Déclaration de M. Michel Barnier, ministre des affaires étrangères, lors du point de presse conjoint avec cheikh Hamad Bin Jassem Al-Thani, vice-Premier ministre, ministre des affaires étrangères du Qatar, sur les relations entre la France et le Qatar, le sort des deux journalistes français enlevés en Irak, la résolution 1559 de l'Onu sur la souveraineté du Liban, Paris le 17 septembre 2004.

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Circonstance : Visite en France de Cheikh Hamad Bin Jassem Al-Thani, vice-Premier ministre, ministre des affaires étrangères du Qatar, à Paris le 17 septembre 2004

Texte intégral

J'ai eu un premier entretien avec Cheikh Hamad Bin Jassem Al Thani que j'avais déjà eu l'occasion de rencontrer à Doha, le 1er septembre, et que j'ai eu l'occasion, le plaisir de retrouver parce que je n'ai pas oublié la qualité et la cordialité de son accueil à Doha dans des circonstances particulières comme j'étais particulièrement touché par l'accueil très amical au cours de l'audience avec le prince héritier Cheikh Al-Thani.
Dans le cadre de la tournée d'explication que j'avais entreprise au moment de l'enlèvement de Christian Chesnot et de Georges Malbrunot, j'ai été, encore une fois, très sensible à l'accueil que j'ai reçu, à la disponibilité des autorités du Qatar pour nous aider à faire comprendre ce message et à favoriser la libération de vos deux collègues et confrères.
Nous continuons à travaillons toujours pour travailler à cette libération, nous le faisons, vous le savez, avec le même souci de prudence, de patience, nous le faisons aussi avec la confiance que nous gardons pour obtenir cette libération.
A l'occasion de cette rencontre que nous allons poursuivre maintenant, nous pouvons aussi parler de nos relations bilatérales qui sont très développées, très fortes sur le plan économique, mais aussi sur le plan culturel ; c'est un moment où le Qatar a emprunté la voie de la modernité et s'est engagé dans de très grandes réformes institutionnelles.
La France est décidée à accompagner ce processus et c'est aussi dans cet esprit que nous avons décidé d'organiser ensemble une conférence régionale sur la justice qui aura lieu les 12 et 13 octobre prochain à Doha. De nombreux ministres de la Justice participeront à ces travaux et notre pays sera représenté par un membre du gouvernement mais aussi par le président du Conseil constitutionnel, Pierre Mazeaud.
Comme vous l'imaginez à quelques jours de cette session des Nations unies à laquelle nous allons participer à New York la semaine prochaine, nous avons beaucoup d'autres raisons de constater la convergence de vues entre le Qatar et la France sur un certain nombre de crises ou de conflits régionaux qui nous préoccupent ensemble, s'agissant de la stabilité, de la sécurité au Proche et au Moyen-Orient.
(...)
Q - Concernant les otages dont vous avez parlé tout à l'heure, je sais que l'on vous pose régulièrement la question et que vos réponses sont toujours très prudentes, mais tout de même quatre semaines après leur enlèvement avez-vous aujourd'hui des certitudes sur d'une part, leur état de santé, sur le fait qu'ils soient en vie, évidemment des certitudes, d'autre part, sur leur localisation approximative, et où en êtes-vous dans les contacts, même si naturellement la prudence vous oblige à une certaine réserve, mais est-ce que ces contacts sont maintenus ou est-ce que vous êtes à la recherche de contacts ?
R - Je vous remercie de comprendre puisqu'il s'agit de la sécurité de Christian Chesnot, de Georges Malbrunot et de leur chauffeur syrien, que nous travaillons dans la discrétion et avec prudence. Je répète une fois de plus que cette discrétion, cette prudence, cette patience sont les conditions de leur sécurité. Nous continuons à avoir indirectement des indications, des informations, des contacts qui nous permettent de penser qu'ils seraient en vie et correctement traités. Nous continuons à avoir des indications, des informations indirectes sur une possible issue positive, voilà ce que je peux dire aujourd'hui. Et, au-delà je peux vous confirmer que toutes nos équipes sont sur le terrain à Bagdad en liaison avec ceux qui peuvent nous aider quotidiennement heure par heure, minute par minute mobilisées, pour nouer les dialogues, les contacts qui peuvent être utiles en vue de cette libération. Voilà ce que je peux dire et voilà seulement ce que je peux dire aujourd'hui.
Q - J'imagine que vous avez évoqué le problème du Liban et la dernière résolution du Conseil de sécurité. Est-ce que vous pouvez nous donner quelques éléments de réflexion et je voudrai avoir quelques indications également sur votre rencontre avec M. Terje Roed Larsen cet après midi. Quelles étaient vos instructions, quelles étaient vos idées, vos suggestions parce que M. Terje Roed Larsen va écrire un rapport sur le suivi de la résolution 1559 ?
R - J'ai, en effet, rencontré longuement M. Roed Larsen tout à l'heure, qui est le coordinateur spécial du Secrétaire général des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, et vous imaginez que l'on a évoqué le suivi de cette résolution 1559 mais aussi assez longuement le conflit israélo-palestinien. Ce que je peux simplement dire sur cette résolution, c'est qu'elle confirme le souci qui reste celui de la France, depuis la toute première résolution des Nations unies, concernant le Liban, un pays si proche de nous et sa souveraineté. C'est toujours la même ligne qui se confirme et qui est traduite par cette résolution et c'est naturellement dans le même souci de mettre en uvre, progressivement, cette souveraineté que le rapport du Secrétaire général des Nations unies devra apporter un éclairage.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 septembre 2004)