Texte intégral
Première partie : Météo
Le changement climatique est désormais à la Une de nos journaux, dans les grandes expositions et même sur les écrans de cinéma. C'est le signe d'un début de prise de conscience dont je me réjouis même si je suis conscient que, globalement, la classe politique est en retard sur la société. Et pourtant, le changement climatique est aujourd'hui un phénomène scientifiquement établi.
A l'occasion de cette deuxième semaine du développement durable, et en plein accord avec Serge Lepeltier, j'ai donc souhaité engager le ministère des transports sur le chemin du développement durable. Au double sens du verbe "engager" : comme on s'engage sur un chemin et comme un engagement que l'on prend. Nous sommes tous deux convaincus que la bataille de l'environnement sera gagnée quand chaque ministère aura pleinement intégré cette question.
Cette réunion aura lieu en deux temps :
Dans un premier temps, comme ministre de la Météo, je vais vous présenter l'état des connaissances sur le changement climatique.
Sur certains points techniques, je passerai bien sûr le relais aux spécialistes de MétéoFrance. Mais je tiens à vous présenter personnellement le sujet, à la fois comme ministre et comme "Français moyen". Comme ministre, pour donner à cette démarche la solennité de l'engagement du Gouvernement. Comme Français moyen, car nous devons impérativement rendre ce sujet accessible à tous.
Dans un deuxième temps, nous parlerons plus spécifiquement du rôle des transports.
Alors, que savons-nous ?
1ère certitude : Le changement climatique a commencé. Si on regarde les températures depuis 1000 ans, telles qu'elles ont été reconstituées par les scientifiques, nous pouvons affirmer avec certitude que les récentes années sont les plus chaudes depuis plus de 1000 ans. Et ceci est vrai même si l'on tient compte de la marge d'erreur pour les températures anciennes, qui apparaît en jaune sur le graphique.
Et nous voyons même sur ce deuxième graphique que ce phénomène est particulièrement marqué sur les dernières décennies.
La canicule de l'an dernier nous a fourni une illustration dramatique. Bien sûr, une année n'est pas une preuve scientifique ; cela pourrait être un accident... Hélas, il n'en est rien !
Ces trois cartes représentent, pour les étés 1976, 1983 et 2003, le nombre de jours où la température a dépassé 35°C. Bleu foncé quand cette température n'a jamais été atteinte ; rouge au-delà de 30 jours.
Les mêmes cartes pour 40°C. Toujours bleu foncé quand cette température n'a jamais été atteinte. En regardant de très près, vous verriez, pour 1976, une toute petite tâche bleu clair dans les Landes où cette température a été atteinte un jour. Le rouge correspond sur cette carte à plus de 10 jours au-delà de 40°C.
2ème certitude : les gaz à effet de serre, essentiellement le gaz carbonique, sont à l'origine de ce changement.
Comment marche l'effet de serre ? L'atmosphère laisse arriver au sol 50 % du rayonnement solaire. Le rayonnement absorbé par le sol est réémis vers l'espace sous la forme de rayons infrarouges. Agissant telles les vitres d'une serre, les gaz à effet de serre interfèrent avec les rayons infrarouges en les empêchant de s'échapper vers l'espace. Cela provoque une hausse des températures.
Alors que s'est-il passé ? Pour le dire très simplement, en brûlant du charbon et du pétrole, nous avons brutalement "encrassé" l'atmosphère de gaz à effet de serre.
Sur le graphique suivant la courbe rouge vous montre le niveau de gaz carbonique depuis 400.000 ans. En regardant de près, vous verriez sur les toutes dernières années, que cette courbe rouge dépasse les niveaux atteints même aux périodes les plus chaudes. Pour reprendre une expression employée récemment par le chef de la mission qui a analysé les calottes glaciaires et dont nous avons tous entendu parler ces derniers jours, "Nous avons explosé le compteur des gaz à effet de serre".
Vous savez qu'une des questions qui revient souvent est la suivante : la principale cause de l'effet de serre n'est-elle pas cosmologique ? Vous me permettez quelques instants de pause pendant lesquels je vais laisser les spécialistes de Météo-France répondre à cette question.
3ème certitude : La présence de gaz à effet de serre dans l'atmosphère et la température vont continuer à augmenter. Ce graphique vous présente plusieurs scénarios examinés par les experts et leur impact en terme de température.
Nous serions en effet bien aveugles ou bien égoïstes en croyant que tout ceci va s'arrêter. Les deux cartes qui s'affichent vous montrent la répartition de la population dans le monde et... la répartition de la consommation d'énergie qui est évaluée par une carte des lumières de la nuit. Le contraste est, je crois, éloquent. Sauf à prétendre, alors que nous nous sommes développés en brûlant notre charbon, que les Chinois n'auraient pas le droit d'en faire de même ?
Je tiens, d'ailleurs à souligner la dimension internationale du problème. Nous devons non seulement nous préoccuper des gaz à effet de serre émis chez nous mais aussi aider les pays en développement à se développer de façon plus sobre que nous.
Que va-t-il se passer ?
Les scientifiques ont étudié un grand nombre de scénarios. Pour simplifier, voici deux grandes hypothèses de ce qui pourrait arriver dans moins d'un siècle.
Un siècle ça peut paraître très long. Mais, vous le verrez, il se passera des choses avant la fin du siècle. Et puis, on dit que parmi les enfants qui naissent aujourd'hui, il y aura 50 % de centenaires. Cet enfant subira de point fouet les conséquences du changement climatique.
