Texte intégral
(Point de presse conjoint à New Delhi le 27 octobre 2004) :
Mesdames et Messieurs, bonjour à chacune et chacun d'entre vous, merci de votre attention à cette visite en Inde, que je commence à New Delhi et qui est, en effet, depuis sept mois maintenant que je suis à la tête de la diplomatie française, ma première visite bilatérale dans cette région. Je voudrais remercier publiquement M. Natwar Singh de la qualité et de l'amitié de son accueil et dire que je suis très heureux de cette occasion de rencontrer également tout à l'heure le Premier ministre, le ministre de la Défense et un certain nombre de personnalités du monde politique, culturel et de la société civile, du secteur privé de votre pays.
Je suis le ministre des Affaires étrangères de la France, je suis aussi un ministre européen - j'ai d'ailleurs passé cinq années comme l'un des vingt commissaires européens au sein de l'exécutif de l'Union européenne - et je suis très heureux que notre relation s'inscrive aussi dans ce cadre qui va être confirmé par le prochain sommet entre l'Union européenne et l'Inde, au début du mois de novembre et qui devrait confirmer une coopération dans des domaines stratégiques et importants : je pense à Galiléo et à d'autres secteurs économiques. J'ai été heureux de vous entendre, Monsieur le Ministre, appeler les entreprises françaises à participer au développement de votre pays. Si l'Union européenne est votre premier partenaire, la France, à l'intérieur de ce partenariat, peut faire, et doit faire, des progrès dans les échanges, en exportations et en investissements. Voilà pourquoi nous sommes attentifs à la qualité et au nombre de ces partenariats d'entreprises.
Dans le domaine économique, beaucoup de grandes sociétés françaises sont prêtes, discutent, font des propositions, pour participer à votre propre développement, dans beaucoup de domaines économiques, qu'il s'agisse des transports, de l'énergie, notamment de la construction, tout comme dans certains domaines de la coopération militaire également.
Mesdames et Messieurs, les relations entre deux pays comme les nôtres ne sont pas faites seulement d'économie, elles sont faites aussi d'échanges entre les hommes, entre les citoyens, c'est une dimension à laquelle je tiens beaucoup et elles sont faites aussi de dialogues politiques. Je veux confirmer le choix qu'a fait la France qui a été, ici, publiquement annoncé par le président de la République française en 1998 : l'Inde, par son histoire, par sa taille, par sa population, par sa volonté politique, par l'idée qu'elle se fait du développement du monde, l'Inde est, pour l'Europe et pour la France, un vrai partenaire stratégique. C'est également le sens qu'il faut donner à cette visite que j'accomplis aujourd'hui.
Nous vivons dans un monde où il y a beaucoup de défis à relever, celui du développement, celui de la santé, celui de la sécurité. Nous vivons dans un monde, on le voit tous les jours, qui est dangereux et instable, qui a besoin de davantage d'équilibre. Nos deux pays doivent travailler, notamment dans le cadre des Nations unies, à cet équilibre et à ce respect mutuel entre les différentes civilisations, les différentes cultures et les différents continents.
C'est la raison pour laquelle, nous pensons, Mesdames et Messieurs, nous, Français, que l'Inde a sa place et que nous avons besoin de l'Inde à l'intérieur du Conseil de sécurité des Nations Unies pour participer à ce dialogue politique au sommet, puisque les Nations unies sont le lieu du débat mondial et du droit international.
C'est ce que j'ai dit à la tribune des Nations unies au mois de septembre et c'est ce que le président de la République a répété à Hong Kong il y a quelques jours, au cours de sa visite en Chine. En attendant cette réforme du Conseil de sécurité des Nations unies qui vise à lui donner davantage de représentativité, nous avons des raisons de dialoguer ensemble et d'avoir des positions communes sur les grands enjeux internationaux, les grands conflits.
Ce matin, nous avons longuement parlé du conflit irakien et de ce conflit central qu'est le conflit israélo-palestinien.
