Texte intégral
Bonjour Charles Pasqua. Merci d'avoir accepté notre invitation, c'est le premier entretien télévisé que vous accordez après avoir déclaré être candidat à l'élection présidentielle.
Nous allons parler de votre candidature, mais auparavant, nous allons faire une petite incursion dans la campagne que vous allez mener pour les présidentielles sur un point précis: la sécurité, la vie dans les banlieues, la vie dans les villes.
Aurez vous, quand vous mènerez campagne, un discours très sécuritaire ?
La sécurité fera partie naturellement des éléments de la campagne, tout simplement parce que je crois qu'à l'heure actuelle on ne se rend pas compte que cela reste une grande préoccupation des Français et cela reste notamment une grande préoccupation des Français les plus déshérités. Car ceux qui peuvent le moins lutter par eux mêmes contre l'insécurité, ce sont les plus faibles, les plus démunis, les plus pauvres ; les autres ont des quantités de moyens pour se prémunir contre l'insécurité.
Un autre sujet, c'est nous qui le choisissons, la manifestation les manifestations d'hier des femmes pour le droit des femmes. Votre avis sur la liberté qu'elles réclament, celle notamment de disposer de leur propre corps, sur la contraception notamment, sur l'autorisation pour les mineures de pouvoir avorter. Quel est votre avis ?
Ah non, là je suis en désaccord. D'abord parce l'avortement est toujours un échec. Ensuite parce qu'il peut avoir des conséquences physiques et morales désastreuses et alors là, vraiment, je ne pense pas que l'on puisse autoriser des mineures à avorter sans l'accord des parents.
Est ce que cela veut dire que vous êtes contre aussi la pilule du lendemain ?
Non, çà c'est un autre problème. Nous assistons à une certaine déréglementation au niveau des murs ; c'est comme çà !
Moi je suis Président d'un Conseil général , je gère les collèges. J'en ai 85 publics et 36 privés et j'ai senti le besoin d'organiser un dialogue avec les collégiennes et les collégiens. J'ai donc fait créer un mensuel dans lequel nous ouvrons largement nos colonnes aux collégiennes et aux collégiens pour qu'ils nous disent quels sont leurs problèmes et le problème auquel vous faites allusion est un de ceux qui se pose, indiscutablement.
Alors, on ne va pas limiter le problème qui se pose aux femmes à ce seul aspect de la contraception; il y a aussi l'égalité , il y a aussi la parité, il y a aussi l'émergence de ce pouvoir féminin. L'élection de Michèle Alliot-Marie à la tête du RPR, c'est une révolution ?
Ah, pour le RPR, certainement. C'est un parti plutôt machiste, c'est clair.
Dont vous faisiez partie
Absolument. Cela étant, c'est moins facile qu'on imagine de permettre l'arrivée de femmes en politique. Je me souviens notamment, en 1975 si j'ai bonne mémoire, le RPR avait été le premier mouvement politique, à ma demande et avec l'accord de Jacques Chirac, qui avait nommé une femme secrétaire départementale, c'est à dire responsable de l'ensemble de l'action politique dans un département.
Secrétaire, pas Présidente.
Cela avait été une petite révolution. Elle avait le pouvoir.
Oui, vous dîtes RPR parti machiste, alors que le RPF, le vôtre, que vous présidezPasqua, Villiers, Guillet, Marchiani, Abitbol, où sont les femmes ?
Les femmes, si on veut qu'elles réussissent en politique, il faut leur donner l'occasion d'être élues. Et si vous prenez la liste que j'ai conduite aux élections européennes, sur 13 élus, vous aviez 5 femmes, ce n'est déjà pas si mal.
Il y a une femme qui propose un réforme importante, Elisabeth Guigou, la réforme de la justice et c'est un événement important qui va se produire le 24 janvier avec le Congrès.
Réforme d'abord du Conseil Supérieur de la Magistrature, l'opposition est contre, vous êtes contre aussi ?
Pour moi, le problème ne se pose pas. Je n'assiste pas au Congrès.
Non, mais vous faites partie de l'opposition
Je ne suis pas parlementaire national. J'ai vu Madame Guigou, elle a souhaité me rencontrer comme elle a rencontré tous les chefs de partis. Je connais ses arguments, elle connaît tous les miens. Je crois qu'en réalité, le problème auquel on est confronté et qu'il faudra bien trancher, c'est la volonté d'un certain nombre de magistrats de passer d'une autorité judiciaire à un pouvoir judiciaire.
Or, il ne peut pas y avoir de pouvoir judiciaire sans qu'il y ait sanction du suffrage universel. Donc, nous sommes là en face d'une évolution qui, en réalité, conduit à une véritable révolution. Les mesures qui sont proposées aussi bien au niveau du Conseil Supérieur de la Magistrature que les autres mesures sont des mesurettes et ne permettent pas de se saisir du problème dans son ensemble. Donc, je suis contre cette mesure.
Cela veut dire, vous confirmez d'une manière implicite, qu'il y a une sorte de bras de fer entre les politiques et les magistrats, aujourd'hui ?
Oh, un bras de fer, je ne sais pas s'il faut appeler cela comme çà. Il y a en tous les cas, c'est certain, la volonté d'une partie des magistrats de ses substituer au pouvoir politique au travers des décisions qu'ils prennent, etc
Se substituer, non. Simplement de régler des affaires, de sanctionner. C'est aussi leur rôle.
