Texte intégral
Jean-Pierre ELKABBACH : Chaque année, les maladies liées ou dues à la pollution tuent en France plus que les guerres d'Afghanistan, du Proche-Orient ou que la route. L'apprendre est un choc déjà, non ?
Serge LEPELTIER : Oui, c'est pour cela qu'il faut développer la recherche, l'expertise pour mieux connaître les conséquences de toutes ces substances chimiques que nous avons à la fois dans l'air, dans l'atmosphère ou dans les produits que nous consommons.
Jean-Pierre ELKABBACH : On a compris - je crois que l'Etat aussi - les dégâts d'un environnement dégradé sur la santé. On parle et on l'a vu avec le plan Environnement et ce qu'on dit les grands professeurs que vous avez interrogés pour J.-P. Raffarin et tous les ministres du Gouvernement etc, etc. Les allergies, les maladies respiratoires en fortes hausses, et puis les cancers. Vous constatez ce matin, en lisant la presse, qu'elle est intéressée et en même temps elle rigole, parce que vous dites "halte, danger pour l'espèce", et on offre des sommes dérisoires pour lutter.
Serge LEPELTIER : [Il y a] Beaucoup d'actions, parce que pour la première fois, un Gouvernement, à la demande du président de la République, a travaillé collectivement sur cette action. Nous nous sommes mis, plusieurs ministres, autour de la table pour raisonner, pour regarder ce qu'en matière de transport, d'équipement, ce qu'en matière de travail, d'habitat, nous pouvions faire. C'est cela la nouveauté de ce plan, c'est que nous travaillons pas chacun dans notre coin, mais nous disons qu'est-ce qui se passe au niveau de la santé, quelles sont les conséquences de la détérioration de l'environnement, est-ce que, lorsque nous habitons un logement avec des matériaux polluants, ça a des conséquences sur la santé, est-ce qu'une voiture qui pollue a des conséquences ? Donc, c'est l'ensemble des choses et le croisement de tous ces éléments qu'il faut prendre en compte.
Jean-Pierre ELKABBACH : Par exemple pour l'air, sont visés les voitures, les Berlines polluantes, les 4x4, de plus en plus nombreux - qui sont conduits souvent par des femmes, des mères de famille. Vous dites que la mesure sera appliquée dans six mois ; pourquoi ?
Serge LEPELTIER : C'est la mise en place technique qui pose problème, mais si j'écoute aujourd'hui les constructeurs automobile, ce que je constate, c'est qu'ils ne sont pas forcément contre cette mesure, mais ils craignent que dans l'intervalle, il y ait de la perturbation au niveau du marché. Donc, je pense qu'il faut que nous essayons, que nous regardions pour voir si nous pouvons mettre cette mesure en application plus tôt. Et c'est ce que je vais faire dès aujourd'hui.
Jean-Pierre ELKABBACH : Quand vous dites plus tôt, c'est à partir de juillet, septembre ?
Serge LEPELTIER : Essayer de la faire techniquement le plus rapidement possible, naturellement en discussion avec les constructeurs. C'est une mesure qui n'est pas simple à mettre en place.
Jean-Pierre ELKABBACH : Le maire de Paris veut limiter les 4x4, les voitures polluantes dans Paris, lui donnez-vous raison ?
Serge LEPELTIER : Ce que je souhaite, moi, c'est pénaliser les véhicules les plus polluants, quels qu'ils soient.
Jean-Pierre ELKABBACH : Mais lui donnez-vous raison pour les grandes villes ?
Serge LEPELTIER : Il ne s'agit pas victimiser telle ou telle personne, parce qu'elle conduit tel type de véhicule ou telle forme de véhicule. La question qui a été posée par B. Delanoë est une bonne question. Ce qui compte aujourd'hui, c'est que quelle que soit la forme de la voiture, que ce soit un 4x4 ou une autre voiture, elle paie un malus. Sur les deux millions de véhicules qui sortent par an, nous aurons dans ce système de bonus-malus un million de véhicules qui sont entre les deux, qui ne paieront rien, qui ne recevront rien. Et nous aurons 650 000 voitures qui recevront un bonus, parce que ce sont des voitures moins polluantes et 350 000 qui paieront un malus parce que ce sont des voitures très polluantes.
