Déclaration de Mme Claudie Haigneré, ministre déléguée aux affaires européennes, lors d'un point de presse conjoint avec M. Yiannis Valinakis, secrétaire d'Etat grec aux affaires européennes, sur les relations franco-grecques, les Jeux olympiques d'Athènes, la question de la réunification de Chypre et la perspective d'une adhésion de la Turquie à l'Union européenne, à Athènes le 8 juin 2004.

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Circonstance : Voyage à Athènes, le 8 juin 2004

Texte intégral

J'aimerais tout particulièrement remercier Monsieur le Ministre Valinakis parce que nous avons eu un entretien très dense et très amical, et un déjeuner formidable avec une vue absolument somptueuse sur Athènes, où j'ai eu beaucoup de plaisir à me retrouver avec vous aujourd'hui. C'est donc ma première visite officielle en Grèce comme ministre en charge des Affaires européennes, et elle intervient à un moment particulièrement important, vous le savez, pour l'Union européenne. Et cette longue tradition qu'a soulignée Monsieur le Ministre, d'amitié et de coopération dans de nombreux domaines, nous est très utile pour renforcer nos liens parce que je crois que nous avons, sur beaucoup de sujets, une vision très proche de ce qu'est l'Europe dans toutes ses composantes. Une Europe politique qui puisse s'exprimer, qui puisse agir, décider, pour les citoyens et avec les citoyens.
Je remercie Monsieur le Ministre d'avoir rappelé que chaque citoyen européen doit se mobiliser pour les élections qui ont lieu cette semaine et nous avons porté ce message en commun.
Vous le savez, l'élargissement nécessite effectivement d'avoir des outils efficaces pour faire fonctionner une Europe à vingt-cinq, et je crois qu'il y a une volonté politique de l'ensemble des États membres, en tout cas nous l'avons réaffirmé très fortement, de la Grèce et de la France, pour aboutir au prochain Conseil européen, les 17 et 18 juin, à un accord politique sur le projet de traité constitutionnel. Donc, nous avons longuement parlé, dans un dialogue très ouvert, des points de convergence et des points qui nécessitent encore réflexion et consensus. Nous partageons en tout cas la même conception de l'Europe, une Europe ambitieuse, et il faut parvenir à lui donner les outils pour continuer d'avancer.
Nous avons aussi évoqué le devenir de l'Europe, ses contours, nous avons évoqué les nouveaux entrants qui s'approchent à grands pas, la Bulgarie, la Roumanie. Nous avons parlé de la Turquie. Nous avons, mais je pense que vous aurez des questions, parlé de Chypre. J'étais très heureuse d'entendre l'analyse de M. Valinakis au sujet des Balkans, région que la Grèce connaît bien. Je crois que pour construire une Europe qui ait des valeurs, qui puisse progresser et avoir le poids et l'ambition que nous demandons, il faut que chaque partenaire se connaisse bien et c'était un grand plaisir que de pouvoir le faire avec Yiannis Valinakis aujourd'hui.
Et bien évidemment, en étant à Athènes à quelques semaines d'un grand événement international, avant que vous ne me posiez la question, je voulais vous dire à quel point je suis impressionnée par tout ce que la Grèce a réalisé pour accueillir les Jeux olympiques, un grand moment d'amitié international, mais qui demande beaucoup d'attention et de vigilance. Je voulais souhaiter au gouvernement grec, comme à tous ceux qui sont vos correspondants, à qui vous transmettrez le message, tous nos voeux de réussite pour cet immense événement.
Q - La première question que j'adresse à tous les deux, concerne les discussions au sein du Conseil de sécurité sur Chypre : est-ce qu'il existe des craintes, des réserves en ce qui concerne les nouvelles résolutions qui pourraient être adoptées et qui pourraient être contraires aux résolutions précédentes et constituer en quelque sorte une reconnaissance de la partie occupée de Chypre ? La deuxième question que j'adresse à Madame la Ministre porte sur les Jeux olympiques, et ce que pense votre gouvernement et l'opinion publique française : est-ce que la Grèce est prête pour les Jeux olympiques ? Est-ce que nous aurons la sécurité pendant les Jeux olympiques ou est-ce qu'il y a encore des réserves ?
