Déclaration de M. Pierre-André Wiltzer, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur la contribution de la Francophonie à la recherche de la paix, à la promotion de la démocratie et au respect de la diversité culturelle et linguistique dans le monde, à Paris le 18 décembre 2003.

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Circonstance : Dix-neuvième Conférence ministérielle de la Francophonie, à Paris du 18 au 19 décembre 2003

Texte intégral

Monsieur le Secrétaire général de la Francophonie,
Monsieur le Président de la Conférence ministérielle,
Mesdames et Messieurs les Ministres et Chefs de délégation,
Mesdames et Messieurs les Représentants personnels
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
C'est un grand plaisir pour moi de vous recevoir ce soir au palais des Affaires Etrangères au nom du gouvernement français tout entier et plus particulièrement du Premier ministre M. Jean-Pierre Raffarin, et du ministre des Affaires étrangères M. Dominique de Villepin. Je vous prie de bien vouloir excuser ce dernier, qui a été empêché, à son grand regret, de participer à cette réception.
Cette 19ème Conférence ministérielle de la Francophonie nous offre l'occasion de nous réunir et de tracer les perspectives de notre action à mi-chemin entre deux Sommets des chefs d'Etat. Nous le faisons à un moment important pour cette communauté internationale très originale qu'est la Francophonie, et à un moment important pour le monde.
Un moment important pour la Francophonie d'abord :
Le dernier Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, à Beyrouth, a ouvert à notre organisation, désormais placée sous la direction éminente et dynamique du président Abdou Diouf, de nouveaux horizons :
- en particulier, celui d'une participation directe et active à la promotion de la démocratie et de la prévention des crises ;
- et aussi, celui de la bataille pour le respect de la diversité culturelle et linguistique.
Un moment important pour le monde, ensuite :
L'année 2003 a été particulièrement tourmentée, marquée notamment par la poursuite des menées terroristes en diverses régions du monde et par une guerre aux répercussions mondiales. Une année où les menaces et les incertitudes se sont multipliées en nourrissant la montée des tensions et des conflits.
De tous ces événements émerge, en réalité, une seule et même interrogation : pour garantir, autant que possible, la stabilité et la paix dans le monde, quel est le modèle d'organisation de la vie internationale qu'il convient de privilégier ? Autrement dit, quel type de mondialisation souhaitons-nous promouvoir en ce début du XXIème siècle ?
L'histoire a montré que l'affirmation d'une hégémonie, quelle qu'elle soit et même quelles qu'en soient les intentions, suscite tôt ou tard des frustrations, des contestations et des révoltes chez les peuples qui se sentent dominés ou laissés pour compte.
Dès lors que l'on veut écarter le danger du monopole de la puissance et celui du choc des civilisations, c'est dans la construction d'un monde multipolaire qu'il faut s'engager.
C'est cette conviction que la France a défendue pour sa part tout au long de l'année, une conviction qui s'inspire des principes que nous partageons ensemble au sein de la Francophonie.
Celle d'un monde où le dialogue entre les Etats, le respect des différences entre les cultures et les langues et la solidarité entre les peuples doivent occuper la place centrale dans la recherche de la paix et de la stabilité de la planète.
Celle aussi d'un système de relations internationales fondées sur le respect des règles du droit international fixées par l'Organisation des Nations unies qui doit en être la garante. Car elle est la seule à pouvoir légitimement tenir ce rôle.
Cette conception de la mondialisation implique évidemment la possibilité de préserver la diversité des langues et des cultures par la maîtrise de leurs moyens d'expression. C'est pourquoi les biens culturels doivent absolument être protégés contre les effets mécaniques et inéluctables des règles propres au commerce international ordinaire. A défaut, ces règles aboutiraient à la concentration de tous les moyens et de tous les contenus entre les mains de quelques grands groupes, seuls maîtres des moyens d'expression et de création. C'en serait fini de la diversité culturelle, dans ce cas ! Or, il ne saurait y avoir de démocratie ni de dignité humaine sans un sentiment d'appartenance à une communauté historique et culturelle.
Un peuple qui se sentirait coupé de ses racines s'exposerait aux dangers du repli identitaire ou ethnique et aux tentations de la xénophobie. Autant de portes ouvertes à de nouveaux conflits.
L'Organisation internationale de la Francophonie, a un grand rôle à jouer dans ce débat sur la mondialisation. Grâce à l'espace de liberté, de culture et de solidarité qu'elle a créé, elle peut concilier tout ce qui fait notre diversité avec les valeurs communes que nous partageons et qu'exprime notre langue commune : la liberté, l'Etat de droit, la place centrale de l'Homme dans la société, mais également le droit pour chaque pays, chaque peuple de préserver sa culture et de défendre ses créateurs et leurs oeuvres, de promouvoir sa pensée et sa vision du monde.
Le travail accompli dans ce but depuis le sommet de Beyrouth, l'an dernier, est déjà remarquable.
En se mobilisant activement pour la diversité culturelle, les francophones ont convaincu l'UNESCO de lancer la négociation d'une convention internationale qui pourrait voir le jour d'ici 2005.
Il nous appartient de défendre sans relâche ce projet ambitieux et capital pour notre avenir. Il nous appartient de le défendre en nous alliant aux grandes communautés culturelles et linguistiques : lusophone, hispanophone, anglophone, germanophone ou arabophone.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 décembre 2003)