Je veux enfin dire que je suis très heureux de cette convergence de vues entre l'Inde et la France car nous avons, chacun à notre manière, participé à la promotion de principes très importants pour les hommes et les femmes, les valeurs universelles de démocratie, d'équité, de tolérance, d'ouverture, qui ont trouvé une grande partie de leurs racines, ici, dans votre pays. C'est aussi la raison pour laquelle j'ai voulu ce matin, au cours de ma première étape en arrivant à New Delhi, aller me recueillir dans ce lieu très émouvant du Mémorial du Mahatma Gandhi, à Tis January Marg.
Q - (au sujet d'accusations par la presse s'agissant des conditions de la vente d'avions de chasse par une entreprise française)
R - J'ai entendu parler de cette affaire, notamment en lisant les journaux ce matin. Très franchement, comme c'est une affaire qui a fait l'objet de décisions ou d'instruction par la justice, je ne vais pas faire de commentaire. J'en ferai d'autant moins que les autorités indiennes ont elles-mêmes, très clairement et très publiquement, dit ce qu'il en était en prenant position. Il y a des discussions de nature différente et diverse en matière de coopération militaire, en matière de coopération énergétique ou de transport et je ne peux pas aller dans les détails de ces discussions qui ont eu lieu entre les entreprises françaises et les autorités indiennes. Nous avons un partenariat stratégique global sur le long terme, y compris dans le domaine de la Défense et cela inclue naturellement des ventes d'armement.
Q - (au sujet d'un contrat portant sur la construction de sous-marins et de la vente de missiles)
R - Ma visite ne fait que commencer, nous avons évoqué ce point tout à l'heure avec le ministre des Affaires étrangères, je lui ai dit l'importance prioritaire que nous attachions à ce contrat qui a fait l'objet de beaucoup de discussions et d'engagements. Que ce soit, aujourd'hui, demain ou peut-être un peu plus tard, j'espère en effet que cette discussion très importante pour nous pourra aboutir.
Q - (au sujet de la loi encadrant le port de signes religieux ostensibles dans les écoles publiques)
R - Je vous remercie beaucoup de me poser cette question, Monsieur, parce que je sais qu'elle fait débat dans votre pays et je suis heureux de cette occasion ici de répondre à certaines interrogations. Il faut que les choses soient très claires, le port du turban sikh n'est pas interdit en France et les sikhs sont absolument libres de pratiquer leur religion dans mon pays. Ils peuvent le faire librement, comme on peut le voir dans les rues, dans la quasi-totalité des lieux où vit la société française ; mon pays est un Etat laïque, un Etat républicain et les lois de la République protègent également pour tous la liberté de conscience et de religion. Ce qui est en cause, c'est le fait que, dans le cadre de la loi républicaine qui est une loi très ancienne en France, qui date de 1905, nous avons fixé plus récemment certaines modalités et notamment dans les seuls lieux qui sont les écoles, les collèges et les lycées publics, pour éviter les signes religieux ostensibles ; voilà ce qui est en cause aujourd'hui, dans ces seuls lieux-là, écoles, collèges et lycées publics. En dehors de ces quelques lieux-là qui sont importants pour notre République, la liberté est totale dans mon pays de porter des signes religieux, partout, n'importe où dans la société française.
Nous avons un certain nombre de difficultés d'application avec telle ou telle communauté, notamment la communauté sikhe avec laquelle nous avons une relation très confiante et très positive actuellement pour, dans le dialogue, trouver des solutions aux quelques problèmes qui se posent dans l'application de cette loi. Nous continuerons ce dialogue en bonne intelligence avec la communauté sikhe.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 novembre 2004)
(Allocution pour l'inauguration de l'Alliance française de New Delhi à New Delhi le 27 octobre 2004) :
Madame la Ministre en chef,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames, Messieurs,
Si je peux me permettre, je vais prononcer quelques mots dans ma langue maternelle ici au cur de l'Alliance française, pour vous dire que je suis très touché, très heureux Madame, de vous trouver ici, comme M. le Premier ministre français, M. Jean-Pierre Raffarin, avait été très heureux avec vous-même de poser la première pierre de cette maison il y a presque deux ans.
