Texte intégral
Vous reconnaissez-vous dans la position arrêtée hier par l'UMP ?
J'aurais préféré qu'un effort accru de médiation et une jurisprudence plus ferme nous évitent le recours à la loi. Au terme de longs échanges avec mes collègues députés, je me suis rangé à l'idée d'un acte législatif, afin d'envoyer un signal fort, mais qui doit rester sobre, raisonnable et centré sur l'école. Il s'agit moins d'interdire que de rappeler les valeurs du vivre ensemble républicain : tolérance, respect d'autrui, égalité des sexes, dignité de la femme, liberté de conscience.
Au départ, vous étiez opposé à une loi. Pourquoi avez-vous infléchi votre position ?
Si le port du voile demeure un phénomène marginal, il peut exister des situations difficiles, notamment dans les collèges où une forte proportion des élèves est de confession musulmane. Il y a certes plusieurs significations dans le port du voile, cependant, il y en a une qui doit retenir notre attention : c'est celle qui renvoie à une conception du statut de la femme incompatible avec les valeurs républicaines.
Quelle différence faites-vous entre un signe " visible " et un signe " ostentatoire " ?
Il faut interdire le port d'un signe qui vise à exercer des pressions sur la personne, en particulier sur l'enfant, et qui porte en germe des risques d'intolérance. Une petite croix, une petite étoile de David, une petite main de Fatma, ce sont des signes discrets, qui ne cherchent pas à impressionner. Il faudra apprécier cela en fonction du contexte.
Ne risque-t-on pas de stigmatiser la communauté musulmane ?
Pour éviter qu'une loi ne soit reçue comme une agression, il faudra que, dans ses motivations, le texte rappelle les valeurs républicaines. Il convient de se garder d'une laïcité d'interdiction, qui confinerait le fait religieux uniquement dans la sphère privée ; au contraire, il faut privilégier une laïcité ouverte, qui rappelle la nécessité absolue pour une religion d'accepter les autres religions, et qui admette aussi que la communauté religieuse n'est pas vouée inéluctablement au communautarisme. J'insiste là-dessus : le fait religieux peut créer du lien social et enrichir la citoyenneté républicaine.
Comment rendre " positif " un interdit ?
En l'accompagnant de deux autres éléments : le renforcement des mécanismes de médiation et l'ouverture d'un débat sur la laïcité. Dans la perspective du centenaire de la loi 1905, il faudrait reformuler un socle de valeurs communes au sein d'une charte qui permettrait de solenniser un contrat entre, d'une part la République qui reconnaît le fait religieux et, d'autre part, les religions qui acceptent nos valeurs essentielles. Cela pourrait faire partie de ce que le chef de l'Etat dira le jour venu. Car il faudra que celui-ci rassure la communauté musulmane.
L'épiscopat pourrait-il se rallier au compromis proposé par l'UMP ?
Si la loi est sobre, si l'exposé des motifs réaffirme clairement les valeurs républicaines, alors l'épiscopat, mais aussi la communauté catholique et les autres religions, comme les protestants, qui ont aussi exprimé leur hostilité, devraient comprendre. D'ailleurs, si l'interdiction reste limitée aux signes " ostentatoires ", rien n'empêcherait à mon sens qu'elle soit appliquée aux écoles privées sous contrat.
(source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 11 décembre 2003)
J'aurais préféré qu'un effort accru de médiation et une jurisprudence plus ferme nous évitent le recours à la loi. Au terme de longs échanges avec mes collègues députés, je me suis rangé à l'idée d'un acte législatif, afin d'envoyer un signal fort, mais qui doit rester sobre, raisonnable et centré sur l'école. Il s'agit moins d'interdire que de rappeler les valeurs du vivre ensemble républicain : tolérance, respect d'autrui, égalité des sexes, dignité de la femme, liberté de conscience.
Au départ, vous étiez opposé à une loi. Pourquoi avez-vous infléchi votre position ?
Si le port du voile demeure un phénomène marginal, il peut exister des situations difficiles, notamment dans les collèges où une forte proportion des élèves est de confession musulmane. Il y a certes plusieurs significations dans le port du voile, cependant, il y en a une qui doit retenir notre attention : c'est celle qui renvoie à une conception du statut de la femme incompatible avec les valeurs républicaines.
Quelle différence faites-vous entre un signe " visible " et un signe " ostentatoire " ?
Il faut interdire le port d'un signe qui vise à exercer des pressions sur la personne, en particulier sur l'enfant, et qui porte en germe des risques d'intolérance. Une petite croix, une petite étoile de David, une petite main de Fatma, ce sont des signes discrets, qui ne cherchent pas à impressionner. Il faudra apprécier cela en fonction du contexte.
Ne risque-t-on pas de stigmatiser la communauté musulmane ?
Pour éviter qu'une loi ne soit reçue comme une agression, il faudra que, dans ses motivations, le texte rappelle les valeurs républicaines. Il convient de se garder d'une laïcité d'interdiction, qui confinerait le fait religieux uniquement dans la sphère privée ; au contraire, il faut privilégier une laïcité ouverte, qui rappelle la nécessité absolue pour une religion d'accepter les autres religions, et qui admette aussi que la communauté religieuse n'est pas vouée inéluctablement au communautarisme. J'insiste là-dessus : le fait religieux peut créer du lien social et enrichir la citoyenneté républicaine.
Comment rendre " positif " un interdit ?
En l'accompagnant de deux autres éléments : le renforcement des mécanismes de médiation et l'ouverture d'un débat sur la laïcité. Dans la perspective du centenaire de la loi 1905, il faudrait reformuler un socle de valeurs communes au sein d'une charte qui permettrait de solenniser un contrat entre, d'une part la République qui reconnaît le fait religieux et, d'autre part, les religions qui acceptent nos valeurs essentielles. Cela pourrait faire partie de ce que le chef de l'Etat dira le jour venu. Car il faudra que celui-ci rassure la communauté musulmane.
L'épiscopat pourrait-il se rallier au compromis proposé par l'UMP ?
Si la loi est sobre, si l'exposé des motifs réaffirme clairement les valeurs républicaines, alors l'épiscopat, mais aussi la communauté catholique et les autres religions, comme les protestants, qui ont aussi exprimé leur hostilité, devraient comprendre. D'ailleurs, si l'interdiction reste limitée aux signes " ostentatoires ", rien n'empêcherait à mon sens qu'elle soit appliquée aux écoles privées sous contrat.
(source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 11 décembre 2003)