Texte intégral
(Point de presse à Washington le 15 décembre 2004) :
Je suis venu dire au revoir à M. Colin Powell. Nous avons fait du bon travail ensemble pendant ces 8 mois. Nous sommes devenus amis. Et je voulais l'en remercier. Maintenant, il faut continuer à bien travailler.
Q - Monsieur le Ministre, avez-vous fait part au secrétaire d'Etat Colin Powell de l'intérêt de la France à pousser le Processus de paix au Proche-Orient et en particulier à pousser pour une conférence sur le Proche-Orient ? Avez-vous poussé cette idée ?
R - Nous voulons regarder devant nous dans nos relations entre Français et Américains et entre Européens et Américains. C'est le nouvel état d'esprit que nous voulons consolider. Et je pense en effet que le test, au coeur de cette relation transatlantique renforcée, c'est notre capacité à remettre en route le Processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Cela va être la priorité de notre action dans les prochaines semaines et dans les prochains jours, en pensant aux élections palestiniennes du 9 janvier et à tout ce qui doit se faire après, entre Israéliens et Palestiniens.
Q - Avez-vous parlé des discussions sur l'entrée et la Turquie dans l'Union européenne ? Vous avez parlé du génocide arménien. Si la Turquie refusait de le reconnaître, serait-ce une raison pour arrêter des négociations avec la Turquie ? Qu'attendez-vous du Conseil européen de demain ?
R - Je vais repartir ce soir pour Bruxelles, où les chefs d'Etat et de gouvernement vont avoir à prendre cette décision très importante d'engager le processus de négociation avec la Turquie. Jacques Chirac s'est exprimé ce soir très clairement : en décidant d'ouvrir ces négociations, notre ambition est de réussir pour aboutir à l'adhésion de la Turquie, sans complaisance et sans raccourci. Voilà l'état d'esprit dans lequel nous nous trouvons.
Q - Quel est l'état des relations bilatérales entre les Etats-Unis et la France ?
M - J'ai dit tout à l'heure mes remerciements à Colin Powell pour la qualité de la relation amicale que nous avons créée ensemble. Je voudrais y ajouter l'appréciation pour l'intelligence des situations et des hommes dont il a fait preuve. Je dirai enfin que nous avons des différences, nous avons des discussions, nous avons parfois des visions différentes. A aucun moment, cela ne nous autorise à oublier que nous sommes, depuis le début, des pays alliés et amis. Nous avons toujours été, Américains et Français, amis et alliés.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 décembre 2004)
(Entretien avec des télévisions françaises à Washington le 15 décembre 2004) :
Q - Les relations entre les Etats-Unis et la France se réchauffent-elles ?
R - Nous sommes plutôt décidés à regarder devant nous plutôt que derrière nous. Et quand nous regardons devant nous, nous avons vraiment beaucoup de raisons de nous parler, de venir d'un côté ou de l'autre de l'Atlantique pour se parler, pour mieux nous comprendre et pour travailler ensemble à trouver des solutions, et je pense en particulier à ce conflit central qu'est le conflit israélo-palestinien.
Q - Quels sont les signes de cette main tendue ?
R - Le président Bush a, dans ses propos, tendu la main. Il va d'ailleurs venir lui-même le 22 février en Europe pour rencontrer les dirigeants européens. Un autre signe est le fait que je vienne ici pour dire au revoir et merci à Colin Powell, pour lesquels les Français, malgré les divergences, malgré les désaccords, ont eu, et ont, beaucoup de respect, et pour lequel j'ai beaucoup d'amitié, et rencontrer ma nouvelle collègue, le Docteur Rice.
Q - Y a-t-il un message clair de la part du Docteur Rice sur le dossier iranien ? Pouvez-vous nous dire l'état des lieux ?
R - C'est un dossier extrêmement important et difficile pour la stabilité et la paix. Vous savez que trois pays européens, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, négocient depuis un an avec l'Iran pour que ce pays décide de renoncer à l'arme nucléaire, pour qu'il renonce à ses opérations d'enrichissement de l'uranium et de retraitement à des fins militaires, et en échange de ce renoncement, nous proposons un dialogue politique, économique et commercial, un dialogue en matière d'industrie pour le nucléaire civil. C'est vrai que les Américains regardent notre médiation, notre discussion, avec scepticisme et vigilance. J'ai parlé du point où nous sommes dans nos discussions avec l'Iran. Je pense que la bonne voie avec ce grand pays, c'est la voie politique, et nous avons besoin du soutien, du regard, de l'accompagnement des Etats-Unis pour poursuivre cette discussion et la réussir.
