Texte intégral
Monsieur le Sénateur,
Mesdames et messieurs les sénateurs,
Mesdames et Messieurs,
Je veux tout d'abord vous dire à quel point Mme HAIGNERE regrette de ne pas être avec vous aujourd'hui pour se joindre à vos débats car c'est toujours pour elle un grand plaisir que de participer aux colloques organisés par le Sénat qui sont un lieu privilégié d'échange entre acteurs venus de tous les horizons : parlementaires, chercheurs, médecins, entrepreneurs, industriels et investisseurs.
Elle m'a chargé de vous demander de bien vouloir lui pardonner cette absence et de vous remercier, M. le sénateur Bizet, Mesdames, Messieurs les sénateurs pour l'organisation de cette journée qui porte sur un thème majeur pour les sciences, pour l'innovation et pour notre économie : je veux parler des biotechnologies.
Ce secteur, souvent mal compris, est un secteur clé pour le développement technologique et il est sans conteste appelé à contribuer activement à l'essor de l'Europe.
Pourquoi les biotechnologies doivent-elles figurer au premier rang de nos priorités? La réponse est qu'elles recèlent probablement la source des principales révolutions technologiques des décennies à venir et les réponses à de nombreux espoirs que l'on peut placer dans le progrès.
Le 20ème siècle fut celui de l'atome, de l'aéronautique et de l'espace, des technologies de l'information.
Toutes ces évolutions scientifiques et technologiques ont en commun d'avoir profondément révolutionné nos modes de vie et notre relation à notre environnement.
Le 21ème siècle pourrait être celui du gène et du vivant.
Nous fêtons les 50 ans de la découverte de l'ADN, l'un des véritables actes fondateurs de l'ère des biotechnologies. Il n'y a qu'à mesurer le chemin parcouru en 50 ans pour imaginer ce que les sciences et les technologies de la biologie peuvent nous apporter et comment ces promesses de bouleversements scientifiques peuvent être porteuses aussi de changements culturels et sociaux décisifs : changement dans notre façon et notre efficacité de nous soigner et d'aborder la vieillesse, changements dans les domaines de production agricoles et industriels, dans notre conception de la protection de notre environnement et à terme sans doute amélioration notre alimentation.
Il est difficile de donner des biotechnologies une véritable définition : on pourrait dire qu'il s'agit de l'ensemble des méthodes ou des techniques qui utilisent des éléments du vivant pour produire des biens ou rendre des services. On peut aussi les considérer comme une discipline qui s'intéresse aux applications des connaissances acquises en sciences de la vie, associées ou non à d'autres technologies. C'est sans doute parce qu'elles sont multiformes qu'elles sont parfois mal comprises.
Pourtant elles représentent un enjeu scientifique formidable et fascinant. Par essence pluridisciplinaire elles font appel à ce qu'il y a de plus pointu dans de multiples domaines de recherche et aux plus hautes technologies, elles donnent lieu à de véritables nouveaux champs d'exploration de la science comme les bio-mathématiques, la bio-informatique, la micro-fluidique, et suite à l'essor de la génomique, les développements à venir de la génomique fonctionnelle, à la protéomique et à la cellulomique qui sont extrêmement prometteurs.
Elles représentent aussi un réel enjeu de société, avec de nombreuses applications au service de l'homme : sa santé, son alimentation et son environnement. Je ne citerai que quelques exemples :
- dans le domaine de la santé humaine : une véritable révolution est désormais à notre portée avec la venue de nouveaux médicaments plus sûrs et plus efficaces pour une sécurité sanitaire accrue, et la thérapie génique et cellulaire qui laisse entrevoir la possible guérison des maladies génétiques souvent héréditaires,
Toutes les pathologies sont concernées : l'ensemble des maladies génétiques rares, les maladies à déterminisme complexe, à la fois génétique et environnementale (asthme, diabète), ainsi que les pathologies graves les plus fréquentes : cancer, maladies cardio-vasculaires et affections neuro-dégénératives telle la sclérose en plaque, Parkinson, l'épilepsie.
