Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Présidents d'association,
Mesdames et Messieurs,
Chère Henriette,
Chers amis,
Je suis particulièrement heureuse d'être avec vous aujourd'hui. Pour participer à cette cérémonie du souvenir initié en 1949 par un homme remarquable : Gaston Monnerville. Un homme d'outre-mer. Un homme de la République. Nous sommes ensemble, dans ce lieu prestigieux et hautement symbolique de la Nation, pour honorer la mémoire de trois grandes figures républicaines : Félix Éboué, Victor Schoelcher et l'abbé Grégoire. J'étais hier encore à Houilles pour commémorer le bicentenaire de la naissance de Victor Schoelcher, qui, par son uvre politique et par les valeurs humanistes portées tout au long de sa vie, a su donner tout son sens aux idéaux républicains.
Mais permettez-moi aujourd'hui d'avoir une pensée toute particulière pour Félix Éboué dont nous fêtons cette année le soixantième anniversaire de la mort. Pour marquer l'événement j'ai décidé d'apporter tout mon soutien à la société française d'histoire de l'outre-mer (SFHOM) et au centre national des archives d'outre-mer d'Aix-en-Provence pour l'organisation d'une très belle exposition et d'un colloque sur cette figure exceptionnelle de l'Histoire de notre pays. Monsieur le Maire, cher Jean Tibéri, je veux simplement vous remercier d'avoir accueilli cette exposition, à deux pas du lieu où Félix Éboué repose.
Quel plus beau symbole que la date du 20 mai 1949 qui vit Félix Éboué et Victor Schoelcher entrer ensemble au Panthéon ! En ces temps incertains, la volonté commune d'honorer les valeurs humanistes et républicaines qui font la force de notre nation sont la meilleure réponse aux actes infâmes auxquels notre pays est parfois confronté.
L'oubli n'est pas une vertu républicaine. Et vous le savez, depuis quelques années déjà, sous l'impulsion du Chef de l'Etat, la République travaille à rompre le silence et à engager le nécessaire travail de mémoire sur les tabous et les silences du passé.
La France d'outre-mer a elle-aussi un droit à la mémoire.
Notre pays a tiré profit, pendant près de trois siècles, de la traite et de l'esclavage. Et nous nous devons aujourd'hui de rappeler aux générations actuelles et futures les atrocités de ce crime contre l'Homme : la saignée et l'appauvrissement de l'Afrique, le commerce de la traite, la déportation et le système esclavagiste installé par l'Europe aux Amériques.
Rappeler à la Nation son devoir de mémoire, c'est commémorer Victor Schoelcher, Félix Éboué, l'abbé Grégoire, c'est rendre hommage aux combats pour la liberté et les droits de l'homme. Comme nous le faisons aujourd'hui. C'est aussi se souvenir que l'abolition de l'esclavage est le résultat de la résistance des esclaves à leur condition. Et c'est pourquoi je me réjouis de l'honneur rendu par la Nation à Louis Delgrès et à Toussaint Louverture, ici au Panthéon, lors du cent cinquantième anniversaire de l'abolition de l'esclavage. La lutte exemplaire des esclaves, qui ont sans relâche combattu pour la conquête de la liberté et de l'égalité, donne au monde un exemple magnifique du combat pour le respect des droits de l'Homme comme l'ont mené avec tant de courage Delgrès, Ignace, Louverture, Solitude.
Seules la mémoire et la réflexion sur les conditions historiques de ce passé difficile peuvent fonder notre engagement de citoyens contre les barbaries d'aujourd'hui et de demain.
Aussi la France a-t-elle reconnu l'esclavage comme un crime contre l'humanité. Et j'ai donné une suite concrète à cette initiative en installant le 8 avril dernier le comité pour la mémoire de l'esclavage. Ce comité, présidé par Maryse Condé, a pour principale mission, et c'est à mes yeux essentiel, de proposer des mesures d'adaptation des programmes d'enseignement scolaire pour mieux apprendre à notre jeunesse ce que furent réellement la traite et l'esclavage. Il doit aussi proposer une date de commémoration annuelle de l'abolition de l'esclavage en France métropolitaine, suggérer des programmes de recherche en histoire, soumettre des actions de sensibilisation du public, et identifier les lieux de mémoire.
Les populations d'outre-mer attendaient de l'Etat français une telle reconnaissance, afin d'en finir avec un passé encore trop lourd.
Au-delà même de l'existence d'une France d'outre-mer, notre pays voit cohabiter sur son sol différentes mémoires, tout à la fois singulières et croisées. Jamais sans doute la société française n'aura été autant bousculée ces dernières années par la remémoration de souffrances collectives : déportation des juifs de France, guerre d'Algérie, traite et esclavage des noirs. Jamais non plus les drames de l'Histoire n'auront été autant agités au profit d'affirmations identitaires exclusives. Jamais, hélas !, la concurrence des mémoires n'aura été aussi vive.
Le cloisonnement des mémoires nous rend souvent incapable à comprendre la part d'universel que contient chacune des expériences historiques vécues.
La République doit donc conduire cet indispensable travail de mémoire, en réhabilitant et en transmettant les mémoires croisées, et parfois conflictuelles, de toutes les populations qui forment notre Nation.
Pour consolider la communauté nationale, pour construire notre destin commun, nous devons faire partager à tous les citoyens français l'ensemble des mémoires qui font la France d'aujourd'hui.
C'est pourquoi, en cette année 2004, riche en commémorations liées à l'esclavage et à son abolition, j'ai voulu consacrer le onzième salon du livre de l'outre-mer, organisé chaque année dans les salons et les jardins du ministère, et qui aura lieu les 16 et 17 octobre prochains, aux " mémoires d'outre-mer ".
