Texte intégral
A. Hausser-. Vous étiez à Lens, hier, pour faire le point sur l'épidémie de légionellose. Vous dites qu'elle est en voie de stabilisation probablement.
R. BACHELOT.- "Oui, effectivement. Les derniers cas déclarés, sont, de fait, des cas anciens, et remontent à la fin du mois de décembre. Donc, depuis neuf jours, pas de cas nouveaux. On peut donc espérer - je suis extrêmement prudente - qu'on est sinon en fin de crise du moins en période de stabilisation de cette crise. Et je suis allée à Lens pour faire le point de la situation avec, bien entendu, les services de l'Etat, qui se sont remarquablement mobilisés."
A. Hausser-. Vous dites cela, parce qu'il y a des gens qui disent que les services de l'Etat ont tardé à se mettre en place.
R. BACHELOT.- - "Non. Véritablement, l'épidémie a été constituée, a été diagnostiquée le 28 novembre. Et la décision de fermeture du premier site industriel sur lequel on a retrouvé la souche incriminée dans l'épidémie, a été fermé, la décision a été prise le 29. Et dans une période de fin d'année, je ne peux que féliciter les services de l'Etat autour du préfet C. Schoot, que ce soit les services Santé, les services l'Environnement, de l'Industrie et, bien entendu, les services centraux des ministères. Cela a été aussi l'occasion pour moi de rencontrer les salariés du site Noroxo, qui sont extrêmement traumatisés par cette affaire."
A. Hausser-. Traumatisés et très inquiets, parce que finalement ils ont peur que l'usine ferme tout simplement.
R. BACHELOT.- "Voilà. C'est-à-dire qu'on oppose toujours l'emploi et l'environnement, je me refuse d'ailleurs à rentrer dans cette lutte qui est absurde. Il n'y a pas de développement qui ne soit durable..."
A. Hausser-. Est-ce que le problème n'est pas sous-jacent, n'est-il pas posé sans qu'on le dise ? Ce n'est pas un peu le chantage à l'emploi ?
R. BACHELOT.- "C'est la raison pour laquelle, avant hier soir, j'avais rencontré les dirigeants d'Exxon Mobil, qui est la maison mère de la société du site industriel Noroxo, pour m'assurer auprès d'eux, qu'en aucun cas, les difficultés que rencontre le site industriel Noroxo, lors de cette phase de décontamination du site, ne soient l'occasion d'un chantage à l'emploi. Et j'ai obtenu des assurances formelles en ce domaine. Il n'y aura pas de développement économique dans notre pays, notre pays ne restera pas un pays industrialisé si les entreprises n'apportent pas cette assurance de sécurité, de respect de la santé et de l'environnement. Et d'ailleurs, le président de la République l'a dit dans ses voeux aux forces vives."
A. Hausser-. Oui, il l'a dit mais ce n'est pas encore acquis. On a vraiment l'impression qu'il y a toujours une sorte de chantage sous-jacente : environnement-économie...
R. BACHELOT.- "C'est-à-dire, quand tout va bien, on estime souvent qu'on peut prendre certaines libertés avec la règlementation, avec la législation, avec la contrainte. Et quand tout va mal, comme dans une épidémie, on réclame plus contraintes."
A. Hausser-. N'est-ce pas plutôt l'inverse : quand tout va mal, certaines industries ou industriels, qui sont à la tête d'industries polluantes, ne se croient pas davantage permis de prendre des libertés avec la règlementation, en disant : attention, on va fermer ?
R. BACHELOT.- "C'est la raison pour laquelle il faut énormément de prévention, c'est la raison pour laquelle, depuis que je suis arrivée à la tête de ce ministère, j'ai décidé, sur la légionellose, de mettre cette question en tête de l'agenda des tâches de mes inspecteurs des installations classées, de renforcer les effectifs. Depuis le début de l'année 2003, j'ai décidé de revoir la règlementation des installations classées, pour qui concerne la légionellose, pour un meilleur listage des installations, pour appeler à des bonnes pratiques, et pour revisiter la règlementation."
A. Hausser-. Vous y arrivez ?
R. BACHELOT.- "Oui, bien entendu."
A. Hausser-. Parce que l'on met en cause les effectifs, on dit : l'augmentation des inspecteurs, cela va faire un inspecteur par département, ce n'est pas assez...
R. BACHELOT.- "Oui, alors, bien entendu, l'inspection des installations classées, mon ambition, et elle sera tenue, sera quasiment de doubler le corps des inspecteurs des installations classées d'ici à la fin de la mandature."
