Texte intégral
A. Hausser-. On va parler budget avec vous, mais tout d'abord...
- "Je croyais qu'on allait parler de France-Grèce, mais je me suis trompé alors."
Non, mais... et de l'UMP aussi. France-Grèce, ce n'est pas ma spécialité. Mais en revanche, le budget... Hier, il y a eu un débat d'orientation budgétaire à l'Assemblée, mais ce matin, Les Echos publie une note confidentielle, comme toujours, à propos de l'assurance maladie. Et que dit cette note : en somme, le débat - le plan Douste - ne sert à rien, finalement, le déficit ne sera pas résorbé.
- "Juste une précision : hier, il y a eu le débat d'orientation budgétaire à l'Assemblée nationale..."
On va y venir.
- "... et puis un plan très important pour la consommation et l'investissement, que N. Sarkozy a présenté...."
Mais parlons plutôt de l'assurance maladie qui sera débattu la semaine prochaine.
- "L'assurance maladie, dit en effet ce matin, dans un grand quotidien économique de qualité, Les Echos, une note qui paraît, c'est un point de vue de quelques technocrates que je ne connais pas..."
Et vous ne l'aviez pas lue cette note ?
- "Ecoutez, je peux vous dire comment s'est fait ce plan. Nous ne voulons pas faire le xième, vingtième plan de réforme. Donc, c'est un plan complet qui change les comportements. Tout au long de l'élaboration de ce plan, par P. Douste-Blazy, sous l'autorité du Premier ministre, N. Sarkozy et moi avons été associés à toutes les réunions pour mettre au point ce plan. Qui a donc notre accord. Il comprend, d'un côté, 10 milliards de mesures d'économies et 5 milliards de recettes nouvelles. Il a notre accord, il a été présenté en Conseil des ministres par P. Douste-Blazy, il va être discuté pendant l'été au Parlement, c'est un excellent plan. Si quelques technocrates de-ci de-là n'y croient pas, cela ne m'étonne pas. La technocratie n'aide jamais quand on fait de la politique."
Vous dites : c'est un un plan qui est destiné à changer les comportements, donc vous admettez implicitement que ce plan ne va peut-être pas permettre de résorber les déficits ?
- "Nous sommes tout à fait en phase, N. Sarkozy et moi, au ministère des Finances et au ministère du Budget, avec le plan de P. Douste-Blazy. C'est un plan intelligent parce qu'il touche au comportement : c'est tout ce qui concerne le passage par le généraliste, la carte Vitale, le dossier médical, des mesures également financières, nous en avons proposées, en particulier nous avons proposé qu'il y ait une mesure qui fasse qu'on laisse 1 euro quand on consulte, pour responsabiliser le patient. Ce sont des mesures sur lesquelles le ministère des Finances était tout à fait d'accord avec
P. Douste-Blazy. Donc, nous sommes naturellement, je suis naturellement, en accord avec ce plan. Si de-ci de-là, quelques-uns en doutent, cela ne m'étonne pas. Parce que, pour une fois que c'est un plan sérieux, on est habitués depuis 20 ans à des plans qui durent six mois, un an. Qu'il y ait un doute quelque part, c'est assez légitime."
Vous parlez de N. Sarkozy, cela veut dire que vous pensiez que je le soupçonnais d'épouser les thèses des technocrates, c'est cela ?
- "Pas du tout. Je voulais vous dire simplement que ce plan était un plan de P. Douste-Blazy, sous l'autorité du Premier ministre, présenté en Conseil des ministres devant le président de la République, et élaboré par
P. Douste-Blazy, X. Bertrand - qui a fait un travail tout à fait remarquable -, et puis l'ensemble des ministres du Gouvernement, dont naturellement ceux qui ont en charge les Finances et le Budget."
Bon, on verra. L'avenir le dira. Au chapitre des nouvelles moyennes, il y a aussi le problème des impôts : la baisse pourrait ne pas se poursuivre, ne sera pas poursuivie en 2005 ?