Je suis arrivé à New Delhi ce matin même, très tôt, c'est ma deuxième étape de cette visite officielle dans votre pays. J'ai tenu d'ailleurs, avant de rejoindre l'Alliance française, à aller me recueillir dans ce lieu très émouvant à la mémoire du Mahatma Gandhi et ainsi maintenant je me retrouve parmi-vous, Mesdames et Messieurs, pour un moment, je ne sais pas s'il est historique, en tout cas il est important pour la langue française et son apprentissage, pour l'amitié franco-allemande et l'unité européenne et pour les relations entre nos deux pays.
Je me trouvais hier soir avec le président de la République, M. Chirac, le chancelier fédéral allemand, M. Schroeder et mon collègue ministre des Affaires étrangères allemand Joschka Fischer, Monsieur l'Ambassadeur, et nous sommes convenus, en effet, comme vous le disiez tout à l'heure, de mutualiser davantage nos moyens, nos consulats, nos ambassades, d'agir davantage ensemble et je vous le dis d'ailleurs en saluant les ambassadeurs européens du Luxembourg et d'autres pays qui sont ici, de manière ouverte, de telle sorte que, ici et partout dans le monde autant que nous le pourrons, autant que nous le voudrons, l'Union européenne montre un visage commun, pas unique mais commun, et des locaux modernes, ouverts, agréables, fonctionnels comme ceux que nous avons visités ce matin ici.
Comme je vous parlais de bâtiments modernes, agréables, ce sera l'occasion pour moi de dire un mot très sincère et très personnel de félicitations à Stéphane Paumier qui est l'architecte qui a réalisé ce bâtiment en ayant, Monsieur le Directeur, le souci, au-delà des cours, d'ouvrir ce lieu à des expositions, à la culture, Shanta Rao qui expose ses oeuvres en est le témoignage. Je trouve très important que de tels lieux soient non seulement des lieux d'apprentissage, de travail, mais aussi des lieux de rencontre, d'émotion avec toutes les formes de culture qui peuvent être exposées ici.
Nous sommes heureux que le Deutsher Akademischer Austauch Bienst soit ici dans les murs de l'Alliance française qui compte par ailleurs 5.000 étudiants, 5.000 jeunes Indiens, parfois des moins jeunes, qui viennent apprendre le français ; c'est pour moi l'occasion de dire l'attachement que nous avons à cette francophonie. Là aussi, je veux saluer plusieurs ambassadeurs, l'ambassadeur du Sénégal qui est ici, et d'autres responsables, attachés, quels que soient leur pays et leur nationalité, à cette langue qui n'est pas seulement la langue des Français, c'est une langue que nous avons en partage, à laquelle nous tenons et c'est une des langues les plus apprises ici en Inde, je le sais, après l'anglais ; c'est la preuve aussi de ce monde multipolaire, ce monde reposant sur des continents, des cultures, des langues qui se respectent, qui dialoguent entre elles de manière équilibrée. Et voilà aussi, je signale que, au-delà des murs de ce nouveau bâtiment, de beaux murs, il y a ce que cela représente, et l'idée que nous nous faisons de l'organisation de notre monde et du respect des peuples et des cultures.
Merci beaucoup Madame la Ministre en chef de votre présence personnelle ici, nous y sommes très sensibles, merci à toute l'équipe de l'Alliance française représentée par son secrétaire général de Paris, Jean-Claude Jacq, merci très sincèrement au professeur Talwar qui s'est exprimé, à votre ancien président, M. Khosla et à toute l'équipe de l'Alliance française, une équipe permanente, Monsieur le Directeur, avec les soixante personnes qui vous entourent. Et je souhaite désormais, dans ces nouveaux locaux, bon travail aux nombreux Indiens qui voudront ainsi mieux connaître la francophonie, la langue française et contribuer à ce rapprochement durable auquel je veux aussi apporter ma pierre en venant ici, aujourd'hui, entre l'Inde et la France. Merci à tous.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 novembre 2004)
(Toast prononcé lors du dîner offert à l'Ambassade de France à New Delhi le 27 octobre 2004) :
Monsieur le Ministre,
Mesdames, Messieurs
Je voudrais, Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs, dans la diversité de vos engagements, de vos responsabilités politiques, parlementaires, du secteur privé, d'associations, du monde de la culture, vous dire combien je suis touché que vous ayez accepté de partager ce repas, avec notre ambassadeur et son épouse, et un certain nombre de membres de ma délégation.
