Texte intégral
QUESTION : Les présidents des Assemblées ont "leur G8", ils viennent de se réunir à Chicago, et vous rentrez des Etats-Unis, Jean-Louis DEBRÉ. L'Amérique vite-elle dans un climat d'insécurité et la crainte de nouvelles violences terroristes après ce que vous avez vu ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Nous sommes tous préoccupés, quel que soit le pays auquel nous appartenons, par le terrorisme, et notre devoir, à nous, présidents de l'Assemblée, est d'essayer de mieux assurer la sécurité des Parlements et de faire en sorte que, ces institutions qui sont le symbole de la république et de la liberté, soient en-dehors ou protégées des attaques terroristes.
QUESTION : Parce que, vous tous, vous vous êtes sentis vulnérables aujourd'hui ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Parce que le Parlement est vulnérable, parce qu'il faut assurer un équilibre, à la fois, De sécurité mais d'ouverture vers l'extérieur.
QUESTION : C'est-à-dire, qu'il pourrait y avoir des attaques, vous y avez pensé, de caractère chimique de la part des terroristes ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Nous avons, avec tous mes collègues des pays du G8, évoqué toutes les hypothèses et confronté les solutions que nous envisageons.
QUESTION : C'est vrai que vous avez envisagé même pour certains Parlements, qu'un certain nombre de députés ou de parlementaires "disparaissent" dans un acte terroriste immonde. Dans ce cas, qu'est-ce qui assure la continuité des Parlements . Combien de députés faut-il pour assurer la continuité du Parlement ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : En France, il n'y a pas de quorum ; le Parlement peut se réunir, peu importe l'endroit, sur le territoire national, et nous n'avons pas besoin de la présence de tous les députés pour assurer la continuité des travaux du Parlement.
QUESTION : Ce qui n'est pas le cas aux Etats-Unis.
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Ce qui est moins le cas aux Etats-Unis. Mais tout cela, nous l'avons confronté, c'était une réunion intéressante, où n'avons pas fait que bavardage, où nous avons confronté toutes les expériences, et dans ce domaine-là, il n'y a pas qu'une vérité.
QUESTION : Vous avez noté, comme nous tous, que l'on tue des soldats américains, que l'on kidnappe des citoyens américains, britanniques, suédois, dans leur résidence, chez eux. Et au moment où vous étiez aux Etats-Unis, le patron des Nations Unies, K. Annan, a dénoncé "l'illégalité de cette guerre". Le comprenez-vous, lui donnez-vous raison ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Pour moi toute guerre est "illégale".
QUESTION : Et celle-ci ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Celle-là particulièrement.
QUESTION : Les derniers sondages indiquent une remontée de J. Kerry. Croyez-vous possible qu'il l'emporte ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Je ne sais pas, parce que je ne connais pas suffisamment la politique américaine. A la vérité, cela dépendra des résultats dans un petit nombre d'Etats.
QUESTION : Mais dans ce que vous avez senti à Chicago, et en voyageant à travers certains coins des États-Unis ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Non. J'ai trouvé que Bush, peu importe l'appréciation que l'on porte sur sa politique, faisait une bonne campagne, que sa Convention était une bonne Convention, et qu'il avait plutôt le vent en poupe. Encore une fois, cela dépendra, compte tenu du système électoral américain, du résultat dans six Etats américains.
QUESTION : Un UMP ou un gaulliste peut-il préférer G. Bush ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Mais je n'ai pas à formuler de jugement.
QUESTION : C'est de la prudence ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Non, c'est le respect pour ce qui se passe dans d'autres pays.
QUESTION : Ce que vous découvrez à votre retour de Chicago, n'est-ce pas trop éprouvant
pour vous ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : C'est-à-dire ?
