Texte intégral
Mesdemoiselles, Messieurs,
Je suis heureux d'être parmi vous cette après-midi pour ce Conseil National de la Vie Lycéenne qui revêt presque un caractère facétieux : si cette réunion est ma première du genre, elle est aussi pour vous la dernière !
Dernier Conseil de la mandature, vous en tirez aujourd'hui le bilan... Et sans préjuger de ce que vous me livrerez dans un instant, je sais avec quelle conviction, durant ces deux années, vous vous êtes dévoués à l'exercice de vos responsabilités. Je connais plus particulièrement votre implication dans le domaine de la santé, des aides à la scolarité ou encore dans la valorisation de l'enseignement professionnel...
A chaque instant, vous avez cherché à améliorer les conditions de vie scolaire de vos camarades, en gardant à l'esprit la confiance qu'ils vous avaient témoignée. Et au terme de votre mandat, je crois pouvoir dire que vous en avez été dignes...
Mais au-delà de votre action en faveur de la vie quotidienne des lycéens, vous avez fait montre, à chaque fois que cela a été nécessaire, d'un grand sens des responsabilités. Je pense en particulier à vos réflexions sur la laïcité, ou à l'occasion du débat national sur l'avenir de l'Ecole. Votre maturité sur ces sujets aussi délicats démontre l'intérêt de ce Conseil et de ses travaux.
Votre action est d'autant plus précieuse que vous êtes une émanation du suffrage de chaque lycéen.
Si ce lien vous donne une légitimité, il vous donne aussi des responsabilités. Et je compte bien m'appuyer sur elles.
Face aux défis qui sont lancés à notre système éducatif, il faut une réflexion collective ; il faut une responsabilité partagée !
Car sans les élèves comme sans les personnels, le Ministre de l'Education nationale se trouve en quelque sorte démuni face à ces défis qui exigent le maximum de chacun d'entre nous.
Vos travaux me confortent dans le sentiment que nous partageons les mêmes objectifs pour l'école et plus particulièrement pour le lycée.
Car au-delà de l'aspect concret de certaines questions de pure organisation, et sur lesquelles nous reviendrons peut-être au cours de notre échange, il en est qui nous renvoient au rôle même que joue l'école dans notre société : comment en faire un lieu de fraternité ? Comment en faire un lieu de partage ? Comment en faire un lieu de tolérance ?
Toutes ces questions trouvent selon moi une amorce de solution dans la réaffirmation du lien qui unit l'école à la République.
Ce lien très particulier doit être préservé, cultivé et enrichi. Je veux faire en sorte que, face aux tensions de notre monde contemporain, les valeurs républicaines soient un repère pour tous les élèves au sein de leur établissement scolaire.
Nous nous sommes déjà attelés à cette tâche !
En réaffirmant tout d'abord le principe de laïcité comme socle de l'organisation générale du système éducatif public. Rappelé par la loi, le principe fait aujourd'hui l'objet d'une circulaire qui sera examinée lors du Conseil Supérieur de l'Education de lundi prochain.
En rédigeant cette circulaire, j'ai cherché un équilibre pratique qui concilie la fermeté du principe avec un certain pragmatisme et une part de responsabilité laissée à l'ensemble de la communauté scolaire.
C'est ainsi que le texte retient l'interdiction des signes religieux que sont le voile, la kippa ou les croix de grande taille ; c'est une règle simple et claire qui devra s'appliquer partout et pour tous.
Parallèlement, cette circulaire affirme le principe d'un dialogue avec l'élève. Dialogue et non négociation car il ne peut y avoir de petits arrangements avec des principes républicains !
Sa logique est de permettre à l'élève de comprendre la neutralité de l'enseignement, et que le principe de laïcité n'est en rien la négation d'une religion, mais bien au contraire la garantie de son libre exercice.