Q - Alors demain commence cette réunion à Bruxelles sur la Turquie. Qu'est que vous en attendez, qu'est-ce que vous en espérez ?
R - Le Conseil européen va d'abord fixer les dates pour l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie, les dates pour ouvrir les négociations avec la Croatie mais, en effet, le dossier le plus sensible est celui de la date de début de négociation avec la Turquie. Ce que le président de la République a confirmé, c'est que nous sommes favorables à l'ouverture de cette négociation avec l'objectif de réussir. Sincèrement, nous pensons que c'est notre intérêt réciproque, Turcs et Européens, que ce pays fasse un jour partie de l'Union européenne, pour notre propre sécurité, pour notre stabilité, pour le progrès aussi de ce pays. Naturellement, il faut aussi être réaliste tout en étant sincère. Ce sera un processus long. Il n'est pas écrit d'avance que nous réussirons et il y aura beaucoup de questions qui seront posées tout au long de cette négociation, comme celle que nous avons posée sur la reconnaissance de la tragédie arménienne. Nous voulons aussi expliquer ce processus, aux Français, qui ont besoin de comprendre, qui s'inquiètent, puis qui finalement voteront, puisque le président de la République a choisi que les Français décideront de l'adhésion de la Turquie par référendum, pour ce qui concerne la France.
Q - On a l'impression que nous Français, et aussi d'autres pays européens, multiplient les obstacles, un peu comme une course qui ne s'arrêtera jamais.
R - Non, il n'y a pas de multiplication d'obstacles, il y a le rappel des conditions dans lesquelles on entre dans l'Union européenne. On n'entre pas parce que la porte est ouverte, on entre parce qu'on veut y entrer - c'est le cas de la Turquie - et parce qu'on respecte un certain nombre de règles, une sorte de cahier des charges démocratique, politique, économique. Donc, toutes ces questions devront être vérifiées, tout au long du processus de négociation, en même temps que nous aurons peut-être, comme c'est le cas de la tragédie arménienne, nous Français, des questions à poser que les autres ne poseront peut-être pas ; mais nous poserons ces questions.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 décembre 2004)
(Entretien avec des radios françaises à Washington le 15 décembre 2004) :
Q - Monsieur le Ministre, lors de votre rencontre avec Condoleezza Rice, est-ce que vous avez senti un changement d'atmosphère et est-ce que les relations entre la France et les Etats-Unis vont partir sur de nouvelles bases avec un deuxième mandat américain ?
R - C'est une nouvelle phase de l'histoire politique des Etats-Unis qui s'écrit maintenant, après la réélection du président Bush. Une main a été tendue. Je suis venu à Washington bien sûr pour établir une relation de travail et de confiance avec le Docteur Rice, mais aussi pour dire au revoir et merci à Colin Powell. Nous avons beaucoup travaillé, bien travaillé pendant ces huit derniers mois et les Français, malgré les désaccords, malgré les difficultés, ont du respect pour Colin Powell et je voulais le lui dire. Je pense en effet qu'il y a entre Européens et Américains, entre Français et Américains, des raisons de travailler ensemble et un nouvel état d'esprit. Il y a dans le monde beaucoup de conflits, beaucoup d'enjeux. Le premier d'entre eux, pour moi, le plus central, c'est le conflit israélo-palestinien, je dirais même que c'est, pour moi, la preuve ou le test de cette nouvelle relation entre Européens et Américains.
Q - Est-ce que vous sentez dans la personnalité du Docteur Rice cette volonté de changer, de repartir sur de nouvelles bases à travers ce qu'elle dit ?
R - Mme Condoleezza Rice connaît bien les problèmes du monde. Elle était en charge des problèmes de sécurité ; elle change de mission, elle va s'occuper de la politique étrangère des Etats-Unis. Elle m'a dit, et on a toutes les raisons de lui faire confiance, en tout cas il n'y a pas de raison de lui faire un procès d'intention, qu'elle voulait travailler dans un climat de cordialité, de franchise, de continuité par rapport au travail que nous faisions avec Colin Powell, et qu'elle était prête en effet à s'engager dans ce nouvel état d'esprit. Voilà ce qu'elle m'a dit et je la crois.