Premier scénario : nous irions vers un doublement de la teneur en gaz carbonique dans l'atmosphère. Un commentaire préliminaire : au train où nous allons ce scénario est optimiste.
Contrairement à une idée largement développée, nous savons assez précisément ce qui se passera dans ce cas.
o Les températures augmenteront en moyenne de 2 à 3 degrés, avec, sur certaines zones, des augmentations de plus de 5°.
o Les phénomènes climatiques "extrêmes" (vagues de chaleur, sécheresse, fortes pluies et inondations...) seront plus fréquents. Ce petit schéma l'illustre bien : le système climatique devient plus énergétique, et le cycle normal, évaporation de l'eau, précipitations, se déroule de façon plus violente.
Plus précisément dans notre pays :
o Le climat semi-aride s'étendra. Nous aurons, dans le sud de lourds problèmes de pénurie d'eau et d'incendie de forêt. Pour l'illustrer par une image, le climat de Marseille sera celui que connaît aujourd'hui le sud de l'Espagne voire Tunis.
oLes événements comme la canicule de 2003 changeront de nom : on appellera ça "l'été". Vous voyez sur ce graphique, 2003 apparaît encore comme un "accident". Les deux traits rouges montrent l'évolution des températures "normales". Vers 2050, le niveau atteint en 2003 devient banal ; en 2070, il devient normal ; en 2100, c'est un été anormalement froid.
oA l'inverse, à l'ouest les précipitations redoubleront en hiver. Après avoir vécu les inondations de la Somme en 2001, je m'interroge. En 2001, nous avons connu un "accident". Si un tel phénomène se cumule sur plusieurs années, que se passera-t-il ?
Comme ministre du tourisme, je constate que la pratique du ski sera profondément bouleversée. Sur ce schéma du massif alpin, vous voyez apparaître en bleu, clair ou foncé, les secteurs qui connaissent plus de 140 jours d'enneigement par an à 1500 m. Vous constaterez comme moi que de nombreuses stations perdront plus d'un mois d'enneigement à l'horizon 2050.
Bref, à l'échelle de notre pays, il faut comprendre que toute notre organisation économique, géographique, technique tient compte d'un climat.
Dire qu'il fera à Brest le temps de Bordeaux, peut apparaître comme une perspective plutôt riante.
Mais le régime des rivières et des nappes d'eau, la forme des sols s'est adaptée, au fur et à mesure des années, à un climat donné. Nous savons que, à court terme, l'effet de serre va changer ce climat, sans laisser à la nature le temps de s'adapter.
Il en est de même de l'agriculture et des écosystèmes. Les zones de culture ou de présence des espèces sont souvent assez limitées. Les plantes vont-elles migrer si facilement ?
Il est très vraisemblable, même si sur ce point les prévisions sont difficiles, que nous voyons réapparaître dans le sud de la France des maladies oubliées ou nouvelles à nos latitudes. Ainsi, depuis quelques années, nous constatons l'apparition, dans les écuries de la Camargue, du virus du Nil Occidental qui porte bien son nom.
Quant aux constructions humaines, il suffit de voir que les modes de construction varient à 100 km près... et qu'en quelques décennies, le climat va se déplacer de plusieurs centaines de kilomètres, pour comprendre qu'il y a un réel problème d'adaptation.
On parle souvent d'augmentation du niveau de la mer. Nous savons que le niveau moyen de la mer a monté de 6 centimètres en 20 ans. Les projections à l'horizon 2100 sont lus incertaines. Elles varient entre 10 et 88 cm. Il ne fait pas de doute que cette évolution posera des problèmes, par exemple en Camargue ou pour les plages des communes littorales. Il est néanmoins probable qu'en France, nous saurons y faire face.
Il n'en est pas de même de nombreuses zones de la planète. Plus de 50 millions de personnes seront concernées dans le sud est asiatique. Plusieurs dizaines de millions sur les côtes de l'Afrique.
Si l'on reste à cette échelle géographique large, on peut se demander quel sera l'impact, sur la vie des sociétés du bassin méditerranéen, de graves pénuries d'eau ? Verrons-nous des guerres de l'eau ? Disons que le risque existe.
En résumé, que savons-nous dire de ce scénario optimiste ?
Il s'agit d'une évolution climatique forte, sur une période de quelques décennies, qui constitue un choc environnemental, social et économique majeur. Pour autant, nous restons dans le domaine du prévisible. Et il ne fait pas de doute que nous saurons-nous y adapter au sens où la survie de l'espèce humaine ne sera pas mise en danger. Pour autant, il serait plus qu'imprudent de sous-estimer l'impact et nous devons impérativement nous préparer à nous adapter.
Deuxième scénario, sans doute hélas tout aussi probable, nous allons vers un quadruplement de la présence de CO2 dans l'atmosphère.
Que se passera-t-il alors?
Nous avons beaucoup moins de certitudes. Les prévisions des modèles climatiques sont moins fiables. Ils prévoient une élévation des températures d'environ 5°C et un début de fonte des calottes glaciaires arctiques. Il n'est pas déraisonnable d'envisager, à l'échéance de la fin du siècle, des ruptures climatiques majeures comme :
o Une réaction en chaîne avec des phénomènes naturels provoquant un véritable emballement de l'effet de serre.
o L'arrêt du Gulf Stream
Bref, à échéance d'un siècle, nous plongeons dans l'inconnu.