Ecoutez, quand vous lisez une tribune commune qui a été faite dans un grand journal, par Monsieur Burgelin qui est procureur général à la cour de cassation et par un grand avocat qui s'appelle Paul Lombard, vous voyez la conclusion à laquelle ils arrivent tous les deux et à ma connaissance, ils ne figurent ni l'un ni l'autre parmi de dangereux révolutionnaires.
Or, qu'est ce qu'ils disent? Ils disent qu'effectivement, il y a aujourd'hui, compte tenu du droit européen qui s'impose aux Français, ce que je condamne, et d'autre part, compte tenu de l'attitude d'un certain nombre de magistrats, émergence ou tentation de la création d'une autorité judiciaire. Alors, peut être faut il aller dans ce sens? En tous les cas, c'est un débat qui mérite d'être organisé devant le pays et qui ne peut pas être tranché à la sauvette par un Congrès. Ce sera aux Français de se déterminer, le moment venu.
Cela veut dire, et là c'est un de vos points forts, éventuellement organisation d'un référendum sur une question aussi importante que celle ci.
Bien entendu. S'il y a une réforme d'une telle ampleur Je ne suis pas contre le fait ,d'ailleurs, qu'on en débatte parce que le débat c'est la démocratie.
Mais il faut mesurer les conséquences des évolutions et des décisions qui sont proposées. Et qu'on cesse alorsje ne voudrais pas être désagréable ni discourtois, ni envers Madame Guigou, ni envers quiconque- mais qu'on cesse de nous chanter la chanson de l'indépendance de la justice. Parce que, quand on voit la façon dont Madame Fulgeras qui était substitut du procureur de la république à Paris a été traitée parce qu'on savait qu'elle était allergique à toutes pressions dans le dossier de la MNEF ! On lui a purement et simplement retiré le dossier. Alors, pas de leçon. Moi, je n'en donne pas mais qu'on cesse de jouer cette chanson.
Alors, vous dîtes: pas de pouvoir sans élection. Il y a une élection déterminante en France qui est l'élection présidentielle. Vous avez dit que vous alliez êtreque vous êtes candidat à l'élection présidentielle. Pourquoi ?
Je l'ai déjà dit mais je vais le redire. D'abord parce que je crois que personne ne défendra ou ne portera les idées auxquelles je crois. Or ces idées ont été ratifiées lors de l'élection européenne, je vous le rappelle.
La liste que je conduisais avec Philippe de Villiers a recueilli 2,3 millions de voix. C'est en fonction d'ailleurs des engagements que j'avais pris devant le corps électoral à cette époque que j'ai quitté le Parlement français pour aller au Parlement européen. Et tout ceci se relie.
Je suis aussi candidat pour deux autres raisons. La première, je crois que les Français veulent davantage de transparence et davantage d'honnêteté de la part des hommes politiques. Donc il faut leur dire à l'avance ce que l'on a l'intention de faire. J'espère que Monsieur Jospin le dira, que Monsieur Chirac le dira, que d'autres, Monsieur Bayrou ou d'autres diront également s'ils ont l'intention d'être candidats ou non. Il faut que les Français le sachent.
Pourquoi le dire si tôt ?
Parce que l'année 2000 va être une année décisive pour l'avenir de notre pays. Parce que cette année verra la présidence française de l'Union européenne. Donc, c'est Jacques Chirac qui, pendant le premier semestre, va présider l'Union européenne. Et parce que, à cette occasion, on va présenter les principes de réforme de l'Union européenne. Nous verrons donc bien, à ce moment là, si on va une fois de plus abandonner de nouveaux pans de la souveraineté nationale et si on compte le faire sans demander leur avis au peuple parce que, pour le moment, le grand reproche que l'on puisse faire à l'Europe, à l'Union européenne, et c'est une des raisons pour lesquelles il y a désaffection pour l'institution et les électeurs, c'est que l'on ne consulte pas les peuples. Or, il doit y avoir une réforme de l'Union, il faut s'adresser aux peuples et leur demander ce qu'ils veulent.
Et c'est le reproche principal que vous faîtes au chef de l'Etat ?
Oh, oui. Ce n'est pas un mince reproche et d'ailleurs en fonction de l'attitude que le Président de la République auquel me lient des liens d'amitié en dehors de cela.
Vous dites amitié ?
Oui, bien sûr.
Est ce qu'elle est vraiment maintenue cette amitié ?
Oh oui, cela n'a strictement rien à voir.
Vous vous voyez l'un et l'autre, ou pas ?
Oui, nous nous voyons, nous nous parlons. Cela n'a rien à voir.
Est ce que vous lui avez dit, avant même de déclarer au pays, que vous alliez être candidat à l'élection présidentielle ?
Non, parce que c'est une décision personnelle.
Il l'a appris comme nous ?
Absolument. On n'a à informer personne à l'avance, je dis bien personne. Et on n'a pas à demander son avis à qui que ce soit. C'est une décision qu'on prend en se regardant dans un miroir et en se disant: est ce que je dois le faire ?
Vous ne vous êtes pas regardé dans un miroir plus tôt. Pourquoi être candidat si tard ?
C'est une tentation qui vous guette depuis longtemps ?
Non, ce n'est pas une tentation. Chacun comprend bien qu'à mon âge, vous avez la gentillesse de ne pas le rappeler mais moi je le sais, on ne cherche pas une nouvelle carrière. Ce n'est pas cela du tout. Je ne suis pas à la recherche d'un poste. Ce n'est pas cela.