J'ai commencé, ce matin, ma première visite officielle bilatérale dans cette grande région où vous vous trouvez et j'ai choisi de la faire en Inde que je connais si mal et que j'ai envie de connaître, de comprendre et d'aimer. C'est l'objet des entretiens que j'ai eus, ou de ce dîner ce soir, des relations et des contacts que j'aurai demain et je sais que cela ne suffira pas au ministre français des Affaires étrangères pour comprendre et connaître et les hommes et les femmes qui la dirigent ou qui l'animent, mais je prendrai ce temps, compte tenu de la relation particulière qui se construit au fil des ans entre notre pays et le vôtre et qui doit se renforcer entre l'Union européenne et votre pays.
Ce matin, ma toute première étape de cette journée a été de me recueillir sur les lieux où le Mahatma Gandhi a été assassiné. Je réfléchissais à l'immense parcours que votre pays, depuis notamment son indépendance, a franchi, à la place qu'il a gagnée, l'audience, le respect qu'il a construits dans le monde entier, au fil des générations et au fil des dirigeants de votre pays. Je pense à la place et au rôle qui doivent être les vôtres davantage encore, et nous le souhaitons et nous le soutenons, au Conseil de sécurité des Nations unies, c'est d'ailleurs un des thèmes que j'ai évoqué dans mon propre discours lors de l'Assemblée générale des Nations unies. Mais je pense qu'il y a aussi des raisons pour que vous connaissiez mieux l'Europe qui se construit, non pas seulement comme un grand marché avec une monnaie, mais aussi, progressivement, comme un acteur politique avec une politique de défense, une politique étrangère commune, un acteur qui veut dialoguer, c'est ce que l'on appelle le monde multipolaire, avec d'autres pôles, notamment avec celui que vous constituez, parce que vous êtes à vous seul un Etat continent, ce que nous ne sommes pas, avec les Etats-Unis, la Russie, la Chine d'autres encore. Voilà pourquoi vous devez bien comprendre le sens de cette visite, de ma première visite, ici, à New Delhi.
Depuis la visite en 1998 du président de la République, Jacques Chirac, au nom duquel je vous apporte le salut très cordial de mon pays, depuis l'idée de ce dialogue stratégique entre l'Inde et la France, nous avons construit des ponts, établi des partenariats, bien sûr dans le domaine de l'économie, de la défense, de l'énergie, mais il y a encore d'autres projets, d'autres besoins.
Le Premier ministre, tout à l'heure, me disait comment il entendait soutenir la croissance de votre pays, qui est plus forte d'ailleurs qu'en Europe, en faisant appel à l'investissement étranger. Nous sommes prêts à jouer ce rôle de partenaire, à tenir notre place dans le progrès économique, social de votre pays. Mais, en même temps, nous voulons le faire sur cette base de partenariat à laquelle je vais travailler.
Dans nos relations il y a de la politique et de l'économie, mais j'attache autant d'importance aux relations entre les hommes et les femmes de part et d'autre et je pense qu'il est très important de donner à l'action diplomatique, je le disais aux ambassadeurs que je recevais au mois d'août à Paris, au-delà de sa dimension politique, une dimension humaine et citoyenne. Voilà pourquoi j'ai été également heureux ce matin de pouvoir inaugurer la nouvelle Alliance française - à laquelle certains d'entre vous ont contribué largement et je vous en remercie - qui est un lieu de diffusion d'une langue qui n'est pas seulement la langue des Français, qui est une langue que nous avons en partage avec beaucoup de peuples, un lieu de culture, de débats - nous le verrons demain -, d'expositions et, également, un lieu où nous avons accueilli en partie nos partenaires et amis allemands.
