Texte intégral
Monsieur le sénateur-maire,
Monsieur le directeur du festival du film ornithologique
Mesdames et Messieurs,
Chers amis
Permettez-moi avant tout de vous remercier de m'avoir convié à cette manifestation qui est avant tout une formidable aventure humaine et qui commence comme une très belle histoire.
Un couple, Dominique et Marie-Christine BROUARD vient un jour s'installer à Ménigoute. Un rêve, une utopie les habitent : créer dans une commune de moins de mille habitants un événement lié à l'environnement et qui attirerait des foules.
Quelques dizaines d'années plus tard , le rêve est devenu réalité : des dizaines, ou plutôt des centaines d'hommes et de femmes de bonne volonté se sont unis et rassemblés pour partager avec eux ce projet qui paraissait irréalisable.
Et ce projet a pris corps, il a grandi d'année en année et il est devenu réalité.
Il n'est que de se promener dans les rues de Ménigoute et de parcourir tous les stands comme je viens de le faire pour en mesurer l'ampleur. L'exceptionnelle ambiance qui règne ici, cette sensation de partage autour d'une idée forte et généreuse :l'amour de la nature glorifié par de multiples formes d'expression artistique.
Merci à tous ceux qui y ont contribué et à celles et ceux qui ont créé les uvres présentées à l'occasion de ce festival.
Les artistes, les créateurs qui ont choisi le terrain de la Nature comme " objet d'expression " sont les meilleurs ambassadeurs qui soient pour cette grande cause qu'est l'écologie.
Nous avons besoin d'eux car, même si nous avons souvent cette Nature sous les yeux, il est important que nous puissions encore mieux mesurer, grâce à ces uvres, la valeur de ce Patrimoine si fragile.
C'est pour les jeunes que l'impact de votre action est particulièrement précieux. Cette sensibilisation à laquelle vous participez est essentielle : et c'est cette priorité que François Fillon et moi-même avons voulu concrétiser de façon très claire en généralisant l'éducation à l'environnement dans les Ecoles, Collèges et Lycées dès cette année.
Mon action à vos côtés
Permettez-moi, à présent, de vous dire quelques mots sur mon action en faveur de cette Nature que vous célébrez ici, à Ménigoute.
Ces derniers mois, de nombreuses étapes importantes ont été franchies au plan national en matière de préservation de nos richesses naturelles nationales.
La stratégie nationale pour la biodiversité
D'abord, la France s'est engagée résolument dans une stratégie de préservation de sa biodiversité (citer chiffres sur l'accélération de la disparition des espèces).
Le Gouvernement a en effet décidé de doter notre pays d'une stratégie qui contribuera à stopper la perte de biodiversité à l'échelle européenne d'ici 2010. Il s'agit, dans " l'esprit de Rio ", cher au Président de la République, de chercher à concilier simultanément la préservation de la diversité biologique avec l'utilisation rationnelle des territoires et des ressources naturelles. Cette stratégie s'inscrit à plusieurs titres dans les priorités du Gouvernement.
D'abord, elle s'appuie sur les principes de la charte de l'environnement, qui fonde une nouvelle génération de droits et devoirs envers la nature et les générations futures. Cette charte, votée par les deux assemblées, devrait être approuvée prochainement.
Ensuite, par la mobilisation collective qu'elle commande et par l'indispensable mise en cohérence des politiques sectorielles qu'elle implique, cette stratégie est une déclinaison de la stratégie nationale de développement durable adoptée en juin 2003.
Enfin, elle se situe résolument dans l'évolution du rôle respectif de l'Etat et des collectivités territoriales, sujet important pour tous les acteurs de terrain.
Mais la stratégie met avant tout l'accent sur le fait que la biodiversité est l'affaire de tous, et non pas des seuls spécialistes. Nous devons en effet tous, et mon ministère le premier, avoir la capacité d'ouvrir le débat sur les questions de l'Ecologie, de construire des partenariats et d'impulser des idées nouvelles.
C'est pourquoi, la phase de définition des orientations de la stratégie a fait appel à une contribution essentielle de la société civile à travers le Conseil national du développement durable et l'Union mondiale pour la nature-antenne France. Certains d'entre vous ont ainsi pu y participer.
Dans la phase actuelle de préparation des plans d'action de la stratégie, j'ai tenu personnellement, en présidant un séminaire le 28 septembre dernier au ministère, à ce que l'Etat présente ses propositions et les soumette à la discussion devant une large représentation de collectivités, de socio-professionnels, d'usagers et d'associations de protection de la nature. Ces plans seront rendus publics avant la fin de l'année, après une ultime phase d'arbitrage.
Les collectivités territoriales ont un rôle essentiel à jouer pour la construction de la stratégie nationale pour la biodiversité. Car, au-delà de la nécessaire vision nationale, le niveau opérationnel sera celui du territoire, qu'il conviendra de décliner à l'échelle la plus pertinente.
Mes choix budgétaires pour 2005 confirment la priorité que j'ai décidé d'accorder à la protection et à la gestion de la biodiversité et du patrimoine naturel de notre pays. Globalement, les crédits dont bénéficiera la direction de la nature et des paysages (DNP) seront en hausse sensible par rapport à 2004, ce qui, en ces temps de rigueur budgétaire, est plus que significatif.