- "Le président de la République a été très clair : l'objectif dans notre pays, c'est de baisser les prélèvements obligatoires. Si vous me permettez l'expression, elle est un peu triviale, "nous crevons" en France sous le poids des prélèvements obligatoires qui sont les plus importants au monde."
Est-ce que nous crevons davantage sous le poids des prélèvements obligatoires ou sous le poids des déficits qui sont... ?
- "Cela revient au même. Parce que les prélèvements obligatoires, c'est parfois, par exemple, de l'impôts qui sert à financer la dette qui représente, par exemple, près de 14 % de notre budget, environ 40 milliards d'euros. Donc, nous sommes trop élevés en prélèvements obligatoires, donc nous devons baisser l'impôt. C'était un engagement de campagne du président de la République, nous y avons travaillé puisque F. Mer et A. Lambert ont baissé l'impôt de 10 % sous l'autorité du Premier ministre depuis maintenant trois ans. Et donc cette année, nous nous trouvons devant la question : faut-il continuer ou pas ? Nous le verrons le moment venu. N. Sarkozy a hier rappelé, à juste titre, comme je l'ai fait souvent, que la situation budgétaire était très difficile, nous avons une loi de Finances très difficile à faire pour tenir nos objectifs européens de maintenir notre déficit au-dessous de 3 % du PIB, et de maintenir la dépense publique. Donc, si nous voulons maintenir la dépense publique, on peut se dire qu'il sera, en effet, difficile de baisser les impôts. Mais comme je l'ai rappelé, c'est un choix politique, ce choix sera fait en accord avec N. Sarkozy et moi-même par le Premier ministre et le président de la République le moment venu, dans la procédure budgétaire."
Le moment venu, ça veut dire en fonction de la croissance ?
- "Non, cela veut dire en fonction des recettes. Par exemple, nous avons..."
Ce qui est un peu pareil...
- "Oui mais les recettes sont diverses. Par exemple, nous avons d'excellentes recettes de TVA, parce qu'en ce moment, les Français consomment, ce sont les soldes, etc. Par exemple, nous ne savons pas encore quelle est la recette de l'impôt sur les sociétés, une recette importante qui est connue traditionnellement à la fin du mois de juin et en juillet. Donc, il faut attendre d'avoir toutes les données. Vous savez que la loi de Finances en France, "le budget" comme l'appellent les Français, se fait en deux temps : la partie dépenses, qui se fabrique actuellement, ce sont les négociations entre les ministres ; et la partie recettes, qui se fait plus tard dans l'été, et qui est présentée aux Français au début du mois de septembre."
A propos de dépenses, J. Chirac a dit hier que les priorités, notamment celles concernant la défense, seraient maintenues, au grand dam de N. Sarkozy. Peut-être qu'au vôtre, aussi ?
- "La loi de programmation militaire, c'est un des socles de l'action gouvernementale. Nous avons trouvé une défense dans laquelle les avions n'avaient plus de kérosène pour voler ; les chars n'avaient plus de gasoil pour rouler, les canons ne marchaient pas. Donc, nous faisons des efforts. Et naturellement, ces efforts seront pris en compte dans la loi de Finances et le Président a raison de rappeler que c'est un objectif essentiel pour notre pays d'assurer sa sécurité. On entendait tout à l'heure, ce Français mort à Haïti. Nous avons des centaines de soldats à Haïti ; à tout moment, nous sommes capables, nous devons intervenir à travers le monde. Et nous devons donc maintenir nos efforts de défense."
Vous prenez soin de toujours associer votre action à celle du ministre des Finances...
- "Oui, cela me paraît légitime, nous travaillons ensemble."
Bien sûr, bien sûr, mais laissez-moi vous poser ma question : pensez-vous qu'il va choisir de rester à Bercy plutôt que de prendre, de briguer la présidence de l'UMP ?
