Texte intégral
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs,
Vous êtes venus très nombreux aujourd'hui, et j'en suis heureux, pour ce colloque de l' " or noir à l'or vert ", car nous avons là des enjeux d'une importance écologique absolument cruciale pour l'avenir de notre pays.
Je vous remercie et je souhaite féliciter l'ensemble des acteurs, publics et privés, réunis aujourd'hui, et qui s'impliquent depuis maintenant dix ans au sein du Groupement d'intérêt scientifique " AGRICE ".
Dix ans de travaux donc, souvent méconnus ou mal connus du grand public, et qui pourtant aujourd'hui revêtent un intérêt très fort, du fait de l'actualité économique et internationale.
Nous sommes en effet en train d'assister, depuis le début de l'année 2004, à un basculement dans la conjoncture énergétique mondiale.
Le premier facteur de ce basculement, c'est la flambée des cours du pétrole à laquelle nous assistons aujourd'hui, flambée causée par les incertitudes internationales, par la diminution progressive des réserves, et surtout par le fait que la majorité de ces réserves soient concentrées dans une même région du monde. Ceci est à la base de problèmes géostratégiques majeurs.
On voit bien que nous ne pourrons pas compter très longtemps sur des ressources pétrolières aux prix que nous avons connus jusqu'à présent.
Le second facteur de basculement, est qu'aujourd'hui une réelle prise de conscience internationale sur le changement climatique est en train d'apparaître. La ratification du protocole de Kyoto par la Russie, il y a quelques jours, est une étape historique. Le protocole de Kyoto va donc pouvoir entrer en vigueur. C'est le fruit d'efforts constants et exemplaires, ces dernières années, de la part de la France et de l'Union européenne.
La prochaine étape sera la conférence internationale de Buenos Aires en décembre 2004, qui sera l'occasion de mobiliser tous les pays, y compris ceux qui n'ont pas ratifié le protocole, car il faut trouver ensemble un moyen de rallier tous nos partenaires dans un nouveau système " post-Kyoto " c'est-à-dire au-delà de 2012.
A cause de ces deux facteurs, raréfaction des ressources pétrolières et changement climatique, les pays industrialisés sont dans une situation d'urgence et doivent revoir leurs modèles. Nous devons relever ce défi et sortir de la société du tout-pétrole.
Face à la disparition du pétrole, quelles sont les solutions ? Quelles sont les alternatives ?
L'une des solutions réside dans les bioproduits, ce sont les produits utilisant l'immense potentiel de la biomasse. Il s'agit autrement dit de l'" or vert ", de cet or vert capable de remplacer le pétrole, et qui est notre sujet d'aujourd'hui.
Cet or vert est une garantie pour l'indépendance énergétique de notre pays. Il est aussi une formidable opportunité pour l'avenir.
- Parmi les filières nouvelles utilisant des ressources végétales et agricoles, il y a d'abord, bien sûr, les biocarburants.
Les biocarburants, à la fois le diester et l'éthanol, peuvent devenir rentables à partir du moment où le prix du baril de pétrole dépasse 45 dollars.
Les biocarburants sont la première mesure phare du Plan Climat, plan de lutte contre l'effet de serre annoncé par le Gouvernement. C'est une mesure qui va nous permettre, à elle seule, de réaliser une économie de 7 millions de tonnes de gaz carbonique par an, et donc d'infléchir très nettement la tendance croissante des émissions de gaz à effet de serre dans les transports.
Le Premier ministre a précisé les détails de cette mesure le 7 septembre dernier en visitant un site de production de diester à Venette, près de Compiègne. La production nationale de biocarburants, actuellement de 400 000 tonnes chaque année, sera multipliée par trois d'ici 2007 puisque les agréments seront portés à 1 million deux cents mille tonnes. Cette augmentation de la production sera réalisée grâce à la mise en place de quatre nouvelles usines hautement performantes, produisant chacune 200 000 tonnes.
Un appel d'offres sera lancé d'ici fin décembre par le Ministère de l'Agriculture en liaison avec le Ministère de l'Ecologie, pour déterminer l'emplacement de ces nouvelles usines. Les réponses à cet appel d'offres seront dépouillées au printemps 2005. Pour amorcer ce travail, une démarche de concertation est actuellement en cours avec les différentes filières professionnelles, ceci afin d'évaluer les possibilités techniques de chaque filière.
