Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Chers amis, chers camarades de Nîmes,
J'avais eu beaucoup de plaisir à venir à votre rencontre en juin dernier. Nos échanges avaient été pour moi mobilisateurs. Je me souviens des habitantes et des habitants de Valdegour, de leur souffrance comme de leur énergie. Je me souviens des salariés de Well en bagarre pour sauvegarder leurs emplois. Je voudrais également dire ma solidarité à celles et ceux de Perrier, de la verrerie du Languedoc, de nouveau placés devant un avenir incertain.
Je veux remercier Jean-Paul Boré et Alain Clary pour leur invitation et la force de leur engagement. Saluer Bernard Deschamps, Patrick Malavielle, Jean-Michel Suau.
C'est ici que j'ai choisi de prononcer ces quelques mots de rentrée, au milieu de cette vie, de ce marché populaire. La démarche surprendra. Elle témoigne de ce que je veux pour la politique : qu'elle sorte d'un cercle d'initiés, qu'elle retrouve son ancrage populaire, qu'elle reprenne vie sur la place publique.
La deuxième raison qui explique ce choix, c'est la volonté des communistes de faire entendre la voix des salariés. Ces salariés dont on conteste le travail, dont on presse les salaires, qui connaissent la précarité et le chômage, qui souffrent de la loi de l'argent dans un monde qui marche à l'envers, qui sont la cible de ce gouvernement de droite et de son compère le Medef.
Avec vous, j'ai envie de dire stop à tout cela. Dire qu'il est possible de faire autrement et de clouer le bec à ceux qui claironnent " Réformes, réformes " pour nous faire avaler la régression. Clouer le bec à ceux qui, au nom du réalisme, nous font accepter le moindre mal !
Ils veulent penser à notre place, choisir à notre place pour mieux nous exploiter et bien je vous propose aujourd'hui de les dessaisir de notre vie et de décider de la saisir ensemble pour construire le lendemain dont nous avons besoin.
Et pour commencer cette aventure nouvelle, il y a un parti qui est à votre disposition. Il y a un parti qui a envie qu'ensemble, avec nos différences, nous fassions bouger les choses. Il y a un parti, le PCF, qui combat les ravages du capitalisme et veut construire au quotidien, un monde de justice, de partage, de démocratie, de paix. Il est à vos côtés aujourd'hui, comme il l'a été hier.
Tout ce mois d'août, nous marquons l'anniversaire de la Libération de la France du joug nazi, de grandes heures de notre histoire. Elles ne furent possibles, vous le savez, que grâce à ceux et celles qui ont résisté, qui se sont soulevés et qui ont bâti avec le Conseil national de la Résistance des conquêtes sociales et démocratiques inégalées. Il est temps aujourd'hui, alors que cet héritage est dépecé sous la pression des nantis, des réacs, il est temps que notre peuple reprenne la main, que vous repreniez la main. Et c'est à cela que le Parti communiste veut travailler. Et c'est au nom de cela que nous ne renonçons pas à lutter pour une gauche qui réponde présent à tous ces défis pour changer vraiment la vie quotidienne. Les signes donnés lors des derniers grands rendez-vous politiques montrent que c'est attendu et que c'est possible. Il y a de multiples mobilisations dans de multiples formes, sur de multiples causes. Et personne ne m'empêchera de penser que cette richesse-là d'hommes et de femmes engagés auprès des autres et dans la société porte en elle des solutions, des forces qui permettront d'aller de l'avant. Les communistes en sont, nous avons envie avec eux, avec elles d'écrire de nouvelles pages progressistes, humanistes.
Et vraiment la politique du gouvernement ne peut que booster cette envie d'en découdre. Jean-Pierre Raffarin, à la sortie du Conseil des ministres, jeudi dernier, a lancé: " Au travail ". Quand on voit le résultat de son travail en juillet : - vote de la réforme de casse de l'assurance maladie ; passage en force de sa prétendue décentralisation c'est-à-dire l'éclatement du cadre républicain et la mise en concurrence des régions, des territoires, des citoyens ; privatisation d'EDF-GDF, élément clé de notre industrie, mais aussi du progrès social ; fermeture des bureaux de Poste qui assurent un service public de proximité... Oui, quand on voit ce bilan, on a envie de mettre Jean-Pierre Raffarin et son gouvernement en retraite anticipée sans passer par la case Sénat.