R - Concernant les Jeux olympiques, j'ai dit qu'il s'agissait d'un événement majeur très attendu. Nous en avons parlé, je suis impressionnée par la qualité des réalisations, je suis sûre que cela sera un grand succès. Nous avons, bien sûr, abordé l'aspect de la sécurité, parce que chacun y est sensible, et je sais à quel point toutes les équipes gouvernementales ont été mobilisées, non seulement ici, mais en partenariat, avec ceux qui ont cette expertise dans le domaine de la sécurité. On ne pourra jamais atteindre un risque zéro, mais cela a vraiment été une préoccupation majeure, pour les autorités grecques et je suis tout à fait convaincue que ces Jeux seront un immense succès.
En ce qui concerne la première question sur Chypre, c'est vrai que l'Union européenne aurait souhaité pouvoir accueillir une île de Chypre unie au 1er mai 2004. Nous avons donc exprimé notre déception que cela n'ait pas été possible. En tout cas nous partageons la voix unanime de l'ensemble des États membres de l'Union européenne, visant à dire qu'il faut se donner les moyens d'éviter l'isolement de la partie Nord de l'île. Vous savez que la Commission européenne doit faire des propositions pour éviter justement cet isolement tout en conservant l'objectif de réunification. La réflexion européenne en est là, et c'est avec ce regard là et cette écoute que nous continuerons à travailler.
Q - La question posée était sur une éventuelle nouvelle résolution du Conseil de sécurité qui irait à l'encontre des résolutions du passé.
R - Les discussions viennent à peine de commencer au Conseil de sécurité, vous le savez, après le rapport du Secrétaire général, mais je désirais exprimer la position de l'Union européenne, avec ce regard vers le développement économique et cet objectif de réunification.
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Q - Madame la Ministre, je voudrais savoir ce que vous pensez du soutien de la Grèce à la candidature de la Turquie à l'Union européenne et, s'il en existe, des points de divergence ou de convergence entre la France et la Grèce à ce sujet.
R - Puisque vous représentez les médias français, je pense que vous avez bien suivi la réponse du président de la République lors de sa conférence de presse du 29 avril au sujet de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Vous savez bien sûr qu'en France c'est un sujet très sensible. Vous savez que nous attendons le rapport de la Commission européenne d'ici à la fin du mois d'octobre, qui fera le point d'avancement de la Turquie vers le respect des critères politiques de Copenhague, ceux qui sont exigés pour l'ensemble des pays candidats. Bien évidemment d'ici la fin de l'année, toutes ces réformes, ces étapes qui ont été franchies avec courage, avec volonté, avec détermination par le gouvernement turc, nous demanderons qu'elles se poursuivent encore plus loin et qu'elles soient mises en oeuvre concrètement. Cet élément de respect des critères qui est exigé pour envisager le début des négociations d'adhésion, nous y sommes très attachés, je crois que c'est normal, cette exigence nous l'avons eue pour chaque pays candidat. Nous avons évoqué cela avec le ministre. Nous sommes tout à fait d'accord sur ces éléments, nous sommes d'accord aussi pour dire que la Turquie a une vocation européenne et cela a été clairement affirmé par le président de la République. Comme l'a dit Monsieur le Président de la République "aujourd'hui tout n'est pas encore prêt", et l'adhésion de la Turquie, Michel Barnier l'a dit également, et je le reprends aujourd'hui parce que nous sommes à quelques jours d'un enjeu électoral, c'est que cela n'est pas pour aujourd'hui, pour le dimanche 13 juin en particulier. Alors certains en font un enjeu électoral mais ce ne doit pas être le cas.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 juin 2004)