Déclaration de Mme Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, sur les différents aspects de la politique du gouvernement qualifiée de particulièrement réactionnaire et sur les stratégies à mettre en place pour permettre une alternative à gauche, à Paris le 2 décembre 2003.

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Circonstance : Meeting du PCF à la Mutualité, Paris le 2 décembre 2003

Texte intégral

Chers ami-e-s, Cher-e-s camarades,
Aux paroles que nous venons d'entendre peuvent s'en ajouter bien d'autres. Toutes disent la colère devant l'offensive de casse de la droite au pouvoir. Toutes disent l'inquiétude devant la remise en cause des acquis de notre peuple. " Ils reprennent tout ce qu'on a gagné depuis 36 ". C'est vrai. Ils nous font la vie plus dure, ils nous font la vie plus sombre !
Je pense à ces hommes et ces femmes que j'ai réunis à Blanc Mesnil touchés depuis de longs mois par le chômage. Ils vont dès janvier perdre les allocations auxquelles ils ont droit, pour lesquelles ils ont cotisé pendant des années, pour basculer dans le RMI. Et ce revenu minimum leur est d'ores et déjà contesté. Les voici poussés vers le RMA. Le RMA, c'est l'Etat qui subventionne le patronat pour exploiter pendant 18 mois, 20 heures par semaine des hommes et des femmes avant de les jeter à la rue, sans rien. Avec le RMA exit le SMIC et le contrat de travail. Raffarin parle de remettre la France au travail, en fait il met la France au chagrin. Il livre au patronat une main d'uvre corvéable à merci.
Le 6 décembre, les chômeurs seront dans la rue. Nous serons à leurs côtés pour dire : oui au droit à l'emploi !
Je pense à ces jeunes intérimaires de Peugeot Citroën que l'on met dehors dès que les commandes ralentissent. Les salariés ne sont plus pour le patronat qu'une " variable d'ajustement ".
Je pense à celles et ceux d'Alstom ou de Thomson avec qui j'étais, il y a quelques jours, et qui sont aujourd'hui victimes des choix destructeurs des patrons et de l'Etat boursicoteur. Ont-ils eu le droit à la parole ?
Je pense à celles et ceux d'Aventis qui défendent la recherche et la production de médicaments utiles.
Il est temps, oui, il est temps que ces salariés, créateurs de richesses, porteurs de l'intérêt général obtiennent plus de pouvoir dans la gestion de leurs entreprises que les actionnaires avides de dividendes.
Je pense aux personnels de santé des hôpitaux d'Ile de France qui donnent l'alerte depuis des mois. Ils n'ont plus les moyens d'assurer le droit à la santé
Raffarin peut s'apitoyer tardivement sur le drame des personnes âgées. Mattei peut s'agiter face à l'afflux d'enfants aux urgences. Les infirmières, les médecins de l'AP-HP le disent eux-mêmes : après les promesses répétées, rien ne vient.
La réforme de la Sécurité sociale est sur les rails. Et c'est le même régime que pour les retraites qui nous est promis. Raffarin veut la réduire à un minimum garanti et régler le reste en piochant dans les jours fériés et en développant l'assurance privée. Dans une société d'inégalités, une santé à deux vitesses.
La " Sécu ", nos parents l'ont gagnée en 1945,nous n'allons pas la laisser aux amis du baron Sellières ! Donnons lui une nouvelle jeunesse, taxons les revenus financiers.
Je pense à ces femmes de la fonction publique dont les petits salaires stagnent. Il faut entendre la voix de celles et ceux qu'on traite de " nantis " et qui bien souvent sont des " salariés pauvres ". Raffarin ne les connaît pas et son ministre Delevoye les met au pain sec.
Oui, d'autres paroles pourraient venir s'ajouter à celles que nous avons entendues ici sur la culture, l'université, l'hôpital
Il faut aussi écouter ces familles qui attendent d'être logées décemment, ceux et celles qui n'acceptent pas d'être stigmatisés dans des cités ghettos. Raffarin ne les entend pas, ils ne sont pas de son monde.