Voilà, pour ce premier temps sur la météo.
Le réchauffement climatique a commencé.
Nous devons absolument agir pour "maîtriser la catastrophe" et pour nous adapter aux catastrophes inévitables.
Deuxième partie : Transports
Pour nous permettre de tenir un véritable tableau de bord du changement climatique, j'ai demandé à Météo-France de publier chaque année, dans son rapport annuel, un fascicule spécifique sur le changement climatique.
Mais j'en viens aux transports, en commençant par le constat.
Les transports sont la première source de gaz à effet de serre. Bien sûr, l'effort doit être réparti entre tous et nous avons collectivement de gros progrès à faire dans les secteurs du bâtiment, de l'industrie et de l'agriculture.
Il n'en reste pas moins que c'est dans le secteur des transports que la tendance à la hausse est la plus forte.
Pour les transports en France, la route constitue l'immense majorité du problème. Et sur la route, les voitures particulières émettent plus de la moitié des gaz à effet de serre, les camions un quart, les véhicules utilitaires un sixième.
J'ajoute que la circulation automobile est également un enjeu immédiat de santé publique. Elle est un des facteurs importants de la pollution meurtrière de l'air que nous respirons ainsi que l'a montré récemment l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale. Je vous rappelle qu'il s'agit de milliers de morts chaque année, même si, bien sûr, les transports sont loin d'être la cause unique. Nous devons donc agir résolument pour réduire le niveau de pollution de l'air dans nos villes. Il n'est pas normal qu'au moindre coup de chaleur nous demandions aux plus fragiles d'entre nous de rester chez eux.
Au niveau international, les émissions du transport aérien sont également importantes.
Voilà pour le constat face auquel nous nous devons de réagir.
Je l'indique clairement, je ne pense pas qu'il faille limiter de façon autoritaire la mobilité des Français. Bien sûr, cela n'exclut pas que, dans tel ou tel cas, par exemple, en cas de pic de pollution, une limitation soit légitime. Mais la mobilité est un élément essentiel de la liberté individuelle, et de la croissance économique, donc de l'emploi.
Engager mon ministère contre le changement climatique, ce n'est pas seulement agir pour la planète, c'est aussi préserver la mobilité à long terme.
Il faudrait évoquer l'action, en amont, sur la demande de transports. Avec en particulier trois sujets, la croissance de nos villes, les flux de transport liés au tourisme et aux loisirs et l'organisation de la logistique des entreprises. Ce sont des questions majeures.
Je réfléchis à une action forte sur le thème de l'étalement urbain.
Pour les "sept étapes" de cette semaine, j'ai écarté ces questions. Ce qui n'enlève rien à leur importance et à ma conviction qu'il faudra les aborder rapidement.
Il n'y a pas de solution miracle mais il y a des moyens pour agir. J'en traiterai trois :
·- la technologie
·- la responsabilisation
·- les infrastructures
La technologie
Comme vous le voyez sur ce graphique (cf. : graphique n° 7) la motorisation a fait des progrès. En 10 ans, les émissions de gaz carbonique par kilomètre parcouru ont baissé de plus de 10 %. C'est un progrès important, qui cache une réalité contrastée : de très gros progrès des moteurs mais une forte augmentation du poids des véhicules qui nous fait perdre l'essentiel du bénéfice de ces progrès.
Le niveau de consommation moyen fait l'objet d'engagements volontaires des constructeurs au niveau européen, qui suppose un effort soutenu.
Serge Lepeltier et moi-même avons la ferme intention de porter fortement ces questions au niveau européen.
Au-delà des progrès, importants et nécessaires, des moteurs thermiques, il faut, me semble-t-il, que nous nous défassions de notre dépendance pétrolière. Il faut, que d'ici une vingtaine d'années, en ville, le moteur à explosion actuel soit remplacé par des motorisations propres : électriques ou hybrides. Il est temps que l'industrie automobile s'émancipe de la monoculture du pétrole.
C'est cette volonté de saluer l'innovation qui m'a conduit à utiliser une voiture hybride pendant la semaine du développement durable. De même, je me rendrai, cet après-midi au salon de la mobilité pour y encourager l'ensemble des innovations et meilleures pratiques en cours développées par les entreprises de transport et les autorités organisatrices.
Enfin, j'ajoute que le développement des biocarburants sera un progrès important.
La technologie concerne aussi les autres modes. Je ne m'y suis pas attardé mais, vous le savez, le développement de l'aérien reste préoccupant et exige des efforts plus importants de recherche.
C'est tout le sens de la visite que je prévois à la SNECMA près de Melun.
Le comportement
Deuxième grand axe de travail, le comportement. Grâce aux actions entreprises en matière de sécurité routière, pour la première fois, les consommations de carburant ont baissé en France en 2003.
"Pour la première fois ?"... pas tout à fait. Pour être parfaitement précis, nous avons déjà connu ce phénomène une fois en l'an 2000. Mais il était directement lié à une augmentation brutale du prix du carburant, et, on le voit bien sur ce graphique, il a été compensé dès l'année suivante.
En 2003, c'est différent, ce n'est pas le nombre de kilomètres parcourus qui a diminué. C'est bien une réduction des vitesses qui a permis ces économies.
En d'autres termes, l'écoconduite est triplement économe : en vie, bien sûr, en gaz à effet de serre et en argent.