Mais je crois que quand on considère que l'essentiel est en cause, l'évolution actuelle de la France me paraît très mauvaise. J'ai parlé de l'Union européenne, mais la cohabitation en tant que telle est une catastrophe parce que, naturellement, c'est un compromis entre le Premier ministre et le Président de la République.
Vous qui passez votre temps à observer tout de même le comportement des Français et qui souvent vous placez de leur côté puisque vous voulez être un petit peu le porte-parole du bon sens, vous dites : la cohabitation, c'est une catastrophe. Vous voyez bien qu'elle plaît aux Français et depuis longtemps :
86/88, 93/95, vous en étiez dans les deux d'ailleurs
Oui, mais c'était plus court
C'était plus court mais cela plaît aux Français.
Oui, cela semble plaire aux Français mais si on dit aux Français: êtes vous contents que le Premier ministre et le Président de la République ne se disputent pas en permanence et qu'ils aient une attitude courtoise ? Eh bien, ils répondent : Oui.
Je ne crois pas du tout que ce système ait la faveur des Français. D'ailleurs, si vous regardez certains sondages, je suis sûr que vous les avez vus, sondages d'un grand hebdomadaires, qui est allé beaucoup plus loin que les questions habituelles, on voit qu'en réalité, s'ils ne prennent pas garde, ils risquent d'être sanctionnés tous les deux.
Plus profondément, vous dites qu'elle plaît parce qu'il n'y a pas de disputes spectaculaires
Pas de disputes apparentes
Apparentes, mais plus profondément, est ce qu'elle ne plaît pas parce que les Français ne veulent plus d'un pouvoir monolithique appartenant, l'Etat Parti, n'appartenant qu'à un seul parti. Est ce qu'ils ne veulent pas au contraire d'un pouvoir, en l'occurrence l'Elysée avec un contre-pouvoir, ou le contraire, peu importe, en l'occurrence Matignon ?
Oui, cela débouche sur l'incapacité à agir. On en a un exemple aujourd'hui avec la réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature et la réforme de la justice. La logique, naturellement il ne faut pas qu'il y ait un pouvoir monolithique mais pour que la démocratie existe, que faut il d'abord ?
Il faut un débat. Il faut donc que la majorité d'une part et l'opposition ou les oppositions d'autre part, s'expriment. Il faut que l'on sorte de la pensée unique.
Or, à l'heure actuelle, en dehors de moi même et d'une ou deux autres personnalités, tout le monde soutient les mêmes thèses. Quelle différence y a-t-il sur l'Europe et dans un certain nombre de domaines, non seulement entre Monsieur Chirac et Monsieur Jospin, mais également avec Monsieur Madelin, etc ? Quelle différence ? C'est cela qui est mauvais pour la démocratie.
Et chacun sait qu'en réalité, ils ne peuvent pas être d'accord. Donc, ils feignent de l'être sur tel ou tel point. Eh bien moi, je ne feins pas. Je dis ce que je pense, je me bats pour mes idées, je dis ce que je crois être bon pour les Français: c'est d'avoir un pouvoir qui en soit un.
Et pourtant, Jacques Chirac comme Lionel Jospin sont contre la mondialisation. Ils sont contre l'abandon de certaines souverainetés. Exemple avec le buf britannique.
Non, totalement faux. Je n'ai jamais entendu Jacques Chirac et Lionel Jospin condamner la mondialisation.
Monsieur Jospin l'a fait récemment d'une façon assez visible.
Enfin, ils le font surtout depuis que j'existe.
Qu'est ce que cela veut dire ? Qu'ils vous piquent vos idées ?
Un peu. Ils piquent celles de José Bové aussi. Enfin, je veux dire par là qu'ils se rendent compte à certains moments, l'affaire du buf britannique en est une, que rien ne peut remplacer l'Etat dès lors que l'intérêt national est en cause. Là, c'était un problème médical. On a eu le même problème avec la marée noire.
Qu'on ne vienne pas nous raconter d'histoires. On peut toujours dire que c'est la faute à Total ce qui n'est pas faux, que c'est la faute à ceci et à cela, à tel organisme qui devait vérifier, il n'en reste pas moins qu'il y a une réglementation internationale, que les gouvernements ne l'appliquent pas par laxisme, par faiblesse ou par peur de déplaire aux grands pétroliers et que, dans le même temps, la France en ce qui la concerne ne prend pas les mesures nécessaires, notamment pour le rail d'Ouessant. Elle n'a qu'à les prendre. C'est çà, la souveraineté nationale, ce ne sont pas seulement des mots.
Oui, est ce qu'en plaidant pour la souveraineté nationale vous ne prenez pas le risque d'une sorte de repli sur soi, je parle de la France évidemment
Non, pas du tout.
Et d'aller contre une évolution qui est inéluctable. Pour lutter contre les Etats-Unis il faut être fort, donc européens.
Lutter contre les Etats-Unis! Il ne faut pas me faire rire ! Lutter contre les Etats-Unis, cela consisterait d'abord à investir énormément d'argent dans la recherche et dans la technologie.
Ce n'est pas en faisant des effets de manche ou en disant: l'Europe va s'opposer aux Etats-Unis, on a bien vu ce que cela a donné dans les réunions internationales. Je ne crois pas que le problème soit là. Il ne s'agit pas, quand on parle souveraineté nationale, il ne s'agit pas de dire qu'on va rester tout seul, ce n'est pas cela du tout.
