Texte intégral
Q- H. Lauret -. Les regards sont tournés ce matin vers Beyrouth, où l'OPEP, on le sait, se réunit pour tenter de réguler les cours du pétrole. Le baril flambe depuis quelques mois, mais évidemment surtout depuis quelques jours, depuis que la psychose s'est emparée du marché pétrolier après le dernier attentat perpétré par Al-Qaïda en Arabie Saoudite. J'imagine que tous les ministres qui sont réunis avec vous à Bonn ce matin, et qui vont parler "énergies renouvelables" seront très attentifs à ce qui va se décider à Beyrouth...
R- "C'est évidemment l'une de nos premières préoccupations. Le cap qu'il faut avoir en matière de ce que l'on appelle aujourd'hui le "développement durable", c'est vraiment assurer la transition pour sortir de cette société du tout-pétrole. On le voit bien, le pétrole pollue, il participe au réchauffement climatique par les émissions de gaz à effet de serre, il pose des problèmes économiques très très importants du fait des fluctuations des cours, et puis il pose des problèmes géostratégiques puisque les réserves de pétrole sont quasiment dans une seule partie du monde. Il faut donc impérativement que nous sortions de cette société du tout-pétrole puisque, depuis des dizaines d'années, je dirais depuis quasiment un siècle maintenant, nous vivons sur ce pétrole."
Q- C'est vrai que nous avons, d'une certaine manière, la "chance" - je mets tout ça entre guillemets - d'avoir le nucléaire en France puisque, grosso modo, nous fabriquons, nous produisons 75 % de notre électricité d'origine nucléaire, n'est-ce pas ?
R- "Oui, mais il serait aussi stupide d'être pour le tout-nucléaire, qu'il est stupide d'être pour le tout-pétrole. Il faut donc aboutir à un véritable mixte énergétique, c'est-à-dire équilibrer nos sources énergétiques pour ne pas, en quelque sorte, mettre tous les ufs dans le même panier parce que nous avons aujourd'hui plusieurs défis écologiques. Le premier défi écologique, je le disais, c'est le réchauffement climatique, il faut donc absolument limiter nos consommations de pétrole. Il y a un deuxième défi écologique qui est celui des déchets nucléaires, donc là aussi, nous avons un véritable défi et il faut résoudre ce problème."
Q- M. le Ministre, il est évident que l'homme est devenu, par son activité, un agent climatique, et que toutes les bonnes volontés du monde ne feront rien si le protocole de Kyoto, par exemple, n'est pas appliqué et singulièrement par les pays qui sont les plus gros contributeurs à l'effet de serre...
R- "Absolument. Je crois qu'il y a plusieurs types d'actions. La première action, on l'a oubliée depuis les années 70, c'est de faire des économies. Il faut impérativement que, dans notre quotidien, nous, citoyens, d'abord nous fassions des efforts, des efforts au quotidien, des efforts nombreux dans nos transports, dans notre façon de vivre. Ce sont aussi des efforts, évidemment, pour l'industrie, pour les entreprises. Ce sont des efforts pour les collectivités locales. Il faut qu'on développe des technologies moins consommatrices d'énergie. C'est la première chose."
Q- Oui, mais en matière d'économies précisément, on observe que personne, et pas plus d'ailleurs les pouvoirs publics que les acteurs économiques, ne parle aujourd'hui d'économies. On a l'impression que ce vocable "économies d'énergies", qui a fait florès dans les années 80, aujourd'hui n'a pas lieu d'être ; c'est politiquement pas très correct...
R- "On l'a oublié entre-temps parce que, tout simplement, le prix du pétrole avait rebaissé. Et aujourd'hui, on voit bien l'intérêt de faire des économies avec cette hausse du prix du pétrole, et il faut absolument y revenir. Mais il y a une deuxième action, c'est celle - et c'est ce pourquoi je suis à Bonn - des énergies renouvelables. Il faut absolument que nous développions ces énergies renouvelables, et la France, qui n'est pas trop mal placée d'ailleurs sur le plan international au niveau des énergies renouvelables, mais pour une seule raison, c'est parce que nous avons une énergie hydraulique très importante... Mais il faut que nous fassions des efforts dans d'autres secteurs, je pense évidemment à l'éolien, je pense au solaire, mais vous avez aussi une énergie qui s'appelle le biocarburant. Le biocarburant est une énergie extrêmement intéressante, agricole puisque, à la fois, nous arrivons comme ça à une indépendance énergétique plus importante, nous sommes moins dépendants de l'extérieur, et puis nous créons des emplois chez nous."
