Texte intégral
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,
Je tiens tout d'abord à associer le Gouvernement au recueillement de votre Assemblée à la mémoire des soldats français morts en Côte-d'Ivoire, morts pour la paix.
Vous le savez, la situation en Côte-d'Ivoire est, à la fois, ancienne, grave et complexe. Je rappelle ici, en premier lieu, la situation et les faits que nous avons dû affronter.
Face à la situation de blocage qui continuait à prévaloir en Côte-d'Ivoire depuis des accords non appliqués, le président Gbagbo a cherché à recouvrer, unilatéralement, l'intégrité de son territoire. Le président de la République française a personnellement mis en garde le président ivoirien contre le risque majeur d'une telle action. Madame la ministre de la Défense, M. Alliot-Marie et Monsieur le ministre des Affaires étrangères, M. M. Barnier, ont relayé activement ces messages. Le chef de l'État ivoirien n'a pas cru bon de devoir entendre ces messages, et samedi matin, neuf militaires français, qui ne combattaient pas mais qui étaient là pour assurer la paix dans le cadre de l'Opération Licorne, en appui aux forces des Nations Unies, sont morts dans un bombardement de l'aviation ivoirienne ; 28 ont été blessés.
En rendant hommage à leur mémoire, comme vous l'avez fait, nous voudrions également exprimer à leurs familles, notre immense tristesse et notre profonde reconnaissance. Devant une telle agression, malgré nos mises en garde et nos avertissements, nos Forces ont immédiatement et mis hors d'état de nuire l'aviation ivoirienne. Dans un second temps, nous avons sécurité l'aéroport d'Abidjan et renforcé notre dispositif, afin, d'une part, d'assurer la sécurité de la communauté française de la ville, mais aussi de créer les conditions nécessaires à l'évacuation des blessés.
Je tiens à saluer ici le professionnalisme et le sang-froid de nos soldats, qui ont été confrontés à des situations particulièrement difficiles,
Notre priorité immédiate, a donc été de ramener le calme. Mais à l'heure où je vous parle, la situation reste précaire, et je crains qu'elle ne se tende. Notre vigilance doit donc être totale. Le sort de nos compatriotes est bien évidemment notre priorité absolue. Plusieurs centaines d'entre eux sont rassemblés au 43ème BIMA et dans les locaux de l'Organisation des Nations Unies. Ils sont ainsi protégés physiquement, protégés, mais vivent, vous le savez, des moments difficiles, et connaissent l'incertitude de l'angoisse.
Sachez que le Gouvernement a mobilisé en France l'ensemble des administrations concernées - administrations de l'État - pour faire face à cette situation et pouvoir répondre à tous les besoins de nos compatriotes.
Au-delà, et en liaison étroite avec nos partenaires internationaux, et notamment avec nos partenaires africains qui ont soutenu nos démarches, nous nous efforçons de ramener le processus de paix sur de bons rails et de reprendre le chemin de ce qui nous paraît être la solution, le chemin de la solution politique, la seule possible, la seule envisageable.
C'est dans ce cadre que le président de la République d'Afrique du Sud est arrivé en fin de matinée à Abidjan, pour tenter de convaincre le président Gbagbo.
Notre position sur laquelle vous m'interrogez, Mesdames et Messieurs les députés, est fondée sur trois objectifs très précis. D'abord, il faut assurer par priorité la sécurité des populations civiles et étrangères, à commencer, bien sûr, pas seulement par celle de nos ressortissants. Deuxièmement, il faut préserver la légitimité de l'État et des institutions qui sont la base du régime. Et troisièmement, il faut évidemment respecter l'intégrité du territoire national de la Côte-d'Ivoire, et ainsi stabiliser la zone géographique, stabiliser la région.
Ces objectifs doivent s'appuyer sur une conviction et sur une méthode. La conviction, elle est évidente : c'est aux Ivoiriens, aujourd'hui, de progresser dans le bon sens. Notre conviction est qu'il n'y aura pas de situation militaire durable qui, dans cette crise, pourra apporter les solutions que nous attendons et que les Ivoiriens attendent. Seule une solution politique, fondée sur le dialogue et la réconciliation, permettra de sortir d'un conflit qui, aujourd'hui, coupe le territoire ivoirien par deux. Sur la méthode, il y a, selon nous, aucune équivoque. La crise qui secoue aujourd'hui la Côte-d'Ivoire n'est en aucune façon un tête-à-tête entre la France et la Côte-d'Ivoire. Notre action s'inscrit dans le cadre de celle de la communauté internationale ; unie, dans les enceintes africaines comme dans les enceintes de l'Organisation des Nations Unies. Une démarche que nous entendons respecter, et naturellement, et difficile et exigeante. Il ne s'agit pas pour nous de choisir un camp mais de défendre une solution, d'éviter la guerre civile. Nos soldats sont morts parce qu'ils se battaient pour la paix, contre la guerre civile !
Notre pays, au nom des organisations internationales, ne poursuit qu'un seul but : éviter cette guerre civile et appeler tous les acteurs au sens des responsabilités. La France continuera à assumer les siennes.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 10 novembre 2004)
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,
Je tiens tout d'abord à associer le Gouvernement au recueillement de votre Assemblée à la mémoire des soldats français morts en Côte-d'Ivoire, morts pour la paix.