- dans le domaine de la prévention elles permettront l'émergence de vaccins, de tests diagnostiques et génétiques,
Mais aussi les recherches en génétique permettent d'envisager une médecine fondée sur une approche de la maladie à une médecine personnalisée et préventive fondée sur la prédisposition génétique, le dépistage ciblé, le diagnostic et des traitements médicamenteux "sur mesure" fondés sur la diversité génétique des patients.
- la médecine régénérative qui permettra peut être de régénérer de nouveaux organes telle la peau pour les grands brûlés. Elle permettra peut être de réaliser un vieux rêve de l'homme : réparer le corps humain.
- dans le domaine agroalimentaire, les biotechnologies ont permis l'améliorer les plantes d'intérêt agronomique, de diminuer l'usage des pesticides et de développer de nouveaux usages, de sélectionner des espèces animales d'élevage. Les enjeux sont ici mondiaux.
- plus généralement dans domaine industriel Les biotechnologies permettront la transformation de l'énergie : la biomasse pourrait fournir des énergies de substitution telles que le biodiésel et le bioéthanol. La science des matériaux bénéficiera pour sa part à des propriétés étonnantes de certaines macromolécules biologiques, comme le montre l'exemple de la soie d'araignée plus résistante que l'acier.
Les biotechnologies offrent enfin de nouveaux moyens pour protéger et améliorer l'environnement. Elles ouvrent des pistes de recherche tout à fait nouvelles, innovantes et passionnantes. Les pistes actuellement explorées sont celles de la bioremédiation de l'air, des soles, de l'eau et le traitement des déchets pollués. Les nouvelles méthodes biotechnologiques facilitent, en effet, le développement de produits et de procédés industriels plus propres. Dans un proche avenir, une véritable éco-industrie biotechnologique peut ainsi émerger dans les pays industrialisés. Elle constituera l'une des solutions à la pollution causée par le développement industriel et l'urbanisation.
Ainsi tous ces exemples montrent combien les biotechnologies sont chargées de promesses et en quoi elles peuvent être à la source de nouvelles applications pour l'homme et son confort.
Mais justement parce qu'elles sont si riches de potentiel les biotechnologies suscitent la crainte et l'inquiétude Certains risques existent, ils peuvent et doivent être maîtrisés. Et Mme HAIGNERÉ se réjouit que votre colloque ait inscrit également à son ordre du jour les problèmes d'éthique que peuvent ainsi soulever ces nouvelles technologies qui constituent une dimension essentielle pour leur développement.
Mais les biotechnologies, ce n'est pas uniquement un enjeu scientifique et sociétal, c'est aussi un enjeu économique majeur :
- Selon la Commission européenne, le potentiel économique mondial est estimé à plus de 100 milliards d'euros dès 2005 !
- Les enjeux économiques immédiats concernent l'avenir de l'industrie pharmaceutique et le niveau d'excellence du système de soins puisque, d'ores et déjà, plus de 60% des nouveaux ou futurs médicaments sont liés aux nouvelles technologies de la biologie.
- Les sociétés de biotechnologies sont très actives en recherche, ce qui veut dire qu'elles sont très porteuses de croissance économique et d'emplois car toutes les analyses économiques confirment la corrélation entre ces deux facteurs.
Il est difficile de dire aujourd'hui avec quelle certitude ces prévisions se réaliseront. Ce qui est sûr c'est que beaucoup de pays industriels ont compris ces enjeux scientifiques, sociétaux et économiques des biotechnologies.
Les entreprises américaines possèdent un savoir-faire scientifique et une puissance financière incontestable dans ce domaine. D'autres pays comme le Canada, le Japon ou Israël s'inscrivent dans cette dynamique.
Dans cette compétition internationale pour la compétitivité et le savoir, la France, Patrie de Louis Pasteur, ne peut pas rester à l'écart! .
La Commission européenne a récemment présenté un Plan d'action en faveur des biotechnologies et le 6ème PCRD consacre plus de 2 milliards d'euros aux biotechnologies médicales.