Moi je suis de ceux qui pensent que la construction de l'Europe est une nécessité mais qu'elle ne peut se faire que sur des réalités. Les réalités ; ce sont les Nations et les Etats. Donc, oui à la coopération, oui aux délégations de compétence. Non aux abandons.
Vous l'avez dit à l'instant, vous avez pris votre décision seul. Et c'est une décision effectivement qui se prend souvent seul. Mais on ne va pas à ce type d'élection, la plus importante en France, sans troupes. Election présidentielle en 2002, auparavant élections législatives, auparavant élections municipales. Est ce que vous allez présenter des candidats RPF aux élections municipales puis aux élections législatives ?
Il y aura certainement des candidats RPF à des élections municipales, dans certaines villes.
Paris ?
A toutes les élections Paris, probablement.
Même contre Tibéri, le candidat du RPR ?
Dans les grandes villes, il y aura des candidats très certainement mais il n'y aura pas de candidat partout parce que notre vocation n'est pas de fournir des places aux gens. Ce n'est pas notre ambition. Notre ambition, c'est de promouvoir le redressement du pays. Et çà, cela se fera à l'occasion des législatives puis des présidentielles.
J'imagine que Philippe de Villiers écoute vos propos. Il a dû bondir tout à l'heure sur la contraception et la pilule du lendemain
Pourquoi ?
Non ?
Ecoutez, non. Je ne crois pas. Il est comme moi. Il est confronté à un certain nombre de réalités. Il y a la théorie, il y a les convictions personnelles et puis il y a les réalités auxquelles on est confronté. L'évolution telle qu'elle se fait ne me fait pas plaisir mais j'en prends acte.
La réalité, celle du RPF, il y a eu un incident qui auprès du grand public est peut être passé inaperçu mais tout de même il faut le signaler, avec Jean-Charles Marchiani.
Je ne vais pas revenir sur cet incident mais ceux qui observent bien la vie politique disent qu'il y a eu au sein de votre parti comme une tentation d'extrême droite ou de droite extrême. Vous la vivez comment ?
Non, je ne crois pas qu'il y ait une tentation d'extrême droite ou de droite extrême. Mais il y a ceux qui ont tendance à dire et à répéter "nous sommes à droite". Moi, je ne crois pas qu'on ait besoin de le dire en permanence. Si Philippe de Villiers disait demain "je suis à gauche", personne ne le croirait.
Si moi je disais que je suis à gauche, cela ne serait pas tellement cru non plus, bien que dans mon département, un certain nombre de mesures que je prends soient des mesures sociales, ce qui montre bien qu'on n'a pas besoin d'être à gauche pour s'intéresser au peuple.
Vous avez choisi votre emblème ?
Pas encore.
Monsieur Chirac a choisi une pommeVous allez choisir un fruit, un légume, une fleur, un arbre ?
Ah, un arbre ? Un arbre
Ah, attention ! Raymond Barre avait choisi un arbre et il n'avait pas gagné.
Oui, mais enfin il vient d'y avoir la tempête, la France a été touchée et dans le même temps je suis de ceux qui pensent qu'elle est malade. Alors, l'idée de prendre un arbre n'est pas une mauvaise idée parce que l'arbre cela veut dire quoi ? Cà veut dire que c'est appelé à pousser, à prospérer et qu'un jour, selon l'arbre, on pourra s'abriter dessous.
Vous allez avoir un choix délicat, parce que c'est ou bien un arbre du nord, Hauts de Seine, le nord de la France, ou bien vous qui êtes né à Grasse, c'est l'olivier ou bien le chêne ?
Oh, l'olivier c'est un très bel arbre, le chêne incarne la solidité, la permanence, la robustesse
Ah, ce n'est pas le chêne qu'avait choisi Raymond Barre, non ?
L'olivier, je crois que ce n'est pas mal, parce qu'il vit très vieux l'olivier.
Il y a deux propos pour terminer. Une confidence que vous avez faite un jour, c'est Georges Bush qui vous a dit: "Si vous étiez Américain, vous seriez Président"
A l'époque, il était vice-président.
Oui, et celle de Pierre Juillet que vous avez évidemment très bien connu qui vous avait dit: "Faites attention, vous finirez comme le maréchal Ney à Waterloo, vous chargerez à la tête de vos troupes et vous serez battu". Alors, c'est Bush ou Juillet qui
Non, Georges Bush m'avait dit cela mais Monsieur Juillet m'avait dit cela à un autre moment. C'est quand je soutenais Jacques Chirac et que lui avait abandonné Jacques Chirac, qu'il n'y croyait plus et je lui avais dit - c'était en 1988 - et il m'avait dit: "Je sais bien ce que vous allez faire Charles, vous allez charger à la tête de vos escadrons et puis vous allez perdre la bataille et vous mourrez à la tête de vos escadrons". Et je lui avais répondu: "Pour un maréchal d'Empire, connaissez vous plus belle mort ?"
Si Jacques Chirac se maintient, Président sortant, si Jacques Chirac est candidat en 2002, est ce que vous maintiendrez votre candidature ?
Oui
Merci Charles Pasqua, d'être venu dans Dimanche Midi Amar, nous parler de votre candidature à l'élection présidentielle.