Q - Vous êtes sûr que, pour elle, la punition, c'est fini ?
R - Je veux regarder devant moi. Je pense que les Américains et les Français, les Européens en général, ont intérêt maintenant à poser les problèmes généraux : terrorisme, stabilité, grandes maladies, le conflit israélo-palestinien, la tragédie irakienne ; on a vraiment beaucoup de raisons de regarder devant, et pas derrière.
Q - Un vrai signe, ce serait une visite du président Chirac par exemple au printemps ? Est-ce que vous auriez des indications ?
R - Non, je ne suis pas venu pour préparer une visite du président de la République. Le président Bush a annoncé son intention de se rendre en Europe prochainement, l'Europe a été sensible à cette intention. Il fera ce déplacement au lendemain même de son investiture, en venant rencontrer les Européens. Pour l'instant, il n'a pas été question d'autre chose.
Q - Sur le dossier iranien, quelle attitude avez-vous constaté chez les Américains ?
R - Il y a encore beaucoup de questions, de vigilance, un peu de scepticisme probablement sur la démarche engagée par les Européens il y a maintenant un an. Cette démarche, nous l'avons conduite un peu comme des éclaireurs - Français, Allemands et Britanniques - pour trouver une solution politique à ce problème, qui est un vrai problème, celui de la prolifération. Vraiment, le Moyen-Orient, le Proche-Orient, n'ont pas besoin d'armes nucléaires, ni d'armes supplémentaires, ni de crises supplémentaires. Donc, nous avons choisi de convaincre les Iraniens de renoncer définitivement à l'arme nucléaire. Pour obtenir cette décision, nous avons également proposé à l'Iran, qui est un grand pays, un pays important dans cette région, un dialogue politique et un projet de coopération en matière de nucléaire civil et en matière de coopération commerciale, industrielle et économique. Nous en sommes là. Je pense que les Américains suivront, et nous avons besoin qu'ils suivent et qu'ils accompagnent ce processus de dialogue politique.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 décembre 2004)
Je suis venu dire au revoir à M. Colin Powell. Nous avons fait du bon travail ensemble pendant ces 8 mois. Nous sommes devenus amis. Et je voulais l'en remercier. Maintenant, il faut continuer à bien travailler.
Q - Monsieur le Ministre, avez-vous fait part au secrétaire d'Etat Colin Powell de l'intérêt de la France à pousser le Processus de paix au Proche-Orient et en particulier à pousser pour une conférence sur le Proche-Orient ? Avez-vous poussé cette idée ?
R - Nous voulons regarder devant nous dans nos relations entre Français et Américains et entre Européens et Américains. C'est le nouvel état d'esprit que nous voulons consolider. Et je pense en effet que le test, au coeur de cette relation transatlantique renforcée, c'est notre capacité à remettre en route le Processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Cela va être la priorité de notre action dans les prochaines semaines et dans les prochains jours, en pensant aux élections palestiniennes du 9 janvier et à tout ce qui doit se faire après, entre Israéliens et Palestiniens.
Q - Avez-vous parlé des discussions sur l'entrée et la Turquie dans l'Union européenne ? Vous avez parlé du génocide arménien. Si la Turquie refusait de le reconnaître, serait-ce une raison pour arrêter des négociations avec la Turquie ? Qu'attendez-vous du Conseil européen de demain ?
R - Je vais repartir ce soir pour Bruxelles, où les chefs d'Etat et de gouvernement vont avoir à prendre cette décision très importante d'engager le processus de négociation avec la Turquie. Jacques Chirac s'est exprimé ce soir très clairement : en décidant d'ouvrir ces négociations, notre ambition est de réussir pour aboutir à l'adhésion de la Turquie, sans complaisance et sans raccourci. Voilà l'état d'esprit dans lequel nous nous trouvons.
Q - Quel est l'état des relations bilatérales entre les Etats-Unis et la France ?