A. Hauuser.- Qui les amènerait à combien ?
R. BACHELOT.- "Je vais embaucher 400 inspecteurs supplémentaires, et déjà 100 cette année. Et, bien entendu, une grande partie, enfin une partie importante de ces nouveaux inspecteurs sera dédiée à la région Nord-Pas-de Calais, 10 %, qui est une région très industrialisée et avec des industries extrêmement lourdes."
A. Hausser.Dans votre domaine de compétences, il y a aussi le nucléaire...
R. BACHELOT.- "Pas le nucléaire industriel, mais la sûreté nucléaire industrie. C'est madame Fontaine qui est responsable de l'Industrie nucléaire."
A. Hausser-. ... même si vous-même personnellement vous défendez l'industrie nucléaire, mais ce n'est pas de cela dont il s'agit. Il s'agit du futur réacteur ITER. Il y a une divergence, on l'a vu, à Washington, à la fin de l'année. P. Lellouche était à votre place hier matin. La France, l'Europe dit que le site de Cadarache est le meilleur. Et ce matin, le secrétaire d'Etat américain à l'Energie dit : pas du tout, c'est le site japonais. Peut-on envisager l'hypothèse d'un ITER sans les Etats-Unis ?
R. BACHELOT.- "Un point d'abord : je ne défends pas l'industrie nucléaire, je défends un bouquet énergétique français qui émette le moins possible de gaz à effet de serre. Car, vous l'avez vu, c'est le réchauffement climatique - J.-F. Rabilloud vient de l'indiquer - qui menace la biodiversité de cette planète. Donc, en tant que ministre de l'Ecologie et du Développement durable, c'est certainement un des premiers soucis de protection de l'environnement. La France, l'Europe, la Russie, la Chine défendent le site de Cadarache comme le meilleur site industriel pour ce projet ITER. Meilleur site géographique, meilleur site, aussi, pour les équipes techniques qui vont se déployer autour de Cadarache. Donc, il y a là dedans un certain nombre de débats politiques dans lesquels je ne souhaite pas rentrer, car ce n'est pas d'ailleurs ma responsabilité. Je maintiens que le site de Cadarache est le meilleur site, et bien entendu, les décisions seront prises au plus haut niveau pour savoir si nous nous passons des Américains sur ce site. Ce n'est pas à moi d'en décider."
A. Hausser-. Mais vous y pensez ?
R. BACHELOT.- "Pourquoi pas ?"
A. Hausser-. Ministre, faites-vous partie de ceux qui observent, avec étonnement "la cohabitation" entre N. Sarkozy et J. Chirac ?
R. BACHELOT.- "Chaque fois que je vois N. Sarkozy et J. Chirac ensemble, je ne note évidemment aucune difficulté. Le voyage de N. Sarkozy a, bien entendu, été fait avec l'accord du président de la République et du Premier ministre. Il est fait pour développer la coopération des services de police entre la Chine et la France, et pour régler un certain nombre de problèmes liés à l'immigration. Sur ce point, le voyage est parfaitement réussi."
A. Hausser-. Et sur le reste ?
R. BACHELOT.- "Sur le reste ?"
A. Hausser-. Il n'y a pas de problème, comme on dit ?
R. BACHELOT.- "Ecoutez, si problèmes il y a, je laisserais aux protagonistes le soin d'en parler."
A. Hausser-. Et vous ne les constatez pas ?
R. BACHELOT.- "Non."
A. Hausser-. Du tout ? C'est formidable... On dit aussi que votre avenir ministériel serait menacé. Vous vous sentez sur un siège éjectable ?
R. BACHELOT.- "Véritablement, je crois que ce genre d'interrogation relève de ce que l'on pourrait appeler une appréciation people de la presse. Moi, j'ai des sujets difficiles à traiter. Je sors d'une crise d'inondation ; la légionellose ; le réchauffement climatique ; la perte de la biodiversité ; je bâtis une loi sur l'eau, un plan climat. Je vais bientôt défendre la Charte de l'environnement, dont le président de la République a dit qu'il était un des douze chantiers du Gouvernement, je vais le défendre devant le Parlement. J'ai autre chose à m'occuper que de pareilles balivernes."
A. Hausser-. Vous avez le poste le plus difficile du Gouvernement ?
R. BACHELOT.- "J'ai un des postes les plus exposés du Gouvernement, car la demande sociale en matière d'environnement et de sécurité est tout à fait considérable, et il faut que je l'assume."