J'ai indiqué qu'en matière de sécurité routière, nous avions de fortes marges de progression sur le secteur urbain. Il en est de même sur les consommations. Demain, la deuxième étape de la semaine, nous permettra de mettre en évidence cette triple économie de l'écoconduite.
Les infrastructures
Troisième levier d'actions, le développement des modes alternatifs.
Le Ciadt du 18 décembre a pris une décision historique. En refusant de vendre les autoroutes, nous avons gardé l'argent nécessaire pour financer les TGV, le canal Seine-Nord... Pour la première fois, la route financera des projets ferroviaires et fluviaux. J'insiste, plus des deux tiers des projets prévus concernent des modes alternatifs à la route. Ce choix est pour le développement durable de notre pays, une petite révolution. J'en reparlerai lors de l'étape sur le futur Canal Seine Nord.
J'ajoute que pour les transports urbains, dont le développement est une compétence des collectivités locales, des prêts bonifiés ont été mis en place depuis le début de cette année. Ces actions en matière de transports seront évoquées lors de deux étapes : Bordeaux et son tramway ; Amiens et sa ligne de bus électrique.
Enfin, il va de soi que, s'agissant du transport de marchandises, le développement du fret ferroviaire est un enjeu considérable. L'Etat a approuvé fin 2003 le plan de retour à l'équilibre et de développement du fret ferroviaire présenté par la SNCF. Ce soutien se traduit par un engagement financier majeur. Mon étape à Woippy lundi prochain, pour passer la frontière allemande dans un convoi de fret ferroviaire permettra de mettre en valeur une ligne d'autant plus symbolique qu'elle incarne l'Europe.
Les sept étapes
Je récapitule donc ces six prochaines étapes en vous donnant des rendez-vous :
1. Demain à Amiens, nous ferons un test grandeur nature, avec Bernard Darniche au volant. Nous comparerons la consommation réelle entre une conduite brutale et une écoconduite.
2. Lundi prochain, sur la ligne Woippy-Mannheim, je vous montrerai avec la SNCF, que le fret ferroviaire européen est un projet d'avenir.
3. Mardi, avec mon homologue néerlandais, nous évoquerons le Canal Seine Nord
4. Jeudi matin, je me rendrai chez SNECMA pour mesurer les progrès réalisés par les moteurs d'avion
5. Jeudi après-midi, à Bordeaux, avec Alain Juppé et Francis Mayer, nous signerons la convention de financement du tramway.
6. Enfin, c'est à Amiens que je conclurai en inaugurant une ligne de transports électrique et en présentant le bilan de la semaine.
Les chantiers qui s'engagent
J'ai voulu faire de cette semaine du développement durable un événement fort qui engage durablement mon ministère.
Je tiens d'ailleurs à vous signaler que, parmi les neufs fondations pour la recherche annoncées ce matin par François d'Aubert, le Centre Scientifique et technique du Bâtiment, organisme de recherche de mon ministère, dont je partage la tutelle avec Marc-Philippe DAUBRESSE, est, avec l'ADEME, à l'origine du projet sur "l'habitat sans effet de serre".
Pour cela, j'ai donc décidé de lancer plusieurs chantiers.
Tout d'abord, j'ai signé un arrêté créant au sein du Conseil Général des Ponts et Chaussées, un comité des directeurs du développement durable. Présidé par le vice-président, Claude Martinand, qui sera, pour cela, secondé de près par Jean-Pierre Giblin, ce comité à vocation à conduire la mobilisation du ministère. J'ai l'intention de l'installer personnellement.
J'ai également créé, au sein de la Direction des Affaires Economiques et Internationales, une véritable mission Développement Durable, dirigé par Pascal Douard qui assumera également le rôle de Haut Fonctionnaire Développement Durable et le secrétariat du Comité des Directeurs. J'ai tenu à signer personnellement sa lettre de mission.
Au-delà de ces comités, je souhaite passer plusieurs commandes.
Je demande à Météo-France de me faire des propositions que je présenterai à François FILLON pour qu'une plus grande place soit accordée à l'école, à l'enseignement des phénomènes climatiques.
Je vous l'ai dit, le changement climatique est un phénomène planétaire. Nous devons absolument nous mobiliser pour aider tous les pays à se développer de façon sobre. Je demande donc à Paul Schwach de me proposer des actions permettant de mobiliser les entreprises liées à ce ministère pour que nous mettions en place une stratégie adaptée.
Je cite trois pistes :
·- L'export des modes de transports alternatifs, ferroviaire, tramway et métro
·- L'aide à un développement organisé des mégalopoles du Tiers-monde
·- Tout le domaine de l'ingénierie de la construction. Les techniques d'enrobés à froid développées par Colas en particulier en Inde, sont un vrai progrès en termes d'énergie.
Peu d'entre vous savent sans doute que "Colas" vient de "Cold Asphalt"
Enfin, j'ai dit que la question de l'adaptation au changement climatique était cruciale. Je demande au Conseil général des ponts et chaussées, de jeter les bases d'une réflexion sur le comportement des structures et des systèmes de transport face au changement climatique.
Je demande également, en lien avec Léon Bertrand, à la Direction du Tourisme, de préparer un colloque, une rencontre, qui pourrait se tenir à l'automne, sur les moyens de préparer le secteur du tourisme au changement climatique.
Je ne serais pas complet si je ne saluais pas les actions menées par les nombreuses entreprises et directions de mon ministère, des DDE aux grandes entreprises.
Je vous remercie.