Par ce choix, j'ai souhaité traduire toute la priorité que j'accorde à la mise en uvre de la future stratégie nationale pour la biodiversité, et, par là, aux gestionnaires qui portent l'innovation et accompagnent le développement durable de nos territoires.
Le plan d'action pour le patrimoine naturel
Permettez-moi maintenant quelques mots sur le plan d'action qui concerne plus spécifiquement mon ministère, à savoir le plan d'action pour le patrimoine naturel.
Notre dispositif législatif, réglementaire et de maîtrise foncière existant assure une protection juridiquement forte des espaces, espèces, sites ou paysages emblématiques ou exceptionnels. Ces acquis sont évidemment à sauvegarder. Mais il est souhaitable de compléter ce socle pour au moins trois raisons principales :
* Au regard des enjeux actuels de biodiversité, l'attention doit être élargie à l'ensemble du territoire, à la nature " ordinaire ".
* Le patrimoine naturel, héritage des interactions entre dynamiques naturelles et sociales, est un facteur d'identité culturelle et de développement et doit être reconnu comme tel.
* La société et la demande sociale évoluent : l'extension de l'urbanisation, le développement des loisirs et de certains sports de nature, les mutations économiques entraînant, là, l'intensification de l'exploitation des ressources naturelles, ici, la déprise... Une gestion concertée entre tous les acteurs est nécessaire pour limiter l'accroissement des conflits d'usage et préserver ce patrimoine naturel pour les générations actuelles et futures.
Aussi, le plan d'action pour le patrimoine naturel est-il construit autour de quatre objectifs :
- Maintenir une bonne qualité écologique du territoire
- Accompagner l'essor de la gestion concertée du patrimoine naturel
- Poursuivre la rénovation du droit et des outils économiques
- Organiser le suivi et le faire connaître.
Pour le mettre en uvre, je souhaite m'appuyer sur la diversité des compétences et sur un partenariat développé avec les élus pour favoriser l'émergence d'un dispositif cohérent s'appuyant sur des rôles différenciés les mieux adaptés à chaque échelon administratif.
Plusieurs exemples peuvent illustrer ces nouveaux partenariats attendus, que ce soit la mise en uvre de Natura 2000 (je sais les efforts considérables qui ont été accomplis en région Poitou-Charente sur ce dossier), ou encore le développement d'un tourisme de nature durable, particulièrement sensible en ces lieux...
Ces exemples sont autant d'illustrations de la valeur et de la force de votre contribution à la protection du patrimoine naturel. Tous ces enjeux montrent combien il est crucial d'élargir véritablement l'action à l'ensemble des réseaux gestionnaires d'espaces naturels, aux acteurs socio-professionnels et à tous ceux qui ne sont pas encore convaincus de la nécessité et de l'intérêt de préserver et de gérer durablement ces milieux, qui sont pourtant autant d'atouts pour nos territoires.
J'en viens maintenant au financement de la politique du patrimoine naturel.
Le déploiement de cette ambition nécessite de bien coordonner et de faire converger l'ensemble des moyens financiers. Plusieurs études ont été lancées ces derniers mois, notamment sur le plan fiscal, afin d'identifier des dispositions plus incitatives pour la protection et la gestion du patrimoine naturel et de favoriser les comportements vertueux.
Parmi les propositions qui en sont issues, certaines sont en voie d'aboutissement (exonération de la TFNB - taxe sur le foncier non bâti- dans les zones humides et sites Natura 2000, fonds de compensation de la TVA pour les collectivités maîtres d'ouvrage de travaux sur les terrains du conservatoire du littoral...), d'autres, portant notamment sur la contribution du tourisme au financement de la gestion des espaces naturels, en cours d'examen.
Partout dans le monde, le patrimoine naturel véhicule des valeurs universelles de responsabilité à l'égard de la biodiversité et d'appartenance à des territoires culturels.
La préservation de notre patrimoine naturel et de notre diversité biologique ne se fera pas contre mais avec nos concitoyens. Ce doit être une marque de qualité de nos espaces en terme de richesse naturelle, et un exemple de nouvelle gouvernance pour des territoires remarquables.
Pour réussir, il nous faut engager une dynamique de confiance avec les acteurs locaux, entreprendre un travail de conviction vers une véritable démocratie participative autour de projets de territoire.
Je sais que cette dynamique est en marche sur le terrain. Et c'est bien la responsabilité directe et personnelle de chacun de nos concitoyens qu'il est urgent d'éveiller.
Ce que j'ai pu voir ici à Menigoute, qu'il s'agisse de cette mobilisation qui est la vôtre, de la qualité des uvres produites, de l'action des associations, de l'ouverture de l'Institut de Formation du Cinéma Animalier de Ménigoute (IFCAM) (dont je salue les partenaires : Michel Terasse, Alain Bougrain-Dubourg, Jacques Perrin et Laurent Charbonnier et j'en oublie) me rend confiant pour l'avenir.
L'Ecologie a besoin de vous, merci d'avoir répondu présents depuis longtemps et de continuer à le faire.
Je vous remercie.
(Source http://www.ecologie.gouv.fr, le 2 novembre 2004)