A. Hausser-. Vous avez les moyens ?
R. BACHELOT.- "Oui."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 12 janvier 2004)
R. BACHELOT.- "Oui, effectivement. Les derniers cas déclarés, sont, de fait, des cas anciens, et remontent à la fin du mois de décembre. Donc, depuis neuf jours, pas de cas nouveaux. On peut donc espérer - je suis extrêmement prudente - qu'on est sinon en fin de crise du moins en période de stabilisation de cette crise. Et je suis allée à Lens pour faire le point de la situation avec, bien entendu, les services de l'Etat, qui se sont remarquablement mobilisés."
A. Hausser-. Vous dites cela, parce qu'il y a des gens qui disent que les services de l'Etat ont tardé à se mettre en place.
R. BACHELOT.- - "Non. Véritablement, l'épidémie a été constituée, a été diagnostiquée le 28 novembre. Et la décision de fermeture du premier site industriel sur lequel on a retrouvé la souche incriminée dans l'épidémie, a été fermé, la décision a été prise le 29. Et dans une période de fin d'année, je ne peux que féliciter les services de l'Etat autour du préfet C. Schoot, que ce soit les services Santé, les services l'Environnement, de l'Industrie et, bien entendu, les services centraux des ministères. Cela a été aussi l'occasion pour moi de rencontrer les salariés du site Noroxo, qui sont extrêmement traumatisés par cette affaire."
A. Hausser-. Traumatisés et très inquiets, parce que finalement ils ont peur que l'usine ferme tout simplement.
R. BACHELOT.- "Voilà. C'est-à-dire qu'on oppose toujours l'emploi et l'environnement, je me refuse d'ailleurs à rentrer dans cette lutte qui est absurde. Il n'y a pas de développement qui ne soit durable..."
A. Hausser-. Est-ce que le problème n'est pas sous-jacent, n'est-il pas posé sans qu'on le dise ? Ce n'est pas un peu le chantage à l'emploi ?
R. BACHELOT.- "C'est la raison pour laquelle, avant hier soir, j'avais rencontré les dirigeants d'Exxon Mobil, qui est la maison mère de la société du site industriel Noroxo, pour m'assurer auprès d'eux, qu'en aucun cas, les difficultés que rencontre le site industriel Noroxo, lors de cette phase de décontamination du site, ne soient l'occasion d'un chantage à l'emploi. Et j'ai obtenu des assurances formelles en ce domaine. Il n'y aura pas de développement économique dans notre pays, notre pays ne restera pas un pays industrialisé si les entreprises n'apportent pas cette assurance de sécurité, de respect de la santé et de l'environnement. Et d'ailleurs, le président de la République l'a dit dans ses voeux aux forces vives."
A. Hausser-. Oui, il l'a dit mais ce n'est pas encore acquis. On a vraiment l'impression qu'il y a toujours une sorte de chantage sous-jacente : environnement-économie...
R. BACHELOT.- "C'est-à-dire, quand tout va bien, on estime souvent qu'on peut prendre certaines libertés avec la règlementation, avec la législation, avec la contrainte. Et quand tout va mal, comme dans une épidémie, on réclame plus contraintes."
A. Hausser-. N'est-ce pas plutôt l'inverse : quand tout va mal, certaines industries ou industriels, qui sont à la tête d'industries polluantes, ne se croient pas davantage permis de prendre des libertés avec la règlementation, en disant : attention, on va fermer ?
R. BACHELOT.- "C'est la raison pour laquelle il faut énormément de prévention, c'est la raison pour laquelle, depuis que je suis arrivée à la tête de ce ministère, j'ai décidé, sur la légionellose, de mettre cette question en tête de l'agenda des tâches de mes inspecteurs des installations classées, de renforcer les effectifs. Depuis le début de l'année 2003, j'ai décidé de revoir la règlementation des installations classées, pour qui concerne la légionellose, pour un meilleur listage des installations, pour appeler à des bonnes pratiques, et pour revisiter la règlementation."
A. Hausser-. Vous y arrivez ?
R. BACHELOT.- "Oui, bien entendu."
A. Hausser-. Parce que l'on met en cause les effectifs, on dit : l'augmentation des inspecteurs, cela va faire un inspecteur par département, ce n'est pas assez...
R. BACHELOT.- "Oui, alors, bien entendu, l'inspection des installations classées, mon ambition, et elle sera tenue, sera quasiment de doubler le corps des inspecteurs des installations classées d'ici à la fin de la mandature."