La France se situe dans ce domaine à la troisième place en Europe derrière la Grande-Bretagne et l'Allemagne.
Notre pays dispose d'atouts lui permettant de se situer au meilleur niveau grâce à la qualité de sa formation scientifique, le rayonnement de sa recherche et de sa technologie en biologie, l'impact des publications françaises dans ces disciplines, et la grande mobilisation de ses chercheurs, entrepreneurs et investisseurs dans ce secteur.
Quelles sont les conditions pour relever les défis que soulèvent ce nouveau tournant technologique ?
Tout d'abord, force est de constater qu'aujourd'hui le secteur des biotechnologies en France est encore dispersé : il est composé de quelques 270 entreprises sont encore trop jeunes et trop petites par rapport à d'autres entreprises européennes et internationales. Elles sont souvent isolées avec trop peu de partenariat avec les laboratoires publics de recherche et avec les grandes entreprises de pharmacie. Enfin, les montants d'investissement français, que ce soit en phase d'amorçage pour plus en aval pendant la croissance de l'entreprise, sont encore trop faibles.
Pour réussir, il nous faut donc à la fois investir d'avantage et concentrer nos efforts.
Investir tout d'abord !
Mme HAIGNERE a déjà annoncé dans le Plan "Innovation", un ensemble de mesures qui bénéficieront aux entreprises innovantes et en particulier aux entreprises de biotechnologies dès 2004.
Je n'y reviendrai que brièvement
Ce sont la " Société Unipersonnelle pour les Investisseurs Providentiels ", le statut de la jeune entreprise innovante, le nouveau régime fiscal du Crédit d'Impôt Recherche qui seront présentées, comme prévu, devant le Parlement à l'occasion de la loi de finances 2004. Ce sont aussi le renforcement du fonds d'amorçage bioAM, la création de nouveaux fonds tel le fonds pour les micro et nanotechnologies avec l'aide de la Caisse des Dépôts.
Enfin, vous l'avez sans doute noté, pour la première fois, l'Etat mettra en place un dispositif de financement innovant en investissant 150 M à partir des produits de ses cessions d'actifs pour créer des fondations de recherche.
L'ensemble de ce dispositif est guidé par trois priorités :
- faciliter l'investissement des entreprises dans la recherche ;
- faciliter la création d'entreprises innovantes ;
- développer les synergies entre laboratoires publics et laboratoires privés.
Mais on ne peut réussir que si l'on concentre aussi les efforts.
Notre tissu industriel, je l'ai dit, doit gagner en maturité et en consolidation
L'exemple d'Iter pour lequel l'Europe a tout récemment désigné le site de Cadarache montre que les sciences nécessitent aujourd'hui des moyens importants qui ne peuvent être que partagés.
Le ministère de la recherche travaille aussi actuellement avec le ministère de l'Industrie sur un objectif ambitieux pour faire de la France l'un des sites de référence européens et mondiaux du secteur des biotechnologies.
Pour cela, quelques axes et actions prioritaires sont déjà identifiés:
- Il nous faut définir une stratégie nationale pour les biotechnologies en identifiant des thématiques et sites géographiques prioritaires sur lesquels nous concentrerons les moyens et les compétences pour être compétitifs et visibles.
- Mme HAIGNERE souhaite que puissent émerger des pôles taille critique et de réputation internationale, à l'image des pôles de Boston, San Diego ou San Francisco. Ils contribueront à l'attractivité de la France pour les jeunes talents, les entrepreneurs et les investisseurs. Comme vous le savez, la création de tels pôles est largement encouragée par la Commission européenne.
Il s'agit de concentrer autour d'une identité commune, le monde de la recherche académique, les universités, les hôpitaux, les jeunes pousses et les investisseurs ainsi que tout un tissu d'entreprises de services de haute technologie ou de pharmacie. Ils faciliteront la synergie entre eux et la valorisation des connaissances produites.