Merci de m'avoir invité, Monsieur Amar.
(source http://www.rpfie.org, le 17 janvier 2000)
Nous allons parler de votre candidature, mais auparavant, nous allons faire une petite incursion dans la campagne que vous allez mener pour les présidentielles sur un point précis: la sécurité, la vie dans les banlieues, la vie dans les villes.
Aurez vous, quand vous mènerez campagne, un discours très sécuritaire ?
La sécurité fera partie naturellement des éléments de la campagne, tout simplement parce que je crois qu'à l'heure actuelle on ne se rend pas compte que cela reste une grande préoccupation des Français et cela reste notamment une grande préoccupation des Français les plus déshérités. Car ceux qui peuvent le moins lutter par eux mêmes contre l'insécurité, ce sont les plus faibles, les plus démunis, les plus pauvres ; les autres ont des quantités de moyens pour se prémunir contre l'insécurité.
Un autre sujet, c'est nous qui le choisissons, la manifestation les manifestations d'hier des femmes pour le droit des femmes. Votre avis sur la liberté qu'elles réclament, celle notamment de disposer de leur propre corps, sur la contraception notamment, sur l'autorisation pour les mineures de pouvoir avorter. Quel est votre avis ?
Ah non, là je suis en désaccord. D'abord parce l'avortement est toujours un échec. Ensuite parce qu'il peut avoir des conséquences physiques et morales désastreuses et alors là, vraiment, je ne pense pas que l'on puisse autoriser des mineures à avorter sans l'accord des parents.
Est ce que cela veut dire que vous êtes contre aussi la pilule du lendemain ?
Non, çà c'est un autre problème. Nous assistons à une certaine déréglementation au niveau des murs ; c'est comme çà !
Moi je suis Président d'un Conseil général , je gère les collèges. J'en ai 85 publics et 36 privés et j'ai senti le besoin d'organiser un dialogue avec les collégiennes et les collégiens. J'ai donc fait créer un mensuel dans lequel nous ouvrons largement nos colonnes aux collégiennes et aux collégiens pour qu'ils nous disent quels sont leurs problèmes et le problème auquel vous faites allusion est un de ceux qui se pose, indiscutablement.
Alors, on ne va pas limiter le problème qui se pose aux femmes à ce seul aspect de la contraception; il y a aussi l'égalité , il y a aussi la parité, il y a aussi l'émergence de ce pouvoir féminin. L'élection de Michèle Alliot-Marie à la tête du RPR, c'est une révolution ?
Ah, pour le RPR, certainement. C'est un parti plutôt machiste, c'est clair.
Dont vous faisiez partie
Absolument. Cela étant, c'est moins facile qu'on imagine de permettre l'arrivée de femmes en politique. Je me souviens notamment, en 1975 si j'ai bonne mémoire, le RPR avait été le premier mouvement politique, à ma demande et avec l'accord de Jacques Chirac, qui avait nommé une femme secrétaire départementale, c'est à dire responsable de l'ensemble de l'action politique dans un département.
Secrétaire, pas Présidente.
Cela avait été une petite révolution. Elle avait le pouvoir.
Oui, vous dîtes RPR parti machiste, alors que le RPF, le vôtre, que vous présidezPasqua, Villiers, Guillet, Marchiani, Abitbol, où sont les femmes ?
Les femmes, si on veut qu'elles réussissent en politique, il faut leur donner l'occasion d'être élues. Et si vous prenez la liste que j'ai conduite aux élections européennes, sur 13 élus, vous aviez 5 femmes, ce n'est déjà pas si mal.
Il y a une femme qui propose un réforme importante, Elisabeth Guigou, la réforme de la justice et c'est un événement important qui va se produire le 24 janvier avec le Congrès.
Réforme d'abord du Conseil Supérieur de la Magistrature, l'opposition est contre, vous êtes contre aussi ?
Pour moi, le problème ne se pose pas. Je n'assiste pas au Congrès.
Non, mais vous faites partie de l'opposition
Je ne suis pas parlementaire national. J'ai vu Madame Guigou, elle a souhaité me rencontrer comme elle a rencontré tous les chefs de partis. Je connais ses arguments, elle connaît tous les miens. Je crois qu'en réalité, le problème auquel on est confronté et qu'il faudra bien trancher, c'est la volonté d'un certain nombre de magistrats de passer d'une autorité judiciaire à un pouvoir judiciaire.
Or, il ne peut pas y avoir de pouvoir judiciaire sans qu'il y ait sanction du suffrage universel. Donc, nous sommes là en face d'une évolution qui, en réalité, conduit à une véritable révolution. Les mesures qui sont proposées aussi bien au niveau du Conseil Supérieur de la Magistrature que les autres mesures sont des mesurettes et ne permettent pas de se saisir du problème dans son ensemble. Donc, je suis contre cette mesure.
Cela veut dire, vous confirmez d'une manière implicite, qu'il y a une sorte de bras de fer entre les politiques et les magistrats, aujourd'hui ?
Oh, un bras de fer, je ne sais pas s'il faut appeler cela comme çà. Il y a en tous les cas, c'est certain, la volonté d'une partie des magistrats de ses substituer au pouvoir politique au travers des décisions qu'ils prennent, etc
Se substituer, non. Simplement de régler des affaires, de sanctionner. C'est aussi leur rôle.