Jean-Pierre ELKABBACH : Il y a des protestations, vous maintenez cette décision ?
Serge LEPELTIER : Bien sûr, parce qu'elle va... C'est un système qui est quasi révolutionnaire dans notre droit, puisque nous pourrons, à partir de là, tester, expérimenter le fait de pénaliser des produits polluants et le fait de favoriser des produits moins polluants.
Jean-Pierre ELKABBACH : A qui va profiter la taxe malus ?
Serge LEPELTIER : Elle sera équilibrée, c'est-à-dire le malus que paieront les acheteurs de véhicules les plus polluants, contribuera à payer le bonus, c'est-à-dire l'incitation à l'achat de véhicules moins polluants. Ce qui est extraordinaire, dans notre pays, c'est lorsque, aujourd'hui, on achète une voiture propre, une voiture hybride, très peu consommatrice, elle coûte souvent plus chère, parce qu'elle développe une technologie plus élevée qu'une voiture sale. Eh bien il faut contribuer à faire en sorte que lorsque l'on a un comportement écologique, que cela coûte moins cher que d'avoir un comportement polluant.
Jean-Pierre ELKABBACH : J'ai envie de dire "encore un effort" : plus de trains, moins de camions, moins de poids lourds. C'est possible ?
Serge LEPELTIER : Nous développons insuffisamment - et depuis 20 à 30 ans, largement insuffisamment - le train, le transport public. Il faut, notamment développer le ferroutage pour passer les grosses difficultés en matière de relief par exemple, et il faut accélérer le Lyon-Turin, pour passer notamment les Alpes, où il y a de très fortes pollutions. Donc, le ferroutage n'est pas la réponse à tout, mais nous pouvons l'utiliser lorsque que techniquement, lorsque pour des raisons de relief, c'est difficile.
Jean-Pierre ELKABBACH : Le Figaro résume ce que pensent beaucoup de gens : l'automobiliste est certes pollueur mais au même titre que d'autres coupables, il se retrouve bien seul dans le box des payeurs et on cite les entreprises ou les agriculteurs, même si on veut pas faire de peine à J.-M. Le Métayer, mais c'est comme ça.
Serge LEPELTIER : Dans ce plan Santé-Environnement, à la fois les transporteurs - puisqu'il y a beaucoup de pollution venant des transports, mais aussi les industriels sont concernés, puisque nous prévoyons la réduction de mesures de produits toxiques de façon extrêmement forte, réduire de 85 % les dioxines, réduire de 65 % le plomb. Là, ce sont des mesures qui vont concerner les industriels, en les obligeant à mettre en place de nouveaux procédés de production. Et pour les agriculteurs, vous savez que seulement un tiers des puits de captage d'eau sont aujourd'hui protégés dans notre pays. Nous voulons aboutir à ce que 100 % des captages d'eau soient protégés. Pour cela, nous discutons avec les agriculteurs pour modifier leurs procédés de production.
Il y a encore trop de pesticides dans les sols ; il faut les respecter aussi les sols...
Serge LEPELTIER : Beaucoup trop de pesticides, beaucoup trop de phytosanitaires, qui ont des conséquences sur la santé. Je rappelle qu'aujourd'hui, à âge égal, nous avons des augmentation de 1 % des cancers. Donc, cela a bien une cause.
Jean-Pierre ELKABBACH : Vous allez annoncer aujourd'hui votre calendrier, votre programme, pour l'eau, un des biens communs, qui va devenir et qui devient une matière rare et précieuse. Est-il vrai qu'un mètre cube d'eau coûte presque la moitié d'un paquet de cigarette en France.
Serge LEPELTIER : Oui, c'est approximativement le prix. Le prix de l'eau - ce qui a choqué nos concitoyens - a beaucoup augmenté au cours du temps. Il est arrivé aujourd'hui a un prix qui nous permet d'avoir des mesures de qualité de l'eau, avec des stations d'épuration qui permettent de rejeter dans les eaux des eaux plus pures. Donc, il devrait encore augmenter, mais de façon modérée maintenant.