- "C'est une question qu'il faut que vous lui posiez. Ce que j'observe actuellement dans le débat de l'UMP, nous allons nous réunir en Conseil national dans l'Essonne, ce week-end, autour d'A. Juppé. C'est que d'abord, A. Juppé est là. Et toutes ces spéculations..."
Plus pour longtemps.
- "...et toutes ces spéculations sur les noms sont un peu inconvenantes au moment où A. Juppé préside l'UMP. Et je vais tout à l'heure à Bordeaux, dans sa ville, où il exerce des grandes fonctions politiques républicaines. Donc, pour l'instant, A. Juppé est là."
Mais lui-même dit qu'il s'en va à la mi-juillet, donc...
- "Bon, alors imaginons qu'il s'en aille : il y aura d'abord une première règle à avoir, c'est celle de la démocratie, il faudra que nous ayons des élections démocratiques. Ensuite, comme toutes les grandes formations politiques - j'observe le PS, l'UDF, etc. - il faudra qu'il y ait des dirigeants, et un dirigeant, notre président, qui s'y consacre à plein temps. Donc, c'est la deuxième nécessité. Et la troisième, c'est de savoir, la question institutionnelle : peut-il y avoir dans un gouvernement de la République deux hiérarchies ? Un Premier ministre, qui est le Premier ministre de la France et le chef de la majorité ? Et un autre ministre qui serait le chef du parti principal - je ne parle pas pour N. Sarkozy, cela s'applique à tout autre - qui serait le chef principal du parti de la majorité ? Il y a là une question institutionnelle qui mérite d'être posée et que les Français se poseront."
Pour vous, c'est une question institutionnelle ? Parce que, finalement, on a vu, cela a été rappelé, le Premier ministre qui était chef de parti... Je veux dire, ce n'est pas une incongruité ?
- "Dans la Vème République, si vous observez le fonctionnement de la Vème République au fil des années - c'est devenu le cas du général De Gaulle -, le chef du gouvernement est le patron de la majorité. C'est autour de lui que se font les choses, c'est normal, il est nommé par le président de la République, il a sa légitimité qui vient de la majorité parlementaire. Donc, il est le chef de cette majorité. Donc, on peut tout à fait concevoir, à partir du moment où la majorité est organisée à 95 % autour d'une grande formation politique qu'est l'UMP, que le Premier ministre soit en même temps le chef du parti majoritaire. Sauf que J.-P. Raffarin a expliqué qu'il ne bougerait dans tout cela que s'il y avait un drame, que si l'unité de l'UMP était mise en cause. Donc, cette question pour l'instant n'est pas posée. Il reste à savoir si un ministre important du Gouvernement est candidat, et est élu, la manière dont les deux fonctions peuvent s'exercer simultanément. Et c'est là-dessus que se pose la question institutionnelle que je viens de rappeler et qui est dans l'esprit des Français tout naturellement."
Politiquement, peut-on se priver d'un ministre populaire ?
- "Attendez, si vous me demandez si N. Sarkozy est un bon ministre ? Ma réponse est oui. Si vous me demandez s'il est aimé par les militants de l'UMP ? Ma réponse est oui. Maintenant, savoir si tout cela doit conduire au fait que le ministre de l'Economie et des Finances est le seul candidat naturel possible à la tête de l'UMP ? C'est une question qui sera réglée par les militants de l'UMP et qui ne m'appartient de régler, et qui se règlera d'ailleurs de la manière la plus démocratique qui soit."
Il y a beaucoup de candidats ?
- "Je pense qu'il y aura beaucoup de candidats, parce que, regardez déjà, N. Dupont-Aignan, qui incarne le souverainiste, s'est exprimé ; C. Boutin, qui incarne une aile sociale, avec des idées très très fortes, pas majoritaire mais qui existent dans notre formation. Donc, il y aura naturellement plusieurs candidats. Nous ne sommes pas un parti albanais. Ce sera vraiment la démocratie, c'est cela que nous attendons de l'UMP que nous souhaitons construire, que nous allons faire ce week-end dans l'Essonne."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 29 juin 2004)
- "Je croyais qu'on allait parler de France-Grèce, mais je me suis trompé alors."