Voilà la réalité de notre peuple. C'est la réalité imposée par ce gouvernement vandale qui mène la politique du capital. Peu lui importe les hommes et les femmes, peu lui importe ces vies, vive le marché, vive la belle mécanique libérale. Sa devise tient en quelques mots : insécurité sociale et démocratique.
Cette droite, c'est la grande famille du capitalisme de France et de Navarre. Cette droite, c'est celle des Seillières, Francis Mer, des frères Sarkozy, de Bayrou, celle de Chirac, de Raffarin et de son Ministre Coppé qui vient avec son allié Santini nous porter la bonne parole en Ile de France. C'est cette vieille famille qui exploite le travail des autres pour remplir ses coffres.
Cette droite fait marcher notre société avec la tête vissée à l'envers. Depuis quand n'avons-nous pas connu une droite aussi rétrograde, aussi régressive, aussi occupée à lorgner du côté " de l'ordre moral " ! J'en veux pour preuve la remise en cause, il y a quelques jours, du droit à l'avortement. C'est une atteinte insupportable à la dignité des femmes. Dès vendredi, nous nous sommes adressés à toutes les forces progressistes, car je crois qu'il faut vite réagir, les droits des femmes sont en danger. Ils appellent une grande mobilisation populaire.
Mais la droite développe aussi sa conception élitiste et autoritaire de l'école, les restrictions des droits des immigrés et des sans-papiers. Sa seule réponse aux problèmes du monde est une réponse sécuritaire et liberticide. Elle ne peut pas s'empêcher de culpabiliser les chômeurs, les malades, et aujourd'hui les médecins, de stigmatiser sans cesse notre peuple, de vouloir punir tous ceux qui la dérangent, elle confond laïcité et uniformité. La droite veut mener la France à la baguette, la remettre dans le droit chemin, toujours le même chemin, celui du capitalisme.
Oui, nous sommes en résistance contre cette droite particulièrement réactionnaire. En résistance contre une extrême droite qui de père en fille Le Pen poursuit sa campagne de haine, de repli sur le terreau de la désespérance sociale.
Nous ne voulons pas de cette société d'insécurité sociale et d'autoritarisme, de cette société d'égoïsme et du chacun pour soi. Nous ne voulons pas de cette société où la Bourse fait la loi. Nous ne voulons pas de cette société qui se fait sans les hommes et les femmes, qui se fait contre eux. Il y en a ras-le-bol de ce mépris ! Raffarin, ça suffit ! A quelques jours des fêtes de fin d'année, au nom de celles et ceux qui ne veulent pas priver leur famille de ces moments de joie mais qui n'ont plus beaucoup d'argent sur le compte, je vous fais ici une proposition : ne laissons pas cette droite au pouvoir préparer tranquillement son réveillon. Le 18 décembre prochain, rassemblons-nous devant Matignon, devant toutes les préfectures avec ce mot d'ordre : " pas de cadeau pour Raffarin ".
Oui, soyons mobilisés pour faire face à cette offensive réactionnaire. Mais vous, comme moi, vous n'avez pas seulement envie de parer aux attaques de la droite, vous voulez la renvoyer au vestiaire.
Et c'est là que le bât blesse
Patricia, lors de notre première rencontre, tu m'as parlé de " la fêlure " entre les hospitaliers et la gauche, entre les hospitaliers et le Parti communiste. Et après toi, j'ai entendu des ouvrières d'une entreprise me dire : " Ici, on est toutes contre Raffarin mais, en face, il n'y a rien, on n'entend plus rien ".
Alors quelles propositions pour résoudre les problèmes de ces hommes, de ces femmes ? Quels autres projets de société ? Comment, avec qui changer la vie, changer le monde ?
Face à cette droite, face au capitalisme, des exigences montent. Elles s'expriment dans les luttes, elles s'expriment dans de vastes mouvements. Elles s'expriment aussi, trop souvent, hélas, dans une abstention qui est repli mais aussi à sa manière appel à la justice.