Jean-Pierre ELKABBACH : Oui, mais pensez-vous que ce bien précieux qu'est l'eau, sera peut-être un jour considéré sans juste prix ?
Serge LEPELTIER : C'est le défi des années qui viennent, à la fois en quantité - on le voit bien avec des étés comme l'année dernière, avec des canicules où nous manquons d'eau dans certains cas. Et en matière de qualité, c'est le grand défi de demain, avec, dans l'eau, des produits phytosanitaires, des pesticides qui peuvent avoir des conséquences considérables sur la santé.
Jean-Pierre ELKABBACH : Peut-on manquer d'eau cet été en France ?
Serge LEPELTIER : Oui, dans certaines régions de France, aujourd'hui, les nappes phréatiques n'ont pas été renouvelées de façon suffisante. Je pense à l'Est, au Nord, au Sud-Est. Et naturellement, il faudra voir comment cela se passe dans les jours qui viennent. Mais nous avons déjà, par le biais des préfets, pris des mesures d'économies.
Jean-Pierre ELKABBACH : Sur l'eau, je vous recommande le livre le Marc Laimé, au Seuil : dans le monde, aujourd'hui, 1,5 milliard d'hommes ne disposent pas d'une eau saine et plus de 15 millions en meurent chaque année.
Serge LEPELTIER : Oui, et il faut savoir qu'en France, lorsque que nous faisons des mesures, plus de 75 % des eaux superficielles ne sont pas conformes et plus de 50 % des eaux souterraines ne le sont pas non plus. On voit bien qu'il faut changer les procédés de production. Deux exemples : nous pouvons développer les zones enherbées le long des cours d'eau pour capter les pesticides et l'hiver, plutôt que de laisser les terrains nus, les couvrir d'une végétations pour retenir ces pesticides.
Jean-Pierre ELKABBACH : La sympathique T. Saifi est élue eurodéputée, elle va à Strasbourg et ne sera pas remplacée comme secrétaire d'Etat au Développement durable? Elle n'était donc qu'une figurante et un alibi ? C'est l'aveu ça...
Serge LEPELTIER : Je crois vraiment que non. Elle a introduit dans la sensibilité la notion de développement durable. Et cela, c'est T. Saifi qui l'a fait. Elle a développé des expérimentations à l'école, dans dix académies françaises, pour que que cette éducation à l'environnement puisse se faire au niveau des enfants. Et c'est une choses qui sera élargie toute l'année prochaine. Donc, elle a fait beaucoup de travail
Jean-Pierre ELKABBACH : C'est tellement formidable qu'on ne la remplace pas...
Serge LEPELTIER : Si vous me le permettez, elle va être remplacée par le biais d'une délégation interministérielle au Développement durable. Il faut absolument que nous irriguions l'ensemble du Gouvernement du développement durable. C'est l'idée que émettons.
Jean-Pierre ELKABBACH : Un député UMP que je ne connais pas, M. Aeschlimann, traite T. Saifi de "Beurette gadget". C'est un bon goût ça ?
Serge LEPELTIER : C'est proprement scandaleux, parce que T. Saifi est quelqu'un d'extrêmement motivée qui s'est totalement engagée dans sa fonction et qui le fera au Parlement européen.
Jean-Pierre ELKABBACH : Après les députés européens, à l'initiative de WWF, j'ai noté que 10 ministres européens de l'Ecologie vont subir une prise de sang pour détecter les produits chimiques toxiques ; vous aussi - pour l'exemple ?
Serge LEPELTIER : Oui, pour l'exemple, parce qu'il faut développer l'expertise et la connaissance. Nous pouvons penser vivre dans un environnement équilibré, de façon saine, et avoir en nous-mêmes des produits chimiques que nous ne souhaitons pas. Et cela, il faut le savoir.
Jean-Pierre ELKABBACH : Oui, et il faut la santé pour être ministre... Quelle vie !
Serge LEPELTIER : Non, il faut être motivé.
Jean-Pierre ELKABBACH : Et quand vous saurez que vous avez des produits toxiques dans le sang, que ferez-vous ?