Ecoutez, quand vous lisez une tribune commune qui a été faite dans un grand journal, par Monsieur Burgelin qui est procureur général à la cour de cassation et par un grand avocat qui s'appelle Paul Lombard, vous voyez la conclusion à laquelle ils arrivent tous les deux et à ma connaissance, ils ne figurent ni l'un ni l'autre parmi de dangereux révolutionnaires.
Or, qu'est ce qu'ils disent? Ils disent qu'effectivement, il y a aujourd'hui, compte tenu du droit européen qui s'impose aux Français, ce que je condamne, et d'autre part, compte tenu de l'attitude d'un certain nombre de magistrats, émergence ou tentation de la création d'une autorité judiciaire. Alors, peut être faut il aller dans ce sens? En tous les cas, c'est un débat qui mérite d'être organisé devant le pays et qui ne peut pas être tranché à la sauvette par un Congrès. Ce sera aux Français de se déterminer, le moment venu.
Cela veut dire, et là c'est un de vos points forts, éventuellement organisation d'un référendum sur une question aussi importante que celle ci.
Bien entendu. S'il y a une réforme d'une telle ampleur Je ne suis pas contre le fait ,d'ailleurs, qu'on en débatte parce que le débat c'est la démocratie.
Mais il faut mesurer les conséquences des évolutions et des décisions qui sont proposées. Et qu'on cesse alorsje ne voudrais pas être désagréable ni discourtois, ni envers Madame Guigou, ni envers quiconque- mais qu'on cesse de nous chanter la chanson de l'indépendance de la justice. Parce que, quand on voit la façon dont Madame Fulgeras qui était substitut du procureur de la république à Paris a été traitée parce qu'on savait qu'elle était allergique à toutes pressions dans le dossier de la MNEF ! On lui a purement et simplement retiré le dossier. Alors, pas de leçon. Moi, je n'en donne pas mais qu'on cesse de jouer cette chanson.
Alors, vous dîtes: pas de pouvoir sans élection. Il y a une élection déterminante en France qui est l'élection présidentielle. Vous avez dit que vous alliez êtreque vous êtes candidat à l'élection présidentielle. Pourquoi ?
Je l'ai déjà dit mais je vais le redire. D'abord parce que je crois que personne ne défendra ou ne portera les idées auxquelles je crois. Or ces idées ont été ratifiées lors de l'élection européenne, je vous le rappelle.
La liste que je conduisais avec Philippe de Villiers a recueilli 2,3 millions de voix. C'est en fonction d'ailleurs des engagements que j'avais pris devant le corps électoral à cette époque que j'ai quitté le Parlement français pour aller au Parlement européen. Et tout ceci se relie.
Je suis aussi candidat pour deux autres raisons. La première, je crois que les Français veulent davantage de transparence et davantage d'honnêteté de la part des hommes politiques. Donc il faut leur dire à l'avance ce que l'on a l'intention de faire. J'espère que Monsieur Jospin le dira, que Monsieur Chirac le dira, que d'autres, Monsieur Bayrou ou d'autres diront également s'ils ont l'intention d'être candidats ou non. Il faut que les Français le sachent.
Pourquoi le dire si tôt ?
Parce que l'année 2000 va être une année décisive pour l'avenir de notre pays. Parce que cette année verra la présidence française de l'Union européenne. Donc, c'est Jacques Chirac qui, pendant le premier semestre, va présider l'Union européenne. Et parce que, à cette occasion, on va présenter les principes de réforme de l'Union européenne. Nous verrons donc bien, à ce moment là, si on va une fois de plus abandonner de nouveaux pans de la souveraineté nationale et si on compte le faire sans demander leur avis au peuple parce que, pour le moment, le grand reproche que l'on puisse faire à l'Europe, à l'Union européenne, et c'est une des raisons pour lesquelles il y a désaffection pour l'institution et les électeurs, c'est que l'on ne consulte pas les peuples. Or, il doit y avoir une réforme de l'Union, il faut s'adresser aux peuples et leur demander ce qu'ils veulent.
Et c'est le reproche principal que vous faîtes au chef de l'Etat ?
Oh, oui. Ce n'est pas un mince reproche et d'ailleurs en fonction de l'attitude que le Président de la République auquel me lient des liens d'amitié en dehors de cela.
Vous dites amitié ?
Oui, bien sûr.
Est ce qu'elle est vraiment maintenue cette amitié ?
Oh oui, cela n'a strictement rien à voir.
Vous vous voyez l'un et l'autre, ou pas ?
Oui, nous nous voyons, nous nous parlons. Cela n'a rien à voir.
Est ce que vous lui avez dit, avant même de déclarer au pays, que vous alliez être candidat à l'élection présidentielle ?
Non, parce que c'est une décision personnelle.
Il l'a appris comme nous ?
Absolument. On n'a à informer personne à l'avance, je dis bien personne. Et on n'a pas à demander son avis à qui que ce soit. C'est une décision qu'on prend en se regardant dans un miroir et en se disant: est ce que je dois le faire ?
Vous ne vous êtes pas regardé dans un miroir plus tôt. Pourquoi être candidat si tard ?
C'est une tentation qui vous guette depuis longtemps ?
Non, ce n'est pas une tentation. Chacun comprend bien qu'à mon âge, vous avez la gentillesse de ne pas le rappeler mais moi je le sais, on ne cherche pas une nouvelle carrière. Ce n'est pas cela du tout. Je ne suis pas à la recherche d'un poste. Ce n'est pas cela.