Non, mais... et de l'UMP aussi. France-Grèce, ce n'est pas ma spécialité. Mais en revanche, le budget... Hier, il y a eu un débat d'orientation budgétaire à l'Assemblée, mais ce matin, Les Echos publie une note confidentielle, comme toujours, à propos de l'assurance maladie. Et que dit cette note : en somme, le débat - le plan Douste - ne sert à rien, finalement, le déficit ne sera pas résorbé.
- "Juste une précision : hier, il y a eu le débat d'orientation budgétaire à l'Assemblée nationale..."
On va y venir.
- "... et puis un plan très important pour la consommation et l'investissement, que N. Sarkozy a présenté...."
Mais parlons plutôt de l'assurance maladie qui sera débattu la semaine prochaine.
- "L'assurance maladie, dit en effet ce matin, dans un grand quotidien économique de qualité, Les Echos, une note qui paraît, c'est un point de vue de quelques technocrates que je ne connais pas..."
Et vous ne l'aviez pas lue cette note ?
- "Ecoutez, je peux vous dire comment s'est fait ce plan. Nous ne voulons pas faire le xième, vingtième plan de réforme. Donc, c'est un plan complet qui change les comportements. Tout au long de l'élaboration de ce plan, par P. Douste-Blazy, sous l'autorité du Premier ministre, N. Sarkozy et moi avons été associés à toutes les réunions pour mettre au point ce plan. Qui a donc notre accord. Il comprend, d'un côté, 10 milliards de mesures d'économies et 5 milliards de recettes nouvelles. Il a notre accord, il a été présenté en Conseil des ministres par P. Douste-Blazy, il va être discuté pendant l'été au Parlement, c'est un excellent plan. Si quelques technocrates de-ci de-là n'y croient pas, cela ne m'étonne pas. La technocratie n'aide jamais quand on fait de la politique."
Vous dites : c'est un un plan qui est destiné à changer les comportements, donc vous admettez implicitement que ce plan ne va peut-être pas permettre de résorber les déficits ?
- "Nous sommes tout à fait en phase, N. Sarkozy et moi, au ministère des Finances et au ministère du Budget, avec le plan de P. Douste-Blazy. C'est un plan intelligent parce qu'il touche au comportement : c'est tout ce qui concerne le passage par le généraliste, la carte Vitale, le dossier médical, des mesures également financières, nous en avons proposées, en particulier nous avons proposé qu'il y ait une mesure qui fasse qu'on laisse 1 euro quand on consulte, pour responsabiliser le patient. Ce sont des mesures sur lesquelles le ministère des Finances était tout à fait d'accord avec
P. Douste-Blazy. Donc, nous sommes naturellement, je suis naturellement, en accord avec ce plan. Si de-ci de-là, quelques-uns en doutent, cela ne m'étonne pas. Parce que, pour une fois que c'est un plan sérieux, on est habitués depuis 20 ans à des plans qui durent six mois, un an. Qu'il y ait un doute quelque part, c'est assez légitime."
Vous parlez de N. Sarkozy, cela veut dire que vous pensiez que je le soupçonnais d'épouser les thèses des technocrates, c'est cela ?
- "Pas du tout. Je voulais vous dire simplement que ce plan était un plan de P. Douste-Blazy, sous l'autorité du Premier ministre, présenté en Conseil des ministres devant le président de la République, et élaboré par
P. Douste-Blazy, X. Bertrand - qui a fait un travail tout à fait remarquable -, et puis l'ensemble des ministres du Gouvernement, dont naturellement ceux qui ont en charge les Finances et le Budget."
Bon, on verra. L'avenir le dira. Au chapitre des nouvelles moyennes, il y a aussi le problème des impôts : la baisse pourrait ne pas se poursuivre, ne sera pas poursuivie en 2005 ?
