Message de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur l'exploitation et la protection des forêts communales et sur le développement de la filière bois, au Sénat le 25 juin 2004.

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Circonstance : Assemblee générale de la fédération nationale des communes forestières de France, au Sénat le 25 juin 2004

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Maires,
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de vous dire mon regret de ne pas être parmi vous aujourd'hui pour ce rendez-vous annuel de l'Assemblée générale de la Fédération nationale des communes forestières de France à laquelle, vous le savez, je suis profondément attaché.
En effet, le Président du Sénat que je suis n'oublie pas qu'il est aussi l'élu du département des Vosges qui compte, parmi ses nombreuses richesses, le privilège d'être teint du vert de ses belles forêts.
C'est donc avec joie et plaisir que je vous adresse à toutes et à tous mes souhaits de cordiale bienvenue au Sénat, dans la maison des collectivités locales -votre maison-.
La tenue de l'Assemblée générale de votre Fédération dans les murs du Sénat est pleinement justifiée.
Véritable laboratoire d'idées, aiguillon de réforme, la Haute Assemblée s'est résolument engagée à promouvoir et à défendre une exploitation raisonnable des massifs forestiers dans un environnement préservé.
Mes chers amis, à l'approche de l'été et des grandes chaleurs, je tiens à vous exprimer ma crainte qu'une fois de plus,-une fois de trop-, nombre de nos communes forestières, hélas trop nombreuses, devront faire face aux ravages des incendies de l'été.
Le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales m'a assuré que le gouvernement mettra en uvre tous les moyens dont il dispose afin de prévenir les feux de forêt.
Je lui fais confiance pour y parvenir et pour, le cas échéant, réprimer avec force ceux qui par leur négligence, ou pire par leur volonté, se trouveraient à l'origine de ces incendies.Je veux aussi profiter de l'occasion pour saluer le courage et le professionnalisme exemplaires de nos sapeurs-pompiers professionnels ou volontaires qui au péril de leur vie s'engagent pour sauver nos vies, nos habitations et nos forêts. Je vais vous faire un aveu. Je me réjouis qu'enfin soit reconnue la dangerosité de cette profession.
Comme vous le savez, la protection de nos forêts constitue un enjeu aussi essentiel que fondamental pour notre avenir, pour l'avenir de nos enfants, pour l'avenir de l'humanité.
Ne soyons pas hypocrite ! Quotidiennement l'homme " s'asphyxie " en polluant sa " Terre " et en lui ôtant son véritable poumon.
Bien sûr, le constat d'aujourd'hui est identique à celui d'hier. La voie à suivre a été clairement définie lors de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement de Rio en 1992. Elle appelait à une gestion des ressources et des terres forestières " d'une façon écologiquement viable afin de répondre aux besoins sociaux, économiques et écologiques ".
Il convient donc aujourd'hui de privilégier une gestion " durable " de nos ressources forestières, en phase avec cette " nouvelle frontière " du développement durable qui doit permettre d'anticiper et d'intégrer le coût social du développement économique, indispensable au progrès humain.
Au-delà des principes et de manière un peu plus modeste, la question est de savoir ce que l'on peut faire, à l'échelle de notre pays, pour concilier intérêts économiques et environnementaux. Et l'enjeu est de taille pour nos communes forestières !
Ce sont, en effet, pas moins de 50.000 emplois et 6.500 entreprises qui sont concernés par la santé de la filière du bois.Et si la forêt communale ne représente que 17% de la forêt française, elle contribue à 25% de la production nationale de chêne et à 40% de la production de hêtre et d'épicéa.
La forêt communale constitue ainsi un véritable moteur économique et social dans les régions forestières.
Pour cette raison d'ailleurs, il semble nécessaire de promouvoir une exploitation diversifiée des ressources de nos forêts.
Le Sénat ne s'y est pas trompé. Il a ainsi adopté, dans le cadre de l'examen du projet de loi relatif " au développement des territoires ruraux " un nouveau dispositif permettant notamment l'exploitation des ressources en eau potable des forêts.
Enfin, je tiens à saluer le rôle des communes forestières qui contribuent utilement à la protection de la faune et de la flore et à l'accueil des promeneurs toujours plus nombreux sur les sentiers de randonnée.
N'est-ce pas la preuve qu'exploitation des forêts et protection de l'environnement sont compatibles et même complémentaires ?
Gardant ce double objectif à " portée de fusil ", nous devons redoubler nos efforts et renforcer l'attractivité d'une filière qui, j'en suis convaincu, favoriserait la création de nombreux emplois.
Mesdames, Messieurs les Maires de communes forestières, vous êtes au cur de ces enjeux. Votre action est essentielle.
Grâce à vous, la forêt communale a une voix. Elle est entendue, elle est écoutée, elle est respectée. Sa gestion exemplaire, celle des maires et des élus locaux, est reconnue et valorisée. Son impact en matière d'emploi, de croissance économique, d'aménagement du territoire, aussi.
Vous pouvez compter sur ma vigilance et celle du Sénat pour être le fidèle relais de vos légitimes préoccupations.

(Source http://www.senat.fr, le 1er juillet 2004)