Nous devons nous réjouir de cette forte avancée, qui concrétise l'émergence de cette filière d'énergie renouvelable dans le paysage français.
- La deuxième grande filière de l' " or vert ", ce sont tous les bioproduits, tous les produits de substitution au pétrole, qui représentent un enjeu économique considérable.
Nous savons que les produits chimiques à base de pétrole remplissent littéralement notre vie quotidienne :
les détergents, les produits ménagers, les cosmétiques, les sacs plastique, tous ces produits sont partout autour de nous sans que nous en ayons même conscience... Or, ils proviennent quasiment exclusivement des énergies fossiles, du pétrole. Substituer au pétrole des ressources végétales, c'est désormais possible grâce au progrès technologique.
Nous avons encore des marges de progrès considérables à accomplir dans ce domaine.
Il y a une vraie dynamique à construire avec les industriels, avec les chercheurs, mais aussi avec les agriculteurs, qui sont en fait les premiers convaincus de l'intérêt de ces marchés du futur. Il s'agit d'un chantier où nous travaillons ensemble avec mon collègue le Ministre de l'agriculture, Hervé Gaymard.
L'agriculture française a tout à gagner à miser sur des filières d'avenir qui procurent davantage de bénéfices en vendant non plus des produits bruts, mais des produits à forte valeur ajoutée. Ceci va tout a fait dans le sens de la réforme de la Politique Agricole Commune.
Les potentiels de création de valeur ajoutée dans ce domaine sont absolument considérables. Ce sont aussi des gisements formidables d'emplois qui sont possibles. D'après une estimation de l'ADEME, 30 000 emplois peuvent en effet être créés dans les 20 prochaines années grâce à la valorisation de la biomasse sous forme énergétique ou chimique.
Vous serez d'accord avec moi sur le fait que cela justifie pleinement l'appellation d'" or vert ", pour qualifier ces nouveaux bioproduits à forte valeur ajoutée, qui remplaceront un jour l' " or noir " du pétrole.
C'est une formidable source d'espoir pour l'écologie, et pour nos agriculteurs.
- Enfin, plus largement et pour aller au-delà des bioproduits, on peut qualifier d' " or vert " l'ensemble de toutes les énergies renouvelables.
Le Plan Climat présenté en juillet dernier donne une forte impulsion dans le développement des énergies renouvelables. Pour l'éolien, le Plan Climat a permis la mise en place d'un Comité éolien qui vise à doter la France d'une vision nationale pour un développement raisonné et harmonieux sur le territoire. Le premier Comité éolien s'est réuni il y a quinze jours avec les préfets concernés, cela a été extrêmement positif.
L'énergie solaire est également soutenue grâce à la mise en place, dans le projet de loi de finances 2005, d'un nouveau crédit d'impôt de 40% pour tous les équipements produisant des énergies renouvelables, à commencer par les chauffe-eau solaires et les panneaux photovoltaïques.
Les oppositions soulevées par certaines personnes sur le prix trop élevé des énergies renouvelables ne sont, à mes yeux, pas pertinentes.
Il faut avoir une vision à moyen et long terme plutôt qu'une vision à court-terme. Les progrès technologiques fondés sur la recherche ont déjà permis de faire baisser les coûts, de faire émerger des industries propres qui étaient à peine envisageables hier. Il faut ardemment soutenir ces filières pendant leur phase d'émergence, le temps que leurs marchés atteignent leur pleine croissance.
Dans ce domaine, malheureusement, on se heurte parfois à beaucoup de scepticisme et de myopie économique.
N'oublions pas de rajouter au prix des produits, les nuisances environnementales et là on peut en être sûr les énergies renouvelables deviennent rentables.
Aussi on pourra concilier, peut être même réconcilier, écologie et économie.
Un ministre de l'écologie, c'est aussi un ministre des technologies propres. Nous devons donner à la France, et à l'Europe, une stratégie volontariste dans ce domaine. Et je suis convaincu, en vous voyant tous aujourd'hui réunis et aussi nombreux, que ces technologies ont un bel avenir devant elles.
Je vous remercie.