Autant de raisons d'être pleinement communiste. Oui, l'heure est à la construction d'un autre type de rapports entre les hommes et les femmes de notre terre. L'heure est à des révolutions profondes qui façonnent notre société à l'image des envies de celles et ceux qui la composent. C'est pour cela que les communistes sont à l'offensive. Pour battre en brèche les logiques capitalistes qui noircissent le quotidien, pour bâtir ensemble un monde plus beau. Je sens que ce combat reprend de l'actualité, qu'il se gonfle d'espoirs renouvelés, qu'il se gonfle d'envie d'efficacité. Des hommes et des femmes qui nous ont manqué dans des périodes passées nous trouvent ou nous retrouvent. Ils donnent force à nos combats d'aujourd'hui et de demain. Nous voulons être ce parti du peuple, qui donne voix à ceux et celles qui vivent de leur travail. Après nos échecs, nous n'avons pas choisi de faire le dos rond, d'attendre que passe l'orage.
Pour nous, l'heure n'est pas aux renoncements, à la correction à la marge de l'ordre existant : l'heure est à l'audace. Pour contrer la désespérance et le sentiment de vide face à la droite, nous voulons mettre entre les mains de notre peuple de grandes propositions novatrices.
Face aux licenciements, à la précarité, naît l'idée d'une véritable sécurité de l'emploi et de la formation, naît le besoin de sécuriser les parcours de vie. Bâtissons ensemble une alternative au marché du travail. Posons de nouveau la question de la propriété des moyens de production et d'échange, c'est-à-dire la question du pouvoir des salariés dans l'entreprise, de la politique sur l'économie, de la démocratie partout.
Face aux défis posés à notre système de retraites et de santé, ayons l'audace de la solidarité et du progrès humain. Mettons les profits à contribution, attaquons-nous à la loi de la finance, imposons d'autres critères de gestion et d'investissement, inventons un système fiscal vraiment juste et équitable. Les richesses produites doivent revenir à ceux qui en sont les ouvriers, au peuple à qui elles appartiennent.
Face aux discriminations, nous disons égalité. Face au racisme, à l'antisémitisme, nous disons fraternité. Face à ceux qui divisent, face à tous les communautarismes, comme face à ceux qui ne veulent voir qu'une seule tête, inventons les voies d'un véritable vivre ensemble.
Face au marché, les droits des citoyennes et des citoyens appellent un service public fort. Il est à reconstruire. Ensemble, posons les bases d'un service public renouvelé, démocratique dans sa gestion et ses objectifs. Ouvrons des champs nouveaux, partons à la reconquête du terrain perdu. Faisons gagner l'idée de bien commun, faisons-la grandir au-delà de nos frontières en Europe et dans le monde.
Face aux confiscations de pouvoirs, face à toutes les dominations, mettons en place une démocratie nouvelle, résolument participative. Faisons de la ville, des territoires, des lieux de résistance à l'oppression mondialisée. La démocratie française va mal. Il faut qu'elle redevienne l'affaire des citoyennes et des citoyens, travaillons à une nouvelle République. Faisons de chaque institution internationale un espace de coopération et de co-responsabilité.
Ce qui s'est passé hier à Genève, au-delà du formidable espoir de paix que soulève cette initiative pour le peuple palestinien et le peuple israélien, montre la force des individus eux-mêmes pour porter leurs aspirations quel que soient les obstacles. Pourquoi la France, l'Union européenne, ne prendraient-elles pas l'initiative d'une Conférence internationale à Genève pour que se dégage une solution politique qui s'appuie sur cette dynamique. Partout où la force prédomine faisons gagner le droit.
Oui, démocratie, intervention populaire pour changer le cours des choses dans la société, comme dans le monde.