- Le second axe consiste à renforcer notre effort de recherche fondamentale et clinique en sciences de la vie avec une coordination accrue des programmes et des plate-formes technologiques. Ce socle de recherche fondamentale et clinique devra également être plus ouvert sur l'entreprise en privilégiant plus de partenariats.
- Enfin, le transfert des connaissances des organismes publics de recherche vers les entreprises de biotechnologies est aussi essentiel à la réussite des projets et des entreprises. Il doit être renforcé en permettant la maturation des projets dans les laboratoires publics et en mutualisant les activités de valorisation, mais aussi en augmentant le nombre d'unités mixtes entre laboratoires publics et entreprises.
Toutes ces mesures n'auront le plein effet que nous en attendons que si elles sont relayées, et accompagnées par l'effort de tous :
- la formation des managers en biotechnologies est par exemple un point essentiel à la constitution d'une industrie dynamique.
- des rencontres internationales de haut niveau, comme le carrefour européen des biotechnologies, contribuent notablement à ce que la France devienne un pôle d'attraction international pour les biotechnologies.
Enfin, il faut établir une relation de confiance des citoyens vis à vis des biotechnologies. Cela passe par un effort de diffusion de la culture scientifique et technique, élément essentiel pour l'acceptation du progrès dans nos sociétés en évolution rapide, et plus essentiel encore dans un domaine comme les biotechnologies qui touche au vivant et dont à chacun d'entre nous.
Il nous faut donc un effort de pédagogie pour expliquer les biotechnologies montrer que leurs applications sont utiles, au service de la santé et de son environnement. L'enjeu est majeur et le défi réel.
Mme HAIGNERÉ compte mettre l'effort de diffusion de la culture scientifique et technique au cur de ses priorités en 2004.
Mesdames, Messieurs,
La France et l'Europe peuvent devenir des acteurs majeurs et internationaux des biotechnologies. Le gouvernement français et la Commission européenne en ont la volonté et nous pouvons, ensemble, donner corps à cette ambition. C'est incontestablement dans un cadre européen que notre ambition prendra corps.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 11 décembre 2003)
Mesdames et messieurs les sénateurs,
Mesdames et Messieurs,
Je veux tout d'abord vous dire à quel point Mme HAIGNERE regrette de ne pas être avec vous aujourd'hui pour se joindre à vos débats car c'est toujours pour elle un grand plaisir que de participer aux colloques organisés par le Sénat qui sont un lieu privilégié d'échange entre acteurs venus de tous les horizons : parlementaires, chercheurs, médecins, entrepreneurs, industriels et investisseurs.
Elle m'a chargé de vous demander de bien vouloir lui pardonner cette absence et de vous remercier, M. le sénateur Bizet, Mesdames, Messieurs les sénateurs pour l'organisation de cette journée qui porte sur un thème majeur pour les sciences, pour l'innovation et pour notre économie : je veux parler des biotechnologies.
Ce secteur, souvent mal compris, est un secteur clé pour le développement technologique et il est sans conteste appelé à contribuer activement à l'essor de l'Europe.
Pourquoi les biotechnologies doivent-elles figurer au premier rang de nos priorités? La réponse est qu'elles recèlent probablement la source des principales révolutions technologiques des décennies à venir et les réponses à de nombreux espoirs que l'on peut placer dans le progrès.
Le 20ème siècle fut celui de l'atome, de l'aéronautique et de l'espace, des technologies de l'information.
Toutes ces évolutions scientifiques et technologiques ont en commun d'avoir profondément révolutionné nos modes de vie et notre relation à notre environnement.
Le 21ème siècle pourrait être celui du gène et du vivant.
Nous fêtons les 50 ans de la découverte de l'ADN, l'un des véritables actes fondateurs de l'ère des biotechnologies. Il n'y a qu'à mesurer le chemin parcouru en 50 ans pour imaginer ce que les sciences et les technologies de la biologie peuvent nous apporter et comment ces promesses de bouleversements scientifiques peuvent être porteuses aussi de changements culturels et sociaux décisifs : changement dans notre façon et notre efficacité de nous soigner et d'aborder la vieillesse, changements dans les domaines de production agricoles et industriels, dans notre conception de la protection de notre environnement et à terme sans doute amélioration notre alimentation.