Jean-Pierre Raffarin a aussi dit à ses ministres : " vos vacances seront studieuses ". On a vu les résultats. Les producteurs de fruits et de légumes disent leur détresse tandis que de nombreuses familles renoncent à en consommer vu le prix à l'achat. Pendant ce temps, les grands groupes commerciaux -bénis par les coups de pub de Monsieur Sarkozy- se taillent sur leur dos et sur le nôtre des marges de plus de 20% pour les jouer en Bourse. Nous avons réagi en mettant en vente dans des cités populaires à prix coûtant des fruits grâce à la solidarité de producteurs, nous avons réagi en organisant pour des milliers de personnes des journées à la mer, nous avons été bousculés par la demande. Il y avait tant besoin d'agir. Oui, besoin d'agir.
Le gouvernement a des vacances studieuses, mais il ne fait rien face à la hausse du prix du pétrole, alors qu'il faudrait, ce n'est pas la révolution, rétablir la TIPP flottante pour préserver le pouvoir d'achat et la croissance. Il faut taxer les super profits des groupes pétroliers : 4 milliards d'euros pour Total en six mois !.
Le gouvernement a des vacances studieuses et des militants des droits de l'Homme de Calais sont menacés pour assistance à personne en danger et un homme et un enfant sont morts faute d'avoir pu régler la facture d'électricité.
On n'avait pas vu depuis très longtemps dans notre pays une politique de classe aussi dure. Le patronat se sent d'ailleurs tout permis. Plus besoin de faux-semblants. " Travaillez plus, gagnez moins, ou nous licencions, nous délocalisons ! ". C'est en ces propres termes que les salariés de Siemens, Bosch, Doux, Sediver, Ronzat, Kidshoes se sont entendus signifier en plein mois d'été qu'ils allaient devoir oublier les 35 heures, travailler plus et se serrer la ceinture ou perdre leur emploi. " Il est impossible de travailler en France ", a même déclaré le porte parole des actionnaires Perrier. Et bien contre ce chantage, j'ose dire : j'accuse ! J'accuse le gouvernement d'inaction, d'inaction complice et coupable. Monsieur Sarkozy, partisan de la tolérance zéro au Ministère de l'intérieur, est doux comme un agneau pour les gros au Ministère des finances. Et Monsieur Borloo, qui joue les angelots en nous parlant du social semble se laver les mains de ces problèmes. Pourtant le travail c'est bien sa compétence ? Faut-il le rappeler ? Les patrons ne sont pas au-dessus des lois. Le gouvernement doit faire respecter les lois de la République.
Mais la politique de la droite aujourd'hui, c'est pour cela, c'est se mettre aux ordres du patronat, et toujours pressurer le peuple. Les grands groupes français enregistrent des progressions records de leurs bénéfices : +62% pour Axa au premier semestre, +119% pour Eads... On parle de retour de la croissance, l'été nous indique qu'avec ce gouvernement, elle ne profitera ni au travail, ni à l'intérêt général mais au profit de quelques uns.
Cette politique n'est pas " maladroite " ou le fait " d'impotents ", comme je l'entends dire parfois à gauche. Elle est au contraire déterminée et répond à un projet bien précis : adapter la société française aux logiques ultra-libérales de la mondialisation capitaliste, du FMI, de l'OMC, de la commission européenne. Cette société " compétitive " qu'ils veulent fait de l'égalité une idée archaïque, de la fraternité un obstacle.
Ici, à Nîmes, au cur de ce quartier vivant et généreux, je sais que vous n'acceptez pas cette société où tout va à une petite minorité. Mais ce n'est pas facile de s'y opposer. On n'arrête pas de nous expliquer que des nouvelles régressions sociales sont obligatoires pour sauver le minimum. On n'arrête pas de nous démontrer que les luttes sont inefficaces. Ne les écoutons pas, ne nous décourageons pas. Déjà le gouvernement par vos luttes, par vos votes a été freiné dans son action dévastatrice.
Pour donner force à la résistance, à la riposte, pour construire un futur différent, les communistes vont prendre des initiatives populaires. Je veux ici en citer cinq.