QUESTION : Les deux que vous tancez le plus volontiers : SARKOZY, hier, à Europe 1, RAFFARIN, dans " Le Figaro ", sont "renforcés"
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Mais je m'en réjouis. Je me réjouis qu'enfin on abandonne les querelles de personnes, les affrontements entre individus et entre clans, et que l'on se rassemble. Car aujourd'hui, l'impératif pour la France, c'est qu'il n'y ait plus querelles internes. Je me réjouis qu'il y ait au niveau de l'UMP, que l'on ait évité l'implosion de l'UMP et qu'il n'y ait pas une multitude de candidatures.
QUESTION : Le 21 novembre, voterez-vous SARKOZY président, vous ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Oui, naturellement. Parce que je pense que, grâce au président de la République et au fait qu'il ait appelé les uns et les autres à leur responsabilité, on a évité le risque d'implosion du parti majoritaire.
QUESTION : Et entre le président de la République et Nicolas SARKOZY, qui était, hier, ici, à la place que vous occupez, apparemment c'est l'idylle ou presque. Y croyez- vous ? Vous, vous, qui les connaissez l'un et l'autre ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Je me demande pourquoi ce n'était pas comme ça avant. Nous sommesnous ne gagnerons séparément ; SARKOZY ne gagnera pas contre RAFFARIN : RAFFARIN ne gagnera pas contre CHIRAC. X, Y, ou Z, ne gagnerons pas contre quelqu'un ! Il faut que nous rassemblions. Ecoutez, la majorité depuis deux ans, a fait les réformes essentielles pour notre pays, les réformes que les autres n'avaient pas faites.
QUESTION : Donc, RAFFARIN est bon ? Parce que quelquefois vous mettez des bons et des mauvais points
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Donc, la majorité a bien fait de soutenir le Gouvernement dans ses réformes. Dans ses réformes sur les retraites, dans ses réformes sur l'assurance maladie, dans sa réaffirmation de la laïcité de l'école publique, dans sa réforme de la Sécurité civile.
QUESTION : Quand Nicolas SARKOZY présidera l'UMP, Jean-Pierre RAFFARIN déclare qu'"il n'y aura pas entre le président de la République et le Premier ministre d'intermédiaires".
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Mais il ne peut pas y avoir d'"intermédiaires", les institutions sont ainsi faites. Il y a un président de la République qui a été élu au suffrage universel, et qui est la clé de voûte des institutions, qui a désigné un Premier ministre, et naturellement, il y a un contact direct entre ce Premier ministre et le président de la République.
QUESTION : Et pour les autres, il y a le téléphone
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Mais nonJe ne vois pas ce qu'il y a de nouveau. On découvre les institutions de la Vème République.
QUESTION : L'Europe : la mode à Paris, c'est de répéter que Fabius se trompe". Peut-être est-ce vrai. Mais s'il n'avait pas tout à fait tort ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Le problème ne se pose pas comme cela. La France a besoin de l'Europe et l'Europe a besoin de la France. Et par conséquent, ne répondons pas à d'autres questions. Nous allons avoir un référendum. L'intérêt des Français, des jeunes français, c'est de ne pas faire cavalier seul. Dans cette mondialisation qui se met en place, qui en train de tout envahir, il faut qu'il y ait un endroit organisé, mieux organisé, et c'est l'Europe.
QUESTION : Vous dites "oui" ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Mais naturellement que je dis "oui", et sans ambiguïté !
QUESTION : Mais pour ratifier le Traité constitutionnel avec moins de risques, parce qu'il y en a, ne faut-il pas préférer au référendum, l'idée monte, le Congrès des deux Assemblées à Versailles ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Je dis qu'il faut donner à l'Europe des bases légitimes. Et ces bases légitimes, c'est le suffrage universel. On ne peut pas avoir peur du suffrage universel.
QUESTION : C'est-à-dire, le référendum quels que soient les risques.
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : "Quels que soient les risques". En politique il y a toujours des risques. Il n'y a pas de politique sans risques.
QUESTION : Et vous demandez au président de la République, vous pensez qu'il s'engagera pour le "oui" au référendum, et un référendum qu'il a décidé ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Mais je ne demande pas cela au président de la République, je demande à tous les responsables politiques, pour une fois, de ne pas être frileux, pour une fois de ne pas regarder derrière, pour une fois de ne pas défendre leur petit boutique, mais de
défendre la France et l'intérêt des Français.