Enfin, je le dis, résolument, il nous faut une autre Europe. La Constitution que l'on nous prépare n'en prend pas le chemin. L'Europe est généreuse, nous dit-on : " Elle offre à ses citoyennes et à ses citoyens un marché unique où la concurrence est libre ". Merci du cadeau. Cette liberté-là nous la connaissons : " C'est celle du libre renard dans le libre poulailler ", c'est la loi du plus fort. Cette Europe est en vérité ultralibérale et elle veut le graver dans le marbre. Cette Europe-là détruit les acquis sociaux. Cette Europe-là réclame des millions à EDF pour en finir avec les services publics. Cette Europe-là se place à la remorque de l'OTAN. Cette Europe-là se moque du monde et ne cherche pas les échanges équitables ni le développement durable. Cette Europe-là, nous n'en voulons pas. Ensemble, exigeons un référendum, et repoussons cette Constitution. A gauche, il faut dire non ! Il faut dire non au nom des vingt-cinq peuples, il faut dire non au nom du besoin tant exprimé d'une autre Europe, d'une autre mondialisation.
Emploi, protection sociale, services publics, démocratie, fraternité, Europe, nouvel ordre mondial : autant de questions essentielles qui appellent de profonds changements. Il faudrait en citer d'autres. Mais celles-là sont cruciales. C'est parce que la gauche ne s'y est pas vraiment attaqué en affrontant les choix du capital, qu'elle n'a pas répondu vraiment aux attentes de notre peuple et qu'elle a échoué.
Par trois fois, au cours de ces vingt-cinq dernières années, la gauche a battu la droite. Par trois fois, elle a été portée au pouvoir par notre peuple. Et par trois fois, elle a déçu. Par trois fois les défaites ont été d'une lourdeur accrue, et la démocratie un peu plus abîmée. La droite en est sortie décomplexée, l'extrême droite renforcée. Il est temps de changer la donne. Il est temps d'emprunter d'autres chemins. Bien sûr, la gauche est et sera diverse. Mais pour être aujourd'hui la gauche, celle-ci doit bannir tous les renoncements de son histoire récente et se redéfinir sur la base de projets audacieux. La sanction du 21 avril doit nous inviter à bousculer la gauche pour qu'elle soit elle-même : la gauche de la démocratie, la gauche du courage, la gauche populaire.
C'est le seul moyen de faire renaître l'espoir à gauche.
Bousculer, transformer, et pourquoi pas ? Révolutionner la gauche ! Vous n'êtes pas un peu fous les communistes avec votre score ? Et bien non, nous ne plions pas boutique.
Et j'ai envie de dire que c'est en remettant la gauche en vos mains, entre les mains de notre peuple, qu'une autre gauche est possible, une gauche qui aura le courage de mener son véritable combat. Cette gauche a besoin de tous et toutes. Je vois bien que, de tous côtés, on essaie de nous enfermer dans des faux choix et dans de vraies impasses. Il ne faudrait rien changer à gauche. Le paysage serait définitivement installé. Choisissez braves gens entre une gauche dite de gouvernement, sociale-libérale et une extrême gauche dite radicale, enfermée dans la protestation. Si tel était le paysage, les patrons et les conservateurs de tous types auraient de beaux jours devant eux et les rangs du camp de la désespérance, du repli grossiraient encore.
Mais nous refusons ce scénario catastrophe. Comme beaucoup, nous ne nous reconnaissons pas dans cette mise en scène. Parce que nous pensons que la droite et la gauche ce n'est pas pareil, parce que nous sommes convaincus que la politique peut faire bouger les choses, parce que nous savons qu'il n'y aura pas de changement sans une dynamique populaire et pas de dynamique populaire sans projet de changement, nous avons décidé de révolutionner la gauche.
Depuis le 21 avril, avec nos forum, nous avons décidé de remettre la politique en débat sur la place publique. Cette démarche qui est la nôtre, si souvent évoquée, si souvent esquissée, nous voulons cette fois-ci en faire une réalité permanente. Dans tous ces forum, les débats sont riches de propositions concrètes, d'interrogations, de politique. La politique y devient vraiment une affaire populaire. Une véritable confrontation sur l'avenir à gauche s'y mène. Le Parti communiste est interpellé sur son action passée comme sur ses projets. Ce qui divise la gauche et l'empêche d'avancer est pointé, mis en lumière, débattu. Je pense par exemple à la contradiction entre le soutien à une Constitution ultra-libérale pour l'Europe et la défense du pouvoir d'achat, de l'emploi, des services publics. Je pense à des propositions aussi éloignées que l'augmentation de la CSG et la taxation des revenus financiers pour le financement de la Sécurité sociale. Je pense aux différentes conceptions de la décentralisation. Je pense à la volonté de battre la droite et aux interrogations sur les possibilités d'union.