A. Hauuser.- Qui les amènerait à combien ?
R. BACHELOT.- "Je vais embaucher 400 inspecteurs supplémentaires, et déjà 100 cette année. Et, bien entendu, une grande partie, enfin une partie importante de ces nouveaux inspecteurs sera dédiée à la région Nord-Pas-de Calais, 10 %, qui est une région très industrialisée et avec des industries extrêmement lourdes."
A. Hausser.Dans votre domaine de compétences, il y a aussi le nucléaire...
R. BACHELOT.- "Pas le nucléaire industriel, mais la sûreté nucléaire industrie. C'est madame Fontaine qui est responsable de l'Industrie nucléaire."
A. Hausser-. ... même si vous-même personnellement vous défendez l'industrie nucléaire, mais ce n'est pas de cela dont il s'agit. Il s'agit du futur réacteur ITER. Il y a une divergence, on l'a vu, à Washington, à la fin de l'année. P. Lellouche était à votre place hier matin. La France, l'Europe dit que le site de Cadarache est le meilleur. Et ce matin, le secrétaire d'Etat américain à l'Energie dit : pas du tout, c'est le site japonais. Peut-on envisager l'hypothèse d'un ITER sans les Etats-Unis ?
R. BACHELOT.- "Un point d'abord : je ne défends pas l'industrie nucléaire, je défends un bouquet énergétique français qui émette le moins possible de gaz à effet de serre. Car, vous l'avez vu, c'est le réchauffement climatique - J.-F. Rabilloud vient de l'indiquer - qui menace la biodiversité de cette planète. Donc, en tant que ministre de l'Ecologie et du Développement durable, c'est certainement un des premiers soucis de protection de l'environnement. La France, l'Europe, la Russie, la Chine défendent le site de Cadarache comme le meilleur site industriel pour ce projet ITER. Meilleur site géographique, meilleur site, aussi, pour les équipes techniques qui vont se déployer autour de Cadarache. Donc, il y a là dedans un certain nombre de débats politiques dans lesquels je ne souhaite pas rentrer, car ce n'est pas d'ailleurs ma responsabilité. Je maintiens que le site de Cadarache est le meilleur site, et bien entendu, les décisions seront prises au plus haut niveau pour savoir si nous nous passons des Américains sur ce site. Ce n'est pas à moi d'en décider."
A. Hausser-. Mais vous y pensez ?
R. BACHELOT.- "Pourquoi pas ?"
A. Hausser-. Ministre, faites-vous partie de ceux qui observent, avec étonnement "la cohabitation" entre N. Sarkozy et J. Chirac ?
R. BACHELOT.- "Chaque fois que je vois N. Sarkozy et J. Chirac ensemble, je ne note évidemment aucune difficulté. Le voyage de N. Sarkozy a, bien entendu, été fait avec l'accord du président de la République et du Premier ministre. Il est fait pour développer la coopération des services de police entre la Chine et la France, et pour régler un certain nombre de problèmes liés à l'immigration. Sur ce point, le voyage est parfaitement réussi."
A. Hausser-. Et sur le reste ?
R. BACHELOT.- "Sur le reste ?"
A. Hausser-. Il n'y a pas de problème, comme on dit ?
R. BACHELOT.- "Ecoutez, si problèmes il y a, je laisserais aux protagonistes le soin d'en parler."
A. Hausser-. Et vous ne les constatez pas ?
R. BACHELOT.- "Non."
A. Hausser-. Du tout ? C'est formidable... On dit aussi que votre avenir ministériel serait menacé. Vous vous sentez sur un siège éjectable ?
R. BACHELOT.- "Véritablement, je crois que ce genre d'interrogation relève de ce que l'on pourrait appeler une appréciation people de la presse. Moi, j'ai des sujets difficiles à traiter. Je sors d'une crise d'inondation ; la légionellose ; le réchauffement climatique ; la perte de la biodiversité ; je bâtis une loi sur l'eau, un plan climat. Je vais bientôt défendre la Charte de l'environnement, dont le président de la République a dit qu'il était un des douze chantiers du Gouvernement, je vais le défendre devant le Parlement. J'ai autre chose à m'occuper que de pareilles balivernes."
A. Hausser-. Vous avez le poste le plus difficile du Gouvernement ?
R. BACHELOT.- "J'ai un des postes les plus exposés du Gouvernement, car la demande sociale en matière d'environnement et de sécurité est tout à fait considérable, et il faut que je l'assume."
A. Hausser-. Vous avez les moyens ?
R. BACHELOT.- "Oui."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 12 janvier 2004)