Je vous remercie.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 12 octobre 2004)
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Présidents d'association,
Mesdames et Messieurs,
Chère Henriette,
Chers amis,
Je suis particulièrement heureuse d'être avec vous aujourd'hui. Pour participer à cette cérémonie du souvenir initié en 1949 par un homme remarquable : Gaston Monnerville. Un homme d'outre-mer. Un homme de la République. Nous sommes ensemble, dans ce lieu prestigieux et hautement symbolique de la Nation, pour honorer la mémoire de trois grandes figures républicaines : Félix Éboué, Victor Schoelcher et l'abbé Grégoire. J'étais hier encore à Houilles pour commémorer le bicentenaire de la naissance de Victor Schoelcher, qui, par son uvre politique et par les valeurs humanistes portées tout au long de sa vie, a su donner tout son sens aux idéaux républicains.
Mais permettez-moi aujourd'hui d'avoir une pensée toute particulière pour Félix Éboué dont nous fêtons cette année le soixantième anniversaire de la mort. Pour marquer l'événement j'ai décidé d'apporter tout mon soutien à la société française d'histoire de l'outre-mer (SFHOM) et au centre national des archives d'outre-mer d'Aix-en-Provence pour l'organisation d'une très belle exposition et d'un colloque sur cette figure exceptionnelle de l'Histoire de notre pays. Monsieur le Maire, cher Jean Tibéri, je veux simplement vous remercier d'avoir accueilli cette exposition, à deux pas du lieu où Félix Éboué repose.
Quel plus beau symbole que la date du 20 mai 1949 qui vit Félix Éboué et Victor Schoelcher entrer ensemble au Panthéon ! En ces temps incertains, la volonté commune d'honorer les valeurs humanistes et républicaines qui font la force de notre nation sont la meilleure réponse aux actes infâmes auxquels notre pays est parfois confronté.
L'oubli n'est pas une vertu républicaine. Et vous le savez, depuis quelques années déjà, sous l'impulsion du Chef de l'Etat, la République travaille à rompre le silence et à engager le nécessaire travail de mémoire sur les tabous et les silences du passé.
La France d'outre-mer a elle-aussi un droit à la mémoire.
Notre pays a tiré profit, pendant près de trois siècles, de la traite et de l'esclavage. Et nous nous devons aujourd'hui de rappeler aux générations actuelles et futures les atrocités de ce crime contre l'Homme : la saignée et l'appauvrissement de l'Afrique, le commerce de la traite, la déportation et le système esclavagiste installé par l'Europe aux Amériques.
Rappeler à la Nation son devoir de mémoire, c'est commémorer Victor Schoelcher, Félix Éboué, l'abbé Grégoire, c'est rendre hommage aux combats pour la liberté et les droits de l'homme. Comme nous le faisons aujourd'hui. C'est aussi se souvenir que l'abolition de l'esclavage est le résultat de la résistance des esclaves à leur condition. Et c'est pourquoi je me réjouis de l'honneur rendu par la Nation à Louis Delgrès et à Toussaint Louverture, ici au Panthéon, lors du cent cinquantième anniversaire de l'abolition de l'esclavage. La lutte exemplaire des esclaves, qui ont sans relâche combattu pour la conquête de la liberté et de l'égalité, donne au monde un exemple magnifique du combat pour le respect des droits de l'Homme comme l'ont mené avec tant de courage Delgrès, Ignace, Louverture, Solitude.
Seules la mémoire et la réflexion sur les conditions historiques de ce passé difficile peuvent fonder notre engagement de citoyens contre les barbaries d'aujourd'hui et de demain.
Aussi la France a-t-elle reconnu l'esclavage comme un crime contre l'humanité. Et j'ai donné une suite concrète à cette initiative en installant le 8 avril dernier le comité pour la mémoire de l'esclavage. Ce comité, présidé par Maryse Condé, a pour principale mission, et c'est à mes yeux essentiel, de proposer des mesures d'adaptation des programmes d'enseignement scolaire pour mieux apprendre à notre jeunesse ce que furent réellement la traite et l'esclavage. Il doit aussi proposer une date de commémoration annuelle de l'abolition de l'esclavage en France métropolitaine, suggérer des programmes de recherche en histoire, soumettre des actions de sensibilisation du public, et identifier les lieux de mémoire.
Les populations d'outre-mer attendaient de l'Etat français une telle reconnaissance, afin d'en finir avec un passé encore trop lourd.
Au-delà même de l'existence d'une France d'outre-mer, notre pays voit cohabiter sur son sol différentes mémoires, tout à la fois singulières et croisées. Jamais sans doute la société française n'aura été autant bousculée ces dernières années par la remémoration de souffrances collectives : déportation des juifs de France, guerre d'Algérie, traite et esclavage des noirs. Jamais non plus les drames de l'Histoire n'auront été autant agités au profit d'affirmations identitaires exclusives. Jamais, hélas !, la concurrence des mémoires n'aura été aussi vive.
Le cloisonnement des mémoires nous rend souvent incapable à comprendre la part d'universel que contient chacune des expériences historiques vécues.
La République doit donc conduire cet indispensable travail de mémoire, en réhabilitant et en transmettant les mémoires croisées, et parfois conflictuelles, de toutes les populations qui forment notre Nation.
Pour consolider la communauté nationale, pour construire notre destin commun, nous devons faire partager à tous les citoyens français l'ensemble des mémoires qui font la France d'aujourd'hui.
C'est pourquoi, en cette année 2004, riche en commémorations liées à l'esclavage et à son abolition, j'ai voulu consacrer le onzième salon du livre de l'outre-mer, organisé chaque année dans les salons et les jardins du ministère, et qui aura lieu les 16 et 17 octobre prochains, aux " mémoires d'outre-mer ".
Je vous remercie.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 12 octobre 2004)