(source http://www.equipement.gouv.fr, le 29 juin 2004)
Le changement climatique est désormais à la Une de nos journaux, dans les grandes expositions et même sur les écrans de cinéma. C'est le signe d'un début de prise de conscience dont je me réjouis même si je suis conscient que, globalement, la classe politique est en retard sur la société. Et pourtant, le changement climatique est aujourd'hui un phénomène scientifiquement établi.
A l'occasion de cette deuxième semaine du développement durable, et en plein accord avec Serge Lepeltier, j'ai donc souhaité engager le ministère des transports sur le chemin du développement durable. Au double sens du verbe "engager" : comme on s'engage sur un chemin et comme un engagement que l'on prend. Nous sommes tous deux convaincus que la bataille de l'environnement sera gagnée quand chaque ministère aura pleinement intégré cette question.
Cette réunion aura lieu en deux temps :
Dans un premier temps, comme ministre de la Météo, je vais vous présenter l'état des connaissances sur le changement climatique.
Sur certains points techniques, je passerai bien sûr le relais aux spécialistes de MétéoFrance. Mais je tiens à vous présenter personnellement le sujet, à la fois comme ministre et comme "Français moyen". Comme ministre, pour donner à cette démarche la solennité de l'engagement du Gouvernement. Comme Français moyen, car nous devons impérativement rendre ce sujet accessible à tous.
Dans un deuxième temps, nous parlerons plus spécifiquement du rôle des transports.
Alors, que savons-nous ?
1ère certitude : Le changement climatique a commencé. Si on regarde les températures depuis 1000 ans, telles qu'elles ont été reconstituées par les scientifiques, nous pouvons affirmer avec certitude que les récentes années sont les plus chaudes depuis plus de 1000 ans. Et ceci est vrai même si l'on tient compte de la marge d'erreur pour les températures anciennes, qui apparaît en jaune sur le graphique.
Et nous voyons même sur ce deuxième graphique que ce phénomène est particulièrement marqué sur les dernières décennies.
La canicule de l'an dernier nous a fourni une illustration dramatique. Bien sûr, une année n'est pas une preuve scientifique ; cela pourrait être un accident... Hélas, il n'en est rien !
Ces trois cartes représentent, pour les étés 1976, 1983 et 2003, le nombre de jours où la température a dépassé 35°C. Bleu foncé quand cette température n'a jamais été atteinte ; rouge au-delà de 30 jours.
Les mêmes cartes pour 40°C. Toujours bleu foncé quand cette température n'a jamais été atteinte. En regardant de très près, vous verriez, pour 1976, une toute petite tâche bleu clair dans les Landes où cette température a été atteinte un jour. Le rouge correspond sur cette carte à plus de 10 jours au-delà de 40°C.
2ème certitude : les gaz à effet de serre, essentiellement le gaz carbonique, sont à l'origine de ce changement.
Comment marche l'effet de serre ? L'atmosphère laisse arriver au sol 50 % du rayonnement solaire. Le rayonnement absorbé par le sol est réémis vers l'espace sous la forme de rayons infrarouges. Agissant telles les vitres d'une serre, les gaz à effet de serre interfèrent avec les rayons infrarouges en les empêchant de s'échapper vers l'espace. Cela provoque une hausse des températures.
Alors que s'est-il passé ? Pour le dire très simplement, en brûlant du charbon et du pétrole, nous avons brutalement "encrassé" l'atmosphère de gaz à effet de serre.
Sur le graphique suivant la courbe rouge vous montre le niveau de gaz carbonique depuis 400.000 ans. En regardant de près, vous verriez sur les toutes dernières années, que cette courbe rouge dépasse les niveaux atteints même aux périodes les plus chaudes. Pour reprendre une expression employée récemment par le chef de la mission qui a analysé les calottes glaciaires et dont nous avons tous entendu parler ces derniers jours, "Nous avons explosé le compteur des gaz à effet de serre".
Vous savez qu'une des questions qui revient souvent est la suivante : la principale cause de l'effet de serre n'est-elle pas cosmologique ? Vous me permettez quelques instants de pause pendant lesquels je vais laisser les spécialistes de Météo-France répondre à cette question.
3ème certitude : La présence de gaz à effet de serre dans l'atmosphère et la température vont continuer à augmenter. Ce graphique vous présente plusieurs scénarios examinés par les experts et leur impact en terme de température.
Nous serions en effet bien aveugles ou bien égoïstes en croyant que tout ceci va s'arrêter. Les deux cartes qui s'affichent vous montrent la répartition de la population dans le monde et... la répartition de la consommation d'énergie qui est évaluée par une carte des lumières de la nuit. Le contraste est, je crois, éloquent. Sauf à prétendre, alors que nous nous sommes développés en brûlant notre charbon, que les Chinois n'auraient pas le droit d'en faire de même ?
Je tiens, d'ailleurs à souligner la dimension internationale du problème. Nous devons non seulement nous préoccuper des gaz à effet de serre émis chez nous mais aussi aider les pays en développement à se développer de façon plus sobre que nous.
Que va-t-il se passer ?
Les scientifiques ont étudié un grand nombre de scénarios. Pour simplifier, voici deux grandes hypothèses de ce qui pourrait arriver dans moins d'un siècle.
Un siècle ça peut paraître très long. Mais, vous le verrez, il se passera des choses avant la fin du siècle. Et puis, on dit que parmi les enfants qui naissent aujourd'hui, il y aura 50 % de centenaires. Cet enfant subira de point fouet les conséquences du changement climatique.