M - J'ai dit tout à l'heure mes remerciements à Colin Powell pour la qualité de la relation amicale que nous avons créée ensemble. Je voudrais y ajouter l'appréciation pour l'intelligence des situations et des hommes dont il a fait preuve. Je dirai enfin que nous avons des différences, nous avons des discussions, nous avons parfois des visions différentes. A aucun moment, cela ne nous autorise à oublier que nous sommes, depuis le début, des pays alliés et amis. Nous avons toujours été, Américains et Français, amis et alliés.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 décembre 2004)
(Entretien avec des télévisions françaises à Washington le 15 décembre 2004) :
Q - Les relations entre les Etats-Unis et la France se réchauffent-elles ?
R - Nous sommes plutôt décidés à regarder devant nous plutôt que derrière nous. Et quand nous regardons devant nous, nous avons vraiment beaucoup de raisons de nous parler, de venir d'un côté ou de l'autre de l'Atlantique pour se parler, pour mieux nous comprendre et pour travailler ensemble à trouver des solutions, et je pense en particulier à ce conflit central qu'est le conflit israélo-palestinien.
Q - Quels sont les signes de cette main tendue ?
R - Le président Bush a, dans ses propos, tendu la main. Il va d'ailleurs venir lui-même le 22 février en Europe pour rencontrer les dirigeants européens. Un autre signe est le fait que je vienne ici pour dire au revoir et merci à Colin Powell, pour lesquels les Français, malgré les divergences, malgré les désaccords, ont eu, et ont, beaucoup de respect, et pour lequel j'ai beaucoup d'amitié, et rencontrer ma nouvelle collègue, le Docteur Rice.
Q - Y a-t-il un message clair de la part du Docteur Rice sur le dossier iranien ? Pouvez-vous nous dire l'état des lieux ?
R - C'est un dossier extrêmement important et difficile pour la stabilité et la paix. Vous savez que trois pays européens, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, négocient depuis un an avec l'Iran pour que ce pays décide de renoncer à l'arme nucléaire, pour qu'il renonce à ses opérations d'enrichissement de l'uranium et de retraitement à des fins militaires, et en échange de ce renoncement, nous proposons un dialogue politique, économique et commercial, un dialogue en matière d'industrie pour le nucléaire civil. C'est vrai que les Américains regardent notre médiation, notre discussion, avec scepticisme et vigilance. J'ai parlé du point où nous sommes dans nos discussions avec l'Iran. Je pense que la bonne voie avec ce grand pays, c'est la voie politique, et nous avons besoin du soutien, du regard, de l'accompagnement des Etats-Unis pour poursuivre cette discussion et la réussir.
Q - Alors demain commence cette réunion à Bruxelles sur la Turquie. Qu'est que vous en attendez, qu'est-ce que vous en espérez ?
R - Le Conseil européen va d'abord fixer les dates pour l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie, les dates pour ouvrir les négociations avec la Croatie mais, en effet, le dossier le plus sensible est celui de la date de début de négociation avec la Turquie. Ce que le président de la République a confirmé, c'est que nous sommes favorables à l'ouverture de cette négociation avec l'objectif de réussir. Sincèrement, nous pensons que c'est notre intérêt réciproque, Turcs et Européens, que ce pays fasse un jour partie de l'Union européenne, pour notre propre sécurité, pour notre stabilité, pour le progrès aussi de ce pays. Naturellement, il faut aussi être réaliste tout en étant sincère. Ce sera un processus long. Il n'est pas écrit d'avance que nous réussirons et il y aura beaucoup de questions qui seront posées tout au long de cette négociation, comme celle que nous avons posée sur la reconnaissance de la tragédie arménienne. Nous voulons aussi expliquer ce processus, aux Français, qui ont besoin de comprendre, qui s'inquiètent, puis qui finalement voteront, puisque le président de la République a choisi que les Français décideront de l'adhésion de la Turquie par référendum, pour ce qui concerne la France.
Q - On a l'impression que nous Français, et aussi d'autres pays européens, multiplient les obstacles, un peu comme une course qui ne s'arrêtera jamais.