D'abord le pouvoir d'achat, cela fait des années que les profits augmentent grâce à une insupportable pression sur les salaires. Nous sommes devenus, vous le vivez, un pays de bas salaires. 25% des salariés sont en dessous du SMIC avec le temps partiel, 60% des salariés ont moins de 1500 euros. Je vous propose d'exiger que soient versés immédiatement 300 euros à tous les ménages disposant de revenus faibles ou moyens. Cette mesure de soutien au pouvoir d'achat qui représente 5 milliards d'euros peut être financée par un prélèvement de 1,5% sur les revenus des placements financiers des entreprises et des banques et une taxation de 8% des prêts scandaleux que les banques font pour inciter les entreprises à délocaliser et à placer de l'argent aux Etats-Unis. Une grande pétition nationale afin de contraindre le gouvernement à prendre cette mesure pourrait démarrer ici, aujourd'hui si vous le voulez.
Dès aujourd'hui, je propose également d'engager toutes les forces possibles pour mettre hors la loi le chantage patronal aux délocalisations. Les parlementaires communistes ont déposé au printemps une proposition de loi visant à obliger les entreprises qui délocalisent à rembourser toutes les aides publiques perçues, et de taxer les réimportations provenant de ces délocalisations. Je vais immédiatement soumettre ces propositions à toutes les forces politiques progressistes européennes pour examiner sur quelles bases engager ensemble une campagne permettant de mettre fin au plan de l'Union européenne, à ces pratiques scandaleuses.
Dans les semaines qui viennent, nous allons continuer à développer partout les " comités de défense de la Sécu ". Et, avec les électriciens et les gaziers, les postiers, nous allons défendre site par site, emploi par emploi les services publics ; avec les élu-e-s régionaux et départementaux, nous nous opposerons à la casse des missions de l'Etat. Transports/lignes SNCF.
Enfin, et ce n'est pas une mince affaire, il faut mettre en échec le projet de Constitution européenne, qui vise à imposer pour longtemps aux peuples une véritable camisole ultralibérale. Avec ce traité, l'Europe sociale s'éloigne, l'Europe démocratique s'enlise, l'Europe de paix s'étouffe. Nous allons utiliser chaque jour dont nous disposons jusqu'au référendum, annoncé pour l'automne 2005, afin de faire gagner le non.
Certains vous disent que la victoire du " non " porterait un coup d'arrêt à la construction de l'Europe. Au contraire, faire gagner le non, c'est ouvrir la possibilité de construire un nouveau traité permettant le déploiement de politiques progressistes dans chaque pays. En fait, le Non, c'est le Oui à l'Europe sociale.
Car si les temps qui viennent doivent être des temps de résistance, ils doivent aussi permettre d'ouvrir un nouveau chemin à gauche. Comment ne pas évoquer l'actualité des cérémonies de la Libération. Un chemin qui change vraiment la vie, cette fois-ci. Est-ce possible ? Je suis sûre que parmi vous aujourd'hui certains en doutent. C'est certainement une des plus fortes victoires des tenants de l'ordre établi, le capitalisme, d'avoir fait croire aux peuples qu'il n'y avait rien d'autre à espérer. Pourtant les potentiels existent pour répondre aux attentes.
Il est de la responsabilité des partis de gauche de faire valoir d'autres projets de société, et d'autres solutions concrètes. C'est aussi leur responsabilité d'organiser enfin le grand débat populaire qui permette à chacun de se positionner, de construire. Faire reculer et battre la droite exige un rassemblement majoritaire à gauche. Or, ce n'est pas le cas aujourd'hui. Il y a à gauche des débats profonds et des désaccords qu'il faut réussir à dépasser : Europe, retraites, santé, emploi, répartition des richesses... François Hollande dit que l'alternance en 2007 est irréversible. Encore faudrait-il que la gauche soit efficace à résoudre vos problèmes, utile à recréer une dynamique de progrès.
En organisant dans tout le pays des forums ouverts à toutes et tous, à toutes les forces politiques de gauche, à toutes les organisations de progrès, à tous les citoyens, qui veulent y participer, les communistes ont durant les derniers mois essayé de donner un coup d'accélérateur au débat. Eh bien, nous allons poursuivre. Dans ces forums pourront se confronter les idées et se créer des rapprochements pour un véritable programme politique rompant enfin avec les logiques libérales. Réfléchissons, agissons ensemble.
