs sont nombreux, les projets sont en cours de discussion et beaucoup vont aboutir dans les prochaines semaines et les prochains mois.
Je suis également ici pour voir avec mes collègues égyptiens comment nous pouvons faire évoluer le partenariat Euro-méditerranée : nous allons vers un grand espace de marché commun, à terme, entre l'ensemble des vingt-cinq pays de l'Union européenne actuelle et les dix pays du pourtour méditerranéen. C'est un enjeu considérable. Ce n'est pas du court terme mais du long terme qu'il faut préparer dès aujourd'hui, car cela veut dire, par exemple, construire des réseaux d'électricité, des réseaux de gaz, mettre des choses en commun, passer des accords bilatéraux qui rendront un jour possible un grand accord euro-méditerranéen. Vous voyez que la tâche est grande, il y a des choses à résolution rapide, d'autres à résolution plus lointaine mais qui nécessitent que l'on s'en occupe dès aujourd'hui.
Q - Y a-t-il des obstacles aux exportations de produits agricoles égyptiens vers la France ?
R - Aujourd'hui, les accords entre l'Union européenne et l'Egypte portent sur des quotas et il y a donc une espèce de modus vivendi, une règle qui est trouvée sur ce que l'on accepte. Evidemment cela, c'est l'étape actuelle et un jour ce sera sans doute davantage. Mais nous sommes juste rentrés dans l'application de l'accord d'association en début d'année : maintenant cet accord va vivre et j'espère qu'il sera satisfaisant pour les deux parties
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 septembre 2004)
Interview sur la chaine "Nile News"
Q - Monsieur le ministre vous étiez en visite en Egypte en mai 2003. Aujourd'hui vous êtes au Caire une nouvelle fois, après l'avènement du nouveau gouvernement égyptien dirigé par le Dr. Ahmed Nazif. Dans quelle mesure cette visite a-t-elle pour but de découvrir les nouvelles idées du gouvernement égyptien et dans quelle mesure êtes-vous ici pour continuer des projets qui existent ?
R - C'est vrai, les entreprises françaises sont présentes en Egypte depuis longtemps et y travaillent bien. Ce sont principalement des grands entreprises françaises et on peut dire qu'il y en a une centaine implantées ici, qui travaillent dans le domaine de l'eau, de l'énergie, de la pharmaceutique, de l'électricité. Tous les grands domaines où il est évident que les entreprises françaises sont présentes et sont satisfaites de leur présence. Par ailleurs, nous avons évidemment avec l'Egypte un dialogue sur l'économie et la vision que nous avons de l'économie entre l'Union européenne et l'Egypte, comment le processus euro-méditerranéen se met en place. Pour cela, l'Egypte fait le choix d'une participation active avec l'Union européenne et avec les pays du pourtour méditerranéen. Cela nécessite des évolutions dans la vie économique égyptienne et nous sommes contents d'assister à ces évolutions. J'ai pu retrouver dans cette visite mon ancien collègue et homologue Youssef Boutros Ghali, qui est aujourd'hui le ministre des Finances. Celui-ci, avec le Premier ministre, le ministre des Transports et mon homologue M. Mohamed Rachid Hussein notamment, forment une équipe très intéressante qui semble déterminée à donner à l'Egypte tous les moyens de se développer. Je m'en réjouis.
Q - La France est un pays bien positionné en sein du marché européen commun, qu'est ce que le marché égyptien représente pour la France ?
R - C'est d'abord un très grand marché. Il y a 70 millions d'habitants avec une consommation en croissance. C'est aussi la porte du Moyen-Orient et d'une certaine façon, c'est aussi une porte vers l'Afrique. L'Egypte a un peu cette vocation de pierre angulaire commerciale et les entreprises françaises le savent.
Q - Quels sont les secteurs qui possèdent le plus de potentiel pour s'élargir dans l'avenir dans le domaine commercial entre l'Egypte et la France?
R - Le domaine qui va s'élargir énormément est le gaz : la production de gaz et la liquéfaction du gaz, que l'Egypte va pratiquer, sont une opportunité, pour l'Egypte mais aussi pour la France. Nous allons acheter beaucoup de gaz égyptien. Cela va représenter vingt pour cent de la production égyptienne et dix pour cent de la consommation française à partir de l'année prochaine. C'est donc un contrat de vingt ans qui commence et qui porte sur des montants très importants et c'est un de ces contrats qui ne se font qu'entre pays où une certaine affinité et une grande confiance existent.
Q - En ce qui concerne l'investissement, la France est au troisième rang sur le plan mondial dans le domaine des investissements étrangers. Mais le premier pays destinataire de ces investissements reste toujours l'Allemagne, n'est-ce pas ?
R - Non, pour les investissements étrangers, nous sommes souvent devant l'Allemagne et c'est la Chine qui est aujourd'hui le pays du monde qui attire le plus les investissements étrangers. La France est aussi très bien située pour attirer les investissements étrangers. Mais si vous pensez aux investissements étrangers qui existent en Egypte, je crois que la France est le cinquième investisseur étranger en Egypte avec un stock d'investissement de huit cent millions d'euros, ce qui est à la fois important mais ce qui n'est pas encore à la hauteur de ce que nous voudrions, mes collègues égyptiens et moi-même.
Il y a en ce moment par exemple une discussion avec la société Michelin qui souhaiterait reprendre une usine de pneus et nous espérons que cela aboutira. Ceci ferait un grand investissement français supplémentaire. Il y a actuellement des projets dans le domaine du métro. Vous savez que ce sont des entreprises françaises qui ont construit la ligne numéro un et nous espérons bien participer activement à sa rénovation, à son prolongement et à la réalisation de la ligne numéro trois. Voilà des domaines où des investissements importants sont également possibles mais il y a sûrement beaucoup d'autres opportunités, dans le domaine hôtelier notamment. Aujourd'hui, cela vaut la peine de développer de nouvelles activités dans beaucoup de secteurs en Egypte.
