Texte intégral
Q- Le résultat des élections sénatoriales, pas de bouleversements majeurs, un léger rééquilibrage en faveur de la gauche, et tous les ministres du Gouvernement qui s'étaient présentés élus, dont le Premier ministre. Peut-on considérer que, pour le Premier ministre et pour le Gouvernement, dont on dit parfois qu'il est affaibli, c'est un viatique ?
R- Je ne sais pas si c'est un viatique, mais en tout cas, par rapport aux déroutes qui étaient annoncées, c'est plutôt un beau résultat pour la majorité. Dans ma région, en Rhône-Alpes, nous faisons un excellent score, en Haute-Savoie, dans le Rhône, dans ma Savoie natale, où mon ami J.-P. Vial a été réélu au premier tour. Donc, pour nous, ce sont plutôt de bons résultats et je suis assez... je regarde avec beaucoup de sympathie, par exemple, l'arrivée de madame Voynet au Sénat, qui est très anti-institutionnelle dans tous ses propos et son comportement, et qui quitte le Jura. Je l'ai entendue dire une fois qu'elle était très enracinée dans la circonscription dans laquelle elle a été battue, à Dole,
Q-A droite comme à gauche...
R- Oui, mais quand on donne des leçons de morale et de "politique autrement", de "politique différente", comme on dit de "démocratie participative", je trouve assez savoureux de se retrouver au Sénat parce qu'on a été placé en tête de liste.
Q-Etes-vous, vous, partisan pour l'élection du président du Sénat, qui va devenir le deuxième personnage de l'Etat, qu'il y ait des primaires au sein de l'UMP ?
R- C'est une décision qui appartient aux Sénateurs. J'ai cru comprendre qu'il y aurait un choix qui serait effectué au sein du groupe UMP au Sénat, de la même manière d'ailleurs que cela se fait au sein du groupe UMP à l'Assemblée nationale. Il n'y a là rien que de très normal.
Q-Il y a deux candidats, en tout cas peut-être trois demain. Il y a en tout cas, C. Poncelet, le président sortant...
R- Qui a beaucoup redynamisé le Sénat d'ailleurs.
Q-... qui a 76 ans, qui avait promis de ne pas faire plus de deux mandats. Lui aussi peut se contredire comme madame Voynet, puisqu'il en sollicite un troisième. Et puis A. Lambert qui est l'ancien ministre du Budget, qui, lui, a 57 ou 58 ans je crois.
R- Qui a été très bien réélu dans l'Orne.
Q-Seriez-vous plutôt partisan d'un renouvellement, vous, de l'extérieur, bien sûr ce n'est pas vous qui votez, mais ... ?
R- C'est le choix des sénateurs. C. Poncelet...
Q-Rénover l'image du Sénat...
R- C. Poncelet fait un super parcours au Sénat depuis qu'il a été élu d'ailleurs à la surprise générale. Et c'est aux sénateurs de décider.
Q-Venons-en à la loi Galland : hier soir, sur notre antenne, N. Sarkozy n'a pas exclu de réformer la loi Galland dans les prochaines semaines après qu'il aura eu le rapport de G. Canivet. Est-ce votre point de vue alors même que les agriculteurs, eux, disent : surtout ne touchons pas à la loi Galland ?
R- Je crois que la question n'est pas loi Galland ou pas loi Galland. On attend tous avec beaucoup d'impatience les résultats de la commission Canivet que N. Sarkozy a eu l'intelligence et la volonté politique de mettre en place, parce qu'il est évident, notamment pour les prix agricoles, qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Parce que, quand on voit le prix qui est payé au producteur et le prix qui est servi au consommateur, on se dit qu'il y a un partage inéquitable de la marge...
Q-Si ça ne va pas, les agriculteurs disent que, précisément, c'est parce que le Gouvernement ne fait pas respecter la loi Galland avec cette manière de la contourner grâce aux marges arrière.
R- Il y a la question des marges arrière, il y a la question de ce que l'on appelle "les coefficients multiplicateurs", qui ne sont pas dans la loi Galland aujourd'hui, mais qui font partie des pistes de travail de la Commission Canivet. Mais nous sommes là, sur des sujets, je crois, extrêmement importants, puisque, en matière de politique agricole, les agriculteurs disent, toujours à juste titre, qu'ils veulent des prix et pas des primes. Et aujourd'hui, compte tenu de prix à la production, toujours plus bas, qui d'ailleurs ne se retrouvent pas toujours dans les prix à la consommation, les agriculteurs doivent être aidés par le contribuable. Donc, si on veut arrêter cet enchaînement, il faut absolument rétablir des prix rémunérateurs à la production.
