Texte intégral
Q - Comment expliquez-vous que la France et l'Allemagne aient éprouvé d'aussi grandes difficultés à se mettre d'accord sur le nom d'un candidat commun pour la direction générale du FMI ?
R - Hans Eichel et moi-même avons toujours été attachés à ce que ce poste soit attribué à un Européen, conformément à la tradition. Je prends acte du retrait de la candidature de Caio Koch-Weser, auquel je veux à cette occasion témoigner ma sympathie. La candidature de Horst Köhler a été évoquée. C'est un candidat très estimable qui a une solide expérience financière internationale et nous le soutenons. Aux termes de consultations étendues, le Conseil Ecofin désignera le nouveau candidat européen à la direction générale du FMI. II devra réunir un soutien large, parmi les différentes catégories d'actionnaires du FMI : pays industriels européens et non européens, pays émergents, pays en développement et en transition.
Q - Les Européens arguent de la tradition selon laquelle le poste doit leur revenir. Quelle est la justification de cette position ?
R - Les Etats-Unis dirigent déjà la Banque mondiale, et il est important que la principale puissance économique mondiale ne dirige pas, en plus, le principal organisme mondial de régulation financière. Nous voulons construire un monde multipolaire. Je préfère la diversité européenne à l'uniformité américaine.
Q - Les Etats-Unis n'ont-ils pas eu de bonnes raisons de refuser la candidature de Koch-Weser compte tenu de l'ambition qu'il affiche de transformer le FMI en une agence de développement ?
Passons à l'euro. Sa faiblesse est-elle préjudiciable aux économies européennes ?
R - Je suis en plein accord avec Hans Eichel pour appeler à un renforcement de l'euro. Les marchés n'ont pas encore intégré le fait que l'Europe dans son ensemble a retrouvé le chemin de la croissance, et a engagé des réformes structurelles d'ampleur. Nous devons convaincre que la montée en puissance de la croissance européenne va se poursuivre et s'amplifier, sans risque inflationniste majeur - même s'il faut surveiller l'évolution du prix du pétrole et ses conséquences.
Q - Comment comptez-vous faire pour que l'euro remonte ? .
R - Nous le faisons déjà par la politique de croissance et d'innovation que nous conduisons ; par l'unité de vue et d'expression des ministres des Finances, notamment au sein de l'Euro-11 ; par la qualité de notre dialogue avec la BCE. Je suis certain qu'avant longtemps les marchés se convaincront du dynamisme de nos économies et en tireront les conséquences.
Q - Avez-vous pris des dispositions pour le cas où la bulle spéculative boursière éclaterait ?
R - Il y a deux aspects dans la croissance américaine : le développement incontestable d'une nouvelle économie fondée sur la connaissance et les technologies de l'information, dont les effets s'observent maintenant dans les chiffres macro-économiques et une spéculation boursière autour des valeurs technologiques. Je crois que les autorités américaines sauront trouver les moyens d'organiser un atterrissage en douceur et que, en tout état de cause, l'Europe aurait la capacité de réagir à une correction boursière américaine.
Q - Quelles leçons tirez-vous, l'un et l'autre, de la bataille boursière autour du groupe allemand Mannesmann ?
R - L'Europe a pris en retard le train de la " nouvelle économie " mais elle connaît maintenant une forte croissance dans ces secteurs. L'envolée des cours de Bourse ne doit pas être réduite à ces excès. Elle s'explique aussi en large partie par l'émergence de nouvelles activités. Moi, je ne suis pas en mesure de faire la part entre la valeur réelle d'une entreprise active sur ces marchés explosifs et la surenchère boursière. Ce n'est pas qu'une bulle, il y a aussi une génération d'entreprises en train d'éclore. Mon souci, qui est aussi celui de Hans Eichel, c'est de réorienter l'épargne, très abondante et investie dans des obligations d'Etat, vers des investissements en actions. Nous devons financer davantage l'innovation. Sur ce point, l'Europe a un certain retard à rattraper.
Q - Pourquoi vos priorités budgétaires et fiscales sont-elles aussi différentes ?
R - Un seul exemple pour abonder dans ce sens. La France a arrêté un programme de baisse des impôts de l'ordre de 40 milliards de francs (6,09 milliards d'euros) par an, dont 2000 a été la première année, alors que pour l'Allemagne il se chiffre à près de 45 milliards de bancs à partir de 2001. La seule différence, c'est que le gouvernement allemand a déjà annoncé les détails de son projet d'ici 2006, alors que nous fixerons d'ici le printemps notre projet à l'horizon de 2002.
Q - La France va-t-elle marcher sur les traces de l'Allemagne, qui va abaisser de 53 % à 45 % le taux supérieur de l'impôt sur le revenu ?