Premier scénario : nous irions vers un doublement de la teneur en gaz carbonique dans l'atmosphère. Un commentaire préliminaire : au train où nous allons ce scénario est optimiste.
Contrairement à une idée largement développée, nous savons assez précisément ce qui se passera dans ce cas.
o Les températures augmenteront en moyenne de 2 à 3 degrés, avec, sur certaines zones, des augmentations de plus de 5°.
o Les phénomènes climatiques "extrêmes" (vagues de chaleur, sécheresse, fortes pluies et inondations...) seront plus fréquents. Ce petit schéma l'illustre bien : le système climatique devient plus énergétique, et le cycle normal, évaporation de l'eau, précipitations, se déroule de façon plus violente.
Plus précisément dans notre pays :
o Le climat semi-aride s'étendra. Nous aurons, dans le sud de lourds problèmes de pénurie d'eau et d'incendie de forêt. Pour l'illustrer par une image, le climat de Marseille sera celui que connaît aujourd'hui le sud de l'Espagne voire Tunis.
oLes événements comme la canicule de 2003 changeront de nom : on appellera ça "l'été". Vous voyez sur ce graphique, 2003 apparaît encore comme un "accident". Les deux traits rouges montrent l'évolution des températures "normales". Vers 2050, le niveau atteint en 2003 devient banal ; en 2070, il devient normal ; en 2100, c'est un été anormalement froid.
oA l'inverse, à l'ouest les précipitations redoubleront en hiver. Après avoir vécu les inondations de la Somme en 2001, je m'interroge. En 2001, nous avons connu un "accident". Si un tel phénomène se cumule sur plusieurs années, que se passera-t-il ?
Comme ministre du tourisme, je constate que la pratique du ski sera profondément bouleversée. Sur ce schéma du massif alpin, vous voyez apparaître en bleu, clair ou foncé, les secteurs qui connaissent plus de 140 jours d'enneigement par an à 1500 m. Vous constaterez comme moi que de nombreuses stations perdront plus d'un mois d'enneigement à l'horizon 2050.
Bref, à l'échelle de notre pays, il faut comprendre que toute notre organisation économique, géographique, technique tient compte d'un climat.
Dire qu'il fera à Brest le temps de Bordeaux, peut apparaître comme une perspective plutôt riante.
Mais le régime des rivières et des nappes d'eau, la forme des sols s'est adaptée, au fur et à mesure des années, à un climat donné. Nous savons que, à court terme, l'effet de serre va changer ce climat, sans laisser à la nature le temps de s'adapter.
Il en est de même de l'agriculture et des écosystèmes. Les zones de culture ou de présence des espèces sont souvent assez limitées. Les plantes vont-elles migrer si facilement ?
Il est très vraisemblable, même si sur ce point les prévisions sont difficiles, que nous voyons réapparaître dans le sud de la France des maladies oubliées ou nouvelles à nos latitudes. Ainsi, depuis quelques années, nous constatons l'apparition, dans les écuries de la Camargue, du virus du Nil Occidental qui porte bien son nom.
Quant aux constructions humaines, il suffit de voir que les modes de construction varient à 100 km près... et qu'en quelques décennies, le climat va se déplacer de plusieurs centaines de kilomètres, pour comprendre qu'il y a un réel problème d'adaptation.
On parle souvent d'augmentation du niveau de la mer. Nous savons que le niveau moyen de la mer a monté de 6 centimètres en 20 ans. Les projections à l'horizon 2100 sont lus incertaines. Elles varient entre 10 et 88 cm. Il ne fait pas de doute que cette évolution posera des problèmes, par exemple en Camargue ou pour les plages des communes littorales. Il est néanmoins probable qu'en France, nous saurons y faire face.
Il n'en est pas de même de nombreuses zones de la planète. Plus de 50 millions de personnes seront concernées dans le sud est asiatique. Plusieurs dizaines de millions sur les côtes de l'Afrique.
Si l'on reste à cette échelle géographique large, on peut se demander quel sera l'impact, sur la vie des sociétés du bassin méditerranéen, de graves pénuries d'eau ? Verrons-nous des guerres de l'eau ? Disons que le risque existe.
En résumé, que savons-nous dire de ce scénario optimiste ?
Il s'agit d'une évolution climatique forte, sur une période de quelques décennies, qui constitue un choc environnemental, social et économique majeur. Pour autant, nous restons dans le domaine du prévisible. Et il ne fait pas de doute que nous saurons-nous y adapter au sens où la survie de l'espèce humaine ne sera pas mise en danger. Pour autant, il serait plus qu'imprudent de sous-estimer l'impact et nous devons impérativement nous préparer à nous adapter.
Deuxième scénario, sans doute hélas tout aussi probable, nous allons vers un quadruplement de la présence de CO2 dans l'atmosphère.
Que se passera-t-il alors?
Nous avons beaucoup moins de certitudes. Les prévisions des modèles climatiques sont moins fiables. Ils prévoient une élévation des températures d'environ 5°C et un début de fonte des calottes glaciaires arctiques. Il n'est pas déraisonnable d'envisager, à l'échéance de la fin du siècle, des ruptures climatiques majeures comme :
o Une réaction en chaîne avec des phénomènes naturels provoquant un véritable emballement de l'effet de serre.
o L'arrêt du Gulf Stream
Bref, à échéance d'un siècle, nous plongeons dans l'inconnu.