Q-Donc, vous n'êtes pas hostile a priori à une refonte de la loi Galland, si cela va dans ce sens...
R- Non, je n'y suis pas hostile.
Q-...Et deuxièmement, en attendant, allez-vous prendre des mesures conjoncturelles pour compenser les pertes des agriculteurs cet été qui n'ont pas eu les prix minimum souhaités ?
R- Bien sûr. Je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, et j'ai rencontré les représentants, notamment des fruits et des légumes. Donc, nous sommes en train de faire remonter de tous les départements français, la situation des entreprises et des exploitations agricoles, et nous mettrons en place une procédure qui s'appelle "Agriculteurs en difficultés", ou "Fonds d'allégement des charges", qui permettent d'apporter ce soutien de trésorerie.
Q-Les viticulteurs ont une récole, je crois, assez belle, mais ils sont en danger pour des raisons diverses, notamment la baisse de la consommation ou la baisse à l'exportation. Se pose à nouveau le problème de la réforme de la loi Evin sur la publicité sur le vin et les alcools. Un amendement va être déposé par le député des Côtes-d'Or, A. Suguenot pour assouplir cette loi Evin. Etes-vous partisan d'accepter cet amendement ?
R- Je n'ai pas encore vu le texte de l'amendement. En première lecture, au Sénat, sur le même texte, de la loi rurale, il y a eu un amendement déposé par G. César, qui est sénateur de la Gironde, et je pense que c'est un amendement qui, pour l'essentiel, peut satisfaire l'ensemble des parties. Il faut donc regarder si on va plus loin ou pas. Je crois que, sur cette question de la loi Evin, il faut être à la fois équitable mais prudent. Equitable, parce que c'est vrai qu'il y a un certain nombre de trous dans la jurisprudence, qui fait par exemple, qu'aujourd'hui, une marque d'alcool peut faire de la publicité alors qu'un syndicat de producteurs de vins, de Gironde, de Bourgogne, du Languedoc, de Savoie, du Jura ou d'ailleurs, ou du Val-de-Loire, ne peut pas faire de la publicité collective. Donc, l'amendement César a pour effet de rétablir l'équité de communication, et cela me semble plutôt le bon sens. Pour le reste, on sait bien que la situation de notre vignoble est difficile. Pourquoi ? Parce qu'on a une surproduction mondiale, on a beaucoup plus de concurrence qu'avant, avec les vins australiens, chiliens, américains. Et on a une baisse de la consommation liée à l'évolution de la société. C'est la raison pour laquelle j'ai réuni à la fin du mois de juillet toutes les familles professionnelles du vin français pour relancer une nouvelle politique de la viticulture française.
Q-Rapidement, à propos des OGM, il y a eu de nouvelles tentatives d'arrachage hier. Pourquoi le Gouvernement se contente-t-il de protéger avec des CRS plutôt que de faire campagne auprès des Français pour expliquer la signification de ces OGM, et peut-être, le profit que l'on peut en retirer pour l'agriculture de demain et pour la recherche ?
R- Mais on passe son temps à le faire. Et d'ailleurs vous me laissez peut-être quelques secondes pour le faire, mais si vous me donniez dix minutes ce serait encore mieux P.-L. Séguillon, parce que c'est un sujet qui est compliqué. Tout d'abord, il y a en France...
Q-Vous n'avez pas dix minutes...
R-...Il y a en France zéro centimètres carrés de culture commerciale d'OGM. Aujourd'hui, les cultures commerciales d'OGM, il faut le dire haut et fort, sont au Brésil et aux Etats-Unis, et pas en France. Cessons donc de faire croire aux Français qu'il y a des cultures commerciales d'OGM en France. Il n'y en a pas ! Ce dont on parle, ce sont les essais autorisés d'OGM. Cela porte en tout sur 20 hectares, Ce sont des espèces qui sont, en général, du maïs castré et en sachet, qui n'en portent aucun risque pour l'environnement. On a donc une sorte de surenchère médiatique sur ces sujets. Et je prendrai un titre shakespearien : Beaucoup de bruit pour rien" !"
Q-A-t-on raison de faire du bruit autour de votre candidature à Bercy, pour remplacer N. Sarkozy ?
R- On n'est pas candidat à des ministères. Vous servez la République, et on vous propose de servir dans tel ou tel ministère si on vous juge digne d'être au Gouvernement.
Q-Vous, serviriez-vous volontiers à Bercy ?
R- Mais ce n'est pas le sujet. On n'est pas au remaniement. Et vous savez comment les choses se passent.
Q-On dit que vous avez écrit au Président de la République pour lui dire que vous seriez...
R- Non, je ne sais pas qui dit cela, ce serait bien naïf de ma part.
Q-Vous ne refuseriez pas quand même ?