Q- Mais voilà vingt ans, grosso modo, qu'on en parle de ce carburant agricole, et puis on a l'impression qu'il y a des querelles de chapelle, il y a en tout cas des querelles d'intérêt, des conflits d'intérêt assez sérieux. Pourquoi n'est-on pas capable de développer véritablement ? Parce que cela coûte trop cher ?
R- "C'est surtout une question de coût. Le biocarburant est beaucoup plus cher dans sa production que ne l'est l'achat de pétrole, donc il faut que nous prenions conscience de cette nécessité, que nous acceptions un effort financier. Et à chaque chose, malheur est bon, la hausse du prix du pétrole va, à l'évidence, rendre plus compétitifs les biocarburants. Mais dans tous les cas, il faut, comme nous nous y sommes engagés sur le plan européen, que nous introduisions des biocarburants dans l'essence et dans le diesel."
Q- L'objectif des Européens, et c'est bien le sujet de la conférence de Bonn, c'est de satisfaire, je cite, "au moins 20 % de la consommation d'énergie à partir de sources d'énergies renouvelables, et ça à l'horizon 2020." C'est bien cela ?
R- "Oui, l'objectif que nous nous sommes donné aujourd'hui, c'est, pour la France, 21 % de la production d'électricité. Il s'agit de l'électricité en ce qui concerne la France. Nous sommes aujourd'hui à environ 16 %, et il faut que nous passions à 21 %, ce qui demande un effort tout à fait considérable."
Q- Comment ?
R- "C'est ce que je vous disais : d'abord l'éolien, l'éolien qui pose des difficultés sur le terrain. Il faut que nous expliquions que nous pouvons équiper certaines parties de notre territoire d'éoliennes, sans que cela nuise forcément à l'esthétique de notre territoire, donc là, il y a un effort considérable à faire, pédagogique, un grand débat. Il faut que ce débat ait lieu parce qu'il faut que les populations, nos concitoyens aient conscience de l'enjeu. Il n'est pas question de détruire les plus beaux paysages de France, mais il faut aussi savoir que si nous ne dispersons pas les éoliennes, si nous les concentrons dans certains endroits, c'est tout à fait possible comme d'autres pays l'ont fait."
Q- Reconnaissez que l'esthétique des éoliennes, précisément sur des sites de qualité en règle générale, des sites naturels, cette esthétique pose problème quand même...
R- "Elle pose problème et c'est pour cela qu'il faut en discuter, il faut regarder où nous allons mettre des éoliennes. Je crois que nos systèmes aboutissent à une trop grande dispersion, donc il faut aller plus vers une concentration des éoliennes, mais tout cela doit être fait et discuté dans la sérénité. "
Q- Mais il faut déjà les mettre là où il y a du vent, n'est-ce pas ?
R- "Bien sûr. Mais vous avez aussi le solaire. On oublie complètement que, dans certaines régions de France, je vais prendre l'Alsace, les chauffe-eau solaires se sont développés d'une façon très importante. Donc nous pouvons équiper, et quand des personnes construisent une maison, quand ils renouvellent leur chauffe-eau, nous pouvons largement favoriser l'équipement en chauffe-eau solaire, et là, il y a une économie d'énergie extrêmement importante. Et puis, vous avez tout ce qui est réseau de chaleur, pompe à chaleur."
Q- Cela coûte cher...
R- "Cela coûte cher, mais il faut absolument aboutir à cet équipement, parce que nous sommes trop dépendants quand il faut du pétrole. Quand je dis que cela coûte cher, il faut que la collectivité publique favorise, incite à l'achat, pour que l'acheteur, lui, ça ne lui coûte pas plus cher d'acheter, en quelque sorte, "propre", c'est-à-dire des énergies renouvelables, plutôt que d'acheter des systèmes qui appellent à des énergies fossiles, au pétrole en particulier."
Q- N. Sarkozy, aujourd'hui, qui travaille sur les contraintes budgétaires 2005, vous ne pouvez évidemment pas lui demander, d'une manière ou d'une autre, de défiscaliser les investissements, par exemple, solaires...