Et pourquoi pas imaginer que dans chacun de ces forums programmes, se décide un car, une délégation pour se rassembler au printemps prochain, à plusieurs milliers venant de toute la France, pour faire le point du travail réalisé et repartir, forts de ce travail pour faire grossir le flot, porter l'audace à gauche de changer la vie et ainsi battre la droite. C'est cela pour moi une gauche populaire.
Pari fou, mais ambition nécessaire, il y a trop de souffrances, trop de colères accumulées, trop d'espoirs déçus, il est temps de mettre l'initiative populaire à ce niveau.
Il faut du tous ensemble et de l'audace dans les projets, il faut de la volonté et du courage politique.
Dans quelques semaines se tiendra en région parisienne la Fête de l'Humanité, un grand évènement populaire et citoyen qui rassemble chaque année des centaines de milliers de personnes. Je vous y invite, car ce sera un moment important de débat, d'initiative et d'espoir, une pierre blanche pour l'avenir.
Un mot pour finir. Comme vous, je suis les J.O. Belles images, beaux résultats, beaucoup d'émotion et de plaisir. En regardant la cérémonie d'ouverture, en voyant entrer la délégation des hommes et des femmes afghanes, en voyant enfin le sourire de ces femmes, je me suis dit que l'engagement, la mobilisation cela a donné des résultats.
En voyant entrer les délégations palestinienne et israélienne, je me suis dit que la mobilisation pour la paix devait se déployer sans relâche.
En voyant ces hommes et ces femmes de toute la planète réunis sur le stade, j'ai envie de crier ma colère devant tout acte antisémite, raciste, de dire " cela suffit ". On ne doit plus tolérer l'existence de groupe néonazi. L'heure est à la tolérance, au respect, au tous ensemble.
Oui, dans le monde, dans notre pays, je crois qu'on peut ensemble ouvrir une nouvelle page progressiste, si on se bat.
Je vous remercie.
(Source http://www.pcf.fr, le 31 août 2004)
Chers amis, chers camarades de Nîmes,
J'avais eu beaucoup de plaisir à venir à votre rencontre en juin dernier. Nos échanges avaient été pour moi mobilisateurs. Je me souviens des habitantes et des habitants de Valdegour, de leur souffrance comme de leur énergie. Je me souviens des salariés de Well en bagarre pour sauvegarder leurs emplois. Je voudrais également dire ma solidarité à celles et ceux de Perrier, de la verrerie du Languedoc, de nouveau placés devant un avenir incertain.
Je veux remercier Jean-Paul Boré et Alain Clary pour leur invitation et la force de leur engagement. Saluer Bernard Deschamps, Patrick Malavielle, Jean-Michel Suau.
C'est ici que j'ai choisi de prononcer ces quelques mots de rentrée, au milieu de cette vie, de ce marché populaire. La démarche surprendra. Elle témoigne de ce que je veux pour la politique : qu'elle sorte d'un cercle d'initiés, qu'elle retrouve son ancrage populaire, qu'elle reprenne vie sur la place publique.
La deuxième raison qui explique ce choix, c'est la volonté des communistes de faire entendre la voix des salariés. Ces salariés dont on conteste le travail, dont on presse les salaires, qui connaissent la précarité et le chômage, qui souffrent de la loi de l'argent dans un monde qui marche à l'envers, qui sont la cible de ce gouvernement de droite et de son compère le Medef.
Avec vous, j'ai envie de dire stop à tout cela. Dire qu'il est possible de faire autrement et de clouer le bec à ceux qui claironnent " Réformes, réformes " pour nous faire avaler la régression. Clouer le bec à ceux qui, au nom du réalisme, nous font accepter le moindre mal !
Ils veulent penser à notre place, choisir à notre place pour mieux nous exploiter et bien je vous propose aujourd'hui de les dessaisir de notre vie et de décider de la saisir ensemble pour construire le lendemain dont nous avons besoin.