R - Puisque notre réforme doit porter sur les impôts directs, nous allons évidemment prendre en considération ce qui a été fait en Allemagne pour attirer les secteurs des technologies d'avenir à très haute valeur ajoutée./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 mars 2000)
R - Hans Eichel et moi-même avons toujours été attachés à ce que ce poste soit attribué à un Européen, conformément à la tradition. Je prends acte du retrait de la candidature de Caio Koch-Weser, auquel je veux à cette occasion témoigner ma sympathie. La candidature de Horst Köhler a été évoquée. C'est un candidat très estimable qui a une solide expérience financière internationale et nous le soutenons. Aux termes de consultations étendues, le Conseil Ecofin désignera le nouveau candidat européen à la direction générale du FMI. II devra réunir un soutien large, parmi les différentes catégories d'actionnaires du FMI : pays industriels européens et non européens, pays émergents, pays en développement et en transition.
Q - Les Européens arguent de la tradition selon laquelle le poste doit leur revenir. Quelle est la justification de cette position ?
R - Les Etats-Unis dirigent déjà la Banque mondiale, et il est important que la principale puissance économique mondiale ne dirige pas, en plus, le principal organisme mondial de régulation financière. Nous voulons construire un monde multipolaire. Je préfère la diversité européenne à l'uniformité américaine.
Q - Les Etats-Unis n'ont-ils pas eu de bonnes raisons de refuser la candidature de Koch-Weser compte tenu de l'ambition qu'il affiche de transformer le FMI en une agence de développement ?
Passons à l'euro. Sa faiblesse est-elle préjudiciable aux économies européennes ?
R - Je suis en plein accord avec Hans Eichel pour appeler à un renforcement de l'euro. Les marchés n'ont pas encore intégré le fait que l'Europe dans son ensemble a retrouvé le chemin de la croissance, et a engagé des réformes structurelles d'ampleur. Nous devons convaincre que la montée en puissance de la croissance européenne va se poursuivre et s'amplifier, sans risque inflationniste majeur - même s'il faut surveiller l'évolution du prix du pétrole et ses conséquences.
Q - Comment comptez-vous faire pour que l'euro remonte ? .
R - Nous le faisons déjà par la politique de croissance et d'innovation que nous conduisons ; par l'unité de vue et d'expression des ministres des Finances, notamment au sein de l'Euro-11 ; par la qualité de notre dialogue avec la BCE. Je suis certain qu'avant longtemps les marchés se convaincront du dynamisme de nos économies et en tireront les conséquences.
Q - Avez-vous pris des dispositions pour le cas où la bulle spéculative boursière éclaterait ?
R - Il y a deux aspects dans la croissance américaine : le développement incontestable d'une nouvelle économie fondée sur la connaissance et les technologies de l'information, dont les effets s'observent maintenant dans les chiffres macro-économiques et une spéculation boursière autour des valeurs technologiques. Je crois que les autorités américaines sauront trouver les moyens d'organiser un atterrissage en douceur et que, en tout état de cause, l'Europe aurait la capacité de réagir à une correction boursière américaine.
Q - Quelles leçons tirez-vous, l'un et l'autre, de la bataille boursière autour du groupe allemand Mannesmann ?
R - L'Europe a pris en retard le train de la " nouvelle économie " mais elle connaît maintenant une forte croissance dans ces secteurs. L'envolée des cours de Bourse ne doit pas être réduite à ces excès. Elle s'explique aussi en large partie par l'émergence de nouvelles activités. Moi, je ne suis pas en mesure de faire la part entre la valeur réelle d'une entreprise active sur ces marchés explosifs et la surenchère boursière. Ce n'est pas qu'une bulle, il y a aussi une génération d'entreprises en train d'éclore. Mon souci, qui est aussi celui de Hans Eichel, c'est de réorienter l'épargne, très abondante et investie dans des obligations d'Etat, vers des investissements en actions. Nous devons financer davantage l'innovation. Sur ce point, l'Europe a un certain retard à rattraper.
Q - Pourquoi vos priorités budgétaires et fiscales sont-elles aussi différentes ?
R - Un seul exemple pour abonder dans ce sens. La France a arrêté un programme de baisse des impôts de l'ordre de 40 milliards de francs (6,09 milliards d'euros) par an, dont 2000 a été la première année, alors que pour l'Allemagne il se chiffre à près de 45 milliards de bancs à partir de 2001. La seule différence, c'est que le gouvernement allemand a déjà annoncé les détails de son projet d'ici 2006, alors que nous fixerons d'ici le printemps notre projet à l'horizon de 2002.
Q - La France va-t-elle marcher sur les traces de l'Allemagne, qui va abaisser de 53 % à 45 % le taux supérieur de l'impôt sur le revenu ?
R - Puisque notre réforme doit porter sur les impôts directs, nous allons évidemment prendre en considération ce qui a été fait en Allemagne pour attirer les secteurs des technologies d'avenir à très haute valeur ajoutée./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 mars 2000)