Vous le savez, la situation en Côte-d'Ivoire est, à la fois, ancienne, grave et complexe. Je rappelle ici, en premier lieu, la situation et les faits que nous avons dû affronter.
Face à la situation de blocage qui continuait à prévaloir en Côte-d'Ivoire depuis des accords non appliqués, le président Gbagbo a cherché à recouvrer, unilatéralement, l'intégrité de son territoire. Le président de la République française a personnellement mis en garde le président ivoirien contre le risque majeur d'une telle action. Madame la ministre de la Défense, M. Alliot-Marie et Monsieur le ministre des Affaires étrangères, M. M. Barnier, ont relayé activement ces messages. Le chef de l'État ivoirien n'a pas cru bon de devoir entendre ces messages, et samedi matin, neuf militaires français, qui ne combattaient pas mais qui étaient là pour assurer la paix dans le cadre de l'Opération Licorne, en appui aux forces des Nations Unies, sont morts dans un bombardement de l'aviation ivoirienne ; 28 ont été blessés.
En rendant hommage à leur mémoire, comme vous l'avez fait, nous voudrions également exprimer à leurs familles, notre immense tristesse et notre profonde reconnaissance. Devant une telle agression, malgré nos mises en garde et nos avertissements, nos Forces ont immédiatement et mis hors d'état de nuire l'aviation ivoirienne. Dans un second temps, nous avons sécurité l'aéroport d'Abidjan et renforcé notre dispositif, afin, d'une part, d'assurer la sécurité de la communauté française de la ville, mais aussi de créer les conditions nécessaires à l'évacuation des blessés.
Je tiens à saluer ici le professionnalisme et le sang-froid de nos soldats, qui ont été confrontés à des situations particulièrement difficiles,
Notre priorité immédiate, a donc été de ramener le calme. Mais à l'heure où je vous parle, la situation reste précaire, et je crains qu'elle ne se tende. Notre vigilance doit donc être totale. Le sort de nos compatriotes est bien évidemment notre priorité absolue. Plusieurs centaines d'entre eux sont rassemblés au 43ème BIMA et dans les locaux de l'Organisation des Nations Unies. Ils sont ainsi protégés physiquement, protégés, mais vivent, vous le savez, des moments difficiles, et connaissent l'incertitude de l'angoisse.
Sachez que le Gouvernement a mobilisé en France l'ensemble des administrations concernées - administrations de l'État - pour faire face à cette situation et pouvoir répondre à tous les besoins de nos compatriotes.
Au-delà, et en liaison étroite avec nos partenaires internationaux, et notamment avec nos partenaires africains qui ont soutenu nos démarches, nous nous efforçons de ramener le processus de paix sur de bons rails et de reprendre le chemin de ce qui nous paraît être la solution, le chemin de la solution politique, la seule possible, la seule envisageable.
C'est dans ce cadre que le président de la République d'Afrique du Sud est arrivé en fin de matinée à Abidjan, pour tenter de convaincre le président Gbagbo.
Notre position sur laquelle vous m'interrogez, Mesdames et Messieurs les députés, est fondée sur trois objectifs très précis. D'abord, il faut assurer par priorité la sécurité des populations civiles et étrangères, à commencer, bien sûr, pas seulement par celle de nos ressortissants. Deuxièmement, il faut préserver la légitimité de l'État et des institutions qui sont la base du régime. Et troisièmement, il faut évidemment respecter l'intégrité du territoire national de la Côte-d'Ivoire, et ainsi stabiliser la zone géographique, stabiliser la région.
Ces objectifs doivent s'appuyer sur une conviction et sur une méthode. La conviction, elle est évidente : c'est aux Ivoiriens, aujourd'hui, de progresser dans le bon sens. Notre conviction est qu'il n'y aura pas de situation militaire durable qui, dans cette crise, pourra apporter les solutions que nous attendons et que les Ivoiriens attendent. Seule une solution politique, fondée sur le dialogue et la réconciliation, permettra de sortir d'un conflit qui, aujourd'hui, coupe le territoire ivoirien par deux. Sur la méthode, il y a, selon nous, aucune équivoque. La crise qui secoue aujourd'hui la Côte-d'Ivoire n'est en aucune façon un tête-à-tête entre la France et la Côte-d'Ivoire. Notre action s'inscrit dans le cadre de celle de la communauté internationale ; unie, dans les enceintes africaines comme dans les enceintes de l'Organisation des Nations Unies. Une démarche que nous entendons respecter, et naturellement, et difficile et exigeante. Il ne s'agit pas pour nous de choisir un camp mais de défendre une solution, d'éviter la guerre civile. Nos soldats sont morts parce qu'ils se battaient pour la paix, contre la guerre civile !
Notre pays, au nom des organisations internationales, ne poursuit qu'un seul but : éviter cette guerre civile et appeler tous les acteurs au sens des responsabilités. La France continuera à assumer les siennes.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 10 novembre 2004)