Il est difficile de donner des biotechnologies une véritable définition : on pourrait dire qu'il s'agit de l'ensemble des méthodes ou des techniques qui utilisent des éléments du vivant pour produire des biens ou rendre des services. On peut aussi les considérer comme une discipline qui s'intéresse aux applications des connaissances acquises en sciences de la vie, associées ou non à d'autres technologies. C'est sans doute parce qu'elles sont multiformes qu'elles sont parfois mal comprises.
Pourtant elles représentent un enjeu scientifique formidable et fascinant. Par essence pluridisciplinaire elles font appel à ce qu'il y a de plus pointu dans de multiples domaines de recherche et aux plus hautes technologies, elles donnent lieu à de véritables nouveaux champs d'exploration de la science comme les bio-mathématiques, la bio-informatique, la micro-fluidique, et suite à l'essor de la génomique, les développements à venir de la génomique fonctionnelle, à la protéomique et à la cellulomique qui sont extrêmement prometteurs.
Elles représentent aussi un réel enjeu de société, avec de nombreuses applications au service de l'homme : sa santé, son alimentation et son environnement. Je ne citerai que quelques exemples :
- dans le domaine de la santé humaine : une véritable révolution est désormais à notre portée avec la venue de nouveaux médicaments plus sûrs et plus efficaces pour une sécurité sanitaire accrue, et la thérapie génique et cellulaire qui laisse entrevoir la possible guérison des maladies génétiques souvent héréditaires,
Toutes les pathologies sont concernées : l'ensemble des maladies génétiques rares, les maladies à déterminisme complexe, à la fois génétique et environnementale (asthme, diabète), ainsi que les pathologies graves les plus fréquentes : cancer, maladies cardio-vasculaires et affections neuro-dégénératives telle la sclérose en plaque, Parkinson, l'épilepsie.
- dans le domaine de la prévention elles permettront l'émergence de vaccins, de tests diagnostiques et génétiques,
Mais aussi les recherches en génétique permettent d'envisager une médecine fondée sur une approche de la maladie à une médecine personnalisée et préventive fondée sur la prédisposition génétique, le dépistage ciblé, le diagnostic et des traitements médicamenteux "sur mesure" fondés sur la diversité génétique des patients.
- la médecine régénérative qui permettra peut être de régénérer de nouveaux organes telle la peau pour les grands brûlés. Elle permettra peut être de réaliser un vieux rêve de l'homme : réparer le corps humain.
- dans le domaine agroalimentaire, les biotechnologies ont permis l'améliorer les plantes d'intérêt agronomique, de diminuer l'usage des pesticides et de développer de nouveaux usages, de sélectionner des espèces animales d'élevage. Les enjeux sont ici mondiaux.
- plus généralement dans domaine industriel Les biotechnologies permettront la transformation de l'énergie : la biomasse pourrait fournir des énergies de substitution telles que le biodiésel et le bioéthanol. La science des matériaux bénéficiera pour sa part à des propriétés étonnantes de certaines macromolécules biologiques, comme le montre l'exemple de la soie d'araignée plus résistante que l'acier.
Les biotechnologies offrent enfin de nouveaux moyens pour protéger et améliorer l'environnement. Elles ouvrent des pistes de recherche tout à fait nouvelles, innovantes et passionnantes. Les pistes actuellement explorées sont celles de la bioremédiation de l'air, des soles, de l'eau et le traitement des déchets pollués. Les nouvelles méthodes biotechnologiques facilitent, en effet, le développement de produits et de procédés industriels plus propres. Dans un proche avenir, une véritable éco-industrie biotechnologique peut ainsi émerger dans les pays industrialisés. Elle constituera l'une des solutions à la pollution causée par le développement industriel et l'urbanisation.
