Déclaration de M. Jean-Jacques Aillagon, ministre de la culture et de la communication, sur la reflexion sur le patrimoine, notamment l'utilisation et le bon usage du patrimoine dans les interventions de sauvegarde ou de mise en valeur des lieux sauvegardés, Paris le 24 novembre 2003.

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Circonstance : 13ème édition des entretiens du Patrimoine à Paris le 24 novembre 2003

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Les Entretiens du Patrimoine, crées en 1988, ont vocation, vous le savez, à nourrir notre réflexion sur le patrimoine, en confrontant les connaissances et les expériences de praticiens et de chercheurs issus de différentes disciplines. Cette réflexion, qui se veut à la fois théorique et pratique, est progressivement sortie du cercle des spécialistes pour répondre aux questions que se posent tous les acteurs du patrimoine. C'est la raison pour laquelle j'ai tenu à ce que ces rencontres abordent cette année des thèmes très concrets, proches des attentes notamment des élus, des propriétaires, des professionnels et d'un plus large public.
Ces rencontres se tenaient régulièrement à Paris depuis 1994. J'ai souhaité qu'elles se tiennent cette année à Marseille, ville marquée par la revitalisation du quartier du Panier autour de la Vieille Charité, par la restauration de l'ancienne Major, par la réutilisation de la friche industrielle de la Belle de Mai, ou encore par le réaménagement de la zone portuaire. Quel meilleur choix que Marseille, qui attache un réel prix à mettre en valeur son patrimoine, pour aborder la question du " bon usage du patrimoine " ?
La notion de patrimoine, en France comme ailleurs, s'est progressivement étendue, ces dernières décennies, des monuments historiques aux ensembles urbains, aux traces d'activités artisanales ou industrielles, aux territoires ruraux, ou encore aux pratiques et modes de vie qui ont façonné ces lieux. C'est pourquoi se pose, de façon plus délicate qu'auparavant, la question de l'utilisation du patrimoine. Les interventions de sauvegarde ou de mise en valeur appellent souvent, vous le savez, une mutation des usages. Cette mutation peut permettre une ré-appropriation innovante et respectueuse de la spécificité du patrimoine. Elle peut aussi altérer voire détruire son authenticité et sa symbolique. J'attends donc de vos travaux qu'ils nous éclairent sur les conditions à remplir pour que cette mutation des usages soit féconde.
Parce que le patrimoine est une réalité fragile, il doit être soumis à analyse avant toute intervention. Il est nécessaire, à ce titre, d'offrir à tous une grille de lecture du patrimoine. Cela passe d'abord par la formation des professionnels, dans les écoles d'architecture et au centre des hautes études de Chaillot. Cela passe aussi par la sensibilisation du public. Nous pourrons bientôt compter sur la Cité de l'architecture et du patrimoine qui ouvrira ses portes en 2005. La décentralisation de l'inventaire contribuera également à un développement des connaissances et à une meilleure appropriation du patrimoine par nos concitoyens.
Ce thème du " bon usage du patrimoine " est au cur du plan national pour le patrimoine que j'ai présenté au Conseil des Ministre du 17 septembre dernier. Ce plan met l'accent sur le rôle que joue chacun des acteurs pour la conservation du patrimoine dont l'état sanitaire appelle un effort important. C'est ainsi que l'Etat accroîtra durablement son effort budgétaire, tout en favorisant l'action des propriétaires privés et des associations grâce à des mesures d'incitation fiscale et de simplification juridique. Ce plan comporte en outre des mesures de décentralisation qui visent à encourager l'intervention des collectivités locales en faveur du patrimoine. L'objectif, vous l'avez compris, est bien de mobiliser toutes les énergies autour du patrimoine
Je souhaite remercier le Professeur Bruno Foucart, qui est l'un de nos plus brillants historiens de l'art du XIX° siècle, d'avoir accepté de présider cette 13ème édition des Entretiens du Patrimoine. Je salue aussi Benjamin Mouton, Président de la section française de l'Icomos, qui conduit depuis plusieurs années des réflexions sur ce thème de la réutilisation. Je tiens enfin, à l'occasion de ces entretiens, à rendre hommage à la compétence et à la grande motivation de l'ensemble des personnels scientifiques, techniques et administratifs des DRAC, des SDAP et de la DAPA ainsi que des membres des Commissions nationales, régionales ou départementales qui leur apportent conseil, à l'engagement des associations, des propriétaires privés, des élus en faveur du patrimoine.
Je souhaite aux 13e Entretiens du Patrimoine la meilleure réussite. Je prendrai connaissance des résultats des travaux avec le plus grand intérêt.
Je souhaite à cette 13ème édition des Entretiens du Patrimoine la meilleure réussite. Je prendrai naturellement connaissance de ses travaux avec le plus grand intérêt, en regrettant tout simplement de ne pouvoir partager avec vous, à Marseille, le bonheur de ces deux journées de réflexion. Vous le savez, c'est un Conseil des Ministres de l'Union Européenne qui me retiendra, à ce moment là, à Bruxelles.
A vous tous, bonne réflexion, bons travaux et merci pour votre beau travail.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 25 novembre 2003)