R- "Nous venons de passer à l'Assemblée nationale - puisque le débat sur l'énergie est en cours à l'Assemblée nationale -, ce que j'appelle une sorte de "chèque écologie", c'est-à-dire une remise fiscale de 40 % pour les investissements dans le bâtiment qui aboutissent à des économies d'énergies. Donc là, c'est une franchise d'impôt, c'est un chèque écologie, à hauteur de 40 %, c'est tout à fait considérable."
Q- L'environnement, c'est votre dada. J. Chirac a souhaité inscrire cette préoccupation majeure, d'ailleurs, dans la Constitution. Les députés ont voté en première lecture, mais le texte ne fait pas l'unanimité. Et puis, on le sait, c'est ce fameux principe de précaution qui inquiète. Certains disent que cela va stériliser la recherche, le progrès, et fait peser une lourde menace juridique sur les scientifiques. Et puis d'autres pensent que, au contraire, cela incitera à plus de vigilance. Quel est votre
sentiment ?
R- "Ce texte n'est pas anodin et les parlementaires ont souhaité en voir toutes les conséquences et en voir les modalités, ce qui est bien normal dans une démocratie parlementaire. En ce qui concerne le principe de précaution et ce que vous évoquez, c'est-à-dire l'opposition entre, en quelque sorte, la recherche et l'environnement, nous sommes là dans quelque chose qui me semble complètement absurde. Pour développer l'environnement, pour défendre l'environnement aujourd'hui, on a besoin de recherche, on a besoin de connaître, d'avoir de la connaissance. Quand je vois les conséquences de certains produits chimiques en matière de santé, il faut que nous connaissions, nous avons besoin de recherche. Et dire aujourd'hui que la recherche devrait se développer contre l'environnement, cela n'a pas de sens non plus. Donc il faut vraiment bien considérer que, dans l'état de notre société aujourd'hui, il faut une véritable complémentarité, une véritable liaison entre la recherche et l'environnement, et c'est ce à quoi aboutit la Charte de l'environnement, en mettant l'environnement à hauteur des droits de l'Homme, des droits sociaux dans la Constitution."
Q- Ne peut-on craindre que ce principe de précaution - qu'il soit ou non brandi ou agité comme un chiffon rouge - soit susceptible d'accentuer la fuite des cerveaux, de limiter encore les vocations en matière de recherche et d'innovation dans
notre pays ?
R- "Je ne le crois pas. Bien au contraire, l'environnement sera source d'emplois et en particulier d'emplois dans la recherche. Et la France, là, se situe, se place en pointe dans ce débat, et vous verrez que cela complétera, cela favorisera le développement de la recherche."
(source http://www.environnement.gouv.fr, le 7 juin 2004)
R- "C'est évidemment l'une de nos premières préoccupations. Le cap qu'il faut avoir en matière de ce que l'on appelle aujourd'hui le "développement durable", c'est vraiment assurer la transition pour sortir de cette société du tout-pétrole. On le voit bien, le pétrole pollue, il participe au réchauffement climatique par les émissions de gaz à effet de serre, il pose des problèmes économiques très très importants du fait des fluctuations des cours, et puis il pose des problèmes géostratégiques puisque les réserves de pétrole sont quasiment dans une seule partie du monde. Il faut donc impérativement que nous sortions de cette société du tout-pétrole puisque, depuis des dizaines d'années, je dirais depuis quasiment un siècle maintenant, nous vivons sur ce pétrole."
Q- C'est vrai que nous avons, d'une certaine manière, la "chance" - je mets tout ça entre guillemets - d'avoir le nucléaire en France puisque, grosso modo, nous fabriquons, nous produisons 75 % de notre électricité d'origine nucléaire, n'est-ce pas ?
R- "Oui, mais il serait aussi stupide d'être pour le tout-nucléaire, qu'il est stupide d'être pour le tout-pétrole. Il faut donc aboutir à un véritable mixte énergétique, c'est-à-dire équilibrer nos sources énergétiques pour ne pas, en quelque sorte, mettre tous les ufs dans le même panier parce que nous avons aujourd'hui plusieurs défis écologiques. Le premier défi écologique, je le disais, c'est le réchauffement climatique, il faut donc absolument limiter nos consommations de pétrole. Il y a un deuxième défi écologique qui est celui des déchets nucléaires, donc là aussi, nous avons un véritable défi et il faut résoudre ce problème."
Q- M. le Ministre, il est évident que l'homme est devenu, par son activité, un agent climatique, et que toutes les bonnes volontés du monde ne feront rien si le protocole de Kyoto, par exemple, n'est pas appliqué et singulièrement par les pays qui sont les plus gros contributeurs à l'effet de serre...
