Déclaration de Mme Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme, sur la campagne gouvernementale de sensibilisation des professionnels du tourisme pour favoriser l'accès aux vacances des handicapés, Paris, le 3 juillet 2000.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Réunion du Comité de liaison pour l'accessibilité des transports et du cadre bâti (COLIAC) à Paris, le 3 juillet 2000

Texte intégral

Madame et messieurs les ministres,
Mesdames, messieurs,
Après mes collègues Jean-Claude GAYSSOT et Louis BESSON, je voudrais dire toute ma satisfaction à participer aujourd'hui à cette réunion.
Elle marque, pour moi, une étape importante dans l'action que je mène, depuis trois ans, au sein du gouvernement.
Vous le savez, dès ma prise de fonction, j'ai fait de l'accès des personnes handicapées aux vacances une des priorités de mon ministère.
Elle s'inscrit naturellement dans la politique que j'ai engagée de promotion et de développement du droit aux vacances pour tous.
Le droit aux vacances, je l'ai rappelé à de nombreuses reprises, au même titre que celui au travail, au logement, aux transports, à la santé ou la culture, est un droit fondamental.
J'ai d'ailleurs fait en sorte qu'il figure comme tel dans la loi contre les exclusions.
Comme vous, je ne peux me résoudre à ce que, dans un pays comme le nôtre, des millions de nos concitoyens soient encore privés de ce moment de détente et de repos, ce moment riche de découvertes, de rencontres et d'échanges, mais aussi de citoyenneté et de cohésion sociale que sont véritablement les vacances.
Comme vous, je ne peux me résoudre à ce que parmi elles, on compte encore un nombre injustifiable de personnes handicapées.
Mais, chacun le sait bien, pour réparer cette injustice, plus que des mots, il faut des actes concrets.
C'est la raison pour laquelle, depuis deux ans maintenant, je mobilise régulièrement mes services autour d'une campagne nationale de sensibilisation des acteurs professionnels du tourisme et du grand public pour favoriser l'accès aux vacances et aux loisirs des handicapés.
La première campagne "Pour vivre heureux, vivons ensemble les vacances", lancée en septembre 1998, avait pour vocation de donner une première impulsion et a permis d'enclencher une prise de conscience.
Six sites ont alors fait le pari de devenir pilotes de cette action. Leurs offres ont été largement relayées par la presse régionale et nationale.
Tout cela a contribué, dans les faits, à ce qu'un plus grand nombre de personnes handicapées puissent partir et être accueillis dans de bonnes conditions, à démontrer le possible par le concret.
Cela a également permis de créer, pour la première fois, un lien opérationnel entre les acteurs du tourisme et les associations représentantes des personnes handicapées.
La seconde campagne de juillet 1999 avait, elle, pour vocation d'informer et de mobiliser encore davantage les professionnels du tourisme. D'un point de vue pratique, elle a pris une toute autre ampleur.
Quatorze sites se sont engagés dans une même logique d'offre de séjours adaptés à la spécificité et à la diversité des handicaps.
Parallèlement, la sensibilisation à l'accueil des handicapés a été renforcée par la distribution de 100 000 plaquettes d'information aux professionnels, au grand public et aux personnes handicapées elles-mêmes.
En particulier, afin de sensibiliser les professionnels du tourisme aux exigences de l'accueil des clients à besoins spécifiques, le "guide de l'accueil et accessibilité" a été distribué à 15 000 exemplaires. Ce guide a été réédité en 1999 et reste consultable sur le site Internet du secrétariat d'État au Tourisme.
L'année 2000 verra se dérouler la troisième génération de ces campagnes d'information et de sensibilisation. Elle sera relayée par l'organisation de forums régionaux associant les professionnels du tourisme, les associations de handicapés et les opérateurs locaux du tourisme.
Ces forums, nous en avons fait l'expérience, permettent souvent à deux mondes qui ne se connaissaient pas de se découvrir et, en dépassant les caricatures et les a priori, de devenir des partenaires actifs et efficaces.
Chacun se rend compte qu'il ne suffit pas de beaucoup - et c'est vrai tant humainement que financièrement - pour que cela aille mieux pour tout le monde.
L'Alsace en a déjà fait l'intéressante expérience. Le second forum aura lieu dès vendredi prochain en Ile-de-France et d'autres régions comme le Centre, le Nord-Pas-de-Calais, la région Rhône-Alpes et la Corse se préparent à tenir le leur.
On le voit, le formidable phénomène d'entraînement qu'ont suscité les deux premières campagnes ne cesse de grandir.
Au bout de ces trois années, l'expérience du dialogue et des réalisations qu'il a entraîné, nous permet d'aborder l'avenir avec d'autres ambitions.
Sur la base des propositions faites par Monsieur Michel Gagneux, membre de l'inspection générale des affaires sociales, dans le rapport qu'il m'a remis sur "Tourisme et handicap", d'autres actions structurantes sont en chantier.
Il s'agit notamment de la mise en place d'études prospectives pour mieux appréhender, de manière qualitative, les attentes des personnes handicapées en matière de vacances et de loisirs.
En parallèle, il s'agit aussi de dresser d'un inventaire précis de l'offre touristique accessible aux handicapés et d'en assurer la promotion.
Il s'agit enfin d'aider à mieux identifier cette offre, en particulier par la création d'un label "Tourisme et handicap". Le caractère insuffisamment fiable de l'information relative à l'accessibilité des sites et des équipements touristiques constitue une des causes majeures de la réticence des personnes handicapées à voyager.
La mise en uvre de ce label se fait sur la base d'une grille d'évaluation de l'accueil réservé spécifiquement aux touristes handicapés.
Cette grille, qui constitue une véritable charte d'accueil servira, à son tour, de moteur aux actions d'aménagements des sites et des équipements mais aussi de formation des personnels chargés de recevoir le public, tout le public.
Car on le sait, travailler à l'amélioration de l'accueil des personnes handicapées, c'est travailler à l'amélioration de l'accueil de tous. Cela facilite, pour ne prendre que ces exemples, celui des personnes âgées à mobilité réduite, celui des personnes accidentées et momentanément en béquilles ou en fauteuil, cela facilite aussi bien souvent celui des familles avec des enfants en bas-âge.
Enfin, je veux vous dire que tout cela n'aurait de sens pour moi s'il s'agissait simplement d'une suite d'opérations ponctuelles.
J'ai donc voulu que l'ensemble de cette démarche soit intégrée, de façon pleine et entière, dans l'action permanente de mon ministère.
Elle s'illustre, pour ne citer que ces exemples, par la réorganisation de la Direction du Tourisme, la prise en compte systématique de cette question dans les négociations liées aux Contrats de plan Etat-Régions, la réforme des classifications de l'hôtellerie ou de la restauration.
Pour finir, je souhaite que sur la question de l'accompagnement des personnes handicapées pendant leurs vacances ou leurs activités de loisirs, un dossier qui me préoccupe particulièrement, le COLIAC puisse voir un groupe de travail spécifique se constituer et me rendre ses conclusions dès la fin de cette année.
Je veux le réaffirmer ici, en favorisant l'augmentation du nombre de personnes handicapées qui peuvent partir en vacances, on nourrit la perspective d'une saison touristique, d'une vie et d'une société plus harmonieuse.
C'est ce à quoi je m'emploie depuis ma nomination au ministère du Tourisme, c'est ce pour quoi je souhaite, et cette réunion le montre, que nous soyons de plus en plus nombreux à nous mobiliser.
Je vous remercie.
(source http://www.tourisme.gouv.fr, le 24 juillet 2000)