QUESTION : Et si c'est "non" ? C'est un échec de qui ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : De la France.
QUESTION : La nouvelle donne politique, la sentez-vous ? On sent qu'elle arrange votre majorité, sans doute auprès des Français, mais qu'elle dérange quelques-uns d'entre vous. Savez-vous pourquoi ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Je ne sais pas. Il y a eu, avec la réforme de la durée du mandat présidentiel, du passage du septennat au quinquennat, une accélération du temps de la politique. Et de ce fait les choses changent. Il y a un renforcement du rôle et de la place du président de la République qui est la confirmation de ce que De Gaulle voulait faire avec l'élection du Président appliquée au suffrage universel, on a conforté l'édifice. Et en face de cela, il y a un déséquilibre, me semble-t-il, qui est le déséquilibre dû au rôle du Parlement. Et par conséquent, tout le problème c'est, face à la montée de l'exécutif, à l'accélération du temps, renforcer la fonction de contrôle de l'Assemblée nationale et du Sénat.
QUESTION : Il reste deux ans et demi pour ce quinquennat
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Oui, il ne faut pas perdre de temps.
QUESTION : Dernière question : dans " Paris-Match ", il y a une interview intéressante, vous dites : "J'attends une juste répartition des premiers dividendes de la croissance et un budget dynamique pour l'emploi". Jean-Pierre RAFFARIN aujourd'hui dans " Le Figaro ", Nicolas SARKOZY vous donnent-ils satisfaction enfin ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Ecoutez, j'attends de voir le budget, car je ne me contente pas de mots, de slogans ou de paroles.
QUESTION : Ce n'est pas encore assez clair ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Si, ça commence. Je pense qu'il est important que les Français qui travaillent, qui font des efforts, récoltent à un moment le produit de ces efforts.
QUESTION : Je note une évolution : pas envoyer une pique à RAFFARIN et pas une petite pique à SARKOZY ce matin ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Non, il n'y a aucune évolution. Je pense que le temps du rassemblement est arrivé.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 20 septembre 2004)
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Nous sommes tous préoccupés, quel que soit le pays auquel nous appartenons, par le terrorisme, et notre devoir, à nous, présidents de l'Assemblée, est d'essayer de mieux assurer la sécurité des Parlements et de faire en sorte que, ces institutions qui sont le symbole de la république et de la liberté, soient en-dehors ou protégées des attaques terroristes.
QUESTION : Parce que, vous tous, vous vous êtes sentis vulnérables aujourd'hui ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Parce que le Parlement est vulnérable, parce qu'il faut assurer un équilibre, à la fois, De sécurité mais d'ouverture vers l'extérieur.
QUESTION : C'est-à-dire, qu'il pourrait y avoir des attaques, vous y avez pensé, de caractère chimique de la part des terroristes ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Nous avons, avec tous mes collègues des pays du G8, évoqué toutes les hypothèses et confronté les solutions que nous envisageons.
QUESTION : C'est vrai que vous avez envisagé même pour certains Parlements, qu'un certain nombre de députés ou de parlementaires "disparaissent" dans un acte terroriste immonde. Dans ce cas, qu'est-ce qui assure la continuité des Parlements . Combien de députés faut-il pour assurer la continuité du Parlement ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : En France, il n'y a pas de quorum ; le Parlement peut se réunir, peu importe l'endroit, sur le territoire national, et nous n'avons pas besoin de la présence de tous les députés pour assurer la continuité des travaux du Parlement.
QUESTION : Ce qui n'est pas le cas aux Etats-Unis.
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Ce qui est moins le cas aux Etats-Unis. Mais tout cela, nous l'avons confronté, c'était une réunion intéressante, où n'avons pas fait que bavardage, où nous avons confronté toutes les expériences, et dans ce domaine-là, il n'y a pas qu'une vérité.