Q - Comment développer des nouvelles activités françaises en Egypte dans le domaine des investissements. Quelles sont les entraves au développement de ces investissements ?
R - Souvent, il faut trouver un bon financement. Nous avons donc mis en place un système qui permet de transformer des dettes en investissement, ce qui peut être un atout pour les investisseurs. Ensuite, souvent, il faut trouver une organisation qui corresponde à la demande. Par exemple, quand l'Egypte met en place un technopole, un "smart village", cela permet aux entreprises de s'implanter dans de bonnes conditions. Je crois qu'aujourd'hui dans ce domaine, les mesures administratives doivent être simplifiées. Dans beaucoup de pays, et l'Egypte n'est pas un cas particulier, c'est souvent ces questions-là qui posent problème. Aujourd'hui par exemple, nos entreprises dans le domaine de l'alimentation voudraient être plus présentes en Egypte. Il faut qu'elles viennent et que cela ne soit pas compliqué de s'installer. Ce genre de choses est en cours d'évolution et cela facilitera l'arrivée de nouveaux investisseurs.
Q - Avez-vous discuté de cela lors de vos entretiens aujourd'hui avec les responsables égyptiens ?
R - Bien sûr. Nous discutons de choses très concrètes, et nous faisons état des questions qu'il faut régler. Nous avons, de part et d'autre, des devoirs après nous être rencontrés. Je pars avec quelques problèmes à résoudre en France, et j'ai laissé ici à mon partenaire Mohamed Rachid Hussein d'autres problèmes à résoudre. C'est normal.
Q - La signature d'un accord d'association économique entre l'Egypte et l'Union européenne implique une réduction réciproque des droits de douane et l'ouverture du marché européen aux produits égyptiens. Pensez-vous que l'Egypte peut tirer profit de cet accord, surtout avec l'élargissement de l'Union européenne à dix pays de l'Europe de l'Est ?
R - Oui, parce que l'élargissement aux dix nouveaux pays est une opportunité pour tout le monde, parce que ces pays sont en croissance plus importante que la France par exemple. La France, cette année, aura 2,5% de croissance, c'est bien, c'est mieux que l'Allemagne. Mais cela n'est pas aussi important que les nouveaux pays entrants qui ont 5% de croissance et où, donc, la consommation est tirée par la consommation des ménages. Ce qui veut dire qu'en ayant accès, avec le contrat d'association, au marché de l'Europe, l'Egypte a aujourd'hui accès au marché des vingt-cinq. La négociation a commencé lorsqu'il y avait quinze partenaires et maintenant elle bénéficie du marché de ces vingt-cinq. Il ne faut pas considérer les pays de l'élargissement comme des concurrents, il y a des domaines sûrement de compétition, on le voit par exemple dans le meuble, c'est sur que l'Egypte a une industrie du meuble, c'est sur que la Pologne a aussi une industrie du meuble. Mais la France aussi a une industrie du meuble. Chacun dans sa spécialité essaie de faire le mieux possible. Dans un monde en croissance, je crois qu'il y a de la place pour toutes les entreprises, cela leur donne la possibilité d'innover et de trouver des nouveaux marchés. La croissance est une bonne nouvelle, l'agrandissement de l'Europe est une bonne nouvelle pour l'Egypte et pour ses entreprises.
Q - La France est le 3ème pays fournisseur de l'Egypte après les Etats-Unis et l'Allemagne. Il y a dans le domaine du blé une grande coopération entre nos deux pays. Quoi de neuf dans ce dossier ?
R - Nous souhaitons évidemment que cette coopération se poursuive, elle est importante parce qu'elle porte à la fois sur les activités agricoles et de boulangerie. Entre la panification et le développement rural, il y a une action commune entre l'Egypte et la France que nous souhaitons développer. Elle est accompagnée par de grandes livraisons de blé français qui, je crois, répondent bien aux demandes des boulangers égyptiens. Et j'espère que la coopération qui existe, qui est nouée depuis de nombreuses années pourra continuer à donner les impulsions nécessaires pour l'innovation qui doit, dans tous les domaines, faire faire des progrès aux producteurs et aux transformateurs.
Q - Monsieur le Ministre, vous, personnellement, quel est le ou les projets sur lesquels vous comptez le plus pour promouvoir les relations économiques entre l'Egypte et la France dans les prochaines années ?
R - Peut-être que celui qui sera le plus visible sera le métro et les grands travaux qui, à l'évidence, sont nécessaires pour la circulation au Caire. Ceci dit, ce qui génèrera le plus de croissance pour l'Egypte et pour nos relations, c'est sans doute aussi une certaine ouverture que l'Egypte fera dans les domaines comme le textile, l'habillement pour la mode française. Ce qui est un peu culturel, un peu immatériel pourra également être plus présent. On constate d'une façon générale, si vous voulez, que ce qui fait l'avenir, ce qui fait la nouveauté, c'est très immatériel et très culturel. Le culturel et l'économique se rejoignent souvent et je crois que dans ce domaine les entreprise françaises doivent savoir qu'il y a avec l'Egypte une telle bonne relation, qu'elles doivent développer ici leurs meilleurs produits, leurs produits les plus récents. C'est ce message-la que je voudrais leur transmettre pour que l'Egypte retrouve aussi avec la France, le partenaire culturel et de développement que nous pouvons être
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 septembre 2004)