Débats sans concessions, donc. Mais aussi plein d'espoir parce qu'on y parle surtout des besoins, des attentes, des urgences, des convergences.
Quelle autre initiative politique a eu durant ces derniers mois autant d'ampleur que celle-ci ? 500 forum déjà. Quelle formation politique a réuni autant de monde pour faire vivre le débat et la démocratie ? En avez-vous entendu parler beaucoup dans les média ? Pourtant, loin des banquets de présidentiables, loin des petits arrangements entre amis, nos forums portent en eux la noblesse de la politique. Certains ont souri : " le PCF est en panne d'idées, il occupe le temps avec ses débats ". Ceux-là ont sans doute des solutions toutes prêtes qu'il est inutile de débattre avec le peuple. D'un côté comme de l'autre, c'est la gauche " micro onde ", c'est du réchauffé. Eh bien moi, je suis fière de ce que nous avons entrepris, et que nous allons poursuivre. L'émancipation humaine ne peut être l'affaire que des hommes et des femmes eux-mêmes. Il y a là quelque chose qui naît, quelque chose qui se cherche, quelque chose qui grandit. Dans ces lieux-là et ailleurs -on l'a vu au Forum social européen-, ça bouge dans la société.
Des hommes et des femmes, en très grand nombre, trouvent là comment dire leurs colères et leurs envies, confronter leurs points de vues, entendre des réponses de la part des forces politiques, décider d'actions en lien avec leur vie quotidienne ou l'état du monde. Oui, ils trouvent là le lieu pour défricher une issue.
Et le chantier dont ils sont les ouvriers est considérable.
En effet, à l'extrême gauche, le choix est déjà fait d'une alliance sectaire, une alliance sans autre projet qu'électoraliste et politicien.
Peu de choses bougent dans le discours majoritaire du Parti socialiste qui souhaite que toutes les autres forces à gauche arriment leur wagon à son train sans afficher d'ambitions anti-libérales. Un Parti socialiste qui dit, au fond : " Ne parlons pas des choses qui fâchent ".
Du côté de nos amis Verts, j'entends malheureusement des voix nombreuses soutenir le projet libéral de Constitution européenne.
Et dimanche, nous apprenons l'accord qualifié de " tournant historique " du PS et des Verts en Ile de France.
Depuis, on n'entend plus parler que de partage des sièges.
On a même entendu le porte parole du PS dire qu'on devrait faire aux communistes " une proposition intéressante " !
Nous ne quémandons pas. Nous, nous cherchons à construire avec tous ceux qui sont disponibles les réponses qu'attendent les Franciliens.
Tout cela montre à quel point, il est urgent que notre peuple réinvestisse le débat à gauche. Pour notre part, nous allons y mettre toute notre énergie militante. Nous tiendrons le cap que nous nous sommes fixé : révolutionner la gauche en permettant aux femmes et aux hommes qui le souhaitent de faire elles et eux-mêmes irruption dans le jeu politique, de se rassembler, d'imposer leurs choix.
C'est dans cet esprit, que nous allons faire des échéances régionales et cantonales, un grand moment de débat politique. En recensant les problèmes, les attentes pour écrire ensemble une vision populaire, rebelle de nos régions et de nos départements. En définissant ce qu'il faut faire ensemble et en voyant comment nous rassembler de la façon la plus efficace.
Dans chaque région, des propositions sont élaborées dans le débat avec les citoyens. Elles sont au cur des Assises régionales.
Au cur, je le vois en Ile-de-France, la volonté d'obtenir une véritable " charte de la citoyenneté ", la volonté de favoriser l'emploi, la formation grâce notamment à la création d'un pôle financier public avec la volonté de mettre en place des programmes ambitieux pour les quartiers populaires. De faire du logement une priorité.
