Déclarations de MM. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, et Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur l'accueil en France de jeunes étrangers, lauréats d'un concours organisé à l'occasion de la Coupe du Monde de football, par les ambassades de France, à Paris les 1er et 9 juillet 1998.

Prononcé le 1er juillet 1998

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Circonstance : Concours "Allons en France"-réception des lauréats de 120 pays étrangers les 1er et 9 juillet 1998

Texte intégral

DISCOURS DU MINISTRE DELEGUE A LA COOPERATION ET A LA FRANCOPHONIE, M. CHARLES JOSSELIN, LORS DE LA RECEPTION D'ACCUEIL DES LAUREATS DU CONCOURS "ALLONS EN FRANCE"
Paris - 01.07.1998
Madame la Ministre,
Chers Amis,
Je voudrais vous dire le plaisir que j'éprouve à vous accueillir ici et à vous souhaiter la bienvenue.
Catherine Trautmann vient de le rappeler. Nous sommes ici dans un lieu symbolique et éminemment historique. D'ici, de cette cour du Palais Royal, à deux pas du Louvre, sont partis les premiers élans de la Révolution française. Je remercie tout particulièrement la ministre de la Culture et de la Communication de l'avoir mis à notre disposition pour vous y accueillir.
Ce moment, nous l'attendions avec impatience. Depuis plus d'un an, la diplomatie culturelle s'est mobilisée pour vous accueillir aujourd'hui. De nombreux partenaires : administrations, municipalités, médias, entreprises, nous ont aidé. Certains sont présents ce soir et je tiens à leur exprimer toute notre reconnaissance.
Ce moment, nous l'attendions car la France a souhaité associer la jeunesse du monde à un événement unique pour nous tous : la Coupe du monde de football.
Autour de cet événement, nous avons bâti des rencontres qui toutes ont le même sens : vous faire aimer, découvrir ce pays et la langue qui vous est déjà familière. Récemment, j'accueillais une centaine de jeunes athlètes d'Afrique et des Caraïbes que vous croiserez peut-être durant votre séjour et qui de leur côté ont été sélectionnés au cours de tournois régionaux dont leurs équipes sont sorties vainqueurs.
Chers Amis Lauréats,
Vous avez étudié le français, vous y avez excellé. Vous avez remporté le concours difficile organisé par nos ambassades et nos centres et instituts culturels. Bravo.
A présent vous allez découvrir la France, comme aucun jeune avant vous ne l'a découverte.
- Vous allez le faire dans un moment exceptionnel, celui de la Coupe du monde, alors que le monde entier a les yeux fixés sur Paris.
- Vous aurez l'occasion de rencontrer les plus hauts dirigeants de notre pays, à commencer par le président de la République.
- Vous pourrez voir les plus beaux et émouvants trésors de notre patrimoine, comme aussi les oeuvres de la création contemporaine, qui se situe toujours à l'avant-garde, dans les domaines les plus variés, de l'art à la technologie.
- Vous rencontrerez les jeunes Français. vous leur communiquerez la curiosité de connaître vos pays avec lesquels la France veut développer ses échanges et ses contacts.
Notre ambition est de vous faire mieux comprendre et aimer ce pays dont vous avez déjà, au prix de vos efforts personnels, entrepris de connaître la langue et la culture. La France est un pays complexe, riche de ses diversités et de ses paradoxes, un pays passionné, un pays passionnant, un pays où l'on s'efforce de marier exigence et ambition intellectuelles avec ce qu'il est convenu d'appeler un art de vivre.
La France attire. Elle séduit souvent. Elle n'est pas pourtant facile a comprendre.
Mais elle est pleinement ouverte sur le monde, ce monde dont vous êtes un résumé. Nous avons beaucoup à apprendre et à comprendre de vous, non seulement au cours de ce bref séjour, mais ensuite, grâce à l'amitié qui, j'en suis sûr, va s'établir entre nous.
Pour terminer ce mot de bienvenue, qui s'adresse tout autant aux jeunes élèves et étudiants qu'à leurs enseignants, je souhaite faire appel à votre amitié et à votre responsabilité pour nous aider à vous rendre ce séjour aussi agréable et profitable pour vous. Vous êtes très nombreux. L'organisation de ce séjour a mobilisé des efforts humains importants, mais aucune organisation humaine n'est infaillible. Aucune ne saurait faire face à tous les imprévus. Je vous demande instamment de suivre les instructions qui vous sont communiquées dans les documents et directement par vos accompagnateurs, et de rester à tout moment avec votre groupe. N'hésitez pas évidemment à signaler à votre accompagnateur français toute difficulté qui pourrait surgir, à lui exprimer nos préoccupations. Nous sommes à votre disposition pour réaliser ensemble une aventure que nous voulons inoubliable.
