Texte intégral
LE FIGARO - Que pensez-vous du " non sauf si " à la Constitution européenne de Laurent Fabius ?
Gilles LEMAIRE - Je m'en réjouis. C'est une position courageuse. J'ai envie de dire : " Bravo Fabius ! " Son refus d'accepter en l'état le projet de traité européen et les conditions qu'il pose contribuent à lancer le débat de fond sur l'Europe.
LE FIGARO - Un communiqué d'une des porte-parole de votre parti critique cependant le " non alambiqué " du numéro deux du PS...
Gilles LEMAIRE - Je ne suis pas d'accord. Les questions qui nous sont posées sur l'Europe sont complexes. La réponse ne peut pas se résumer à un simple oui ou à un simple non.
LE FIGARO - Il faudra pourtant bien répondre par oui ou par non au référendum. D'ailleurs, quelle est votre position ?
Gilles LEMAIRE - Cette Constitution comporte des avancées par rapport aux traités antérieurs, mais ils sont insuffisants pour que l'Europe fonctionne. Les décisions dans les domaines de la fiscalité, du juridique, du social et de la politique étrangère continuent d'être prises à l'unanimité des Etats. Autant dire qu'on ne pourra jamais s'entendre, par exemple, sur un salaire minimum européen alors que la concurrence entre économies, elle, joue à plein dans le marché unique. Aujourd'hui, j'ai envie de dire oui à une Europe fédérale et ambitieuse mais non à ce projet de Constitution. Pour le référendum, j'hésite entre le non et le bulletin nul.
LE FIGARO - Comment un parti qui se veut généraliste et proeuropéen pourrait-il, en appelant à voter nul, ne pas se prononcer sur un texte aussi crucial ?
Gilles LEMAIRE - Voter nul, c'est une façon de prendre position et cela n'interdit pas, bien au contraire, de mener le débat. Ce que je crains le plus c'est la routine. Un oui par défaut ou un non sans débat seraient aussi détestables l'un que l'autre pour l'Europe. Car la construction européenne apparaîtrait une fois de plus aux citoyens comme une contrainte et pas comme un projet ambitieux. J'ai déjà voté oui sans entrain lors du référendum sur le traité de Maastricht et je ne recommencerai pas.
LE FIGARO - Que répondez-vous à ceux qui, au sein des Verts, pensent qu'un rejet de la Constitution serait la victoire des nationalistes et des souverainistes ?
Gilles LEMAIRE - C'est de l'ordre de la proclamation. Quelle que soit la réponse que nous choisirons pour ce référendum, nous nous retrouverons avec des gens peu fréquentables : les nationalistes dans le camp du non et les ultralibéraux dans celui du oui. L'important pour moi est qu'au-delà des consignes de vote, les Verts soient capables d'expliquer quelle Europe ils veulent et comment ils vont se battre pour y parvenir.
LE FIGARO - Quel bilan tirez-vous de vos relations avec le PS au cours de votre mandat ?
Gilles LEMAIRE - D'abord, il y en a eu beaucoup. Ce qui n'est pas rien quand je pense à l'étiquette d'affreux gauchiste qu'on m'avait collée quand je suis arrivé à la tête des Verts. Je regrette que nous ayons peu eu de débats de fond mais nous ne pouvions pas aller plus loin, compte tenu des échéances électorales. Je ne suis donc pas mécontent des relations nouées jusqu'en juin 2004. En revanche, les victoires électorales du printemps semblent être montées à la tête de certains socialistes. La rupture de l'accord sénatorial dans le Rhône marque un réveil des tentations hégémonistes du PS et une forte tendance à faire passer la satisfaction de ses équilibres internes avant le respect des partenaires. Je doute de la capacité de François Hollande à faire respecter les accords nationaux. Cela pose un vrai problème de confiance pour les législatives de 2007. Le Parti socialiste doit apprendre à respecter les Verts : il n'y aura ni alternance ni politique alternative possible sans les Verts !
LE FIGARO - Lors des journées d'été s'est exprimée une forte aspiration au rassemblement des Verts dans la perspective du prochain congrès. Le souhaitez-vous ?
Gilles LEMAIRE - Les Verts sont d'accord sur l'essentiel, sur le projet de société. Un large rassemblement est donc possible... mais après le vote des militants. Il y a des débats entre nous, sur le dosage entre l'activité institutionnelle et les actions de terrain, sur la désobéissance civile et sur les rapports avec le PS, et nous devons les mener. C'est à cela que sert un congrès. Sinon, des questions importantes risquent d'être tranchées ensuite dans de petits cénacles : ce ne serait pas démocratique.
LE FIGARO - Est-ce à dire que vous refusez un rassemblement avant le vote des militants ?
Gilles LEMAIRE - Je ferai tout pour que les débats aient lieu. Ce serait confusionniste d'avoir un accord sans débat entre des gens qui vont faucher des OGM et quelqu'un comme [le député européen] Marie-Hélène Aubert qui les traite de " gaucho-mouvementistes ". Ce serait confusionniste d'avoir un accord sans trancher entre ceux qui veulent que les Verts soient un parti militant, articulant l'activité institutionnelle et les actions de terrain, et quelqu'un comme Dominique Voynet qui disait en novembre 2002 souhaiter un parti unique de la gauche. Les militants doivent choisir.