Les chefs d'établissement organiseront librement les modalités de ce dialogue. Mais je considère que vous pouvez avoir un rôle à jouer dans la préservation de la sérénité de l'établissement. La responsabilité et l'autorité morale des délégués de classes à l'égard de leurs camarades peuvent être décisive lorsqu'un établissement est perturbé dans son fonctionnement.
Il est là l'apprentissage du " vivre ensemble " !
Et parce que celui-ci ne s'accommode pas de la haine, l'Education nationale est mobilisée face à des phénomènes qui n'ont pas leur place à l'école : le racisme, l'antisémitisme, l'égoïsme identitaire Elle se bat, jour après jour, avec les armes qui sont les siennes, notamment par un travail pédagogique de fond autour de la " réappropriation " des valeurs fondamentales et du devoir de mémoire
Mais au-delà, il fallait lancer le message fort que nous ne tolérerions plus ce type de comportement. Des mesures ont été prise en ce sens par le Comité interministériel de lutte contre le racisme et l'antisémitisme. S'il est encore un peu tôt pour tirer un bilan, les premières évaluations sont encourageantes...
Cette lutte contre les actes et les insultes de nature raciste et antisémite doit être par ailleurs au coeur de notre politique contre la violence à l'école.
La violence concerne des élèves de plus en plus jeunes qui commettent des infractions qui gâchent la vie de tous les autres... Ces actes ne constituent pas une fatalité. Ils doivent être combattus avec détermination.
Néanmoins, je souhaiterais dire ici que notre meilleure arme en matière de prévention de la violence demeure la promotion de l'égalité des chances.
Cette exigence est élevée. Elle oblige à un traitement différencié des élèves en fonction de leurs handicaps de départ... En d'autres termes, il s'agit de donner mieux à ceux qui ont moins !
Au-delà de l'action éducative qui, dans les secteurs en grande difficulté, est renforcée au travers d'une politique d'éducation prioritaire, nous pérennisons les mesures qui offrent à chaque jeune des perspectives de promotion. Je pense ici aux bourses au mérite ou encore aux partenariats prestigieux qui permettent de favoriser l'accès aux grandes écoles des meilleurs élèves de lycées situés en Zone d'Education Prioritaire
Enfin la fraternité ne serait pleinement s'exprimer tant que la différence est un facteur d'exclusion. Celle-ci trouve des expressions diverses selon qu'elle provient de l'intolérance religieuse et culturelle, du sexisme ou de l'homophobie...
L'acceptation de la différence née du handicap doit être à cet égard exemplaire de notre engagement. Je crois savoir que vous abordez cette question durant vos travaux...
A ce jour, 90.000 élèves handicapés sont intégrés dans les établissements scolaires du 1er et du 2nd degré. Plus de 100.000 sont accueillis dans des établissements médico-associatifs.
Pour répondre au plus près des besoins de ces jeunes et de leurs familles, nous avons engagé une politique d'insertion active par le biais, notamment du développement des aides techniques et humaines. C'est ainsi que le financement des aides techniques est passé de 18 à 23 millions d'euros en 2004. Pour ce qui est des moyens humains, au 1er janvier 2004 on dénombre plus de 6.000 agents rémunérés par l'éducation nationale qui assurent l'accompagnement des élèves handicapés.
Par ailleurs, un texte sur le handicap, actuellement en discussion au Parlement, contiendra un certain nombre de mesures relatives à la scolarisation des jeunes handicapés : l'amélioration de l'accompagnement de l'élève ou encore une meilleure association des familles à l'orientation de l'enfant en sont quelques dispositions...
Mesdemoiselles, Messieurs,
Tels sont les quelques mots que je souhaitais vous livrer et à travers vous aux lycéens.
" On n'est pas sérieux quand on a 17 ans " écrivait Rimbaud... Votre engagement à construire un lycée -et au-delà une société- plus fraternelle témoigne au contraire de votre raison et de votre sens des responsabilités.