Et pour commencer cette aventure nouvelle, il y a un parti qui est à votre disposition. Il y a un parti qui a envie qu'ensemble, avec nos différences, nous fassions bouger les choses. Il y a un parti, le PCF, qui combat les ravages du capitalisme et veut construire au quotidien, un monde de justice, de partage, de démocratie, de paix. Il est à vos côtés aujourd'hui, comme il l'a été hier.
Tout ce mois d'août, nous marquons l'anniversaire de la Libération de la France du joug nazi, de grandes heures de notre histoire. Elles ne furent possibles, vous le savez, que grâce à ceux et celles qui ont résisté, qui se sont soulevés et qui ont bâti avec le Conseil national de la Résistance des conquêtes sociales et démocratiques inégalées. Il est temps aujourd'hui, alors que cet héritage est dépecé sous la pression des nantis, des réacs, il est temps que notre peuple reprenne la main, que vous repreniez la main. Et c'est à cela que le Parti communiste veut travailler. Et c'est au nom de cela que nous ne renonçons pas à lutter pour une gauche qui réponde présent à tous ces défis pour changer vraiment la vie quotidienne. Les signes donnés lors des derniers grands rendez-vous politiques montrent que c'est attendu et que c'est possible. Il y a de multiples mobilisations dans de multiples formes, sur de multiples causes. Et personne ne m'empêchera de penser que cette richesse-là d'hommes et de femmes engagés auprès des autres et dans la société porte en elle des solutions, des forces qui permettront d'aller de l'avant. Les communistes en sont, nous avons envie avec eux, avec elles d'écrire de nouvelles pages progressistes, humanistes.
Et vraiment la politique du gouvernement ne peut que booster cette envie d'en découdre. Jean-Pierre Raffarin, à la sortie du Conseil des ministres, jeudi dernier, a lancé: " Au travail ". Quand on voit le résultat de son travail en juillet : - vote de la réforme de casse de l'assurance maladie ; passage en force de sa prétendue décentralisation c'est-à-dire l'éclatement du cadre républicain et la mise en concurrence des régions, des territoires, des citoyens ; privatisation d'EDF-GDF, élément clé de notre industrie, mais aussi du progrès social ; fermeture des bureaux de Poste qui assurent un service public de proximité... Oui, quand on voit ce bilan, on a envie de mettre Jean-Pierre Raffarin et son gouvernement en retraite anticipée sans passer par la case Sénat.
Jean-Pierre Raffarin a aussi dit à ses ministres : " vos vacances seront studieuses ". On a vu les résultats. Les producteurs de fruits et de légumes disent leur détresse tandis que de nombreuses familles renoncent à en consommer vu le prix à l'achat. Pendant ce temps, les grands groupes commerciaux -bénis par les coups de pub de Monsieur Sarkozy- se taillent sur leur dos et sur le nôtre des marges de plus de 20% pour les jouer en Bourse. Nous avons réagi en mettant en vente dans des cités populaires à prix coûtant des fruits grâce à la solidarité de producteurs, nous avons réagi en organisant pour des milliers de personnes des journées à la mer, nous avons été bousculés par la demande. Il y avait tant besoin d'agir. Oui, besoin d'agir.
Le gouvernement a des vacances studieuses, mais il ne fait rien face à la hausse du prix du pétrole, alors qu'il faudrait, ce n'est pas la révolution, rétablir la TIPP flottante pour préserver le pouvoir d'achat et la croissance. Il faut taxer les super profits des groupes pétroliers : 4 milliards d'euros pour Total en six mois !.
Le gouvernement a des vacances studieuses et des militants des droits de l'Homme de Calais sont menacés pour assistance à personne en danger et un homme et un enfant sont morts faute d'avoir pu régler la facture d'électricité.
On n'avait pas vu depuis très longtemps dans notre pays une politique de classe aussi dure. Le patronat se sent d'ailleurs tout permis. Plus besoin de faux-semblants. " Travaillez plus, gagnez moins, ou nous licencions, nous délocalisons ! ". C'est en ces propres termes que les salariés de Siemens, Bosch, Doux, Sediver, Ronzat, Kidshoes se sont entendus signifier en plein mois d'été qu'ils allaient devoir oublier les 35 heures, travailler plus et se serrer la ceinture ou perdre leur emploi. " Il est impossible de travailler en France ", a même déclaré le porte parole des actionnaires Perrier. Et bien contre ce chantage, j'ose dire : j'accuse ! J'accuse le gouvernement d'inaction, d'inaction complice et coupable. Monsieur Sarkozy, partisan de la tolérance zéro au Ministère de l'intérieur, est doux comme un agneau pour les gros au Ministère des finances. Et Monsieur Borloo, qui joue les angelots en nous parlant du social semble se laver les mains de ces problèmes. Pourtant le travail c'est bien sa compétence ? Faut-il le rappeler ? Les patrons ne sont pas au-dessus des lois. Le gouvernement doit faire respecter les lois de la République.