Voilà, je voudrais vous dire le souci que j'aurai, au-delà de tout le reste, de développer cette dimension humaine, politique, personnelle. C'est aussi pourquoi j'avais été très heureux que vous acceptiez cette invitation. Je vais vous proposer de lever notre verre à la force, au succès de votre grand pays et à la force et au succès de la relation entre l'Inde et la France.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 novembre 2004)
Mesdames et Messieurs, bonjour à chacune et chacun d'entre vous, merci de votre attention à cette visite en Inde, que je commence à New Delhi et qui est, en effet, depuis sept mois maintenant que je suis à la tête de la diplomatie française, ma première visite bilatérale dans cette région. Je voudrais remercier publiquement M. Natwar Singh de la qualité et de l'amitié de son accueil et dire que je suis très heureux de cette occasion de rencontrer également tout à l'heure le Premier ministre, le ministre de la Défense et un certain nombre de personnalités du monde politique, culturel et de la société civile, du secteur privé de votre pays.
Je suis le ministre des Affaires étrangères de la France, je suis aussi un ministre européen - j'ai d'ailleurs passé cinq années comme l'un des vingt commissaires européens au sein de l'exécutif de l'Union européenne - et je suis très heureux que notre relation s'inscrive aussi dans ce cadre qui va être confirmé par le prochain sommet entre l'Union européenne et l'Inde, au début du mois de novembre et qui devrait confirmer une coopération dans des domaines stratégiques et importants : je pense à Galiléo et à d'autres secteurs économiques. J'ai été heureux de vous entendre, Monsieur le Ministre, appeler les entreprises françaises à participer au développement de votre pays. Si l'Union européenne est votre premier partenaire, la France, à l'intérieur de ce partenariat, peut faire, et doit faire, des progrès dans les échanges, en exportations et en investissements. Voilà pourquoi nous sommes attentifs à la qualité et au nombre de ces partenariats d'entreprises.
Dans le domaine économique, beaucoup de grandes sociétés françaises sont prêtes, discutent, font des propositions, pour participer à votre propre développement, dans beaucoup de domaines économiques, qu'il s'agisse des transports, de l'énergie, notamment de la construction, tout comme dans certains domaines de la coopération militaire également.
Mesdames et Messieurs, les relations entre deux pays comme les nôtres ne sont pas faites seulement d'économie, elles sont faites aussi d'échanges entre les hommes, entre les citoyens, c'est une dimension à laquelle je tiens beaucoup et elles sont faites aussi de dialogues politiques. Je veux confirmer le choix qu'a fait la France qui a été, ici, publiquement annoncé par le président de la République française en 1998 : l'Inde, par son histoire, par sa taille, par sa population, par sa volonté politique, par l'idée qu'elle se fait du développement du monde, l'Inde est, pour l'Europe et pour la France, un vrai partenaire stratégique. C'est également le sens qu'il faut donner à cette visite que j'accomplis aujourd'hui.
Nous vivons dans un monde où il y a beaucoup de défis à relever, celui du développement, celui de la santé, celui de la sécurité. Nous vivons dans un monde, on le voit tous les jours, qui est dangereux et instable, qui a besoin de davantage d'équilibre. Nos deux pays doivent travailler, notamment dans le cadre des Nations unies, à cet équilibre et à ce respect mutuel entre les différentes civilisations, les différentes cultures et les différents continents.
C'est la raison pour laquelle, nous pensons, Mesdames et Messieurs, nous, Français, que l'Inde a sa place et que nous avons besoin de l'Inde à l'intérieur du Conseil de sécurité des Nations Unies pour participer à ce dialogue politique au sommet, puisque les Nations unies sont le lieu du débat mondial et du droit international.
C'est ce que j'ai dit à la tribune des Nations unies au mois de septembre et c'est ce que le président de la République a répété à Hong Kong il y a quelques jours, au cours de sa visite en Chine. En attendant cette réforme du Conseil de sécurité des Nations unies qui vise à lui donner davantage de représentativité, nous avons des raisons de dialoguer ensemble et d'avoir des positions communes sur les grands enjeux internationaux, les grands conflits.
Ce matin, nous avons longuement parlé du conflit irakien et de ce conflit central qu'est le conflit israélo-palestinien.