Pour autant, et pour ne pas faire mentir complètement le poète, j'espère que vous saurez fêter -avec modération- le terme d'un mandat bien rempli.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 19 mai 2004)
Je suis heureux d'être parmi vous cette après-midi pour ce Conseil National de la Vie Lycéenne qui revêt presque un caractère facétieux : si cette réunion est ma première du genre, elle est aussi pour vous la dernière !
Dernier Conseil de la mandature, vous en tirez aujourd'hui le bilan... Et sans préjuger de ce que vous me livrerez dans un instant, je sais avec quelle conviction, durant ces deux années, vous vous êtes dévoués à l'exercice de vos responsabilités. Je connais plus particulièrement votre implication dans le domaine de la santé, des aides à la scolarité ou encore dans la valorisation de l'enseignement professionnel...
A chaque instant, vous avez cherché à améliorer les conditions de vie scolaire de vos camarades, en gardant à l'esprit la confiance qu'ils vous avaient témoignée. Et au terme de votre mandat, je crois pouvoir dire que vous en avez été dignes...
Mais au-delà de votre action en faveur de la vie quotidienne des lycéens, vous avez fait montre, à chaque fois que cela a été nécessaire, d'un grand sens des responsabilités. Je pense en particulier à vos réflexions sur la laïcité, ou à l'occasion du débat national sur l'avenir de l'Ecole. Votre maturité sur ces sujets aussi délicats démontre l'intérêt de ce Conseil et de ses travaux.
Votre action est d'autant plus précieuse que vous êtes une émanation du suffrage de chaque lycéen.
Si ce lien vous donne une légitimité, il vous donne aussi des responsabilités. Et je compte bien m'appuyer sur elles.
Face aux défis qui sont lancés à notre système éducatif, il faut une réflexion collective ; il faut une responsabilité partagée !
Car sans les élèves comme sans les personnels, le Ministre de l'Education nationale se trouve en quelque sorte démuni face à ces défis qui exigent le maximum de chacun d'entre nous.
Vos travaux me confortent dans le sentiment que nous partageons les mêmes objectifs pour l'école et plus particulièrement pour le lycée.
Car au-delà de l'aspect concret de certaines questions de pure organisation, et sur lesquelles nous reviendrons peut-être au cours de notre échange, il en est qui nous renvoient au rôle même que joue l'école dans notre société : comment en faire un lieu de fraternité ? Comment en faire un lieu de partage ? Comment en faire un lieu de tolérance ?
Toutes ces questions trouvent selon moi une amorce de solution dans la réaffirmation du lien qui unit l'école à la République.
Ce lien très particulier doit être préservé, cultivé et enrichi. Je veux faire en sorte que, face aux tensions de notre monde contemporain, les valeurs républicaines soient un repère pour tous les élèves au sein de leur établissement scolaire.
Nous nous sommes déjà attelés à cette tâche !
En réaffirmant tout d'abord le principe de laïcité comme socle de l'organisation générale du système éducatif public. Rappelé par la loi, le principe fait aujourd'hui l'objet d'une circulaire qui sera examinée lors du Conseil Supérieur de l'Education de lundi prochain.
En rédigeant cette circulaire, j'ai cherché un équilibre pratique qui concilie la fermeté du principe avec un certain pragmatisme et une part de responsabilité laissée à l'ensemble de la communauté scolaire.
C'est ainsi que le texte retient l'interdiction des signes religieux que sont le voile, la kippa ou les croix de grande taille ; c'est une règle simple et claire qui devra s'appliquer partout et pour tous.
Parallèlement, cette circulaire affirme le principe d'un dialogue avec l'élève. Dialogue et non négociation car il ne peut y avoir de petits arrangements avec des principes républicains !
Sa logique est de permettre à l'élève de comprendre la neutralité de l'enseignement, et que le principe de laïcité n'est en rien la négation d'une religion, mais bien au contraire la garantie de son libre exercice.
