Interview de M. Bernard Accoyer, président du groupe parlementaire UMP à l'Assemblée nationale, dans "Les Echos" du 16 juin 2004, sur les résultats des élections européennes pour l'UMP, la réforme du statut de EDF et la réforme de l'assurance maladie.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Energies News - Les Echos - Les Echos

Texte intégral

QUESTION : Après l'échec de l'UMP aux européennes, le Premier ministre peut-il poursuivre la même politique comme si de rien n'était ?
Bernard ACCOYER : Même si les résultats ont été décevants, je ne parlerai pas d'échec : alors que la France enverra 9 députés de moins au total, l'UMP en aura 5 de plus qu'en 1999. Par ailleurs, le quinquennat a transformé les régionales et les européennes en élections intermédiaires. Elles ont été difficiles pour la majorité en place, comme partout en Europe, mais elles ne doivent pas empêcher le gouvernement de poursuivre les réformes au nom des engagements pris devant les Français en 2002.
QUESTION : Après les régionales, les élus de l'UMP ont eu du mal à accepter ces explications. Beaucoup réclamaient le départ de Jean-Pierre Raffarin.
Bernard ACCOYER : Il y a eu, fin mars, un large débat sur les raisons de l'échec. Jean-Pierre Raffarin a apporté une inflexion à son action. Hier, il est intervenu devant le groupe pour dire qu'il continuerait les réformes et qu'il ne reculerait pas. Il a été plusieurs fois applaudi. Le groupe soutient pleinement sa politique.
QUESTION : Après le départ d'Alain Juppé, le Premier ministre peut-il prétendre prendre les rênes de l'UMP ?
Bernard ACCOYER : Alain Juppé est encore président de l'UMP. Il ne m'appartient pas de prendre position aujourd'hui. Je remarque simplement qu'en tant que Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin est le chef de la majorité. A ce titre, il a, comme en Grande-Bretagne ou en Allemagne, vocation à pouvoir prétendre être le chef du parti majoritaire.
QUESTION : Nicolas Sarkozy a invité hier 200 élus de l'UMP. Qu'en pensez-vous ?
Bernard ACCOYER : Il est habituel qu'un ministre qui défend un texte sensible à l'Assemblée réunisse les députés pour répondre à leurs questions. Si vous voulez savoir s'il y a derrière cela une finalité politique, je vous répondrais qu'il est bon pour l'UMP d'avoir des personnalités de grand talent.
QUESTION : S'il se présente à la présidence de l'UMP, le soutiendrez-vous ?
Bernard ACCOYER : Nous n'en sommes pas là.
QUESTION : Le gouvernement va-t-il, sur le dossier EDF, laisser les parlementaires amender le texte ?
Bernard ACCOYER : Le ministre de l'Economie n'a pas ménagé sa peine pour rassurer ceux qui étaient inquiets. Toutefois, le groupe UMP va présenter un certain nombre d'amendements, pour porter la part de l'actionnariat salarié de 10 à 15 % par exemple, et faire en sorte que la part de l'Etat dans le capital de l'entreprise soit de 70 %. De même, nous voulons supprimer le caractère obligatoire des appels d'offres que les collectivités locales auront à lancer à compter du 1er juillet.
QUESTION : Une inquiétude demeure pourtant, notamment à gauche...
Bernard ACCOYER : S'il faut changer le statut juridique d'EDF c'est parce qu'en mars 2002, nous avons accepté l'ouverture de ce marché à la concurrence. Qui était au gouvernement à l'époque ? Lionel Jospin. Soit le PS reconnaît que Lionel Jospin a alors commis une faute, soit il est dans le double langage.
QUESTION : A l'inverse, une partie de la droite juge qu'il y a eu trop de concessions à la CGT...
Bernard ACCOYER : L'objectif du gouvernement est que cette réforme se concrétise. Cela mérite bien un certain nombre d'aménagements.
QUESTION : L'autre gros sujet de l'été, c'est l'assurance-maladie. Faut-il améliorer la réforme ?
Bernard ACCOYER : Le groupe UMP a largement participé à la préparation de ce projet de loi. Néanmoins, les députés déposeront des amendements visant à l'améliorer et non à le dénaturer. Nous souhaitons par exemple préciser le futur pilotage de l'assurance-maladie, qui constitue un volet crucial de la réforme : il faut une direction efficiente et réactive, afin d'adapter en permanence le périmètre de soins remboursables en fonction des contraintes. La réforme ne fait que commencer.
QUESTION : Souhaitez-vous une organisation plus régionale ?
Bernard ACCOYER : Il faut renforcer les dispositions qui visent à décentraliser et déconcentrer l'organisation des soins, en particulier la déclinaison au niveau régional des accords conventionnels avec les établissements de soin et les professionnels de santé.
QUESTION : Etes-vous d'accord avec le volet financier du projet ?
Bernard ACCOYER : L'effort est partagé entre les patients, les cotisants et les entreprises. L'instauration d'une franchise de 1 euro par consultation constitue un point essentiel, car cela permet de responsabiliser les assurés. Mais les médecins ne sont pas oubliés, l'application de protocoles de soins représentant par exemple une contrainte importante.
QUESTION : Le débat parlementaire pourra-t-il être bouclé d'ici à la fin juillet ?
Bernard ACCOYER : C'est ce que nous souhaitons faire et je pense que nous y parviendrons...
QUESTION : Sur quels sujets le gouvernement devrait-il se pencher ensuite ?
Bernard ACCOYER : Il faut répondre d'urgence au problème des délocalisations qui touchent nos industries. Pour cela, il faut réfléchir au calcul de certains impôts, notamment de celui qui va remplacer la taxe professionnelle.
Contrairement au PS, nous pensons qu'il ne faut pas asseoir l'impôt sur la valeur ajoutée, qui constitue le gisement de nos emplois, mais sur le chiffre d'affaires, en épargnant au contraire tout ce qui crée et maintient l'emploi en France : recherche, développement, investissements productifs, masse salariale.

(Source : http://www.u-m-p.org, le 30 juin 2004)