QUESTION : Vous avez noté, comme nous tous, que l'on tue des soldats américains, que l'on kidnappe des citoyens américains, britanniques, suédois, dans leur résidence, chez eux. Et au moment où vous étiez aux Etats-Unis, le patron des Nations Unies, K. Annan, a dénoncé "l'illégalité de cette guerre". Le comprenez-vous, lui donnez-vous raison ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Pour moi toute guerre est "illégale".
QUESTION : Et celle-ci ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Celle-là particulièrement.
QUESTION : Les derniers sondages indiquent une remontée de J. Kerry. Croyez-vous possible qu'il l'emporte ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Je ne sais pas, parce que je ne connais pas suffisamment la politique américaine. A la vérité, cela dépendra des résultats dans un petit nombre d'Etats.
QUESTION : Mais dans ce que vous avez senti à Chicago, et en voyageant à travers certains coins des États-Unis ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Non. J'ai trouvé que Bush, peu importe l'appréciation que l'on porte sur sa politique, faisait une bonne campagne, que sa Convention était une bonne Convention, et qu'il avait plutôt le vent en poupe. Encore une fois, cela dépendra, compte tenu du système électoral américain, du résultat dans six Etats américains.
QUESTION : Un UMP ou un gaulliste peut-il préférer G. Bush ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Mais je n'ai pas à formuler de jugement.
QUESTION : C'est de la prudence ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Non, c'est le respect pour ce qui se passe dans d'autres pays.
QUESTION : Ce que vous découvrez à votre retour de Chicago, n'est-ce pas trop éprouvant
pour vous ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : C'est-à-dire ?
QUESTION : Les deux que vous tancez le plus volontiers : SARKOZY, hier, à Europe 1, RAFFARIN, dans " Le Figaro ", sont "renforcés"
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Mais je m'en réjouis. Je me réjouis qu'enfin on abandonne les querelles de personnes, les affrontements entre individus et entre clans, et que l'on se rassemble. Car aujourd'hui, l'impératif pour la France, c'est qu'il n'y ait plus querelles internes. Je me réjouis qu'il y ait au niveau de l'UMP, que l'on ait évité l'implosion de l'UMP et qu'il n'y ait pas une multitude de candidatures.
QUESTION : Le 21 novembre, voterez-vous SARKOZY président, vous ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Oui, naturellement. Parce que je pense que, grâce au président de la République et au fait qu'il ait appelé les uns et les autres à leur responsabilité, on a évité le risque d'implosion du parti majoritaire.
QUESTION : Et entre le président de la République et Nicolas SARKOZY, qui était, hier, ici, à la place que vous occupez, apparemment c'est l'idylle ou presque. Y croyez- vous ? Vous, vous, qui les connaissez l'un et l'autre ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Je me demande pourquoi ce n'était pas comme ça avant. Nous sommesnous ne gagnerons séparément ; SARKOZY ne gagnera pas contre RAFFARIN : RAFFARIN ne gagnera pas contre CHIRAC. X, Y, ou Z, ne gagnerons pas contre quelqu'un ! Il faut que nous rassemblions. Ecoutez, la majorité depuis deux ans, a fait les réformes essentielles pour notre pays, les réformes que les autres n'avaient pas faites.
QUESTION : Donc, RAFFARIN est bon ? Parce que quelquefois vous mettez des bons et des mauvais points
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Donc, la majorité a bien fait de soutenir le Gouvernement dans ses réformes. Dans ses réformes sur les retraites, dans ses réformes sur l'assurance maladie, dans sa réaffirmation de la laïcité de l'école publique, dans sa réforme de la Sécurité civile.
QUESTION : Quand Nicolas SARKOZY présidera l'UMP, Jean-Pierre RAFFARIN déclare qu'"il n'y aura pas entre le président de la République et le Premier ministre d'intermédiaires".
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Mais il ne peut pas y avoir d'"intermédiaires", les institutions sont ainsi faites. Il y a un président de la République qui a été élu au suffrage universel, et qui est la clé de voûte des institutions, qui a désigné un Premier ministre, et naturellement, il y a un contact direct entre ce Premier ministre et le président de la République.