(Source http://www.les-verts.org, le 17 septembre 2004)
Gilles LEMAIRE - Je m'en réjouis. C'est une position courageuse. J'ai envie de dire : " Bravo Fabius ! " Son refus d'accepter en l'état le projet de traité européen et les conditions qu'il pose contribuent à lancer le débat de fond sur l'Europe.
LE FIGARO - Un communiqué d'une des porte-parole de votre parti critique cependant le " non alambiqué " du numéro deux du PS...
Gilles LEMAIRE - Je ne suis pas d'accord. Les questions qui nous sont posées sur l'Europe sont complexes. La réponse ne peut pas se résumer à un simple oui ou à un simple non.
LE FIGARO - Il faudra pourtant bien répondre par oui ou par non au référendum. D'ailleurs, quelle est votre position ?
Gilles LEMAIRE - Cette Constitution comporte des avancées par rapport aux traités antérieurs, mais ils sont insuffisants pour que l'Europe fonctionne. Les décisions dans les domaines de la fiscalité, du juridique, du social et de la politique étrangère continuent d'être prises à l'unanimité des Etats. Autant dire qu'on ne pourra jamais s'entendre, par exemple, sur un salaire minimum européen alors que la concurrence entre économies, elle, joue à plein dans le marché unique. Aujourd'hui, j'ai envie de dire oui à une Europe fédérale et ambitieuse mais non à ce projet de Constitution. Pour le référendum, j'hésite entre le non et le bulletin nul.
LE FIGARO - Comment un parti qui se veut généraliste et proeuropéen pourrait-il, en appelant à voter nul, ne pas se prononcer sur un texte aussi crucial ?
Gilles LEMAIRE - Voter nul, c'est une façon de prendre position et cela n'interdit pas, bien au contraire, de mener le débat. Ce que je crains le plus c'est la routine. Un oui par défaut ou un non sans débat seraient aussi détestables l'un que l'autre pour l'Europe. Car la construction européenne apparaîtrait une fois de plus aux citoyens comme une contrainte et pas comme un projet ambitieux. J'ai déjà voté oui sans entrain lors du référendum sur le traité de Maastricht et je ne recommencerai pas.
LE FIGARO - Que répondez-vous à ceux qui, au sein des Verts, pensent qu'un rejet de la Constitution serait la victoire des nationalistes et des souverainistes ?
Gilles LEMAIRE - C'est de l'ordre de la proclamation. Quelle que soit la réponse que nous choisirons pour ce référendum, nous nous retrouverons avec des gens peu fréquentables : les nationalistes dans le camp du non et les ultralibéraux dans celui du oui. L'important pour moi est qu'au-delà des consignes de vote, les Verts soient capables d'expliquer quelle Europe ils veulent et comment ils vont se battre pour y parvenir.
LE FIGARO - Quel bilan tirez-vous de vos relations avec le PS au cours de votre mandat ?
Gilles LEMAIRE - D'abord, il y en a eu beaucoup. Ce qui n'est pas rien quand je pense à l'étiquette d'affreux gauchiste qu'on m'avait collée quand je suis arrivé à la tête des Verts. Je regrette que nous ayons peu eu de débats de fond mais nous ne pouvions pas aller plus loin, compte tenu des échéances électorales. Je ne suis donc pas mécontent des relations nouées jusqu'en juin 2004. En revanche, les victoires électorales du printemps semblent être montées à la tête de certains socialistes. La rupture de l'accord sénatorial dans le Rhône marque un réveil des tentations hégémonistes du PS et une forte tendance à faire passer la satisfaction de ses équilibres internes avant le respect des partenaires. Je doute de la capacité de François Hollande à faire respecter les accords nationaux. Cela pose un vrai problème de confiance pour les législatives de 2007. Le Parti socialiste doit apprendre à respecter les Verts : il n'y aura ni alternance ni politique alternative possible sans les Verts !
LE FIGARO - Lors des journées d'été s'est exprimée une forte aspiration au rassemblement des Verts dans la perspective du prochain congrès. Le souhaitez-vous ?
Gilles LEMAIRE - Les Verts sont d'accord sur l'essentiel, sur le projet de société. Un large rassemblement est donc possible... mais après le vote des militants. Il y a des débats entre nous, sur le dosage entre l'activité institutionnelle et les actions de terrain, sur la désobéissance civile et sur les rapports avec le PS, et nous devons les mener. C'est à cela que sert un congrès. Sinon, des questions importantes risquent d'être tranchées ensuite dans de petits cénacles : ce ne serait pas démocratique.
LE FIGARO - Est-ce à dire que vous refusez un rassemblement avant le vote des militants ?
Gilles LEMAIRE - Je ferai tout pour que les débats aient lieu. Ce serait confusionniste d'avoir un accord sans débat entre des gens qui vont faucher des OGM et quelqu'un comme [le député européen] Marie-Hélène Aubert qui les traite de " gaucho-mouvementistes ". Ce serait confusionniste d'avoir un accord sans trancher entre ceux qui veulent que les Verts soient un parti militant, articulant l'activité institutionnelle et les actions de terrain, et quelqu'un comme Dominique Voynet qui disait en novembre 2002 souhaiter un parti unique de la gauche. Les militants doivent choisir.
(Source http://www.les-verts.org, le 17 septembre 2004)