R- Je ne sais pas de quoi il s'agit. Attendons de voir le remaniement. Vous savez, quand on est ministre, on sert, on ne se sert pas.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 septembre 2004)
R- Je ne sais pas si c'est un viatique, mais en tout cas, par rapport aux déroutes qui étaient annoncées, c'est plutôt un beau résultat pour la majorité. Dans ma région, en Rhône-Alpes, nous faisons un excellent score, en Haute-Savoie, dans le Rhône, dans ma Savoie natale, où mon ami J.-P. Vial a été réélu au premier tour. Donc, pour nous, ce sont plutôt de bons résultats et je suis assez... je regarde avec beaucoup de sympathie, par exemple, l'arrivée de madame Voynet au Sénat, qui est très anti-institutionnelle dans tous ses propos et son comportement, et qui quitte le Jura. Je l'ai entendue dire une fois qu'elle était très enracinée dans la circonscription dans laquelle elle a été battue, à Dole,
Q-A droite comme à gauche...
R- Oui, mais quand on donne des leçons de morale et de "politique autrement", de "politique différente", comme on dit de "démocratie participative", je trouve assez savoureux de se retrouver au Sénat parce qu'on a été placé en tête de liste.
Q-Etes-vous, vous, partisan pour l'élection du président du Sénat, qui va devenir le deuxième personnage de l'Etat, qu'il y ait des primaires au sein de l'UMP ?
R- C'est une décision qui appartient aux Sénateurs. J'ai cru comprendre qu'il y aurait un choix qui serait effectué au sein du groupe UMP au Sénat, de la même manière d'ailleurs que cela se fait au sein du groupe UMP à l'Assemblée nationale. Il n'y a là rien que de très normal.
Q-Il y a deux candidats, en tout cas peut-être trois demain. Il y a en tout cas, C. Poncelet, le président sortant...
R- Qui a beaucoup redynamisé le Sénat d'ailleurs.
Q-... qui a 76 ans, qui avait promis de ne pas faire plus de deux mandats. Lui aussi peut se contredire comme madame Voynet, puisqu'il en sollicite un troisième. Et puis A. Lambert qui est l'ancien ministre du Budget, qui, lui, a 57 ou 58 ans je crois.
R- Qui a été très bien réélu dans l'Orne.
Q-Seriez-vous plutôt partisan d'un renouvellement, vous, de l'extérieur, bien sûr ce n'est pas vous qui votez, mais ... ?
R- C'est le choix des sénateurs. C. Poncelet...
Q-Rénover l'image du Sénat...
R- C. Poncelet fait un super parcours au Sénat depuis qu'il a été élu d'ailleurs à la surprise générale. Et c'est aux sénateurs de décider.
Q-Venons-en à la loi Galland : hier soir, sur notre antenne, N. Sarkozy n'a pas exclu de réformer la loi Galland dans les prochaines semaines après qu'il aura eu le rapport de G. Canivet. Est-ce votre point de vue alors même que les agriculteurs, eux, disent : surtout ne touchons pas à la loi Galland ?
R- Je crois que la question n'est pas loi Galland ou pas loi Galland. On attend tous avec beaucoup d'impatience les résultats de la commission Canivet que N. Sarkozy a eu l'intelligence et la volonté politique de mettre en place, parce qu'il est évident, notamment pour les prix agricoles, qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Parce que, quand on voit le prix qui est payé au producteur et le prix qui est servi au consommateur, on se dit qu'il y a un partage inéquitable de la marge...
Q-Si ça ne va pas, les agriculteurs disent que, précisément, c'est parce que le Gouvernement ne fait pas respecter la loi Galland avec cette manière de la contourner grâce aux marges arrière.
R- Il y a la question des marges arrière, il y a la question de ce que l'on appelle "les coefficients multiplicateurs", qui ne sont pas dans la loi Galland aujourd'hui, mais qui font partie des pistes de travail de la Commission Canivet. Mais nous sommes là, sur des sujets, je crois, extrêmement importants, puisque, en matière de politique agricole, les agriculteurs disent, toujours à juste titre, qu'ils veulent des prix et pas des primes. Et aujourd'hui, compte tenu de prix à la production, toujours plus bas, qui d'ailleurs ne se retrouvent pas toujours dans les prix à la consommation, les agriculteurs doivent être aidés par le contribuable. Donc, si on veut arrêter cet enchaînement, il faut absolument rétablir des prix rémunérateurs à la production.
Q-Donc, vous n'êtes pas hostile a priori à une refonte de la loi Galland, si cela va dans ce sens...
R- Non, je n'y suis pas hostile.