Serge LEPELTIER : Cela donnera la connaissance pour lutter contre la production de ces produits, au niveau des industriels, au niveau des sources de production de ces produits.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 22 juin 2004)
Serge LEPELTIER : Oui, c'est pour cela qu'il faut développer la recherche, l'expertise pour mieux connaître les conséquences de toutes ces substances chimiques que nous avons à la fois dans l'air, dans l'atmosphère ou dans les produits que nous consommons.
Jean-Pierre ELKABBACH : On a compris - je crois que l'Etat aussi - les dégâts d'un environnement dégradé sur la santé. On parle et on l'a vu avec le plan Environnement et ce qu'on dit les grands professeurs que vous avez interrogés pour J.-P. Raffarin et tous les ministres du Gouvernement etc, etc. Les allergies, les maladies respiratoires en fortes hausses, et puis les cancers. Vous constatez ce matin, en lisant la presse, qu'elle est intéressée et en même temps elle rigole, parce que vous dites "halte, danger pour l'espèce", et on offre des sommes dérisoires pour lutter.
Serge LEPELTIER : [Il y a] Beaucoup d'actions, parce que pour la première fois, un Gouvernement, à la demande du président de la République, a travaillé collectivement sur cette action. Nous nous sommes mis, plusieurs ministres, autour de la table pour raisonner, pour regarder ce qu'en matière de transport, d'équipement, ce qu'en matière de travail, d'habitat, nous pouvions faire. C'est cela la nouveauté de ce plan, c'est que nous travaillons pas chacun dans notre coin, mais nous disons qu'est-ce qui se passe au niveau de la santé, quelles sont les conséquences de la détérioration de l'environnement, est-ce que, lorsque nous habitons un logement avec des matériaux polluants, ça a des conséquences sur la santé, est-ce qu'une voiture qui pollue a des conséquences ? Donc, c'est l'ensemble des choses et le croisement de tous ces éléments qu'il faut prendre en compte.
Jean-Pierre ELKABBACH : Par exemple pour l'air, sont visés les voitures, les Berlines polluantes, les 4x4, de plus en plus nombreux - qui sont conduits souvent par des femmes, des mères de famille. Vous dites que la mesure sera appliquée dans six mois ; pourquoi ?
Serge LEPELTIER : C'est la mise en place technique qui pose problème, mais si j'écoute aujourd'hui les constructeurs automobile, ce que je constate, c'est qu'ils ne sont pas forcément contre cette mesure, mais ils craignent que dans l'intervalle, il y ait de la perturbation au niveau du marché. Donc, je pense qu'il faut que nous essayons, que nous regardions pour voir si nous pouvons mettre cette mesure en application plus tôt. Et c'est ce que je vais faire dès aujourd'hui.
Jean-Pierre ELKABBACH : Quand vous dites plus tôt, c'est à partir de juillet, septembre ?
Serge LEPELTIER : Essayer de la faire techniquement le plus rapidement possible, naturellement en discussion avec les constructeurs. C'est une mesure qui n'est pas simple à mettre en place.
Jean-Pierre ELKABBACH : Le maire de Paris veut limiter les 4x4, les voitures polluantes dans Paris, lui donnez-vous raison ?
Serge LEPELTIER : Ce que je souhaite, moi, c'est pénaliser les véhicules les plus polluants, quels qu'ils soient.
Jean-Pierre ELKABBACH : Mais lui donnez-vous raison pour les grandes villes ?
Serge LEPELTIER : Il ne s'agit pas victimiser telle ou telle personne, parce qu'elle conduit tel type de véhicule ou telle forme de véhicule. La question qui a été posée par B. Delanoë est une bonne question. Ce qui compte aujourd'hui, c'est que quelle que soit la forme de la voiture, que ce soit un 4x4 ou une autre voiture, elle paie un malus. Sur les deux millions de véhicules qui sortent par an, nous aurons dans ce système de bonus-malus un million de véhicules qui sont entre les deux, qui ne paieront rien, qui ne recevront rien. Et nous aurons 650 000 voitures qui recevront un bonus, parce que ce sont des voitures moins polluantes et 350 000 qui paieront un malus parce que ce sont des voitures très polluantes.