(Source http://www.environnement.gouv.fr, le 15 novembre 2004)
Mesdames et Messieurs,
Vous êtes venus très nombreux aujourd'hui, et j'en suis heureux, pour ce colloque de l' " or noir à l'or vert ", car nous avons là des enjeux d'une importance écologique absolument cruciale pour l'avenir de notre pays.
Je vous remercie et je souhaite féliciter l'ensemble des acteurs, publics et privés, réunis aujourd'hui, et qui s'impliquent depuis maintenant dix ans au sein du Groupement d'intérêt scientifique " AGRICE ".
Dix ans de travaux donc, souvent méconnus ou mal connus du grand public, et qui pourtant aujourd'hui revêtent un intérêt très fort, du fait de l'actualité économique et internationale.
Nous sommes en effet en train d'assister, depuis le début de l'année 2004, à un basculement dans la conjoncture énergétique mondiale.
Le premier facteur de ce basculement, c'est la flambée des cours du pétrole à laquelle nous assistons aujourd'hui, flambée causée par les incertitudes internationales, par la diminution progressive des réserves, et surtout par le fait que la majorité de ces réserves soient concentrées dans une même région du monde. Ceci est à la base de problèmes géostratégiques majeurs.
On voit bien que nous ne pourrons pas compter très longtemps sur des ressources pétrolières aux prix que nous avons connus jusqu'à présent.
Le second facteur de basculement, est qu'aujourd'hui une réelle prise de conscience internationale sur le changement climatique est en train d'apparaître. La ratification du protocole de Kyoto par la Russie, il y a quelques jours, est une étape historique. Le protocole de Kyoto va donc pouvoir entrer en vigueur. C'est le fruit d'efforts constants et exemplaires, ces dernières années, de la part de la France et de l'Union européenne.
La prochaine étape sera la conférence internationale de Buenos Aires en décembre 2004, qui sera l'occasion de mobiliser tous les pays, y compris ceux qui n'ont pas ratifié le protocole, car il faut trouver ensemble un moyen de rallier tous nos partenaires dans un nouveau système " post-Kyoto " c'est-à-dire au-delà de 2012.
A cause de ces deux facteurs, raréfaction des ressources pétrolières et changement climatique, les pays industrialisés sont dans une situation d'urgence et doivent revoir leurs modèles. Nous devons relever ce défi et sortir de la société du tout-pétrole.
Face à la disparition du pétrole, quelles sont les solutions ? Quelles sont les alternatives ?
L'une des solutions réside dans les bioproduits, ce sont les produits utilisant l'immense potentiel de la biomasse. Il s'agit autrement dit de l'" or vert ", de cet or vert capable de remplacer le pétrole, et qui est notre sujet d'aujourd'hui.
Cet or vert est une garantie pour l'indépendance énergétique de notre pays. Il est aussi une formidable opportunité pour l'avenir.
- Parmi les filières nouvelles utilisant des ressources végétales et agricoles, il y a d'abord, bien sûr, les biocarburants.
Les biocarburants, à la fois le diester et l'éthanol, peuvent devenir rentables à partir du moment où le prix du baril de pétrole dépasse 45 dollars.
Les biocarburants sont la première mesure phare du Plan Climat, plan de lutte contre l'effet de serre annoncé par le Gouvernement. C'est une mesure qui va nous permettre, à elle seule, de réaliser une économie de 7 millions de tonnes de gaz carbonique par an, et donc d'infléchir très nettement la tendance croissante des émissions de gaz à effet de serre dans les transports.
Le Premier ministre a précisé les détails de cette mesure le 7 septembre dernier en visitant un site de production de diester à Venette, près de Compiègne. La production nationale de biocarburants, actuellement de 400 000 tonnes chaque année, sera multipliée par trois d'ici 2007 puisque les agréments seront portés à 1 million deux cents mille tonnes. Cette augmentation de la production sera réalisée grâce à la mise en place de quatre nouvelles usines hautement performantes, produisant chacune 200 000 tonnes.
Un appel d'offres sera lancé d'ici fin décembre par le Ministère de l'Agriculture en liaison avec le Ministère de l'Ecologie, pour déterminer l'emplacement de ces nouvelles usines. Les réponses à cet appel d'offres seront dépouillées au printemps 2005. Pour amorcer ce travail, une démarche de concertation est actuellement en cours avec les différentes filières professionnelles, ceci afin d'évaluer les possibilités techniques de chaque filière.