Q-...Et deuxièmement, en attendant, allez-vous prendre des mesures conjoncturelles pour compenser les pertes des agriculteurs cet été qui n'ont pas eu les prix minimum souhaités ?
R- Bien sûr. Je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, et j'ai rencontré les représentants, notamment des fruits et des légumes. Donc, nous sommes en train de faire remonter de tous les départements français, la situation des entreprises et des exploitations agricoles, et nous mettrons en place une procédure qui s'appelle "Agriculteurs en difficultés", ou "Fonds d'allégement des charges", qui permettent d'apporter ce soutien de trésorerie.
Q-Les viticulteurs ont une récole, je crois, assez belle, mais ils sont en danger pour des raisons diverses, notamment la baisse de la consommation ou la baisse à l'exportation. Se pose à nouveau le problème de la réforme de la loi Evin sur la publicité sur le vin et les alcools. Un amendement va être déposé par le député des Côtes-d'Or, A. Suguenot pour assouplir cette loi Evin. Etes-vous partisan d'accepter cet amendement ?
R- Je n'ai pas encore vu le texte de l'amendement. En première lecture, au Sénat, sur le même texte, de la loi rurale, il y a eu un amendement déposé par G. César, qui est sénateur de la Gironde, et je pense que c'est un amendement qui, pour l'essentiel, peut satisfaire l'ensemble des parties. Il faut donc regarder si on va plus loin ou pas. Je crois que, sur cette question de la loi Evin, il faut être à la fois équitable mais prudent. Equitable, parce que c'est vrai qu'il y a un certain nombre de trous dans la jurisprudence, qui fait par exemple, qu'aujourd'hui, une marque d'alcool peut faire de la publicité alors qu'un syndicat de producteurs de vins, de Gironde, de Bourgogne, du Languedoc, de Savoie, du Jura ou d'ailleurs, ou du Val-de-Loire, ne peut pas faire de la publicité collective. Donc, l'amendement César a pour effet de rétablir l'équité de communication, et cela me semble plutôt le bon sens. Pour le reste, on sait bien que la situation de notre vignoble est difficile. Pourquoi ? Parce qu'on a une surproduction mondiale, on a beaucoup plus de concurrence qu'avant, avec les vins australiens, chiliens, américains. Et on a une baisse de la consommation liée à l'évolution de la société. C'est la raison pour laquelle j'ai réuni à la fin du mois de juillet toutes les familles professionnelles du vin français pour relancer une nouvelle politique de la viticulture française.
Q-Rapidement, à propos des OGM, il y a eu de nouvelles tentatives d'arrachage hier. Pourquoi le Gouvernement se contente-t-il de protéger avec des CRS plutôt que de faire campagne auprès des Français pour expliquer la signification de ces OGM, et peut-être, le profit que l'on peut en retirer pour l'agriculture de demain et pour la recherche ?
R- Mais on passe son temps à le faire. Et d'ailleurs vous me laissez peut-être quelques secondes pour le faire, mais si vous me donniez dix minutes ce serait encore mieux P.-L. Séguillon, parce que c'est un sujet qui est compliqué. Tout d'abord, il y a en France...
Q-Vous n'avez pas dix minutes...
R-...Il y a en France zéro centimètres carrés de culture commerciale d'OGM. Aujourd'hui, les cultures commerciales d'OGM, il faut le dire haut et fort, sont au Brésil et aux Etats-Unis, et pas en France. Cessons donc de faire croire aux Français qu'il y a des cultures commerciales d'OGM en France. Il n'y en a pas ! Ce dont on parle, ce sont les essais autorisés d'OGM. Cela porte en tout sur 20 hectares, Ce sont des espèces qui sont, en général, du maïs castré et en sachet, qui n'en portent aucun risque pour l'environnement. On a donc une sorte de surenchère médiatique sur ces sujets. Et je prendrai un titre shakespearien : Beaucoup de bruit pour rien" !"
Q-A-t-on raison de faire du bruit autour de votre candidature à Bercy, pour remplacer N. Sarkozy ?
R- On n'est pas candidat à des ministères. Vous servez la République, et on vous propose de servir dans tel ou tel ministère si on vous juge digne d'être au Gouvernement.
Q-Vous, serviriez-vous volontiers à Bercy ?
R- Mais ce n'est pas le sujet. On n'est pas au remaniement. Et vous savez comment les choses se passent.
Q-On dit que vous avez écrit au Président de la République pour lui dire que vous seriez...
R- Non, je ne sais pas qui dit cela, ce serait bien naïf de ma part.
Q-Vous ne refuseriez pas quand même ?
R- Je ne sais pas de quoi il s'agit. Attendons de voir le remaniement. Vous savez, quand on est ministre, on sert, on ne se sert pas.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 septembre 2004)