R - Non, il n'y a pas de multiplication d'obstacles, il y a le rappel des conditions dans lesquelles on entre dans l'Union européenne. On n'entre pas parce que la porte est ouverte, on entre parce qu'on veut y entrer - c'est le cas de la Turquie - et parce qu'on respecte un certain nombre de règles, une sorte de cahier des charges démocratique, politique, économique. Donc, toutes ces questions devront être vérifiées, tout au long du processus de négociation, en même temps que nous aurons peut-être, comme c'est le cas de la tragédie arménienne, nous Français, des questions à poser que les autres ne poseront peut-être pas ; mais nous poserons ces questions.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 décembre 2004)
(Entretien avec des radios françaises à Washington le 15 décembre 2004) :
Q - Monsieur le Ministre, lors de votre rencontre avec Condoleezza Rice, est-ce que vous avez senti un changement d'atmosphère et est-ce que les relations entre la France et les Etats-Unis vont partir sur de nouvelles bases avec un deuxième mandat américain ?
R - C'est une nouvelle phase de l'histoire politique des Etats-Unis qui s'écrit maintenant, après la réélection du président Bush. Une main a été tendue. Je suis venu à Washington bien sûr pour établir une relation de travail et de confiance avec le Docteur Rice, mais aussi pour dire au revoir et merci à Colin Powell. Nous avons beaucoup travaillé, bien travaillé pendant ces huit derniers mois et les Français, malgré les désaccords, malgré les difficultés, ont du respect pour Colin Powell et je voulais le lui dire. Je pense en effet qu'il y a entre Européens et Américains, entre Français et Américains, des raisons de travailler ensemble et un nouvel état d'esprit. Il y a dans le monde beaucoup de conflits, beaucoup d'enjeux. Le premier d'entre eux, pour moi, le plus central, c'est le conflit israélo-palestinien, je dirais même que c'est, pour moi, la preuve ou le test de cette nouvelle relation entre Européens et Américains.
Q - Est-ce que vous sentez dans la personnalité du Docteur Rice cette volonté de changer, de repartir sur de nouvelles bases à travers ce qu'elle dit ?
R - Mme Condoleezza Rice connaît bien les problèmes du monde. Elle était en charge des problèmes de sécurité ; elle change de mission, elle va s'occuper de la politique étrangère des Etats-Unis. Elle m'a dit, et on a toutes les raisons de lui faire confiance, en tout cas il n'y a pas de raison de lui faire un procès d'intention, qu'elle voulait travailler dans un climat de cordialité, de franchise, de continuité par rapport au travail que nous faisions avec Colin Powell, et qu'elle était prête en effet à s'engager dans ce nouvel état d'esprit. Voilà ce qu'elle m'a dit et je la crois.
Q - Vous êtes sûr que, pour elle, la punition, c'est fini ?
R - Je veux regarder devant moi. Je pense que les Américains et les Français, les Européens en général, ont intérêt maintenant à poser les problèmes généraux : terrorisme, stabilité, grandes maladies, le conflit israélo-palestinien, la tragédie irakienne ; on a vraiment beaucoup de raisons de regarder devant, et pas derrière.
Q - Un vrai signe, ce serait une visite du président Chirac par exemple au printemps ? Est-ce que vous auriez des indications ?
R - Non, je ne suis pas venu pour préparer une visite du président de la République. Le président Bush a annoncé son intention de se rendre en Europe prochainement, l'Europe a été sensible à cette intention. Il fera ce déplacement au lendemain même de son investiture, en venant rencontrer les Européens. Pour l'instant, il n'a pas été question d'autre chose.
Q - Sur le dossier iranien, quelle attitude avez-vous constaté chez les Américains ?
R - Il y a encore beaucoup de questions, de vigilance, un peu de scepticisme probablement sur la démarche engagée par les Européens il y a maintenant un an. Cette démarche, nous l'avons conduite un peu comme des éclaireurs - Français, Allemands et Britanniques - pour trouver une solution politique à ce problème, qui est un vrai problème, celui de la prolifération. Vraiment, le Moyen-Orient, le Proche-Orient, n'ont pas besoin d'armes nucléaires, ni d'armes supplémentaires, ni de crises supplémentaires. Donc, nous avons choisi de convaincre les Iraniens de renoncer définitivement à l'arme nucléaire. Pour obtenir cette décision, nous avons également proposé à l'Iran, qui est un grand pays, un pays important dans cette région, un dialogue politique et un projet de coopération en matière de nucléaire civil et en matière de coopération commerciale, industrielle et économique. Nous en sommes là. Je pense que les Américains suivront, et nous avons besoin qu'ils suivent et qu'ils accompagnent ce processus de dialogue politique.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 décembre 2004)