Nous devons nous réjouir de cette forte avancée, qui concrétise l'émergence de cette filière d'énergie renouvelable dans le paysage français.
- La deuxième grande filière de l' " or vert ", ce sont tous les bioproduits, tous les produits de substitution au pétrole, qui représentent un enjeu économique considérable.
Nous savons que les produits chimiques à base de pétrole remplissent littéralement notre vie quotidienne :
les détergents, les produits ménagers, les cosmétiques, les sacs plastique, tous ces produits sont partout autour de nous sans que nous en ayons même conscience... Or, ils proviennent quasiment exclusivement des énergies fossiles, du pétrole. Substituer au pétrole des ressources végétales, c'est désormais possible grâce au progrès technologique.
Nous avons encore des marges de progrès considérables à accomplir dans ce domaine.
Il y a une vraie dynamique à construire avec les industriels, avec les chercheurs, mais aussi avec les agriculteurs, qui sont en fait les premiers convaincus de l'intérêt de ces marchés du futur. Il s'agit d'un chantier où nous travaillons ensemble avec mon collègue le Ministre de l'agriculture, Hervé Gaymard.
L'agriculture française a tout à gagner à miser sur des filières d'avenir qui procurent davantage de bénéfices en vendant non plus des produits bruts, mais des produits à forte valeur ajoutée. Ceci va tout a fait dans le sens de la réforme de la Politique Agricole Commune.
Les potentiels de création de valeur ajoutée dans ce domaine sont absolument considérables. Ce sont aussi des gisements formidables d'emplois qui sont possibles. D'après une estimation de l'ADEME, 30 000 emplois peuvent en effet être créés dans les 20 prochaines années grâce à la valorisation de la biomasse sous forme énergétique ou chimique.
Vous serez d'accord avec moi sur le fait que cela justifie pleinement l'appellation d'" or vert ", pour qualifier ces nouveaux bioproduits à forte valeur ajoutée, qui remplaceront un jour l' " or noir " du pétrole.
C'est une formidable source d'espoir pour l'écologie, et pour nos agriculteurs.
- Enfin, plus largement et pour aller au-delà des bioproduits, on peut qualifier d' " or vert " l'ensemble de toutes les énergies renouvelables.
Le Plan Climat présenté en juillet dernier donne une forte impulsion dans le développement des énergies renouvelables. Pour l'éolien, le Plan Climat a permis la mise en place d'un Comité éolien qui vise à doter la France d'une vision nationale pour un développement raisonné et harmonieux sur le territoire. Le premier Comité éolien s'est réuni il y a quinze jours avec les préfets concernés, cela a été extrêmement positif.
L'énergie solaire est également soutenue grâce à la mise en place, dans le projet de loi de finances 2005, d'un nouveau crédit d'impôt de 40% pour tous les équipements produisant des énergies renouvelables, à commencer par les chauffe-eau solaires et les panneaux photovoltaïques.
Les oppositions soulevées par certaines personnes sur le prix trop élevé des énergies renouvelables ne sont, à mes yeux, pas pertinentes.
Il faut avoir une vision à moyen et long terme plutôt qu'une vision à court-terme. Les progrès technologiques fondés sur la recherche ont déjà permis de faire baisser les coûts, de faire émerger des industries propres qui étaient à peine envisageables hier. Il faut ardemment soutenir ces filières pendant leur phase d'émergence, le temps que leurs marchés atteignent leur pleine croissance.
Dans ce domaine, malheureusement, on se heurte parfois à beaucoup de scepticisme et de myopie économique.
N'oublions pas de rajouter au prix des produits, les nuisances environnementales et là on peut en être sûr les énergies renouvelables deviennent rentables.
Aussi on pourra concilier, peut être même réconcilier, écologie et économie.
Un ministre de l'écologie, c'est aussi un ministre des technologies propres. Nous devons donner à la France, et à l'Europe, une stratégie volontariste dans ce domaine. Et je suis convaincu, en vous voyant tous aujourd'hui réunis et aussi nombreux, que ces technologies ont un bel avenir devant elles.
Je vous remercie.
(Source http://www.environnement.gouv.fr, le 15 novembre 2004)