R- "Absolument. Je crois qu'il y a plusieurs types d'actions. La première action, on l'a oubliée depuis les années 70, c'est de faire des économies. Il faut impérativement que, dans notre quotidien, nous, citoyens, d'abord nous fassions des efforts, des efforts au quotidien, des efforts nombreux dans nos transports, dans notre façon de vivre. Ce sont aussi des efforts, évidemment, pour l'industrie, pour les entreprises. Ce sont des efforts pour les collectivités locales. Il faut qu'on développe des technologies moins consommatrices d'énergie. C'est la première chose."
Q- Oui, mais en matière d'économies précisément, on observe que personne, et pas plus d'ailleurs les pouvoirs publics que les acteurs économiques, ne parle aujourd'hui d'économies. On a l'impression que ce vocable "économies d'énergies", qui a fait florès dans les années 80, aujourd'hui n'a pas lieu d'être ; c'est politiquement pas très correct...
R- "On l'a oublié entre-temps parce que, tout simplement, le prix du pétrole avait rebaissé. Et aujourd'hui, on voit bien l'intérêt de faire des économies avec cette hausse du prix du pétrole, et il faut absolument y revenir. Mais il y a une deuxième action, c'est celle - et c'est ce pourquoi je suis à Bonn - des énergies renouvelables. Il faut absolument que nous développions ces énergies renouvelables, et la France, qui n'est pas trop mal placée d'ailleurs sur le plan international au niveau des énergies renouvelables, mais pour une seule raison, c'est parce que nous avons une énergie hydraulique très importante... Mais il faut que nous fassions des efforts dans d'autres secteurs, je pense évidemment à l'éolien, je pense au solaire, mais vous avez aussi une énergie qui s'appelle le biocarburant. Le biocarburant est une énergie extrêmement intéressante, agricole puisque, à la fois, nous arrivons comme ça à une indépendance énergétique plus importante, nous sommes moins dépendants de l'extérieur, et puis nous créons des emplois chez nous."
Q- Mais voilà vingt ans, grosso modo, qu'on en parle de ce carburant agricole, et puis on a l'impression qu'il y a des querelles de chapelle, il y a en tout cas des querelles d'intérêt, des conflits d'intérêt assez sérieux. Pourquoi n'est-on pas capable de développer véritablement ? Parce que cela coûte trop cher ?
R- "C'est surtout une question de coût. Le biocarburant est beaucoup plus cher dans sa production que ne l'est l'achat de pétrole, donc il faut que nous prenions conscience de cette nécessité, que nous acceptions un effort financier. Et à chaque chose, malheur est bon, la hausse du prix du pétrole va, à l'évidence, rendre plus compétitifs les biocarburants. Mais dans tous les cas, il faut, comme nous nous y sommes engagés sur le plan européen, que nous introduisions des biocarburants dans l'essence et dans le diesel."
Q- L'objectif des Européens, et c'est bien le sujet de la conférence de Bonn, c'est de satisfaire, je cite, "au moins 20 % de la consommation d'énergie à partir de sources d'énergies renouvelables, et ça à l'horizon 2020." C'est bien cela ?
R- "Oui, l'objectif que nous nous sommes donné aujourd'hui, c'est, pour la France, 21 % de la production d'électricité. Il s'agit de l'électricité en ce qui concerne la France. Nous sommes aujourd'hui à environ 16 %, et il faut que nous passions à 21 %, ce qui demande un effort tout à fait considérable."
Q- Comment ?
R- "C'est ce que je vous disais : d'abord l'éolien, l'éolien qui pose des difficultés sur le terrain. Il faut que nous expliquions que nous pouvons équiper certaines parties de notre territoire d'éoliennes, sans que cela nuise forcément à l'esthétique de notre territoire, donc là, il y a un effort considérable à faire, pédagogique, un grand débat. Il faut que ce débat ait lieu parce qu'il faut que les populations, nos concitoyens aient conscience de l'enjeu. Il n'est pas question de détruire les plus beaux paysages de France, mais il faut aussi savoir que si nous ne dispersons pas les éoliennes, si nous les concentrons dans certains endroits, c'est tout à fait possible comme d'autres pays l'ont fait."
Q- Reconnaissez que l'esthétique des éoliennes, précisément sur des sites de qualité en règle générale, des sites naturels, cette esthétique pose problème quand même...