QUESTION : Et pour les autres, il y a le téléphone
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Mais nonJe ne vois pas ce qu'il y a de nouveau. On découvre les institutions de la Vème République.
QUESTION : L'Europe : la mode à Paris, c'est de répéter que Fabius se trompe". Peut-être est-ce vrai. Mais s'il n'avait pas tout à fait tort ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Le problème ne se pose pas comme cela. La France a besoin de l'Europe et l'Europe a besoin de la France. Et par conséquent, ne répondons pas à d'autres questions. Nous allons avoir un référendum. L'intérêt des Français, des jeunes français, c'est de ne pas faire cavalier seul. Dans cette mondialisation qui se met en place, qui en train de tout envahir, il faut qu'il y ait un endroit organisé, mieux organisé, et c'est l'Europe.
QUESTION : Vous dites "oui" ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Mais naturellement que je dis "oui", et sans ambiguïté !
QUESTION : Mais pour ratifier le Traité constitutionnel avec moins de risques, parce qu'il y en a, ne faut-il pas préférer au référendum, l'idée monte, le Congrès des deux Assemblées à Versailles ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Je dis qu'il faut donner à l'Europe des bases légitimes. Et ces bases légitimes, c'est le suffrage universel. On ne peut pas avoir peur du suffrage universel.
QUESTION : C'est-à-dire, le référendum quels que soient les risques.
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : "Quels que soient les risques". En politique il y a toujours des risques. Il n'y a pas de politique sans risques.
QUESTION : Et vous demandez au président de la République, vous pensez qu'il s'engagera pour le "oui" au référendum, et un référendum qu'il a décidé ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Mais je ne demande pas cela au président de la République, je demande à tous les responsables politiques, pour une fois, de ne pas être frileux, pour une fois de ne pas regarder derrière, pour une fois de ne pas défendre leur petit boutique, mais de
défendre la France et l'intérêt des Français.
QUESTION : Et si c'est "non" ? C'est un échec de qui ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : De la France.
QUESTION : La nouvelle donne politique, la sentez-vous ? On sent qu'elle arrange votre majorité, sans doute auprès des Français, mais qu'elle dérange quelques-uns d'entre vous. Savez-vous pourquoi ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Je ne sais pas. Il y a eu, avec la réforme de la durée du mandat présidentiel, du passage du septennat au quinquennat, une accélération du temps de la politique. Et de ce fait les choses changent. Il y a un renforcement du rôle et de la place du président de la République qui est la confirmation de ce que De Gaulle voulait faire avec l'élection du Président appliquée au suffrage universel, on a conforté l'édifice. Et en face de cela, il y a un déséquilibre, me semble-t-il, qui est le déséquilibre dû au rôle du Parlement. Et par conséquent, tout le problème c'est, face à la montée de l'exécutif, à l'accélération du temps, renforcer la fonction de contrôle de l'Assemblée nationale et du Sénat.
QUESTION : Il reste deux ans et demi pour ce quinquennat
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Oui, il ne faut pas perdre de temps.
QUESTION : Dernière question : dans " Paris-Match ", il y a une interview intéressante, vous dites : "J'attends une juste répartition des premiers dividendes de la croissance et un budget dynamique pour l'emploi". Jean-Pierre RAFFARIN aujourd'hui dans " Le Figaro ", Nicolas SARKOZY vous donnent-ils satisfaction enfin ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Ecoutez, j'attends de voir le budget, car je ne me contente pas de mots, de slogans ou de paroles.
QUESTION : Ce n'est pas encore assez clair ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Si, ça commence. Je pense qu'il est important que les Français qui travaillent, qui font des efforts, récoltent à un moment le produit de ces efforts.
QUESTION : Je note une évolution : pas envoyer une pique à RAFFARIN et pas une petite pique à SARKOZY ce matin ?
Jean-Louis DEBRÉ (Réponse) : Non, il n'y a aucune évolution. Je pense que le temps du rassemblement est arrivé.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 20 septembre 2004)