Ainsi tous ces exemples montrent combien les biotechnologies sont chargées de promesses et en quoi elles peuvent être à la source de nouvelles applications pour l'homme et son confort.
Mais justement parce qu'elles sont si riches de potentiel les biotechnologies suscitent la crainte et l'inquiétude Certains risques existent, ils peuvent et doivent être maîtrisés. Et Mme HAIGNERÉ se réjouit que votre colloque ait inscrit également à son ordre du jour les problèmes d'éthique que peuvent ainsi soulever ces nouvelles technologies qui constituent une dimension essentielle pour leur développement.
Mais les biotechnologies, ce n'est pas uniquement un enjeu scientifique et sociétal, c'est aussi un enjeu économique majeur :
- Selon la Commission européenne, le potentiel économique mondial est estimé à plus de 100 milliards d'euros dès 2005 !
- Les enjeux économiques immédiats concernent l'avenir de l'industrie pharmaceutique et le niveau d'excellence du système de soins puisque, d'ores et déjà, plus de 60% des nouveaux ou futurs médicaments sont liés aux nouvelles technologies de la biologie.
- Les sociétés de biotechnologies sont très actives en recherche, ce qui veut dire qu'elles sont très porteuses de croissance économique et d'emplois car toutes les analyses économiques confirment la corrélation entre ces deux facteurs.
Il est difficile de dire aujourd'hui avec quelle certitude ces prévisions se réaliseront. Ce qui est sûr c'est que beaucoup de pays industriels ont compris ces enjeux scientifiques, sociétaux et économiques des biotechnologies.
Les entreprises américaines possèdent un savoir-faire scientifique et une puissance financière incontestable dans ce domaine. D'autres pays comme le Canada, le Japon ou Israël s'inscrivent dans cette dynamique.
Dans cette compétition internationale pour la compétitivité et le savoir, la France, Patrie de Louis Pasteur, ne peut pas rester à l'écart! .
La Commission européenne a récemment présenté un Plan d'action en faveur des biotechnologies et le 6ème PCRD consacre plus de 2 milliards d'euros aux biotechnologies médicales.
La France se situe dans ce domaine à la troisième place en Europe derrière la Grande-Bretagne et l'Allemagne.
Notre pays dispose d'atouts lui permettant de se situer au meilleur niveau grâce à la qualité de sa formation scientifique, le rayonnement de sa recherche et de sa technologie en biologie, l'impact des publications françaises dans ces disciplines, et la grande mobilisation de ses chercheurs, entrepreneurs et investisseurs dans ce secteur.
Quelles sont les conditions pour relever les défis que soulèvent ce nouveau tournant technologique ?
Tout d'abord, force est de constater qu'aujourd'hui le secteur des biotechnologies en France est encore dispersé : il est composé de quelques 270 entreprises sont encore trop jeunes et trop petites par rapport à d'autres entreprises européennes et internationales. Elles sont souvent isolées avec trop peu de partenariat avec les laboratoires publics de recherche et avec les grandes entreprises de pharmacie. Enfin, les montants d'investissement français, que ce soit en phase d'amorçage pour plus en aval pendant la croissance de l'entreprise, sont encore trop faibles.
Pour réussir, il nous faut donc à la fois investir d'avantage et concentrer nos efforts.
Investir tout d'abord !
Mme HAIGNERE a déjà annoncé dans le Plan "Innovation", un ensemble de mesures qui bénéficieront aux entreprises innovantes et en particulier aux entreprises de biotechnologies dès 2004.
Je n'y reviendrai que brièvement
Ce sont la " Société Unipersonnelle pour les Investisseurs Providentiels ", le statut de la jeune entreprise innovante, le nouveau régime fiscal du Crédit d'Impôt Recherche qui seront présentées, comme prévu, devant le Parlement à l'occasion de la loi de finances 2004. Ce sont aussi le renforcement du fonds d'amorçage bioAM, la création de nouveaux fonds tel le fonds pour les micro et nanotechnologies avec l'aide de la Caisse des Dépôts.