Je veux enfin dire que je suis très heureux de cette convergence de vues entre l'Inde et la France car nous avons, chacun à notre manière, participé à la promotion de principes très importants pour les hommes et les femmes, les valeurs universelles de démocratie, d'équité, de tolérance, d'ouverture, qui ont trouvé une grande partie de leurs racines, ici, dans votre pays. C'est aussi la raison pour laquelle j'ai voulu ce matin, au cours de ma première étape en arrivant à New Delhi, aller me recueillir dans ce lieu très émouvant du Mémorial du Mahatma Gandhi, à Tis January Marg.
Q - (au sujet d'accusations par la presse s'agissant des conditions de la vente d'avions de chasse par une entreprise française)
R - J'ai entendu parler de cette affaire, notamment en lisant les journaux ce matin. Très franchement, comme c'est une affaire qui a fait l'objet de décisions ou d'instruction par la justice, je ne vais pas faire de commentaire. J'en ferai d'autant moins que les autorités indiennes ont elles-mêmes, très clairement et très publiquement, dit ce qu'il en était en prenant position. Il y a des discussions de nature différente et diverse en matière de coopération militaire, en matière de coopération énergétique ou de transport et je ne peux pas aller dans les détails de ces discussions qui ont eu lieu entre les entreprises françaises et les autorités indiennes. Nous avons un partenariat stratégique global sur le long terme, y compris dans le domaine de la Défense et cela inclue naturellement des ventes d'armement.
Q - (au sujet d'un contrat portant sur la construction de sous-marins et de la vente de missiles)
R - Ma visite ne fait que commencer, nous avons évoqué ce point tout à l'heure avec le ministre des Affaires étrangères, je lui ai dit l'importance prioritaire que nous attachions à ce contrat qui a fait l'objet de beaucoup de discussions et d'engagements. Que ce soit, aujourd'hui, demain ou peut-être un peu plus tard, j'espère en effet que cette discussion très importante pour nous pourra aboutir.
Q - (au sujet de la loi encadrant le port de signes religieux ostensibles dans les écoles publiques)
R - Je vous remercie beaucoup de me poser cette question, Monsieur, parce que je sais qu'elle fait débat dans votre pays et je suis heureux de cette occasion ici de répondre à certaines interrogations. Il faut que les choses soient très claires, le port du turban sikh n'est pas interdit en France et les sikhs sont absolument libres de pratiquer leur religion dans mon pays. Ils peuvent le faire librement, comme on peut le voir dans les rues, dans la quasi-totalité des lieux où vit la société française ; mon pays est un Etat laïque, un Etat républicain et les lois de la République protègent également pour tous la liberté de conscience et de religion. Ce qui est en cause, c'est le fait que, dans le cadre de la loi républicaine qui est une loi très ancienne en France, qui date de 1905, nous avons fixé plus récemment certaines modalités et notamment dans les seuls lieux qui sont les écoles, les collèges et les lycées publics, pour éviter les signes religieux ostensibles ; voilà ce qui est en cause aujourd'hui, dans ces seuls lieux-là, écoles, collèges et lycées publics. En dehors de ces quelques lieux-là qui sont importants pour notre République, la liberté est totale dans mon pays de porter des signes religieux, partout, n'importe où dans la société française.
Nous avons un certain nombre de difficultés d'application avec telle ou telle communauté, notamment la communauté sikhe avec laquelle nous avons une relation très confiante et très positive actuellement pour, dans le dialogue, trouver des solutions aux quelques problèmes qui se posent dans l'application de cette loi. Nous continuerons ce dialogue en bonne intelligence avec la communauté sikhe.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 novembre 2004)
(Allocution pour l'inauguration de l'Alliance française de New Delhi à New Delhi le 27 octobre 2004) :
Madame la Ministre en chef,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames, Messieurs,
Si je peux me permettre, je vais prononcer quelques mots dans ma langue maternelle ici au cur de l'Alliance française, pour vous dire que je suis très touché, très heureux Madame, de vous trouver ici, comme M. le Premier ministre français, M. Jean-Pierre Raffarin, avait été très heureux avec vous-même de poser la première pierre de cette maison il y a presque deux ans.