Mais je crois que quand on considère que l'essentiel est en cause, l'évolution actuelle de la France me paraît très mauvaise. J'ai parlé de l'Union européenne, mais la cohabitation en tant que telle est une catastrophe parce que, naturellement, c'est un compromis entre le Premier ministre et le Président de la République.
Vous qui passez votre temps à observer tout de même le comportement des Français et qui souvent vous placez de leur côté puisque vous voulez être un petit peu le porte-parole du bon sens, vous dites : la cohabitation, c'est une catastrophe. Vous voyez bien qu'elle plaît aux Français et depuis longtemps :
86/88, 93/95, vous en étiez dans les deux d'ailleurs
Oui, mais c'était plus court
C'était plus court mais cela plaît aux Français.
Oui, cela semble plaire aux Français mais si on dit aux Français: êtes vous contents que le Premier ministre et le Président de la République ne se disputent pas en permanence et qu'ils aient une attitude courtoise ? Eh bien, ils répondent : Oui.
Je ne crois pas du tout que ce système ait la faveur des Français. D'ailleurs, si vous regardez certains sondages, je suis sûr que vous les avez vus, sondages d'un grand hebdomadaires, qui est allé beaucoup plus loin que les questions habituelles, on voit qu'en réalité, s'ils ne prennent pas garde, ils risquent d'être sanctionnés tous les deux.
Plus profondément, vous dites qu'elle plaît parce qu'il n'y a pas de disputes spectaculaires
Pas de disputes apparentes
Apparentes, mais plus profondément, est ce qu'elle ne plaît pas parce que les Français ne veulent plus d'un pouvoir monolithique appartenant, l'Etat Parti, n'appartenant qu'à un seul parti. Est ce qu'ils ne veulent pas au contraire d'un pouvoir, en l'occurrence l'Elysée avec un contre-pouvoir, ou le contraire, peu importe, en l'occurrence Matignon ?
Oui, cela débouche sur l'incapacité à agir. On en a un exemple aujourd'hui avec la réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature et la réforme de la justice. La logique, naturellement il ne faut pas qu'il y ait un pouvoir monolithique mais pour que la démocratie existe, que faut il d'abord ?
Il faut un débat. Il faut donc que la majorité d'une part et l'opposition ou les oppositions d'autre part, s'expriment. Il faut que l'on sorte de la pensée unique.
Or, à l'heure actuelle, en dehors de moi même et d'une ou deux autres personnalités, tout le monde soutient les mêmes thèses. Quelle différence y a-t-il sur l'Europe et dans un certain nombre de domaines, non seulement entre Monsieur Chirac et Monsieur Jospin, mais également avec Monsieur Madelin, etc ? Quelle différence ? C'est cela qui est mauvais pour la démocratie.
Et chacun sait qu'en réalité, ils ne peuvent pas être d'accord. Donc, ils feignent de l'être sur tel ou tel point. Eh bien moi, je ne feins pas. Je dis ce que je pense, je me bats pour mes idées, je dis ce que je crois être bon pour les Français: c'est d'avoir un pouvoir qui en soit un.
Et pourtant, Jacques Chirac comme Lionel Jospin sont contre la mondialisation. Ils sont contre l'abandon de certaines souverainetés. Exemple avec le buf britannique.
Non, totalement faux. Je n'ai jamais entendu Jacques Chirac et Lionel Jospin condamner la mondialisation.
Monsieur Jospin l'a fait récemment d'une façon assez visible.
Enfin, ils le font surtout depuis que j'existe.
Qu'est ce que cela veut dire ? Qu'ils vous piquent vos idées ?
Un peu. Ils piquent celles de José Bové aussi. Enfin, je veux dire par là qu'ils se rendent compte à certains moments, l'affaire du buf britannique en est une, que rien ne peut remplacer l'Etat dès lors que l'intérêt national est en cause. Là, c'était un problème médical. On a eu le même problème avec la marée noire.
Qu'on ne vienne pas nous raconter d'histoires. On peut toujours dire que c'est la faute à Total ce qui n'est pas faux, que c'est la faute à ceci et à cela, à tel organisme qui devait vérifier, il n'en reste pas moins qu'il y a une réglementation internationale, que les gouvernements ne l'appliquent pas par laxisme, par faiblesse ou par peur de déplaire aux grands pétroliers et que, dans le même temps, la France en ce qui la concerne ne prend pas les mesures nécessaires, notamment pour le rail d'Ouessant. Elle n'a qu'à les prendre. C'est çà, la souveraineté nationale, ce ne sont pas seulement des mots.
Oui, est ce qu'en plaidant pour la souveraineté nationale vous ne prenez pas le risque d'une sorte de repli sur soi, je parle de la France évidemment
Non, pas du tout.
Et d'aller contre une évolution qui est inéluctable. Pour lutter contre les Etats-Unis il faut être fort, donc européens.
Lutter contre les Etats-Unis! Il ne faut pas me faire rire ! Lutter contre les Etats-Unis, cela consisterait d'abord à investir énormément d'argent dans la recherche et dans la technologie.
Ce n'est pas en faisant des effets de manche ou en disant: l'Europe va s'opposer aux Etats-Unis, on a bien vu ce que cela a donné dans les réunions internationales. Je ne crois pas que le problème soit là. Il ne s'agit pas, quand on parle souveraineté nationale, il ne s'agit pas de dire qu'on va rester tout seul, ce n'est pas cela du tout.