R- "Elle pose problème et c'est pour cela qu'il faut en discuter, il faut regarder où nous allons mettre des éoliennes. Je crois que nos systèmes aboutissent à une trop grande dispersion, donc il faut aller plus vers une concentration des éoliennes, mais tout cela doit être fait et discuté dans la sérénité. "
Q- Mais il faut déjà les mettre là où il y a du vent, n'est-ce pas ?
R- "Bien sûr. Mais vous avez aussi le solaire. On oublie complètement que, dans certaines régions de France, je vais prendre l'Alsace, les chauffe-eau solaires se sont développés d'une façon très importante. Donc nous pouvons équiper, et quand des personnes construisent une maison, quand ils renouvellent leur chauffe-eau, nous pouvons largement favoriser l'équipement en chauffe-eau solaire, et là, il y a une économie d'énergie extrêmement importante. Et puis, vous avez tout ce qui est réseau de chaleur, pompe à chaleur."
Q- Cela coûte cher...
R- "Cela coûte cher, mais il faut absolument aboutir à cet équipement, parce que nous sommes trop dépendants quand il faut du pétrole. Quand je dis que cela coûte cher, il faut que la collectivité publique favorise, incite à l'achat, pour que l'acheteur, lui, ça ne lui coûte pas plus cher d'acheter, en quelque sorte, "propre", c'est-à-dire des énergies renouvelables, plutôt que d'acheter des systèmes qui appellent à des énergies fossiles, au pétrole en particulier."
Q- N. Sarkozy, aujourd'hui, qui travaille sur les contraintes budgétaires 2005, vous ne pouvez évidemment pas lui demander, d'une manière ou d'une autre, de défiscaliser les investissements, par exemple, solaires...
R- "Nous venons de passer à l'Assemblée nationale - puisque le débat sur l'énergie est en cours à l'Assemblée nationale -, ce que j'appelle une sorte de "chèque écologie", c'est-à-dire une remise fiscale de 40 % pour les investissements dans le bâtiment qui aboutissent à des économies d'énergies. Donc là, c'est une franchise d'impôt, c'est un chèque écologie, à hauteur de 40 %, c'est tout à fait considérable."
Q- L'environnement, c'est votre dada. J. Chirac a souhaité inscrire cette préoccupation majeure, d'ailleurs, dans la Constitution. Les députés ont voté en première lecture, mais le texte ne fait pas l'unanimité. Et puis, on le sait, c'est ce fameux principe de précaution qui inquiète. Certains disent que cela va stériliser la recherche, le progrès, et fait peser une lourde menace juridique sur les scientifiques. Et puis d'autres pensent que, au contraire, cela incitera à plus de vigilance. Quel est votre
sentiment ?
R- "Ce texte n'est pas anodin et les parlementaires ont souhaité en voir toutes les conséquences et en voir les modalités, ce qui est bien normal dans une démocratie parlementaire. En ce qui concerne le principe de précaution et ce que vous évoquez, c'est-à-dire l'opposition entre, en quelque sorte, la recherche et l'environnement, nous sommes là dans quelque chose qui me semble complètement absurde. Pour développer l'environnement, pour défendre l'environnement aujourd'hui, on a besoin de recherche, on a besoin de connaître, d'avoir de la connaissance. Quand je vois les conséquences de certains produits chimiques en matière de santé, il faut que nous connaissions, nous avons besoin de recherche. Et dire aujourd'hui que la recherche devrait se développer contre l'environnement, cela n'a pas de sens non plus. Donc il faut vraiment bien considérer que, dans l'état de notre société aujourd'hui, il faut une véritable complémentarité, une véritable liaison entre la recherche et l'environnement, et c'est ce à quoi aboutit la Charte de l'environnement, en mettant l'environnement à hauteur des droits de l'Homme, des droits sociaux dans la Constitution."
Q- Ne peut-on craindre que ce principe de précaution - qu'il soit ou non brandi ou agité comme un chiffon rouge - soit susceptible d'accentuer la fuite des cerveaux, de limiter encore les vocations en matière de recherche et d'innovation dans
notre pays ?
R- "Je ne le crois pas. Bien au contraire, l'environnement sera source d'emplois et en particulier d'emplois dans la recherche. Et la France, là, se situe, se place en pointe dans ce débat, et vous verrez que cela complétera, cela favorisera le développement de la recherche."
(source http://www.environnement.gouv.fr, le 7 juin 2004)