Les chefs d'établissement organiseront librement les modalités de ce dialogue. Mais je considère que vous pouvez avoir un rôle à jouer dans la préservation de la sérénité de l'établissement. La responsabilité et l'autorité morale des délégués de classes à l'égard de leurs camarades peuvent être décisive lorsqu'un établissement est perturbé dans son fonctionnement.
Il est là l'apprentissage du " vivre ensemble " !
Et parce que celui-ci ne s'accommode pas de la haine, l'Education nationale est mobilisée face à des phénomènes qui n'ont pas leur place à l'école : le racisme, l'antisémitisme, l'égoïsme identitaire Elle se bat, jour après jour, avec les armes qui sont les siennes, notamment par un travail pédagogique de fond autour de la " réappropriation " des valeurs fondamentales et du devoir de mémoire
Mais au-delà, il fallait lancer le message fort que nous ne tolérerions plus ce type de comportement. Des mesures ont été prise en ce sens par le Comité interministériel de lutte contre le racisme et l'antisémitisme. S'il est encore un peu tôt pour tirer un bilan, les premières évaluations sont encourageantes...
Cette lutte contre les actes et les insultes de nature raciste et antisémite doit être par ailleurs au coeur de notre politique contre la violence à l'école.
La violence concerne des élèves de plus en plus jeunes qui commettent des infractions qui gâchent la vie de tous les autres... Ces actes ne constituent pas une fatalité. Ils doivent être combattus avec détermination.
Néanmoins, je souhaiterais dire ici que notre meilleure arme en matière de prévention de la violence demeure la promotion de l'égalité des chances.
Cette exigence est élevée. Elle oblige à un traitement différencié des élèves en fonction de leurs handicaps de départ... En d'autres termes, il s'agit de donner mieux à ceux qui ont moins !
Au-delà de l'action éducative qui, dans les secteurs en grande difficulté, est renforcée au travers d'une politique d'éducation prioritaire, nous pérennisons les mesures qui offrent à chaque jeune des perspectives de promotion. Je pense ici aux bourses au mérite ou encore aux partenariats prestigieux qui permettent de favoriser l'accès aux grandes écoles des meilleurs élèves de lycées situés en Zone d'Education Prioritaire
Enfin la fraternité ne serait pleinement s'exprimer tant que la différence est un facteur d'exclusion. Celle-ci trouve des expressions diverses selon qu'elle provient de l'intolérance religieuse et culturelle, du sexisme ou de l'homophobie...
L'acceptation de la différence née du handicap doit être à cet égard exemplaire de notre engagement. Je crois savoir que vous abordez cette question durant vos travaux...
A ce jour, 90.000 élèves handicapés sont intégrés dans les établissements scolaires du 1er et du 2nd degré. Plus de 100.000 sont accueillis dans des établissements médico-associatifs.
Pour répondre au plus près des besoins de ces jeunes et de leurs familles, nous avons engagé une politique d'insertion active par le biais, notamment du développement des aides techniques et humaines. C'est ainsi que le financement des aides techniques est passé de 18 à 23 millions d'euros en 2004. Pour ce qui est des moyens humains, au 1er janvier 2004 on dénombre plus de 6.000 agents rémunérés par l'éducation nationale qui assurent l'accompagnement des élèves handicapés.
Par ailleurs, un texte sur le handicap, actuellement en discussion au Parlement, contiendra un certain nombre de mesures relatives à la scolarisation des jeunes handicapés : l'amélioration de l'accompagnement de l'élève ou encore une meilleure association des familles à l'orientation de l'enfant en sont quelques dispositions...
Mesdemoiselles, Messieurs,
Tels sont les quelques mots que je souhaitais vous livrer et à travers vous aux lycéens.
" On n'est pas sérieux quand on a 17 ans " écrivait Rimbaud... Votre engagement à construire un lycée -et au-delà une société- plus fraternelle témoigne au contraire de votre raison et de votre sens des responsabilités.
Pour autant, et pour ne pas faire mentir complètement le poète, j'espère que vous saurez fêter -avec modération- le terme d'un mandat bien rempli.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 19 mai 2004)