Je suis arrivé à New Delhi ce matin même, très tôt, c'est ma deuxième étape de cette visite officielle dans votre pays. J'ai tenu d'ailleurs, avant de rejoindre l'Alliance française, à aller me recueillir dans ce lieu très émouvant à la mémoire du Mahatma Gandhi et ainsi maintenant je me retrouve parmi-vous, Mesdames et Messieurs, pour un moment, je ne sais pas s'il est historique, en tout cas il est important pour la langue française et son apprentissage, pour l'amitié franco-allemande et l'unité européenne et pour les relations entre nos deux pays.
Je me trouvais hier soir avec le président de la République, M. Chirac, le chancelier fédéral allemand, M. Schroeder et mon collègue ministre des Affaires étrangères allemand Joschka Fischer, Monsieur l'Ambassadeur, et nous sommes convenus, en effet, comme vous le disiez tout à l'heure, de mutualiser davantage nos moyens, nos consulats, nos ambassades, d'agir davantage ensemble et je vous le dis d'ailleurs en saluant les ambassadeurs européens du Luxembourg et d'autres pays qui sont ici, de manière ouverte, de telle sorte que, ici et partout dans le monde autant que nous le pourrons, autant que nous le voudrons, l'Union européenne montre un visage commun, pas unique mais commun, et des locaux modernes, ouverts, agréables, fonctionnels comme ceux que nous avons visités ce matin ici.
Comme je vous parlais de bâtiments modernes, agréables, ce sera l'occasion pour moi de dire un mot très sincère et très personnel de félicitations à Stéphane Paumier qui est l'architecte qui a réalisé ce bâtiment en ayant, Monsieur le Directeur, le souci, au-delà des cours, d'ouvrir ce lieu à des expositions, à la culture, Shanta Rao qui expose ses oeuvres en est le témoignage. Je trouve très important que de tels lieux soient non seulement des lieux d'apprentissage, de travail, mais aussi des lieux de rencontre, d'émotion avec toutes les formes de culture qui peuvent être exposées ici.
Nous sommes heureux que le Deutsher Akademischer Austauch Bienst soit ici dans les murs de l'Alliance française qui compte par ailleurs 5.000 étudiants, 5.000 jeunes Indiens, parfois des moins jeunes, qui viennent apprendre le français ; c'est pour moi l'occasion de dire l'attachement que nous avons à cette francophonie. Là aussi, je veux saluer plusieurs ambassadeurs, l'ambassadeur du Sénégal qui est ici, et d'autres responsables, attachés, quels que soient leur pays et leur nationalité, à cette langue qui n'est pas seulement la langue des Français, c'est une langue que nous avons en partage, à laquelle nous tenons et c'est une des langues les plus apprises ici en Inde, je le sais, après l'anglais ; c'est la preuve aussi de ce monde multipolaire, ce monde reposant sur des continents, des cultures, des langues qui se respectent, qui dialoguent entre elles de manière équilibrée. Et voilà aussi, je signale que, au-delà des murs de ce nouveau bâtiment, de beaux murs, il y a ce que cela représente, et l'idée que nous nous faisons de l'organisation de notre monde et du respect des peuples et des cultures.
Merci beaucoup Madame la Ministre en chef de votre présence personnelle ici, nous y sommes très sensibles, merci à toute l'équipe de l'Alliance française représentée par son secrétaire général de Paris, Jean-Claude Jacq, merci très sincèrement au professeur Talwar qui s'est exprimé, à votre ancien président, M. Khosla et à toute l'équipe de l'Alliance française, une équipe permanente, Monsieur le Directeur, avec les soixante personnes qui vous entourent. Et je souhaite désormais, dans ces nouveaux locaux, bon travail aux nombreux Indiens qui voudront ainsi mieux connaître la francophonie, la langue française et contribuer à ce rapprochement durable auquel je veux aussi apporter ma pierre en venant ici, aujourd'hui, entre l'Inde et la France. Merci à tous.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 novembre 2004)
(Toast prononcé lors du dîner offert à l'Ambassade de France à New Delhi le 27 octobre 2004) :
Monsieur le Ministre,
Mesdames, Messieurs
Je voudrais, Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs, dans la diversité de vos engagements, de vos responsabilités politiques, parlementaires, du secteur privé, d'associations, du monde de la culture, vous dire combien je suis touché que vous ayez accepté de partager ce repas, avec notre ambassadeur et son épouse, et un certain nombre de membres de ma délégation.