Mais la politique de la droite aujourd'hui, c'est pour cela, c'est se mettre aux ordres du patronat, et toujours pressurer le peuple. Les grands groupes français enregistrent des progressions records de leurs bénéfices : +62% pour Axa au premier semestre, +119% pour Eads... On parle de retour de la croissance, l'été nous indique qu'avec ce gouvernement, elle ne profitera ni au travail, ni à l'intérêt général mais au profit de quelques uns.
Cette politique n'est pas " maladroite " ou le fait " d'impotents ", comme je l'entends dire parfois à gauche. Elle est au contraire déterminée et répond à un projet bien précis : adapter la société française aux logiques ultra-libérales de la mondialisation capitaliste, du FMI, de l'OMC, de la commission européenne. Cette société " compétitive " qu'ils veulent fait de l'égalité une idée archaïque, de la fraternité un obstacle.
Ici, à Nîmes, au cur de ce quartier vivant et généreux, je sais que vous n'acceptez pas cette société où tout va à une petite minorité. Mais ce n'est pas facile de s'y opposer. On n'arrête pas de nous expliquer que des nouvelles régressions sociales sont obligatoires pour sauver le minimum. On n'arrête pas de nous démontrer que les luttes sont inefficaces. Ne les écoutons pas, ne nous décourageons pas. Déjà le gouvernement par vos luttes, par vos votes a été freiné dans son action dévastatrice.
Pour donner force à la résistance, à la riposte, pour construire un futur différent, les communistes vont prendre des initiatives populaires. Je veux ici en citer cinq.
D'abord le pouvoir d'achat, cela fait des années que les profits augmentent grâce à une insupportable pression sur les salaires. Nous sommes devenus, vous le vivez, un pays de bas salaires. 25% des salariés sont en dessous du SMIC avec le temps partiel, 60% des salariés ont moins de 1500 euros. Je vous propose d'exiger que soient versés immédiatement 300 euros à tous les ménages disposant de revenus faibles ou moyens. Cette mesure de soutien au pouvoir d'achat qui représente 5 milliards d'euros peut être financée par un prélèvement de 1,5% sur les revenus des placements financiers des entreprises et des banques et une taxation de 8% des prêts scandaleux que les banques font pour inciter les entreprises à délocaliser et à placer de l'argent aux Etats-Unis. Une grande pétition nationale afin de contraindre le gouvernement à prendre cette mesure pourrait démarrer ici, aujourd'hui si vous le voulez.
Dès aujourd'hui, je propose également d'engager toutes les forces possibles pour mettre hors la loi le chantage patronal aux délocalisations. Les parlementaires communistes ont déposé au printemps une proposition de loi visant à obliger les entreprises qui délocalisent à rembourser toutes les aides publiques perçues, et de taxer les réimportations provenant de ces délocalisations. Je vais immédiatement soumettre ces propositions à toutes les forces politiques progressistes européennes pour examiner sur quelles bases engager ensemble une campagne permettant de mettre fin au plan de l'Union européenne, à ces pratiques scandaleuses.
Dans les semaines qui viennent, nous allons continuer à développer partout les " comités de défense de la Sécu ". Et, avec les électriciens et les gaziers, les postiers, nous allons défendre site par site, emploi par emploi les services publics ; avec les élu-e-s régionaux et départementaux, nous nous opposerons à la casse des missions de l'Etat. Transports/lignes SNCF.
Enfin, et ce n'est pas une mince affaire, il faut mettre en échec le projet de Constitution européenne, qui vise à imposer pour longtemps aux peuples une véritable camisole ultralibérale. Avec ce traité, l'Europe sociale s'éloigne, l'Europe démocratique s'enlise, l'Europe de paix s'étouffe. Nous allons utiliser chaque jour dont nous disposons jusqu'au référendum, annoncé pour l'automne 2005, afin de faire gagner le non.