Moi je suis de ceux qui pensent que la construction de l'Europe est une nécessité mais qu'elle ne peut se faire que sur des réalités. Les réalités ; ce sont les Nations et les Etats. Donc, oui à la coopération, oui aux délégations de compétence. Non aux abandons.
Vous l'avez dit à l'instant, vous avez pris votre décision seul. Et c'est une décision effectivement qui se prend souvent seul. Mais on ne va pas à ce type d'élection, la plus importante en France, sans troupes. Election présidentielle en 2002, auparavant élections législatives, auparavant élections municipales. Est ce que vous allez présenter des candidats RPF aux élections municipales puis aux élections législatives ?
Il y aura certainement des candidats RPF à des élections municipales, dans certaines villes.
Paris ?
A toutes les élections Paris, probablement.
Même contre Tibéri, le candidat du RPR ?
Dans les grandes villes, il y aura des candidats très certainement mais il n'y aura pas de candidat partout parce que notre vocation n'est pas de fournir des places aux gens. Ce n'est pas notre ambition. Notre ambition, c'est de promouvoir le redressement du pays. Et çà, cela se fera à l'occasion des législatives puis des présidentielles.
J'imagine que Philippe de Villiers écoute vos propos. Il a dû bondir tout à l'heure sur la contraception et la pilule du lendemain
Pourquoi ?
Non ?
Ecoutez, non. Je ne crois pas. Il est comme moi. Il est confronté à un certain nombre de réalités. Il y a la théorie, il y a les convictions personnelles et puis il y a les réalités auxquelles on est confronté. L'évolution telle qu'elle se fait ne me fait pas plaisir mais j'en prends acte.
La réalité, celle du RPF, il y a eu un incident qui auprès du grand public est peut être passé inaperçu mais tout de même il faut le signaler, avec Jean-Charles Marchiani.
Je ne vais pas revenir sur cet incident mais ceux qui observent bien la vie politique disent qu'il y a eu au sein de votre parti comme une tentation d'extrême droite ou de droite extrême. Vous la vivez comment ?
Non, je ne crois pas qu'il y ait une tentation d'extrême droite ou de droite extrême. Mais il y a ceux qui ont tendance à dire et à répéter "nous sommes à droite". Moi, je ne crois pas qu'on ait besoin de le dire en permanence. Si Philippe de Villiers disait demain "je suis à gauche", personne ne le croirait.
Si moi je disais que je suis à gauche, cela ne serait pas tellement cru non plus, bien que dans mon département, un certain nombre de mesures que je prends soient des mesures sociales, ce qui montre bien qu'on n'a pas besoin d'être à gauche pour s'intéresser au peuple.
Vous avez choisi votre emblème ?
Pas encore.
Monsieur Chirac a choisi une pommeVous allez choisir un fruit, un légume, une fleur, un arbre ?
Ah, un arbre ? Un arbre
Ah, attention ! Raymond Barre avait choisi un arbre et il n'avait pas gagné.
Oui, mais enfin il vient d'y avoir la tempête, la France a été touchée et dans le même temps je suis de ceux qui pensent qu'elle est malade. Alors, l'idée de prendre un arbre n'est pas une mauvaise idée parce que l'arbre cela veut dire quoi ? Cà veut dire que c'est appelé à pousser, à prospérer et qu'un jour, selon l'arbre, on pourra s'abriter dessous.
Vous allez avoir un choix délicat, parce que c'est ou bien un arbre du nord, Hauts de Seine, le nord de la France, ou bien vous qui êtes né à Grasse, c'est l'olivier ou bien le chêne ?
Oh, l'olivier c'est un très bel arbre, le chêne incarne la solidité, la permanence, la robustesse
Ah, ce n'est pas le chêne qu'avait choisi Raymond Barre, non ?
L'olivier, je crois que ce n'est pas mal, parce qu'il vit très vieux l'olivier.
Il y a deux propos pour terminer. Une confidence que vous avez faite un jour, c'est Georges Bush qui vous a dit: "Si vous étiez Américain, vous seriez Président"
A l'époque, il était vice-président.
Oui, et celle de Pierre Juillet que vous avez évidemment très bien connu qui vous avait dit: "Faites attention, vous finirez comme le maréchal Ney à Waterloo, vous chargerez à la tête de vos troupes et vous serez battu". Alors, c'est Bush ou Juillet qui
Non, Georges Bush m'avait dit cela mais Monsieur Juillet m'avait dit cela à un autre moment. C'est quand je soutenais Jacques Chirac et que lui avait abandonné Jacques Chirac, qu'il n'y croyait plus et je lui avais dit - c'était en 1988 - et il m'avait dit: "Je sais bien ce que vous allez faire Charles, vous allez charger à la tête de vos escadrons et puis vous allez perdre la bataille et vous mourrez à la tête de vos escadrons". Et je lui avais répondu: "Pour un maréchal d'Empire, connaissez vous plus belle mort ?"
Si Jacques Chirac se maintient, Président sortant, si Jacques Chirac est candidat en 2002, est ce que vous maintiendrez votre candidature ?
Oui
Merci Charles Pasqua, d'être venu dans Dimanche Midi Amar, nous parler de votre candidature à l'élection présidentielle.
Merci de m'avoir invité, Monsieur Amar.
(source http://www.rpfie.org, le 17 janvier 2000)