J'ai commencé, ce matin, ma première visite officielle bilatérale dans cette grande région où vous vous trouvez et j'ai choisi de la faire en Inde que je connais si mal et que j'ai envie de connaître, de comprendre et d'aimer. C'est l'objet des entretiens que j'ai eus, ou de ce dîner ce soir, des relations et des contacts que j'aurai demain et je sais que cela ne suffira pas au ministre français des Affaires étrangères pour comprendre et connaître et les hommes et les femmes qui la dirigent ou qui l'animent, mais je prendrai ce temps, compte tenu de la relation particulière qui se construit au fil des ans entre notre pays et le vôtre et qui doit se renforcer entre l'Union européenne et votre pays.
Ce matin, ma toute première étape de cette journée a été de me recueillir sur les lieux où le Mahatma Gandhi a été assassiné. Je réfléchissais à l'immense parcours que votre pays, depuis notamment son indépendance, a franchi, à la place qu'il a gagnée, l'audience, le respect qu'il a construits dans le monde entier, au fil des générations et au fil des dirigeants de votre pays. Je pense à la place et au rôle qui doivent être les vôtres davantage encore, et nous le souhaitons et nous le soutenons, au Conseil de sécurité des Nations unies, c'est d'ailleurs un des thèmes que j'ai évoqué dans mon propre discours lors de l'Assemblée générale des Nations unies. Mais je pense qu'il y a aussi des raisons pour que vous connaissiez mieux l'Europe qui se construit, non pas seulement comme un grand marché avec une monnaie, mais aussi, progressivement, comme un acteur politique avec une politique de défense, une politique étrangère commune, un acteur qui veut dialoguer, c'est ce que l'on appelle le monde multipolaire, avec d'autres pôles, notamment avec celui que vous constituez, parce que vous êtes à vous seul un Etat continent, ce que nous ne sommes pas, avec les Etats-Unis, la Russie, la Chine d'autres encore. Voilà pourquoi vous devez bien comprendre le sens de cette visite, de ma première visite, ici, à New Delhi.
Depuis la visite en 1998 du président de la République, Jacques Chirac, au nom duquel je vous apporte le salut très cordial de mon pays, depuis l'idée de ce dialogue stratégique entre l'Inde et la France, nous avons construit des ponts, établi des partenariats, bien sûr dans le domaine de l'économie, de la défense, de l'énergie, mais il y a encore d'autres projets, d'autres besoins.
Le Premier ministre, tout à l'heure, me disait comment il entendait soutenir la croissance de votre pays, qui est plus forte d'ailleurs qu'en Europe, en faisant appel à l'investissement étranger. Nous sommes prêts à jouer ce rôle de partenaire, à tenir notre place dans le progrès économique, social de votre pays. Mais, en même temps, nous voulons le faire sur cette base de partenariat à laquelle je vais travailler.
Dans nos relations il y a de la politique et de l'économie, mais j'attache autant d'importance aux relations entre les hommes et les femmes de part et d'autre et je pense qu'il est très important de donner à l'action diplomatique, je le disais aux ambassadeurs que je recevais au mois d'août à Paris, au-delà de sa dimension politique, une dimension humaine et citoyenne. Voilà pourquoi j'ai été également heureux ce matin de pouvoir inaugurer la nouvelle Alliance française - à laquelle certains d'entre vous ont contribué largement et je vous en remercie - qui est un lieu de diffusion d'une langue qui n'est pas seulement la langue des Français, qui est une langue que nous avons en partage avec beaucoup de peuples, un lieu de culture, de débats - nous le verrons demain -, d'expositions et, également, un lieu où nous avons accueilli en partie nos partenaires et amis allemands.
Voilà, je voudrais vous dire le souci que j'aurai, au-delà de tout le reste, de développer cette dimension humaine, politique, personnelle. C'est aussi pourquoi j'avais été très heureux que vous acceptiez cette invitation. Je vais vous proposer de lever notre verre à la force, au succès de votre grand pays et à la force et au succès de la relation entre l'Inde et la France.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 novembre 2004)