Certains vous disent que la victoire du " non " porterait un coup d'arrêt à la construction de l'Europe. Au contraire, faire gagner le non, c'est ouvrir la possibilité de construire un nouveau traité permettant le déploiement de politiques progressistes dans chaque pays. En fait, le Non, c'est le Oui à l'Europe sociale.
Car si les temps qui viennent doivent être des temps de résistance, ils doivent aussi permettre d'ouvrir un nouveau chemin à gauche. Comment ne pas évoquer l'actualité des cérémonies de la Libération. Un chemin qui change vraiment la vie, cette fois-ci. Est-ce possible ? Je suis sûre que parmi vous aujourd'hui certains en doutent. C'est certainement une des plus fortes victoires des tenants de l'ordre établi, le capitalisme, d'avoir fait croire aux peuples qu'il n'y avait rien d'autre à espérer. Pourtant les potentiels existent pour répondre aux attentes.
Il est de la responsabilité des partis de gauche de faire valoir d'autres projets de société, et d'autres solutions concrètes. C'est aussi leur responsabilité d'organiser enfin le grand débat populaire qui permette à chacun de se positionner, de construire. Faire reculer et battre la droite exige un rassemblement majoritaire à gauche. Or, ce n'est pas le cas aujourd'hui. Il y a à gauche des débats profonds et des désaccords qu'il faut réussir à dépasser : Europe, retraites, santé, emploi, répartition des richesses... François Hollande dit que l'alternance en 2007 est irréversible. Encore faudrait-il que la gauche soit efficace à résoudre vos problèmes, utile à recréer une dynamique de progrès.
En organisant dans tout le pays des forums ouverts à toutes et tous, à toutes les forces politiques de gauche, à toutes les organisations de progrès, à tous les citoyens, qui veulent y participer, les communistes ont durant les derniers mois essayé de donner un coup d'accélérateur au débat. Eh bien, nous allons poursuivre. Dans ces forums pourront se confronter les idées et se créer des rapprochements pour un véritable programme politique rompant enfin avec les logiques libérales. Réfléchissons, agissons ensemble.
Et pourquoi pas imaginer que dans chacun de ces forums programmes, se décide un car, une délégation pour se rassembler au printemps prochain, à plusieurs milliers venant de toute la France, pour faire le point du travail réalisé et repartir, forts de ce travail pour faire grossir le flot, porter l'audace à gauche de changer la vie et ainsi battre la droite. C'est cela pour moi une gauche populaire.
Pari fou, mais ambition nécessaire, il y a trop de souffrances, trop de colères accumulées, trop d'espoirs déçus, il est temps de mettre l'initiative populaire à ce niveau.
Il faut du tous ensemble et de l'audace dans les projets, il faut de la volonté et du courage politique.
Dans quelques semaines se tiendra en région parisienne la Fête de l'Humanité, un grand évènement populaire et citoyen qui rassemble chaque année des centaines de milliers de personnes. Je vous y invite, car ce sera un moment important de débat, d'initiative et d'espoir, une pierre blanche pour l'avenir.
Un mot pour finir. Comme vous, je suis les J.O. Belles images, beaux résultats, beaucoup d'émotion et de plaisir. En regardant la cérémonie d'ouverture, en voyant entrer la délégation des hommes et des femmes afghanes, en voyant enfin le sourire de ces femmes, je me suis dit que l'engagement, la mobilisation cela a donné des résultats.
En voyant entrer les délégations palestinienne et israélienne, je me suis dit que la mobilisation pour la paix devait se déployer sans relâche.
En voyant ces hommes et ces femmes de toute la planète réunis sur le stade, j'ai envie de crier ma colère devant tout acte antisémite, raciste, de dire " cela suffit ". On ne doit plus tolérer l'existence de groupe néonazi. L'heure est à la tolérance, au respect, au tous ensemble.
Oui, dans le monde, dans notre pays, je crois qu'on peut ensemble ouvrir une nouvelle page progressiste, si on se bat.
Je vous remercie.
(Source http://www.pcf.fr, le 31 août 2004)