Des convictions fortes comme la proposition de placer la région " hors accord sur le commerce et les services " de l'OMC. Des mesures concrètes comme la gratuité des transports pour les chômeurs. Ou un investissement particulier dans la formation et l'embauche des professions médicales. Mais aussi la volonté que notre région ne soit pas un des rouages d'une Europe libérale.
Ne faisons pas l'économie de cette construction populaire. C'est elle qui permettra à la gauche de l'emporter dans un maximum de régions, de départements. Nous voulons que la gauche réussisse. C'est pourquoi nous sommes exigeants dans le dialogue.
Contrairement à la LCR et à LO, les communistes ne feront jamais le jeu de la droite. Battons-nous contre la droite, battons-nous pour rassembler, sans céder aux sirènes qui veulent nous pousser à une union sans contenu. Cela nous entraînerait à la défaite. Pour battre la droite et l'extrême droite et c'est l'objet du combat des communistes, construisons un rassemblement, une union mobilisatrice parce que porteuse de réponses aux attentes populaires.
Ce matin, un journal régional titre " Le PCF dans la tourmente ". Ce n'est pas la première fois. J'ai même l'impression que ce journal ne dispose concernant la rubrique PCF que d'un titre disponible. Mais n'en déplaise à ceux qui pensent que tout doit se décider d'en haut. N'en déplaise à ceux qui jouent des " petites phrases " de couloir de telle ou telle personnalité, ce sont les communistes qui vont, avec vous, décider. C'est cela qui choque ? Et bien, oui, les communistes sont politiquement incorrects. Ils prennent le temps de la démocratie, ils prennent le temps de l'ouverture aux autres.
Ils vont décider dans quelques jours à partir de toutes leurs rencontres avec les citoyens et les forces de gauche, de leur démarche, de leurs propositions dans le moment électoral. Ils vont le faire en construisant les réponses avec les hommes et les femmes qui veulent changer les choses. Ils vont le faire dans l'ouverture avec la volonté d'élire des hommes et des femmes qui porteront jusque dans les assemblées régionales et départementales des choix politiques transformateurs, une démarche démocratique, un courage politique. Ils vont le faire à partir du bilan et de l'expérience de leurs élus.
Cette décision, ils vont la prendre en sachant les contraintes d'une loi électorale inique. A partir de tout ce que l'intervention populaire fait bouger dans les choix politiques à gauche. A partir des dynamiques créées par les attentes citoyennes et la portée de leurs propositions.
Leur choix ne sera pas partout identique, les situations sont différentes. Mais la démarche qui la fonde, le projet qui la motive seront, je le crois, les mêmes.
Oui, les communistes sont rassemblés.
Partout, ils mèneront une campagne de communistes.
Tout au long de cette campagne, ils auront à cur de porter la voix de ces hommes et de ces femmes qui aujourd'hui sont frappés de plein fouet par la politique de la droite. Ils leur proposeront d'agir avec eux, avec elles pour résister pied à pied. Ils auront à cur de porter un projet de société qui prône des choix d'égalité, de justice et de liberté.
Chers amis, Chers camarades,
Qu'il s'agisse des politiques départementales, régionales, nationales ou européenne, la clef est de rompre avec les dogmes libéraux. Marchandisation de tout ou primauté en tout des êtres humains ? Guerre économique ou coopérations et développement de toutes les solidarités ? Domination de l'argent ou bond en avant de la démocratie ? Individualisme ou organisation du partage des richesses, des pouvoirs et des savoirs ? Au fond, chacun le dit avec ses mots. Si je le dis avec les miens : capitalisme ou communisme ?
Nous voulons être aux côtés de celles et ceux qui résistent pour contribuer à leurs mobilisations et aux succès de leurs luttes. Nous voulons donner corps à la perspective concrète d'une démocratie partagée où les choix bénéficieront à toutes et tous parce qu'ils auront été faits par toutes et tous. Nous n'allons pas laisser les réactionnaires tranquilles. Rendez-vous le 18 décembre. Rappelez-vous : " Pas de cadeau pour Raffarin " !
(Source http://www.pcf.fr, le 3 décembre 2003)