Jean-Pierre ELKABBACH : Il y a des protestations, vous maintenez cette décision ?
Serge LEPELTIER : Bien sûr, parce qu'elle va... C'est un système qui est quasi révolutionnaire dans notre droit, puisque nous pourrons, à partir de là, tester, expérimenter le fait de pénaliser des produits polluants et le fait de favoriser des produits moins polluants.
Jean-Pierre ELKABBACH : A qui va profiter la taxe malus ?
Serge LEPELTIER : Elle sera équilibrée, c'est-à-dire le malus que paieront les acheteurs de véhicules les plus polluants, contribuera à payer le bonus, c'est-à-dire l'incitation à l'achat de véhicules moins polluants. Ce qui est extraordinaire, dans notre pays, c'est lorsque, aujourd'hui, on achète une voiture propre, une voiture hybride, très peu consommatrice, elle coûte souvent plus chère, parce qu'elle développe une technologie plus élevée qu'une voiture sale. Eh bien il faut contribuer à faire en sorte que lorsque l'on a un comportement écologique, que cela coûte moins cher que d'avoir un comportement polluant.
Jean-Pierre ELKABBACH : J'ai envie de dire "encore un effort" : plus de trains, moins de camions, moins de poids lourds. C'est possible ?
Serge LEPELTIER : Nous développons insuffisamment - et depuis 20 à 30 ans, largement insuffisamment - le train, le transport public. Il faut, notamment développer le ferroutage pour passer les grosses difficultés en matière de relief par exemple, et il faut accélérer le Lyon-Turin, pour passer notamment les Alpes, où il y a de très fortes pollutions. Donc, le ferroutage n'est pas la réponse à tout, mais nous pouvons l'utiliser lorsque que techniquement, lorsque pour des raisons de relief, c'est difficile.
Jean-Pierre ELKABBACH : Le Figaro résume ce que pensent beaucoup de gens : l'automobiliste est certes pollueur mais au même titre que d'autres coupables, il se retrouve bien seul dans le box des payeurs et on cite les entreprises ou les agriculteurs, même si on veut pas faire de peine à J.-M. Le Métayer, mais c'est comme ça.
Serge LEPELTIER : Dans ce plan Santé-Environnement, à la fois les transporteurs - puisqu'il y a beaucoup de pollution venant des transports, mais aussi les industriels sont concernés, puisque nous prévoyons la réduction de mesures de produits toxiques de façon extrêmement forte, réduire de 85 % les dioxines, réduire de 65 % le plomb. Là, ce sont des mesures qui vont concerner les industriels, en les obligeant à mettre en place de nouveaux procédés de production. Et pour les agriculteurs, vous savez que seulement un tiers des puits de captage d'eau sont aujourd'hui protégés dans notre pays. Nous voulons aboutir à ce que 100 % des captages d'eau soient protégés. Pour cela, nous discutons avec les agriculteurs pour modifier leurs procédés de production.
Il y a encore trop de pesticides dans les sols ; il faut les respecter aussi les sols...
Serge LEPELTIER : Beaucoup trop de pesticides, beaucoup trop de phytosanitaires, qui ont des conséquences sur la santé. Je rappelle qu'aujourd'hui, à âge égal, nous avons des augmentation de 1 % des cancers. Donc, cela a bien une cause.
Jean-Pierre ELKABBACH : Vous allez annoncer aujourd'hui votre calendrier, votre programme, pour l'eau, un des biens communs, qui va devenir et qui devient une matière rare et précieuse. Est-il vrai qu'un mètre cube d'eau coûte presque la moitié d'un paquet de cigarette en France.
Serge LEPELTIER : Oui, c'est approximativement le prix. Le prix de l'eau - ce qui a choqué nos concitoyens - a beaucoup augmenté au cours du temps. Il est arrivé aujourd'hui a un prix qui nous permet d'avoir des mesures de qualité de l'eau, avec des stations d'épuration qui permettent de rejeter dans les eaux des eaux plus pures. Donc, il devrait encore augmenter, mais de façon modérée maintenant.
Jean-Pierre ELKABBACH : Oui, mais pensez-vous que ce bien précieux qu'est l'eau, sera peut-être un jour considéré sans juste prix ?