- "Le président de la République a été très clair : l'objectif dans notre pays, c'est de baisser les prélèvements obligatoires. Si vous me permettez l'expression, elle est un peu triviale, "nous crevons" en France sous le poids des prélèvements obligatoires qui sont les plus importants au monde."
Est-ce que nous crevons davantage sous le poids des prélèvements obligatoires ou sous le poids des déficits qui sont... ?
- "Cela revient au même. Parce que les prélèvements obligatoires, c'est parfois, par exemple, de l'impôts qui sert à financer la dette qui représente, par exemple, près de 14 % de notre budget, environ 40 milliards d'euros. Donc, nous sommes trop élevés en prélèvements obligatoires, donc nous devons baisser l'impôt. C'était un engagement de campagne du président de la République, nous y avons travaillé puisque F. Mer et A. Lambert ont baissé l'impôt de 10 % sous l'autorité du Premier ministre depuis maintenant trois ans. Et donc cette année, nous nous trouvons devant la question : faut-il continuer ou pas ? Nous le verrons le moment venu. N. Sarkozy a hier rappelé, à juste titre, comme je l'ai fait souvent, que la situation budgétaire était très difficile, nous avons une loi de Finances très difficile à faire pour tenir nos objectifs européens de maintenir notre déficit au-dessous de 3 % du PIB, et de maintenir la dépense publique. Donc, si nous voulons maintenir la dépense publique, on peut se dire qu'il sera, en effet, difficile de baisser les impôts. Mais comme je l'ai rappelé, c'est un choix politique, ce choix sera fait en accord avec N. Sarkozy et moi-même par le Premier ministre et le président de la République le moment venu, dans la procédure budgétaire."
Le moment venu, ça veut dire en fonction de la croissance ?
- "Non, cela veut dire en fonction des recettes. Par exemple, nous avons..."
Ce qui est un peu pareil...
- "Oui mais les recettes sont diverses. Par exemple, nous avons d'excellentes recettes de TVA, parce qu'en ce moment, les Français consomment, ce sont les soldes, etc. Par exemple, nous ne savons pas encore quelle est la recette de l'impôt sur les sociétés, une recette importante qui est connue traditionnellement à la fin du mois de juin et en juillet. Donc, il faut attendre d'avoir toutes les données. Vous savez que la loi de Finances en France, "le budget" comme l'appellent les Français, se fait en deux temps : la partie dépenses, qui se fabrique actuellement, ce sont les négociations entre les ministres ; et la partie recettes, qui se fait plus tard dans l'été, et qui est présentée aux Français au début du mois de septembre."
A propos de dépenses, J. Chirac a dit hier que les priorités, notamment celles concernant la défense, seraient maintenues, au grand dam de N. Sarkozy. Peut-être qu'au vôtre, aussi ?
- "La loi de programmation militaire, c'est un des socles de l'action gouvernementale. Nous avons trouvé une défense dans laquelle les avions n'avaient plus de kérosène pour voler ; les chars n'avaient plus de gasoil pour rouler, les canons ne marchaient pas. Donc, nous faisons des efforts. Et naturellement, ces efforts seront pris en compte dans la loi de Finances et le Président a raison de rappeler que c'est un objectif essentiel pour notre pays d'assurer sa sécurité. On entendait tout à l'heure, ce Français mort à Haïti. Nous avons des centaines de soldats à Haïti ; à tout moment, nous sommes capables, nous devons intervenir à travers le monde. Et nous devons donc maintenir nos efforts de défense."
Vous prenez soin de toujours associer votre action à celle du ministre des Finances...
- "Oui, cela me paraît légitime, nous travaillons ensemble."
Bien sûr, bien sûr, mais laissez-moi vous poser ma question : pensez-vous qu'il va choisir de rester à Bercy plutôt que de prendre, de briguer la présidence de l'UMP ?