Voilà, pour ce premier temps sur la météo.
Le réchauffement climatique a commencé.
Nous devons absolument agir pour "maîtriser la catastrophe" et pour nous adapter aux catastrophes inévitables.
Deuxième partie : Transports
Pour nous permettre de tenir un véritable tableau de bord du changement climatique, j'ai demandé à Météo-France de publier chaque année, dans son rapport annuel, un fascicule spécifique sur le changement climatique.
Mais j'en viens aux transports, en commençant par le constat.
Les transports sont la première source de gaz à effet de serre. Bien sûr, l'effort doit être réparti entre tous et nous avons collectivement de gros progrès à faire dans les secteurs du bâtiment, de l'industrie et de l'agriculture.
Il n'en reste pas moins que c'est dans le secteur des transports que la tendance à la hausse est la plus forte.
Pour les transports en France, la route constitue l'immense majorité du problème. Et sur la route, les voitures particulières émettent plus de la moitié des gaz à effet de serre, les camions un quart, les véhicules utilitaires un sixième.
J'ajoute que la circulation automobile est également un enjeu immédiat de santé publique. Elle est un des facteurs importants de la pollution meurtrière de l'air que nous respirons ainsi que l'a montré récemment l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale. Je vous rappelle qu'il s'agit de milliers de morts chaque année, même si, bien sûr, les transports sont loin d'être la cause unique. Nous devons donc agir résolument pour réduire le niveau de pollution de l'air dans nos villes. Il n'est pas normal qu'au moindre coup de chaleur nous demandions aux plus fragiles d'entre nous de rester chez eux.
Au niveau international, les émissions du transport aérien sont également importantes.
Voilà pour le constat face auquel nous nous devons de réagir.
Je l'indique clairement, je ne pense pas qu'il faille limiter de façon autoritaire la mobilité des Français. Bien sûr, cela n'exclut pas que, dans tel ou tel cas, par exemple, en cas de pic de pollution, une limitation soit légitime. Mais la mobilité est un élément essentiel de la liberté individuelle, et de la croissance économique, donc de l'emploi.
Engager mon ministère contre le changement climatique, ce n'est pas seulement agir pour la planète, c'est aussi préserver la mobilité à long terme.
Il faudrait évoquer l'action, en amont, sur la demande de transports. Avec en particulier trois sujets, la croissance de nos villes, les flux de transport liés au tourisme et aux loisirs et l'organisation de la logistique des entreprises. Ce sont des questions majeures.
Je réfléchis à une action forte sur le thème de l'étalement urbain.
Pour les "sept étapes" de cette semaine, j'ai écarté ces questions. Ce qui n'enlève rien à leur importance et à ma conviction qu'il faudra les aborder rapidement.
Il n'y a pas de solution miracle mais il y a des moyens pour agir. J'en traiterai trois :
·- la technologie
·- la responsabilisation
·- les infrastructures
La technologie
Comme vous le voyez sur ce graphique (cf. : graphique n° 7) la motorisation a fait des progrès. En 10 ans, les émissions de gaz carbonique par kilomètre parcouru ont baissé de plus de 10 %. C'est un progrès important, qui cache une réalité contrastée : de très gros progrès des moteurs mais une forte augmentation du poids des véhicules qui nous fait perdre l'essentiel du bénéfice de ces progrès.
Le niveau de consommation moyen fait l'objet d'engagements volontaires des constructeurs au niveau européen, qui suppose un effort soutenu.
Serge Lepeltier et moi-même avons la ferme intention de porter fortement ces questions au niveau européen.
Au-delà des progrès, importants et nécessaires, des moteurs thermiques, il faut, me semble-t-il, que nous nous défassions de notre dépendance pétrolière. Il faut, que d'ici une vingtaine d'années, en ville, le moteur à explosion actuel soit remplacé par des motorisations propres : électriques ou hybrides. Il est temps que l'industrie automobile s'émancipe de la monoculture du pétrole.
C'est cette volonté de saluer l'innovation qui m'a conduit à utiliser une voiture hybride pendant la semaine du développement durable. De même, je me rendrai, cet après-midi au salon de la mobilité pour y encourager l'ensemble des innovations et meilleures pratiques en cours développées par les entreprises de transport et les autorités organisatrices.
Enfin, j'ajoute que le développement des biocarburants sera un progrès important.
La technologie concerne aussi les autres modes. Je ne m'y suis pas attardé mais, vous le savez, le développement de l'aérien reste préoccupant et exige des efforts plus importants de recherche.
C'est tout le sens de la visite que je prévois à la SNECMA près de Melun.
Le comportement
Deuxième grand axe de travail, le comportement. Grâce aux actions entreprises en matière de sécurité routière, pour la première fois, les consommations de carburant ont baissé en France en 2003.
"Pour la première fois ?"... pas tout à fait. Pour être parfaitement précis, nous avons déjà connu ce phénomène une fois en l'an 2000. Mais il était directement lié à une augmentation brutale du prix du carburant, et, on le voit bien sur ce graphique, il a été compensé dès l'année suivante.
En 2003, c'est différent, ce n'est pas le nombre de kilomètres parcourus qui a diminué. C'est bien une réduction des vitesses qui a permis ces économies.
En d'autres termes, l'écoconduite est triplement économe : en vie, bien sûr, en gaz à effet de serre et en argent.
