Interview de M. André Rossinot, président du Parti radical, dans "Le Monde" du 4 décembre 2003, sur son opposition à l'adoption du principe de "discrimination positive" et à la création d'un "délit involontaire d'interruption de grossesse".

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Média : Emission la politique de la France dans le monde - Le Monde

Texte intégral

Le texte de cet entretien a été relu par M. Rossinot.
On n'entend pas beaucoup les radicaux dans le débat politique.
Mes amis sont trop discrets. Ils devraient revendiquer plus clairement le choix qu'ils ont fait de quitter l'UDF pour rejoindre l'UMP et faire entendre leurs propositions d'adaptation de la politique majoritaire. Les radicaux représentent une sensibilité humaniste, laïque, sociale et européenne en adéquation avec les questionnements de la société. Ils doivent avoir leur place dans le débat d'idées. Nous avons d'ailleurs décidé de redonner vie au Parti radical qui existe toujours puisque nous avons opté pour le statut de personne morale associée avec l'UMP. Nous allons lancer des débats qui serviront de base à un projet radical modernisé. Nous devons renforcer cette aile de la majorité présidentielle que nous formons.
Que pensez-vous des discriminations positives suggérées par M. Sarkozy pour favoriser l'intégration ?
Nous sommes contre les discriminations positives qui favorisent le communautarisme. Nous demandons une mission d'information parlementaire sur la politique d'intégration. Nous demandons aussi qu'on se donne les moyens pour que chacun, quelles que soient ses origines, puisse développer ses compétences. Et qu'à compétence égale on puisse prétendre au même emploi, à la même fonction.
Etes-vous favorable à l'établissement d'un délit d'interruption involontaire de grossesse ?
Nous y sommes complètement opposés. Avec son amendement, M. Garraud met en péril la législation sur l'avortement. Sans compter les difficultés que rencontreront demain les médecins... Il faut que cet amendement soit retiré.
Déplorez-vous l'absence de courants au sein de l'UMP ?
Il ne faut pas confondre le débat avec la création de courants institutionnalisés. Il n'y a pas besoin de courants pour se réunir, organiser des colloques, s'exprimer, déposer des propositions de loi, faire de la politique !
Vous avez cette situation paradoxale où les libéraux ont pris un espace politique au sein de l'UMP qui va au-delà de leur représentation numérique. Pourquoi ? Parce qu'ils ont continué à faire de la politique et de l'influence. Si les radicaux ne deviennent pas actifs, dérangeants, s'ils ne sont pas une force de propositions, ils se banaliseront. Comme l'a dit Alain Juppé à notre congrès d'octobre, la place que nous aurons au sein de l'UMP n'est pas seulement celle qu'on nous laisse, c'est aussi celle que l'on prend.
Regrettez-vous d'avoir rejoint l'UMP ?
Nous avons plus de facilités en tant qu'associés à l'UMP que nous en avions, à la fin, dans le système Bayrou. Nos relations avaient atteint leur paroxysme. François Bayrou n'avait qu'une ambition : posséder une structure à sa dévotion. Si je devais avoir un regret, ce serait de lui avoir laissé la structure juridique et institutionnelle de l'UDF. Nous aurions dû prendre le pouvoir avant de partir. Cela l'aurait empêché d'utiliser cette vitrine pour son ambition personnelle. Il surfe sur la conjoncture difficile et sur les égoïsmes catégoriels. Il enfourche le cheval de la démagogie au quotidien, mais les Français ne sont pas des gogos. Il se comporte comme dans une France en situation de cohabitation mais il n'est pas en cohabitation avec Chirac. Il serait temps de vérifier s'il fait toujours partie de la majorité. Le premier ministre devrait poser la question de confiance à la fin de la session parlementaire.
Propos Christiane Chambeau.
(source http://www.partiradical.net, le 24 décembre 2003)