- "C'est une question qu'il faut que vous lui posiez. Ce que j'observe actuellement dans le débat de l'UMP, nous allons nous réunir en Conseil national dans l'Essonne, ce week-end, autour d'A. Juppé. C'est que d'abord, A. Juppé est là. Et toutes ces spéculations..."
Plus pour longtemps.
- "...et toutes ces spéculations sur les noms sont un peu inconvenantes au moment où A. Juppé préside l'UMP. Et je vais tout à l'heure à Bordeaux, dans sa ville, où il exerce des grandes fonctions politiques républicaines. Donc, pour l'instant, A. Juppé est là."
Mais lui-même dit qu'il s'en va à la mi-juillet, donc...
- "Bon, alors imaginons qu'il s'en aille : il y aura d'abord une première règle à avoir, c'est celle de la démocratie, il faudra que nous ayons des élections démocratiques. Ensuite, comme toutes les grandes formations politiques - j'observe le PS, l'UDF, etc. - il faudra qu'il y ait des dirigeants, et un dirigeant, notre président, qui s'y consacre à plein temps. Donc, c'est la deuxième nécessité. Et la troisième, c'est de savoir, la question institutionnelle : peut-il y avoir dans un gouvernement de la République deux hiérarchies ? Un Premier ministre, qui est le Premier ministre de la France et le chef de la majorité ? Et un autre ministre qui serait le chef du parti principal - je ne parle pas pour N. Sarkozy, cela s'applique à tout autre - qui serait le chef principal du parti de la majorité ? Il y a là une question institutionnelle qui mérite d'être posée et que les Français se poseront."
Pour vous, c'est une question institutionnelle ? Parce que, finalement, on a vu, cela a été rappelé, le Premier ministre qui était chef de parti... Je veux dire, ce n'est pas une incongruité ?
- "Dans la Vème République, si vous observez le fonctionnement de la Vème République au fil des années - c'est devenu le cas du général De Gaulle -, le chef du gouvernement est le patron de la majorité. C'est autour de lui que se font les choses, c'est normal, il est nommé par le président de la République, il a sa légitimité qui vient de la majorité parlementaire. Donc, il est le chef de cette majorité. Donc, on peut tout à fait concevoir, à partir du moment où la majorité est organisée à 95 % autour d'une grande formation politique qu'est l'UMP, que le Premier ministre soit en même temps le chef du parti majoritaire. Sauf que J.-P. Raffarin a expliqué qu'il ne bougerait dans tout cela que s'il y avait un drame, que si l'unité de l'UMP était mise en cause. Donc, cette question pour l'instant n'est pas posée. Il reste à savoir si un ministre important du Gouvernement est candidat, et est élu, la manière dont les deux fonctions peuvent s'exercer simultanément. Et c'est là-dessus que se pose la question institutionnelle que je viens de rappeler et qui est dans l'esprit des Français tout naturellement."
Politiquement, peut-on se priver d'un ministre populaire ?
- "Attendez, si vous me demandez si N. Sarkozy est un bon ministre ? Ma réponse est oui. Si vous me demandez s'il est aimé par les militants de l'UMP ? Ma réponse est oui. Maintenant, savoir si tout cela doit conduire au fait que le ministre de l'Economie et des Finances est le seul candidat naturel possible à la tête de l'UMP ? C'est une question qui sera réglée par les militants de l'UMP et qui ne m'appartient de régler, et qui se règlera d'ailleurs de la manière la plus démocratique qui soit."
Il y a beaucoup de candidats ?
- "Je pense qu'il y aura beaucoup de candidats, parce que, regardez déjà, N. Dupont-Aignan, qui incarne le souverainiste, s'est exprimé ; C. Boutin, qui incarne une aile sociale, avec des idées très très fortes, pas majoritaire mais qui existent dans notre formation. Donc, il y aura naturellement plusieurs candidats. Nous ne sommes pas un parti albanais. Ce sera vraiment la démocratie, c'est cela que nous attendons de l'UMP que nous souhaitons construire, que nous allons faire ce week-end dans l'Essonne."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 29 juin 2004)