Je vous souhaite à tous, élèves, étudiants et professeurs, un excellent séjour en France, et vous donne rendez-vous le 9 juillet, au Palais des Affaires étrangères ou j'espère bien avoir à nouveau le plaisir de vous rencontrer.
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DISCOURS DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES, M. HUBERT VEDRINE, LORS DE LA RECEPTION EN L'HONNEUR DES LAUREATS DU CONCOURS "ALLONS EN FRANCE"
Paris - 09.07.1998
Bien qu'il fasse un peu frais aujourd'hui, je constate que vous avez déjà créé une ambiance assez chaude et déjà, je vous en remercie.
Je remercie Mmes et MM. les ambassadeurs, qui sont avec nous cet après-midi, je remercie les professeurs qui accompagnent beaucoup d'entre vous qui sont, m'a-t-on dit, une centaine, et voyez-vous, il n'est pas très fréquent, même pour un ministre des Affaires étrangères d'avoir à accueillir en même temps, des représentants d'un aussi grand nombre de pays : 120, et c'est bien - il y a 185 pays dans le monde -, de réunir les représentants de 120 pays. C'est presque aussi bien qu'à l'Organisation des Nations unies. Mais, la grande différence, c'est que la moyenne d'âge n'est pas la même aujourd'hui qu'à l'Organisation des Nations unies puisque vous avez, pour l'essentiel, je ne parle pas des accompagnateurs, vous avez tous autour de 20 ans, un peu moins, à peine plus...
Tout cela est dû à cette Coupe du monde, événement exceptionnel. Je dois vous dire aussi que j'ai été impressionné de voir dans quelles conditions vous avez réussi, les uns et les autres, à être sélectionné dans tous les pays d'où vous venez. Vous êtes là 600, mais il y a tout ceux qui auraient aimé venir aussi, mais ce sont les meilleurs qui ont été invités à faire ce séjour en France, dans le cadre de cette opération "Allons en France 1998".
Je crois que les épreuves, très variées, d'après ce que j'ai compris, ont été assez difficiles et qu'il fallait vraiment vouloir gagner. Faire preuve de ténacité, de talent et de francophonie aussi, puisque c'était cela le coeur de l'idée.
Vous voilà en France maintenant, pour ce voyage d'une quinzaine de jours, rythmé par les émotions formidables qui accompagnent cette grande aventure de la Coupe du monde et je crois que l'on vous a fait un beau programme. Je vous assure qu'il n'y a pas beaucoup de visiteurs qui ont un programme de ce niveau. Je ne parle pas de cet après-midi, mais de la variété des rencontres, les personnalités mais aussi les distractions, les fêtes, les soirées. Vraiment, vous avez un beau programme de choix. J'espère que nous ne serons pas obligés de faire le même programme pour tous les visiteurs étrangers. Nous serions tout à fait incapables d'y arriver. Vous avez tous montré, à travers ces épreuves, un attachement à la langue française, et cela ne peut pas ne pas nous toucher. Non pas que l'on se considère comme propriétaire de cette langue, c'est même exactement l'inverse et l'idée du français, l'idée de la Francophonie, c'est que c'est une grande langue de communication dans le monde, une langue de liberté, une langue de dialogue, une langue de pluralisme, c'est notre langue à nous Français, mais nous savons aussi que c'est la langue de beaucoup d'autres. Dans certains cas, ce sont des pays francophones qui participent eux-mêmes à la vie de cette langue, à son évolution, à son enrichissement, à son invention et dans d'autres cas, vous avez appris le français, dans des environnements non-francophones. Vous avez dû penser que c'était un moyen de communiquer avec une partie du monde, ou d'accéder à une partie de la richesse du monde sur le plan littéraire ou autre mais aussi sur le plan sportif. Puisque, vous le savez certainement, c'est un Français, Pierre de Coubertin qui a réinventé, à la fin du siècle dernier, les Jeux olympiques de l'antiquité et c'est ce qui explique que le français soit une des deux langues officielles des Jeux olympiques.
Vous êtes pour quelques jours dans notre pays, avec pour toile de fond cette Coupe du monde, ce grand événement du football qui a lieu tous les 4 ans, autour de ce sport qui est devenu en quelque sorte, le sport mondial par excellence puisque c'est le sport qui a le plus de résonance, dans le plus grand nombre de pays et qui est donc compris et suivi par le plus grand nombre de gens. Je vais vous donner un chiffre étonnant : si on additionne les téléspectateurs qui suivent l'ensemble des matchs, c'est un chiffre fictif parce qu'il n'y a pas autant d'habitants dans le monde, mais si on additionne ce que l'on appelle les audiences cumulées de la Coupe du monde, on arrive à 37 milliards de téléspectateurs. Ce qui fait que c'est l'événement mondial le plus médiatisé qui n'ait jamais existé jusqu'ici. Les Français, qui ont lancé l'idée de la Coupe du monde en 1930, s'appelaient Jules Rimet et Henri Delaunay, certainement ne pouvaient pas imaginer cela. D'ailleurs, c'était avant la télévision, donc, ils ne pouvaient pas imaginer ce retentissement. La télévision était théoriquement inventée, mais elle n'était pas diffusée.