J'ai indiqué qu'en matière de sécurité routière, nous avions de fortes marges de progression sur le secteur urbain. Il en est de même sur les consommations. Demain, la deuxième étape de la semaine, nous permettra de mettre en évidence cette triple économie de l'écoconduite.
Les infrastructures
Troisième levier d'actions, le développement des modes alternatifs.
Le Ciadt du 18 décembre a pris une décision historique. En refusant de vendre les autoroutes, nous avons gardé l'argent nécessaire pour financer les TGV, le canal Seine-Nord... Pour la première fois, la route financera des projets ferroviaires et fluviaux. J'insiste, plus des deux tiers des projets prévus concernent des modes alternatifs à la route. Ce choix est pour le développement durable de notre pays, une petite révolution. J'en reparlerai lors de l'étape sur le futur Canal Seine Nord.
J'ajoute que pour les transports urbains, dont le développement est une compétence des collectivités locales, des prêts bonifiés ont été mis en place depuis le début de cette année. Ces actions en matière de transports seront évoquées lors de deux étapes : Bordeaux et son tramway ; Amiens et sa ligne de bus électrique.
Enfin, il va de soi que, s'agissant du transport de marchandises, le développement du fret ferroviaire est un enjeu considérable. L'Etat a approuvé fin 2003 le plan de retour à l'équilibre et de développement du fret ferroviaire présenté par la SNCF. Ce soutien se traduit par un engagement financier majeur. Mon étape à Woippy lundi prochain, pour passer la frontière allemande dans un convoi de fret ferroviaire permettra de mettre en valeur une ligne d'autant plus symbolique qu'elle incarne l'Europe.
Les sept étapes
Je récapitule donc ces six prochaines étapes en vous donnant des rendez-vous :
1. Demain à Amiens, nous ferons un test grandeur nature, avec Bernard Darniche au volant. Nous comparerons la consommation réelle entre une conduite brutale et une écoconduite.
2. Lundi prochain, sur la ligne Woippy-Mannheim, je vous montrerai avec la SNCF, que le fret ferroviaire européen est un projet d'avenir.
3. Mardi, avec mon homologue néerlandais, nous évoquerons le Canal Seine Nord
4. Jeudi matin, je me rendrai chez SNECMA pour mesurer les progrès réalisés par les moteurs d'avion
5. Jeudi après-midi, à Bordeaux, avec Alain Juppé et Francis Mayer, nous signerons la convention de financement du tramway.
6. Enfin, c'est à Amiens que je conclurai en inaugurant une ligne de transports électrique et en présentant le bilan de la semaine.
Les chantiers qui s'engagent
J'ai voulu faire de cette semaine du développement durable un événement fort qui engage durablement mon ministère.
Je tiens d'ailleurs à vous signaler que, parmi les neufs fondations pour la recherche annoncées ce matin par François d'Aubert, le Centre Scientifique et technique du Bâtiment, organisme de recherche de mon ministère, dont je partage la tutelle avec Marc-Philippe DAUBRESSE, est, avec l'ADEME, à l'origine du projet sur "l'habitat sans effet de serre".
Pour cela, j'ai donc décidé de lancer plusieurs chantiers.
Tout d'abord, j'ai signé un arrêté créant au sein du Conseil Général des Ponts et Chaussées, un comité des directeurs du développement durable. Présidé par le vice-président, Claude Martinand, qui sera, pour cela, secondé de près par Jean-Pierre Giblin, ce comité à vocation à conduire la mobilisation du ministère. J'ai l'intention de l'installer personnellement.
J'ai également créé, au sein de la Direction des Affaires Economiques et Internationales, une véritable mission Développement Durable, dirigé par Pascal Douard qui assumera également le rôle de Haut Fonctionnaire Développement Durable et le secrétariat du Comité des Directeurs. J'ai tenu à signer personnellement sa lettre de mission.
Au-delà de ces comités, je souhaite passer plusieurs commandes.
Je demande à Météo-France de me faire des propositions que je présenterai à François FILLON pour qu'une plus grande place soit accordée à l'école, à l'enseignement des phénomènes climatiques.
Je vous l'ai dit, le changement climatique est un phénomène planétaire. Nous devons absolument nous mobiliser pour aider tous les pays à se développer de façon sobre. Je demande donc à Paul Schwach de me proposer des actions permettant de mobiliser les entreprises liées à ce ministère pour que nous mettions en place une stratégie adaptée.
Je cite trois pistes :
·- L'export des modes de transports alternatifs, ferroviaire, tramway et métro
·- L'aide à un développement organisé des mégalopoles du Tiers-monde
·- Tout le domaine de l'ingénierie de la construction. Les techniques d'enrobés à froid développées par Colas en particulier en Inde, sont un vrai progrès en termes d'énergie.
Peu d'entre vous savent sans doute que "Colas" vient de "Cold Asphalt"
Enfin, j'ai dit que la question de l'adaptation au changement climatique était cruciale. Je demande au Conseil général des ponts et chaussées, de jeter les bases d'une réflexion sur le comportement des structures et des systèmes de transport face au changement climatique.
Je demande également, en lien avec Léon Bertrand, à la Direction du Tourisme, de préparer un colloque, une rencontre, qui pourrait se tenir à l'automne, sur les moyens de préparer le secteur du tourisme au changement climatique.
Je ne serais pas complet si je ne saluais pas les actions menées par les nombreuses entreprises et directions de mon ministère, des DDE aux grandes entreprises.
Je vous remercie.
(source http://www.equipement.gouv.fr, le 29 juin 2004)