Enfin, vous l'avez sans doute noté, pour la première fois, l'Etat mettra en place un dispositif de financement innovant en investissant 150 M à partir des produits de ses cessions d'actifs pour créer des fondations de recherche.
L'ensemble de ce dispositif est guidé par trois priorités :
- faciliter l'investissement des entreprises dans la recherche ;
- faciliter la création d'entreprises innovantes ;
- développer les synergies entre laboratoires publics et laboratoires privés.
Mais on ne peut réussir que si l'on concentre aussi les efforts.
Notre tissu industriel, je l'ai dit, doit gagner en maturité et en consolidation
L'exemple d'Iter pour lequel l'Europe a tout récemment désigné le site de Cadarache montre que les sciences nécessitent aujourd'hui des moyens importants qui ne peuvent être que partagés.
Le ministère de la recherche travaille aussi actuellement avec le ministère de l'Industrie sur un objectif ambitieux pour faire de la France l'un des sites de référence européens et mondiaux du secteur des biotechnologies.
Pour cela, quelques axes et actions prioritaires sont déjà identifiés:
- Il nous faut définir une stratégie nationale pour les biotechnologies en identifiant des thématiques et sites géographiques prioritaires sur lesquels nous concentrerons les moyens et les compétences pour être compétitifs et visibles.
- Mme HAIGNERE souhaite que puissent émerger des pôles taille critique et de réputation internationale, à l'image des pôles de Boston, San Diego ou San Francisco. Ils contribueront à l'attractivité de la France pour les jeunes talents, les entrepreneurs et les investisseurs. Comme vous le savez, la création de tels pôles est largement encouragée par la Commission européenne.
Il s'agit de concentrer autour d'une identité commune, le monde de la recherche académique, les universités, les hôpitaux, les jeunes pousses et les investisseurs ainsi que tout un tissu d'entreprises de services de haute technologie ou de pharmacie. Ils faciliteront la synergie entre eux et la valorisation des connaissances produites.
- Le second axe consiste à renforcer notre effort de recherche fondamentale et clinique en sciences de la vie avec une coordination accrue des programmes et des plate-formes technologiques. Ce socle de recherche fondamentale et clinique devra également être plus ouvert sur l'entreprise en privilégiant plus de partenariats.
- Enfin, le transfert des connaissances des organismes publics de recherche vers les entreprises de biotechnologies est aussi essentiel à la réussite des projets et des entreprises. Il doit être renforcé en permettant la maturation des projets dans les laboratoires publics et en mutualisant les activités de valorisation, mais aussi en augmentant le nombre d'unités mixtes entre laboratoires publics et entreprises.
Toutes ces mesures n'auront le plein effet que nous en attendons que si elles sont relayées, et accompagnées par l'effort de tous :
- la formation des managers en biotechnologies est par exemple un point essentiel à la constitution d'une industrie dynamique.
- des rencontres internationales de haut niveau, comme le carrefour européen des biotechnologies, contribuent notablement à ce que la France devienne un pôle d'attraction international pour les biotechnologies.
Enfin, il faut établir une relation de confiance des citoyens vis à vis des biotechnologies. Cela passe par un effort de diffusion de la culture scientifique et technique, élément essentiel pour l'acceptation du progrès dans nos sociétés en évolution rapide, et plus essentiel encore dans un domaine comme les biotechnologies qui touche au vivant et dont à chacun d'entre nous.
Il nous faut donc un effort de pédagogie pour expliquer les biotechnologies montrer que leurs applications sont utiles, au service de la santé et de son environnement. L'enjeu est majeur et le défi réel.
Mme HAIGNERÉ compte mettre l'effort de diffusion de la culture scientifique et technique au cur de ses priorités en 2004.
Mesdames, Messieurs,
La France et l'Europe peuvent devenir des acteurs majeurs et internationaux des biotechnologies. Le gouvernement français et la Commission européenne en ont la volonté et nous pouvons, ensemble, donner corps à cette ambition. C'est incontestablement dans un cadre européen que notre ambition prendra corps.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 11 décembre 2003)