Je parlais de votre programme tout à l'heure, qui est fort sympathique. Certains d'entre vous vont assister à la petite finale, d'autres à la grande finale, celle pour laquelle la France a beaucoup d'espérance. Je ne peux pas parler en tant que Français. Tout le monde a eu des espérances. Certains ont été satisfaits, d'autres déçus, et puis, c'est l'esprit du sport qui doit l'emporter dans tout cela. L'esprit de la compétition sportive, de la qualité des joueurs et absolument jamais l'esprit nationaliste. Au contraire, le sport est fait pour dépasser ce type d'approche. Vous serez reçus aussi à la télévision par M. Bernard Pivot, qui est un journaliste très connu en France. C'est plus qu'un journaliste, c'est une sorte d'institution dans le domaine de la littérature, de la culture. M. Pivot, depuis des années, a remis au goût du jour une discipline très française qui est la dictée. C'est un phénomène très curieux, parce que les Français devraient avoir horreur de cela - cela leur rappelle l'école primaire et le fait qu'ils faisaient beaucoup de fautes et qu'ils avaient de mauvaises notes. Au contraire, les Français sont passionnés par cela. Ils sont passionnés, il y a des exercices de dictée, avec des mots rares, très compliqués, avec des traits d'union dont on ne sait pas s'il faut les mettre ou non. C'est devenu une sorte de phénomène et au fond, cela veut dire que les Français gardent un bon souvenir de cette période d'école. J'espère que cela se passera bien pour vous. J'en suis sûr et en tout cas, vous aurez d'aussi bons résultats que la plupart des Français qui tentent de faire ces dictées et qui, en général, ont du mal. Naturellement, la point d'orgue de votre séjour, ce sera votre réception le 14 juillet, le jour de la Fête nationale française par le président de la République, M. Jacques Chirac.
Vous repartirez chez vous, porteurs d'un peu de cet esprit de notre pays, de l'ambiance de la France, de l'ambiance parisienne. Vous serez tous des sortes d'ambassadeurs de notre pays, de la France, de la Francophonie, de la culture et de l'amitié que porte la France à tout ceux qui ont fait cette démarche de venir ici pendant cette Coupe du monde. Cette réunion de cet après-midi est également enrichie par une dimension culturelle, une manifestation culturelle, les jardins et les salons accueillent, comme vous l'avez peut-être déjà vu ou comme vous le verrez tout à l'heure, des oeuvres d'arts de notre époque en rapport avec le football. Il s'agit d'une partie d'une exposition qui s'appelle : "80 artistes autour du Mondial", monté par la galerie Henrico Navara, en coopération avec l'Association française d'action artistique. Ce sont des oeuvres qui viennent de peintres et de sculpteurs contemporains, importants, connus, issus de nombreux pays du monde. Peut-être retrouverez-vous des signatures, des formes ou des styles que vous connaissez, et sur l'ensemble de ce qui est présenté, certainement, telle ou telle oeuvre saura parler à l'imaginaire de chacun d'entre vous. Je remercie à cette occasion la galerie Henrico Navara et les autres galeries qui ont participé à cette manifestation.
Je voudrais terminer en remerciant tout ceux qui ont eu cette bonne idée, il y a deux ans environ, d'organiser ce grand concours "Allons en France 1998" qui a entraîné toutes ces épreuves stimulantes et sympathiques dans beaucoup de pays, qui ont eu, dans certains pays que vous représentez, beaucoup de retentissement.
Autour de la langue française, c'est l'opération la plus importante que ce ministère des Affaires étrangères, où vous êtes cet après-midi, ait jamais organisé. Je crois que c'était une très bonne idée de marier cette attraction de l'événement sportif, le désir de découvrir Paris, l'attraction de la langue et de tout ce qu'elle véhicule et savoir qu'ici il y a 600 jeunes, venus de tant de pays, capables de se parler, de s'amuser, de se distraire, de plaisanter dans la langue de Molière. C'est quelque chose qui est formidable pour nous et cela montre que l'uniformisation culturelle n'est pas une fatalité et que ce monde est riche de différences et de pluralisme. Vous en apportez la preuve. Donc, à tous et à toutes, merci de votre participation, merci d'être venus ici avec nous. Bonne soirée, bonne fin de séjour et bonne chance pour la suite de vos activités.
Merci vraiment de ces quelques mots qui m'ont touché et dans lesquels j'ai ressenti la spontanéité, la fraîcheur et la sympathie qui émane de tout ce groupe qui est là.
Maintenant, nous avons rendez-vous, sur la pelouse, au fond, pour une création artistique, en direct, inspirée, conçue, par un artiste : M. Pavlos. Nous allons donc assister et participer à cette création.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 octobre 2001)