Serge LEPELTIER : C'est le défi des années qui viennent, à la fois en quantité - on le voit bien avec des étés comme l'année dernière, avec des canicules où nous manquons d'eau dans certains cas. Et en matière de qualité, c'est le grand défi de demain, avec, dans l'eau, des produits phytosanitaires, des pesticides qui peuvent avoir des conséquences considérables sur la santé.
Jean-Pierre ELKABBACH : Peut-on manquer d'eau cet été en France ?
Serge LEPELTIER : Oui, dans certaines régions de France, aujourd'hui, les nappes phréatiques n'ont pas été renouvelées de façon suffisante. Je pense à l'Est, au Nord, au Sud-Est. Et naturellement, il faudra voir comment cela se passe dans les jours qui viennent. Mais nous avons déjà, par le biais des préfets, pris des mesures d'économies.
Jean-Pierre ELKABBACH : Sur l'eau, je vous recommande le livre le Marc Laimé, au Seuil : dans le monde, aujourd'hui, 1,5 milliard d'hommes ne disposent pas d'une eau saine et plus de 15 millions en meurent chaque année.
Serge LEPELTIER : Oui, et il faut savoir qu'en France, lorsque que nous faisons des mesures, plus de 75 % des eaux superficielles ne sont pas conformes et plus de 50 % des eaux souterraines ne le sont pas non plus. On voit bien qu'il faut changer les procédés de production. Deux exemples : nous pouvons développer les zones enherbées le long des cours d'eau pour capter les pesticides et l'hiver, plutôt que de laisser les terrains nus, les couvrir d'une végétations pour retenir ces pesticides.
Jean-Pierre ELKABBACH : La sympathique T. Saifi est élue eurodéputée, elle va à Strasbourg et ne sera pas remplacée comme secrétaire d'Etat au Développement durable? Elle n'était donc qu'une figurante et un alibi ? C'est l'aveu ça...
Serge LEPELTIER : Je crois vraiment que non. Elle a introduit dans la sensibilité la notion de développement durable. Et cela, c'est T. Saifi qui l'a fait. Elle a développé des expérimentations à l'école, dans dix académies françaises, pour que que cette éducation à l'environnement puisse se faire au niveau des enfants. Et c'est une choses qui sera élargie toute l'année prochaine. Donc, elle a fait beaucoup de travail
Jean-Pierre ELKABBACH : C'est tellement formidable qu'on ne la remplace pas...
Serge LEPELTIER : Si vous me le permettez, elle va être remplacée par le biais d'une délégation interministérielle au Développement durable. Il faut absolument que nous irriguions l'ensemble du Gouvernement du développement durable. C'est l'idée que émettons.
Jean-Pierre ELKABBACH : Un député UMP que je ne connais pas, M. Aeschlimann, traite T. Saifi de "Beurette gadget". C'est un bon goût ça ?
Serge LEPELTIER : C'est proprement scandaleux, parce que T. Saifi est quelqu'un d'extrêmement motivée qui s'est totalement engagée dans sa fonction et qui le fera au Parlement européen.
Jean-Pierre ELKABBACH : Après les députés européens, à l'initiative de WWF, j'ai noté que 10 ministres européens de l'Ecologie vont subir une prise de sang pour détecter les produits chimiques toxiques ; vous aussi - pour l'exemple ?
Serge LEPELTIER : Oui, pour l'exemple, parce qu'il faut développer l'expertise et la connaissance. Nous pouvons penser vivre dans un environnement équilibré, de façon saine, et avoir en nous-mêmes des produits chimiques que nous ne souhaitons pas. Et cela, il faut le savoir.
Jean-Pierre ELKABBACH : Oui, et il faut la santé pour être ministre... Quelle vie !
Serge LEPELTIER : Non, il faut être motivé.
Jean-Pierre ELKABBACH : Et quand vous saurez que vous avez des produits toxiques dans le sang, que ferez-vous ?
Serge LEPELTIER : Cela donnera la connaissance pour lutter contre la production de ces produits, au niveau des industriels, au niveau des sources de production de ces produits.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 22 juin 2004)